• Aucun résultat trouvé

TITRE : Financement et performance du sport individuel de haut niveau au Bénin

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "TITRE : Financement et performance du sport individuel de haut niveau au Bénin"

Copied!
14
0
0

Texte intégral

(1)

HAL Id: hal-02911814

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02911814

Preprint submitted on 4 Aug 2020

HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.

TITRE : Financement et performance du sport

individuel de haut niveau au Bénin

David Coffi Akouete, Fifamin Judith Ahounou Aikpe, Sèmako Hounsou,

Houndjovi Pierre Dansou, Nadine Haschar-Noe

To cite this version:

David Coffi Akouete, Fifamin Judith Ahounou Aikpe, Sèmako Hounsou, Houndjovi Pierre Dansou, Nadine Haschar-Noe. TITRE : Financement et performance du sport individuel de haut niveau au Bénin. 2020. �hal-02911814�

(2)

TITRE : Financement et performance du sport individuel de haut niveau au Bénin.

AKOUETE Coffi David 1, 2, AHOUNOU AIKPE Fifamin Judith3, HOUNSOU Sèmako Julien1 DANSOU H. Pierre3, HASCHAR-NOE Nadine 2

1- Laboratoire des Sciences Humaines et Sociales (LASHS), Porto-Novo-Bénin Institut National de la Jeunesse, de l’Education Physique et du Sport

Université d’Abomey-Calavi, (INJEPS / UAC) E-mail :

2- Centre de Recherches en Sciences Sociales, Corps, Sport (CreSco), Faculté des Sciences du sport, Université Toulouse III (France)

Résumé.

Ce travail de recherche intitulé « Financement du sport individuel de haut niveau au Bénin » se propose d’analyser d’une part, les effets de l’insuffisance du financement des sportifs de haut niveau sur le développement des sports individuels et le soutien de leurs élites et, d’autre part, le type de financement qui serait le mieux adapté à cette situation au Bénin. Il met l’accent sur trois sources de financement du sport : le financement public, l’autofinancement et les autres sources de financement. Les résultats de l’étude montrent que d’une part, l’insuffisance des budgets alloués aux sports individuels de haut niveau constitue en partie un frein au développement de ce type de sport, et d’autre part, que le financement public ne favorise pas l’amélioration de la performance des sportifs individuels de haut niveau, comparativement à d’autres sources de financement du sport.

Mots clés : performance sportive- sport individuel- sport de haut niveau- financement du sport-Bénin

(3)

FUNDING AND PERFORMANCE OF HIGH-LEVEL

INDIVIDUAL SPORT IN BENIN

ABSTRACT

This research work entitled "Financing of high performance individual sport in Benin" aims to analyze on the one hand, the effects of insufficient funding of high performance athletes on the development of individual sports and support of their elites and, on the other hand, the type of funding that would be best suited to this situation in Benin. It focuses on three sources of funding for sport: public funding, self-funding and other sources of funding. The results of the study show that, on the one hand, the insufficiency of the budgets allocated to high-performance individual sports constitutes in part an obstacle to the development of this type of sport, and on the other hand, that public funding does not favor not the improvement of the performance of high performance individual athletes, compared to other sources of sport funding.

Keywords: sports performance- individual sport- high performance sport- sport funding-Benin

(4)

Introduction

Le sport occupe une place prépondérante dans la vie sociale, culturelle et économique de tous les pays du monde. C’est une activité à part entière, qui emploie des millions de personnes et participe au développement économique des pays, grâce aux externalités des manifestations sportives internationales, telles que les Coupes du monde ou continentales, les Jeux Olympiques, etc. Pour les athlètes professionnels du secteur sportif, c’est une activité qui permet à ces pratiquants de subvenir à leurs besoins et d’améliorer leurs conditions de vie. Au Bénin, comme partout et ailleurs, les évènements sportifs sont des occasions importantes de distraction, loin des débats politiques et du stress du travail. Ils rassemblent professionnels, amateurs et spectateurs, unis autour d’un objectif commun : supporter et développer le sport de performance.

Dans les pays francophones et plus précisément au Bénin, l’administration actuelle du sport dépend principalement de la tutelle du ministère des sports et des comités nationaux olympiques (Bouchet et Kaach, 2004). La transposition d’un modèle sportif « occidentalisé » et axé prioritairement sur la performance est inadaptée aux caractéristiques économiques, culturelles et sociales des pays en voie de développement. Cette orientation a entrainé la mise en place de structures mais, vides de moyens, elles ne permettent pas le développement du sport dans son ensemble (Chifflet et Gouda, 1992). Cependant, dans la quête de réalisation d’une meilleure performance par les sportifs de haut niveau, l’État Béninois a pourtant investi des moyens financiers relativement importants. Pour Gouda et Kpazaï (2012), la participation du Bénin à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) junior et à la Coupe du Monde junior a coûté 8 milliards de francs CFA. La construction du stade de l’Amitié de Kouhounou a coûté 17 milliards en 1982 et celle du Stade Charles de Gaulle, plus de 15 milliards de francs CFA avant sa livraison et son ouverture au public béninois. De même, le budget alloué au Ministère en charge du Sport au Bénin est en nette progression. De 2013 à 2018, les prévisions budgétaires de ce Ministère ont progressé de 5 084 679 000 à 18 864 361 000 francs CFA (confer budget général de l’État), soit un taux de croissance de 271%. Ces divers chiffres montrent l’importance qu’accorde l’État béninois à la pratique du sport de haut niveau. Cependant, cet effort est davantage orienté vers les sports collectifs qu’individuels et les résultats escomptés ne sont jamais ou rarement au rendez-vous. Ceci ne permet pas non plus aux pratiquants et professionnels des sports individuels, de bénéficier pleinement des avantages de leur métier et aux supporters d’être satisfaits de leur loisir mais aussi à l’État de rentabiliser ses investissements sportifs. Si le Bénin a participé à plusieurs Jeux Olympiques, Championnats d’Afrique, du monde et sous régionaux, il n’a jamais hissé régulièrement ses

(5)

couleurs aux premiers rangs à l’issue de ces compétitions. De même, bon nombre de fédérations sportives et clubs de sports individuels du Bénin ne peuvent présenter aujourd'hui des sportifs dans toutes les catégories d’âge, et dans toutes les spécificités de leurs disciplines. Pour Hounkpè (2008), l'insuffisance des résultats obtenus s'explique soit par des causes économiques, soit par la responsabilité de l'État qui s'arroge par une législation contraignante, le monopole de l'organisation du sport, sans mettre en place une politique cohérente de financement, d'encadrement et de constructions d'infrastructures intégrées dans une politique sportive nationale. Face à cette multitude de facteurs pouvant influencer le niveau de performance des sportifs individuels de haut niveau, qu’en est-il du défaut de financement ? Autrement dit, quelle est l’influence du financement sur le développement du sport individuel de haut niveau au Bénin ? L’insuffisance des budgets qui lui est alloué constitue un frein au développement de ce type de sport au Bénin.

Les fondements de la réalisation de toute performance sportive obligent alors les acteurs sportifs à rechercher d’autres sources transversales de financement (Abalot et al., 2017). Ainsi, la deuxième question suscitée par cette étude est de savoir si les divers modes de financement du sport (autofinancement, financement public et autres financements) favorisent ou non les sportifs individuels de haut niveau au Bénin ?

Cette recherche s’est donnée pour objectif général d’identifier les différents modes de financement des sportifs individuels de haut niveau et de montrer que ces financements, quels que soient leurs modalités, sont insuffisants et ne favorisent pas le développement du sport individuel de haut niveau au Bénin.

1. Méthodologie

Nous intéressant au financement du sport individuel de haut niveau au Bénin, notre population mère est donc l’ensemble des sportifs pratiquant des sports individuels à haut niveau et qui constituent l’élite sportive du Bénin. Cette population est donc constituée de l’ensemble des sportifs de nationalité béninoise pratiquant des sports individuels, encore en exercice au moment de l’étude et ayant gagné au moins une médaille (or, argent ou bronze) dans une compétition internationale.

Pour obtenir des statistiques sur ces sportifs, nous nous sommes rapprochés du Comité National Olympique et Sportif Béninois (CNOSB) et de la Direction du Sport d’Élite (DSE) du Ministère des Sports (MSp) qui détiennent des données sur l’ensemble des sportifs professionnels béninois. Ainsi, à la date de réalisation de l’étude, l’effectif de cette population mère est de 760 sportifs, toutes disciplines confondues. C'est au sein de cet effectif de sportifs

(6)

que nous avons constitué l'échantillon de l’étude. Il est composé de 100 sportifs pratiquant un sport individuel, ce qui correspond à un taux de 13,16% du total des sportifs professionnels. Aux fins d’une extrapolation des résultats de cette recherche à l’ensemble des sportifs professionnels pratiquant un sport individuel, nous avons procédé à l’utilisation des données existantes sur ces professionnels. Comme nous avions des informations sur l’ensemble des sportifs concernés par cette recherche, nous avons attribué à chacun d’eux un numéro (numéro matricule). Les 100 sportifs constituant notre échantillon sont sélectionnés grâce à un tirage aléatoire simple sans remise, en utilisant une table des nombres aléatoires. Dans notre cas, cette probabilité est égale à 100/760.

Les informations collectées lors de l’enquête sont traitées avec le logiciel Stata 12. D’abord, nous procédons à une analyse descriptive de l’ensemble des variables et informations contenues dans le questionnaire à l’aide de tableaux. Ensuite, des indicateurs statistiques (moyenne et effectif cumulé) sont calculés pour affiner l’analyse.

2. Résultats

2.1. Une répartition inégale des subventions publiques aux sportifs

Le tableau suivant présente la répartition des sportifs suivant le taux de financement de leurs dépenses sportives par des subventions de l’Etat.

Tableau n°1 : Répartition des sportifs de l’échantillon suivant le taux de financement des dépenses sportives par subvention de l’Etat

Pourcentage de la subvention de l’Etat dans les dépenses sportives

totales

Effectif Fréquence Effectif Cumulé croissant 0 48 48% 48 [0 ; 25%] 21 21% 69 [25 ; 50%] 21 21% 90 [50 ; 75%] 3 3% 93 [75 ; 100%] 7 7% 100 Total 100 100%

Source : données de l’enquête réalisée

L’analyse du tableau n°1 montre que 48% des sportifs de l’échantillon ne bénéficient pas pour leurs activités sportives d’une subvention de l’Etat. Ceci pose le problème de l’accessibilité des sportifs à ce soutien financier de l’Etat, sachant que les fédérations sportives bénéficient

(7)

annuellement de ladite subvention en nette progression au fil des années. Seulement 52% des sportifs ont accès à une subvention de l’Etat, sous diverses formes. Parmi les sportifs qui ont accès au financement public du sport le plus important, seulement 7% reçoivent une subvention qui couvre de 75% à 100% de leurs dépenses sportives. Par contre, pour 21 % d’entre eux, elle ne couvre que de 0 à 25% de leurs dépenses et pour également 21 %, le taux de couverture se situe entre 25 à 50%. Ceci montre la difficulté des sportifs à accéder au financement public du sport et, quand ils y accèdent, ce financement couvre une faible part de leurs dépenses. Cette situation peut en partie résulter d’une part, de l’insuffisance de la subvention de l’Etat octroyée aux fédérations de sports individuels, nonobstant l’effort croissant consenti par l’Etat au fil des années, et, d’autre part, de l’inaccessibilité des sportifs à cette subvention octroyée aux fédérations sportives. De plus selon Akouété et al. (2014), les quelques financements des collectivités locales ne sont pas attribués au sport de haut niveau mais plutôt à l’animation de la vie sportive de la commune le plus souvent à des fins politiques.

Partant de la perception de l’enjeu que représente le développement du sport professionnel, l’Etat béninois n’a pourtant pas lésiné sur les moyens pour accompagner ce secteur. Des subventions aux fédérations, au lancement des activités dans des classes sportives et à la mise en place d’associations sportives communales, en passant par la construction des stades communaux, l’État met des moyens importants pour atteindre ses « objectifs sportifs » fixés dans le Plan d’Actions du Gouvernement (PAG). En deux ans (2017 et 2018), plus d’un milliard de francs CFA de subventions ont été allouées aux fédérations sportives autres que celle du football. Toutes ces actions ont commencé à porter leurs fruits car certains athlètes béninois s’affirment désormais et occupent les premiers rangs dans les compétitions internationales. Ceci confirme les travaux d’Akouété (2012) qui révèlent que l’État béninois octroie plus de moyens financiers au sport de performance ou de haut niveau (surtout pour le football) au détriment du sport santé et du sport pour tous.

Nonobstant, malgré la croissance du budget alloué au secteur sport, les professionnels des sports individuels manquent de financement pour leur préparation aux compétitions. La subvention de l’État allouée aux fédérations sportives est utilisée, généralement par les dirigeants de ces fédérations, pour mettre en œuvre le plan de travail annuel de la fédération, raison pour laquelle ces subventions ne reviennent pas intégralement aux sportifs. Ainsi, au niveau individuel et institutionnel, les critères gouvernant la prise de décision se résument trop souvent à des préoccupations de rentabilité et réduisent la notion de responsabilité

(8)

fédérale à une dimension strictement juridique (Dembinski, 1998). La quasi-totalité de ces fédérations n’attendent et n’utilisent les subventions de l’État que pour assurer l’animation de leur vie associative. De ce fait, il est urgent que se mette en place un « pilotage global de l’organisation à travers un ensemble de politiques de production de biens et de services, communication, marketing, ressources humaines, politique de financement, contrôle budgétaire » (Bayle, 2007). De même, "le sport roi" (football) s’arroge la plus grande proportion de la subvention de l’État dédiée au sport (deux milliards trois-cent mille Francs CFA en 2018 et 2019 ; un milliard cent mille Francs CFA en 2020). Outre la subvention de l’État allouée aux fédérations sportives, les clubs de football reçoivent chacun une subvention de l’État, contrairement aux autres disciplines sportives. Ainsi, certains professionnels de sports individuels sont livrés à eux-mêmes, en matière de financement de leur préparation, ce qui les contraint à exercer des activités parallèles en vue de s’autofinancer, ou à rechercher des financements auprès des sponsors et autres partenaires, presque inexistants au Bénin. Or, ces sponsors ne cherchent pas seulement à rendre visible leur marque sur le maillot des sportifs et les écrans lors des transmissions télévisées, ils visent aussi à ce que leurs produits ou services soient utilisés dans ce cadre (Bordes, 1992). Il faut aussi noter que les matériels sportifs nécessaires à la pratique des sports individuels sont souvent chers et ne sont pas à la portée du pouvoir d’achat des athlètes. Selon Akouété et Haschar-Noé (2013), l’État, mais aussi les fédérations sportives des sports collectifs, en conservant une organisation sportive centralisée, privilégient les équipements sportifs destinés aux sports collectifs de performance et à la représentation nationale au détriment des équipements pour les sports individuels et le sport pour tous. On note ainsi un déficit en équipements sportifs et une inégalité de leur répartition selon le type de sport et le territoire. Face à cette diversité de sources de financement du sport, nous nous proposons de repérer laquelle aurait le plus d’influence sur la réalisation de la performance des sportifs individuels de haut niveau.

2.2. L’autofinancement : une solution majoritaire

Le tableau n°2 présente la répartition des sportifs suivant le taux de financement de leurs dépenses sportives par autofinancement.

(9)

Tableau n°2 : Répartition des sportifs de l’échantillon suivant le taux de financement des dépenses sportives par autofinancement

Taux de financement par autofinancement Effectif Fréquence Effectif Cumulé croissant 0 6 6% 6 [ 0 ; 25% ] 10 10% 16 [25 ; 50% ] 9 9% 25 [50 ; 75% ] 51 51% 76 [75 ; 100%] 24 24% 100 Total 100 100%

Source : données de l’enquête réalisée

L’analyse de ce tableau montre que seulement 6% des sportifs de l’échantillon n’autofinancent pas leurs dépenses, tandis que la majorité (94%) y ont recours. De même, l’autofinancement occupe une place importante car il couvre entre 50% et 75% des dépenses sportives de la majorité des sportifs de l’échantillon (soit 51%). Ceci montre l’intérêt qu’accordent ces sportifs à leur discipline sportive, au point d’y investir leurs ressources propres.

2.3. Proportion des diverses sources de financement du sport dans les dépenses sportives de l’échantillon : cas d’autres sources de financement du sport

Le tableau suivant présente la répartition des sportifs suivant le taux de financement des dépenses sportives par d’autres sources de financement.

(10)

Tableau n°3 : Répartition des sportifs de l’échantillon suivant le taux de financement des dépenses sportives par d’autres sources de financement

Pourcentage d’autres sources de financement dans les dépenses

sportives totales

Effectif Fréquence Effectif Cumulé croissant 0 43 43% 43 [0 ; 25%] 27 27% 70 [25 ; 50%] 24 24% 94 [50 ; 75%] 6 6% 100 [75 ; 100%] 0 0% 100 Total 100 100%

Source : données de l’enquête réalisée

L’analyse du tableau n°3 montre que 43% des sportifs de l’échantillon ne financent pas leurs activités sportives par d’autres sources de financement, et qu’aucun sportif de l’échantillon n’utilise majoritairement, de 75% à 100% de leurs dépenses sportives, cette source de financement. Ceci montre la difficulté des sportifs à accéder à d’autres sources de financement telles que le sponsoring, le mécénat, l’emprunt bancaire, les dons des tiers, les appuis des organisations non gouvernementales et associations de supporters. Cette situation peut résulter de la faible bancarisation au Bénin, du peu d’importance accordée par la population aux sports individuels, de la pauvreté et de l’inexistence d’une loi sur le financement du sport.

Ces résultats montrent que les différentes subventions allouées aux sportifs individuels de haut niveau sont insuffisantes et ne leur permettent pas de pouvoir financer les différentes activités susceptibles d’améliorer leur préparation et donc leurs performances. De ce fait, ils sont alors obligés de s’autofinancer. Quelles sont alors les causes probables de cette insuffisance financière ?

2.4. Absence des dispositions juridiques, économiques et politiques encadrant le financement du sport en général

Le Bénin ne dispose d’aucun cadre juridique sur le financement du sport. De plus, la politique sportive nationale n’en fait pas cas. Il n’existe pas non plus une clé (ou des critères) de

(11)

répartition des subventions accordées aux différentes fédérations sportives. Selon Akouété (2012), les équipements sportifs de certains sports individuels comme l’athlétisme sont annexés aux terrains de football et sont le plus souvent mal entretenus voire impraticables. Parfois ces équipements sont inexistants car l’Etat béninois n’a pas construit d’infrastructures sportives voire d’équipements sportifs pour la pratique des sports individuels. Si l’on considère que l’offre en équipement sportif est déterminante sur le niveau et le développement de la pratique sportive, cette offre publique très insuffisante ne favorise pas le développement de l’ensemble des pratiques sportives et, qui plus est, pour le plus grand nombre. Malgré l’absence de données quantitatives fiables du Ministère ou des fédérations sur les pratiquants sportifs béninois, nos résultats montrent que la demande croissante d’activités sportives bien qu’avérée, n’a que peu d’effets sur la construction et l’offre d’équipements sportifs (Akouété et Haschar-Noé, 2013). Ainsi, au Bénin, l’hypothèse selon laquelle « le développement de la pratique sportive et l’accroissement de la demande en équipement sportif sont étroitement liés » (Rollan, 1993) n’est pas vérifiée. Cette situation observée au Bénin pourrait s’expliquer par les données démographiques, socioculturelles, socioéconomiques mais aussi par la valeur accordée au type de disciplines sportives, individuelles ou collectives, et aux politiques sportives menées par les autorités. La situation du Bénin est indéniablement très différente de celle des pays occidentaux en termes de niveau de développement économique et social du pays, d’une part, et de diffusion de la pratique sportive dans la population, d’autre part. Les politiques sportives béninoises comportent donc nécessairement des spécificités. Dans cet ordre d’idée, Lacassagne, Bouchet, Weiss et Jebrane (2005) estiment que « sans les conditions économiques, sociales et politiques stables et propices à la croissance, les responsables des pays en voie de développement ne peuvent envisager une diffusion sportive à l’image de celle accomplie dans les pays occidentaux ». Ils affirment également que « les pays riches ayant un fort taux d’urbanisation sont ceux où les sports de compétition et de loisir sont les plus développés, alors que dans les pays pauvres, particulièrement les plus enclavés avec une population rurale dominante, cette activité a peu pénétré la société dans son ensemble. Seuls le football et l’athlétisme font exception en jouant un rôle primordial, notamment en Amérique du Sud et en Afrique ». Les réalités sportives ne sont ainsi pas les mêmes en fonction des contextes nationaux et des niveaux de développement économique des pays. Le Bénin ne fait pas exception aux affirmations de ces auteurs. Les résultats de cette étude permettront d’orienter les décideurs politiques lors de l’élaboration et l’adoption d’une loi sur le financement du sport.

(12)

2.5. Implications de politiques économiques

Au Bénin, la subvention de l’État au profit du sport priorise dans une certaine mesure, les sports collectifs, et en particulier le football. Mais l’athlétisme fait exception. Or, le Bénin a plus de facilité à obtenir une médaille dans un sport individuel à l’échelle mondiale, que dans un sport collectif. A partir de 2016, l’Etat a compris que les subventions accordées aux fédérations sportives sont très insuffisantes. Ainsi la subvention totale pour les 31 fédérations sportives, qui était de 313 millions de frs CFA en 2015 est passée à 795 millions en 2016, 502 millions en 2017, 553 millions en 2018 et 655 millions en 2019. Cependant, nous constatons qu’une grande partie de cette subvention est utilisée pour les activités administratives des fédérations sportives et l’organisation du championnat national. Les sommes utilisées pour la formation des athlètes sont donc dérisoires. Pour que les athlètes puissent bénéficier réellement de cette subvention de l’Etat, elle doit être accordée en tenant compte du plan programme de chaque fédération sportive. La mise en place d’un cadre juridique nécessaire au financement du sport au Bénin serait indispensable pour pallier ces déséquilibres. De plus, l’instauration d’une taxe fiscale intitulée « Taxe Sports » pour financer le sport pourrait être créée. Cette taxe dont le taux serait à étudier, pourrait être prélevée sur toute transaction financière extérieure des clubs et fédérations sportives, sur les revenus issus de transferts de joueurs, sur les paris sportifs et sur les revenus des entreprises opérant dans le secteur sportif (vente d’articles de sports, construction d’installations sportives, etc.). Ces recettes fiscales collectées pourraient ensuite être intégralement reversées aux clubs et fédérations sportives suivant des quotas bien définis et des critères d’attribution choisis.

A l’avenir, il serait très opportun de vérifier si la performance des sportifs individuels de haut niveau peut s’améliorer lorsque l’État augmente sa contribution financière.

Conclusion

De ce qui précède et à partir de nos résultats, nous pouvons dire d’une manière générale que le développement du sport individuel souffre d’une insuffisance de financement due en partie à une absence des dispositions juridiques et économique encadrant le financement du sport. De plus, on note une faible implication politique et économique de l’Etat. Tout ceci conduit les pratiquants de sports individuels de haut niveau à recourir à l’autofinancement, au mécénat et au sponsoring. De plus, nos résultats montrent que ces sportifs ne bénéficient pas de moyens financiers nécessaires et suffisants pour s’autofinancer, et donc se préparer et améliorer leur performance, d’où la nécessité de les accompagner. En dépit de ces résultats et

(13)

des interprétations afférentes, quelques recommandations sont formulées. Il s’agit notamment de la mise en place d’un cadre juridique nécessaire pour améliorer le financement du sport, de la mobilisation de recettes fiscales au profit du sport, de l’accroissement de la subvention de l’Etat et de l’ouverture du capital des clubs sportifs au public pour leur transformation en sociétés sportives.

Références bibliographiques

1- Abalot, É. J., Agbodjogbe, D. et Gaglozoun, A. (2017). Les politiques sportives en Afrique noire francophone : permanence, rupture et/ou continuité des enjeux (1920-2010) ATPS, 12, 1-14.

2- Akouété, C. D., Hounga, A., Tito, M., A., Haschar-Noé, N., (2014). Décentralisation

et politiques budgétaires sportives dans les Communes du Bénin : diagnostic et enjeux. Journal de la Recherche Scientifique de l’Université de Lomé, série B, 16 (2) 3- Akouété, C. D., Haschar-Noé N., (2013). Décentralisation et politique d’équipements

sportifs dans les communes du Bénin (2003-2008) : diagnostic et enjeux. Revue

européenne de management du sport n°38, 5-20.

4- Akouété, C. D., (2012). Décentralisation et politiques sportives locales au Bénin

(2003-2008). Thèse de doctorat unique de l’Université de Toulouse, 307 pages.

5- Bayle, E. (2007). Essai de définition du management des organisations sportives :

objet champ niveaux d'analyse et spécificités des pratiques managériales. STAPS, 75, 59-81. DOI : 10.3917/sta.075.0059

6- Bouchet, P. et Kaach, M. (2003). Existe-t-il un modèle sportif dans les pays africains

francophones. STAPS, 65, 7-26.

7- Bordes, C., (1992). Sport et argent. Revue Juridique et Economique du Sport, 23.

8- Bordes-Marcilloux, C., (1981). Retransmission des spectacles sportifs : aspect

économique, dans le spectacle sportif, Presses Universitaires de France, Paris.

9- Chifflet, P. et Gouda, S. (1992). Sport et politique nationale au Bénin, Revue STAPS, 28, 71-81.

10- Dembinski, P., (1998). Finance et bien commun : situer les enjeux. Editorial de finance et bien commun, Observatoire de la Finance, Genève, automne.

(14)

11- Gouda, S., & Kpazaï, G., (2012). Le développement du sport de performance au Bénin : de l'analyse d'un modèle à un essai de problématique globale. Afrique et

Développement, Vol. XXXVII, No. 2, 97 – 118.

12- Hounkpè, E.J., (2008). Etude du financement des associations sportives béninoises.

Cas de l’Energie FC, Mémoire de maîtrise en sciences de gestion. Faculté des

Sciences Economiques et de Gestion, Université d’Abomey-calavi.

13- Lacassagne, M-F., Bouchet, P., Weiss, K. et Jebrane, A. (2005). Analyse comparative des représentations sociales du sport en France et au Maroc : valeurs modernes et post-modernes chez des étudiants en sciences du sport. Revue STAPS, 65, 97-109. 14- Rollan, F. (1993). Les équipements publics et privés : des stratégies différenciées

exemple de l’agglomération Bordelaise. In J-P. Augustin & J-P. Callède, (Eds.),

Sport, relations sociales et action collective (pp. 445-453). Pessac : Maison des

Figure

Tableau  n°1 :  Répartition  des  sportifs  de  l’échantillon  suivant  le  taux  de  financement  des  dépenses sportives par subvention de l’Etat
Tableau  n°2 :  Répartition  des  sportifs  de  l’échantillon  suivant  le  taux  de  financement  des  dépenses sportives par autofinancement
Tableau  n°3 :  Répartition  des  sportifs  de  l’échantillon  suivant  le  taux  de  financement  des  dépenses sportives par d’autres sources de financement

Références

Documents relatifs

Les informati ons enregistrées sont desti nées au service instructeur du Département (Directi on de l’éducati on, des loisirs et de la mobilité / Service des sports, de la jeunesse

L’enquête « Sport de haut niveau & Maternité » montre que les sportives ont tendance à arrêter plus tôt la pratique intensive avec le deuxième enfant (54 % des

Des exercices en musique à base de yoga, de streching, de gainage intégral et de renforcement du périnée pour permettre à Thaïs Larché et les jeunes Bleues d’apprendre à

Après avoir décrit le fonctionnement du modèle français du sport de haut niveau, vous discuterez du rôle et de la place du sportif de haut niveau et du sportif professionnel.

Souvent,  des  sportifs  deviennent

Elle favorise la connaissance et la maîtrise du corps en développant le sens proprioceptif (capacité à sentir son corps) et le sens kinesthésique (capacité à sentir le

Le Secrétaire exécutif a également participé en tant que commentateur à un panel sur le Potentiel des Ressources Inexploitées pour le Financement du Développement Durable en

Le compte individuel pension dispose de deux variables spécifiques d’ajustement des pensions : le taux d’acquisition pour les nouveaux droits (allongement des carrières) et le taux