•
•
Harold
KNAPPL'ETAT du
CITOYEN SELON t'ABBEde
MABLYP •
DEPARTMENT OF FRENCH LANGUAGE AND LITERATUPE
~Ic GILL
UNIVERSITY
\il.Mo. A.
'.
@STRACT
The political,and social
~houghtof the abbé de Mably
re-flocts
'0desire to ieolate those forces thot gave birth ta sooietyO
from those that have come to· represent a perversion of thése
pr~noiplee~ Tt
would then be possible to define the best possible climate
that would sntisfY
~hese.primary demands. This thesis analyses the
elements that Mably considered indispensable to tho,formation of an
idoa1 sociéty.
The first 'chapter explaine how Mably oome to ask himself
...
theee questions and out1ines the essence of his thought. The second
chapter examines the nature of primitive.man which represents
the-"
.
starting point of hie work. Decause of his nature
~rimitiveman
wiehed ta live in socièty. Not having taken into account however aIl
its' aspects, he
, precipi~ale~his own fall. These firet attenpts at
/
"
0 '
living
in.society~ndin disaster. The third ohapter explains how
-Mably intends to reotify society's i11s.
\
\ t
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.
L'ETAT du CITOYSN SElON L' ADE d~ 1>'ABLY
r
,
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" o•
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L'ETAT
du
CITOYEN SELON L'ABBE de
~~BLY-DEP ART~~ OF FRENCH LANGUAGE, AND LITERATURE
Mc
GILL UNIVERSITY
M. A.
RESUME
La
penêée politique et sociale de l'abbé
un désir d'isoler les forces réelles qui
o~t
donné
société, de ce qui n'est devenu qu'une perversion de
Cet,te tentative
Ilpour but de déterminer le meilÙur
pondrait
àcos exigences. Cotte thèse fait l'analyse
,Mabl~~jugeait oss~nticls
à
la
forma~iofid'une tité idéale.
réflète
Le premier chapttrc tente d'expllquar
co~entMably ost
arrivé
àsc poser ces questions et il expose on marne temps los
gran-p
des lignes de sa pensée.
Ledouxième chapttre traite de 1. na.ture
p~imitivedo l'homme qui roprasente le_point de départ des
médita-tions de
l'~uteur.. Enfonction et
àcause de sa. nature l'homme
cher-ohe à se socialiser. Toutefois ?our ne pas avoir tenu compte do sa
nature il précipite son échec. De la socialisation
prim~ircon passe
à
l'écroulement de la société. Le troisième chapitre étudie par
quels moyens Mably entend reMédier aux maux de la société.
'
.
n'..
",•
'.
·1•
•
t'homme fera un usage raisonnable des mécanismes dont il,ost
muni~pouratteindre le bonheur. Il fera appel particulièrement
àla
, A
raison,
à
la morale et
à
la politique. Au terme,de, cette recherohe
s'élève l'Etat du citoyen
o~le règne de
la raison et de la vertu
"
a~eutit
à
une sooiété animée par l'esprit égalitaire et où l'intér@t
particulier s'inè11ne devant èelui de la communauté.
mn
'conclùsion,
nous tenterons
d'expos~rles défaillances du système
polit~~uede
l'a~teur
et de l'évaluer
àson juste titre.
o ; o
,
/
1
f
,
.
•.'
fIf
~
..
•
birth
t~t will nec'essarily lea.d him to happiness.:rn
particular'
he~will make uso of
h~sintelligenoe, morality and the art of politios.
The
rOl«n
of reason and virtue will load to a sooiety animated by an'
e,galital' .. um spirit where prlvate interests bow to thoso of the
mapo-rity.
TInconclusion we will attempt to shbw the deficioncies in
Ma:blyt s poli tical thought as wa1l as evaluate
i
tin
it'
s proper
,
perspeotive.
--"
,.
.
1•
\
•
"
TABLE DES MATIERES
..
- - - - f' ,)
l
~ODUCTroNII
L'HOMME PRptITIF
III
,A - Sa constitution
~hysique&t
mo~alèB - La socialisation de l'homme primitif
C -
L'homme primitif et la société
A
PLa
RECHERCHE d'UNE CITE IDEALE
A -
Pour une science du bonheur.
IV
L' :mAT
du
CITOYEN
A -
L'homme ne peut-@tre heureux sans de bonnes moeurs.
B -
on
ne peut avoir
de
moeurs sens
un
bon gouvernemént.
V
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
---~
.
,•
•
CHAPITRE
PREMIER
JJNTRODUCTION
Face
àun monde qui le choque et le déçoit, Mably
t
dresse une nouvelle conception de la sooiété afin de ramener l'homme
.
.
,
à
la félicité
jadiR
oonnue. Perauadé qué la
politi~eétait de la
pure duperie, que les gouvernements étaient une
vér~tablecabale,
l'auteur ee retire de la vie politique pour se consacrer
àla
reoher-che des règles de conduite pour former une cité idéale. Pour ces
hom-mes qu'il entendait sortir de la turpitude morale où ils sombraient,
la devise de l'auto\lX devint la suivante:
"En
nous donnant un désir
insatiable du
bonhe~r,la nature nous a tracé une route pour
yarri-l
ver."
L'homme est fa.it pour
~tre heure~;
i lY aspire de tout son
coeur
il ne lui reste plus qu'à définlr la démarche qu'il ohoisira.
Nous nous proposons d'étudier en quoi consiste la scieneo du bonheur
établi par l'auteur.
A la lecturq des oeuvres de Mably, il est frappant de
oonstater à quel peint il calque des idées chrétiennes sur un cadre
qui no se veut pas conscrvnteur. Fortement influenoé par son
éduca-tion ct par son milieu et
malgr~ses préientions d'objcqtivité, il
reste souvent enraoiné dans des préjugés sans fond rationnel. Un
bref a.perçu de" sn. vic noua aidex:a
à.comprendre cet étonnant
person-nage aux multlplos facettes.
Nô
àGrenoblo le
14'Na.rs 1709, d'une f:1.mj)le
bourgeoi-se, le jeune Mably fit onsui te aes études chez los .réani tes à,..·?yon •
•
..
•
2
Destiné
àune oarrière ecclésiastique, il entro chez les
Sul-piciens
àParis.
Gr~ceau cardinal de Tencin, (puissant allié de
s~famille, Mably semble a.ssuré d'un a.venir fort promottoùr. 111 assiste
en effet aux célèbros réunions chez Mme de Tencin où il so comporte
avec tant do sagacité et de brio, qu'il fait une excellente
impres-sion dans
COBsalons.
~edo
~ncin10 recommande en effet comme
se-crétaire et consoiller
àson frère, qui viont d'être nommé
àun
poste
important au gouvernement. S'étant occupé jusqu'ici
des affaires de
l'église, le cl'1.rdinal sc fie
àHably pour son éducation politique. C'e
dornior
8Ctrouve parfl'1.itemont
à l'ais~dn.ns son nouveau rôle d'homme
politique et dans son travail il apporte.flne contribution
~mportnnteaux négociations politiques do l'époque. Toutefol<:> en 17,48, r1ably se
brouille avec son patron et le quitte pour ne plus 10 voir après.
2
"-En se retlrant de la vie politique active pour se consacrer
à l'étude, Hably se fixe pour but de délimiter leo pnncipos dos
so-ciétés justes ct heureuses. Qu'est-cc que le bonheur? Avant tout il
s~présonte comme une 00mposanto de notre existenCe ct donc
indépen-•
dant de notre condl hon. Maply croynit quo la n<1.turo en créant l'
hom-me IU1 av8.l.t fourni en
marnatemps los moyens ù'rtttcnndro
10bonheur,
Distlnct de notre COndl.tlon
m~térielloil se dégage comme un
scnti-ment, un stat intérlour.
"
Le bonheur dans chaque individu, c'ost
l~c
,
do
paix de
l'~mc ;et cette paix nait du témol.gl1n.ge qu'il so rand
ae
conduire par les règlos de ln Justice.
"
3
Le bonheur ne sl{gnifie
pas un état égo!ste car il
rcv~tsurtout un aspect mornI et 80ci1'1,1.
Les règles de Justlce citees par
l'~utêur ~ontcelles qui qéfinissent
avant tout los relations entre les citoyens. I1
ya un leitmotlv qui'
anime l'oeuvre do l'abbé: l'intérôt part1culior au service de celui
de la communauté,
"
2
L'abbé Brizard, Eloge hist.o.,!'}.<tue
d:,~iJ..1?.~é
__
d.o_}1a~,
p.
4 -
16.
3'
C?
•
)•
)Le
bonheur de l'individu et celui de la société se confor:dent
pour faire une soule et môme chose. Paradoxalement le plus grand
mo-tif des actions humaines se trouverait dans
le
principe de l'amour-
r
propre. Egotsto et rationnel, le citoyen consent
à reno~cer àson
in-dépendance et
àsa Ilborté parce qu'il se sont particulièrement
inté-ressé. Dans l'lntérôt
~énéral11 pUlseta Justement son avantage
par-tlculier.
Mably GOutlont sans Cosne quo cet état idéal dont il rôve,
doit @tre et môme sera accossible
àtous. Rendre heureux l'immense
partie de la population qui subsistait à peine, représonte un projet
grandloso qUl Susclte
àla fOlS le aceptlcismo et l'incrédullté.
Tou-tefnis nous verrons que Mably demeura
(
fidèle
àson ontreprlse et
qu'il propose la créatlon et los moyens d'établlr une clté id0alo,
avec ou sans le consentement de
to~sses membres. L'autour est on
effet aaoez réallste
p~urse rendre compte que seulement uno minorité
ser~itapte
àpercevoir ct
àcroire au blen-fondé do ses pronos.
Il
>,
écrlt donc non pao pour la foulo, envers laquolle 11 masque
difflCi-lemûnt son mépris ct sos craintes malS bien pour ceux qui pourraient
en
f~lruson lnotruction
Et former ses moeurs. Cotte élite donc,
Mably
~ntondla gagner par la persuasl0n.
Qu~nt ~ln maJoritP? elle
sera GUidée par cos millCUX plus éclair8s.
La concoption et loc termcs de cetto
mét~orphosedo l'homme
en citoyen, trouvent raClne dans une vision précise de
la
nature
hu-maine. Tout d' t:tbord Mnbly conçolt l' homme commo étnnt
àln. fois
V1C-time de la société mais égaloment responsable pour sa créatlon.
I lexiste une soclôté
mar~tre
comme il
p~~t
Y
aV~lr
tillestciétf:
rédemp-trice. L'hOMme s'est constnMment trouvé bafoué
~~rdos illuslons sur
sn n~ture
alnsi que sur son environnement. Cos forces.l'ont empôché
-d'attelndre le bonheur et
àcause do cette viSlon erronéo de
lui-m@me, il a précipité los maux qui l'affligent. En
som~ccc citoyen
primiti.f est plutOt la victime de sa propre 19r1orance car 11 est
mo-tivé par des
f~rcesqui
àla lumière de la vérlté, perdrn.lont toute
... l ,
leur eMprise et lour attrait.
,
•
0,'.
4
\
,Sans le savoir l'homme
0.créé un milieu où étant '\Co qu'il cst
il est
natl.lr.~l
qu'il
~it
comma
i l lefait. Dans ce Gens Ilhomr
,âe-vient vlctime d'un ordre social créé
p~rlUl-môme et par Bes anc@tree.
Mnbly attribue ce silencG de la
r~ison àln naissance dos gassions et
au formidable
pouvoi~qu'elles exercent sur les hommes. Il viso non
fins celles qui sont propros
àla na.ture humaine mais plutôt los
p:J.S-sions facticos, substituées
àcellcs-ci et responsables pour la
cor-rupt'ion du
Cltoyon ct de ses moeurs. l' autour s' élèvo en pnrticulior
contre le système de If\ propriété dos biens comme étant
res~onsél.blcdo tous los maux dont
l'hum~itésouffre.
1:-1.
vlsiotl de l' homme proposée p,""r Mably fni t preuve de ce que
~
l'on n. n.ppelé un
optimisn~réfléchi. C'est-h-dlre
l~fOl
dan~le
tri-omphe: de l' Intelligenoe sur les autres mécnnismes de
'motly~tlonhu-I
-mnine.
4
r1n.bly cro1t en une nature humaine encore susceptihle d'ôtrc
perfectionnôe. Il reVIont
àl'homme seul çie contri31or son destin c:J.r
.
investi
(~nsn nnisnn.nce èes moyens pour r0allsor son bonheur,
11lui
sufflt de los explOIter en
~ottnnt ~xpriscs
l~ralson
1source de
tout bIen, ct los Dasslons
1source dû tous los mnux. Pnr l'entremise
<10
1" Intnlllgcnco, l 'homl1C sor8. en mnGuro do forg"ér uno Gocié.té ra-
..
t ionnellc, nmm{-o p.:1r l'lntérêt du' l1ien publIc oi'! chaquo
Cltoyen
~Quera
un rôlc réel.
f
Ce régIne de r?fnrMe ct do
~lselpllne,
nécessaire l la
re-construction <lo l'honme, trouvor.:1 sn bnse d'une part sur le règne do
l'intellIgence. Le rêve
c:''une r6publique vertueuse, r.l.ssur'1nt le
bon-heur du citoyon par ln soumIssion nu bien publlC
1ne sc réalisera
,.
qU'nù,termc è'un perfectIonnement raIsonné de
l'~me. Toutefo~sles
ravages occasIonnés pn.r l' essor des passions ct le silence do 1<",
raison témOIgnent de l'insuffisanco de cette
dém~rche.Au pouvoir des
passions on
op~)oser~donc celui de la vertu afin do gtlloer l' homme
ct de
10prép'1rer pour
10bonheur.
4
, ,
••
o
•
1.0. f6liei tif st achèto av-mt tout au .prix Llo la vertu. Afin (~O
secourir l'lntelligoncio A~nB sa tache, ccrtaines forces cxt~rioures intorV1onnent
~.orénaviU1t.
IJ 's' agirtpl~s
particulièrement do 1'\ mo-ralo et clo.ln pOlitlquo,_ Afin d',".ssuror\aux c~toyens 10 b'1nhour, l'Eto..t s'occupera l'.'or/:i::l.nisor· ct ü'ensùicnor "1::1 r.loralo. Il so.sorVl-:;,
ra (~C l'nrt ÙO la IY1l1tiquo afin (l~ mettre SCD conseils on vilS'"Ucur.
Ln. quostion quo l'auteur GO prH1G ot' qui ro."r6::;nnto cl' aillours
" . . " f
le pOInt de (lf:pnrt (:0 SO:::l méc' i tntions sc rnsumo (~C la fnç:::>;-) suivante Comnent filire pas sor l'homj'1o (~'un ~;"\.t primitIf 0\1, V1ctl:nC '('.0 son onvirOnnOT:1Cnt et è'..e ses propres illusions il e:Jt .'l{;rcsfJif nt
soup-o
«onnaux, ~ l' étrl.t sÇ)cial Où il fl.('opter::l un comflortame1ilt réconcili,wt
•
son propre int~rôt rwoc celui ~o Ja majorit6,? La solution ~ co pro-blêmo 130 trouve drms 1:1. conception quo Hn.bly se f:u t (1e la natuTû
-o
humaine, (le ln. morale et do ln. polItIque. Ln mor;"\.lc ropl"!:ncnto I}our lui uno
vû.1c~r
l.nnéc chez l'homme. Eotivé T'al'.
l'rtt"trrtit élu l'11on ot l' rtvorsion du nal" étrll1t un @tro rntl.onnol l 'hOr.lIIC 0ptorn t'Ju,Jours pour 10 bien. Plus qu'un Ch01X r.:\lsonné il s'n{";lt on r{>;ültr è.'un\
lnrcfJu'ollo Gorrl. (11.rl(';'-:o ~).'l.r l";;;1,î.t?
,
que le Cl. to;;'on f,".,l t l'H'cuve (' 'uno con(~ul. te vcrt.1..1',use. Plut:'1t quo (10' llvror ln lutte rtux pnss10nr;, Gon rôle r{~n('orrl clnns Irt rého.1Jllit;,-tion JOd p.'1.waons f::l.CtICC:J. t,.I,U;ènt i 1. vertu, ello rO;Jr/ sonto la fiel':: Il tn eon:Jtt'..nto ,\ ronplir lOG ')blicntions que ln. rr\ioo!1 n")us
Cl1ctÙ. ,
i
y-Quelle sera
~u j~st;)
cotte conrlui tev~~lOC
quo Îl.Jtro rnisonjUg~ inrlisponsn.b1e ? El1e se retrouve dana -le pr1ncipo du b~1nllO~r
uni versol. f1a.bly eroyai t·' sincèrement que le plus c:ro.nd r.lot if
c:oà
nctions humaines résid& dans lio.mour-propre ; c'est-\-dirc que nous fEnsonE volontiera c~e 'qui risque d'o.u{';l71cnter notre bonheur. E.c:;oîste,
ct r.tionnCÙ, l'homme r\cecpter:l toujours co :,")rinci:1o CQffif'1C /~,nt' 1q.• 0
plus apte
n.
lui {.;::lrn.ntir· ln. féliolté,
s<'.chnnt que les bis (:0 ln. société1
•
-e
-e
6
.'
ont été formulées pour défendre l'
intér~tcommun.
1'1se pliera
velon-tiers à oette
üisciplin~ ~ocinlesachant qu'en travaillant pour le
bonheur des autres il élève en
m~metemps l'édifico qui abritera le
sien. Dana oes termes ln conduite vertueuse dèmeure non pas
unique-ment rationnelle mais surtout sociale. La vertu, c'est fairQ du bien
à
ses pareils et la morale reprél?ente alors" l'art de vivre en société.
1(
ée nouveau comportement sooial s'explique en partie par une
n~uvellcorientation de la raison. L'homme est toutefois motivé par
d'autres forces que Bon intelligence. Sa conduite est contrOlée à la
~
fois par cette pression morélle et sociale
àlaquelle nous"o,vons fait
allusion, et également' par des sancÙons', rellgieuses. Diou, le
c~éa
teur de l'univers, le magistrélt suprOme, nous a donné une
intelli-- ' ,
gonce, le sentiment dU,bien et du mal et une ftmo immortelle qui sera
1
punie do ses fautes et récompensée pour
80svertus. La
p~urration-nelle qu' 1l1spire la rohgion sert
àcont:u8ler le comnortoment de
1
'homme. Mn.lgré les nombreuses foroes qui ,contrl/uent
àlél
métamor-phose do l' homme en çi toyen, l' rtuteur ressentait ln. nécessité de
con-~(*,trelor le COMportement des citoyens afin d'on
~ssurer l'u~iformité. ~
C'est en partle cotte idée qui formule sn conception de ln politique.
La reliGion ainsi que l'exemple
~'w1emlnorité vertueuse stlmulant la
'"
,.
majorité;
r~préeententdeux
aspocts de qette science. Afin d'édifler
une cité idéale il faut
déto~miner l~smeilleures conditions qui
~~pUiss,ent 'satisfaire les exigoncEils sociales et naturelles qui
cont don)
né nn.issanco
àla
société~Une fois la route du-bonheur tracé, le
gouvernement s'occupera d'enseigner la môrale et de l'organiser afin
d'assurer que ohacun s'y
confor~.Los m6sures appropriées
àélever
nécessairement de la natuté primltive de
la cité du futur découlent
nl'homme ..
Af~nde oomprendre
10
citoyen idéal,une connaissance poussée du destin, des devoirs et
des limites de l'homme ptimitif s'impo'se.
o , D
(
•
o\
i.~
CH1I.PITRE IIL'homme primitif
A -
Saconstitution
phys~queet morale
Qu'cs~-ce qu~e pr~mitif
ou l'homme à l'état dd la
natu-re
?
S~constitution physique et morale joue un rale prépondérant
dans ln pensée de l'autour. La raison humninè, c'est-à-dire la
sensi-bilité et l'es.prit
critiqu~dont"l'homme jouit, a.ttire surtout
l'at-tention de l'auteur. En effet, d'après rtn.bJ..y : "trotre attribut le
plus essentiel et le plus noble, c'est la raison. Elle est l'organe
par lequel
Di~11nous
i~struitde nos ,devoirs ; un guide infaillible
au bonheur."
5
ta.rtl.i son a pparatt comme un' lien ct comme un moyén de
communioation entre l'homMe et son crétl.teur. Ce lien comporte de
mul-tiples
as~ects.En
créant l'homme, D1eu lui a fourni en même temps un
moyen infailliblo pour déterminer
s~conduite, qui
~ob1quementserait
alors rationnelle. Oh peut percevoir aU8S1 ce lien avec le créateur
comme une source
c1'insTllr~tionq\li' gui(1cra l'homme dffila sa vie
quoti-d1enno. Graco -aux conseils de sa lÎnison et de son Diou, l' homme
par-"
viendra au bonheur. Il
pourr~désormais assumer son sort et non pas
~ ,
le subir.
En
somme la raison confère h l'homme sa
gr~ndeur,sa
justi-fioation ct définit le sens
m~medo son existenco. Dans cc sens,
Nably proclame : "La nature nous a donné une t),me faite pour penser,
propre
àso dégager de ses sens pour nous élever jusqu'aux vérités
les plus sublimes ct nous rapprocher des substances puroment
spiri-tuelles."
6L'intell1genoe permettra alors
n.
l 'homme
d"écha.p~èr
àl'emp~ise
du champ sensuel pour accéder au plan spirituel. L'homme
eat manifestement un
~trerationnel dont l'apogée du
connortement~sesitue sur un plan tout
à f~itdégagé du Monde
d~ssensations.
L'hom-me pourra désormais rivaliser avec ces corps célestes qui entourent
le créat'eur.
5
L'abbé de Ha.bly, Droits et Devoirs du CitQYon, p.
265
6
L'abbé de Mably, Principes de
~forale, p. 336.r
" '0
••
•
ce
8
Plus qu'une simple
compos~tede notre nature,
l'intellieen-à un rele
préci~à jouor dont l'étendue et
l'im~ort~ncese
trou-vent
àla
b~sede toute là pensée de l'auteur. Mably concevait
l'homme comme l'ouvrage d'un @tre blenfnisnnt et donc aussi parfait
qU'lI pouvait ôtre,
6t~t com~oséde deux substances nusni
différen-tes que l'âme 'ct le corps. Nés avoc un
ut~ruitpour le bien, les
hom-mes trouveraient leur bonheur
p~rticuliordans le bonheur public.
Qunnt
àln Bocifté, de par se3 lois, ses éto.blissemonts et sa
disci-plJ.no, el1.e pourrait fournir
àses Cl toyens toutos les vertus dont
ils auruJ.ent besoJ.n pour
~treheuroux. EtD.nt donné cet éto.t de chosos,
les hommes n'auraJ.ent nlors qù'à sc vanter de leur bonne chnnce.
Enexaltant cès
ponGh~ntsde léur nature, ils augmenteraient ct
multi-plieraient en mômo temps leurs vertus. Toutefols duns sa sagesse
in-finie, le créateur n prévu une évolutlon vers 10. fDI1Cité, autrement
plus ardue. Au rJ.sque de créer un ôtre infa.illible qui pourrait
a-buser de sn liQ9rté, ln nature n'a
f~itqu'ébaucher son ouvrage. Au
IJ.ou do lui fournir un bonhour tout
fait, 0110 a.
nr~f6ré10 dôtor
dos instruments nécessaires et des
~lémentnpropres
àle construire.
D'où nI ors 10 rôlc réel que l'intcllJ.Gonce est appelée
àjouer.'
,
, 1En nous donnant une
r~isoncnpable (10 oonn0.1-"
tre los vortus dont nous nvons'besoin et 100
~lce8contre lesouelslnous devons nous prémunJ.r, la
pro-vidence nous a donné tout ce qui est nécessniro
pour nous rendre heureux.
7
En
faisnnt de l'intelligence l'arbitre entre los vices et
les vertus, l'auteur SOUllr,TIe le drame éternel de l'homme. Il annonce
également ln né,cessi té du règne de la mora.le qui viendra f!lecourir lA.
raison dans sn
~~chc, enGdlpn~t àl'hommo ln façon do
d~stineuerentre los
vrn~svertus et los vérltnblcs vices. Toute ln réussite de
•
l'évolution de l'homme primitif jusqu'à l'état- de citoyon se fera
grace
àsa capa.cité de fnire cotto d1stinction.
'
•
•
Parmi les
instrum~ntB d~.bonheurdont l'homme dispose, on trouve
certaines valeurs morales. Tout comme les fruits de la terre sont
néoessai-re&
àla subsistanoe de
l~hommeet doivent gtre'cultivés, la paix, l'union,
,
l'amitié, la bienfaisance et la concorde doivent atre dévoloppées ••
La
nature a semé les germes précieux de ces qualités sociales dans notre
~e.Au lleu de se
résurne~ àune simple lutte entre les forces du Bion
ct celles du Mal, la raison Joue un r6le autrement plus positif. C'est
àl'intelligence que la nature laisse le soin d'arranger, de disposer et do
diriger tous ces éléments propres
àélever l'édiflce de la féliclté.
Mably explique ces "qualJ. tés sociales" de la
~nièresui vante :
L'autour de notre existonce a placé dans notre
~me
plUSlùurs qualltés sociales qai ne sont, pour ainsi
dire qu'autant d 'lnstlncts lnvolontalres qui. préviennent
toute réflexion,
qulnous
ronden~cher le bonheur de nos
parclls et nous inV1tent.par l'attrait du plaisir ou
parla cralntc do·la douleur,
ànous rapprocher,
ànous unir,
à
nous almcr,
ànous soulager, à nous
ser~ret
ànous
falre des sacrifloes réciproques.
G
Cos qualités lnhércntos
a
notre nature échappent en partle
àl'emprise de la ralson. L'homme ost donc, par définitlon, un 8tre
sociable. Poussé
àrechercher la compagnle de sos scmblables ct
àchérir
le Blen, l'homme ost lndiscutablemont falt pour
~trehcureux. Il ne 10
choislt pas et 11
n'o~tpas llbro non plus dû 10 refuser. Le bonheur dont
la recherche est lnvolontalre ma.i,S certalne, devient le but do son
existence.Les instincts involontaires, profondément enracinés dans sa
\
nature, font que l'homme s'engagera nécossairement sur la route d'un
bonheur social.Mably no conçolt p?s les choses autrement car si l'homme
est destiné
àla félicl té, il ost également dcstl.né
àla vlvre en société.
I l
faut également noter que los qualités sociales mentionnées
par l'auten, échappent au pOUVOlr do la ra.ison. Prévenant toute réflexion,
elles font que .1 'homme aglt
parla crainte do la douleur et l'attrait du
plaisir. C'est justemont paroe que l'homme puise souvent sa motivation
8
Id.,
Dela Législation, p.
24J
•
•
1.0
..
dans les passions, que
l'~uteurredoute telleme9t le pouvoir do ootte
force
qu'ilappelle "
l'~medu monde ".
S~tous les objets qui nous
tentaient , étaient bénéfiques et si
égal~ment,ceux qu1 nous
ropouss~ientnous
ét~1onteffectivement
pernici~ux,nous n'aurlons plus alors qu'à
nous livrer à nos 1mprossions. Toutefois, on comprend aisément, pourquoi
cette
p~chologiedu comportement , appelée sensualiste et rendue po
pu-l~ircà l'époque,
gr~ceaux oeuvres de Locke, rebuterait un penseur comme
Mably. Cette préoocupation et la crainte insp1rée
parle pOUV01r des
passions, dominè l'oeuvre entière de l'auteur.
Lacitatlon su1vantc nous
livre de façon caractéristique les
cr~1ntesde l'auteur
••• nous sommes malheureusoment entourés de faux
plaislrs et de fausses douleurs; et pour n'en êtro pas
los dupes, nous avons besoin de méditer, do réfléchir,
de
com~~reret
d'~pprendre àquels signes nous
reconnat-trons lour vrai caractère. Il faut quo notre raison
contracte l'habitude de se défier de nos sens; et que,
se portant dans l'avenir en so rappelant le passé, pour
les comparer, olle ne laisse aux pasS10ns l'act1vité
nécessaire pour l'émouvoir et non pour l'enivrer et
l'entraîner.
9
Nous vOlci enfin, face au vér1table rôle de l'1ntelligçnco. Il nous faut
à tout prix uno
s0nt1nell~qn1 puisso veiller sur cette
~~ticdo notre
~tre
suJette aux emportements des sens. L'1ntolligcnco d01t pouvoir
identifier et mesurer la valour de ces pulsions qul sont-à
l~base de la
oonduite huma1no. Tout au plus les passions doivent - elles provoquer un
déclic pour la raison. Cette vis10n foncièrement manichéenne s'accorde
avec 10 catholicisme do la
pc~sée' de l'autour. L)intagonismo entra leS
foroes du Bien
c~ ~du
Mal ct la
souffranc~
qu'Y'
entratno, ra.ppello
étran-gement la souffrance sur terre ct la Rédcmpt10n au ciel, pr8néc par
l'église. Mably or dit
aut~ntlorsqu'il évoque
00raIe de 1'1ntolligence,
car 11 sou11gno que le refus de ces plaisirs douteux ct la douleur
passa-gère qui en découle, représente peu
àc8té du bien durable qu'il nous
prO
l1ure.
.'
d"
.~
{
Ayant examiné
1a
naturo de l'homme,
Mnb~ en vient àla
oonclu-sion
suivan~()"
~Nous
tenons un ml1leu entre les puros
lntelllgen-ces et les brutes ••• nous avons une raison et des
paSSlons ••• c'est aller plus loin que l'auteur de la
nature quo de vouloir détruire nos passions, elles
sont son ouvrage ct sont immor.tellee comme
Lui ;
mais il nous donne de les tempérer
~tde los règler
par les oonseils do la ralson, parce que co n'ost
qu'ainsi
qu'ell~euventperdre leur vonin ot
oontri-buer
ànotre bonheur. 10
0Tout tend,
gr~Qe àl 'ru'rangement mervoilloux do la nature,
à
rendre Ithomme heureux. Dotés de la
m~moraison, des
m~mesbesoins et
des
m~mesfaiblesses, les hommes
sont physiquement égaux. Ils Jouiesent
de certaines qualités sociales qul les poussent, instlnctivement, à
aimer 10 Bien et
àdésirer la compagnie do leurs pareils. Bion quo
l'homme sOlt foncièrement rationnol, il est moins motlvê par un
~spritfraternel que par la certitude
d'~trepuni et l'espoir
d'~trerécom-pensé.
~abitant~nmonde taillé 8xprès
àsa mosure,
11
lmposùra sa forme
à
l'unlvers
t ~usant duS'On intelligenoe. Il entamera 'ootto rocons
-truction en ndaptant sa nature au but qu'll sc propose. Le
pouvoir
du l'imaglnation ct de l'initiatlvc personnelle
s'eff~oedevant la
démarche raisonnée que dOlt entreprendre l'homme. Son intelligence
ser-vira
surtout comme sentinelle, afin de guetter les éoarts possibles
inspirés
par
les sens. Réhnbilitant les passions, ello enseignera
àl'homme la route
à su~vre•
p
•
•
12
B -
LA
sociallsntion de l'homne primitifC'est ~ l~ fois, ~ cnuse et en fonctIon ~o s~ n~turo, que l'homme dntre en sncI~t(. Pnrt~nt du princlpe quo l'h~mnc ent, ~ar définItion, un ~tre soclnble, kl.bly explique ,ln formation de ln. S()Clf';t(~, de ln.
nt\-nii')rc suiv,î.nte. Vhomne, 7"r~-sociétaire, Jf)uIss~it rl'uno ilonition prl-vlléGiéo.TIès S,î nn~ssn.nce,:l connn.H l'éb'J.llt6 ct lnllberté nbs-:Jluos.
En ce etUI concerne los deVOIrs (lu Cl toyen, personne ne p'11tvni t ~tre
coupa.ble d'y ::l.vàlr ma.nQué, puisque chl'l.cun n'étrnt resp{)ns~blo qu'envers lui-mêMe.
Ln
seule contrni~tc quela
nnturc lUI pasnit 6tnlt de nc ren-dre heureux. Or,1.
étîl t im7"os:3i ble que rtulconque n' (1)~lnGe \ cotte loi. Petit h petit, l'hom~e renonce ~ non stntut partlcullcr cn faveur cl' une soclétcS où l ' intf r~t r;6nérnl prune. Il G' eff'Jrce do respecter lesudrolts d'nutrui, afin do faire respecter les Rlenn. JadlD monarque,1.1 ne denent pl;o qu'un roi détr8né. 11
PourqUOI l'homrlC renoncc-t-Il -,\, cc par;-\clis ? Len caunes cn sont (Uversoo ct. nOMhreuscn. Dt nprèo l ' ;-\utour, lOG h'JM11CrJ :;;e ln.sc;:üent cloG qucrclloG ct dos dlvIsi0ns qui les r~v~Ge~iont. Ils ont VIto Gonti ln nécossi t6 (le Ir\. prl.lx, (le l ' orrlre et de l ' u.non. Ilc sr. sont donc réunis .:lfin do (léllniter leurs rlroltn ct lours t'avenT:3 roS;)ectlls, C't d'étet-bllr dos 1018 pour réprimor los paSSIons ot une sorto ~û JustIce rU~l nontî.ire, .:linsi que des m~glstrr!.ts pour ndminlstrer leur cociété
nnins,'mte.
Cotte d~cislon do forMcr une SOCl~t~, sous-entend un offncemont do soi cn fnveur du Bien e{nér.".l. L'homlTlO o'floI{"ne lio IUl-m~r.1e on sc trnnsformn.nt en citoyen. r1.:1bly renie toutefOIS l'idée ù 'un contra:t socIAl. L'homme primItif, no ths;Josnnt Clue de quelques IG.ées v3.f,UeG sur le bonheur ct
ln
soclét0 ,
ûtnitInc~?.:lhle
Ge\0
conotrulTo,l
prio-ri, une républ1.quo rnisonnée. Ainsi, selon Hnbly : ,iQuolClues-uns de nos pères, nés plus heureusoment que les nutros ct que ln nett.ure destinaità
~tre les précepteurs du genre humaIn, vlnrent au secoursde ln
r~i-12
son." Il ne s'agit donc pila d'un mouvement po;-ml::ürc 'JU collectif,
11 rd.
Droits et, Devoirsau
Citoyen, p. 25~12 rd.
Principes ~~?lc, p.238
\
f t
•
a•
•
m~is nlut8t d'une cert~ine élite ~ui ~ vu les bienfaits de l~ vic en
commun.
If
Cott-c société- n'est certes p'l.8 n{ c (~U jour nu lenclom'1,in. l'tably conçoit 8'1. n~n9tmcC commo ün0 lonr;ue p0rlode pém ble cl' osc:::.is ot <l'échecs:
Tl :1. f;tllu que 11 CXCl'S cle leu,rs mntheurs les
f0rç~t il. r(fl(ch1.r, CJ.UC (~OG hnso.rrls hOfeux et des
hommes do génie les retIrassent ~as fo .ts, leur
~pprissent ~ constru1.re des cnb~nos, ~ ourrir dos troupoo.ux, .\ cul ti vor 10. terre et \ s':J: ,clor mutuel..t lament clnns leurs beSOIns. La soci(t~ scble 0to.it c.'1.p.;,ble de leur pr'::;)rmter un lnen TlU11l1C ~UI1.l::;
~cv~icnt nimer, et en 6to.blissant, uno r~~e ct un orclre p::lI1ni eux, (l0 hfltcr 10 clévclopnervlht (la leur
r~_lson. 13
Quolquec hommes, 6cl.-nrLfl par lour r"..1.[)(m, ont d(1nc nmoné le pouple vers une socirt(· qui OGt l' InC~rn'1,t1.on ;nômü rlP::; v'llours
huméli-nos Clui dOl vent fltre rrspeotf.ofl il. tout prIX. non soul~mcnt 1:1 société
v~-t-ollc ."..n{llorcr 1'1. S1 tuntion mntérIello do~ citoyens? m:.1.C 'W:1nt tout, 0110 ~~vo10p~or'l. leur IntolllGcnce, ln b~sc v(rii'1.hlc clu ln 30-ci0té-. f.. Cf' flUJ(,t1 ibbly pose ln ~ncstlon ::ltllv:'..ntc, "H'ü8t-cC f':l.S 0110 r]Ul, (l~nêl'l.nt cbnfl notrf' coeur le ,""or:1C' (~C nOG (~H'l.llt(·:J floc1n1csj lloua
0. rct1rés (~()G forfltc j)Olll' nf1Ufl rîG:Jor'lblor rhnr; C'Ofl h'1.r1c"_uy et
,1.p'lrcn-(,or
\ notre .:.m0ur-propro r.uo 10 bIen pllbl le no lUI ent 'JOInt
r
trnn-? " 1,11,r~:::tbly
démontra uno f01.G de pluo, Sî croy-mec (bnc uno nnturf> hum;üne porfoct;tlüe et non pns 'Perfect irmnc c. Srml, l ' homf,l8 sernlt un non-sens, rt6nuf de vnleurs, Oîr sAul l'effacement do soi on .fnveur do l' Intér:r,'l.tion to;'r'.lo r.'1.nn ln. communnut( sn.ur'). 1111 procurerun sen::; r{.el, Au soin (~e 1.:. r(.11ubl1qttc, il se;rn. en mccuro ('0
G'(.pn.-noulr compH,t oment. 1
Ln soeiét(, puise S'i. source inc:011Htblomont
(hn~
ln.n'l.~uro
humrl.i-ne. Ella lui doit son existenco car 0110 subvient h dec besoins r6els do l'homMe, en m8me temps qu'clIc ,rête sccou~s h ccrt~inos de GOS
13 Fel. Do l'Etu~o do IIHis~oiro, p. 2
•
•
1-1
f~iblesses. Le thème dualiste si cher ~ l'nuteur, fni~, do pouvcnu son nprynrlt~on. Si on peut diro que ln société représente une valeur en soi, ~IOGt parce ~u'ellc n un r~le précis ~ Jouer. C'est dnnn les termes suivants que nably explHlue la r;1,lGOn pour SI"\. formntlon :
La soci8té n' ['_ été f')rmée quo pour 8tcr aux pnssions, 10 venin danGereux qu'ellcG portent, , clonnér du crédit Q. ln. rn.ison, en I"l.ffermissant l'
em-piro è.os lois ct T'lar ce moyen prévonlr é[;11.1oment ln. tyrannie ct Ilnnn.rchie et com~08cr ninsi un trésor .; du bonheur public.
15
Dans ceG quelques licnes, l'nutcur nous exnose ln science du bonheur; h snvoir, un contrôle strlct des passions, sUlvi de llaf-ferr.ussement c1e l'lntelhgencc, gr~co ,. des lois juc:lcieuses. Pour llinstnnt, 11 -imnorte ~Iexn.ninor 108 r~isons qui motivent une telle conclultc. Poursulvnnt.dans
la
marne veine de ponste, l'~utour nousf~i t pnrt de l ' nrgument suivant. Si nos ancêtres n' '1Vr1Ïcnt eu ';uo deo pnssions, il S î.ur:üont vécu comme cles l)rutos, snns (.g::l.rd lOG uns pour
ICG ,utres ct donc s~ns loc lncnf::li ts do ln vio comr:lunrJ.utnirc. Si,
nu contrr'..lrc, los p~s:Jlons leur nVrJ.ient été f,trnnGères, lIn n' nu-rr'..lont ou pn.r conGé~uont, Qu'un penchant pour ln. JustlCO ct l ':1rdre. En ncceptl.nt cottn r~ornipre hypothè so, cormont cxn] HJuor alors, 1lOx1stoncO cles 1018 ct doo m"-l-{;istrllts <lui (lov,ient nssurot' 1::t bonne Mnrcho do ln s')clétf- ? 16 Or, en utablimlant la ooci0tf, les hom-mes 'ont ou recours aux lots et ".ux mélF,J strats, nfin de secourir leur intelllgenco et ln. Mor:llc. La suite lor;ique do cctto pensée, amèn'e Mably il. fetire ln. conclusion SUlvr..mte
C'est parce ~uo ln. nature leur n ù~nnu avec des
~nssions, l'amour do ln. just1CO et l'intolllgcnce, que les lois leur sont n~ccssniroH. ~~ns cc double mobllo è.os pnssions et (~e 11 r'..mour (~u blEm, (iue la rrnson ddi t dincer au bion gén{réll (~O ln. société
16 TC!. Dout os Prorosé~~ l'h~o:::;.2Rh_c_s_J}..9..9p.9-"li_s..:t_0E. .il.'"!.!.'_ J_'..Qrdre Naturol et ES"so_ntiol ~los _S_~c}étés I:oli tiques
•
et nu bien
particuli~s_dechaque citoyen,
c~6fie,Honsieur, d
'l.m8{~lnerce Qui nurai t
ner nnissancc
~ 1~société.
lT
Pourquol l'homrw choisi,t-l1
defaire passer l'intérôt
tWl:'.nt ses lntérôts p:1rtlcullers, et ninsi
(lerononcer
ft.son, st:1.tut
~nvorisé ?
Ln
ré~onsc ~cette question est cOMplexe, cnr elle
ex~lique h
,
l~fois
lo.f~ndcmontJe cetto vic
~rimiti~o,nlnSl que ln bnse
do ln cit6 nouvolle. Nouç vonons de voir en
~UOlcetto d6cl.sion se
fom:'o en p::..rtlc sur/ln n"ture (:e l'h'),mme.
I l ~faut
TY\Souhlier
toutefols,
lnd::>ctrlne (le la 800inbi11 té nllturelle quo
~r8nel1au-tour. L'homme est vlsiblcmrll1t"
(~estlné 3.vivre en soclété ct
3.ôtro
heureux? on ne 7)out
sép~rorcos
c~euxdonnùes. L'<"tnhlissoment c!e
10.\
soclét8 ne f::tl t que romt1lir les' vooux do ln nnture.
L'homrlC
sctrouve
dnns l'inco.pncit8
'QOvivre sans bonheur et sans le secours èo ses
semblablos. Toutefois, d1autres facteurs,
àpart
S~no.ture ct
cer-tnins bcsoinn (l'orr_re matériel, poussent
1'homme dnml cotte
cntrc-"Qri sc.
,A~SSl
pnrndoxnl
~uc col~ ~UiS80 p~rnître,c'est surtout le
principe do
l'~mour-nroprcqui nc tr8uvo
~ l~base Ao
l'Bt~t.D~s ~ue
JO pcnse, il m'est ryrouv{ que Je dois
m'~iMer;
c'ont.-~-cllrerechercher
m')l1b'Jnheur.
rIm'est lMpOSSlblo do
MOséparer do cet ,q,mOll.r de
moi-mÔMe •••
QU01QUCrien no somble plus
cnntr~ire àlB
nature
\~,un at ra éVHleml'lent. do st i né Zt Vl vro en
so-ciété
~vec seslse~blnbles,que cet nmour-pronrc qui
contr~intlmp&ricusement chncun de
n~us, àsc
nré-férer
àtout ; co scntl.mcnt ost copendnnt le lien
rlui noua unl
tles uns aux
~utres ~vecl'e plus
deforce.
18
Mably continuo en
8C mctt~nt àln plo.ce d'un des
~romiershom-mes
decette république. Fnible, au milieu
des dan[Çersdont il se
17- Irbid, p. 159
18 Iù.
Principes
de Mor~,p. 221 ,....
r
•
\
•
•
..
16
sent rnen~cé, et pressé pnr 'les besoins touJours ren~issnnts qui l'assiègent, 11 ne peut pl~s se suffire à lui-m~me ; tout ce qui l'entoure lui devlent nGcessnire. Ainsl, il court ~u dcvnnt de tout ce qui promet de contri ;,uer ~u· bonheur qui lui m::nque et 9.~' il cher-che. C'est en effet le seul motlf qUl puisse r.tlonnellemênt
cxpli-"'(
quer le renoncement de l'lndlvldu à Gon lnd6pend~ce. Il é'~inblit nlora une sorte de contrnt soclal qUl ~ Dour'bn~e l'nmour-pr~pre.
C'est porce que dnns sn falblesse, chacun sèn-tnit le bcsoln de s'unir à sos pnrolls pour en être secouru, et l'.v.ntnge de s'ene.f,cr à rempllr à
l'ée~rd des nutres, des dûvolrs que tous s'engnge~ rnient à rempllr nu sien, qu'on fît des nlllnnces et qu'on sc souMlt ~ une ~utorlté publlque.
19
. D'nprèo l'nuteur, ce tr:1.ité d'::üliance perp6tuelle n fté rendu nécessalre par ln nnture, cnr elle voulalt nous rapprocher. Ce pacte dOlt ~tre rellgleUGement respecté, cnr 11 Ile, confond ct unlt l~ ,bonheur des p~rtlcullers à celui do ln maJorit~. Ln devise lOGiquede co pacte sc formule de 1. fnçon SUl V,'lJltc : " .Tc dpfcndr,n votro bonheur ct vous défendrez le mien. " 20 Bion que ~rédestiné à
vlvrè rnrmi ses sC'!71bl:"blcs, l 'homne senble, néanmolns f'ure un choix ,ri"'..tionnel. D'n.prè3 l'optique dG l'auteur, l'homne se ser--'.it
conv::t.in-cu des blonf!li ts cl&. la Vle on commun. Il l'llSSe surtout entcn~re quo cos promiers cltoyens cherchaient nutre chose que ln. slmple sécurl-té, ilo ttnient bien ::tu contrr1.iro en quate de vRleurs morn.les ct spirltuelles. D'"près rI;J.bly, l'homtne recherche la compagnie dû ses pnreils parce qU'lI éprouve du pl~islr en s'npryrochnnt d'eux. De ce sentlment nn'ltrn. toute ln gnmf'lc dos rcL"tionc hunaines et du compor-tement socinl, pro~res aux citoyens de l~ nouvelle clto :
...
.
Dès que mn liaison avoc mes p~eils Me rend Chère leur ostlme, leur mé~ris dOlt m'hUMilier et me mortifier. On commence
'n
voir se former19 Id. De
ln Légis~at~on, p.207
20
Ibid. p.281
"
•
•
les liens les plus prec1eux de la société, qui est
destinée
elle-m~me à.perfectionner l-'homne auto.nt
qu'il peut 1'8tre.
Jedois rechercher avec
empres-sement la gloire d'@tro, utile
à.mes semblables.
Lesentiment d'estime que j'éprouve m'identifie en
quelque sorte avec le citoyen dont' je ne puis
éga-ler le mérite.
Jel' exi te par me's é loges aux
gra.n-des choscs qui me sont utiles; en
l'ài~antjo crois
en quelque sorte
deve~irson égal
iet plus sa
B~périoritê est grande, moins mon amour-propre en èst
alarmé, parce que mon admiration ne m'aband9nno pas.
De cos différentes a.ffections do l'âMe/natt le
commerce dos sccours et dos bienfaits mutuels ••• on
commence
àsoupçonner qu'on doits "interdire
àsoi-môme, les actions dont on est blessé dans
le~au-tres ; ct voillL la première rèGle deo dcvoi re
dol'humanlté.
211
-Lo, Citoyen, perfectionné par la société
à. l~uelle 11ap!lar-
1tiont, aura surtout un comportement moral. Sa valeur sera jugée selon
la façon dont il se comporte avec sés semblables et mOlno sur des
ac-tes concrets.
I ls'agit prntiquemont d'une mornle de f,cntllhomne.
Comment
lû.société pourra;.'t-cllo r,ompl'J.r la
t~chcqui lui
estassignée?
Gr~cc à
la prntiquc des vortus qui sont
n~turelleoct seulement donc
étouffées
GOUS l~cmpriso>dcspnssions, 0n f0rmcrn une république
animée pnr le souci
do pl~irect
dosc rendre utile
à sosconcltoyens.
,
Le principe de l'émulntion suffira
à G~rantlrcet heureux
ét~tdo
/ '
Î
c1foSGs. Nous ::turons
l ' OCCD.S10ncle revenir plus longuement sur la
nanière dont on
~sourera l~contlnu::ttion
ùoce comD0rteMont idéal.
Pour Hably, ln n'1.turc
0.rendu l'homme socl.nble, l'a. doté è.'uno raison
et en
asurtout ,fnit un @tre moral.
1
~
•
l '
•
18
o
œ -
L'homme primitif et la. société
Par
l'arrarrgement merveilleux de la. nature, l'homme
eS1am~nifestoment destiné
à ~ivre en ~ciété.Pourquoi alors,
éehoue-t~ilsi
pitoyablement? Altéré, jusqu'à devenir méconnaissable, chaque aspect
de son
car~ctèrequi faisait naguère sa gloire, se
'tr~nsformeen
véri-ble-fléau.
L'é~olutionet la transformation du citoyon
pri~tifsem-"
•ble s'opérer
àl'inverse. Mably croit fermement que la principale
cau--
"
se
dela chute de
l'homm~, ~etous les maux qui affligent l'humanité,
réside dans l'instauration de la propriété des biens. bes fortunes
,,0
inégales et disproportionnéqs, nalssont des'
intér~ts
difflrente et
opposés; en un mot, le corps se
dési,tègre~Dénaturant tous les
rap-ports qui doivent unir les citoyons d'un mÔme Etat, co réeime a
ef-fectivement rompu tous los lions de la société. 22
Ce triste état de
choses transforme brutalement la nature humaine, telle que 11ably la
chérlssait :
Unê nature bicnfaisa te nous dostinait
h ~tretous
ég~ux,puisqu'aue
homme ne pouvait exiger
d'un autre, dos devoi
qu'il ne mt pas obligé
àDon tour, de remplir
asdn égard. Elle nous a donné
à
tous les
m~mesbo oins ; elle nous unlscait par
dee qualités socïa s qui
aur~iontfait notre
bon-heur et qui sont evenues des pll.SS1ons brutales et
féroces dès qu'il
Y,a eu rlchoG e, pauvre8.
23L'inégalité des conditions lntrôdult dans lc,jn,onde, une foule
de vices'
etde faux besoins, tels que, l'avarice,
1~'hf1l1ntion,
la
pra-l
digalit6, le luxe, les grandes fortunes,
Itextr~me ~isère,
l'oreueil
des
grands et la SubJucati;n dco petits. 24
Leo relntions
inter-nerlJon~lles
sont dénaturées et déchirées par l'
~'nvie,
1"v,ani
téct
la
Jafgusie.
Aux
devoirs de
1'humanit~, not~nment, 10secours mutuel
et la confinneo, sc substitue l'idéal do s'enrichir.
L~convoltise
et
l~ambition,nées de
l'iné~litédes conditions, accaparent
pnr-tieulièrement l'attention de l'auteur.
22
Doutes Proposés aux PhilosolP.!'!...s
EC2nomiste~u1l _l_'Ordr~naturel
et Essentiel des Sociétés Politiques, p .• 13
23
Ibid. p. 11
24"
Ibid. p. 213
•
Ellos subissent
~ m~intosreprises l8s foudres
~'sa colère. Sous co
régime pernicieux, coux qui jouissent d'une intelligence plua dévç_
,
,
loppée et plus poussee que los infortunés, ltont vite explOitée
àleur
<lprofit. Dédaigneux, h l'égard dos moins fortunés, ils se sont uccordé
,dos prétùntions qul sont devenuGs par la suite, dos droits
incontos-tables.
Seservant
de l~sdons,
~dos fins
dtoxp10it~tlonJ Ilsse
sont séparée do
l~multitudé ot Jugeaient co110-0i seuloment digne de
leur
obé~r.?,5
Les idôos
prlnutive8
ct'égnlité, ,se sont
ef~oées
(lovant
l'oàs~
de cette foule do
~~s8ions
, citées
pat
l'uutcur.
~~~ture
a
distribu~ses f~vours inéqulta~lomo~t, ~fin
de nous unlr et pour que
ohacun
puissejouer
unr~le ut~o, .~
fonction do ses
ca~cités.
Ln ré~ubllque a
autant besoin de grandes
~mespour accomplir ses
projots grandioses: quo do simples esprits pour,les
menue~ t~ches.Au lieu
devoir en cet éoart, une preuve on
favou~ de la solldarité etde la cnopération, cetto minorité
.
apréfèré faire des mOlns
favorieée~ "leurs dupes. L'i,dé,o
ùef,JOcourlr
ctde guidor ces citoyens" do
,~?léGrà
leurs incapacités, s'ost
~techassée de lour üsprit
e L'a~'croyait quo
l'~pprofondissQmentdo co fossé était
respons~blede tous
los
maux irroginn.ires. La. rüpubliquo s'ust "sclndéo en doux pm-tioB ct
les
intér~ts ~~rticul~orsont
suppl~nt6ccux de ln IDnJoritcl. L'unité
du corps
politique
futdétruite
et sos lois sont devcnues l' oUVTago
, del~om~ition et,dû la vongeanoe.
Dès lOTS,la
v~pulat1on cemprenait
26
d'une pn.rt, los oppresseurs, et do
1tautro, les
Jopprimés.
On
entre "dans ce
qu'llpla!t
àl'auteur d'appeler l'époque du,
silonce de
l~rais0n. L':mptïPe dos paSS10ns explique on
part~ela
dé-faill~nce
de
l~ralson en tant que sentinelle do
l~morale. Dès qu'on
0.
permis
ànos besolns do
sc ~ltipllor,notre raison n'a pas
puse
oontenter
de~ simplos lois de
la
nature. Eblouie par ces
nouveaux~ plai
-sirs, elle a permis
ànos .,b'osoins personnels de supplantor coux de
..
la.
25
Id,
Prinoipes de Morale, p.
322
" 26 Ibid, p. 323
(
••
20
république. En ré~lité, il s'~git plus que d'une -& d6f~ill~ncü, car l'homme détourne son ~ntelligonco do ses fins lég\times. COB hilbi tucles pernicieuses
~:J
ont eu dûs conséquencos cl0s~streus~s on co qul,conccrne notre n~turo.
L 'homme ost (10formé puisque nOU8 ne sommes :t)lus l' OUvrClge: (l,; 1:1. n;,.turü, miJ.i f) dus p~sslons de nos ' , :Jèros ot des nô{ros ; ?lllSqu' (ln un
m~,
notre situation ust si diffürontc cie co qu'ellc.i1.urtit,Hl
üt p1Hl~trc ; . 10. phlloGo1)hle doit-ollo ch~ngor de i.;rincipes ? non ;c~r l~ n~turo qul ~'est ~utre ChOS0 quo l~ s~ges8e
cliVl.nu ellc.:-memc n':),ur~ point 1:::. ooml)1aisCl.noG dû cho.nger ses lois ~~rc0 quo nous o.vons ou li1. fol~ù do no p~s Y. obulr.
27
Il \.!st clona cl::nr que: l'homme n.ur.tit pu 8Vl tor los ma.ux qul l'ont afflLgo, s'11 o.vnit su tomv6ror los cXlgonces do Si:'.. no.turo ut s'~l
C\.vedt di1.igné SUlVTO lus lois nr1.turelleo. Nous ::wons vu.au nlve,'m ùu
Cl tùyeh, les r,1.v::tgC's o{).us~s ~)ü.r l 'lnégi,li té- c~ la. ni1.lSS.:l.Q.C0 clos p3.s,sions. CUlJend[1nt, quel r:l. l!té c;t quel Cl.ur::l.1 t clll ntru le rô10 du gouvernement poncla.nt cottL crlSO
?
Dans cu mondo où les passlons règn,:nunt, supr~mos, l~ colère, ln. ha.In<J ct lCl. vong\;Cl.nc,-, sont p:1rvonues ~ étouffer nos qucl.lliés oocialos_ Quolquos citoyu~s, voyo.nt la. folL; ut los méfn.its ll'un tel comportement,
ont dross:" dos 10i8 0'1 des conventIons a.fin (10 régulariser los rul~t~ons hUmél.lnes. A~)i.'rlVOlsés ~)ou 1. 'i)OU par ces cssa.ie, nos a.ndHros ont donc consenti 1. renoncer ,1. lour inrlopvnclanco. Toutefols 1 'a.utor~ té publiqa-e a. commis uno onormù fé1uto on se contenta.nt d'lntlmiclor los pass~ons par dùs mesuras punItives o.u llü~ JrGncour~or les vertus ~a.r dos récom-penses. Ma.bly oonçolt la. lutte contre oos lnstincts ~lhourcux , cl~ns
, 0
los termes su~~nts :
27
Ibid. p.392-303
28
Ibicl. p.238-239
Thr~s~~ disait au sonn.t rOffia.ln que co sont les
clai ts clos ~u~is citoyens qui' ont donné occa.sion do porter 10s,,1018 les plus sa.lutaires. Il ~~lt
r~i son ; ct vollà la. véri ta.bl<;" .. ~8~ pour la.qucllo tout est a.110 dG ~l cm pis dn.ns~·le: monde. Cos lois sagus vionnunt trop tard. Au llou du vouloir arr6tcr 10 mal, co qu'on tonte toujours sa.ns sucoès, il f~llai t 10 prévüni:n.
28
-
.
•
<
•
Cûtte
ci~ationannonce l'importanQe que
~~blyaccordera au rele
do la politique dans le
contr~lede la nature
h~aine.Il ost
é~lement ànoter que l'auteur n'entend pas seulement
l~r
los exoès
O~USéS' ~r
les passions. Il cherche, au contra.irü,
àf::l.voriser l'éclosion d.es vertus
par l'espoir d'une récomRtnse.
k~nature
~rofondément rol~gieusedo
l'auteur [I.!JP'lrn.i t une fois de plus, lorsqu 'il
ét~blit cc pn.ra.llèle aveo
la situaticn du croyant.
Le
chrétlon s<l.it ::l.veo cortitude, qu0 scn absence
de foi sera punie
talors, il ospère nuasi fermement que sa preuve de foi
sera. récompensée.
~ns
ccrta.ines républiques, formées sous de plus heureux
auspioos, les hommes poli tique s a.vaient réussi"
à.freiner un grand
no~brcde viocs. Toutefois, ils n'ont
puemp8chor d'en aSSOOlor
quelques-uns
à.leur succès. L'a.mbitlon et
,
l'a.v~rioeét<l.lont devenuos
les instruments
m~mtsde leur prospérité. Se cachant d'abord sous
le voile des vertus a.uxquelles
~les 0~ra.issa.ientunies, oes
~~ssion~ont a'ppris au citoyen
à B'oocuper da.va.ntage do ses propres lnt(Jrgts.
Les promesses d'une vie vlus douoe et plus luxueuse, annonçaient en
rénlit8 une déc.:tdenco génoro.lisée. Ces citoyens "ont accumulé los
honneurs, les
r~cheases,les plais1rs et le
~0sirde les
~ugmenterencore les
emp~cheJ'en jouir. L'ennui
18~accomp.:1gne et les
pr~cipitedans les vic6s
quidoivent renverser leur fortune et dissiper leur
illusion."
29
Oncomprend
m1euxpourquoi Mably pr,stcnd que nous ne
sommes plue le produit de la nnture, mais de nos vrqpres vioes 4insi
que de ceux de nos pères. Nous Û.vons égiüement un bel exemple d'un des
thèmes chers
à.l'û.uteur
ila d6généro.tion d'une vertu en vice.
Soucieux de réprlmûr les pû.sslons ct û.insi d'npporter
8,la société la.
séourité et une existenco û.iséc,
COBlégislateurs ont d'.:1bord connu,un
certnin succès. 'outefois leurs nmbitions mal dirigées l'ont emporté
sur le bien qu'ils
accomplis~ient.Si la ra.isQn défaillante et les passions libérées ont causé
29
Ib1d. p., 241•
.
\
•
*
22 ,.
de tels ra.vügea
àl
tintûrieur do la. f,0ciét6, ?n peut se domander quel,
a été leur effet sur 10 pla.n international. D'a.près
l'~uteur,toutes los
républiques a.vaient reconnu l'utillté de oe qu'il a.ppelle l'amour de la.
patrie. Les hommes poli tiques se sont malheureusement trop penchés
surla façon de l'insplrcr et de l'étendre au détriment de la. manière dont
la ra.ison doit 10 gouvorner et le dirigerJ Le n3.tionn.lismo, bien dlrigé
doit nécessa.irement mener
àl'amour do
~hurnnnité
tout entière •
Son portralt de
t~société naissante nous prouve qu'il en a clté tout le
contraire. S '\1
élf::111u
À.l 'homme une longue période d'ac11.ptation avant
de
consenti~ àformer ln société,
i lost normal que lus Etats se soient
montrés encore plue 10nts à contracter des alliances entre eux.
Penlli~nt
plusieurs siècles lours cltoyons n'étaient oncore quo dûs
brigand~
sauvages qui conserva.ient
.
àl'égard de lours voisins cotte
méfianco
~cette férocité dont ils s'éta.ient
àpoine
dé~~rrassésles
uns envers los autres.
Laforoe, le courage et
laviolenoo figuraient
~~rmllours premières vortus. L'estime attachée
àcos qualltés, a fait
nattre dos préJug6s qui ont bloqué toute tentative cio la raison
no.issa.nte. Plus on sc montra.it sévère onvers ses ennemis, ).llus on pensait
donner <les preuves de son cour3.ge ct de .. son hablloté.
~résultat fut
10 suivant
1uj:
f~usse
gloire éblouit ct trompa tous les
osprits et dans ce silence do la
r~ison,qul no savait
~~s
encore qu'ello
avait~dosdroits
àr8clamor, 10
préJugé persuada que tout ôtait pormis au plus fort.3°
Selon l'auteur, ce r3.pport àe forces constitualt \ l'époque,
l'apogée du comportement social Ces violences pratiquées envers los
étrangers, nous
on~ ~nh~r~::~ degré~
a
etro injustes et cruels
envet's nos propres ci
to~
~:-
neu d 'habi ter
unmonde animé par lC13
vertus,
c'éta~l'esprit do tyrannie qui règnnit. Une république fondée
sur
do·tels principes, ne pouvait évidammont subsister.
30 Id. Entretiens do Phocion, p. 131
•
.'
Malgré cette dénonciation
fulgur~ntede la sooiété et de ses
valeurs, l'homme resto,
a.ux yeuxde l 'autour, fondamentalement bon.
I l
s'agit de faire
U1Wréorgo.ni~n
totale do nos oapaci
téset de les
utiliser selon los exigenoes de la
nature :
Ne
bl!mons
pas,
aveo Xénon, toutes les
affeo-ta.tion~de notre
~mepuisqu'elles sont néoessaires ;
puisque la nnture noua los a données pour nous
~treut
iles ct contribuer
ànotre bonheur ; pu,iequ' elles
peuvent nous oonduire
àla vertu si nous voulions
profiter dos conseils salutaires de notre raison
qui
est le don le plus prôoiaux qu'olle pouvait nous
fairè.
31
Mably garde non seulement sa. foi dans 10 pouvoir do la raison,
mais il
80 fietotalement
àla
sagessedu créateur. Si l'homme a
unodouble nature,
uneraison ot des passions, il doit on
~troainsi.
Il suffit de saVOlr en profiter, a.fin de retrouver la route de la
féli~ité.Dans le
oho.p~tre suivant, nous verrons comment Mably entend entreprendre
cotte rooherohe.
31
Ibid. p. 178
\,
c-I
24
.\
CIL'l.PITm~ III
A Pour une sciqnce du bonheur
Mably peut difflCllement masquer sn déception et Bon amertume fo.ce à. un Monde qu'il considère en proie à. l'anénntissement, à tu:l~
dévnst~ti0n le~te ct perpét~lle. Un étudiant assidu de l'~volution
de~ sociétqs 1 r!nb~tai t peraunèé que les hammes f.l' obstinaient à commettre les m~mes erreurs. Le s~èctncle d'une société où l'an~rchi~
des int8r~ts r0b~nlt, n suscité ~ mnlntes reprises l'indir,nntion de ,; l ' ;Lutenr.
•
• 2 • r...
Ln: soci~t6 n' ri. p"rosC]ue offert partout qu'un
nsncm~~Go d'oPDresse~~s et d'opnrlm0s j ~ille
ré-volutiohs ont déj.l ch~r;é la fnce lle 1'1. terre ct ont [nit dlspnrnître los empires les plus conSldérables ct cepend~nt t;Lnt n'exprrloncos réitérées n'ont " m8rne P1,S pu nous fnlro sOll,flçonner fjUC nOUG cherchons
le bonheur 0\1 il n'est pas.
32
Tout nu long de 81, vio, Mnbly s'ost nourri ~o l,es~OlT d'lillO science du bonheur. L~ certitu~e do son existence le pousse à crltiquer non pns l'hornne, rn-ua 0""'. f1,çon de poursulvre son bonheur.
rI
l'li esti .
c1'1,ut""'.l1t plus lhfflClle de pnrclonnor cette erreur sn.chnnt flue les hommes n' ,v,-nont C]u' à fr'lre un uSî..ge rnlS lnn<'.blc do ces fncul t{>s qui leur G~r~nt~ssaient ln f611cité. La rechorche du bonheur devient nIera un exercice intellectuel.
En offet, î..vant de pouvoir aSSUMer ses responsabilltés on tant que mdmbre cl' un0 soclét6, le ci toyon dOl t a\lpo.ré\vnnt, les conna'Ltre. Afin que chacun so rende COMpte do l' ar:1plcur et de la gr'1.ndeur de sa mlsslon, r-!<'.bly pr0T'ClœIG une prl.sc de conscience collective. SOUCl.OUX alors de rénfformir le drolt de ln raison, l'~uteur lmagine une élite de penseurs, chnrgée de senslbl}l.:mer 1[1. m::1SGe h ses dcvoir~ et ainsi entamer son éCtuc1\tion politique et sociale :
32 Id, Dû ln Lutai sln.tion, p. 21