• Aucun résultat trouvé

La prise en compte du développement durable dans les entreprises québécoises et les PME manufacturières

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "La prise en compte du développement durable dans les entreprises québécoises et les PME manufacturières"

Copied!
282
0
0

Texte intégral

(1)

La prise en compte du développement durable dans les

entreprises québécoises et les PME manufacturières

Thèse

Sonia Chassé

Doctorat en sciences de l’administration

Philosophiæ Doctor (Ph.D.)

Québec, Canada

© Sonia Chassé, 2013

(2)
(3)

R

ÉSUMÉ GÉNÉRAL DE LA THÈSE

Le développement durable (DD) a fait l’objet de beaucoup d’attention depuis la fin des années 80, interpellant les différents acteurs de la société à des changements de comportements. Différentes actions institutionnelles et privées ont été initiées pour favoriser l’adoption du concept. C’est le cas au Québec où le gouvernement a mis en place en 2004 un Plan de développement durable, suivi de la Loi sur le développement durable en 2006.

Diverses recherches ont analysé la manière dont les entreprises réagissent face aux différentes pressions pour élargir leurs sphères de responsabilité, mais certaines questions essentielles demeurent peu étudiées dans la littérature. C’est le cas notamment des entreprises qui démontrent des comportements passifs et négatifs face à l’intégration du DD, et parmi elles, les PME en particulier. De façon générale, les PME offrent un terrain fertile à explorer en raison de leur importance et de leur poids économiques, et de leur faible engagement historique sur l’aspect environnemental du DD.

L’objectif de cette recherche qualitative est donc de dégager un portrait d’ensemble des pratiques et discours des entreprises, et des PME en particulier, sur le DD. Plus spécifiquement, cette recherche vise à analyser le positionnement des entreprises québécoises face au DD et aux politiques publiques sur la question, et les perceptions et justifications des PME qui sont moins actives dans ce domaine. Pour ce faire, une analyse de contenu a été menée à partir de 69 mémoires déposés par le milieu des affaires lors de la consultation publique sur le Plan de développement

(4)

durable du Québec en 2005, suivie par une étude de cas dans neuf PME manufacturières reposant sur 33 entretiens.

Les résultats mettent en lumière que des positions rébarbatives à la mise en œuvre du DD sont assumées et justifiées par les entreprises. De plus, les comportements inactifs en DD apparaissent tout autant légitimes que les pressions croissantes et les discours dominants favorisant l’adoption du DD. Ceci remet en question la littérature récente qui s’est montrée assez optimiste sur l’engagement des entreprises en DD, et particulièrement des PME.

(5)

T

HESIS ABSTRACT

Since the end of 1980s, Sustainable Development (SD) has been made the object of much attention, driving the different actors of society to change their behaviors. Various institutional and private initiatives were introduced favoring the implementation of the concept. It was the case for example in Quebec, where the government introduced in 2004 a Plan de développement durable, followed by a the Sustainable Development Act in 2006.

Various studies focused on the manner in which companies react to different pressures to widen their spheres of responsibility, but some key issues remain little studied in the literature. This is particularly the case for companies that display passive and negative behavior in the field of the integration of the integration of SD, and Small and Medium-Sized Entreprises (SMEs) in particular. SMEs offer a fertile ground for exploration because of their importance and economic weight, and their historically commitment to the environmental aspects of the SD.

The objective of this qualitative study is to produce a portrait of the practices and the discourses of companies, in particular SMEs, in the field of the SD. More specifically, this research aims to analyze the stance of Quebec companies towards SD and of the public policies on this matter, as well as the perceptions of the SMEs which are less committed in this area and the justifications provided.

To this end, a content analysis To this end, a content analysis of 69 submissions presented by the business community during the public consultation on the Plan de

(6)

développement durable du Québec in 2005 was conducted, followed by a case study in nine manufacturing SMEs based on 33 interviews.

The results allow to highlight the fact that enterprises adopt and justify passives positions to towards the implementation of SD are assumed and justified by the enterprises. In addition, the inactive behaviors in the field of SD seem just as legitimate as the increasing pressures and the prevailing views favoring the adoption of the SD. This calls into question the findings of recent studies, which adopt an optimistic view on the business engagement in SD, particularly among SMEs.

(7)

R

ÉSUMÉ

/A

BSTRACT

:

A

RTICLE

1/P

APER

1

Titre : Positions du milieu des affaires face au développement durable

Résumé :

L’institutionnalisation du développement durable interpelle un nombre croissant de gestionnaires préoccupés notamment par les incidences socio-économiques de la mise en place de nouvelles politiques et de nouveaux règlements dans ce domaine. Au Québec, la consultation publique sur l’avant-projet de loi sur le développement durable en 2005 a suscité l’intérêt de centaines d’organisations et d’individus. Parmi eux, 69 entreprises et regroupements d’affaires ont réagi à cette initiative gouvernementale. L’analyse de ces réactions montre que le milieu des affaires présente quatre grandes positions face à l’encadrement législatif du développement durable : les adeptes proactifs, les suiveurs contingents, les passifs indifférents et les opposants déclarés. L’article indique les tenants et les aboutissants de ces positions, ainsi que leurs implications pratiques pour les gestionnaires et pour les gouvernements.

(8)

Title: Positions of the Business Community in Relation to Sustainable

Development

Abstract:

The institutionalization of sustainable development has caught the attention of an increasing number of managers, preoccupied by the socioeconomic impact of the implementation of new policies and regulations in this area. In Quebec, the public hearings on the draft bill on sustainable development held in 2005 attracted the interest of hundreds of organizations and individuals. Among them, 69 companies and business associations reacted to this government initiative. An analysis of their reactions reveals four main positions within the business community vis-à-vis the adoption of a legislative framework for sustainable development: proactive proponents; contingent followers; passive indifference; and declared opponents. This article discusses the ins and outs of each of these positions, as well as their practical implications for managers and governments.

(9)

R

ÉSUMÉ

/A

BSTRACT

:

A

RTICLE

2/P

APER

2

Titre : Revisiter le ‘biais positif’ des PME exemplaires en développement durable :

Une étude de cas parmi les PME passives

Résumé :

L’objectif de cette étude est d’explorer les perceptions du développement durable des PME peu ou pas engagées en développement durable dans le but de mettre en lumière comment ces organisations gèrent ou réagissent aux défis économiques et aux pressions institutionnelles pour mettre en œuvre des pratiques dans ce domaine. Sur la base des résultats d'une étude de cas menée dans neuf PME manufacturières canadiennes, cette étude questionne la croyance souvent prise pour acquise à l’effet que le développement durable est perçu comme une source de légitimité dans les PME. La recherche remet en cause le postulat, largement partagé dans la littérature, selon lequel les PME sont de plus en plus conscientes des avantages reliés à la mise en œuvre du développement durable. Les résultats mettent en lumière un éventail d’opinions dissidentes et sceptiques qui a été largement négligé dans la littérature, malgré le fait que cela reflète probablement les positions de la majorité des PME.

Mots clés : Développement durable; PME; étude de cas; responsabilité sociale et

(10)

Title: Revisiting the ‘Positive Bias’ Toward Sustainable SMEs: A Case Study

Among Passive Organizations

Abstract:

The objective of this study was to explore perceptions of sustainable development (SD) in small and medium-sized enterprises (SMEs) with little or no commitment to SD in order to understand how SMEs manage and respond to the economic challenges of SD and the institutional pressures to implement sustainable practices. Based on the results of a case study conducted in nine Canadian manufacturing SMEs, this study challenges the common belief that SD is seen as a source of legitimacy in SMEs. The paper also sheds doubt on the assumption that SMEs are becoming increasingly aware of the benefits of promoting sustainability. The findings shed light on a range of dissident views and skeptical attitudes that have been largely overlooked in the literature.

Keywords: Sustainable development; SMEs; case study; organizational greening;

(11)

R

ÉSUMÉ

/A

BSTRACT

:

A

RTICLE

3/P

APER

3

Titre : Légitimer le manque d’engagement pour le développement durable : Une

étude de cas parmi des PME passives.

Résumé :

L’objectif de cet article est d’explorer comme les décideurs des petites et moyennes entreprises (PME) expliquent leur manque d’engagement envers le développement durable en utilisant des techniques de neutralisation dans le but de rationaliser et légitimer, à l’aide d’arguments socialement acceptables, leur peu d’actions dans ce domaine. Une étude de cas basée sur 33 entrevues dans neuf PME canadiennes a été menée. Les résultats démontrent que les décideurs rencontrés utilisent plusieurs techniques de neutralisation pour expliquer leur manque d’engagement envers le développement durable. Ces techniques peuvent être regroupées autour de trois principaux types de rationalisations : priorisation de la survie économique (priorités économiques, contrôle des risques); recours à un bouc émissaire (transfert des responsabilités, ‘small is beautiful’, accusation des accusateurs); déni et minimisation (déni des impacts négatifs, minimisation des questions environnementales, auto-proclamation). Cette étude questionne l’ampleur de la dissémination du développement durable dans les PME et dans le milieu des affaires en général. Elle met également en lumière, du point de vue des dirigeants, les raisons et les justifications expliquant le manque d’engagement pour le développement durable.

(12)

Mots clés : développement durable; PME; management environnemental;

stratégies de légitimation; techniques de neutralisation; influence des médias; justification morale.

(13)

Title: Legitimizing Corporate Unsustainability: A Case Study Among Passive

SMEs

Abstract:

The objective of this paper is to explore the manners in which decision-makers of small and medium-sized enterprises (SMEs) explain their lack of commitment to sustainability by using techniques of neutralization, intended to rationalize and legitimize, through socially acceptable arguments, the absence of substantial actions in this area. A case study based on 33 interviews in 9 Canadian SMEs was conducted. The results of this study show that managers use several techniques of neutralization to explain their lack of commitment to sustainability. These techniques can be grouped around three main kinds of rationalizations which were evoked by most managers interviewed: prioritization of economic survival (economic priorities, risk control); look for a scapegoat (transfer of responsibilities, small is beautiful, condemnation of the condemners); denial and minimization (denial of negative impacts, minimization of sustainability issues, self-proclaimed sustainability). The study questions the common assumption on the extent to which sustainable development (the SD) is implemented in the SMEs and the business community in general. The study also sheds more light on the reasons underlying the lack of commitment to the SD and its justification in the eyes of the managers.

Keywords: Sustainability; SMEs; environmental management; legitimation

(14)
(15)

TABLE DES MATIÈRES

RÉSUMÉ GÉNÉRAL DE LA THÈSE ... III THESIS ABSTRACT ... V RÉSUMÉ/ABSTRACT: ARTICLE 1/PAPER 1 ... VII RÉSUMÉ/ABSTRACT: ARTICLE 2/PAPER 2 ... IX RÉSUMÉ/ABSTRACT: ARTICLE 3/PAPER 3 ... XI LISTE DES TABLEAUX ... XXIII LISTE DES ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES UTILISÉS ... XXV ÉPIGRAPHE ... XXVII

Figure 1 : Caricature qui a été l’élément déclencheur pour l’étude des réactions des entreprises

face au DD ... xxvii

REMERCIEMENTS ... XXIX AVANT-PROPOS... XXXI 1. CHAPITRE D’INTRODUCTION GÉNÉRALE DE LA THÈSE ... 1

1.1 PERTINENCE ET ORIGINALITÉ DU PROJET ... 4

Figure 2 : Schématisation des deux étapes de la recherche ... 7

1.2 LES PME FACE AU DÉVELOPPEMENT DURABLE ... 8

(16)

Figure 3 : «Poids du secteur manufacturier dans certaines économies de l’OCDE en pourcentage

du PIB» ... 9

1.2.2 Les recherches sur les PME et le développement durable ...10

Tableau 1 : Études empiriques menées essentiellement dans des PME inactives en DD dans les articles académiques ...12

1.3 OBJECTIFS DE LA RECHERCHE ... 14

1.4 STRUCTURE DE LA THÈSE ... 16

1.5 L’APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE GÉNÉRALE ... 17

1.6 MISE EN CONTEXTE DE LA RECHERCHE ... 19

1.6.1 Le contexte institutionnel ...19

1.6.2 Le contexte corporatif ...20

CHAPITRE 2 : POSITIONS DU MILIEU DES AFFAIRES FACE AU DÉVELOPPEMENT DURABLE ... 27

Résumé ...27

Abstract ...28

2.1 LE DÉVELOPPEMENT DURABLE : DES ENJEUX CONTROVERSÉS .. 30

2.2 LE PLAN DE DÉVELOPPEMENT DURABLE DU QUÉBEC ... 34

2.2.1 Les objectifs et le contenu de la loi ...34

Tableau 2 : À propos du Plan de développement durable du Québec ...36

(17)

Tableau 3 : Liste des 69 entreprises et regroupements d’entreprises du milieu des affaires ayant

participé à la consultation sur le Plan de développement durable du Québec ... 37

Figure 4 : Raisons de participer à la consultation sur le Plan de développement durable du Québec ... 40

Tableau 4 : À propos de l’étude /méthodologie ... 40

2.3 LES POSITIONS DU MILIEU DES AFFAIRES RELATIVEMENT À L’INSTITUTIONNALISATION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ... 41

Figure 5 : Typologie des représentations sociales du développement durable par le milieu des affaires ... 43

2.3.1 Les adeptes proactifs ... 43

2.3.2 Les suiveurs contingents... 46

2.3.3 Les passifs indifférents ... 49

2.3.4 Les opposants déclarés ... 50

2.4 LES IMPLICATIONS PRATIQUES POUR LES GESTIONNAIRES ET LES GOUVERNEMENTS ... 53

2.5 CONCLUSION ... 56

RÉFÉRENCES ... 59

CHAPITRE 3: REVISITING THE ‘POSITIVE BIAS’ TOWARD SUSTAINABLE SMES: A CASE STUDY AMONG PASSIVE ORGANIZATIONS ... 65

Résumé ... 65

Abstract ... 66

(18)

3.2 SUSTAINABLE DEVELOPMENT IN SMES: A LITERATURE REVIEW . 70

3.2.1 The specificities of sd in smes ...72

Table 5: The Characteristics of Sustainability in SMEs ...74

3.2.1.1 Owner-managers’ Values and Perceptions of SD ...76

3.2.1.2 The Benefits of Sustainability in SMEs ...78

3.2.1.3 Institutional Pressures on Sustainability in SMEs ...81

3.2.2 The ‘Positive Bias’ of the Literature ...83

3.3 METHODS ... 86

3.3.1 Case selection ...87

Table 6: Cases and Interviews ...89

3.3.2 Data collection ...90

3.3.3 Data analysis ...91

3.4 RESULTS ... 92

3.4.1 An Issue Disconnected From SME’s Concerns and Practices ...92

3.4.2 The Economic Barriers to SD Initiatives ...97

3.4.3 The Lack of Interal Confidence and Conditions for SD Initiatives ...101

3.4.4 The Elusiveness of Institutional Pressures ...104

3.5 DISCUSSION ... 107

3.6 CONTRIBUTIONS ... 109

Table 7: Positive bias and main results of the study ...111

(19)

REFERENCES ... 116

Résumé ... 129

Abstract ... 130

4.1 INTRODUCTION ... 130

4.2 SMES AND SUSTAINABILITY: FROM EXTERNAL PRESSURES TO RESPONSIBLE BEHAVIOR ... 134

4.2.1 The Institutional Pressures for SMEs Sustainability ... 135

4.2.2 The main drivers of corporate (un)sustainability ... 136

4.2.3 Legitimizing SMEs unsustainability through techniques of neutralization ... 138

Table 8: Main techniques of neutralization observed in previous studies ... 141

4.3 METHODS ... 143

4.3.1 Case selection... 144

4.3.2 Data collection ... 146

Table 9: Cases Studied and Interviews Conducted ... 147

4.3.3 Data analysis ... 147

4.4 TECHNIQUES OF NEUTRALIZATION USED TO JUSTIFY THE LACK OF COMMITMENT TO SUSTAINABILITY ... 148

Table 10: Most Common Techniques of Neutralization and Representative Examples ... 150

4.4.1 Prioritization of Economic Survival ... 152

(20)

4.4.3 Denial and Minimization ...156

4.5 DISCUSSION AND CONCLUDING REMARKS ... 158

4.5.1 Contributions ...159

4.5.2 Implications and Avenues for Future Research ...161

REFERENCES ... 164

5. CHAPITRE DE CONCLUSION GÉNÉRALE DE LA THÈSE ... 179

5.1 RAPPEL DES PRINCIPAUX RÉSULTATS ... 179

5.1.1 Positions du milieu des affaires face au développement durable ...180

5.1.2 Revisiting the ‘positive bias’ toward sustainable SMEs: A Case Study among Passive Organizations ...181

5.1.3 Legitimizing Corporate Unsustainability: A Case Study Among Passive SMEs ...182

5.2 CONTRIBUTIONS DE LA THÈSE ... 182

5.2.1 Contributions à la littérature...183

5.2.2 Contributions théoriques ...185

5.2.3 Contributions au niveau pratique ...187

5.3 LIMITES DE L’ÉTUDE ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE ... 189

5.3.1 Limites de l’étude ...189

5.3.2 Perspectives de recherche ...191

BIBLIOGRAPHIE INTÉGRÉE ... 195

(21)

ANNEXE 1 : ÉVALUATION DE LA RECHERCHE ... 224

Tableau 11 : Critères d’évaluation et stratégies utilisées dans cette recherche ... 224

ANNEXE 2 : QUESTIONNAIRES UTILISÉS POUR L’ÉTUDE DE CAS

MULTIPLES (ARTICLES 2 ET 3) ... 228 ANNEXE 3 : AUTORISATION DU COMITÉ D’ÉTHIQUE DE LA RECHERCHE DE L’UNIVERSITÉ LAVAL ... 246 ANNEXE 4 : FORMULAIRE DE CONSENTEMENT DES RÉPONDANTS .. 247

(22)
(23)

L

ISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Études empiriques menées spécifiquement dans les PME inactives en DD dans des articles académiques …………...………..…………...…………..12

Tableau 2 : À propos du Plan de développement durable du Québec………...…..36

Tableau 3 : Liste des 69 entreprises et regroupements d’entreprises ayant participé à la

consultation sur le Plan de développement durable du Québec………..37

Tableau 4 : À propos de l’étude /Méthodologie………...40

Tableau 5: The Characteristics of Sustainability in SMEs………...……….74

Tableau 6: Cases and Interviews……….89

Tableau 7: Positive bias and main results of the study………111

Tableau 8 : Main techniques of neutralization observed in previous studies……….……141

Tableau 9 : Cases and Interviews conducted ……….….………..….……147

Tableau 10 : Most common techniques of neutralization and representative examples ………..150

(24)

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Caricature qui a été l’élément déclencheur de la recherche ... .xxvii

Figure 2 : Schématisation des deux étapes de la recherche ... 7

Figure 3 : Poids du secteur manufacturier ... ……… …………..….9

Figure 4 : Raisons de participer à la consultation sur le Plan de développement durable du

Québec ……… ... ……… ……….40

Figure 5 : Typologie des représentations sociales du développement durable par le milieu des affaires……… ... …………..……….….43

(25)

L

ISTE DES ABRÉVIATIONS ET ACRONYMES UTILISÉS

ACC Association canadienne du ciment

ACRGTQC Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec AICPA American Institute of Certified Public Accountants

AQIC Association québécoise des industriels de compostage

AQINAC Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière CETAF Corporation des entreprises en traitement de l’air et du froid

CFC Chlorofluorocarbons

CICA Canadian Institute of Chartered Accountants CIMA Chartered Institute of Management Accountants

CMED Commission mondiale sur l’environnement et le développement CPEQ Conseil patronal de l’environnement du Québec

CSR Corporate Social Responsibility DD Développement durable

DOI Digital object identifier EC European Commission EU European Union

FCEI Fédération canadienne des entreprises indépendantes GDP Gross Domestic Product

GQ Gouvernement du Québec

ICC International Chamber of Commerce IEA International Energy Association

IISD International Institute for Sustainable Development IPCC International Panel of Climate Change

MDDEP Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (Québec)

OCDE Organisation de coopération et de développement économiques OECD Organization for Economic Co-operation and Development ONU Organisation des Nations Unies

PME Petites et moyennes entreprises QDA Qualitative data analysis

RNBS Research Network for Business Sustainability

RNI Règlement sur les normes d’intervention dans les forêts du domaine de l’État

SD Sustainable Development

SMEs Small and medium sized enterprises SP Social performance

SR Social responsibility

UNIDO United Nations Industrial Development Organization UPA Union des producteurs agricoles

(26)
(27)

É

PIGRAPHE

Cet intérêt pour les comportements rébarbatifs des entreprises face aux pressions pour intégrer des préoccupations de développement durable a été déclenché en 2005 par cette caricature publiée dans le

journal Le Soleil de Québec et réalisée par André-Philippe Côté. Elle illustre la réaction des chefs d’entreprises suite à la consultation du ministre fédéral de l’Environnement de l’époque, Stéphane Dion, sur la réduction volontaire des émissions de gaz à effet de serre.

Ayant travaillé plusieurs années dans le milieu des affaires, cette caricature m’a semblé livrer un message, malgré tout, assez juste du comportement de plusieurs chefs d’entreprises et gens d’affaires que j’avais eu l’occasion de côtoyer. J’ai alors commencé à être plus attentive à ce genre de discours souvent

moins en phase avec ce qui était véhiculé et socialement souhaitable. C’est ainsi qu’a débuté un long questionnement sur l’intégration du développement durable dans les entreprises et qui a mené à la réalisation de cette thèse.

FIGURE 1 :CARICATURE QUI A ÉTÉ L’ÉLÉMENT DÉCLENCHEUR POUR L’ÉTUDE DES RÉACTIONS DES ENTREPRISES FACE AU DD

(28)
(29)

R

EMERCIEMENTS

Le long cheminement qui mène à la réalisation d’une thèse de doctorat ne peut se faire sans le soutien de nombreuses personnes et organisations. Que ceux et celles qui m’ont appuyée dans ce processus soient ici remerciés. En particulier :

- Julien Lavertu qui a agi comme premier ‘sponsor’ me permettant de vivre ce rêve de retour à la vie universitaire;

- Olivier Boiral, mon directeur de recherche dont les exigences élevées et son souci de la perfection ont été très formateurs;

- L’Institut Hydro-Québec en environnement, développement et société qui m’a accordé une bourse pour le début de mon travail de recherche;

- Jessica Veillet (MBA responsabilité sociale et environnementale) et le professeur Charles Baron de la faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval qui ont participé à certaines étapes de la recherche;

- Mes différents comités de thèse (en ordre chronologique) : Marie-Josée Roy, Laurent Bourdeau, Christophe Roux-Dufort, François Labelle.

- Les organisations et les personnes qui ont généreusement accepté de me rencontrer pour accorder des entrevues;

- La Faculté des sciences de l’administration, son personnel dynamique et les étudiants stimulants qui la composent. Grâce à eux, j’ai confirmé ma passion de l’enseignement universitaire.

(30)
(31)

A

VANT

-

PROPOS

Cette thèse est composée de trois articles.

 L’article 1 (chapitre 2) a été publié dans le Revue Gestion :

Chassé, Sonia & Olivier Boiral (2009). Positions du milieu des affaires face au développement durable». Revue Gestion, Montréal, 34(1) : 47-57.

 L’article 2 (chapitre 3) a été soumis à une revue pour publication. Il pourrait subir des modifications à la suite des commentaires des réviseurs.

L’article 3 (chapitre 4) a été soumis à la revue Journal of Business Ethics pour publication. Il doit subir certaines modifications à la suite des commentaires des réviseurs.

Comme premier auteur de ces articles, j’ai été en charge du design de recherche, des revues de littérature, de la collecte et de l’analyse des données, de la première rédaction des manuscrits. Le co-auteur des trois articles, M. Olivier Boiral, aussi mon directeur de recherche, a eu une contribution significative dans la révision des articles (contenu et analyse).

AFFILIATION DU CO-AUTEUR DES ARTICLES :

Olivier Boiral est professeur à la Faculté des sciences de l’administration, Université Laval (Québec, Canada).

(32)
(33)

1. Chapitre d’introduction générale de la thèse

Face aux pressions croissantes, les préoccupations sociales et environnementales sont de plus en plus intégrées à la gestion des entreprises. Incitées à prendre en compte les effets de leurs actions et à assumer des rôles qui débordent le domaine strictement économique, les organisations doivent jusqu'à un certain point redéfinir leurs responsabilités et du même coup, les cadres de leurs interventions (Scherer & Palazzo, 2011; Kolk & van Tulder, 2010). Il est donc de plus en plus courant de prendre pour acquis et de lire dans les articles académiques que les entreprises n’ont plus le choix d’intégrer des préoccupations de gestion élargies (Caprar & Neville, 2012; Nidumolu et al., 2009; Starik & Rands, 1995). Les stratégies mises en place s'articulent souvent autour du concept de développement durable, popularisé par la Commission mondiale sur l'environnement et le développement (le Rapport Brundtland) en 1987-1988, et défini alors comme un mode «de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs» (CMED, 1988 : 51).

Même si le développement durable a fait l’objet d’une attention accrue de la part des entreprises (Kolk & van Tulder, 2010; Taneja et al., 2011), il demeure que leurs engagements dans ce domaine ne sont pas univoques (Campbell, 2007) et couvrent le spectre des plus engagées aux moins intéressées (Lee, 2011). Le développement durable appliqué se révèle souvent complexe à assumer et à mettre en œuvre dans le milieu des affaires (Hahn et al., 2010; Devinney, 2009; Campbell, 2007; Pagell & Gobeli, 2009). Selon la littérature, ceci est attribuable à quatre principales raisons.

(34)

Premièrement, les multiples interprétations et le caractère ambigu et malléable du concept (Aguilera et al., 2007; Taneja et al., 2011; Springett, 2003; Moneva et al., 2006; Milne et al., 2006) rendent sa traduction en actes concrets souvent aléatoire. En effet, la définition et l’interprétation du développement durable sont loin de faire l’unanimité (Barkmeyer et al., 2011; Williams & Millington, 2004), ce qui se traduit notamment par de multiples récupérations du concept par les dirigeants économiques et politiques (Banerjee, 2008; Springett, 2003; Boiral, 2007b).

Deuxièmement, la considération des trois volets du DD (environnemental, social, économique) ne peut se faire aisément, car elle implique des conflits de priorités dans les entreprises (Fassin et al., 2011; Moon, 2007; Fenwick, 2010). Ceci exige donc qu’elles fassent des compromis entre les considérations économiques, environnementales et sociales (Hahn et al., 2010; Jenkins, 2004; Margolis & Walsh, 2003; Revell & Blackburn, 2007).

Troisièmement, dans le contexte d’ouverture des marchés, les entreprises sont en compétition au niveau mondial. L’application du DD peut représenter des risques potentiels, puisque les obligations reliées peuvent engendrer des coûts. Ceci est aggravé par le fait que les exigences réglementaires sont hétérogènes dans ce domaine, ce qui peut les désavantager ou les rendre vulnérables puisque certains pays ont des règles plus souples (Scherer & Palazzo, 2011). Elles peuvent donc être plus réticentes à sa mise en œuvre.

Finalement, et pour toutes les raisons qui précèdent, les plus petites entreprises, qui occupent l’essentiel du tissu économique dans le monde (OECD, 2005), semblent éprouver des difficultés supplémentaires à l’opérationnalisation du développement durable. Celles-ci s’expliquent notamment par leurs ressources

(35)

limitées (Cassels & Lewis, 2011; Rutherfoord et al., 2000), et le peu de pouvoir économique et politique dont elles disposent (Lepoutre & Heene, 2006).

Les orientations des recherches sur la mise en œuvre du développement durable dans les entreprises permettent de réaliser trois constats importants.

Premièrement, la fenêtre d’observation des chercheurs semble centrée sur les entreprises considérées comme exemplaires ou proactives dans le domaine (Campbell, 2007; Kusyk & Lozano, 2007). Même les entreprises dont les activités sont peu compatibles avec le développement durable ont été des sujets de recherche lorsqu’elles ont démontré des comportements actifs pour atténuer les effets négatifs liés à leurs opérations (Ählström et al., 2009).

Deuxièmement, et en corollaire, la majorité des recherches conclut à une perspective positive de la relation entre l’économie et le développement durable (Hahn et al., 2010; Orlitzky et al., 2003; Margolish et al., 2008) qui ne tient pas nécessairement compte dans le détail des difficultés impliquées par sa mise en œuvre.

Troisièmement, malgré l’importance économique et sociale des PME, elles ont été moins étudiées que les grandes entreprises (ex. Fassin et al., 2011; Baden et al., 2011; Spence, 2007). Ce type d’entreprise représente environ 95% des organisations privées dans le monde (OECD, 2005), ce pourcentage variant selon les définitions (basées essentiellement sur le nombre d’employés). De plus, on a souvent reconnu leur faible engagement sur l’aspect environnemental du DD (ex. Tilley, 1999; Rutherfoord et al., 2000; Revell, 2003; Drake et al., 2004 ), même si plusieurs études empiriques récentes tendent à montrer que la situation se serait améliorée (Revell

(36)

et al., 2010; Battisti & Perry, 2011; Collins et al., 2010). Cette évolution peut être attribuée à plusieurs raisons exogènes telles que l’influence des médias, l’augmentation des scandales financiers et des catastrophes liées aux facteurs naturels et anthropiques (Holt & Barkemeyer, 2012). Néanmoins, il importe de souligner que le biais de désirabilité sociale associé à ce type de question (Roxas & Lindsay, 2012; Aragon-Correa & Rubio-Lopez, 2007) peut aussi expliquer cette évolution. Dans cette perspective, les pressions et la rhétorique optimiste favorisant la mise en œuvre du DD peuvent davantage mener à des adaptations superficielles et symboliques plutôt qu’à des actions significatives dans le domaine (Jiang & Bansal, 2003; Christmann & Taylor 2006 ; Boiral, 2007a; Heras-Saizarbitoria et al., 2011). Ainsi, ces adaptations visant à répondre aux attentes sont des ‘mythes’ qui ne sont pas nécessairement représentatifs de la réalité (Meyer & Rowan, 1977).

Ces constats démontrent que certaines pistes de recherche demeurent moins explorées, notamment les perceptions et les réalités vécues dans les entreprises qui ne voient pas que des avantages positifs au DD, et les entreprises qui résistent à l’engouement du DD, dont apparemment un nombre important de PME.

En lien avec le contenu qui précède, la section suivante présente la pertinence et l’originalité de l’orientation de cette recherche.

1.1PERTINENCE ET ORIGINALITÉ DU PROJET

Cette recherche s’intéresse aux particularités et aux conditions de mise en œuvre du développement durable dans les entreprises, et dans les PME en particulier.

(37)

Identifiées comme des partenaires indispensables (Apospori et al., 2012), les PME sont définitivement interpellées, quoiqu’actives à divers degrés. Leurs réponses et leurs adaptations au DD sont d’un intérêt certain afin de comprendre leurs rhétoriques, leurs rationnels, leurs pratiques réelles et leurs résistances.

Cette recherche s’inscrit également dans les préoccupations actuelles de la communauté scientifique, tout en proposant une démarche qui postule la construction explicative de la connaissance. La pluralité des positions prises par rapport au développement durable illustre bien la complexité des débats sociaux contemporains sur les problèmes fondamentaux, dont l’ampleur ne peut que justifier la compréhension des logiques d’action et d’inaction en présence.

L’orientation ciblée sur des entreprises plus récalcitrantes permet aussi d’éclairer une contre tendance du développement durable, celle qui s’exprime a contrario du politiquement et du socialement correct. En effet, ce sujet est associé à des valeurs positives auxquelles on ne peut guère s’opposer socialement (Roxas & Lindsay, 2012; Aragon-Correa & Rubio-Lopez, 2007).

De plus, la pertinence sociale de la thématique du développement durable est importante, notamment dans le contexte québécois où les autorités publiques interviennent de plus en plus dans le domaine, ceci affectant l’ensemble de la société. Le contexte institutionnel du DD sera présenté plus en détail dans la section 1.6.

Reposant sur une démarche en deux étapes (étude exploratoire et étude de cas), cette recherche inclut trois articles pour analyser la position des entreprises relativement au développement durable. Son point de départ est d’essayer d’avoir

(38)

une vue d’ensemble sur le spectre des positions des entreprises. C’est ce qui a amené ensuite à investiguer plus en profondeur les positions plus passives et résistantes face au développement durable et à son institutionnalisation. La figure 2 à la page suivante illustre la logique des deux étapes de la recherche.

Dans un premier temps, l’étude exploratoire a permis de constater que les entreprises ont des points de vue très contrastés par rapport à l’intégration et à l’institutionnalisation du développement durable. La majorité a exprimé des réserves et des inquiétudes par rapport à ces questions et plusieurs se sont montrées clairement rébarbatives.

Dans un deuxième temps, l’étude de cas a construit sur ces résultats en se concentrant sur les perceptions du DD dans des entreprises peu actives dans le domaine. À cette fin, des entrevues ont été menées dans neuf PME manufacturières. À la suite des entrevues, les résultats qui ont émergé ont permis de dégager un premier aspect pertinent à investiguer plus en profondeur. Ceci a mené (article 2) à mettre en lumière les biais positifs souvent rattachés au DD dans la littérature, ce qui ne tient pas compte de la réalité vécue dans toutes les PME, surtout celles qui sont moins engagées dans le domaine. Ces résultats ont amené à s’interroger plus en profondeur sur les justifications utilisées par les décideurs rencontrés pour rationaliser et légitimer leur peu d’action en matière de DD (article 3).

(39)

 FIGURE 2 :SCHÉMATISATION DES DEUX ÉTAPES DE LA RECHERCHE

La section qui suit vise à justifier plus en détail le sujet de recherche axé sur les PME pour les articles 2 et 3. Afin d’éviter trop de redondances avec ces deux

Étape 1 (article 1) : Étude exploratoire/Analyse de contenu Promotion du concept de DD par le gouvernement du Québec

Objectif : Analyser les positions du milieu des affaires sur le DD et les politiques publiques sur la question

Résultats (article 1) :

Positions contrastées sur le DD et son institutionnalisation, plusieurs

organisations rébarbatives

Avenues de recherche : Perceptions du DD dans les PME qui représentent l’essentiel du tissu économique

au Québec/ PME peu actives

Étape 2 : Étude de cas

Étude de cas multiples dans des PME manufacturières peu actives en DD

Objectifs : étudier les perceptions du DD dans des PME peu engagées dans le domaine pour comprendre comment elles répondent aux défis économiques et aux pressions institutionnelles pour

implanter des pratiques de DD

Littérature

1ère avenue de recherche (Article 2) :

Objectif : Analyser les perceptions du DD dans les PME

Résultats émergents : biais positifs dans la littérature

2e avenue de recherche (Article 3)

Objectif : Explorer comment les décideurs dans les PME expliquent leur manque

d’engagement en DD

Résultats émergents : Justifications morales (techniques de neutralisation) utilisées par les PME pour rationaliser et légitimer leur

(40)

articles qui font une intégration plus complète de la littérature, seul un résumé succinct sera présenté visant à positionner ensuite les objectifs, la structure et la méthodologie générale.

1.2 LES PME FACE AU DÉVELOPPEMENT DURABLE

Cette section vise à justifier le choix des PME manufacturières peu actives en DD comme échantillon privilégié pour la recherche.

1.2.1 IMPORTANCE DES PME ET DU SECTEUR MANUFACTURIER

Comme dans la plupart des pays industrialisés, le tissu économique du Québec et du Canada est largement composé de PME. Selon une étude publiée sous l’égide de la Fédération canadienne des entreprises indépendantes (FCEI) utilisant les données de Statistiques Canada, 97,7% des entreprises canadiennes ont moins de 50 employés (Wong, 2009). Pour une proportion de PME comparable en Europe, on a évalué qu’elles pouvaient être responsables de 60% à 80% de la pollution totale (Revell et al., 2009; Hillary, 2000), ce qui constitue un impact majeur sur la société et l’environnement.

Quant au secteur manufacturier, l’importance de ses impacts sur l’environnement dépasse même le pourcentage de son poids économique (voir Figure 3). Selon l’International Energy Association (2007), les entreprises de ce secteur utilisent environ le tiers des ressources énergétiques dans le monde et sont responsables directement de 36% des émissions atmosphériques. Elles génèrent également des quantités importantes de déchets (Milar et al., 2011; Williamson et al., 2006), des rejets dans les effluents, et des bruits autour de leurs installations (Holland &

(41)

Gibbon, 1997), ceci sans compter d’autres conséquences indirectes telle que la pollution engendrée par le transport des marchandises, des employés et de toute la chaîne d’approvisionnement. Aussi, leurs installations sont souvent situées dans des parcs industriels en périphérie des villes et villages, généralement non desservis par des services de transport en commun. Tous ces facteurs alourdissement sensiblement l’empreinte écologique et sociale des entreprises manufacturières. Ainsi, leur rôle dans l’atteinte des objectifs visés par le développement durable semble essentiel.

 FIGURE 3 :«POIDS DU SECTEUR MANUFACTURIER DANS CERTAINES ÉCONOMIES DE L’OCDE EN POURCENTAGE DU PIB»

(42)

1.2.2 LES RECHERCHES SUR LES PME ET LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Tel que déjà souligné, le sujet du développement durable dans les PME a été l’objet de moins d’attention dans la littérature que pour les grandes entreprises (ex. Baden et al., 2011; Spence, 2007; Borga et al., 2009; Revell & Blackburn, 2007). Ceci peut s’expliquer par trois raisons inter-reliées. D’abord, les PME se révèlent plutôt discrètes sur leurs activités en général, dont celles portant sur le développement durable. Cette réserve ne signifie pas nécessairement qu’elles soient passives dans le domaine du DD, mais qu’elles font des actions qui sont généralement implicites et peu formalisées (Russo & Perrini, 2010; Russo & Tencanti, 2009; Perrini, 2006; Graafland et al., 2003; Jenkins, 2004). Deuxièmement et en lien avec ce qui précède, il semble que la notion de DD et de ses différentes dimensions ne soient pas nécessairement bien comprises et que des PME pourraient y contribuer sans même le savoir (Castka et al., 2004; Ciliberti et al., 2011). Ceci ne surprend guère considérant le caractère élusif du concept (Barkemeyer et al., 2011; Springett, 2003) et l’association étroite qu’on fait souvent entre le DD et l’aspect environnemental. Troisièmement, les propriétaires dirigeants sont reconnus comme étant moins intéressés à participer à des études universitaires par manque d’intérêt ou de temps (Cassels & Lewis, 2011; Macpherson & Wilson, 2003; Gadenne et al., 2009). Ces réserves peuvent évidemment être plus importantes s’il s’agit d’entreprises moins actives en DD.

Il demeure toutefois que plusieurs informations contradictoires circulent au niveau de l’engagement des PME en développement durable (Moore and Spence, 2006). Les premières études sur les PME et leur engagement environnemental, tel que déjà souligné, les ont souvent décrites comme peu actives dans ce domaine (ex. : Tilley, 1999; Revell, 2003). Cependant, des études empiriques récentes présentent

(43)

un constat beaucoup plus optimiste. Les PME seraient de plus en plus sensibilisées et entreprendraient davantage d’actions pour restreindre les impacts négatifs de leurs activités (Revell et al., 2010; Battisti & Perry, 2011; Collins et al., 2010). Selon la littérature, ce progrès peut être attribuable à plusieurs facteurs. D’abord, les PME ont pu évoluer en étant davantage sensibilisées et informées notamment par les médias (Revell et al., 2010; Williams & Schaefer, 2013) et sous l’influence des réseaux professionnels et d’affaires (Roy & Thérin, 2008; Lawrence et al., 2006). De plus, diverses pressions institutionnelles les auraient amenées à mettre en œuvre des pratiques plus durables afin de répondre aux attentes sociales et aux exigences réglementaires (ex. : Russo & Tencati, 2009; Murillo & Lozano, 2006; Fassin, 2008; Williamson et al., 2006).

L’engagement des PME en DD ne se présente évidemment pas comme un tout homogène (Brammer et al., 2011; Jenkins, 2004, 2006). Leurs actions pour le DD sont contingentes à leurs contextes particuliers (ex. secteur d’activité, environnement d’affaires, proximité géographique avec leurs clients), leurs capacités d’agir (ex. flexibilité financière, procédés utilisés), et les convictions de leurs dirigeants (ex. valeurs, intérêt pour le sujet).

Un autre facteur qui pourrait expliquer les contradictions sur le niveau d’engagement des PME, et qui a peu été considéré dans la littérature, est le choix des entreprises dans lesquelles les recherches ont été menées. En y regardant de plus près, il est possible de constater que les études empiriques, en particulier les études qualitatives, ont été réalisées essentiellement auprès de PME exemplaires dans ce domaine. Peu de chercheurs ont étudié les entreprises passives en DD. Nous avons recensé moins d’une dizaine d’études spécifiquement axées sur des PME inactives en DD (voir le Tableau 1).

(44)

TABLEAU 1 :ÉTUDES EMPIRIQUES MENÉES ESSENTIELLEMENT DANS DES PME INACTIVES EN DD DANS LES ARTICLES ACADÉMIQUES

Auteur(s) Échantillon et secteur(s) d’activités Tilley (1999, 2000) - 2 secteurs industriels : génie mécanique et services d’affaires

- 60 entrevues (2000); PME de moins de 50 employés Rutherfoord, Blackburn &

Spence (2000) - Secteurs : restauration et génie mécanique - Pour chaque secteur : 20 PME de moins de 50 employés, plusieurs micro-entreprises

- 54 entrevues incluant autres parties prenantes dans 2 pays Gunningham & Sinclair

(2002) - Secteur de la carrosserie (‘body shop’) - 21 entrevues dans 13 entreprises et parties prenantes représentatives du milieu; taille des PME non précisée, mais la majorité de celles opérant dans ce secteur a 5 employés et moins

Revell (2003) - Secteurs : génie mécanique et restauration

- Informateurs clés et pertinents et dans une 2e étape, 20 interviews dans des PME dans 2 pays de moins de 50 employés dont plus de la moitié avait entre 1 et 9 employé(s)

Drake, Purvis & Hunt (2004) - Industries de la réfrigération (6/11 PME) et de la cuisson (5/11 PME) - 32 entrevues dans 21 entreprises

- PME = moins de 500 employés Williamson, Lynch-Wood &

Ramsay (2006) - Secteur manufacturier - 31 entrevues avec des propriétaires dirigeants - PME : 250 employés et moins

Mir and Feitelson (2007) - Secteurs : toutes les blanchisseries (61) et les garages de réparations de voitures (46) de Jérusalem

- Micro-entreprises (15 employés et moins)

Revell and Blackburn (2007) - Secteurs de la construction, de l’architecture et de la restauration - 40 entrevues dans les PME et 12 avec des informateurs clés de l’industrie et du gouvernement.

- Taille des PME non précisée

Ces études ont permis de mettre en lumière les réticences des PME face à l’implantation de mesures environnementales. Les principaux aspects qui ont été analysés sont les facteurs affectant leur engagement environnemental (de niveaux variables) tels que la régulation, les pressions externes, les capacités internes et la relation ‘économie/environnement’. Les résultats ont démontré les limites des législations existantes, quoique ce type d’intervention demeure la principale motivation pour le changement (Gunningham & Sinclair, 2002; Drake et al., 2004; Williamson et al., 2006). Au niveau des pressions externes favorisant l’intégration d’actions dans le domaine environnemental, les résultats ont été mitigés selon les

(45)

situations et les PME étudiées. De manière générale, les caractéristiques et le contexte de ces entreprises ont semblé restreindre les actions possibles (Gunningham & Sinclair, 2002; Drake et al., 2004; Revell & Blackburn, 2007; Mir & Feitelson, 2007). Alors que certaines PME ont confirmé une relation positive entre l’environnement et l’économie (Rutherfoord et al., 2000; Drake et al., 2004; Williamson et al., 2006), la plupart d’entre elles a plutôt exprimé une perspective négative (Tilley, 2000; Rutherfoord et al., 2000; Drake et al., 2004; Williamson et al., 2006; Revell & Blackburn, 2007), les actions environnementales étant vues comme un coût additionnel sans perspective de profits à court terme (Tilley, 2000; Gunningham & Sinclair, 2002; Revell, 2003)

Ces recherches ont contribué à illustrer des entreprises passives en matière de développement durable, mais sur l’aspect environnemental seulement. Elles ont été réalisées à une époque où les pressions externes sur les entreprises les incitant à assumer des responsabilités environnementales plus importantes étaient probablement plus faibles qu’aujourd’hui (Revell et al., 2010). De plus, aucune d’entre elles n’avait pour objectif d’étudier des PME démontrant des comportements passifs, ce qui explique les échantillons hétérogènes (PME et grandes entreprises, PME et autres parties prenantes). Finalement, ces recherches ont mis essentiellement en valeur les moteurs et freins à la mise en œuvre du DD en se limitant à une analyse à un niveau descriptif.

Les objectifs de la recherche actuelle, présentés à la section suivante (voir également la section 1.1 sur la pertinence et originalité du projet), permettent de la distinguer des études antérieures à plusieurs égards : échantillon, aspects étudiés, focus d’observation, etc.).

(46)

1.3OBJECTIFS DE LA RECHERCHE

Cette recherche a été initiée pour mieux comprendre comment les entreprises québécoises composent avec les exigences croissantes pour assumer des préoccupations élargies, au-delà de leur rôle économique traditionnel. Comme nous le verrons dans la section 1.6, le contexte institutionnel québécois se révèle de plus en plus actif en développement durable, ce qui interpelle également le secteur privé. Ces éléments contextuels favorisant la mise en œuvre du DD dans les entreprises amènent à se questionner sur leurs réactions et perceptions face au développement durable et à son institutionnalisation.

Dans cette perspective, l’objectif général de cette recherche est de dégager un portrait d’ensemble des pratiques et des discours des entreprises, et particulièrement des PME, sur le développement durable et sur les défis que soulève son institutionnalisation, notamment dans des organisations relativement passives dans ce domaine.

Trois objectifs spécifiques sont liés à cet objectif global (voir Figure 2):

1. Analyser le positionnement des entreprises québécoises relativement au développement durable et aux politiques publiques sur la question (article 1.);

2. Étudier les perceptions du DD dans des PME qui sont peu engagées en DD pour comprendre comment elles répondent aux défis économiques et aux pressions institutionnelles pour implanter des pratiques de DD (article 2); 3. Explorer comment les décideurs dans les PME expliquent leur manque

(47)

rationaliser et légitimer, à travers des arguments socialement acceptables, l’absence d’actions substantielles dans ce domaine (article 3).

Ainsi la recherche devrait contribuer à mieux comprendre la problématique de la mise en œuvre et de l’institutionnalisation du développement durable au Québec du point de vue des entreprises, et des PME en particulier, des acteurs majeurs dans sa poursuite et sa réalisation.

Pour répondre à l’ensemble de ces objectifs, la recherche empirique a été menée en deux grandes étapes tel que démontré plus tôt (voir Figure 2). La première a été consacrée à l’étude des positions des entreprises québécoises sur l’institutionnalisation du développement durable menant à la proposition d’une typologie (article 1). L’analyse a fait ressortir que le milieu des affaires ne se présente pas ‘au front’ du développement durable comme un bloc monolithique. En effet, toute une panoplie de positions est apparue, allant de l’appui sans équivoque à une résistance très affirmée. Cependant, les entreprises exprimant des réticences et des inquiétudes ont été la norme plutôt que l’exception.

La deuxième étape a consisté en une étude qualitative dans 9 PME peu actives ou passives ou résistantes par rapport au développement durable (articles 2 et 3). Cette orientation permet d’illustrer un discours qui a peu été pris en considération dans la littérature sur les entreprises et le développement durable en général (voir le Tableau 1), si ce n’est que pour classifier (avec une typologie) les entreprises en fonction de leur propension à soutenir le développement durable. Pour ce qui est des recherches sur les PME, elles sont surtout centrées sur des échantillons d’entreprises exemplaires dans ce domaine.

(48)

Les plus récalcitrants à l’opérationnalisation du développement durable expriment une forme active de résistance et illustrent une réponse stratégique face aux pressions institutionnelles par leurs inactions (Oliver, 1991). Une connaissance plus approfondie des rationnels menant à l’action ou à l’inaction est d’un intérêt certain. Cette étape d’identification ciblée permet d’adopter une vue différenciée souhaitable pour analyser les approches corporatives relativement au développement durable (Hahn & Scheermesser, 2006).

1.4 STRUCTURE DE LA THÈSE

D’une manière plus détaillée, cette thèse est structurée comme suit :

- Le présent chapitre établit le contexte global de la recherche et justifie les choix du contexte plus précis de recherche et ses orientations;

- Le chapitre 2 (article 1) présente une étude et une typologie sur les positions des entreprises québécoises face au développement durable et à son institutionnalisation;

- Le chapitre 3 (article 2) présente une étude de cas menée auprès de neuf PME manufacturières peu impliquées en développement durable pour démontrer comme elles réagissent aux pressions institutionnelles et aux défis économiques engendrés par celui-ci;

- Toujours à partir de l’étude de cas menée auprès de neuf PME manufacturières et des résultats qui ont émergé, le chapitre 4 (article 3) traite plus

(49)

spécifiquement des justifications morales des décideurs dans les PME lorsqu’ils expliquent leurs comportements plus ou moins passifs face au DD.

- Le chapitre 5 présente un sommaire des résultats. Ce chapitre de conclusion générale présente également les contributions et les limites de la recherche, et des perspectives pour des recherches futures;

- Finalement, une annexe vient compléter le contenu (Annexe 1), suivie des informations plus techniques : formulaires, autorisations. L’annexe 1 présente une évaluation de la recherche sur la base de critères utilisés dans les recherches qualitatives.

1.5 L’APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE GÉNÉRALE

Les objectifs visés par la recherche et le contenu à étudier ont orienté le choix de la méthodologie vers une approche qualitative et inductive. Le processus de recherche, inspiré de la théorie ancrée (Glaser, 2002), ne vise pas à vérifier ou à valider des hypothèses prédéfinies, mais plutôt à circonscrire la complexité des phénomènes étudiés (Glaser & Strauss, 1967).

Cependant, cette approche ‘ancrée’ n’a pas été utilisée à l’état pur. Comme d’autres chercheurs en recherches qualitatives et dans le but d’établir certaines règles pour permettre l’identification la plus complète des données parmi la masse potentielle (Huxham, 2003), la démarche repose aussi sur la connaissance des différentes dimensions du développement durable et des invariants identifiés dans la littérature. Ensuite, elle s’inspire des résultats de la première étape exploratoire qui

(50)

ont permis de faire ressortir les postures contrastées des entreprises face à l’institutionnalisation du développement durable.

Ce design de recherche qualitatif est approprié pour comprendre les dynamiques, les interactions, les interdépendances, la subjectivité et la complexité des sujets à l’étude. La recherche proposée s’appuie sur deux étapes de recherche complémentaires (voir Figure 2) sur la prise en compte du développement durable dans des entreprises québécoises. Plus concrètement, la première étape permet d’établir et de conceptualiser les positionnements généraux des entreprises face au développement durable. Ceci a permis de mettre en évidence des réticences sur le DD et son institutionnalisation (article 1) et la pertinence d’approfondir la question par une étude de cas dans les PME (étape 2, articles 2 et 3). Cette seconde étape visant à analyser plus en profondeur les positions de PME quant à leurs propensions à intégrer les problèmes collectifs en matière de développement durable en termes de participation à la recherche de solutions et de responsabilité sociale et environnementale.

Pour l’analyse des données, des logiciels de traitement de données qualitatives (N’Vivo et QDA Miner) ont été utilisés. Ces instruments sont bien adaptés pour les besoins et les orientations identifiés par la recherche. Toutes les données recueillies ont été enregistrées et codées ensuite en plusieurs étapes itératives, ce qui a permis de les regrouper sur la base des thèmes émergents et de générer des catégorisations.

(51)

1.6 MISE EN CONTEXTE DE LA RECHERCHE

Cette thèse propose une étude en deux étapes qui ont mené à la réalisation de trois articles sur les postures d’entreprises québécoises relativement au développement durable et à son institutionnalisation. Il apparaît en effet pertinent d’investiguer les caractéristiques et les assises des différentes pratiques, puisque la mise en œuvre du développement durable ne semble pas acquise dans le milieu des affaires. Cette section vise à présenter un aperçu du contexte institutionnel et corporatif dans lequel le sujet de recherche s’inscrit.

1.6.1 LE CONTEXTE INSTITUTIONNEL

Le développement durable a été mis à l’agenda dans un contexte de résolution de problèmes publics et de gouvernance mondiale. Il a été promu par différents organismes internationaux, dont l’ONU, pour mieux gérer les inégalités et les iniquités de développement, de même que les menaces qui pèsent sur l’humanité. Le concept qui vise, rappelons-le «un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs» (CMED, 1988 : 51) voulait apporter des solutions aux problèmes globaux comme l’inégalité dans l’accès et le partage des ressources, la pauvreté, le réchauffement climatique, etc. Cette recherche de solutions devait également se faire par l’ensemble des acteurs concernés : les états, la société civile et les entreprises. En effet, la croissance de l’importance des firmes appelle à une responsabilisation accrue et à un rôle élargi dans la société (Kolk & van Tulder, 2010). Les entreprises font ainsi face à de plus en plus de pressions les forçant à prendre en considération les intérêts des personnes ou des groupes concernés par leurs opérations — les parties prenantes — question de légitimité, de survie et

(52)

d’accès aux ressources (Russo & Perrini, 2010; Bansal & Roth, 2000; Marshall et al., 2005; Grolin, 1998; Delmas & Toffel, 2004).

Ces préoccupations ont également trouvé écho au niveau institutionnel québécois. S’inscrivant dans cette tendance internationale, le gouvernement du Québec s’est engagé dans la voie du développement durable en adoptant le Plan de développement durable du Québec (2004) et ensuite, le 13 avril 2006, la Loi sur le développement durable. Ces initiatives qui ont une portée réglementaire limitée aux ministères et organismes publics, prévoient dès le départ «qu’elles impliqueront d’autres acteurs de la société» (MDDEP, 2004 : 34). Le milieu d’affaires québécois est quand même concerné au premier chef, puisqu’il constitue le pôle économique qui devra contribuer à atteindre les objectifs communs. De plus, dans un souci de veiller à ses intérêts financiers (coûts potentiels) et commerciaux (plusieurs entreprises sont liées au gouvernement par des contrats), cet intérêt peut être assimilé à une sorte de veille stratégique.

1.6.2 LE CONTEXTE CORPORATIF

Le milieu des affaires est donc interpellé par le développement durable et il ne tarde guère à s’organiser concrètement en conséquence avec le souci avoué et légitime de veiller à ses intérêts (Holliday et al., 2002). Par exemple, il crée, en 1995, le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD). Le WBCSD, qui regroupe 200 des plus grandes compagnies au monde, est organisme de représentation et de lobby spécifiquement dédié à la définition et l’opérationnalisation du développement durable au niveau corporatif1. Il a publié

1 Voir le site Web qui est très détaillé sur les nombreuses activités que mène cet organisme :

(53)

un grand nombre de documents pour faire connaître sa position sur différents sujets reliés, notamment pour défendre le postulat que l’économie de marché est le contributeur clé pour atteindre le développement durable (Holliday & Pepper, 2001).

Aussi, dès 1991, la Chambre internationale de commerce (ICC) était déjà active sur cette même question en produisant à l’intention de ses membres la Charte des entreprises pour le développement durable, un court document se présentant sous la forme de 16 principes de bonne conduite. Depuis sa promulgation, 7000 sociétés et associations professionnelles y ont souscrit. Cette initiative de l’ICC s’inscrit dans sa tradition de promotion de la libéralisation des échanges commerciaux et de la mondialisation et en corollaire, de l’autorégulation. Fondée en 1919, l’ICC n’a pas de visées durables2 et systémiques intégrées dans sa mission et elle recherche d’abord la protection de l’intérêt privé de ses adhérents. Cette charte de la Chambre de commerce internationale a également inspiré d’autres documents du même type dans d’autres lieux, dont au Québec, celle de la Chambre de commerce de Québec.

Les lobbys d’affaires sont donc également actifs au Québec pour représenter les intérêts spécifiques de leurs membres sur le développement durable. C’est le cas notamment du Conseil patronal de l’environnement du Québec qui a été mis sur pied en 1992 et qui réunit aujourd’hui 200 entreprises et une vingtaine de regroupements d’entreprises. D’autres associations sectorielles et professionnelles

2 Les adjectifs «soutenables» et «durables» seront utilisés dans ce document 1) comme étant des

synonymes et 2) même s’ils sont encore peu employés dans la langue française, étant souvent considérés comme des anglicismes.

(54)

jouent également des rôles significatifs sur la question du développement durable, entre autres lorsque des problématiques particulières sont à l’ordre du jour.

Dans ce contexte de prise en charge de leurs intérêts, il n’est donc pas surprenant que l’argumentaire développé pour aborder le développement durable au niveau des entreprises soit basé sur des justifications financières et utilitaristes qui s’inscrivent dans une logique d’affaires familière et rassurante (ces types d’arguments en faveur de l’adoption du DD par les entreprises ont été récemment colligés par Carroll & Shabana, 2010). Ainsi, à l’instar du management environnemental, le virage durable est promu dans le milieu par une série d’arguments économiques comme la réduction des coûts et l’augmentation des profits, le développement et la consolidation des parts de marché, la création ou l’amélioration de la valeur et le développement d’un avantage compétitif (Holliday & Pepper, 2001; Schmidheiny, 1992; Woolard, 1992; Smith, 2003). Le développement durable est également présenté comme ayant une portée plus stratégique comme la satisfaction des attentes sociétales (Woolard, 1992; Carroll and Shabana, 2010), comme pouvant contribuer à assurer un environnement stable propice aux affaires et à anticiper la régulation (Holliday et al., 2002; Woolard, 1992; Carroll and Shabana, 2010). Au niveau interne, l’adoption du développement durable pourrait aussi favoriser la mobilisation du personnel et le recrutement des meilleurs employés (Holliday et al., 2002; Schmidheiny, 1992; Smith, 2003).

En somme, suivant cette logique, le développement durable est positif à tous les points de vue comme l’énonce le WBCSD sur la page d’accueil de son site Internet depuis plusieurs années : «The WBCSD and its members believe that the pursuit of sustainable development helps companies prosper and maintain their long-term licence to operate, innovate and grow» (WBCSD, 2009; 2012; 2013). Tous ces avantages

Références

Documents relatifs

Later, Greek poets created epic stories based on those legends.. An epic is a long poem about great heroes and

The values of resources can be set as application defaults using a number of different mechanisms, including resource files in your home directory and a program called xrdb (X

Because you are probably implementing a VPN to secure your communications, the encryption methods, Certificate This document was created by an unregistered ChmMagic, please go

The steps performed during analysis were: (1) Open coding, where each sentence were coded with its messasge(message) and type of message (category) as shown in the example in Table

The progression of sections leads the reader from the principles of quantum mechanics and several model problems which illustrate these principles and relate to chemical

A function key that initiates word processing activities in combina- tion with another key. See Bookmarks, Horizontal Scroll Setting, Hyphens and Hyphenation, Index,

The ESCAPE lead-in character is not shown. The characters that follow will display at normal intensity. The characters that follow will display at high

A unique pro fi le for cheetah strain 1178 and lion strain 98 – 215 was obtained for the gltA gene using HhaI endonuclease (Fig. 1), and for the ribC gene using TaqI endonuclease