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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Bulletin de l'Association des Anciens Élèves de l'ENSET et de l'ENS de Cachan n° 214

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(2)

Association des Anciens Elèves et des Elèves de

l'Ecole Normale Supérieure de l'Enseignement Technique

et de l'Ecole Normale Supérieure de Cachan.

Présidents d'honneur:

MM. les Directeurs généraux honoraires de l'Enseignement technique.

MM. les anciens Directeurs de l'Ecole Normale Supérieure de l'Enseignement Technique. MM. les anciens Directeurs et Directeurs Adjoints de l'Ecole Normale Supérieure de Cachan. Mme la Directrice de l'Ecole Normale Supérieure de Cachan.

M. le Directeur de l'antenne de Bretagne de l'Ecole Normale Supérieure de Cachan. Mme la Directrice Adjointe de l'Ecole Normale Supérieure de Cachan.

M. le Recteur P. PASTOUR.

Présidents - Vice-Présidents - Secrétaires Généraux - Trésoriers honoraires: M. BLACHIER (C 68), Professeur.

R. CANTAREL (B 56), Inspecteur général honoraire. A. GREUZAT (EF 38), Professeur honoraire. M. JEANEAU (A1 39), Professeur honoraire. N. de KANDYBA (B 46), Proviseur honoraire. P. PUECH (A1 44), Professeur honoraire. J.M. REFEUIL (EF 39), Professeur honoraire. M. RESSAYRE (D 56), Professeur honoraire. D. SAUVALLE (B 46), Professeur honoraire.

y. STAPFER (D 43), Professeur honoraire.

COMITE NATIONAL

. '..

1

Président:

H. COUDANNE (A1 44), 112 avenue de la Dimancherie, 91440 BURES-SUR-YVETTE Vice-Présidents:

J. BODINEAU (G 59), 26, rue de la Carterie, 44000 NANTES B. BRAUN (A1 66),20 allée Albert-Thomas, 91300 MASSY.

C. CREUZE (D 67), 2 allée des Naïades, 62200 BOULOGNE-SUR-MER. Secrétaire général:

MA PINDAT (A2 52),25 avenue St-Jean de Beauregard, 91400 ORSAY. Secrétaires adjoints:

C. SUBAï (B4 91),13 allée du Bois, 01700 NEYRON E. DUC (B3 90), 31 avenue Reille, 75014 PARIS

C. PIERSON (A'2 66), 26 rue Auguste-Comte, 92170 VANVES

P. RYCKELYNCK (A1 83),10 rue Maupassant, 59210 COUDEKERQUE-BRANCHE. Trésorier:

M.N. BONTOUX (D 70), 22 rue Marceau, 92170 VANVES Trésorier adjoint:

1.ALLAl (D2 91),10 rue Emile Zola, 93400 SAINT-OUEN Autres membres du comité:

Mmes et MM. M. BERTHAUD (B 59), M. BLACHIER (C 68), A. CHASSOT (C 56), J. CHEFDEVILLE (A1 52), J.P. DUGARDIN (A"1 58), E. GILQUIN (A1 65), M. JEANEAU (A1 39), C. LECOINTRE (F 59), A.M. REVEILLÈRE (C 49), J.J. SANTIN (B1 77)

Le but recherchéparcette association est de contribuer activement au développement etàla défense de l'éc;o-le Normal'éc;o-le Supérieure de Cachan et, dans l'acception la plus large, de l'esprit technologique, dans toutes l'éc;o-les disciplines scientifiques et générales enseignées dans les établissements publics; défendre la qualité d'ancien élève; de maintenir les liens d'amitié que les élèves ont formés dès leur séjour dans cette école et se prêter un mutuel appui; promouvoir la Recherche et les Sciences pratiques.

La reconnaissance d'utilité publique de l'Association n'estpascontestéeparle Conseil d'Etat. La procédure est poursuivie.

Abonnement au Bulletin de l'Association pour un an : 240 francs en 2001. Prix au numéro: 85 francs.

ASSOCIATION DES ANCIENS ELEVES ET DES ELEVES DEL'E.N.S.E.T. ET DE L'E.N.S. DE CACHAN

61, avenue du Président Wilson - 94230 Cachan (Val de Marne). Tél/Fax: 01.69.28.78.18. - Email: anciens@ens-cachan.fr

C.C.P. Paris 5488 99 K

(3)

...ENS - ENSET - ENS - ENSET - ENS - ENSET - ENS - ENSET. ..

Préparons le colloque "TECHNOLOGIE"

pour décembre 2001

!

J'ai rejoint le groupe O'en suis heureux) et accepté la charge de la mission "colloque" O'en suis inquiet et c'est

ce qui motive cette réflexion).

Pour une association, encore objectivement de taille modeste, n'est-ce pas présomptueux, un peu "trop riche", de viser, successivement et

à

si peu d'intervalle, son congrès annuel et un colloque dont le thème est impor-tant?

L'enchaÎnement congrès - colloque est un montage ambitieux. Le challenge de ce montage est de réussir les

deux manifestations de manière équilibrée (notamment au niveau des effectifs) en les couplant sur les mêmes lieux, le campus de Cachan, non seulement dans le temps mais surtout culturellement, dans les esprits. Si je suis inquiet, je reste néanmoins relativement optimiste : nos atouts sont nombreux, la réussite est pos-sible si nous retenons une stratégie adaptée.

LA STRATÉGIE:

L'idée du colloque est issue du congrès précédent (la décision

a

été prise

à

Grenoble, le thème y

a

été choi-si) .. dès lors, si le colloque doit s'adresser

à

un très large public extérieur, il doit d'abord être nôtre, porté, vécu de l'intérieur de l'association. C'est

à

ce prix qu'il prendra simultanément son sens et sa forme (sa justification).

Visons donc, en priorité, le plus grand nombre d'adhérents de l'association pour le congrès de novembre 2001, donnons leur (prenons) parallèlement la parole afin qu'ils

se

considèrent (que nous nous trouvions) impliqués (fidélisés) par filiation dans un colloque dont ils (nous) constitueront(s), alors avec autorité, le premier cercle de participants. En clair, le colloque doit permettre de faire préalablement parler, discuter, réfléchir, ceux qui, par leurs activités et engagements antérieurs, constituent par essence et/ou par nature, un gisement primor-dial important en matière de technologie, de formations et de recherches technologiques.

/!faut par conséquent, dès

à

présent, et bien avant le congrès, faire en sorte que le plus grand nombre d'entre nous s'exprime sur la thématique et le contenu du colloque.

Ce

dernier ne peut

se

réduire

à

une table ronde, porte-parole de quelques conférenciers professionnels de la Technologie, les actes du colloque ne peuvent

se

réduire

à

une compilation de conclusions ou de textes déjà écrits.

A

contrario, ne séquestrons pas le colloque, donnons-y la réplique, de l'intérieur, impliquons nous tous, membres de l'association avec

à

l'esprit et pour objectif d'être de bons sparring-partner, des faire valoir autorisés, d'autres intervenants extérieurs.

LES ATOUTS MAJEURS:

Le premier d'entre eux nous est intrinsèque: il s'agit de notre identité d'anciens (ou de nouveaux) de l'ENSET et de l'ENS de CACHAN. En effet, par la véritable mixité qu'ils pratiquent de longue date, par les effectifs qu'ils représentent, par leur multi-disciplinarité exemplaire, par leurs expériences actuelles et passées, par leurs engagements scientifiques, pédagogiques, politiques etc., les anciens et les actuels de Cachan constituent une ressource patrimoniale, indiscutable, en matière de vécu de la Technologie, d'expérimentation en matière de formations et de recherches technologiques.

Soyons-en persuadés, nous représentons un savoir faire, un savoir être technologique majeur certes distribué, dissous, mais intégré au travers de nos disciplines scientifiques de prédilection, qu'il s'agisse de Sciences de base, d'Économie, de Lettres ou de Sciences Humaines. C'est là notre richesse, notre patrimoine .. nous repré-sentons de fait, une partie du patrimoine technologique national. En conséquence, nous devons en témoigner, l'exploiter, savoir l'utiliser et le faire utiliser.

(4)

...ENS - ENSET - ENS - ENSET - ENS - ENSET - ENS - ENSET. ..

Le second atout majeur est

à

l'évidence d'une part, l'existence d'un bulletin rénové avec une tribune libre très accessible d'autre part, la réelle possibilité de conduire des forum Internet.

LA DÉMARCHE, L'ORGANISATION, LE CALENDRIER:

Dans son éditorial, le président nous invite

à

faire un forum sur le site Internet de l'Association, nous devons répondre massivement

à

cette invitation. Dans le cadre de la préparation du congrès et du colloque centrali-sons nos réflexions,. ces dernières devraient très vite constituer une banque de données, une ressource docu-mentaire de premier plan, susceptibles d'alimenter le colloque.

Compte tenu du calendrier et du thème retenu

à

GRENOBLE:

TECHNOLOGIE, FORMATIONS - RECHERCHE au seuil du Troisième Millénaire, comment pourrions nous opérer?

Je proposerai au prochain comité de retenir précisément quelques axes de réflexion, au plus 4

à

5, qui

pour-raient être issus de deux champs de réflexions :

- DÉFINIR le mot, la notion de TECHNOLOGIE: définir la technologie telle que nous la comprenons et la vivons viscéralement en tant qu'anciens ou nouveaux de Cachan au début de ce millénaire.

- RÉFLÉCHIR

à

la SPÉCIFICITÉ. (yen a-t-il une

?)

apportée par la technologie en matière de formation et de recherche. Autrement dit, ce qui dans les termes de formation, d'éducation, d'enseignement, de recherche, ..., prend un relief particulier lorsque, le mot TECHNOLOGIE est associé (exemples: TECHNOLOGIE et FOR-MATION, EDUCATION et TECHNOLOGIE, FORMATIONS TECHNOLOGIQUES et PROFESSIONNALITÉ, FORMATEURS EN TECHNOLOGIE, TECHNOLOGIE et RECHERCHE, LA RECHERCHE TECHNOLO-GIQUE, TECHNOLOGIE et MÉTIERS, LES PROFESSIONS TECHNOLOGIQUES etc.).

Pour chacun de ces axes, il faut ouvrir dès maintenant un forum, permettant de réunir des contributions, sous forme écrite (résumées mais rédigées: e-mail, fax, téléphone) en s'imposant d'être rigoureux dans la forme et dans la concision (par exemple

5

lignes maximum). La compilation de ces contributions étant faite, les membres du groupe "colloque" travailleraient

à

brasser, mixer, interpréter, etc. ces banques d'idées et seraient

à

même d'en présenter un digest substantiel au cours des réunions prévues durant le congrès.

Chaque réunion table-ronde ou commission disposerait d'un animateur et d'un rapporteur. Les conclusions de chacune d'elles, une fois formalisées par le rapporteur, seraient

à

porter au bilan du congrès de novembre, présentées ultérieurement au colloque (les rapporteurs du congrès deviendraient présentateurs au colloque), elles seraient

à

la base des interventions de décembre. L'ensemble de ces présentations et du débat public qui

sy

rattacherait, ne consommant qu'une partie du temps imparti au colloque, il resterait suffisamment de temps pour aborder d'autres champs d'expertises (sensibilités disciplinaires au sein de la technologie, relations technologie - professions - professionnalité - métiers au troisième millénaire, etc.) et entendre des propositions originales, des conclusions générales et / ou politiques, préparées cette fois par les invités intervenants exté-rieurs.

Maurice LlÉVREMONT

A2(Biologie-Biochimie) 61-65.

Er Sapineg - Le Crana - 56440 Languidic Tél. / Fax:02 97 65 22 70

Association des Anciens Elèves et des Elèves

de l'E.N.S.E.T. et de l'E.N.S. de Cachan

Siège de l'association :

ECOLE NORMALE SUPERIEURE DE CACHAN - Bât. Cournot· 61 avenue du Président Wilson 94235 Cachan Cedex e-mail: anciens@ens-cachan.fr Site Internet: www.aae.ens-cachan.fr

(5)

JUIN 2001

Sommaire

LA VIE DE L'ASSOCIATION

LE MOT DU PRÉSIDENT

Dans ce numéro, Dominique GENTILE, ancien élève de

l'ENSET (Physique appliquée 1973), président de l'Université de

Versailles - Saint Quentin (UVSQ), présente les principaux axes

de développement de l'UVSQ. Chacun de nous ne manquera pas

d'y noter que,

à

côté des formations doctorales, objectifs

univer-sitaires traditionnels, recherche et transferts technologiques y

occupent une place de tout premier plan. Par la variété des

for-mations proposées - dont la finalité professionnelle ne masque

jamais l'importance d'une formation fondamentale - l'UVSQ est

particulièrement représentative de l'ouverture dynamique des

universités.

Au cours de la réunion du Comité National l'idée d'un

col-loque sur le thème : Technologie, Formations - Recherche au

seuil du

3~me

millénaire a été retenue. Un groupe de travail est

chargé de la réalisation de ce colloque en décembre 2001.

Cérémonie en l'honneur de Bernard Decomps

Gérard Fortunato, magicien de l'optique...

LES ÉTUDES À L'ÉCOLE

Un nouvel ancrage pour Je Département d'Anglais

Modification des statuts Compte rendu de la réunion du Comité National

Rapport financier

De l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines au Pôle Universitaire Européen

LA VIE DE L'ÉCOLE

Suite du Congrès de Grenoble

DU CÔTÉ DES SCIENCES ET DES SCIENCES HUMAINES

INFORMA TlONS - TEXTES OFFICIELS

Hubert Coudanne

A ce titre, je pense que les réflexions de chacun de nous

devraient s'organiser en forum sur le site Internet de

l'Association. S'exprimer, débattre sur les problèmes d'actualité,

mais aussi sur la Recherche et l'Enseignement technologique,

méritent que notre attention soit retenue par les problèmes

tech-niques que ne manque de poser la maintenance d'un site Internet

convivial et fonctionnel.

TRIBUNE LIBRE

LES ÉLÈVES LES ANCIENS ÉLÈVES

L:U.P.S.7:/.

a

20 ans Enseignement supérieur, lycées et personnels Retrouvailles Distinction Carnet

L:actuafité des élèves

NOS CAMARADES PUBLIENT

"Cher stendhal, Un pari sur la gloire" PaulDesalmand

(6)

DU CÔTÉ DES SCIENCES ET DES SCIENCES HUMAINES

De l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines

au Pôle Universitaire Européen,

à

travers l'Institut Pierre Simon Laplace

L

ors de l'élaboration

de son projet d'établissement en

1998,

l'uni-versité de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) a mis en

avant trois axes de développement stratégiques dans la continuité et le

renforcement des objectifs qui avaient prévalu à la création de cet

éta-blissement en 1991.

Ces axes de développement correspondent:

• au rapprochement de la formation initiale et de la formation

conti-nue, et ceci dans une volonté de professionnalisation.

• au développement de la recherche technologique et appliquée sur la

base du renforcement de la recherche fondamentale.

• à la mise en place de structures de valorisation et de transfert

tech-nologique, facilitateurs de créations d'entreprises.

Je pourrai, (dans cet article), pré-senter les dispositifs de professionna-Lisation (plus de 30 DESS, toutes dis-ciplines confondues, un service com-mun de la formation continue dont le chiffre d'affaires avoisine 10% du budget de l'université, la création d'un IUP autour des arts et de la culture, de nombreuses licences profession-nelles), de même je pourrai décrire le processus qui a conduit à la création d'un deuxième IUT à Mantes en Yvelines (après celui de Vélizy) et, autour de cet IUT, à un véritable pôle d'enseignement et de recherche tech-nologique (avec une école d'ingénieur par alternance en mécatronique et une plate-forme technologique autour de la métrologie de précision), enfin je pourrai décrire les structures de valorisation de la recherche (création d'une société filiale Transversa), d'un incubateur de projet d'entreprises (IDFI : Ile de France Innovation, structure appelée à devenir prochai-nement un GIE) ainsi que les forma-tions, conférences, visioconférences destinées à sensibiliser les étudiants à l'entreprenariat.

Ces thèmes, à eux seuls, montrent combien cette jeune université (qui fêtera avec ses trois sœurs Evry, Marne la Vallée et Cergy Pontoise, à l'automne, son dixième anniversaire) a su maîtriser son développement et acquérir sur tous les plans une

recon-naissance de ses partenaires institu-tionnels.

Avec trois UFR (Sciences à Versailles, Sciences Sociales et Humanités, Droit et Sciences Politiques à Saint-Quentin-en-Yvelines), deux IUT (Vélizy -Rambouillet et Mantes), une école d'ingénieur en informatique, elle tota-lise aujourd'hui plus de 11 000 étu-diants. La création prochaine (rentrée 2001, probablement) d'une UFR de médecine autour du CHU Paris-Ouest fera de l'UVSQ une université complètement pluridisciplinaire, en formation comme en recherche.

Précisément, c'est sur la recherche et sur son développement, que j'ai choisi de m'exprimer dans le bulletin des "anciens" de l'ENSET et de l'ENS de Cachan. Avec trois Ecoles Doctorales de sites (Sciences de l'Information mathématiques -informatiques - économie, Sciences Physiques - matériaux, Culture des Organisations) et deux Ecoles Doctorales régionales (génome - bio informatique, sciences de l'environne-ment), structurées autour de plus d'une vingtaine de laboratoires (la plupart UMR du CNRS), l'UVSQ a voulu à la fois développer une recherche diversifiée (des sciences dures aux sciences sociales), croiser les disciplines mais aussi afficher des

axes de recherche forts et lisibles, notamment avec les sciences de l'Environnement.

De la mise en réseau de

compétences à la création

d'un Institut Fédératif

C'est dans les années 1990 que la nécessité de comprendre le fonctionne-ment de l'environnefonctionne-ment terrestre et planétaire et de prévoir son évolution est apparue comme un des enjeux majeurs pour les scientifiques. La glo-balité des problèmes autour de ces thèmes impliquait de travailler à la croisée etàl'interface de plusieurs dis-ciplines : la chimie, la physique, la bio-logie, les mathématiques, les sciences de la terre, l'astronomie mais aussi la gestion, l'économie et l'éthique. De même qu'en son temps, le savant Pierre Simon Laplace faisait évoluer la cos-mologie et la physique, il fallait faire évoluer l'ensemble de ces disciplines, dans une dynamique d'évolution de nos connaissances à travers des outils et des grands in truments nouveaux. La complexité des effets naturels et de ceux qui résultent de l'activité humaine sur les différents systèmes (océan, atmosphère biosphère...) exige une approche pluridisciplinaire et la mise en commun de moyens scientifiques et techniques de plus en plus importants.

(7)

C'est sur cette base qu'est née, une fédération de laboratoires dont les principaux objectifs, visent à mettre en commun les compétences dans les sciences de l'environnement terrestre et planétaire, à favoriser les synergies et les développements nou-veaux rendant possibles les avancées de la science.

Cette fédération de laboratoires -l'Institut Pierre Simon Laplace (I.P.S.L) regroupe six laboratoires de recherches:

• Le centre d'Etude des Environnements Terrestres et Planétaires (CETP) actuellement sur le campus Technologique de Vélizy (UVSQ) ;

• Le laboratoire de Météorologie Dynamique (LMD) à l'Ecole Polytechnique;

• Le laboratoire de Bio géochimie et Chimie Marine (LBCM) ;

• Le laboratoire d'Océanographie Dynamique et de Climatologie (LODYC) à l'UPMC - Paris VI ;

• Le laboratoire de Sciences du Climat et de l'Environnement (LSCE) au CEA Saclay;

• Le service d'Aéronomie (SA) à Verrières (UVSQ).

Les objectifs de l'IPSL

La recherche fondamentale est la raison d'être de cet institut, avec les progrès des connaissances dans les sciences de l'environnement.

Au delà, l'IPSL se doit de répondre aux demandes de la commu-nauté par la valorisation, l'expertise et la communication. Son action combi-ne, ainsi, plusieurs dimensions:

Comprendre, les phénomènes pour prédire l'évolution de l'envi-ronnement et son impact pour l'homme et la terre (étude du cli-mat, de la pollution de l'air et des océans, de l'effet de serre, de la couche d'ozone).

Observer,par la mesure des prin-cipales variables du système de l'environnement lors d'expé-riences en laboratoire et sur le

terrain (sur des stations au sol ou des plates-formes embarquées).

Echanger,et participer à la com-munication du savoir par le déve-loppement de partenariat (autres institutions scientifiques, grandes entreprises) et la rencontre du public.

Anticiper, en traçant les grandes évolutions de l'environnement. Forum du futur, l'IPSL forme des chercheurs de demain, réalise de nouveaux instruments avec l'in-dustrie et souhaite être une réfé-rence d'expertise pour les pou-voirs publics.

Fédérer, des énergies diverses pour faire progresser les connais-sances. C'est un point de ren-contre entre universités (UPMC, UVSQ), grands établissements d'enseignements et de recherches l'ENS, Ecole Polytechnique, CNRS, CEA, CNES, IRD).

Compte tenu de ces objectifs,ilest naturel que la formation et l'enseigne-ment tiennent une place primordiale à l'IPSL. Cet enseignement concerne tout autant les di ciplines de base nécessaires à la compréhension des phénomènes régissant l'environne-ment que la formation spécialisée dans le domaine des sciences de l'univers ou sur les techniques instrumentales. Une activité de formation importante concerne la formation continue des enseignants du secondaire.

Conçu sur une approche discipli-naire en premier cycle universitaire, l'enseignement conduit progressive-ment à une approche pluridisciplinai-re en maîtrise et troisième cycle.

Le fonctionnement de l'IPSL

UPSL regroupe près de 40% du dispositif national de recherche du CNRS et des universités dans le domaine des sciences de l'océan et de l'atmosphère soit 750 personnes dont 245 chercheurs et enseignants - cher-cheurs, 260 ingénieurs, techniciens et agents administratifs ont environ 250 doctorants, post doctorants et sta-giaires. Son budget consolidé est de 300 millions de francs, qui provien-nent de financement publics, privés et européens. Les ressources contrac-tuelles proviennent principalement de

la commISSIOn européenne et des Agences Spatiales. Elles représentent 90% des ressources propres de l'Institut. Si seulement 5% provient d'un financement industriel, cette part est amenée à augmenter fortement dans les prochaines années.

l:IPSL au cœur de la ville

Saint-Quentin-en-Yvelines,

l:IPSL Observatoire des

Sciences de l'Univers

(OSU article 33),

composante par décret de juillet

2000 de l'Université de Versailles

Saint-Quentin-en-Yvelines

Cirnplantation de l'IPSL n'est pas le fruit du hasard. Cette fédération de laboratoires, reconnue au niveau mondial, aurait pu choisir un autre endroit pour y regrouper ses activités. Mais, la présence de nombreuses entreprises à Saint-Quentin-en-Yvelines, la proximité de Paris, de Palaiseau et d'Orsay, et surtout i'exis-tence d'une jeune et dynamique uni-versité, pluridisciplinaire, proposant aux étudiants des cycles longs de for-mation, présentait l'essentiel des atouts pour séduire l'IPSL.

Parmi ces atouts, l'Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines accueille d'autres centres de recherche tels que le Centre d'Economie et d'Ethique pour un Environnement Durable, le Centre de Recherche en Géomatique (géogra-phie, informatique, cartographie), le centre de recherche pour la Qualité, l'organisation et l'Innovation (QUOI), ainsi que ses laboratoire de physique et de chimie au sein de l'Institut Lavoisier comme ses truc-tures de valori ation et d'incubation.

C'est donc sur le site du Parc de Source de la Bièvre, dans la continui-té de la bibliothèque universitaire, de collèges Vauban et d'Alembert (plu de 6 000 étudiants) que sera prochai-nement construit l'Institut Pierre Simon Laplace.

D'une surface de 23 000 m2

SHON (16 000 m2 utile) pour la

recherche et l'enseignement, l'IPSL bénéficie de 160 MF au titre du CPER en provenance de la région (106,6 MF) et de l'Etat (53,4 MF).

(8)

Ceci correspond à la construction de la première tranche qui regroupera outre le siège de l'Institut, le CETP, la SA, le LSCE et les pôles spatial et ins-trumental. La seconde tranche suivra mais actuellement seuls des crédits d'étude pour un montant de 10 MF en provenance de la région ont été débloqués.

A terme, deux implantations uni-versitaires seront renforcées:

• Un pôle, avec de nouveaux locaux

àl'horizon 2002/2003àl'UPMC, autour de la modélisation (4 000

m2 ) ;

• Le pôle fédératif à Saint-Quentin-en-Yvelines au sein de l'UVSQ.

Ce projet a mis une dizaine d'an-nées à voir le jour et surtout à recevoir

les financements nécessaires à sa réa-lisation.

Compte tenu de l'ambition du projet et de son intérêt pour la com-munauté scientifique et pour le pays tout entier, il eût été anormal, proba-blement, que la durée soit plus courte.

Il en va ainsi des grands projets fédératifs.

Je conclurai, en pensant à un autre projet, lui aussi fédérateur. Il s'agit du Pôle Universitaire Européen "Paris Pôle Sud" que nous avons ensemble décidé de constituer. Autour des Universités d'Evry Val d'Essonne, Paris Sud et Versailles Saint-Quentin, de l'Ecole Normale supérieure de Cachan, de Supélec, de l'IOTA et de l'Institut Universitaire de Formation des Maîtres, nous avons souhaité créer une structure fédéra

ti-LA VIE DE L'ÉCOLE

ve, mutualisant certaines de nos com-pétences et de nos moyens pour, dans des domaines comme l'accueil d'étu-diants, la documentation, les relations internationales, l'enseignement à dis-tance, atteindre une taille et une reconnaissance européenne.

Il nous faudra du temps et de l'énergie, mais le retour en arrière ne pourra pas se faire.

Versailles, le 17 avril 2001

Dominique

GENTILE

(ENSET A'1 -Physique appliquée 1973)

Président de ['Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines Président du Pôle Universitaire "Paris Pôle Sud"

Cérémonie en l'honneur de Bernard Decamps

U

ne cérémonie en l'honneur de Bernard Decomps, professeur

à

l'E.NS de Cachan, a été organisée

à

l'Ecole le

7 mars 2001 dans l'amphithéâtre Marie Curie.

Il revenait à Mme Claire Dupas, directrice de l'Ecole, d'accueillir les participants à cette manifestation et de rappeler les principales étapes de la carrière de Bernard Decomps à qui elle succède à la direction de l'Ecole depuis septembre 2000. Le jeune nor-malien puis "caïman" à l'E.N.S. (Paris) s'affirma très tôt comme un brillant universitaire et chercheur par ses travaux sur le laser puis par ses fonctions de haute responsabilité comme Directeur général de l'ensei-gnement supérieur, Président du Haut Comité Education Economie et à ce titre concepteur et réalisateur de la filière N.F.!. (Nouvelles Formations d'Ingénieurs dispensées par alternan-ce) qui porte son nom, Directeur général de la Recherche et, dans cette fonction, créateur du dispositif des Allocataires Moniteurs Normaliens (A.M.N.) pour assurer une meilleure répartition des normaliens préparant un doctorat sur le territoire national

et, de 1994 à septembre 2000, direc-teur de l'E.N.S de Cachan. Il s'agit là de quelques repères dans une carrière diversifiée aux contributions multiples pour l'ensemble de la communauté scientifique.

Mme Dupas plaça la manifesta-tion sous la présidence de Hubert Curien, Président de l'Académie des Sciences.

Parmi les nombreux assistants et, sans prétendre à une liste exhaustive, on retrouvait dans les personnalités les anciens directeurs et directeurs adjoints de l'Ecole : y. Malier, M. Lièvremont, J. Mazars; des directeurs d'administration centrale M. Cyterman, Mme Mallet ; de nom-breux inspecteurs généraux : Mme Ruget, MM. Boichot, Cénat, Jourdan, Serré ; des directeurs de grandes Ecoles : MM. Guyon, Ruget, Duby, Lévy; des directeurs de départements

et de labos de l'Ecole et, pour notre Association H. Coudanne Président.

Quatre conférences, très remar-quables, traitèrent successivement des sujets suivants:

• Gilles Kahn, Directeur scienti-fique - INRIA

"Perspectives de recherche dans les sciences et technologies de l'informa-tion et de la communical'informa-tion"

• Claude Cohen-Tannoudji, Prix Nobel de Physique, Membre de l'Institut, Professeur au Collège de France

':4tomes ultra-froids et ondes de matière"

• Claude Thélot, conseiller maîtreàla Cour des Comptes

"La réduction des inégalités devant l'Ecole: ampleur et politique"

(9)

• Bernard Decomps, Professeur à l'E.N.S de Cachan

"Cachan: une institution citoyenne au carrefour de la science, de la techno-logie et de la formation professionnel-le".

Après ces "nourritures

SPlII-tuelles", Hubert Curien remet à Bernard Decomps les insignes d'Officier de l'Ordre National du Mérite lors d'une cérémonie chaleureu-se où chaleureu-se retrouvent les amis et proches.

Ci-dessous, l'intervention de Bernard Decomps vous est restituée pour l'essentiel.

Cachan, une organisation citoyenne au carrefour

de la science, de la technologie et de la formation professionnelle

par Bernard Decomps

Une "organisation citoyenne"

C'est à François PERDRIZET, aujourd'hui directeur de la recherche au ministère de l'équipement et des transports, que je dois la découverte d'une association "alliance des organi-sations citoyennes". Dans ses précé-dentes fonctions, quand ilétait direc-teur de l'école nationale des travaux publics de l'état (ENTPE), François PERDRIZET avait puisé dans l'adhé-sion à l'alliance le moteur d'une poli-tique d'établissement très originale.

Le manifeste de cette association est apparu stimulant et tellement en phase avec les éléments de la poli-tique de l'Ecole normale supérieure de Cachan qu'on peut se demander pourquoi nous n'en sommes pas un des membres fondateurs:

• Se fortifier en assumant sa voca-tion et en affirmant ses valeurs et ses ambitions;

• Participer au co-développement de son environnement;

• Jouer un rôle moteur de la socié-té, afin que la communauté tire les bénéfices des "professionnels du changement" qui composent l'organisation.

Ces priorités se concrétisent à leur tour dans une série d'actions:

• Fortifier sa propre organisation • Développer le tissu économique • Favoriser le maintien et la

créa-tion d'emplois

• Lutter contre l'exclusion sociale • Protéger son environnement

phy-sique

• Participer à l'éducation

• Participer au développement de la cité

Au moment où j'ai fait cette

découverte, en janvier 2000, à quelques mois à peine de la fin de mon mandat dont la date exacte est restée un secret d'autant mieux gardé que personne n'en maîtrisait l'échéan-ce, il était trop tard pour engager l'école dans une démarche d'adhésion dont l'intérêt est anecdotique. En revanche, j'ai eu la conviction que notre Ecole normale supérieure de Cachan participait déjà d'une démarche citoyenne telle que la défi-nit cette association: c'est de cela que j'aimerais vous convaincre.

Pour cette démonstration, le plus simple est de décliner les points saillants de la politique de l'établisse-ment autour des trois étapes qui conduisent à la définir:

• Cétape de la vision: quels sont les objectifs d'une organisation citoyenne qui méritent d'être tenus pour essentiels à Cachan? • Cétape de la stratégie: sur quelle

expérience et quelles forces citoyennes pouvons-nous compter pour atteindre ces objectifs? • Cétape de la programmation :

pour éviter d'empiéter sur les pré-rogatives de la nouvelle direction, bornons-nous à évoquer les aléas qui pèsent sur la programmation.

1.

LA VISION

Cécole normale supeneure de Cachan retient quatre objectifs fonda-mentaux. Le premier exprime la fonc-tion d'irrigafonc-tion nafonc-tionale de l'ensei-gnement et de la recherche. Cet objectif n'est pas spécifique à Cachan et traduit naturellement son apparte-nance à l'ensemble des ENS. En revanche, les trois autres marquent des différences. Il s'agit de contribuer au développement de J'économie et

du plein emploi, à la libre circulation des actifs et à la cohérence du déve-loppement culturel et du développe-ment économique de chaque territoi-re.

Ces objectifs affichent un choix de priorités: l'école aurait pu également marquer un intérêt particulier pour la démocratie, la sécurité, le développe-ment durable ou l'environnedéveloppe-ment. Afficher une couleur implique de renoncer à tout couvrir.

1.1. L'IRRIGATION NATIONALE DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉ-RIEUR ET DE LA RECHERCHE

S'il demeure une finalité commu-ne aux écoles normales supérieures, c'est bien dans l'irrigation de l'ensei-gnement et de la recherche au plan national qu'il faut la définir. Pour les fonctions dont l'accès nécessite le titre de docteur et qui relèvent plus direc-tement de l'enseignement supérieur et de la recherche, Cachan est partie un peu plus tard que ces consœurs. Elle a su rattraper le peloton, sans laisser tomber pour autant ses respon-sabilités traditionnelles dans les Lycées.

1.1.1. La fonction de pompe aspirante et foulante

C'est la fonction première des ENS ; c'est incontestablement l'une des fonctions dans laquelle Cachan a vécu et connaît encore des évolutions spectaculaires : l'attractivité accrue pour les candidats à l'entrée, la redis-tribution nationale des agrégés, les progrès continus dans l'obtention des AMN ou allocations couplées en sont les marques les plus visibles. En parti-culier, comment ne pas voir que le mécanisme des AMN, trop souvent

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considéré comme un privilège, est, en réalité, la seule façon de gérer effica-cement une redistribution des talents sur l'ensemble du territoire national.

1.1.2. Partir de laboratoires, com-pléments de la formation, pour arriver à des formations organi-sées autour des laboratoires

Unsertion précoce des norma-liens dans les équipes de recherche, grandement favorisée par le dévelop-pement des laboratoires sur les cam-pus ou à proximité des camcam-pus, et la formation généralisée dans les magis-tères constituent des atouts majeurs de leur formation. Il reste encore quelques disciplines où cette intégra-tion reste encore à réaliser, ce qui a récemment conduit l'école à initier une politique de déconcentration des activités de formation dans les champs disciplinaires où l'lle-de-France et la Bretagne ne disposent pas encore d'une concentration d'excellence tota-lement satisfaisante.

Cette nouvelle logique de forma-tion s'inscrit, à l'évidence, dans le droit fil des écoles doctorales.

1.2. U E CO TRIBUTIO AU DÉVELOPPEMENT ÉCONO-MIQUE ET AU PLEIN EMPLOI

Objectif citoyen par excellence, la contribution de l'école au développe-ment économique et au plein emploi est, à la fois, un héritage de l'histoire et une préoccupation à traduire au présent. Quel est son impact dans les filières à finalité professionnelle ?

Quelle est sa contribution à l'égalité des chances ? Examinons succincte-ment ces divers aspects.

1.2.1. Un héritage de l'histoire

Fonction déjà beaucoup plus spé-cifique de l'ENS de Cachan, le déve-loppement économique et le plein emploi sont traditionnellement au cœur de la vocation particulière de l'enseignement technique. Rappelons que la création de l'ordre correspon-dant remonte à la monarchie de Juillet qui le destinait aux enfants de la classe ouvrière. Bien que sa créa-tion soit très postérieure, (les seccréa-tions de l'enseignement technique ont démarré autour de 1890-1892), l'éco-le, sous des dénominations successives qui conduisent à l'ENSET, a vécu l'es-sentiel des grandes étapes de cet

ordre. Elle a été profondément mar-quée par la Loi ASTIER et le code de l'enseignement techniqueà l'issue de la Guerre de 1914-1918 et par celle du plan LANGEVIN VALLON après la seconde Guerre mondiale.

I.;installation de toutes les compo-santes dédiées à la formation de ses cadres sur le campus de Cachan, à partir de 1954, aura été une des consé-quences, puis un moteur des réformes qui s'ensuivirent.À partir des années 1968-70, les dangers d'un enferme-ment du "technique" dans un ensei-gnement de classe (sociale) ont certai-nement pesé sur les décisions des gou-vernements successifs qui ont progres-sivement abattu les frontières bornant jusqu'alors le champ de l'enseigne-ment technique. I.;ouverture de concours d'agrégation dans des champs technologiques et la fusion des corps de l'Inspection générale ponctuent des étapes importantes de cette évolution. Dans le même temps, la perte (au moins partielle) de la spé-cificité technique pose un problème de légitimité à l'école et au campus du CNET. La nouvelle donne s'est tradui-te par la suppression des sections litté-raires et une menace de nature com-parable, écartée in extremis, sur les sections scientifiques. Les soubresauts engendrés par cette véritable révolu-tion au sein de l'école seront perma-nents jusqu'à la promulgation d'une nouvelle dénomination (l'institution prend alors la dénomination d'école normale supérieure de Cachan) et du statut de 1987 qui consacre définitive-ment son ancrage dans l'enseigne-ment supérieur.

1.2.2. Une forte participation des anciens élèves dans les filières à finalité professionnelle

Dans le même temps, les norma-liens de Cachan se retrouvent en force dans les sections de techniciens supérieurs, dans les instituts universi-taires de technologie, dans les écoles d'ingénieurs et, de façon plus généra-le, dans les filières à finalité profes-sionnelle explicite. Aux dires de cer-tains, cette vocation professionnelle se diluerait aujourd'hui: sans dénier toute consistance à la critique impli-cite qu'elle traduit, il faut convenir que le milieu universitaire dans son ensemble a pris le virage de la pro-fessionnalisation. On peut raisonna-blement penser que l'esprit de Cachan n'y est pas étranger, il a

conquis de nouveaux territoires, au ri que de se perdre dans la masse. On ne diffu e jamais impunément " les professionnels du changement ".

1.2.3. L'école et les étudiants de première génération

Autre angle d'attaque de quelques no talgiques du pa sé, celui de l'abandon de la classe ouvrière, ou encore, traduit dans le langage de 2001, celui de l'accueil et de la pro-motion des étudiants de " première génération ". Ici encore, il convient d'établir la balance entre deux constats contradictoires : la fraction des élèves i sus des BTS ou DUT, beaucoup plus riche en étudiants de première génération que les classes préparatoires classiques, n'a cessé de décroître au point que j'ai été conduit à upprimer, bien avant Science PO les épreuves écrites des concours organisés à leur intention. La remontée est lente, mais continue ; elle est significative de la difficulté à concilier l'idéal de l'élitisme républi-cain et sa pratique qui privilégie la formule de concours avec des épreuves anonymes. En revanche, signe d'espérance et de capacité de changement, quand J.F. MÉLA a cherché à implanter des filières d'ex-cellence dan la Seine-Saint-Denis, Cachan a fourni le plus gros contin-gent de jeunes agrégés volontaires pour accompagner les opérations phares qui leur étaient proposées. Sur un registre assez voisin, la contri-bution des élèves à "la main à la pâte" est au i importante.

1.3. LA CIRC LATIO DES ACTIFS

À L'I TÉRIEUR DE L'EUROPE COMMU A TAIRE

Il s'agit d'un objectif très poli-tique: la circulation des actifs est fon-datrice de "l'Europe des citoyens", formule qu'on oppose souvent à "l'Europe de capitaux". Dans un débat de cette importance, la marge de manœuvre de Cachan peut appa-raître secondaire, mineure. Bien au contraire, je la crois essentielle si elle contribue à mieux définir l'origine des problèmes lié à la circulation des salariés, à la transgression des fron-tières, et si elle aide les enseignants et les chercheur des différentes compo-santes de l'Union à mieux se connaître afin de dépa er leurs différences. Circulation de élèves, circulation des futurs élèves de no élèves, ce sont les

(11)

deux angles d'attaque que nous avons retenus.

1.3.1. Des parcours trans-natio-naux pour les élèves de Cachan

Pourquoi cacher que j'ai ressenti quelque dépit quand j'ai vu que l'idée avancée pour Cachan, celle d'un concours de recrutement en plusieurs langues, ouvert pour tenter de recru-ter comme normaliens des étudiants engagés dans des cursus étrangers, était devenue réalité à la rue d'Ulm alors que le dossier comparable, pré-senté un an avant par Cachan, n'avait toujours pas été examiné. Et puis, en assistant à la tempête déclenchée par le fameux concours, je me suis deman-dé si la providence ou, plus directe-ment, les changements d'humeur d'un Ministre, n'avait pas quelquefois des retombées positives. Je reste persuadé que pour faire réellement passer l'idée d'un concours européen, une expérimentation à Cachan aurait été beaucoup plus habile, plus légitime dans la mesure où les différences de culture sont plus profondes dans le champ professionnel que dans celui de la culture et moins exposé aux regards des trotskistes et autres gar-diens du temple.

Il nous a fallu renoncer aux échanges que nous promettaient les concours européens, au moins pour un temps. Néanmoins, pour les élèves recrutés dans des conditions "nor-males", rien de ne s'opposait, en prin-cipe, à la mise en place de cursus transnationaux. La mise en œuvre est toujours complexe car elle implique généralement l'accord de l'université partenaire dans la formation du second cycle ; le mouvement est désormais lancé dans plusieurs dépar-tements, notamment grâce à la semes-trialisation des enseignements, avec l'amicale complicité des universités au premier rang desquelles il faut placer Paris Xl.

Par ailleurs, les stages de décou-verte à l'étranger, de quelques mois, se sont développés beaucoup plus rapidement. Grâce à l'aide du Conseil général d'Ille-et-Vilaine, l'école a mis en place des procédures qui permet-tent de capitaliser l'expérience acqui-se dans le système de formation des pays visités.

1.3.2. Des titres et diplômes trans-nationaux: mythe ou réalité

Le caractère transnational des titres et diplômes est perméable à deux interprétations à ne pas confondre:

• Celle de définir les équivalences pour poursuivre une formation à l'étranger: à cet égard, l'école n'a pu que se réjouir de l'initiative française et du manifeste de Bologne qui propose d'adjoindre, à l'harmonisation au niveau de la licence et du doctorat, une har-monisation à un niveau intermé-diaire, le "mastaire". Persuadé de la nécessité d'offrir à chaque nor-malien un parcours dans l'école qui lui permette d'accrocher au moins ce niveau intermédiaire à son palmarès, nous avons mis en place, pour les élèves qui se détournent des DEA, souvent pour coller au plus près aux réali-tés du monde de l'entreprise, une autre voie. Elle ouvre la possibili-té d'obtenir le titre d'ingénieur (ou de cadre de gestion) d'une grande école au terme d'une année complète de formation totalement consacrée à cet objec-tif. À ce jour, avec l'accord de la CTI, une douzaine d'écoles d'in-génieurs ont manifesté leur inten-tion de les accueillir dans le cadre d'une convention qui formalise le projet.

• Celle de garantir à l'étranger une convention sociale équivalente à celle dont le titre dispose dans le pays qui a délivré ce dernier: on pressent aisément que ce trans-fert est la clef de la libre circula-tion des actifs, autrement dit, un objectif majeur de l'Europe com-munautaire.

On est encore bien loin des objec-tifs. La convergence vers le 3/5/8 est encore assez loin de son point d'abou-tissement ; en revanche, la question est bien délimitée et conduit à augurer favorablement de la poursuite du mouvement. En revanche, il serait imprudent de parler de transfert des conventions sociales, pour la simple et bonne raison que, dans le domaine professionnel, les différentes significa-tions des titres ou des diplômes s'ex-cluent mutuellement.

• Les systèmes basés sur la garantie de compétences. D'un pre-mier côté, on trouve des pays (le Royaume-Uni et divers pays de

Commonwealth, plus récemment l'Espagne) dont les titres et les diplômes sont des garanties de compé-tences professionnelles, sans référence à la façon dont ces compétences sont acquises. Déjà, dans nos pratiques nationales, le TOEFL ou encore le Permis de conduire informatique européen procèdent de cette logique. On en trouve également la trace dans la certification nécessaire pour exercer des fonctions où la responsabilité indi-viduelle des acteurs est engagée à chaque instant comme les pilotes de ligne ou les officiers de la marine mar-chande. D'inspiration libérale, les sys-tèmes basés sur la garantie de compé-tences séduisent les organisations d'employeurs qui la créditent d'une assurance supplémentaire sur la signi-fication pratique du titre ou le diplô-me. Par ailleurs, ces systèmes rejoi-gnent les intérêts bien compris de ceux qui aspirent à l'obtention du titre pen-dant la "vie active ", soit en formation continue, soit par validation des acquis de l'expérience. C'est l'explication probable de la position constante de Bruxelles ou de l'OCDE, institutions promptes à considérer avec faveur leur adoption et leur diffusion.À l'inverse, ces systèmes présentent des défauts importants, en fragilisant notamment l'objectivité des experts chargés de reconnaître les qualifications sans dis-poser de programmes de référence pour caler leurs impressions; de plus, la formule prend très mal en compte les savoirs ou acquis de connaissances dont on sait l'importance dans la capa-cité d'évolution des individus dans l'emploi. Pour tenter de remédier à ces inconvénients, on assiste à un mouve-ment en faveur de la mise en place de groupes d'experts calibrés et à l'intro-duction progressive de tests relatifs aux connaissances. Le nouveau systè-me qui résulte de ces correctifs est loin d'être stabilisé; son manque de mania-bilité, en partie imputable à sa jeunes-se, sera-t-il corrigé un jour? C'est un débat auquel une institution comme Cachan devrait participer.

• Les systèmes basés sur le pro-cessus de formation, à l'inverse des précédents, font référence à des grammes et à la façon dont ces pro-grammes sont acquis. Participent à cette philosophie alternative deux sous-systèmes qui se réfèrent à des acteurs différents de la convention sociale. On trouve, en effet, les sys-tèmesquin'engagent que la responsa-bilité de l'état et ceux qui engagent, au

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premier rang, celle des partenaires sociaux.

• Les systèmes qui engagent la res-ponsabilité de l'état. On reconnaît la France parmi les pays fonda-teurs du système, mais aussi les pays du BENÉLux, les pays scan-dinaves et, dans une certaine mesure, l'Italie. Cinstitution qui délivre le diplôme consulte les professionnels pour l'établisse-ment des programmes, soustraite une partie de la formation (les stages), mais reste maîtresse de leur collation. Les avantages et les inconvénients de cette formule se situent en position miroir de la formule basée sur les compé-tences (sécurité des évaluations, intégration des connaissances du côté des avantages, flou en revanche sur les compétences pro-fessionnelles et difficultés d'ob-tention des mêmes diplômes par la formation continue ou la valida-tion de l'expérience). La conven-tion sociale sur la valeur du diplô-me est toujours à renégocier dans la mesure où les partenaires sociaux ne sont pas engagés.

• Les systèmes qui engagent celle des partenaires sociaux. On recon-naît ici l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark et la Suisse où la for-mation professionnelle est entiè-rement déterminée dans ses objectifs par les partenaires sociaux qui en assument la plus grande part et qui sous-traitent à une institution académique la for-mation de base indispensable. Cétat joue le rôle de notaire d'un accord contracté entre les parte-naires sociaux. C'est la réputation du groupe professionnel qui fait la valeur du diplôme et qui n'en contestera pas la valeur en son sein. En revanche, elle enferme les salariés dans la branche corres-pondante, au risque de perdre l'essentiel de sa qualification.

D'où l'importance de disposer d'institutions à l'affût de ces diver-gences et qui s'emploient, par des échanges suffisamment denses, à ten-ter de jeten-ter des ponts avant qu'ils ne deviennent infranchissables.

1.4. LA COHÉRENCE DU DÉVE-LOPPEMENT CULTUREL ET ÉCO-NOMIQUE DE CHAQUE TERRI· TOIRE

A mon arrivée à Cachan, j'avais l'ambition de donner du sens à l'héri-tage de l'école de Jules FERRY, celle des instituteurs secrétaires de Mairie. Mon grand-père et deux arrières grands-pères, ainsi que le grand-père de ma femme, avaient exercé ces deux activités, me laissant en quelque sorte en dépôt une donation à fructifier. La dualité de fonction (fonction ensei-gnante et fonction d'expert ou fonc-tion de" médiateur" entre un pouvoir extérieur et la communauté locale) m'est toujours apparue un véritable garant de la cohésion sociale. Si l'opé-ration de déconcentl'opé-ration de la recherche à laquelle le Directeur général d'Hubert CURIEN avait prêté son concours constituait déjà une forme de réponse, une fois à Cachan, je me devais d'entraîner les normaliens dans la voie. Le virage n'était pas facile à prendre: les nor-maliens sont éduqués dans une vision nationale que l'engagement décennal et la pratique des concours nationaux (concours de recrutement à l'entrée, concours de l'agrégation à la sortie) rappellent à l'envi. En introduisant des activités de recherche sur le site, Yves MALIER avait ouvert l'école à une dimension internationale. Le local, dans ce contexte, semblait ramer à contre-courant. Il ne restait qu'à montrer l'exemple en évitant d'attirer l'attention. Les bénéfices escomptés justifieraient la démarche après coup.

1.4.1. La dimension locale de l'institution

Et pourtant, plusieurs initiatives de la Direction de l'école ne se com-prennent pas complètement sans cette dimension "locale". La filiale de valo-risation, définie comme "intermédia-tion technologique", puis comme "incubateur", est bien un instrument au service du développement écono-mique local. Les alliances avec les ins-titutions de formation et de recherche, qui sur le site de Rennes, qui sur la ligne de Sceaux, sont aussi des choix de partenaires davantage dictés par une proximité de dévelop-pement que par une simple commodi-té géographique.

1.4.2. La vallée scientifique et technologique de la Bièvre

Cet intérêt pour le développe-ment local s'est traduit par un engage-ment particulier auprès de plusieurs

communautés locales, dans la Vallée de la Bièvre et à Rennes, mais aussi à Marne La Vallée ou dans le Limousin. Bien que chacune des initiatives méri-terait une description plu fouillée, je vais me borner ici à retracer à grands traits la contribution de l'école à la révélation de la Vallée de la Bièvre.

J'avai été fort bien accueilli par les dignitaires du département du Val-de-Marne (le Recteur, le Préfet, le Président du Conseil général, le Président de l'Université de Paris XII - Créteil) et invité au comité de déve-loppement départemental animé par Dominique GIRY. Ce comité m'a aidé, y compris au plan financier, dans le lancement de la filiale Science Pratique et facilité des relations confiantes avec plusieurs institutions d'enseignement supérieur ou de recherche du Val-de-Marne, notam-ment l'École vétérinaire, l'Institut Gustave Roussy, l'Ecole spéciale des travaux publics, la faculté de médeci-ne du Kremlin-Bicêtre ou l'INRETS que je connai ais mal avant mon arri-vée sur le site.

Dans le même temps, Cachan entretenait des liens plus étroits avec certain établi ements du départe-ment des Hauts-de-Seine (l'École Centrale, l'ETCA, l'ONERA, le CEA, le CNET, le CEMAGREF) et du département de l'Essonne (le campus d'Orsay de Paris XI, l'école Polytechnique, SUPELEC, SUPOP-TIQUE, ... ). J'ai donc suscité un "club" pour faciliter les échanges entre les institutions d'enseignement supérieur et de recherche proches de la nationale 20. Ainsi fut créé, avec la bénédiction du Préfet de Région, le "Réseau Nationale 20" ou "RN 20" qui a organisé de séminaires, partagé des DEA et sollicité des aides auprès du conseil de Région avec pas mal de succès. Dominique GIRY a eu l'intel-ligence de sentir que, loin de déstabi-liser le comité de développement du Val-de-Marne l'extension géogra-phique ainsi suggérée offrait de nou-velles opportunités. Avec le soutien actif du Préfet de Région et des deux sous préfets (CHay-les-Roses et Antony), nous avons mis en place un comité de développement de la vallée scientifique et technologique de la Bièvre (association Loi de 1901). Ce comité associe 19 communes (700 000 habitants), deux Conseils généraux (Val-de-Marne, Hauts-de-Seine) et, bien entendu, les établissements

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d'en-seignement supérieur et de recherche situés dans le périmètre. Le comité est présidé par Dominique GIRY et j'oc-cupe la fonction de secrétaire général. En parallèle, sept communes du Val-de-Marne ont décidé de constituer une Communauté d'Agglomérations. Il ne saurait être question de revendi-quer la paternité de cette initiative ; en revanche, il est probable que le CODEV de la Vallée de la Bièvre a préparé les esprits. Le comité a joué un rôle décisif dans l'élaboration et le soutien financier d'un réseau informa-tique à haut débit dont Cachan s'est naturellement trouvé le pilier. François KOURILSKI, membre du Conseil du CODEV, joue un rôle par-ticulièrement actif dans le recense-ment des forces locales en matière de recherche et de valorisation de la recherche.

Il.

LA STRATÉGIE

La stratégie se résume au rôle de carrefour. Rencontre de la science et des applications de la science, ren-contre des technologies et de la tech-nologie, rencontre de la formation technologique et de la formation pro-fessionnelle, Cachan est le lieu de jeux à deux ou à trois partenaires qui per-mettent d'atteindre les objectifs ou, à tout le moins, de s'en approcher. C'est en examinant ces jeux d'acteurs qu'on mesure la force d'une institution et sa capacité de diffusion des "profession-nels du changement".

lU. LA SCIENCE OU LES APPLI-CATIONS DE LA SCIENCE : LA SCIENCE PRATIQUE

n.l.l. Cachan, au carrefour de la science et des applications de la science

Carrefour de la science et de la technologie, c'est la face de l'école qui m'a séduit, celle que mes prédéces-seurs à la Direction ont encouragée, développée et patiemment construite au cours des deux ou trois dernières décennies. Ce fut une sorte de retour aux origines si on songe que cette construction voyait le jour à un kilo-mètre à peine de l'emplacement de l'académie d'ARCUEIL où les ency-clopédistes inventaient le mot "tech-nologie" deux siècles plus tôt, bien avant la séparation administrative des communes de Cachan et d'Arcueil.

Je fus conquis par la richesse (à tous les sens du terme) de la méca-nique et du génie civil et par l'imagi-nation foisonnante du génie élec-trique. Plus déçu, en revanche, du caractère beaucoup plus confidentiel des avancées vers les technologies de l'information et de la communication, vers les biotechnologies et vers ces nouvelles formes des sciences de l'in-génieur qu'on nomme qualité totale, génie industriel, génie des procédés, ingénierie concourante. En revanche, je ne fus pas moins impressionné par l'importance des retombées concrètes de la recherche, celle des applications de la science, qui caractérisait les laboratoires dont le rattachement dis-ciplinaire (les mathématiques, la chi-mie, l'éconochi-mie, ... ) n'en fait pas, en règle générale, les supports les plus dynamiques de la technologie. À l'évi-dence, on pouvait trouver là de nom-breuses cartes à jouer pour essayer de combler les trous du dispositif.

n.I.2. De la praxis à la science pratique

Là où certains n'auraient vu qu'une course à des contrats alimen-taires ou l'indice d'un support finan-cier de l'État trop chichement consen-ti (seconde interprétaconsen-tion qui reflétait l'exacte vérité) j'ai décelé un trait d'originalité, une convergence qui devait prendre rapidement forme de trait d'union avec le concept de la "science pratique". En réalité, la pre-mière appellation de "praxis" fut rapi-dement abandonnée, trop pédante à mes yeux et suspecte d'une connota-tion partisane qui n'aurait pas servi les intérêts de l'école. Il lui fallait un outil opérationnel que l'institut fédératif des sciences pour l'ingénieur allait apporter.

Le pari de cette politique se résu-me autour de son aptitude à produire une recherche aussi percutante aux yeux de la communauté scientifique (d'où la référence à la science) en arti-culant deux sources d'inspiration : celle de la communauté scientifique d'appartenance et, trait spécifique jus-tifiant le qualificatif "pratique", celle d'une demande formulée par la com-munauté économique, sociale ou cul-turelle qui sait en définir les objectifs et le prix à payer pour les atteindre.

Pour le chercheur qui plonge dans la science pratique, il ne s'agit donc pas de renoncer à la "grande" science.

Mais il s'agit de trouver inspiration et, le cas échéant, moyens nouveaux, pour faire avancer la connaissance tout en répondant à une question posée par une autre communauté d'intérêt. La science pratique implique sens de l'écoute, innovations dans le domaine des partenariats avec les entreprises ou les collectifs écono-miques et sociaux (clubs d'affiliés), reconnaissance des limites de son domaine pour répondre seul à la question posée, tenue d'un échéan-cier, bref, elle amène naturellement à vivre deux vertus cardinales des appli-cations de la science, celle de la pluri-disciplinarité et ceBe de la gestion de projet.

Si le cap est fixé, il convient de rester modeste sur le degré de conver-sion des équipes de recherche à la science pratique. Il faudra encore donner du temps au temps, confronter les expériences, mesurer plus claire-ment les retombées ou les freins aux carrières individuelles qu'impliquent des formes d'action encore bien dérangeantes pour la majorité des évaluateurs La conjonction des efforts avec ceux qui sont entrepris par ailleurs dans les organismes de recherche appliquée, nombreux dans la Vallée scientifique et technologique de la Bièvre, est un motif d'espoir et, sans doute, un gage de succès.

n.2. DES TECHNOLOGIES À LA TECHNOLOGIE

n.2.1. Épouser les besoins prévi-sibles des différents secteurs

Dans le champ des technologies industrielles, la position de l'ENS de CACHAN était traditionnellement forte ou très forte dans les technolo-gies des matériaux et des structures et dans les secteurs concernant la pro-duction, l'énergie et l'environnement. En revanche, son investissement dans les technologies de l'information et de la communication ou dans les techno-logies du vivant est plus récent. Les premières réalisations correspon-dantes se sont appuyées sur la conju-gaison de plusieurs démarches:

• Un investissement assez remar-quable d'équipes de recherche qui relèvent formellement des sciences de base : les mathéma-tiques et la physique notamment pour les technologies de l'infor-mation et de la communication, la

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chimie pour les technologies du vivant;

• Un lien d'association étroit avec un organisme partenaire forte-ment présent sur le secteur: dans les technologies du vivant, une alliance avec l'Institut Gustave ROUSSY parvient à engendrer une opération de grande envergure les nouvelles thérapeutiques -où CACHAN acquiert une posi-tion enviable;

• Mais il ne faudrait pas sous esti-mer pour autant l'impact de la politique de partenariat avec des "clients" ou partenaires indus-triels, donneurs d'ordre qui ont conduit aux alliances pluridiscipli-naires internes ou externes à l'école.

De manière similaire, la présence et la notoriété de l'école sont égaIe-ment établies de longue date dans dif-férents secteurs d'activités tertiaires comme l'économie financière ou les assurances ou encore la gestion des organisations. Dans ce domaine comme précédemment dans celui des technologies industrielles, certaines disciplines de base - sociologie ou his-toire notamment - auront joué un rôle important, justifiant par là - même le rassemblement d'un ensemble struc-turé de sciences sociales sur le site de CACHAN. En revanche, l'école est encore relativement peu présente dans des secteurs comme la gestion des territoires ou la communication.

Comme on le constate de divers côtés, le bilan de douze années d'ac-cueil d'équipes de recherche est très positif. Certes, l'ensemble du spectre des technologies est encore assez loin d'être comblé, mais une conjugaison des dynamiques des laboratoires qui se reconnaissent comme des sciences de l'action - sciences pour l'ingénieur, sciences économiques - et des dyna-miques de laboratoires qui relèvent de disciplines fondamentales aura permis de tisser des liens avec la plupart des secteurs d'activité et d'y assurer une présence non négligeable. ~impor­

tance accordée au transfert de l'inno-vation et l'incitation forte au partena-riat interdisciplinaire interne et exter-ne démultiplient l'efficacité des contacts avec les milieux profession-nels.

La méthode suffira-t-elle, en

revanche, pour que les aspirations et les voies de sortie des élèves épousent, aussi étroitement qu'on aimerait l'imaginer, le développement prévu des différents secteurs ? La réponse est nécessairement nuancée. À titre d'exemple, dans les sciences et tech-niques industrielles, il faudrait former davantage de spécialistes capables d'innover dans les technologies de l'information et de la communication. Dans le tertiaire, la gestion des terri-toires et la communication mérite-raient également des développements significatifs que les ENS n'ont pas encore réellement entrepris. C'est une place à prendre pour Cachan.

On n'apportera pas de réponse valable à ces deux défis sans intégrer au corps professoral de l'école des compétences qui lui font encore défaut. Et les compétences en ques-tion ne se laisseront attirer que dans le cadre de création de nouvelles équipes de recherche. En conséquen-ce, il conviendrait, dès à présent, de prévoir une place pour des développe-ments exogènes à appuyer sur des réseaux existants. Par ailleurs, il faut savoir aller chercher ailleurs, en dehors des sites de Cachan ou de Rennes, les formes d'excellence indis-pensables : après le génie des procé-dés à Toulouse, il est probable que des opérations de déconcentration vien-dront compléter la panoplie des moyens de l'école de remplir sa mis-sion, sans renoncer pour autant à tirer le bénéfice des échanges de compé-tences, plus spontanés sur un même campus. À l'heure d'Internet et des laboratoires éclatés à l'échelle mon-diale, on ne devrait pas sombrer dans une inquiétude hors de propos.

II.2.2. Un cadre de la technolo gie : technologie structurale, tech-nologie génétique, techtech-nologie générale

Cette couverture des niches tech-nologiques ne sera jamais complète-ment à jour: il faut donc préparer les "professionnels du changement" à prendre en charge de nouvelles pistes le jour venu. Une attention aux règles empiriques, aux constantes de la tech-nologie, aux questions essentielles qui engendrent plus facilement des bifur-cations devient ainsi une mission spé-cifique d'une institution comme la nôtre. Cachan dispose d'atouts: par la référence à quelques grands anciens, par le travail d'une unité de

didac-tique des sciences et des techniques, par une diffusion des approches théo-riques de la technologie. En quelque sorte, en confrontant chaque techno-logie à ce concept abstrait, mais utile au formateur, la technologie. On ne peut entrer dans le débat sans une esquisse historique qui fait l'objet de ce paragraphe.

Les métiers se déclinent en un certain nombre de pratiques. La tech-nique formalise ces pratiques. On introduit la technologie quand on entreprend de théoriser la technique. Toutefois, cette défInition élémentaire parvient à réunir la plupart des spécia-listes sur un malentendu ou, plus exac-tement, sur une boîte de Pandore. Qu'entend-on, en effet, par théoriser?

Au cours des siècles, le contenu de la théorisation a évolué de manière considérable. C'est au XVlIIème siècle qu'apparaît en France la notion de technologie, chez les encyclopé-distes, pour se borner à nommer les techniques en s'efforçant de dégager un langage universel. Dans le champ de la conception des machines, il fau-dra attendre près d'un siècle pour tis-ser des liens avec la science où, notamment, un certain Frantz REU-LEAUX (vers 1880) se fonde sur la cinématique pour élaborer une méthode de conception des machines mécaniques par agencement de struc-tures élémentaires. Une évolution majeure se dessine au milieu du XXème siècle avec trois contributions françaises respectivement dues à Lucien GÉMINARD, à Gilbert SIMONDON suivi de son élève Yves DÉFORGES, puis à l'école d'André LEROI-GOURAN et d'André Georges HAUDRICOURT. Mais il s'agit de trois points de vue complé-mentaires qui attestent, s'il en était besoin, du caractère non abouti de la réflexion.

La technologie structurale

Lucien GÉMINARD se place, comme Frantz REULEUX, dans la perspective du concepteur de machines mécaniques. li dispose, au moment où il commence ses travaux, de listes de machines, de plans détaillés et d'une pratique éducative essentiellement constituée de l'empi-lement d'études de cas. Comment tirer de cet empilement une méthode qui s'appuie sur l'expérience des cas déjà traités en empruntant un

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raison-nement logique, autrement dit, qui "théorise" la démarche du concepteur en mécanique ? C'est le point de départ de ce que GÉMINARD pro-pose d'appeler la technologie structu-rale Chaque machine repose sur l'as-semblage de structures élémentaires qu'il faut combiner pour fournir les fonctions attendues. La comparaison de l'ensemble des machines d'un même type (l'état de l'art) permet de repérer les invariants et les caractères spécifiques de chacune d'elles et d'en déduire, par une structure d'arbores-cence, les différentes pierres à assem-bler pour en réaliser de nouvelles. La méthode mise au point par GÉMINARD a servi de modèle à l'une des bases générales de l'ensei-gnement de la technologie, l'analyse fonctionnelle, où l'on procède par assemblages de fonctions élémen-taires en suivant des arborescences variées.

Latechnologie génétique

La technologie structurale qui tire ses lois de l'état de l'art à l'inté-rieur de chacun des champs technolo-giques se distingue dans ses fonde-ments de la technologie génétique conceptualisée dès 1958 par Gilbert SIMONDON dans un ouvrage de référence intitulé "Du mode d'exis-tence des objets Techniques". Sa mise en forme opérationnelle est plus récente (1985) ; elle est due à Yves DESFORGES dans son livre "Technologie et génétique de l'objet industriel", et dans l'introduction qu'il en fit dans son enseignement à l'UTC. Alors que GÉMINARD adopte une démarche d'ingénieur, le philosophe SIMONDON veut faire partager une conviction intime, celle de la portée humaniste de la technologie. Dans l'objet, on a longtemps placé l'essen-tiel de sa valeur culturelle dans le sacré ou dans l'esthétique ; pour SIMONDON, l'objet technique en lui-même est constitutif de l'individu dans la mesure où il provient d'une activité humaine, implique créativité et travail logique, autrement dit, est marqué d'une théorisation. Deux élé-ments séparent la technologie géné-tique de la technologie structurale. On focalise maintenant l'attention sur l'évolution temporelle des machines assurant des fonctions comparables. Autre différence, cette confrontation des solutions techniques successives conduit à opposer "l'objet abstrait" tiré de la continuité avec le passé à

"l'objet concret", porteur d'innova-tion. eobjet concret est en synergie avec le milieu entourant la machine qui, d'extérieur qu'il était, devient une composante de son fonctionnement. Cette méthode est générique d'une approche innovante de la gestion des croisements entre la conception et la fabrication.

La technologie générale

Bien qu'enracinée dans l'histoire, la technologie génétique reste presque aussi techniciste que la technologie structurale. Elle n'aborde pas davanta-ge les contraintes économiques, sociales et culturelles qui s'attachent à l'objet technique. eintroduction de ce champ de contraintes est, en revanche, l'objet de la cuJture générale technolo-gique, troisième approche introduite par LEROI-GOURAN et HAUDRI-COURT. Or ces contraintes écono-miques, sociales ou cuJturelles pèsent d'un poids déterminant quand il s'agit de comprendre la rationalité de choix qui émanent pour partie de la prise en compte de "lois de la nature" (par essence, incontournables) et de la prise en compte simuJtanée de "lois économiques ou sociales". Que les secondes n'aient pas la même origine que les premières ne change rien au résultat: on doit aboutir à une déci-sion technique qui ne viole pas les lois naturelles tout en demeurant accep-table dans une civilisation étroitement circonscrite dans le temps et dans l'es-pace.

Dans certaines problématiques, la dichotomie entre les deux champs de contraintes conserve un sens dans la mesure où il est possible de découpler leur incidence. C'est notamment le cas dans l'analyse de la valeur. En revanche, dans d'autres probléma-tiques aussi diverses que celles de la qualité ou du risque et de la sécurité, on voit mal comment on pourrait séparer les contraintes issues des lois de la nature des contraintes fixées par des lois économiques ou sociales. Dans ces derniers cas, en effet, la per-formance visée dépend à l'évidence du caractère acceptable de tel ou tel défaut.

C'est le privilège de l'âge que d'avancer parfois des idées à contre-courant : je le fais ici d'autant plus volontiers que j'ai la conviction qu'elles ont ici, une chance d'être entendues.

II.3. ENSEIGNEMENT TECHNO-LOGIQUE ET ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL

Dans le concret des activités de l'école, la frontière entre les ments technologiques et les enseigne-ments professionnels n'existe pas. Ce sont, en effet, les mêmes formateurs qu'on trouve dans les filières techno-logiques des magistères ou des prépa-rations aux agrégations et ceux qui apportent une contribution très appréciable à des formations profes-sionnelles, le plus souvent dans le champ de la formation continue. Les nouveaux cursus d'agrégés - ingé-nieurs, visent à donner cette double culture aux élèves qui vont s'y enga-ger.

11.3.1. La base technologique

Certes, l'essentiel des actions pédagogiques concerne la formation de spécialistes des différents champs ou domaines technologiques. La for-mation en génie civil, celle de génie mécanique, celle de génie électrique ou de biotechnologie relèvent de cette classe de prestations. La formation en économie et en gestion n'en relève pas moins.

II.3.2. Le prolongement profes-sionnel

Dans le même temps, l'école a opéré une entrée remarquée dans le champ de la formation professionnel-le, dans le cadre de mastères spéciali-sés de la Conférence des grandes écoles et, aussi, en prenant en charge des opérations de formations de pro-fessionnels à la demande des parte-naires économiques La cotation fonc-tionnelle représente un outil majeur pour les industriels de l'automobile et les entreprises sous traitantes : RENAULT a confié la formation de ses personnels cadres et agents de maîtrise à une équipe mixte qui s'est largement appuyée sur le savoir-faire de l'école.

Il est important de signaler que des enseignants de l'école participent très directement à ces actions de for-mation professionnelle. ils tirent ainsi tout le bénéfice d'un contact direct et sans ménagement avec des profes-sionnels, ce qui concourt bien souvent à une actualisation des questionne-ments et des développequestionne-ments techno-logiques.

Figure

Fig. 1 : Mur vertical Sud, pilier et arceau - Explications sur le fonctionnement - Miroir
Fig. 4 - Heures du matin VIII, IX, X, Xl - Calendrier de Marie - Horloge universelle - Signes du Zodiaque
Fig. 6 - Heures du soir (l, Il, Ill, IV)

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