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1
, . 1 , " LA STRUCTURE SYMBOLIQUÈ DE LA POESIE DE PIERRE JEAN JOUVE.
by
Guy POIRIER
)
A~ thesis submitted to the
Faculty of Graduate Studies and Re~earch
in partial fulfi11ment of the rèquirements for the' degree of
i4~ ster" of Arts
Department of French Language and Literature McGi11 T,1ni ver si ty 1 Montreal
.
September. 1995
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Guy poir ier 1 1985@
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•
The symbolic st,ruèture of .the poetry of pierre Jean
"
Jouve is built upon symbole from various historical stra'ta , ,
the Occidental mind. own symbolic systems,
,
, " el
These symbols, arranqed in the poet's
• ' . 1"
undergo var10US transformat1ons and' combinations all along Jouve's lyric~l path.
, This thesis begins by giving'" an, historical view of theories of" the symbol in the Occidental world. We 'wet'e particularly interested~in an~hropologica~, psychologica~,
~
.and religious theories. ' Next, we analyzed sorne symbols of
1
.
of
Jouve's poetry, ~lassifying them in four categories: symbols ',of th! inrn'ima te, the vegetal, the animal, and
~he
feminineworld. Tc conduct this study, we used,.'symbolic notions,' from ...,.
theories previously studied. Thus, symbols of Jouve's poetry revèaled b~in9 organized in two systems related to a powerful
> \ ,
( symbolism of the'f~in~ne that leads to a four part transforma~
., '
tian (de~th, spiritualisation, esth~ti,satioh, and "cosmicisa-tion") 1 thia proc'ess generated the cosmic figure of I~.i's.
Fina~ly, in the last chapter of our study, we tried to estab-lish a parallel between the mystical experience and the poet's , use Q~., symbolic death, spiritl:ialisation,', and es·thetisation.
( _ »ven' if JOUVE!' s poetry inherited much from. the symbolic
'tradition of the We~~, .its structure produced a work. that; has a
.
unique and,powerful poe tic value. ,\
.' ... ~ "
,
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• It~ " - .. • ! ' " \~ -, .. '.
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RBSUME<I. La st;ucture symbolique de la poésie de Pierre Je~n
4\ 1 -ri- . f! '
\~ JOuve .. f .. t co~atitu'e. de symboles issus de diffêrentes ~~1;1chês
\
historiques de
ta-
'tradition occriden~ié. ce~ symboles, d'lspo-séa en réseaux symboliques' 'particuliers au poèt:e, subissent' :, .
.
différentes transformations et superpos~tions tout au long de l'oeovre poétique .de Jouve.
' 1 •
'Ôâns
èe
ménoire, noùs avons d'abord .explorê ôiffêrentes th60ries du symbole,ù de la philosophie patristique aux êcrits po6tiques de pierre Emmanuel. L'accent porte notamment sur 1 ~n thropologie de l ' Plaginaire, la psychologie jungienne et le sym-bole perçu' dans sa ,dimension reli~îeuse •. Dans les chapitres .(sUbs6quents .de
n~tre 'é~u'de,
nous avons analysédi~~Jrent~ sym~o
les de la .poé~if' jouvienne en ·les regroupant èelon les mondes de l'in'ânimé, du ,)êgêtal', de l'animal ét du féminin, utilisant 'les.
.
notions sYmboli'Clue~ des dif.f,érentes théori~s du symboleprécéde~-\ '
ment isolées. 'Ainsi, nous ~von8 constaté que les
symboles-, D '
~ouviens. s 'organisent an deux réseaux liés
à
une sYJII!:>0liq,se dufSllnip qui, les entraine dans une suite de transformations.
"
Successivement,' mort, spi~itua'!'isation, esèhétisation, et
"COl-l , ,
micisation " l:enouvel1eront la symbolique joovienne et conduiront
/"
....
..
'.
'a
la formation d'un symbole cosmique: Isis. Finalement, dans le...
dernier chapitre. nous avons tenté d'établir un parallèle entre
,
.
l'eXpêrience mystique et les transformations symboliques dé la
! '
mortr 'de la spiritualis'ation et de l'esthétisat.ion.
.-La structuré symbolique de la poêsie de Jou,ve s'est donc 'rév6l.ée:'1'hériti:irtre des traditions du symbole dans le,monde occi':"
(
.
dental'7 mais, également" par sa mécanique et sa . dynamique ~QPljes,
j 6 ' . ' , J
une cré~ tion per sonnellè d'une pui ssance lyrique exceptionnelle.
,/
;'
'. " • t", "
.
, ~.
~J REMERCIEMENTS•
Je ne pourrais présent~ ~el présen t -mémoire sans
r~mercier Mme Eva I<ushnel; qui a su me c:onseiller et
m 'encour,~qer au, cour,s de cette année de recherche et de
réd~ction
.
•-
'"1 •
\
.
~,
De.a remerciement'1:I dO,ivent également être adressés
à ces amis
qu~ touj6~rs
, m'offrirent tempse~Ja-ttention
Il ..
quant à la réalisation de ce projet,' de mf!me qu'A Mme ~ita
\
-
...
-Pédemay, qui, .~vec pa tience et soin, procéda à la copie de
1 , .' - ~~ la version 'finale. " " fi
Fina1ement, je tiens à souligrie.r que ce mêmoire a pu
o
.~e ~né à terme «. grace à une', bour~e du Fonds F.C.A.C. pour
l'aide et ~e sou tien à ~a recher,che.
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• 1 DE~ MATIERES~.
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Chapi tre . premier , : ttE SYMBOLE DANS LA TRADITION OCCIDENTALE. • • • '. • • • •
,
.
Chapi tre deuxième : SYMBOLES DE L'INANIME, DU
. VEGETAL ET OE L'ANIMAL .Les sym~oles de 1 'inani~ê • • • ~
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.• Les csymboles' du- monde végétal.
.
.
.
.
. . .
.
.
. . . .
. , -.Les symboles du monde animal •
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Chapitre tr.oisi~me .: L'AUTRE: LA SYMBOLIQUE DU
r.ININ • • ~ . . ' J;..'/ • ••• ,. •
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, Chapitre quatrième : , LA TRANSFORMATION DES SYMBOLES
...
'1 5 r-54 ~ 57 , 74~8
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120•
ET L'EXP,RIENCE ,MYSTIQ~, " ' •• • :i, .... 156
,
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~ CONCLUSION. • 'i :<~ '1.
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"-) L • oeuvre pOétique de Pierre Jean Jouve S"r'étend sur plus
r:
de quarant~ années ,qui furent marquées par une catastrophe mondiale, 'la guerre de 1939. Sur l'un dés versants de cette oeuvre, nou.s trouvons la "vita nuoya'i et la découve'rte de la psychOlogie des profondeur s. Les Noces, Sueur de sang et ~ tièrê Céleste composent la matière poétique de ,c'ette ~que. .. Comme les titres le d~ontrent, i l s' agit de recueils qui
,
seront à la fois liés' à la matière et au spirituel. Les Noces célêbren t le corps de la femme. . Sueur -de sang ne peu t que ' ~ , , . rappeler le sang et la sueur du Christ, lors .... de la
crucifi-• Q
xion, ainsi que là
sang~
l'alliance~ouvelle.
ouanJ à MatièreCfle~tCi'oxym(re
duti~re
dévoile la tension entreune matérialité terrestre et une évaporation spirituelle. -De l'autre versant; Diadème,' ~de, I:.anque, Mélodra~e'et surtout
t
Moires posent et re~sent une longue réflexion oil les éléments des premiers recueils-la mort, ,le désir, la souffrance-'
,p
1
sont repris, mais de façon chaque fois différenté, pEovoquant',
•
associations et
tensidfÎ~.
"le tout d'une façon spiritualis.ie. Au centre de ces deux mouvements domin'ent les "re'Cuei1s de la1
(
querre", KWe, La Viérge de Paris' et Hymne. Nous en faisons
2
• 1
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.
' 3 ,-~. ~"
une mati~re différen te 1 car y jouent de façon prépondérante
les instruments de la catastrophe 1 alQrs que le réel rejoint·
l • apocalyptique et que les llnages issues d'une ma tière per-
,
sonnelle éclatent devant l'actualité monstrueuse.~ If .
Ces trois temps de l'oeuvre de Jouve, nous les avons isolés en superposant différents événement~ qui marquèrent la vie du poète et le monde occidental. Jouve, pourtant, ne
,
.
peut être facilement classé à l'
intér'~~ur
desmouv~ents
de notre littérature: ne pouvant être associé à aucune école. en""-particulier, faisant: le plU~ souvent figure d' isolé " il serà-situé par certains critiques au sein d 'un faroqu~ contemporain 4'
que l'on soupçonne composite d'une ml&titude de mouvements à
la fois nov~teurs- ~t conservateurs.
."
Pour ~lner une étude intéressante de ce . "baroque", i l nous fallait plus qu'une simple grille d'anai'yse: quelque
,
chose de différent de l'habituel répertoire d'images. Nous devions rechercher un' -matériau suséeptible à lC!!. fois de rendre
f , '
]compte de la mul t~lici té inhérente .au baroque, et' ôe la IJp~' cificité de Jouve. "Ce matériau devait ainsi pouvoir relier' l'oeuvre de jouve à difféz:ents courants et processus ;de lë! pensée humaine, tant conscients qu'inconscients.
,
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1
Ir" \ " l' 4Le symbole demeure encore lm matériau à définir. En ..
fait, sa comp~exité nous a contraint â explorer, dans no~re·
1
premier chapitre, les aifférentes conceptions du s~bo}e qui
,
se sont succédé dans l'imaginaire ocèidental. Dans les chapitres suivants, nous a'halyserèn~ différents symboles de
('
la poésie de Jouve selon ces conceptions, et en particulier
\
selon ce qu'en disent les anthropôlogues de l'imaginaire et Jung, de mêmè' que l'emploi qu'en font Jean de la Croix et les mystiques.
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Chapitre premier ,
. LE SYMBOLE DANS LA TRADITION OCCIDENTALE
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---
oDans ce premier chapitre, nous tracerons un aperçu de 11 évolution de la conception du symbole, du Moyen Age â' nos jours. Il à 1 agira de dégager les principaux COuran ts de
r
pensée ayant considéré le symbole comme va-leur, â un moment ou un autre. En fin de trajet, 'nous tenterons de situer la
..,..,
"
symbolique de Pierre Jean Jouve par rapport à cette évolution de la pensée occidentale.
Un des premiers pas qui doit conduire à la définition d" un concept est habituellement d ',examiner' 11 étymologie du mot. Examinons donc celle de "symbole Il •
•
grec
Selon René Alleau: le premier sens du mot ~bole,
en
fJJv.j?-C.ÀD~relevait
de la topologie et d'ésignait le lieu' où les eaux se réunissaient:.
\,"
Le premier sens grec est topologique. C'est celùi de Sumbola, que' l'on trouve' chez pa~sanias
(VIII, 54),. I l désigne proprement "1' assemb~ée
des eaux "., le lieu oll elles se réunissent, o Il' 1 elles se jettent ensemble, et "coulent ensemble".
Dans le vocabulaire maritime, la partie centrale de la vergue, par laquelle les deux br~s peuvent se replier sUr le m.8t-;-por-:
tait également le nom de
f~Ï"-~oÀov'
6 ...r ....
•
G . .r••
o , il
...
----, ,
7
.r
Sumbola était aussi uri mot de la langue
tech-n~que de la navigation grecqûe. °On appelait
sumbola la partie centrale de la vergue parce que lés deux moitiés de la vergue une fois
réunies (sumballêin), se superposent en haut
l
du m.!lt et;c sont alors relié-es par. des, courroies. , ,,
L'accte notarié avait également pour nom 4"\J,...~~~.v
,
tant par sa preuve matérielle d'un contrat que par la référence juri-.
.
, '1 'd , 3
dl.que qu Il. evenal.t. 'Finalement, le symbole ,désigna'it un
,
" 0
"synthème mnémot.echnique", signe conventionnel qui dévait 'rap-.
p~ler à deux p~rtis l'alliance ou l'entente qu'ils avaient
l conclu.e à un moment ou .un 'autre de leur' histoire:
Comme
A,iJH~i des personnes séparées depuis longtemps disposaient-elles, en somme, de ce que j'ai nommé un synthème mnêmotechniq,ue, simple signe conventionnel plutôt q~e "symbole" de type ini-tiatique et rel:1-g i eux. ...
'-V-Ie fait re~rquer Alleau, ce symbole ne semble pas
en-.
co~e ~
"revêtu de la' diltlension initiatique ou religieuse';.il s'agit uniqu~ment d'un moyen de reconnaissance, ne compor-" tant encore qu'une seule dimension.
\
..
TOUjours selon René Alleau, déjà deux types de
signifi-Il'
cation se développent. L'une concrète, évoquant un lieu ou
.
. un mouvement qui réunit, l'au tre abstraite, dési9I;1ant les con-ségu-ences de 11 act-e de réunion:
.
,On peut se demander si lIon ne consbate pa~ déjà la formation ~e deux orientations dis~
<i • ~-\ ( ;. -~ )~ .J •
,--, ...-.
' ,~ \ " l , ,/ " / / J ' : l ... i d(
)
8
t~ctes d'un même mot: l'une, première et
c6ncrète, évoquant un mouv~ent qui assemble
et réunit, 'l'autre, seconde et abstraite, évoquant la conséquence "de cet: actè, c' est-à-dire la liaison mutuelle des parties
assem-blées: une signification était ~ynamique et
causale; une autre, statique et effectuée. 5
Chose certa~ne, cependant, dans toutes les définitions' étymo-,
logiques données par René Alleau, une vision centripèce est
adoptée. Tout est Drienté vers le po~nt de jonction ou vers
~
..
l'objet: de référence.
"
'Empruntant l'étymologie dévéloppée par Creuz·er, Alleau
pr~sente é'galement le verbe (ur .. ~.xMf.\V: R~unir, - rassembler,
rencontrer quelqu'un et traiter. ~vec quelqu'un semblent bien
correspondre
,
à une' définition assez exacte de ce terme:.
Pour bién. comprendre toute la filiation de "sumbolon", il faut se rapporter a'u verbe qui
est la' -racine dé~!=!e mo~: .
1. Sumballein, réusslr, rassembler;
2. Sumballein et sum~allestaf, rencontrer
quelqu'un, se trouver 1 traiter avec ' ...
quelqu'un; "
3. Comparer sa pensée :avec un cas présent,
.... tirer des conjectur,es (conjicere) 1
cher-" cher à pênétrer qu1elque chose· d' énigma-.
'-. tique.6 , ...
...
,
Mais, fait
int~nt:
il s'ag.it égalemen't pour Creuzer 'de,comp~rer'sa pensêe, de chercher'â ténétrer quelque chose
d'énigmatique. Nous'assistons ic~ à un déplacement de s~ns
très intéressantl car du point de rencontre de deux 'ou plusieurs
• . j \
.
i i ',
ii
1
.(
9
èhoses, la définitfon.se dêp~ace maintenant vers l'un des termes, 'par lequel 1. 'aut~e ou les autres comp~tes devront.,
\
être découvertes. Afin d' éclai.rcir ce déplacement, imaginons simplement un symbo1.e que se partagent deux tribus, A et B.
JAprè~
plusieurs décennies, un des membres de la tribu A, con- ( templant une des daUx.parties,du symbole, tentera probablement~
J • ( •
de s'imaginer qûel1.e était la portée exacËe de 1 'alliance avec
,
1.a tribu B ou, encore, si le temps a, \ effacé fout souvenir, quelle était l'alliance et avec qui elle e~t lieu. Pour qu'un tel déplacement s'effectue, i l faut non seulement que 1.a signi-fication du symbole unificatéur soit oubliée, mais que chaque portion du symbole garde encore ses vertus de composadtes d '·ùn.
<-'~,Symb01.e • gvidemment, si un des membres d~ 1.a tribu B découvre
l.a 'partie du symbo1.e appartenan~ à sa tribu mais ne sait plus ~
"
.
que èette 'por1!ion d 'objet' constituait â ,l'origine un- symbole, i l la détruira probablement, n'y voyant qu'un objet inutii'e.
Certains spéci-aliste,s amplifièront cette. dimension magi-que du symbole: ainsi, Jolande Jacobi:
~
Le mot "symbole" (en grec symbolon) dér i,k du verbe "symballo". Il a. donné lieu de tout
temps
a ..
des définitions eta
des interpréta-" ... tions extrêmement diverses. Toutes celles-ci s'accordent' cependant sur un point: il faut. entendre par lâ quelque chose qui comporte•
•
i
1
1 1 1
1
.
1
..
" , 1...
,-10derrière le sens visible', objectif, un sens invisible, caché ren profon~eur'. 7 ,
Examinons attentivement cet énoncé: ici, un autre déplace- _
, ,
ment de' sens s'est effectué. Ce n'est plus l'Autre qui est
(1 , .
empreint d'une aura, mais l'~objet symbolique même, qui ac- . l
quiert urye signification mystérieuse. Reprenons notre im~ge:
o
C? 'est un peu comme ~ 1 "individu d~ la tribu A, contélnplant sa portion' du symbole, ne chercher~it: plus ci savoir qui dé-' tient l'autre 'portion. Il se contenterait d'admirer et de respecter l'objet qu'il détiefl t 1 l'entourant d' un'e signifi-o
'.ca~ion mystérieuse sans a'ttache extërne.
~
'ées différents aperçus étymologiques ne peuvent .que nous conduire ci une représentatioR ~e' f'échange sYmbolique,
,
surè~e patron même du ~chéma de la communication de Jakobson.
~elon ,JàcE}ues Bril, voi~i, comment se définiraient ces rel~-'·
, ,tions':
( ••• , parlt!r ,du symbole, cO'est évoquer
a
la fois deux choses et deux personnes: le sym-bole se d~voile au carrefour de deux dialec-tiques: signif.i.ànt - signifié -etémetteur-récepteur~ Par le fait symbolique, l'existence
du signifié primaire que révèl~ le signifi~nt
p~~maire devient si~nifiant pour ce dernierr 'tahdis que les sUjeês qu'a mis ,en communication
le fait symbolique, à la fois par celui-ci ~îent s'inverser le':lr fonction et sont réciproquement, fondés conug~ sUjets. 8 1 •
" "
.
".
. '-',. ,.
- " .-" '...
. ":" "
".
la mobilité des diff~rents termes composants. Cette
caraot'-; ristique de malléabilit' struçturale du s,if3Ile dit s~bole le
r~ddra
facilemen,.t utilisable,dé~ormais, ~ar
dJ.ff'rentscou-• . - ' ~ 1 ..
rants de pensée. ~ Un premier exemple-de cette docilité
appa-, } 1 '~
" ,
rait avec
~'exé9èse pat~istiqÙe.mis~
en place~ar sain~
"
AU9u'stin, 1 'au IVè sièè:~e . .
" '
..
. , jo ," -, " .J ,~. • .~. 1 " ">,.
~ .. ~,'1
" , .. '.\' , -o~ " -. " " < 1 ~.. '. r ' , (o
.'"
,\'
,~ , " '), :' \ "".
" ' Il,. 12{"-Saint Augustin dOlYle les prd.ncipaux fondements de .
\
ce qui sera considéré comme ~a théorie patristique d~
si,gne. Voici sa plus importante
défi~itiàn
du signe: "Le signe est une chose qui nous fait penser à quelque chose,,...:,..
au-delà de l'impression que la chose même fait-sur nos
. 9
sens I l •
"
.
Ainsi,. l'univers subit une première dichotomie',
entre choses et siqnes~ Les éléments peuvent migrer ~'un
,
',_'"groupe',à'l'autre,· selÇ)n le contexte . . ·Un interdit, seulemeJlt,
:
' ~.qU1 concerne D1eu:
1
i1 est l'uniquè' chose qui ne peut être'
• 1 : t"
signe, qui ne peut donc faire pehser" à autre chose: JIll
"
. .
~, ~ - '.
s'e~suit q~e l~ ;seule. éhose à n'être absolument pas signe
(parce que objet de jouissance par excellence) est D~e;~.'
,- Il q
( ... ) ".10 'Apparatt ainsi l'orientation d'à ce mode .de· " pensée, qui donnera Dieu comme
~éSU1~àt'~~
toutSi~~fié~
. t
dernier •
• Les signes linguistiques ~eront'égal,ement di~iSéS~ 'deux groupes. D'abord les s~es p~\qpres, qui d'êsign'ept.'.
,.. , , ,
..
".
J' , j 11
! , ~ l " _ , , "les objets pour lesquels fis ont été créés, puis l~s signes
.---.
. ,transposés qui, en plus de
dêsign,~r
les objets pourle.$qUel~'
.,', ils ont ét:J 'créés, ·C1ésignènt autrechose~' r~
( • • /. )i
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,. , r,;".~ •. ..." ... ~-;-____ : ; - -_~_ " " "', " ,.
' .13 . ~.
'''.
est transposé 10t:'SQu,e son signifié devient, "Il son tour,
,
-signifiant; aut;remept d~t, ,le signe propre ~epos~ sur
• J
~,
-~. une seule reJ"a.tion, le' signe transposé, par deux ôpêr~.t~ons
,
,
(~ '.
successives. 1111,'
~ett~ Pé?s~i~ilitê, ~
'échaf,audaqe des.
.
.
signifi~s conduit cependant à un glissement de la
'défini-~
,
.
~, , (
tion propre au signe lingu,~stique vers 1,lne concep~ionl..,plus
large \ u
~igne,' aU-d~~à
de, ses' qualités1ingu±stigues~ ~insi,
pour saint Augustin, le sens tran~posé, pax:' escaladepyra-'m~da~e; compr~nQra le sens spirituel. ,
.
"1
,Dans S boli'sme et int Todorov souligne " ' V"""'; ri 1
l'orientation ,inhérente à ce type d'exégèse patristique~
, ' .
, '
"
L'ambigulté de la différe~ce entre signes linguistiques et
les autres siqn'ês ~rot.1ve alors sa raison d'être par la foca~
..
'1isa 1;i.~Jl ': de ,'toute illterpr.étaéi.ort_ yers un signifié de-rnîer
,
---
-, 1 -;-..-. '
noq, linguistique: l~ coç:trine c~ét~ne~Tout s~n's sera
.
, , ' "
a10r's SOigne~sement, cana1is~ par la ;octri~e ~ quatr~ sens. Un sens- devra d ·aboi'd être o,u historiq\le et littéral
.
.'.
"
. " pu spirituèl. Le sens 'spirituel ,sera décompos6 e\'trois
'\
, ,~ , .
I l. 1 ) ' • • "
.s~ns: le sens typ01èg1que, qU1. concernera le passé, l'anc1enne
et la nouyelle loi: le'sens moral, qui' ±Qdiquera ce.q~e'
.. ".,." • • r " . " " .. ... c )< .~, , .. \"
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' • 1 " • ~ i i .. 1 1 ,,-f" •.'
.-signifient, dans le présent, les enseignements et les
diffé-.
i
\
rente~ ~iqures du ~hrist: finalement le sens anagogique, qui
pe~&ttra.à'annon~er l'éternelle g~oire. Bien entendu, le sens
littéral sera soümis au sens spiri.ue1. D'une façon semblable,
1 J
les di~férents . , faits composant les sens spirituels seront liés
par une logique de grada,~iQn: le premier fait (par e~empl.e une
J
prophétie testamentaire) annoncera un second (la venue ~ù
sau-veur) qui l.ui-même sera r'acc.qmplissement du premier:
, ,
Il',faq't qu':U y ait utte gradation entre.les
deux faits 'en faveur du second: ~ , . le premier
annonce le second, le seconq accomplit le
premier: Comme on l'a déjâ '~, les mettre.
sur le même plan, dans l' optique chrétienne i '
s~rait une hérésie. 12
.
'.
,
~Cette canalisation des ,sens a évidemment suscité une
multipli-~ - ~~
" èàtion de~ interprét:ations de l'Ecriture .de façon" toujours, ~
y constatgr~'expression cachée de la doctrine chrétienne.
\
..
:aint Alstin
\.
, ;, , " f
, ,
si tue· lé' symbole en u'n' rttàit'de métaphysique - , .
. ~
et monothéis~e, purifié, pourrait~on~roi~e~ de tout~
partici-,
-. {
paticn·humaine. -Pourtant, d~Jmultiples dieux,hanteront encore~
, I/};; ... • \
.,.,....~. ' 1 ~ {
:pendant queiques sièl:les, l' il!laqinà~"européen, et les diftê-,'
, f I " " , ~ ,
~entes
tradit\ons desfolklo~eB
régionauxdemeurero~t
vivan-1
tes longtemps. Ces données, que ·.la philosophie ~, i~pre' \ """'---" ,
..
" , '1· " , , " , 0.
"
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0' 1 n •( r
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1 • j ! 11·
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1 .(
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", • ,'II' ,~.
..
15 -dSelon sa d6finition, les arch6types sont les r6seaux
1 • .
J .
d'énergie qui constituent les mythes, cQntes~ etc.:
.'
c'
"
..
Of'-Même les rêves sortt
~onstitu6s
en très~rge
'proportion de matériaux collectif., tout commë
le fo1klor~ et la mythologie de différa s
peuples, 0r-certa~ns thèmes se r6pètent sous
une forme presque identique. ~'ai donné à ces
"thàmes le nom d'
ar~h6types:
j'entends.F l'à_ des formés ou images de nature collect1ve, qui
~-~se ma~ifestent pratiquement dans le monde
en-t~er comme é16ments[ëonstitutifs des mythes et
en même temps comm$~uits autochtones, indi~
vi~uels, d 'origine inconscie~te.13 ' :
Ces archétypes se transmettent, toujours selon Jung, à la fois
"
"par la tradition et par l'h~rédité:
,
, l
l
.
Ces thèmes archétypiques proviennent
probaàl:é:;----ment des dispositions de l',espri humain, qui 4
ne se transmettent pas seulemen p~la
tradi-tion et les migratradi-tions, mais en ore par
l'hérédité. Cette dernière othèse est . ..-
---indispensable, car des images archétypiques,,--,/ mame compliquées peuvent apparattre spontané-ment- sans'aucane possibilité de tradition
directe. 14 '" 4
" {,J
)
.
ù • ,
Selon Jacobi, l'archét~-ï...au, contalPt de la r6alité, s "y
_ ~ J"
rl!vêt de matière. Il pre11'd ain!Ji 1 parfois, la ;forme d ',un
'\
sym'bole:
".
En. effet·; dès que le pur contenu
archétypiq~é,
qui rep~sente
la
matière brute fournie parl'incon~ien~ cO~tectif, entre en'relation .
av:ec le conseient "et, avec le pouvoir, dont joûi t, celui'-bci de donner forme, l' archêtype
reçoit un "corp.s" 1 urie "matière" 1 une "f6'rme
ÎJ ~ r '-'
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. .f'"
. -, ') ..
./ ' \ t1 1 1 ,ft
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1
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",
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' )
'~, .,.,. • ~! .4l \ ". 16,
,plastique~', etc ••••. ' Il. devi'ent représentable
et se t1;.ansforïire"··dès lors en une image pr9pre, .en un symbofe' .. 15
'Ainsi, par la théorie des archétypes, nous découvrons que
leur incarnation par le biais du conscient conduit à la
for-mation de symboles 'et que ces dernierJ~forment à leur tour
• le tissu d'un' langage et d'une logique propre:
On a souvent parlé de .. la faibl"sse de,s primitifs
en matière de théorie. Même~il en était ainsi
(et l'avis d'un grand nombre q'observateurs est
dif~érent), on a pourtant trop souvent oublié
que~le ,fonctionnement de la pensée archalque
n'utilise pas exclusivement des concepts ou des éléments conceptuel s,- mais aussi et'en premier
'li,u'des symboles. Nous aurons plus ,tard
l'occa-8i911 de JI'oir que le "maniemen t Il des symbolrg
s'ef~ectue suivant une logique symb~lique.
Tout comme Mircea Eliade le souligne', l'emploi de ces,
symbo-, les dans la communication semble être une ~aractéristique
des' sociétés' dit~s primitives.: pierre Emmanuel, par le ge'ste
de réuni06 Qe deux moitiés d'un symbole, y yoit l'acte même
du langage:
.
,Lé symbole aQ sens originel, c'e&t ~e s~gne
formé par les deu~ moitiés d'un ob.jet prisé
~ quand on lès rapproche. Ainsi refait, l'objet'
n'est que lui-même: 'mais le geste de le
re-raire est un ac~e du langage--un signe de .
~econnaissance ou d'identification. ,Ce signe accrédite l'un près de l'autrë: les possesseurs
des deux moitiés de l'obje~.17 "
" \ ,
.
..
clmposants,d'un langa'ge ,matérieJ,",' les, symboles se situent sur
\,
' ' " . . . .. .
.
..
'..
1.
,
, '" .f(
)(
(
17
u~ plan identique aux mythes et aux rites. Le mythe, ~n
- fait" selon l'anthropologue Malinowski, ~st destiné à faire-'
revivre une réalit~ originelle:
,
My th ( ••• ) in its living primitive form, is
not merely a story told but a reality livéd\.
I,t is not of the nature of, fiction, such as
we read today in a novel, b~t it%'is a living
reality, believed to have once happened in .
primeval times, anp ~ontinuing ever' sincr to
in~luencè thé world-and human destinies. 8
.
, 1>Cette réalité originelle, il n'y a qu'un pas à franchir pour
la relier à la traduction consciente d'un archétype.
.
-Le mythe est rappelé à L'homme par le rite. ,En
p-arti:ci-1
pant au rite,
;1
s'échappe du temps prof~ne pour ga~er le _ ', , ,
temps-sacré, u~ temps'où,la temporalité n'existe·plus, un' t~mps
.'
intimement lié au mythe ou au rite pr-emier:
"
l'
-Au contraire, la duré~ prof~ne qui s'écoule
,-entre deux services divins, n'étant pas trans-figurée en temps sacré, ne saurait présenter,
aucune contigï~té av~c le temps h~érophanique
du ri t.e ( ••• ) 0
Ainsi, nous ~ejoi~ons,l'exégèse patristique. L'expé-,
rience religieuse vécue ,sans aucuh~ balise conduxt, selon Jung,
aux affres les plus terribles. Il appartient donc
aux'socié-tés de soutenir et d'encadrer l~s expériences religieuses des
ind~vidus, voire ~ême de lés provoquer de façon contrOlée.
,
,
\ - 1 : i 1 t " , --,)
(
)
l' (
la
Afin d'augmenter l'efficacité de ~'expérience religieuse, un
c~Qix de symbolés incorporés dans un rituel et un dogme est
habituellemen~ effectué. (consciemment ou inconsciemment):
Manifestement, la substitution tend . , ..
.
~rem-placer .l·expérien~e immédiate par un choix
de symboles appropriés, incorporés dans un dpgme- et un rituel solidement organisés. 20
Pour utiriser une métaphore bien terre à terte1 les rites et
les symbo~es agissent un peu à la façon des trains express
.
qui efféctuent une liaison entre déux villes, efficacement et
.
rapidement, ~ssurant aux passagers qu'ils n'auront pas à se
J
pJ;'éoccuper ~e descendre au bon ~rrêt, puisqu.' i l n 'y a qu'un
seul arrêt, et c'est le bon. Pour Eliade, par contre, le
sym-bOl~emplit
cette fon'ction d'efficacité d'une façon encore plus certaine que le rite:La différence entre le ~iveau ~u symboie,'par
exemple, et celui d'un rite, est de telle nature que jamais le rite ne pourra révéler
tou t ce que le symbole révèle. ·21
Philosophie patristique et symboles issus des
différen-•
tes traditions religieuses européennes et méditerranéennes
ne s:affronteront donc pas:' La théologie
Chré~ienne régrien~
tera Plutat,~aints symboles et rites vers son idéal du D~~
~nique, éternel, créateur de la terre et du verbe: Ainsi, dans la perspective anagogique, le
\
-. .,
--,.
\
I-i
!(
i (
i l , i 1 :--,1,
19symbole est une monade et tous les symboles vont s'unir dans un symbole verbal infini et êternel qui est, sous l'aspect de la dianola, le logos, et sous l'aspect du mythos, l'acte crêateur absolu. 22
La boucle est donc bouclée •.. tout comme Platon avait su
b3tir sa philosophie à partir des multiples mythes du monde
grec, la patristiqu~ de saina Augustin s'est imposée à l'Europe
pour plusieurs siècles, orientant toute l'activité humaine vers le signifié dernier: Dieu.
La fin du Moyen Age voit cependant la vertu du symbole décliner. La re-découverte des textes aristotéliciens et leur adaptation par saint Thomas d'Aquin en est certainement un des moteurs:
Mais il n'en· est pas moins vrai que le régime
de pensée qu'adopte l' Occ:iden
t ..
fa ustien" duXIIIe siècle, en faisant de l'aristotélisme
la philosophie offic~elle de la chrétienté,
est un régime qui privilégie la "pensée directe" au détriment de l'imagination syI!\-bolique et des modes de pensée indirecte. 23
.
L
C'eét: +e règne de la pens,êe, de la scolastique et du
raisonne-.
ment,~ogique. Selon Durand, tout art reposera désormais, et ce jusqû';'a,\l Romantisme, sur l'imitation:
C'
La poétique d'Aristote qui sera la bible de l'estbétique occidentale avant le romantisme reposé essentiellement sur la notion
i
1
(j
l
20
L' i,mi ta bion demeure-ddftc l'an ti thèse du symbOle-: Le symbole,n'imite pas, il ~ et rejoint de par son existence les différentes entités intellectuelles ou physiques il1scri-tes dahs son rayonnement significatif.
Tous les arts son ~ touchés par ce .pr~cessus. Liart de l'image, par.. exemple, se trans~orme lentement pour devenir,
f'
avec le gothi<W;9, l'art de l'o~nement réaliste, "'reproduisan"t
,~
.
la réalité plutôt que de cr~er une 3ntité signifiante ~r
elle-t
même:
.
.,,.
.
Tand~s que le stylEt, roman, avec mo~ns de con-tinuité, certes, que Byzance, conserve un art 'de l'icOne reposant sur lé 'Principe 'théopha":
n'ique d'une angélologie, l'art gothique appara1t clan s son procès ~e le type même de l 1 ieono':'
clasme par excèA-~, .. J:'I""'-açcentue à un tel point le signifiant qu'il glisse \de l'icône à l ' image très naturaliste qui per'd son sens sacré et de-,vient simple ornement réaliste, silQPle "objet
êJ1art". 25 • "
1 .
l .
... ,
'
..
La rhétorique, au Moyen Age et pendant la Renaissance, poursuivra évtdemment le mâme parcours, retirant ,au ve:tlbe
..
l'importance de.son sighifié pour se .pencher sur l~ signi-' fiant. Les liens entre 'les idées,' désormais, et même entre les mots, s'effectuer~nt par une l~gique bien
établie,.codi-.
\
fiée par différents traités. Les critiques qui s' intéressent <
au symbole demeurent habituellement assez froids en abordant
"
(
-.'
.-)
/
21-'-l ' étude
d~
cette époque; Todorov qu-alifieraai~et.te.
ère'/
de la rhétoriqu~ ~
C'est donc cet te parole inu t;i1:lr, ~nef ficace , qui deviendra i 'objet qe la/rnétor.i<;t\J.e, et ,celle-ci sera .l~ théorie du langage qu'on
admire en et· pdur lui-mime. 26
Il s'agit probablement d'une attitude normale de la. part
de ces critique~ qui VQient d~~s l'C\pothéo,se de la -rhétorique
.
\ ' . ,une dénégation ,du symbole si pro~ifiqûe au Moyen, Age.- Mais,
t _'" •
'en fait, sous ces apparences, la rhétorique a probablement
apporté ~~~uc~ â la conception tra,itement
~nifiant,
ouvrantdu symbole, notamment par son
alors' de nouveau la porte à
.. la considération du Verb'e" en tant que tel comme symbole
privi-"légié. ;
Avant de poursuivr.e, inte~roge6ns-n0e.s ,savoir si ce courant
"~ntjJ-symb.olique"
éta(t- , l,
dant èette-période.
~ëpehdan t pour
unilatéral
pen-"
. D'abord, a subsisté, au 'l4oye~ A<,Je.,
?ë'
pair, avec l'a.fifir-mafion de la rhétorique, une "scien~e", hautement symbOliqu.e.l',.
.'l'alchimie. 'L'alchimie a
touj~ursl' gard~
un~tâtut
ambigu. Auxcanf_in~ de la magie e~ ,d lune conception inystiqu.e de .l'upiver,$,
...
elle semble avoir -été tolérée, dans l'univers ... '~hretien _ J
1
(
" 1 L,
,l" j l .~ t 1 ,1 tL
t
i 1 ft' : , , 22occidental, mais en ne demeurant connue que d'un certain nom ...
bre d'init.iés. Jung rapproche cette tI!!Icierice symbolique" de's .
.
rêves de ses contemporains et leu~ octroie même des origines, et des fbnction
s
identique s :Les têmoignages symboliques de l'antique alchi-mie et les images des rêves contemporains sontt issus d,u même inconscient et en eux se révèle de façon al)alogue la voix de la nature. 27
vo~~â
dbnc une"scienc~lI~e
qui entretient, malgré le, courant officiel anti-symbolique, une tradition fortement"l~ée à l'imaginaire et au :symbole révélateur.,.. Un sec0nà
·fac-,
teur se pla,ça~t 'en parallèle à ,la rhétorique nuance notre; vision
.: j
du statut,
~e ;;Ln~gi~aire'
de cette ép.oque: ce facteur èst le dogme. Toujdur s selon Jung, par le dogme; nou spou vbnsconce-voir une expression direct'e du fonctionnement de l ' tlme hum'aine:
..
'
Le dogine donne de' l'âme une ima ge plu s com-, plète;que leS' 'th.êol!'iu scientif~qf:1es, car,' 'celles-ci n'expriment et he formulent gue le
conscient seul. En 'outre, une théorie ne
, ,
peut rien de p;us que représenter une chose, - " vivante par 'des notions abstraites: le 'dogme, au C!ontraire, exprime d'une façon' ac;3équate le 'processus, vivant de l'inconscient sous forme
du dtatne du péché, du repentir, du sacr,i~ice
(
.et 'tie la r·êde~ption. 28, , ~'
Ai~$i, .1*Eglise catholique,~ 'ayant ~a~ encore été secouée par
',la Réforme~' seml:~le avoir drainé pa'r l ~ imposition de son dogme
.
,--
._,.
".
, ,
"
.
'23
les forces archétypale,~ï des populations occ~denta~es. Somme toute: ces deux facteurs,-,la puis'san~e imaginative suscitée , par l'alchimie et' la vertu canali~at~ice des énergies du
.
,dogme-permireJtt..~robablement, en "débarrassant" 1 'esplii:t
hu-main des sollicitations de 1 'imaginaire ou~ si l'on empIéle un vocabulaire PSfchanalytique, en sublimant efficàcement une
~ ,~
. r . .
bonne partie des pulsiqns de l'inconscient collectif, de
lais-1
ser la place lib~e à l'élaborâti~n,d'Uriè mécanique ratio.tmelle
"
.
-,.
> 1... ' .-J
,du langage. ,Avec la Réforme, alors que le dogme catholique ro-._~, : ' -~
.est remis en question, n~us aurions pu croire à lin retour vers . une nouvelle fo.rme de considéra tion :du ~ymb61è. En' fa i t 1
1 . / - . 1 "
c'est vers l'étu~e des Ecritures que l'on se penchèraj ,y'
c,her-.. 1 . :: ' " / "' 1
, " .. , .. .. 1 - - . ' ~ \ • "
chaht peut-être le canevas ~'un nouveau' dogme ou, e.nc~re,
lns-tituant la ~arole des théologiens de l',Evangil~ e,n vérité.'
~
Le
détachement vis-â-vis d, la d;vinité' s'est donc/
eff~ctu~
peu à peu 1 par le biais. de la rhétorique 1 puisqe_
i~'
~ " . # .
.
,
l '
critique des institutions dogma'tiq..aés et ,scolastiques .en':place,
le tout 1 pour aboutir, à une mét.!'lpd,e analytique donnant poùr le
:
, "symbole" universel 'de ~ 'homme, la 'rationalité:
Mais une telle m~thode de réduction aux , ' tl4vidences" analytiques se veut la méthode.
universelle'.' E11e s'applique justement;, . mênie ,et 'd'abord chez Descartes, au .11 je '
.. ' ::-"
,-" , , ~ ','.
, , ... ".
" ... \ ~ l .... { \ .' ' .(
)
" , ,-(
,-,.
24 ,~.
'pen'se" ültime "symbole" ,de l'être certes, 'mais combien reàoutable symbol~, puisque
la
pensêë,
dOllC la, ~éthode-c 'est-a-:-dire la m6thode, mathématique-devient le 's~ucl syÎnbolege
'l'être 129, . ' " , .., ,
.Chez Spinoza transparatt l ' importance grandiss~p.te", de' l'empirisme. La science philologique traite le texte av~c
• ... • ., - . . ' ! '
"
, "
'fications" théorie. ' Au contraire de l'exég~"se patristique qui. cherchait le sens par 1~ vérité, c'est 'JIlëUntenànt la véri,té du
)
sens q~i est recherchée. L'avènement 4d 'une société ég~litairé,
, If"
,
.
oü ~hàque individu' est censé constituer sa propre norm~ met
, .... ~ . ~ ~ " ...
,
.
donc fin
a
l,' in terpré ta tion ~ pa tr i stique età
la' rhét?'l" ique ,dogmatique, ouvrant de cette façon, la. porte a'u R~a'n.t;i.~me.,
\
" ,
AveC le' Romantism~ se poursuit ce dépiace~er:tt de valeurs
, , ,
de' l"absolu vers l'
indivi-du~iité
et l ' indJ;id'ualisme. ,Poù~
les ' : romantiques, le Be~u ne né~essitaft- aucUne ju~tific~t+on ex-,t~rne'et
'résuïtait de la relation harmonieuse des partiès.
qÙi ,cOlPposent l'objet. De
la
deux 'glisse!"ents entourant lesdéfi-,
.
nitions de,j)l'allégo,rie et du symbole.. L'alléqorie,
perfectio~-. \ \ . '
, née par 'les rhétoriqueurs, ~e voi~ ,reti'rer son statut: 1 ~a11é~
.
.
go~ie ex~~e'un ailleurs et procède par,une mise en relation
,
'.
rationnelle: elle est donc transitive et ne çorr,espond
• .J "
.
" , , .' t f . .' ,.
" ~' , " , -,
.
, . ',
".
, , . '.'.
.
.
,.
,.
/1 " ..,.,,' ..
-" " 2S.
\" aq.cuneinent
a
l'esthétique romantique du tout accompii \~n sol.," Al' opposé,h
foroe du symbole ne doit r.êsider, qu'enui-~ ,ui-~ " ' ..
même et non pl~s en pieu, cOfDRIe 'l'indiquait jadis sain Augustin-:
Pour sa~nt 'Augustin, seul Dieu Po~vait être unè fin en lui-même. Pour les rom~iques,
t~ute chose doit llêtre: l'homme,
\l-'
art, etjusqu'au moindre mot. 30 , \ ,
-1
'Todorov, dans Théories du Symbole 1 traoe un bref, aperçu de la' \
,~- défi~ition du symbole chez, Goethe; celle-ci 's'attachera en
,- '
grande partie aQx (U~férences- entre ,symbole et allégor~e. Le
, '
8'ymbole, d'abOl:~i est'intransitif, n'a pas d'ailleurs, et: peut
~ . ,
, , 1
être atteint par la percep;tion et l ' intellectio~. ,L" allé90rie',
,
.
par contre, transitive, ~e peu~ être comprise que pa~ intelle~
-'t~on. Le symbolè, de· plus" ne signifie qU'indirectement, Il''
,
.
,est uhe entité par lui-même et sa significatio~ ne. peut être ,~
~ fi. tein te: q~ '~n un deuxième €emps '. Le sYmbGle, . égalèmen t l
,fonc-tionne du particuli,r' au ·général. caractéristiqué importante
,
pour' nous, le sYmbole, accessible par l'intuition, s'ouvre sur "
un acqu~s univéraeli i r est donc motivé_ L'allégorie,-au
, ~ ,
con'traire, impQsée rationnellement" n'évoque que ~es liens· .. J
, arbi.,traires n 'offran't ,que peu d'expansion
a
l'imag~on . Finaïement, Goethe ~ait 'état du carac~ laconique etcon-,
densé'du symbole, caractère qui, ~ l'instar des contes de fées
/
.
, ' .,. \ If" \ , /' :----, , (".
, , ' 1 .1r
• 1!
l
1 ·i , . '
o
.
.' < ' "'.
,.
.' , • r -.,- •,.
,~ 4i '. ' .. :'-"1 l" 26 "
prêse~tant des force~
diminuées'pa l'h~ain d' associations: ,r' ','
surhumaines~ sous la formé. de l:épliqu~s.'
(,
(elfe:9' lutj.ns,' etc.), .cache ~uaz:t·tité
, ... '... .. ./ ~
.
T ,
. ~~fin,
'A
deux reprises, Goethe insiste SUI:le 'caractèie laconiqué" condens~,- du s~-\' bole. '-Ce qui semble être vis~. i~i as~ 'la densité symbôl ique , par oppo~' on à' 1 '
ex-. "ex-. ' pansion discur~ive:, saul un feu est. r'eprê- , / settél et.c'est l'interprét,ati symboliq~e
qu lui ajou~e de nc;>uvelles val~.~rs.~l ',' '"
. '* ~ .. D
, • l , . . ' .. ' ~
.. \ - ~
-Ce.s déf~ni.tions' du symbole son't rep,rises tout au cours
. '
,de l'ère ~omant~que, toujours en in~lstant sur .l·intrans~ti~
vité et la moti'vation du symbole, intransitiv;té' qui luf
.'
darne. accès, à l ' ~ll.diciblE! 1 .aux confins du génêral et du par'-'.' ticui-!er:
( ••. ) le symbole est; â la fois production, intransitivité, motivation., synthétisme e.t
. expression ôe ·1' indic,ible ( •• '. ,) 3 2 . ' : ,
.
"
. ' A ces carac~érist:iques s,e grefferon~ donc facilemeni ·de
• 1 ~ "
nouvelles qualités: tèlles: l'état' d'existence réelle du sym-. ,
.
• 1 \-,f
bo'le-:-:-pouvoir. "être"-, son réser~ir infini de possibilités
d',interprétati,~ns,' la condensatiop des temporalités et, l'ac'èès
à sa signification p~r l,'inconsciént.
~éjà, dans l'Intrgduction , r . . . à la esychanalyse, plus parti~
1 s
+'t
culièrement dans son 'chapi~re SU~ le symbolisme des 'rêves,
..
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l ' .. 'f·
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l' 1 .,. • ".
, ' , .,1 . l " Il, \ 27 j . " '~ "'FreUd note le pa,rallèle entre les syml!:loles du rêveur 'et ceux J
.
~'hic~lés
pari les' mythes,: contes,' proverbes' et différentes,• ~. • • . . ' 1 .r"
tradi tions populaires ~ , r
t1~ En ôèuxième lieu, ces rapport~ symboliques n'appartiennent pas en propre "au rêveùr et ne . càract'ris~J)t ,pas uniquement le travail qui
~ , s'accompli t aU 'cours d~s rêves. Nous savons' déjà que lés mythes et les contes, ~e peuple , . dans ses proverbes et se~ chants, le langage courant e~ l'imagination' poétique utilisent le' m@me symbolisme. 33 ' ,
'
..
~ 1 .. , ",.
'.
, ' ", , ' \Freud s' intlerrog~ 'Il!ême pour' savOir s i ces symboles ne
, "
.
. _ 'sont' pa's les rèliquats' d'un langage ancien aon'-t on aurait .pe~du
'1 ' ,
'-"
~a clef: " , \ " ,On a ,~'impress.ion d'être !n .présence d'un 'fuode d'expr,ession ancien, mais disparu, sauf quel- , ques re~tes disséminés dans diff~rentà domi"ines,
le~'- un~ ici, les autres ailleurs, d'autres
, èl)cc;>re' çon.servés.,. sous d~s formes lé4àrem~nt ,<
, 'mod;i.fiées ,. dans plusieurs domaine~. 3 . '
\o • • • " ... " ,
.
" , , (.
, ~"" -, '~ de Freud et celle de Jung, c'est le 'lien qu rétablit toujours'... 11 •
"
Freud, entre le symbole-
et
l'expression d'objets et de rap'T "''ports ,sexuels; C d'abqrd dans 'lEl rêve, mais également, laisse-.',
_ t-il ~tendre, dans la, vie "i:éelle": {;
.. ~ ,
",
(
" ,
, , \ .
, E,n ,troisième .lieu, vou s devez' 'trou ver
surpre-1 nant qQe 'le symbolistne dan$ tous 1es autres
, < do~~~nes: ne soit pas nécessairement; et; uni-
-quèment sexuel, alors que dans les rêves' les
" .
,
.... " " '. , ,.,
, " ,~' ,.
y .-' "1 ,'" , , l, ,
..
~ ,\
\
..
" o.. -1l
', ,
..
" ' -~.;....
;, ~ • • 1 , , , 28 , v ~S~bOl~S
.servéné~~~esque 'exc~~~ivem ~à
l'expression' d'obJets et. de rapports ':.
sex~'els ( ••• ) On doit séu}.èmènt maintenir ~
le principe qu fil existe des ~apports par1:.1-,culièremènt étroits entre lés sYmQoles véri-; tables et la vie sexuelle. 35. ' .' ~.
,-\
~Le;." symbole de vien t .don{ tr i1:?~~~-i~e . d~ l' ~pression d'une' libido jadis refoulée.·
~~Xer,en~~érit; ,~ême~e~
donnant les névroses Ccomme le domaine prop e 'à
l'exp~ession·.de,
ceète langue symbo-..
lique disparue: ,
.
..
,i ' ' Màis, je ne vous ai pa's- :~ncore dit. dans 'qQ:e11es circonstanc;:.es, npus pouvons obtenir la vision l:-a plus profonde' de cette' présumée "langue fon-damen tale", quel est le domaine qui en a .
con:"
"serv4 les :restes le~,plus n~~~eùx • . ( ••• ) Or,'ce dc:Jnaine est celu~ des n~vro'ses; ses maté-,., riaux sont constitués par les symptOmes et ' autres manifestations des sujets nerveux,
sYmP-tOmes et manifestations dont, l'explication et le traitement forment précisément l'objet de lapsychanalys~ • 36
...
Du;and classera la vision freudienne
du
',symbole conune " unehe~mén'eutique réduc~rice
•. Jacobi soulève lemêrR~
fait eh" '
indiqt1'ari.'t que les symboles freudiens peuvent et doivent 'tou-jours s'expliquer caus~ÙeJÎtent comme e?Cpression ... d1une li~ido
,
refoulée-ainsi, ils ne- pou"Z'ron~ êtr~ qu'univoques et ~nipo- -' la i.:tes.- ,: Pàr c;.on,tr~, chez Jung, le.' symbole e st l'expression
conScie~te:t '~rchét,ypes ~ui:
,par
les processus rationnels"
,
, ,
, l ' ~ 1 "; \. -,
~.' ' . . ' 1 ~ •
eux, ne peuvent être éxpliqués de cau'salité. ' Le symbole, chez
.
" ""'\' ,. l, •\
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, 1 ~ t ,t. l,",
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1 JI , 0 l t ' • ..
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' o , \ . ,.
J,
,
'
',.-Jùng, sera donc~multivoque.· et bipolaire:
, '. .,. . ,,~ .... ~;t:
,cLe symbole,
,~el
que' Jung 1'~~tend,
:,est 'au,,_:r~t.:~':'
contrail;'e un facteur
psychi~
qui n·lest pas analysable ;r.i sa.i.sissable causalemen t: et quine
pet,lt pas non plus 8tré déterminé à l"a- . vance: il e~~ toujours ~ulti~que et' bipo-laire. 37 ,,',
Examinons ,maintenant avec plus' ~'attentio~ cette
'défipi-, '
1
. '" tian
d~.
,symbole.t.e~- àrchét~~~"
d tabor?, . seprése~tent
):omme.
, l' ", i " " ~~, - ~r ~ ~\r:.:.
,
l' 1:'-" ' ... ( . ' ~des comPlexes d'énergie vides qui ~ se révélant à. la conscience, • s •
emplis~ent
. alors d~ i~aqes
ou' deteprés~~ta
tions symboliques:,C'~,"inGonscieht"qUi
fournit la forme '"a;~h~ypfq~e"
parelle~~ême
"vide"rI:
pour • deven1r sensible à la conscience "est r~plie"sur-l~champ par 1e conscient à l'ai d i'él&-:
ments de r.'eprésentation, conriexes ou ana·~ogues.38
'Lorsqu~il le définit, Jung suggère parfaitement la finitude
, '., ' \ , '~ ,
. "
interne du sFPP1/è, 'refu,~aIlt de lui octroyer une quelconque \1
causallté, lui donnânt comme l;'éfér~nce quelque chosè de v~~ue,'
," : ....
,
d 1 inèon~u:' 't •
~
'
411 ... ·1 ,. Ce qu~ nou-s -appe~ons sym 0 est u~ terme", ,un
~0n:t: ~~ ·une image qui, ml!me 1 r squ • i l s nou,s
sc;>nt familièrs dans la fie quotidiènne, po's-'. sèdent ,néanmoins -d,es impJ.ications, qui .
s'ajoutent à,·lellr sigriific'ation conventionnelle et évîdente:. Le, symbolè ÏI!lplique 'quelque chose de.vÇlgue, d'.inconn~,.'ou àe'caché.pour nous. 39,
Jung insiste ',sur -le caractère bipolaire du -symbole. Par bipo'"
.-'
~
l$-e, i'l-,ent~nd ~1:1~ 'des caractéristiques opposées $oient
"" \ -, ~ ~ r~
(.
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•
L... ,.
",
J, \ 1 f... " --. .. "" .... -...-~ .. ""r~ ...
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(
30 , 0 ,réunies au sein du symbole. O'abord'lié au temps et à
l:'es-pace, puis au cohscien t et 'i' 11 inconscient, i~ cond~i t, â .
, _.
l'instar .de llexpér~ence religieuse, â l'abolition des
bar-JX'ière~
PhySlc9 ...~orelies
pour créer un état~e
synchroni':cité: /'
Ce qu'entend Jung par la Ifbip()~aritétl du symbole s'app~.ie: d'une part,' s'ur la nature dou'ble de l' arcl1étype, lié au temps et
a
l '~space, ,tourné vers llaV8'nt et vers l'ar-r ièl'ar-re, , ces' ca tégol'ar-r i~ s qevenan t de plu s en 'r:: plus relatives
a
mesure que l'c;m 'g'eloigne du".... conscient, jusqu'~ venir se dissoudre
complè-C?-~: temetit' dans II inconscient, pour ·faire place â
, une indépendance de l ' "événement: .. psychique . par rapport au temps et à l'espace, t~lle que seule est encore en vigueur la loi de sy.nchro-' nicité, d'autre part, sur la propriété 'qu'a le symbole d '.!tre un unificateur de pairës d'op- , " 'io'sés, en pre~ier liel,1 de celle du ,cons~ient \
. ,et. de' l'linconsc;ient, et.aussi, par voi~,de
conséquencé, dès paires de qual,ité réc.iproque-ment oppos.êes qui '$ 'at.-tachent à cette,opposi:ti6n prilitordiale. 40.
) "
. Evidemment:, le symbole, tant dans .la tradt tion religieusEit.
?9èi4entale que dans 1a littérature ou les autres arts, -réu~ira différentes paires d'oppositions qui, comme a' démontré Jacobi,
.
.
se ramènent. à l'opposition ,fon'''mentale conscient-inconscient./
Nous pouvons donc croire que chez. Jung, le symbole
tou-_ che d'un:taço~ 'beaucoup plus un.~ver~~lle aux~ondes co~scient et inéonscient ,de l'Homme.' En' fa,it, par sa théorie des
i
t r.
.
,
1 ~ ~_.-----"'---_
..
_
... -. ( Î 4 "(
l ,.
, ( , ,.
,. 31types, Jung peut lier le symbole-qui est la portion
cons-ciente de l'archêtype-â l'ihconscient collectif. Le si'JII-'
bole aoquiert alo~s une dimension univêrselle, ouvrant la voie â de multiples associations:,
'"'
L'On voit donc se dessiner chez Jung,
contraï.-rement â 1 'association réductiv~ de Freud, un
surcons~lent personnel et oequmânique qui est
le domaine p~opre' du"",symbole. 41
'-Jung n'a pas été l'unique "restaurateur" des vertus- du ,..
.
~symbole. A?~hrOPolotuès
et hist6riens ont également examinér
. \
'
le problème. La déf:ni t!on du sym't301e qûe donnent ~es anthro":'
pologues de l'imagil1.a'ire se rapproch~/évidemm,en't de cèlle de
..! 1 ~,.
Jung. On insiste cependant sur , , l'usage'co~creç qui se fait Q
des symboles' de mênie que sur .les imag~'s 1 analysables par la
~ '.. -
..
sciancé a~thropolog~qu.e'l qui s 'y cO!l'Centr~nt:
, )
(
-r \ 1". Le symbolisme', c'èst-à-dire .J. 'usage,. des sym- . ,
boles, n !est pas
un
processus ·conceptuel. On ne"peut donc pas +ui appliquér nos cr~'tères ,de ,per,tinence et de rati.onalité, 'Un' symbole 'ne I!i$,ignifie pas ,quelque' chose, de prédéterminé~ q~&lqu' un .
:r
1 est à ia fois un. foyer. dia c-.c.umulation et oa .concentra.tion' des images let: ·,'de leurs' "charges" affectives et émotioI.:u1elles, , ; un vecteur d'orienta tion a'nalogique de 1 t'in_ ~ , ~
, r .. )' , - ' tui tion " .un . champ d.' a-imanta,t,ion c,~s simil.i}udes'O\)
': "anth:ropo-l{)giqu~sJ :cosmo~ogiques, et thé9logi'q':l,éS
évoquées;;42. ':- ~. _ . .' .
"
.;
,..
''-. ,. .
) . , , ,"
'_ p(Sur 'DUJaild, un .de~ J?~les du symbole demeq:re insa-isissable,
,