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Comportements alimentaires et alimentation intuitive durant la grossesseh[ressource électronique] : association avec le gain de poids gestationnel

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Academic year: 2021

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Comportements alimentaires et alimentation intuitive

durant la grossesse : association avec le gain de poids

gestationnel

Mémoire

Anne-Sophie Plante

Maîtrise en nutrition

Maître ès sciences (M.Sc.)

Québec, Canada

© Anne-Sophie Plante, 2018

(2)

Comportements alimentaires et alimentation intuitive

durant la grossesse : association avec le gain de poids

gestationnel

Mémoire

Anne-Sophie Plante

Sous la direction de

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Résumé

La grossesse est reconnue comme une période déterminante dans la vie d’une femme durant laquelle de nombreux changements physiologiques et métaboliques se produisent. La prise pondérale représente l’un des changements les plus importants. En Amérique du Nord, une majorité de femmes gagnent du poids en dehors des intervalles recommandés, ce qui peut avoir des impacts négatifs sur la santé de la mère et de l’enfant à naître. Le gain de poids gestationnel représente une problématique complexe et multifactorielle qui demeure partiellement comprise. De nombreux facteurs biologiques, psychosociaux et alimentaires influencent la prise pondérale de la femme enceinte. Notamment, les comportements et attitudes envers l’alimentation peuvent avoir un impact non négligeable sur cette prise pondérale. Cependant, jusqu’à présent, aucune étude n’a évalué de façon prospective les comportements alimentaires durant la grossesse en association avec la prise pondérale. Ainsi, l’objectif général du présent mémoire est d’examiner l’association auprès des femmes enceintes entre les comportements alimentaires, dont l’alimentation intuitive, et le gain de poids gestationnel. Les principaux résultats de ce mémoire démontrent que la plupart des comportements alimentaires demeurent stables durant la grossesse et que l’alimentation intuitive représente une approche prometteuse pour promouvoir une prise pondérale saine. Les travaux de cette maîtrise contribueront à enrichir la littérature sur les multiples facteurs contribuant au gain de poids durant la grossesse. Éventuellement, l’identification précise de ces éléments permettra la création d’études d’interventions qui aideront l’optimisation du gain de poids gestationnel.

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Abstract

Pregnancy has long been recognized as a decisive period in a woman’s life where numerous physiological and metabolic changes occur. Weight gain represents one of the most important changes. In North America, most women gain weight outside of the recommended range, which can impact both the mother and child health. Gestational weight gain represents a complex and multifactorial problem, which is still only partially understood. Numerous physiological, psychosocial and dietary factors influence the weight gained during the course of pregnancy. In particular, behaviours and attitudes toward diet can have a substantial impact on weight gain. Up to now, no study has prospectively evaluated eating behaviours in association with weight gain during pregnancy. Hence, the general aim of this study is to examine the association between eating behaviours, which include intuitive eating, and gestational weight gain during pregnancy. The main results show that most eating behaviours remained stable over the course of pregnancy and that intuitive eating may represent a promising approach to promote healthy weight gain. This master’s thesis contributes to the existing literature on the multiple factors associated with gestational weight gain. Eventually, the precise identification of all these elements will help elaborate intervention studies designed to optimize gestational weight gain.

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Table des matières

Résumé ... iii

Abstract ... iv

Table des matières ... v

Liste des tableaux... vii

Liste des figures ... viii

Liste des abréviations ... ix

Introduction générale ... 1

Chapitre 1 : Problématique ... 3

1. Gain de poids gestationnel ... 3

1.1. Recommandations de gain de poids durant la grossesse ... 4

1.2. Prévalence de gain de poids gestationnel inadéquat ... 6

1.3. Conséquences d’un gain de poids gestationnel inadéquat ... 7

2. Le gain de poids gestationnel : une problématique multifactorielle ... 8

2.1 Facteurs biologiques... 9

2.2 Facteurs psychosociaux ... 10

2.3 Habitudes de vie : les facteurs alimentaires ... 16

Chapitre 2 : Objectifs et hypothèses ... 27

Objectif général ... 27

Objectifs spécifiques ... 27

Chapitre 3 : Changements des comportements alimentaires durant la grossesse : associations avec le gain de poids gestationnel et l’IMC pré-gravide ... 27

Chapitre 4 : Alimentation intuitive en association avec le gain de poids gestationnel et la qualité alimentaire à chacun des trimestres de grossesse ... 28

Chapitre 3 : Changements des comportements alimentaires durant la grossesse : associations avec le gain de poids gestationnel et l’IMC pré-gravide ... 29

RÉSUMÉ ... 30

(6)

METHODS ... 33

DISCUSSION ... 36

CONCLUSION ... 39

REFERENCES ... 45

Chapitre 4 : Alimentation intuitive en association avec le gain de poids gestationnel et la qualité alimentaire à chacun des trimestres de grossesse ... 47

RÉSUMÉ ... 48 ABSTRACT ... 49 INTRODUCTION ... 50 METHODS ... 51 RESULTS ... 53 DISCUSSION ... 55 CONCLUSION ... 57

TABLES AND FIGURES ... 58

REFERENCES ... 65

Conclusion ... 69

Bibliographie des chapitres 1, 2 et 5 ... 73

Annexe 1 : Relation entre les facteurs psychosociaux, les apports alimentaires et le gain de poids gestationnel : une revue narrative ... 81

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Liste des tableaux

Chapitre 1

Tableau 1 : Recommandations relatives au rythme de prise de poids et au gain pondéral total durant une grossesse simple en fonction de l'indice de masse corporelle de la mère avant la grossesse

Tableau 2 : Description des facteurs du Three-Factor Eating Questionnaire Tableau 3 : Principes de l’alimentation intuitive

Tableau 4 : Description du Intuitive Eating Scale-2

Chapitre 3

Table 1: Institute of medicine recommendations for total and rate of weight gain during pregnancy, by pre-pregnancy BMI

Table 2: Participants’ characteristics (N=53)

Table 3: Adherence to gestational weight gain recommendations according to pre-pregnancy BMI (N=53)

Chapitre 4

Table 1: Institute of medicine recommendations for total and rate of weight gain during pregnancy, by pre-pregnancy BMI

Table 2: Study population characteristics (N=79)

Table 3: Differences in intuitive eating scores according to trimester-specific adequacy to gestational weight gain recommendations

Table 4: Pearson correlations between the Healthy Eating Index (HEI) and intuitive eating (total and subscales scores) (n=79)

Supplementary Table S1. Components of Canadian adaptation of Healthy Eating Index, range of scores and scoring criteria.

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Liste des figures

Chapitre 1

Figure 1 : Répartition du poids pendant la grossesse Figure 2 : Facteurs associés au gain de poids gestationnel

Chapitre 3

Figure 1: Flow-chart of study population

Figure 2: Changes in eating behaviours across trimesters

Chapitre 4

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Liste des abréviations

Abréviations françaises

GPG : Gain de poids gestationnel IMC : Indice de masse corporelle

Abréviations anglaises

GWG: Gestational weight gain BMI: Body mass index

IOM: Institute of Medicine

TFEQ: Three-Factor Eating Questionnaire IES-2: Intuitive Eating Scale 2

HEI: Healthy Eating Index

R24W: Automated web-based 24-h recall NS: Non-significant

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Remerciements

Je dois d’abord et avant tout remercier les organismes subventionnaires dont les Fonds Jean-Paul Houle, le vice-décanat à la recherche de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, ainsi que la Chaire de la nutrition de l’Université Laval pour leur soutien financier. Je suis grandement reconnaissante d’avoir pu bénéficier de telles bourses.

En plus de ces organismes, je tiens à remercier plusieurs personnes qui m’ont soutenues durant mes études graduées. Tout d’abord, je remercie la Dre Anne-Sophie Morisset qui a supervisé l’ensemble de mes travaux de maîtrise. Merci, Anne-Sophie, de m’avoir transmis ta passion de la recherche. Merci pour ta disponibilité, ton écoute et la confiance que tu as eue envers moi. J’aimerais également souligner l’aide précieuse de Claudia Savard et de Sarah Chouinard-Castonguay. Votre disponibilité, votre enthousiasme et votre polyvalence sont pour moi une source d’inspiration. Je tiens également à remercier l’ensemble des membres du CRCHU de Québec - UL que j’ai côtoyés, puisque vous avez tous contribué à instaurer un environnement des plus stimulants et agréables. Les entraînements de groupe, les discussions animées et l’esprit d’entraide ont contribué à faire de mon passage au CRCHU de Québec-UL un parcours mémorable.

Finalement, sur une note plus personnelle, il est impossible de passer sous silence le soutien inconditionnel de ma famille qui m’a appuyée et encouragée tout au long de mes études. Un merci tout spécial à mon conjoint Jean-Pierre pour ton écoute et ton éternel optimisme. Je tiens à remercier tous mes amis du baccalauréat, ainsi que ceux à l’extérieur du monde de la nutrition pour leur amitié et les nombreux fous rires. Enfin, je suis réellement choyée d’avoir un entourage aussi précieux.

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Avant-propos

Par le biais d’un emploi étudiant, j’ai pu faire mon entrée dans l’équipe du Dre Anne-Sophie Morisset. J’ai rapidement développé un vif intérêt pour ses travaux qui portent sur l’alimentation durant la grossesse. J’ai ainsi décidé de poursuivre à la maîtrise sous sa direction. Durant mes études graduées, ma participation active au projet ANGE (Apports

Nutritionnels durant la Grossesse) m’a permis d’acquérir une expérience enrichissante en

ce qui a trait au recrutement et à la rencontre de participants, à la saisie et l’analyse de données ainsi qu’à la rédaction et à la présentation de mes travaux dans différents congrès et rencontres scientifiques. Ce projet a mené à la rédaction de deux articles de recherche originaux soumis pour publication, d’une revue de la littérature et d’un article publié dans une revue professionnelle.

Les résultats originaux de mon projet de maîtrise se retrouvent dans deux articles distincts. En premier lieu, les résultats reliés aux comportements alimentaires se retrouvent dans l’article Changes in eating behaviours throughout pregnancy: associations with gestational

weight gain and pre-pregnancy BMI qui est présenté au chapitre 3 du présent mémoire. Cet

article a été soumis au journal Acta Obstetricia et Gynecologica Scandinavica le 3 décembre 2018. En tant que première auteure, mon rôle a été de contribuer à la collecte de données, de réaliser la majorité des analyses statistiques et de rédiger la première version du manuscrit. Je dois aussi souligner la contribution de Simone Lemieux, Jean-Philippe Drouin-Chartier, S. John Weisnagel, Vicky Drapeau, Véronique Provencher, Julie Robitaille et Anne-Sophie Morisset qui, en tant que co-auteurs, ont aussi collaboré au projet et ont tous révisé l’article. En second lieu, j’ai contribué en tant que première auteure à l’article Trimester-specific intuitive eating in association with gestational weight gain and

diet quality qui est présenté au chapitre 4 de ce mémoire. Ce manuscrit a été accepté pour

publication au journal Journal of Nutrition Education and Behavior. Je remercie les co-auteures de cet article, Claudia Savard, Simone Lemieux, Élise Carbonneau, Julie Robitaille, Véronique Provencher et Anne-Sophie Morisset, pour leur précieuse collaboration.

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En outre, durant ma maîtrise, j’ai également rédigé une revue de la littérature intitulée

Relationship between psychosocial factors, dietary intake and gestational weight gain: a narrative review qui se retrouve en Annexe 1 du présent mémoire. Cet article a été accepté

le 22 février 2018 pour publication au Journal of Obstetrics and Gynaecology Canada et a été publié en ligne le 1er novembre 2018. Il est à noter que l’article a été introduit dans ce mémoire dans sa version finale, sans la mise en page. En tant que première auteure, j’ai contribué à la collecte de données, à l’analyse critique, ainsi qu’à la rédaction du manuscrit. Je tiens à remercier les co-auteures, Marjorie Labrecque, Simone Lemieux et Anne-Sophie Morisset, qui ont contribué au projet et révisé l’article.

De plus, la rédaction d’un article intitulé « Une grossesse en santé? » a mené à une publication dans le journal de l’Ordre professionnel des diététistes du Québec, Nutrition – Science en Évolution. Cet article a été publié à l’Hiver 2018. La version finale de ce manuscrit, sans la mise en page, est présentée dans l’Annexe 2. Je tiens à remercier les co-auteures, Sarah Baribeau et Anne-Sophie Morisset, pour leur expertise et leur précieuse aide.

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Introduction générale

La grossesse représente une période déterminante dans la vie d’une femme durant laquelle de nombreux changements physiologiques et métaboliques se produisent. Le corps s’adapte pour répondre aux divers besoins du fœtus [1]. La prise pondérale représente l’un des changements les plus importants et les plus apparents de la grossesse. À ce propos, dès le 19e siècle, des recommandations étaient émises par les obstétriciens afin d’encadrer le gain de poids des femmes enceintes [2]. Depuis cette période, les conseils à ce sujet ont été adaptés, dans un premier temps, pour diminuer l’incidence de bébés de petits poids et, dans un second temps, afin de réduire le risque de bébé macrosome [2]. Au départ, les recommandations étaient basées seulement sur l’optimisation de la santé du bébé, alors qu’à présent, elles ont été balisées pour diminuer le risque de complications autant chez la mère que chez l’enfant à naître [2, 3]. Malgré les avancées scientifiques quant à la détermination d’un gain de poids optimal, force est d’admettre que moins de la moitié des femmes réussissent à gagner du poids de façon adéquate durant la grossesse [4, 5]. Considérant qu’une prise pondérale inadéquate est associée à de nombreuses complications chez la mère et l’enfant [6, 7], une meilleure compréhension des nombreux déterminants du gain de poids gestationnel est nécessaire.

Le présent mémoire de maîtrise, qui porte sur les associations entre les comportements alimentaires, dont l’alimentation intuitive, et le gain de poids gestationnel, comporte cinq chapitres. Ainsi, le premier chapitre de ce mémoire discutera, d’une part, de la problématique du gain de poids gestationnel et d’autre part, de l’influence de multiples facteurs physiologiques, psychosociaux et alimentaires sur la prise de poids. Dans ce premier chapitre, une section plus importante sera réservée à la description des associations entres les comportements alimentaires, dont l’alimentation intuitive, et le gain de poids gestationnel. Par la suite, les objectifs et les hypothèses du présent mémoire et des deux articles de recherche rédigés dans le cadre de ma maîtrise seront présentés au chapitre 2. Le

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chapitre 3 présente un article original traitant des changements de comportements alimentaires durant la grossesse en association avec le gain de poids gestationnel et l’indice de masse corporelle pré-gravide. Le chapitre 4 quant à lui, traite de l’alimentation intuitive en association avec le gain de poids gestationnel et la qualité alimentaire et il est également présenté sous forme d’article original. Enfin, le dernier chapitre du mémoire permettra de faire une discussion des résultats obtenus.

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Chapitre 1 : Problématique

1. Gain de poids gestationnel

Durant la grossesse, le corps de la femme change et s’adapte afin de répondre aux besoins métaboliques du développement du fœtus [1]. Une des modifications corporelles importantes et une des plus visibles est la prise pondérale de la femme enceinte. Le gain de poids gestationnel (GPG) est bien entendu composé du poids du fœtus, mais également de l’augmentation de divers tissus et liquides. La Figure 1 présente répartition du gain de poids au terme de la grossesse. Le poids du fœtus, ainsi que les réserves maternelles de graisse représentent 27%, chacun, du gain de poids total [8]. L’augmentation des tissus adipeux maternels survient principalement au deuxième trimestre et ces derniers représentent une réserve calorique pour l’enfant et la mère [9, 10]. Les liquides amniotiques et extravasculaires constituent respectivement 6% et 12% du GPG [8]. Le volume sanguin s’élève également durant la grossesse d’environ 40% afin de répondre aux besoins du fœtus [8]. Cela correspond à 12% du gain de poids gestationnel [8]. Une faible proportion (8%) du poids gagné durant la grossesse est également attribuable à la croissance de l’utérus, qui peut d’ailleurs être plus importante chez les femmes ayant déjà vécu un accouchement [8, 9]. Finalement, l’augmentation des tissus mammaires visant à préparer le corps à l’allaitement et l’expansion du placenta comptent pour 3% et 5% du GPG, respectivement [8]. Ainsi, plusieurs structures corporelles se modifient afin de permettre le développement du fœtus. La prise pondérale totale est plutôt utilisée pour comparer le GPG aux recommandations en vigueur.

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Figure 1 : Répartition du gain de poids pendant la grossesse, à 40 semaines

Tiré de Mieux vivre avec notre enfant de la grossesse à deux ans [8]

1.1. Recommandations de gain de poids durant la grossesse

Dans les dernières décennies, un changement notable a été observé dans la population de femmes qui deviennent enceintes en Amérique du Nord. En effet, les femmes ont tendance à être plus âgées, à avoir un poids avant la grossesse plus élevé et, parfois, à souffrir de maladies chroniques [3]. Ainsi, de nouvelles recommandations étaient nécessaires pour répondre à ces changements au sein de la population de femmes enceintes. Les plus récentes recommandations de GPG ont été émises en 2009 par l’Institute of Medicine (IOM) [3] et adoptées en 2010 par Santé Canada [11]. Ces conseils se basent sur les données observationnelles qui indiquent que les issues de grossesse, autant chez la mère que chez l’enfant, sont meilleures lorsque le gain de poids se situe dans l’intervalle recommandé [3]. Dans cette optique, le poids du bébé est optimisé et les risques de césariennes sont minimisés, par exemple, lorsque la femme gagne le poids conseillé.

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Les recommandations émises par Santé Canada concernant le gain de poids pour une grossesse à fœtus unique sont présentées dans le Tableau 1. Pour toutes les femmes, il est recommandé de prendre entre 0,5 et 2,0 kg au premier trimestre peu importe le poids avant la grossesse. Cependant, pour le second et le troisième trimestre, des recommandations par rapport au gain de poids total et au taux moyen de gain de poids par semaine sont promulguées en fonction de l’indice de masse corporelle (IMC) pré-gravide. Ainsi, une femme ayant un IMC dans la catégorie poids insuffisant aura de 12,5 à 18,0 kg à prendre, alors qu’une femme présentant une obésité avant la grossesse se verra recommander de prendre entre 5,0 et 9,0 kg pour la totalité de sa grossesse. D’autres recommandations sont en vigueur pour les grossesses multiples, mais ne seront pas discutées dans ce mémoire.

Tableau 1. Recommandations relatives au rythme de prise de poids et au gain

pondéral total durant une grossesse simple en fonction de l'indice de masse corporelle de la mère avant la grossesse

IMC pré-gravide

(kg/m2)

Gain de poids total (kg)

Taux moyen de gain de poids

pendant les 2e et 3e trimestres

(kg/semaine)

Poids insuffisant (< 18,5) 12,5 – 18,0 0,5

Poids normal (18,5 – 24,9) 11,5 – 16,0 0,4

Excès de poids (25,0 – 29,9) 7,0 – 11,5 0,3

Obésité (≥ 30,0) 5,0 – 9,0 0,2

* Au premier trimestre, il est recommandé de prendre entre 0,5 et 2,0 kg pour toutes les femmes.

Tiré et adapté de Santé Canada (2010) [11]

Il est à noter que certaines études montrent qu’un gain pondéral plus faible pourrait être conseillé dans le cas où la femme enceinte présente un IMC supérieur à 35 kg/m2 [12-14]. Par ailleurs, une étude récente menée auprès d’environ 60 000 femmes enceintes propose

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que les recommandations actuelles de l’IOM seraient seulement appropriées pour les femmes ayant un poids normal ou un excès de poids avant la grossesse [15]. Les auteurs rapportent qu’une prise pondérale plus importante devrait être conseillée pour les femmes ayant un poids insuffisant afin de diminuer le risque de bébé de petit poids et que les femmes très obèses ne devraient pas gagner de poids ou devraient même perdre du poids pour améliorer les issues de grossesse [15]. À ce sujet, l’évaluation des risques et des avantages pour la mère et l’enfant est nécessaire pour porter un jugement clinique chez les femmes présentant une obésité importante. En bref, les recommandations de GPG permettent d’évaluer si les femmes enceintes réussissent à gagner du poids de façon adéquate durant la grossesse. Les prévalences de gain de poids insuffisant, optimal et excessif sont rapportés dans la prochaine section.

1.2. Prévalence de gain de poids gestationnel inadéquat

Gagner du poids de façon inappropriée est très répandu chez les femmes enceintes. Au Canada, une femme sur deux a un GPG qui excède les recommandations [4, 5]. Cette prévalence est similaire dans les autres pays occidentaux [16]. En effet, une récente méta-analyse incluant un million de femmes enceintes montre que 47% d’entre elles ont une prise pondérale excessive [16]. Qui plus est, il est désormais bien reconnu que les femmes ayant un surpoids avant la grossesse ont un risque accru de présenter un GPG excessif [7, 17]. En effet, cette prévalence augmente jusqu’à 60% et 55%, respectivement, chez les femmes présentant de l’embonpoint et de l’obésité avant la grossesse [6]. Enfin, environ 15% des femmes gagnent du poids de façon insuffisante durant la grossesse [5]. Ces prévalences peuvent différer dans les pays en développement où l’incidence de gain de poids insuffisant est plus importante [18]. En somme, seulement une femme sur trois réussit à prendre du poids de façon adéquate durant la grossesse. Bien évidemment, le fait de prendre du poids à l’extérieur des recommandations actuelles est associé à diverses conséquences.

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1.3. Conséquences d’un gain de poids gestationnel inadéquat

Gagner du poids hors des intervalles préconisés peut avoir un impact négatif autant sur la santé de la mère que sur celle de l’enfant à naître. D’une part, un gain de poids excessif est associé à un risque accru de pré-éclampsie, de diabète gestationnel, de césarienne et de naissance d’un bébé avec un poids élevé [7, 19, 20] ainsi qu’à un risque accru d’obésité durant l’enfance [21-23]. En effet, les progénitures de femmes ayant eu un gain de poids plus important au début de la grossesse présentent un IMC et un tour de taille plus élevés à l’adolescence [22]. Un mécanisme proposé pour cette association est que l’environnement intra-utérin via la modulation du contrôle de l’appétit du système nerveux central et la possible altération structurelle et fonctionnelle du pancréas du foetus pourrait influencer à long terme la santé de l’enfant à naître [24, 25]. Cependant, l’impact d’un poids de naissance plus élevé en soi ou de la présence d’obésité maternelle peuvent aussi expliquer en partie un risque d’obésité plus élevé durant l’enfance. D’autre recherches sont nécessaires à ce sujet. Chez la mère, les études montrent qu’un gain de poids excessif durant la grossesse et une rétention pondérale subséquente sont les éléments qui contribuent le plus à l’augmentation du poids à long terme et au développement de l’obésité chez la femme en âge de procréer [26-28]. Il a d’ailleurs été observé qu’une femme sur cinq connaît une augmentation substantielle de son poids après l’accouchement, soit une augmentation de 5,0 kg et plus, un an après la naissance de son enfant [29]. D’autre part, un gain de poids insuffisant est associé à des accouchements prématurés, une incidence augmentée de faible poids du bébé à la naissance et un risque augmenté d’obésité et de maladies chroniques plus tard dans la vie de la progéniture [30]. Considérant les conséquences néfastes que peut occasionner un gain de poids inadéquat, il est nécessaire d’identifier les facteurs qui y sont associés afin d’optimiser le suivi prénatal du gain de poids des femmes enceintes.

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2. Le gain de poids gestationnel : une problématique multifactorielle

À ce jour, plusieurs études d’intervention ont tenté d’optimiser le gain de poids gestationnel. Les résultats de ces recherches sur la diminution de la prise de poids et sur les différentes complications y étant associées se sont avérés partiellement efficaces. Muktabhant et coll. ont publié une revue systématique comprenant 65 études d’intervention contrôlées randomisées, dont 49 ont fait l’objet d’une méta-analyse. Ces auteurs ont remarqué que toutes les interventions, qu’elles soient alimentaires ou reliées à un programme d’activité physique, permettent de diminuer le risque de GPG excessif [31]. Toutefois, peu d’effets ont été observés sur les différentes issues de grossesse, dont le diabète gestationnel et la pré-éclampsie [31]. Une autre méta-analyse sur le sujet a montré une diminution significative moyenne du GPG de 0,70 kg chez les femmes qui avaient participé à un essai clinique en comparaison avec le groupe contrôle [32]. Hormis la diminution significative de césariennes observée dans le groupe d’intervention, les incidences des autres complications ne diminuent pas avec les interventions actuelles [32]. Il est à noter que bien qu’une diminution de 0,70 kg puisse être significative sur le plan statistique, cela ne s’avère pas nécessairement suffisant pour observer un effet clinique sur les complications de grossesse liées à un gain de poids inadéquat. Enfin, il importe de spécifier que la plupart des études actuelles proposent une restriction calorique ou une augmentation de l’activité physique en guise d’intervention [31, 33], sans tenir compte d’autres facteurs tels que l’image corporelle, la santé psychologique ou bien le soutien social. Ainsi, une meilleure compréhension de la problématique est nécessaire afin de créer des interventions qui permettent d’optimiser le GPG en tenant compte de l’ensemble des facteurs qui peuvent l’influencer. Ultimement, cela permettra à un plus grand nombre de femmes de vivre une grossesse en santé.

Par conséquent, la prise pondérale durant la grossesse représente une problématique multifactorielle dont plusieurs éléments demeurent incompris. La Figure 2, élaborée par notre équipe de recherche, présente les divers facteurs associés au gain de poids gestationnel incluant les facteurs biologiques, les facteurs psychosociaux et les facteurs

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reliés aux habitudes de vie. Dans le cadre de ce mémoire, ces facteurs ne seront pas tous abordés. Cependant, nous avons examiné la relation entre certains d’entre eux, dont les facteurs alimentaires et psychosociaux. L’évaluation de l’interrelation entre ces facteurs et le gain de poids gestationnel a d’ailleurs fait l’objet d’une revue de littérature rédigée dans le cadre de ma maîtrise (Annexe 1) [34]. Les sections subséquentes présenteront chacune des catégories de facteurs associés au GPG.

Figure 2 : Facteurs associés au gain de poids gestationnel

2.1 Facteurs biologiques

Plusieurs facteurs biologiques peuvent influencer la prise pondérale de la femme enceinte. Le présent paragraphe présente brièvement certains éléments dont les changements hormonaux, la présence de certains gènes et l’IMC pré-gravide. Tout d’abord, il est à noter que des changements hormonaux et neurologiques se produisent durant la grossesse afin de créer un bilan énergétique positive, ce qui permet la création de réserves de tissus adipeux chez la mère et le transfert de nutriments au fœtus [1]. Divers mécanismes hormonaux peuvent ainsi influencer la prise pondérale. Une étude récente montre qu’un métabolisme énergétique basal plus faible et la présence de gènes associés à de l’obésité contribuent à un GPG augmenté [35]. Il est également possible que différents facteurs hormonaux puissent

(22)

influencer la prise alimentaire durant la grossesse, modulant ainsi le gain de poids gestationnel [36], ce qui nécessite davantage d’études. De plus, tel que mentionné précédemment, il est très bien reconnu qu’un IMC pré-gravide plus élevé hausse le risque d’avoir un gain de poids gestationnel excessif [5, 7, 17]. Ainsi, cet élément a été pris en considération dans les différentes analyses de ce mémoire. Bien que tous ces éléments d’ordre physiologique soient des facteurs importants influençant le GPG, ils ne seront pas discutés davantage dans le cadre de ce mémoire. Mis à part les mécanismes physiologiques qui peuvent moduler la prise pondérale, le GPG peut être influencé par certains facteurs psychosociaux.

2.2 Facteurs psychosociaux

Tel que présenté à la Figure 2, les facteurs psychosociaux peuvent influencer autant les apports alimentaires que le gain de poids gestationnel. Au-delà des nombreuses transformations physiologiques, la grossesse est également ponctuée de changements au niveau psychologique qui se manifestent dans un court laps de temps [37, 38], ce qui peut grandement affecter la femme enceinte. Dans le cadre de ce mémoire, je me concentrerai sur les facteurs psychosociaux suivants en lien avec le GPG : l’image corporelle, le support social, l’état psychologique de la femme, les connaissances en nutrition et des recommandations de GPG, et les caractéristiques socio-démographiques. Ceux-ci sont présentés en détail dans les prochaines sections.

2.2.1. Image corporelle et attitude envers le gain de poids

Les transformations que subit le corps durant la grossesse peuvent influencer la perception que la femme a de son image personnelle. L’image corporelle se définit d’ailleurs comme la perception qu’une personne a de son corps [39]. Une étude australienne menée auprès de 442 femmes enceintes en excès de poids ou obèses montre que 45% d’entre elles ressentent de l’insatisfaction face à leur corps [40]. C’est donc dire qu’environ une femme sur deux est insatisfaite de son corps, ce qui peut influencer autant sa santé mentale que physique

(23)

[41]. Il est donc possible qu’une image corporelle altérée puisse influencer la prise pondérale de la femme enceinte.

En premier lieu, la relation entre l’image corporelle et le gain de poids gestationnel semble complexe et modulée par l’indice de masse corporelle pré-gravide, ainsi que par le statut socio-économique [40, 42, 43]. Plus spécifiquement, une préférence pour un corps plus mince est associée à un gain de poids excessif chez les femmes ayant un IMC inférieur à 26 kg/m2, mais à un risque diminué de gain de poids excessif chez les femmes présentant de l’embonpoint ou de l’obésité [42]. À l’inverse, une autre étude n’a pas trouvé que l’image corporelle était un élément prédicteur important de gain de poids excessif[44]. En second lieu, les études montrent qu’une attitude négative envers la prise pondérale est associée avec un gain de poids inadéquat [45-47]. Qui plus est, durant la grossesse, l’attitude envers le gain de poids semble associée avec l’indice de masse corporelle pré-gravide [48]. Par exemple, les femmes avec des poids plus élevés tendent à avoir une attitude plus négative envers la prise de poids [48]. En somme, la littérature montre qu’une image corporelle altérée et qu’une attitude négative envers la prise de poids semble augmenter le risque de gain de poids excessif.

Toujours en association avec l’image corporelle, dans une perspective plus globale, un phénomène souvent nommé dans les médias par le terme « mommyrexie » (ou « prégorexie ») s’est récemment développé et évoque le désir de certaines femmes de vouloir rester le plus mince possible durant la grossesse [49]. Une image corporelle négative, entre autres, inciterait certaines femmes à faire de l’activité physique en excès et à limiter leurs apports énergétiques en adoptant des comportements restrictifs, afin de gagner le moins de poids possible. Ainsi, dans ce cas, une image corporelle altérée peut inciter les femmes à gagner du poids de manière insuffisante. Cependant, ce sujet est peu exploité dans la littérature scientifique actuelle, ce qui est discuté dans une publication du journal

Nutrition – Science en évolution qui est présenté en Annexe 2 [50].

En résumé, bien que le facteur psychosocial le plus étudié en relation avec le GPG soit l’image corporelle, la relation entre celle-ci et le gain de poids gestationnel demeure

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complexe. De plus, plusieurs autres éléments peuvent influencer le poids gagné durant la grossesse. L’entourage de la femme enceinte et sa perception de ce qui est souhaitable en ce qui a trait à l’alimentation et au poids modulent également la prise pondérale.

2.2.2. Support social

Dans la population générale, bien que peu étudiée, la perception d’un meilleur support social a été associée avec une meilleure qualité alimentaire [51]. Dans ce contexte, le support social se décrit comme la perception de la personne du support que lui offrent sa famille et ses amis afin qu’elle fasse des choix alimentaires nutritifs [51]. Ainsi, la perception de la femme enceinte de son réseau social peut influencer ses apports alimentaires et sa prise pondérale. Il est à noter que l’association entre le support social et le gain de poids gestationnel a été peu examinée et apporte des résultats divergents. Aucune association n’a été observée entre ces variables selon plusieurs publications [52-54]. Néanmoins, une étude rapporte que les femmes considérant le support de leur partenaire comme étant faible présentaient un plus grand risque de gain de poids excessif [44]. De surcroît, l’IMC pré-gravide pourrait moduler cette association [54, 55]. En effet, il a été observé que les femmes dans la catégorie de poids normal bénéficient d’un plus grand support social que les femmes ayant un excès de poids [54]. Bref, de plus amples recherches s’intéressant à ce facteur sont nécessaires pour mieux comprendre la relation avec le poids durant la période gestationnelle. En plus de la perception du support de l’entourage, l’état psychologique de la femme enceinte peut également influencer le respect des recommandations de GPG.

2.2.3 État psychologique

La façon dont l’état psychologique de la femme enceinte influence son gain de poids demeure incomprise. Une revue systématique montre qu’un état émotionnel négatif n’affecte pas la prise pondérale [56]. Ainsi, la présence de dépression, d’anxiété ou de stress n’était pas reliée à un GPG supérieur aux recommandations [56]. En revanche,

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ressentir de la détresse était associé négativement au gain de poids du premier trimestre dans une autre revue systématique [57]. De plus, les femmes ayant de plus hauts niveaux d’instabilité émotionnelle avaient un GPG au-delà des recommandations [42]. Néanmoins, peu d’études se sont penchées sur les traits de personnalité qui pourraient être associés avec le gain de poids chez la femme enceinte. Une étude a montré que les femmes avec un GPG supérieur aux recommandations avaient des niveaux plus élevés de neuroticisme, c’est-à-dire une tendance persistante à l'expérience des émotions négatives, comparativement aux femmes qui respectaient les recommandations [47]. En somme, l’état psychologique de la femme enceinte ne semble pas moduler de façon importante la prise pondérale, mais ce sujet nécessite davantage de recherche. Par ailleurs, les niveaux de connaissances réelles de la femme enceinte peuvent également influencer le GPG.

2.2.4. Connaissances des recommandations nutritionnelles et de gain de poids gestationnel Avoir des connaissances adéquates en ce qui a trait à la nutrition peut aider à faire de meilleurs choix alimentaires [58]. Conséquemment, il est possible d’émettre l’hypothèse que de meilleures connaissances des recommandations nutritionnelles en vigueur durant la grossesse aident les femmes à respecter les balises de GPG. À ce propos, la connaissance des recommandations alimentaires durant la grossesse et son association avec le poids n’a pratiquement pas été étudiée jusqu’à présent. Une étude prospective australienne mesurant plusieurs comportements cognitifs reliés à la santé n’a pas trouvé d’association entre les connaissances en nutrition et le gain de poids gestationnel [54]. Toutefois, la littérature n’est pas suffisamment établie pour fournir de conclusions sur cette association. Par ailleurs, au-delà des connaissances en nutrition, la prise pondérale peut être influencée par les connaissances des recommandations de GPG.

À ce sujet, la majorité des études examinant la relation entre les connaissances des recommandations de gain de poids avec le réel gain de poids montre une association positive [46, 59-61]. Notamment, une connaissance exacte des recommandations était associée avec un gain de poids approprié [60]. En revanche, il importe de mentionner qu’une grande proportion de femmes enceintes ne connaît pas les recommandations en

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vigueur [62-64]. Il a d’ailleurs été démontré que les femmes ayant des statuts socio-économiques plus faibles avaient plus de croyances erronées en ce qui a trait au GPG [65]. Ainsi, un suivi prénatal approprié pourrait avoir un impact positif sur la prévalence de gain de poids gestationnel inadéquat en ciblant les valeurs adéquates de gain de poids pour chaque femme [46, 64, 66-71], tout en ne créant pas une préoccupation excessive à l’égard du poids. Hormis les connaissances que peuvent détenir les femmes enceintes en nutrition ou sur les recommandations de gain de poids, certains facteurs socio-démographiques représentent des éléments ayant le pouvoir d’influencer le GPG.

2.2.5 Facteurs socio-démographiques

Les caractéristiques socio-démographiques des individus, tels que l’ethnie, l’âge ou le revenu, peuvent également moduler la prise pondérale. À ce propos, certaines différences ont été repérées en ce qui a trait à la prévalence de GPG excessif entre différentes ethnies. Une étude américaine a observé que les femmes d’origine hispanique âgées entre 15 et 24 ans étaient moins à risque de prendre du poids de façon excessive en comparaison avec les femmes non-hispaniques du même âge [72]. En outre, des différences modestes entre les multiples ethnies présentes aux Pays-Bas sont observées pour l’IMC pré-gravide, mais également pour la prise pondérale gestationnelle [73]. Ce facteur nécessite de plus amples études afin de comprendre les mécanismes sous-jacents qui expliquent les différences observées.

Par ailleurs, la littérature scientifique actuelle montre que les femmes primipares, c’est-à-dire celles qui accoucheront de leur premier enfant, sont plus à risques d’avoir un gain de poids qui excède les recommandations [74, 75]. L’âge de la mère ne semble cependant pas moduler cette association. La mise en réserve et l’utilisation des graisses maternelles semblent également différer selon la parité [76], ce qui peut influencer la prise pondérale de la femme enceinte.

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D’un autre côté, le niveau socio-économique de la famille peut certainement influencer les apports alimentaires et le GPG de la femme enceinte. Il a été montré que le revenu familial influence la prise pondérale durant la grossesse. En effet, une étude canadienne a démontré qu’un statut économique plus faible était lié à un risque accru d’excéder les recommandations de GPG [19]. Considérant que le prix représente le facteur le plus important lors des achats alimentaires chez les personnes en situation de pauvreté, plusieurs choix alimentaires moins souhaitables, mais plus abordables peuvent être privilégiés [77]. Qui plus est, l’accès à des aliments sains et à des lieux sécuritaires pour pratiquer de l’exercice physique peut être limité dans certains quartiers défavorisés [77]. Pour ces raisons, le risque de GPG inadéquat peut être accru chez la femme enceinte ayant un niveau socio-économique plus faible. En outre, le niveau d’éducation maternelle semble moduler la prise pondérale. En fait, bien qu’une éducation post-secondaire ne s’avère pas un facteur protecteur envers la prise pondérale excessive [78], les femmes présentant un poids normal avant la grossesse et ayant un niveau d’éducation moindre étaient plus à risque d’avoir un GPG supérieur aux recommandations [78]. Cependant, la relation entre ces facteurs est complexe puisque l’ethnicité, ainsi que le niveau socio-économique du quartier habité semblent l’influencer [79]. Bref, certaines caractéristiques socio-économiques de la femme enceinte semblent influencer sa prise pondérale. L’identification précise de ces dernières permettra une meilleure compréhension des déterminants du GPG.

En somme, plusieurs facteurs psychosociaux affectent la prise pondérale chez la femme enceinte. Une image corporelle altérée, un manque de connaissances des recommandations de gain de poids, ainsi qu’un niveau socio-économique faible représentent des facteurs de risque d’un GPG excessif. Tous les éléments présentés peuvent également influencer les apports alimentaires. Jusqu’à présent, peu d’études ont évalué comment les facteurs psychosociaux peuvent influencer l’alimentation de la femme enceinte. La revue de littérature rédigée dans le cadre de ma maîtrise (Annexe 1) conclut que les apports énergétiques ne semblent pas être un médiateur entre les facteurs psychosociaux et la prise pondérale de la femme enceinte [34]. En revanche, il est à noter que les outils d’évaluation des apports alimentaires utilisés étaient peu précis, ce qui a pu biaiser les résultats de

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certaines associations. Ainsi d’autres études sont nécessaires afin de déterminer l’effet médiateur des apports alimentaires. Par ailleurs, il est important de mentionner que la littérature scientifique actuelle s’intéresse davantage aux associations entre les facteurs alimentaires et le gain de poids gestationnel.

2.3 Habitudes de vie : les facteurs alimentaires

Les habitudes de vie de la femme enceinte représentent une classe de facteurs ayant un impact sur le GPG. Le niveau d’activité physique influence certainement les apports alimentaires et la prise pondérale de la femme enceinte. Cependant, le présent mémoire mettra davantage l’accent sur l’influence des différents facteurs alimentaires. À ce sujet, il est bien reconnu que l’alimentation de la femme enceinte influence la croissance, le développement et la santé du bébé [80, 81]. Elle peut également avoir une incidence sur le maintien ou l’amélioration de la santé de la mère.

Pendant la grossesse, les besoins en énergie et en certains éléments nutritifs sont accrus afin de permettre au fœtus de se développer de façon optimale. En effet, on recommande à la femme enceinte d’augmenter ses apports caloriques quotidiens de 340 kcal et 452 kcal supplémentaires au deuxième et troisième trimestre, respectivement, par rapport à ses besoins énergétiques estimatifs de base [82]. Les besoins en d’autres nutriments, tels que les protéines, les fibres, les acides gras essentiels, le fer, l’acide folique, la vitamine D, le calcium, la vitamine B12 et la vitamine C, augmentent également durant cette période de la vie d’une femme [82]. Qui plus est, Santé Canada recommande la prise d’une multivitamine prénatale qui contient 400 μg d’acide folique et entre 16 et 20 mg de fer durant la grossesse [83]. L’ensemble de ces recommandations vise l’optimisation de l’état nutritionnel de la mère et de son enfant à naître. Certes, l’alimentation de la femme enceinte peut influencer plusieurs issues de grossesse, dont le gain de poids gestationnel. La façon dont les apports alimentaires peuvent moduler la prise pondérale durant la grossesse est présentée dans la prochaine section.

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2.3.1. Apports alimentaires et envies alimentaires intenses

Parallèlement aux facteurs physiologiques et psychosociaux, de nombreuses composantes alimentaires peuvent influencer le gain de poids gestationnel. Il a été démontré que les apports énergétiques des femmes enceintes modulent le GPG [84-89]. En effet, les femmes qui consomment de plus grandes quantités de calories ont une prise pondérale plus importante. Néanmoins, les études à l’égard des apports en macronutriments ne permettent pas de tirer de conclusions aussi définies. Une récente revue systématique conclut que les données actuelles ne permettent pas de déterminer le rôle de chaque macronutriment dans le développement d’un gain de poids inadéquat [90]. Certaines études suggèrent qu’une consommation élevée de glucides, plus particulièrement de sucres ajoutés semblent être associée à un GPG excessif [91-93]. D’un autre côté, une étude prospective chez 46 000 femmes enceintes a démontré qu’un ratio plus élevé de protéines par rapport aux glucides serait associé à une prise de poids plus faible [92]. D’autres études démontrent plutôt que des apports élevés en gras seraient associés à un rythme de gain de poids plus élevé [94-96]. Globalement, d’autres études sont nécessaires afin de déterminer quels sont les apports en macronutriments permettant une prise de poids optimale.

Outre les apports alimentaires totaux en termes de calories et de macronutriments, la qualité globale de la diète de la future mère peut également influencer son gain de poids [62, 95, 97-99]. D’une part, certaines études montrent que les femmes qui consomment davantage de portions de fruits et légumes ou qui adoptent une diète végétarienne gagnent moins de poids [95, 100]. D’autre part, la consommation de jus de fruits ou d’aliments gras tels que du beurre, de la margarine ou des gâteaux a été associée à une prise pondérale plus importante [100, 101]. Ainsi, une alimentation à base de fruits et légumes et d’aliments peu transformés semble aider la femme à respecter les recommandations de GPG. D’autres études sont nécessaires afin de déterminer si certains modèles alimentaires permettent une prise pondérale adéquate. En ce qui a trait à l’alimentation de la femme enceinte, il est impossible de passer sous silence les envies alimentaires intenses que ressentent plusieurs d’entre-elles dès le premier trimestre de grossesse.

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La présence d’envies alimentaires intenses durant la grossesse est un phénomène universel qui transcende les cultures, bien que les types d’aliments désirés puissent différer d’une culture à une autre [102]. L’étiologie des envies alimentaires intenses et les mécanismes sous-jacents ont peu été étudiés durant la grossesse. Il a été proposé que les quantités fluctuantes d’hormones, les déficiences nutritionnelles et certains facteurs psychosociaux sont responsables de la présence d’envies alimentaires intenses [102]. Par ailleurs, peu d’études ont évalué si les envies alimentaires intenses ressenties par les femmes enceintes influencent le GPG. Les données préliminaires sur cette association fournissent des résultats opposés [103, 104]. D’une part, Hill et coll. soutiennent que bien que l’incidence d’envies alimentaires intenses est commune et qu’une faible augmentation énergétique est observée, ce phénomène n’a pas d’impact sur les apports alimentaires et la prise pondérale périnatale [103]. D’autre part, deux récentes études montrent que la fréquence d’envies alimentaires intenses et la consommation d’aliments convoités sont associées à un GPG plus élevé [104, 105]. En d’autres termes, de nouvelles études sont nécessaires afin de comprendre la présence et l’impact des envies alimentaires intenses. De plus, la compréhension des différents comportements qui entourent la prise alimentaire s’avère nécessaire afin de mieux interpréter le gain de poids de la femme enceinte.

2.3.2. Comportements alimentaires

Bien que l’identification des nutriments associés à la prise pondérale importe, le contexte qui entoure la prise alimentaire peut également jouer un rôle prépondérant. En effet, l’acte de manger répond à divers besoins physiques, sociaux et psychologiques. Ainsi, une meilleure compréhension des comportements que peuvent avoir les femmes enceintes face aux aliments semble nécessaire. Un comportement se définit comme l'ensemble des réactions adoptées par une personne, dans son environnement et face à des situations données [106]. Dans ce contexte, la situation à laquelle fait face la personne est la prise alimentaire. Dans quelle mesure les comportements alimentaires des femmes enceintes peuvent influencer le gain de poids gestationnel? Cette question a été très peu étudiée. Les sections qui suivent décriront, dans un premier temps, les comportements alimentaires en

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association avec le poids et présentera, dans un deuxième temps, une approche novatrice en nutrition soit l’alimentation intuitive.

2.3.2.1 Comportements alimentaires évalués par le Three-Factor Eating Questionnaire Divers comportements alimentaires ont été identifiés dans les dernières années et plusieurs outils d’évaluation ont été développés à cet effet. Dans le cadre de ce mémoire, je m’attarderai spécifiquement au questionnaire utilisé dans la présente recherche soit le

Three-Factor Eating Questionnaire [107]. Ce questionnaire comprenant 51 items fut

développé en 1985 par Albert J Stunkard et Samuel Messick [107]. Trois facteurs cognitifs et comportementaux sont examinés dans ce questionnaire soit la restriction cognitive, la désinhibition et la susceptibilité à la faim. Le Tableau 2 présente une brève description de chaque comportement alimentaire. Tout d’abord, la restriction cognitive représente l’intention consciente de restreindre ses apports alimentaires afin de contrôler son poids [108]. Ce facteur se scinde en deux composantes : 1) la restriction rigide qui est une approche tout-ou-rien vis-à-vis l’alimentation et 2) la restriction flexible qui est une approche dans laquelle certains aliments sont permis en petites quantités sans sentiment de culpabilité [108]. Ensuite, la désinhibition se définit comme une perte de contrôle au niveau de l’alimentation qui résulte en une surconsommation d’aliments [109]. Ce facteur contient trois catégories : 1) la susceptibilité émotionnelle décrite comme une surconsommation associée à un état émotionnel; 2) la susceptibilité habituelle qui représente une surconsommation liée à des circonstances récurrentes et 3) la susceptibilité situationnelle qui est une surconsommation provoquée par des signaux environnementaux [109]. Enfin, la susceptibilité à la faim réfère aux aliments consommés en réponse à notre perception physiologique des signaux de la faim. Ce facteur se divise en deux catégories : 1) la susceptibilité interne, c’est-à-dire, que la faim est régulée par des signaux internes et 2) la susceptibilité externe soit que la faim est initiée par des signaux externes [109].

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Tableau 2. Descriptions des facteurs du Three-Factor Eating Questionnaire

Facteurs Définition Sous-catégories

Restriction cognitive

Intention consciente de restreindre ses apports alimentaires afin de contrôler son poids.

1. Restriction rigide 2. Restriction flexible

Désinhibition

Perte de contrôle au niveau de l’alimentation qui résulte en une surconsommation d’aliments. 1. Susceptibilité émotionnelle 2. Susceptibilité habituelle 3. Susceptibilité situationnelle Susceptibilité à la faim Aliments consommés en réponse à notre perception physiologique des signaux de faim.

1. Susceptibilité interne 2. Susceptibilité externe

Adapté et traduit de Westenhoefer, J. (1999) [108] et Bond, MJ (2001) [109]

Tel que mentionné précédemment, rares sont les études qui ont évalué l’association entre les comportements alimentaires et le gain de poids gestationnel. Dans la littérature scientifique actuelle, aucune recherche n’a examiné de façon prospective cette association. Seulement une étude utilisant le Three-Factor Eating Questionnaire pendant la grossesse a été répertoriée. Dans un échantillon de femmes ayant cessé de fumer avant ou au début de la grossesse, Slane et Levene ont observé que la restriction cognitive au troisième trimestre était associée positivement au gain de poids, mais que la désinhibition ne l’était pas [110]. Dans cette étude, le gain de poids était mesuré au troisième trimestre et comparé aux recommandations de gain de poids total de l’IOM. Ces résultats soulèvent de nombreuses questions. Les niveaux élevés de restriction surviennent-ils en réponse à un gain de poids accru ou est-ce que la restriction cognitive en soi contribue à la prise pondérale [110]? D’une part, les femmes qui ont gagné plus de poids avant le troisième trimestre peuvent avoir décidé de restreindre leurs apports afin de contrôler la prise pondérale. D’autre part, il est possible que les femmes qui ont gagné davantage de poids aient des niveaux plus élevés

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de restriction cognitive durant toute la grossesse et qu’une suralimentation apparaisse en réponse à ces comportements restrictifs. La direction de cette association demeure donc inconnue. Néanmoins, il est à noter que la nature transversale de cette étude limite les interprétations que l’on peut tirer. Ainsi, des études prospectives durant la grossesse sont nécessaires.

Dans la population générale, l’association entre les comportements alimentaires et le poids a fait l’objet de plusieurs études. En effet, il a été démontré que certains comportements alimentaires étaient associés avec l’IMC [111-113]. Les niveaux de désinhibition et de susceptibilité à la faim étaient plus élevés chez les sujets obèses que chez les participants non obèses [111]. En ce sens, les personnes obèses expriment plus d’épisodes de suralimentation et mangent davantage en réponse aux divers signaux de la faim. En ce qui a trait à la restriction cognitive, certaines études montrent que des niveaux plus élevés sont associés à un IMC accru ainsi qu’une augmentation du poids à travers le temps, alors que d’autres chercheurs ont plutôt noté des associations avec la perte ou le maintien du poids [112-114]. Ces données contradictoires à l’égard de la restriction cognitive peuvent provenir de la différenciation entre la restriction rigide et la restriction flexible. Westenhoefer et coll. proposent que ces deux comportements représentent des éléments distincts de la restriction cognitive et qu’ils sont associés différemment avec le poids [108]. En premier lieu, la restriction rigide est associée à des niveaux plus élevés de désinhibition, un IMC augmenté et des épisodes de compulsions alimentaires plus fréquents [108]. En d’autres mots, le fait de se restreindre de façon soutenue semble mener à de plus grands épisodes de suralimentation, ce qui influencerait négativement le poids. En second lieu, à l’inverse, la restriction flexible est associée à des niveaux plus faibles de désinhibition, d’épisodes de compulsion alimentaire, à un IMC plus faible, à des apports énergétiques moins élevés et une probabilité de succès plus élevée dans un programme de perte de poids [108]. Bref, une relation complexe existe entre la restriction cognitive et le contrôle du poids dans la population générale. Cette relation pourrait se complexifier davantage en

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période gestationnelle en raison des nombreux changements physiologiques et psychosociaux qui s’y produisent.

En somme, divers comportements alimentaires semblent associés au poids dans la population générale, mais ces données n’ont pas été étudiées dans une population de femmes enceintes.

2.3.2.2. Alimentation intuitive

Tel que mentionné précédemment, les interventions actuelles pour optimiser le gain de poids des femmes enceintes fournissent des résultats mitigés. La majorité de ces interventions reposent sur le principe de la balance énergétique, c’est-à-dire un contrôle calorique et une augmentation de la dépense énergétique (activité physique). À la lumière de ces données ainsi qu’après avoir démontré que le gain de poids est influencé par de multiples autres facteurs, de nouvelles approches semblent nécessaires pour tenter de répondre à cette problématique. En ce sens, l’alimentation intuitive pourrait représenter une approche novatrice.

Deux nutritionnistes, Tribole et Resch, ont développé le concept d’alimentation intuitive comme solution de rechange aux nombreuses diètes populaires proposées. Il s’agit d’une approche alimentaire basée sur le respect de la faim et de la satiété [115]. Manger intuitivement nécessite d’être attentif aux aliments, mais également à ses niveaux de faim, de satiété ainsi qu’aux émotions ressenties. Le Tableau 3 présente les dix principes sur lesquels repose cette approche. Globalement, cette approche suggère de cesser de catégoriser les aliments comme étant « bons » ou « mauvais » et de ne pas s’interdire de manger certains aliments. Il est également proposé d’honorer sa faim lorsqu’elle est présente, mais également de considérer ses signaux de satiété pour savoir quand cesser de manger. La reconnaissance des émotions ressenties est essentielle afin de vivre celles-ci sans nécessairement utiliser la nourriture. En outre, le plaisir de manger et de bouger

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représente un élément central de cette démarche. Il est à noter qu’il s’agit d’une approche que la personne apprend graduellement à intégrer, sans culpabilité, dans le quotidien.

Tableau 3 : Principes de l’alimentation intuitive

Dix principes de l’alimentation intuitive

1. Rejeter la mentalité des diètes amaigrissantes qui crée de faux espoirs. 2. Honorer sa faim lorsqu’elle est modérée.

3. Se permettre de manger tous les aliments souhaités.

4. Cesser de catégoriser les aliments comme étant « bons » ou « mauvais ». 5. Considérer sa sensation de satiété pour savoir quand cesser de manger. 6. Découvrir la satisfaction et le plaisir de manger.

7. Vivre ses émotions sans nécessairement utiliser la nourriture. 8. Respecter son corps tel qu’il est au moment présent.

9. Être physiquement actif par plaisir, et non pour perdre du poids. 10. Honorer sa santé et ses papilles gustatives par ses aliments préférés

Tiré de Gravel (2013) [116]; Adapté de Tribole et Resch (2012) [117].

Des outils ont été développés récemment pour mesurer l’alimentation intuitive lors d’études cliniques. Un article de Tylka et coll. présente le développement et la validation du questionnaire Intuitive Eating Scale (IES) qui a été mené auprès de 1260 étudiantes [118]. Ces mêmes auteurs ont amélioré le questionnaire en développant le Intuitive Eating Scale-2 (IES-2) [119]. Ce dernier a également fait l’objet d’une étude de validation auprès d’une population canadienne-française [120]. Il s’agit d’ailleurs du questionnaire utilisé dans le cadre de ce mémoire. Le IES-2 contient 23 énoncés pour lesquels les participants doivent mesurer leur niveau d’adhésion de fortement en désaccord à fortement en accord. Un score

(36)

total, ainsi que les scores de quatre sous-échelles sont mesurés. Ces derniers sont présentés dans le Tableau 4.

Tableau 4 : Description du Intuitive Eating Scale-2

Sous-échelles Définition

Permission inconditionnelle de manger

Volonté d’un individu de manger en réponse à la faim et le refus de classifier des

aliments comme interdits.

Manger pour des raisons physiologiques plutôt qu’émotionnelles

Patron alimentaire dans lequel l’individu mange en raison de la faim physique plutôt qu’en réponse à certaines émotions (anxiété, solitude, ennui, etc.)

Avoir confiance en ses signaux de faim et de satiété

Confiance d’un individu en ses signaux de faim et de satiété pour guider ses

comportements alimentaires.

Congruence entre les besoins du corps et les apports alimentaires

Propension d’un individu à faire des choix alimentaires qui répondent aux besoins de son corps.

Adapté de Tylka et Kroon Van Diest (2013) [119]

Cette approche alimentaire est nouvelle et n’a pas encore été étudiée en association avec le gain de poids durant la grossesse. Néanmoins, l’alimentation consciente a, quant à elle, été investiguée par certains auteurs durant la grossesse. L’alimentation intuitive et l’alimentation consciente proposent une approche basée sur les signaux de faim et de satiété, mais l’alimentation consciente inclut également un volet de méditation contrairement à l’alimentation intuitive [121, 122]. Vieten et coll. ont mené une

(37)

intervention de huit semaines comprenant huit séances éducationnelles sur l’alimentation consciente auprès de femmes enceintes souffrant d’embonpoint ou d’obésité [123]. À la suite de cette intervention, les femmes ont rapporté de plus hauts niveaux d’alimentation consciente, d’acceptation et de régulation émotionnelle, ainsi qu’une diminution des niveaux de stress, de dépression et de surconsommation alimentaire [123]. Par ailleurs, une étude transversale a récemment proposé que l’alimentation consciente était associée à des comportements alimentaires sains chez la femme enceinte [124].

Dans la population générale, il a été démontré que l’alimentation intuitive est inversement associée aux symptômes reliés à un trouble du comportement alimentaire tel que l’anorexie ou la boulimie, à une insatisfaction corporelle et à l’IMC [118]. En effet, plusieurs études montrent que les femmes obèses ont des niveaux plus faibles d’alimentation intuitive [125, 126]. Puisqu’aucun aliment n’est interdit dans cette approche, une diminution de la culpabilité est notée, ce qui entraîne une réduction des rages alimentaires [127]. Ainsi, l’écoute de sa faim physiologique permet aux personnes qui mangent de façon intuitive d’avoir un poids dans les intervalles dits normaux. En outre, cette approche est positivement associée au bien-être général et à une image corporelle positive [118, 126, 128]. En d’autres termes, l’alimentation intuitive peut non seulement avoir un impact positif sur le poids, mais également sur le bien-être psychologique. Le rejet des mentalités de diètes et l’acceptation de soi contribuent sans doute à ce bienfait [129]. D’ailleurs, une récente revue de la littérature propose d’inclure l’alimentation intuitive dans les programmes de maintien ou de perte de poids dans la population générale pour les bienfaits psychologiques que cette approche peut procurer [122].

Tel que mentionné précédemment, l’alimentation intuitive n’a pas été évaluée durant la grossesse en association avec le GPG. À cet égard, nous désirions évaluer les associations entre l’alimentation intuitive et le gain de poids chez les femmes enceintes. Le chapitre 2 de ce mémoire introduira l’objectif principal et les hypothèses de cette recherche, alors que les résultats relatifs à ce sujet seront présentés au chapitre 4.

(38)

En sommaire de ce premier chapitre, il est important de comprendre que le gain de poids gestationnel représente une problématique de santé publique importante puisque la majorité des femmes n’arrivent pas à atteindre les recommandations, ce qui se traduit en un risque accru de complications chez la mère et son enfant. De nombreux facteurs biologiques, psychosociaux et alimentaires influencent la prise pondérale de la femme enceinte et méritent d’être étudiés plus en profondeur. Parmi ces facteurs, l’influence des comportements alimentaires sur le GPG a retenu mon intérêt pour la réalisation de ce mémoire. L’objectif principal et l’hypothèse de recherche de cette recherche seront présentés en détail dans le chapitre 2, alors que les résultats relatifs à ce sujet sont présentés dans le chapitre 3.

(39)

Chapitre 2 : Objectifs et hypothèses

Objectif général

L’objectif général de ce mémoire est d’examiner l’association entre les comportements alimentaires, d’une part ceux que mesure le Three Factor Eating Questionnaire et d’autre part l’alimentation intuitive, et le gain de poids gestationnel. Nous émettons l’hypothèse que les comportements alimentaires des femmes enceintes sont associés avec la prise pondérale durant la grossesse. Plus précisément, nous pensons que les femmes qui expriment de plus hauts niveaux de désinhibition auront un gain de poids gestationnel excessif. Nous émettons également l’hypothèse que les femmes présentant des scores d’alimentation intuitive plus élevés auront un gain de poids adéquat.

Afin de répondre à cet objectif, le présent mémoire est divisé en chapitres distincts, chacun d’entre eux traitera d’un objectif spécifique différent.

Objectifs spécifiques

Chapitre 3 : Changements des comportements alimentaires durant la

grossesse : associations avec le gain de poids gestationnel et l’IMC

pré-gravide

L’objectif de cette étude est d’évaluer les associations entre les comportements alimentaires évalués selon le Three Factor Eating Questionnaire et le gain de poids gestationnel dans une population de femmes enceintes. Plus spécifiquement, dans un premier temps, l’objectif spécifique 1 est d’examiner les changements des comportements alimentaires tout au long des trimestres. Nous émettons l’hypothèse que les comportements alimentaires évoluent durant la grossesse, avec une augmentation spécifique de la susceptibilité à la faim. Dans un second temps, l’objectif spécifique 2 est de caractériser comment les comportements alimentaires varient en fonction des groupes de gain de poids totaux et des catégories d’IMC pré-gravide. Nous émettons l’hypothèse que les variations de

Figure

Figure 1 : Répartition du gain de poids pendant la grossesse, à 40 semaines
Tableau 1. Recommandations relatives au rythme de prise de poids et au gain
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Tableau 2. Descriptions des facteurs du Three-Factor Eating Questionnaire
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