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Sur l'informatisation de la phase d'esquisse en architecture

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Academic year: 2021

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HAL Id: hal-03091523

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Submitted on 31 Dec 2020

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Sur l’informatisation de la phase d’esquisse en

architecture

Alain Farel

To cite this version:

Alain Farel. Sur l’informatisation de la phase d’esquisse en architecture. [Rapport de recherche] 0456/87, Ecole d’Architecture de Paris-Tolbiac; Bureau de la recherche architecturale (BRA). 1987. �hal-03091523�

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ECOLE D ’ARCHITECTURE PARIS TOLBIAC

Ministère de l ’Equipement, du Logement, de l ’Aménagement du Territoire et des Transports,

Direction de l ’Architecture et de l ’Urbanisme,

Sous-Direction de l ’Enseignement de l ’Architecture et de la Recherche,

Bureau de la recherche architecturale

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Contrat n°86-01321 du 24 novembre 1986

SUR L ’INFORMATISATION DE LA PHASE D ’ESQUISSE EN ARCHITECTURE

Rapport final

Responsable scientifique : Alain FAREL

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ECOLE D ’ARCHITECTURE PARIS TOLBIAC

Ministère de l ’Equipement, du Logement, de l ’Aménagement du Territoire et des Transports,

Direction de l ’Architecture et de l ’Urbanisme,

Sous-Direction de l ’Enseignement de l ’Architecture et de la Recherche,

Bureau de la recherche architecturale

Contrat n°86-01321 du 24 novembre 1986

SUR L'INFORMATISATION DE LA PHASE D ’ESQUISSE EN ARCHITECTURE

Rapport final

Responsable scientifique : Alain FAREL

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ECOLE D ’ARCHITECTURE PARIS TOLBIAC

Ministère de l ’Equipement, du Logement, de l ’Aménagement du Territoire et des Transports,

Direction de l’Architecture et de l'Urbanisme,

Sous-Direction de l ’Enseignement de l ’Architecture et de la Recherche,

Bureau de la recherche architecturale

Contrat n°86-01321 du 24 novembre 1986

SUR L ’INFORMATISATION DE LA PHASE D ’ESQUISSE EN ARCHITECTURE

Rapport final

Responsable scientifique : Alain FAREL

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Remarque préliminaire

Ce "rapport final de recherche" déborde notablement pour nous le cadre de ce que serait le résultat d ’une aide individuelle à la recherche correspondant au travail à temps partiel d ’un chercheur pendant deux mois. Il s ’inscrit plutôt dans la perspective d ’un travail de plus longue haleine, mené par deux chercheurs au moins. Pour des raisons d ’ordre administratif et non scientifique, nous présentons aujourd’hui le travail qui suit.

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Le présent document constitue le rapport final d ’une recherche remise au Bureau de la Recherche Architecturale en exécution du programme général de recherche mené par le Ministère de l’Equipement, du Logement, de l ’Aménagement du Territoire et des Transports, avec le Ministère de la Recherche et de la Technologie. Les jugements et opinions émis par les responsables de la recherche n ’engagent que leurs auteurs.

Cette recherche a été effectuée par Alain FAREL, professeur-chercheur à l’Ecole d ’Architecture Paris- Tolbiac, avec la collaboration de Denis ALKAN, architecte.

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I - PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE

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On assiste, depuis quelques années, à une entrée en force de l ’informatique dans la vie quotidienne de chacun, en particulier dans le domaine professionnel. Et bien sûr, malgré des difficultés sur lesquelles nous reviendrons par la suite, la pratique des architectes n ’échappe pas à ce phénomène.

Cette évolution, qui présente tous les symptômes de l ’irréversibilité, est dûe à une accessibilité toujours accrue des outils informatiques, tant sur le plan des matériels que sur celui des logiciels.

La miniaturisation des machines concomittament à l ’accroissement de leurs performances (en puissance de calcul, en capacité de mémoire et en définition graphique), la baisse de leur prix de vente liée à une diffusion de plus en plus large, caractérisent l ’évolution des matériels.

Une approche tout public, non réservée aux informaticiens de profession ou aux maniaques de la console, visant d ’abord les adolescents et les caractères ludiques, puis des créneaux professionnels bien ciblés, a marqué l ’évolution du domaine des logiciels. Le concept du "friendly computer", inventé par les ingénieurs de Xerox et commercialisé en premier par Apple avec le Macintosh, en modifiant les rapports de l ’usager à l’ordinateur (système d ’exploitation), a contribué à l ’extension foudroyante de la micro- informatique hors des milieux spécialisés. Windows et Gem ont marqué la nécessité pour les autres standards du marché (IBM - compatibles, Atari ...) de suivre ce mouvement vers les utilisateurs non informaticiens.

Les constructeurs de micro-ordinateurs, dans un changement de stratégie quasiment unanime, ont maintenant décidé de viser les professions, spécifiquement, et non plus le grand public de façon générique. Des solutions - matériels + logiciels - sont donc proposées aux divers secteurs socio-professionnels, même si des outils généraux (traitements de textes, tableurs, systèmes de gestion de fichiers, comptabilités, etc...) visent de très larges pans de l ’ensemble des activités professionnelles.

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Et évidemment les architectes participent de cette tendance. De la grosse agence au cabinet unipersonnel, chacun a intérêt à s ’informatiser, pour des raisons d ’économie, de performance, de gain de productivité, de souplesse par rapport aux contraintes administratives liées au salariat (charges, horaires, licenciements...), de multifonctionalité des outils (textes, calculs, dessins etc...), d'image de marque, etc... etc...

L ’informatique tend à devenir un outil "universel" et banal, et si ce résultat n ’est pas encore atteint aujourd’hui, il le sera à coup sûr demain.

L ’informatique pour les architectes.

Le désir des constructeurs de micro-informatique d ’aller vers les architectes est tout à fait réel à l ’heure actuelle. Il n ’est que de voir la récente campagne de l ’UNSFA avec Apple notamment, ou les publicités d ’IBM dans la presse professionnelle avec des logiciels pour architectes et professions du bâtiment. Pratiquement tous les grands noms de 1 ’informatique désirent proposer une solution cohérente pour les architectes. Ce qui pose

le problème des logiciels.

Malgré l ’étroitesse du marché (comparativement au public visé par les traitements de textes' ou les tableurs par exemple), des logiciels pour architectes existent depuis longtemps. Sans revenir sur les programmes d ’analyse de données ou d ’allocation spatiale (PROMET, ANALO, ESKIS, etc...) qui font aujourd’hui figure de dinosaures, on sait que des "systèmes" pour architectes ont été développés depuis des années, sur mini-ordinateurs ou sur main frame, et souvent passés par la suite sur micros. CIFRA, KEOPS devenu Architecte Personnel, ARCAID devenu ARC +, sont quelques exemples. Toutefois le coût de ces configurations (de plusieurs centaines de milliers de francs à quelques millions même), la lourdeur de leur utilisation, n ’en faisaient pas vraiment des outils adaptés à la profession dans son ensemble.

D ’autres logiciels, développés beaucoup plus récemment sur micro- ordinateurs, s ’adressent, par leur coût et leur facilité de mise en oeuvre au plus grand nombre des architectes : ARCHITRION, DIAGONAL 4, ARCHICAD par exemple.

Enfin des logiciels de DAO (dessin assisté par ordinateur) développés notamment pour des applications en mécanique, sont utilisés par des architectes (AUTOCAD, SPACE EDIT) et évoluent même spécifiquement dans des directions souhaitées par la profession

(AUTOCAD et même EUCLID).

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Ceci pour le dessin et la conception assistée par ordinateur.

Plusieurs de ces logiciels permettent d ’obtenir, par chaînage automatique avec le dessin, des métrés, quantitatifs, estimatifs, et l ’on sait qu’il existe des logiciels de calcul thermique, de descriptifs, de suivis de chantiers, etc...

Tout semble donc en place pour que la quasi totalité des activités de l ’architecte puisse être informatisée, de 1’avant-projet aux plans d ’exécution, au chantier, à l'archivage des projets et à la gestion de l ’agence, à ceci près, mais c ’est un autre problème, que les logiciels correspondant à ces diverses phases ne sont pas la plupart du temps chaînés entre eux (on y viendra sans doute prochainement). Restent la partie "commerciale"du travail de l ’architecte, qui semble n ’avoir de rapport avec l ’informatique que de loin, peut-être par l'aspect image de marque moderne-branchée de l ’agence, et/ou la production de belles images type images de synthèse ; et la question, qui nous intéresse ici, de l’esquisse.

L ’ informatisation de 1 ’ esquisse j_ deux problèmes

Il peut paraître pour le moins surprenant q u ’aucun des logiciels de CAO pour architectes ne traite véritablement la phase d ’esquisse du travail de conception. L ’assistance à la conception commence donc bien tardivement. Pourquoi ?

A notre avis pour deux raisons essentielles, très différentes l’une de l ’autre.

Tout d ’abord les outils de saisie informatique de données graphiques, disponibles actuellement, se prêtent mal à cette partie du travail de l ’architecte.

On sait en effet qu’on peut entrer des données graphiques dans la mémoire vive d'un ordinateur par l ’entremise soit du clavier, soit d ’une souris, soit d ’une table à digitaliser avec un curseur à boutons ou un stylet. Aucun de ces instruments n ’est utilisable pour dessiner véritablement. Dans le meilleur des cas (table à digitaliser avec stylet) on ne peut que simuler l ’acte de dessiner, tout en enregistrant en RAM ce qui correspond aux mouvements effectués et qui ne peut être visualisé q u ’en différé sur l ’écran. Par ailleurs sont apparus depuis peu des scanners, qui permettent de numériser des dessins effectués antérieurement; mais en supposant que des logiciels rendent possible le traitement des informations ainsi fournies, de toute façon aucune interactivité n ’esst permise par de tels instruments.

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L ’architecte semble donc condamné à travailler au moins en deux temps distincts : d ’abord dessiner, de façon traditionnelle, par exemple avec un crayon sur du calque, puis ensuite numériser ses dessins pour pouvoir leur faire subir un traitement informatique.

Un autre problème fondamental se pose, qui semble ne pas relever du domaine de l ’informatique, mais appartenir en propre à celui de la création architecturale : il n ’existe pas une façon unique de concevoir un projet crayon en main. Chaque architecte possède une manière personnelle de travailler, même si, dans ses grandes lignes, celle-ci peut se rattacher plus ou moins à un corpus doctrinal commun à un certain nombre de praticiens.

Question méthodologique clé, à laquelle se sont trouvés confrontés tous les logiciels pour architectes. Et l’on sait bien que parmi les réticences exprimées à l ’encontre de beaucoup de ces logiciels, se trouve le refus de se voir imposer une technologie particulière de construction ou l ’obligation de concevoir d ’abord en plan pour ne visualiser la volumétrie que par la suite, par exemple. On peut toujours dans une certaine mesure, tenter de contourner ces contraintes en se livrant à des contorsions, des acrobaties, des artifices ; mais à quel prix en termes de productivité, de commodité d ’utilisation, de spécialisation très pointue dans l ’utilisation du logiciel. Cela demeure donc un handicap, voire une pesanteur rédhibitoire, pour l ’extension de l ’utilisation généralisée de l ’informatique dans la profession.

Or l ’esquisse est sans doute la phase du travail de l ’architecte la plus sensible à cette notion de contrainte méthodologique, dans la mesure où les étapes ultérieures sont plus normées, plus codifiées, débouchant sur la production de documents contractuels à la définition bien précise et commune à tous.

La diversité des approches possibles, des a priori doctrinaux, des parcours de conception, l ’ambiguité des premiers traits dessinés, la question de la représentation sur un support bi-dimensionnel d ’un volume reconnu en tant que tel, etc..., font de l ’esquisse une question extrêmement complexe sur laquelle tout un travail méthodologique reste à faire, d ’une part pour une meilleure connaissance des processus de conception architecturale, et d ’autre part en vue d ’une possible informatisation qui justifierait le terme de CONCEPTION Assistée par Ordinateur.

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C ’est ce travail de réflexion sur l ’esquisse qui est au coeur de notre recherche actuelle. Précisons tout de suite que l'objectif n ’en est pas une improbable théorie architecturale de l ’esquisse, mais plus pragmatiquement, l ’élaboration d ’un cahier de charges pour la rédaction d ’un logiciel. Et cela n ’est pas contradictoire avec les difficultés énoncées plus haut concernant les matériels de saisie de données graphiques. En effet, cette question peut être considérée comme résolue, puisque le responsable scientifique de cette recherche a inventé et breveté en France et à l ’étranger, une table à digitaliser permettant de dessiner effectivement (et respectivement effacer) au crayon sur un support papier, tout en numérisant et enregistrant en RAM

(respectivement en effaçant) les informations graphiques ainsi créées.

Un tel outil, qui devrait, si les pourparlers actuels conduisent à un résultat positif, être fabriqué et diffusé à grande échelle par l ’un des principaux fabricants français d ’ordinateurs, placerait donc l’architecte dans ses conditions habituelles de travail (crayon, gomme, papier ou calque) alors même qu’il serait en train de fournir à l ’ordinateur des données graphiques - numériques sur lesquelles celui-ci pourrait effectuer ses procédures de calcul.

Nous nous situerons par conséquent, pour toute cette recherche, dans l ’hypothèse de l'existence concrète de cet outil de dessin numérisateur, sachant en outre que le crayon fonctionnant avec cette table à digitaliser sera également utilisable en mode "souris" (ce qui a une certaine importance notamment par rapport aux logiciels de CAO déjà existants qui font appel à ce mode de digitalisation).

Les objectifs de ce travail j_ La méthode adoptée

Les objectifs de ce travail se dégagent très naturellement des considérations précédentes.

En premier lieu, il s ’agit de mener à bien une réflexion méthodologique sur l ’esquisse en architecture.

Or, on sait que, sur ce point, fort peu de choses convaincantes existent. Mises à part quelques exceptions relevant d ’architectes désirant faire avancer leur discipline sur le plan théorique et non justifier une pratique personnelle, peu d ’analyses réflexives des concepteurs sur leur démarche sont disponibles, et lorsqu’ils ont le mérite d ’exister, de tels travaux (les protocoles d ’Eastman par exemple, dans la tradition positiviste anglo-saxonne) paraissent beaucoup trop

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L ’habitude veut en effet que l ’on présente le plus souvent des produits finis - comme de beaux théorèmes mathématiques aux démonstrations implacables - en occultant les traces des hésitations, des retours en arrière, des erreurs commises ou des hypothèses abandonnées. Cette attitude esthétique conduit à maquiller la réalité des processus de conception, certains architectes en arrivant même à reconstruire a posteriori leur démarche conceptuelle en fonction du résultat obtenu.

Et l ’on se trouve de fait balloté de Charybde en Scylla entre les deux pôles, aussi illusoire l’un que l’autre, de la transparence totale du processus conceptuel (glass box) et de la boîte noire à l ’intérieur de laquelle l ’intuition effectuerait le travail dans le plus grand des mystères (black box)

Si la conception architecturale relevait de la rationalité pure et dure, elle aurait été depuis longtemps mise en algorithmes, et les ordinateurs auraient avantageusement remplacé l ’architecte pour cette partie de son travail (conception par ordinateur). D ’autre part, si tout se situait dans la sphère de

l ’activité intuitive, on oublierait la notion de conception assistée par ordinateur, et l ’on se contenterait de fournir à l’architecte des outils d ’aide à la production de dessins ou de pièces écrites.

Une grande part de notre problème se situe donc là : que peut-on entendre par assistance informatique à la conception ? A partir de quel moment l ’ordinateur peut- il servir à tester des hypothèses, les valider ou les invalider ? Peut-on lui demander davantage, et à partir de quel stade du travail de l’architecte ?

La complexité des rapports activité intuitive - démarche rationnelle, l ’existence de courts-circuits inconscients, non descriptibles, de la pensée créatrice, sont nécessairement à prendre en compte dans toute analyse de ce q u ’est une esquisse. Comment alors les intégrer dans la problématique d ’un logiciel d ’aide à la conception ?

Ainsi apparaît le fait que le principal écueil à éviter dans l ’élaboration du cahier des charges est celui de la rigidité. Ou si l ’on préfère, devant la diversité des approches conceptuelles possibles, devant la multiplicité des facteurs intervenant dans l ’activité de conception avec des pondérations très personnelles à chaque architecte, il semble indispensable de ne pas fermer le champ par des a priori doctrinaux et de laisser au contraire la plus grande souplesse d ’utilisation possible pour que chacun puisse travailler comme il l ’entend.

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D ’où le' choix de la méthode adoptée pour la première étape de la recherche, empirique, non réductrice, non porteuse d ’exclusion.

Depuis que Vitruve, repris par Alberti et d ’autres auteurs de traités à la Renaissance, a défini l ’architecture sur la base d ’une triade dont une formulation moderne serait "forme - fonction construction", les concepteurs, confrontés à la difficulté de travailler égalitairement sur ces trois notions, ont eu tendance à en privilégier une seule (rarement deux) en se fondant sur des corpus doctrinaux adéquats. Ainsi ont été valorisés, avec des fortunes diverses selon le lieu et l ’époque, le formalisme, le fonctionnalisme ou la primauté accordée à l ’aspect constructif.

Avec l ’extension de l ’activité des architectes (de la cathédrale ou du palais aux HLM, équipements de toutes sortes et locaux industriels par exemple), d ’autres préoccupations ont pu apparaître comme déterminantes, prioritaires dans le cours de la conception : l ’économie, l ’insertion dans le site, entre autres.

A chacun de ces choix (nous en avons déjà cinq, qui peuvent être considérés comme les principaux, mais la liste n ’est pas limitative) correspond une façon particulière d ’aborder le projet. ...

Une . enquête, relativement restreinte faute de moyens, doit’ nous permettre de tester la primauté actuelle de ces facteurs dans la pratique d ’architectes et, éventuellement, de faire apparaître d ’autres facteurs dominants. Pour cela des entretiens avec de nombreux architectes, et quelques interviews plus approfondies (dont on trouvera un texte intégral en annexe) avec des praticiens choisis pour leur appartenance à des classes d ’âge et des "écoles" variées, sont à la base de la collecte d ’une information la plus large et la moins dogmatique possible. Dans ce but, un questionnaire a été mis au point pour servir d ’épine dorsale aux interviews.

Il se veut ouvert, non directif, incitateur à l ’expression libre des personnes interrogées et non inducteur de réponses-types voire stéréotypées.

A partir des résultats bruts des entrevues, un travail d ’analyse est effectué pour faire ressortir ce qui peut apparaître comme des définitions de l ’esquisse pour nos interlocuteurs, et nous tentons de repérer les régularités au sein des différents discours, les différences dans les pratiques décrites, les points de passage obligés pour chacun (dans quel ordre, selon quelle pondération, etc...), les éléments qui semblent très personnels s ’il y en a, les "plus" que chaque architecte peut avoir trouvé dans son processus de

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En aucun cas, précisons le, la taille de l ’échantillon analysé ne permet de prétendre à une réelle représentativité par rapport à l ’ensemble de la profession. Nous avons visé une large diversité dans le choix des interviewés, pour les raisons exposées plus haut. Mais les réponses obtenues n ’ont d ’autre objectif pour nous que d ’être indicatives des besoins que différents praticiens pourraient avoir par rapport à un logiciel d ’esquisse.

De l'analyse de ces discours doivent pouvoir être dégagés des enseignements généraux sur l ’esquisse, et un premier schéma d ’organisation optimale du logiciel ouvert sur la multiplicité potentielle des façons de concevoir un projet d ’architecture.

L ’objectif de cette recherche étant de rendre possible la production d ’un logiciel venant se situer en amont des logiciels de CAO déjà existants, la suite du travail devrait porter sur deux aspects en ce sens complémentaires :

1/ l ’élaboration précise du cahier des charges "architectural" sur ce q u ’on serait en droit d ’exiger d ’un bon produit informatique d ’aide à la

conception, ...

2/ la détermination d ’un certain nombre de spécifications concernant la partie purement informatique du futur logiciel.

La partie 1/ sera la prolongation du présent travail, au cours de laquelle aux considérations méthodologico- architecturales viendront s ’ajouter des préoccupations de faisabilité sur le plan algorithmique.

La partie 2/ quant à elle, nécessitera un approfondissement très substantiel de notre connaissance des principaux logiciels de CAO susceptibles de recevoir la greffe de notre module d ’esquisse. Il s ’agira en particulier d ’analyser leurs modes de saisie de données graphiques, notamment pour évaluer les difficultés d ’adaptation à l ’outil que nous proposons (et sur lequel s ’appuie ce travail), ou envisager la prise de relais par des outils plus traditionnels. Se posera évidemment la question de la structuration des données, question dont il est inconcevable de faire l ’économie avant le développement du logiciel. Par ailleurs, il faudra évidemment réfléchir sur le langage de développement, le ou les système(s ) d ’exploitation, la ou les norme(s) graphique(s) à choisir.

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Pour conclure cette partie il nous faut préciser notre position par rapport aux outils ou aux méthodes relevant de l ’intelligence artificielle ou des systèmes-experts. En effet,nous ne pourrons pas aborder directement cette question dans le cadre de ce travail. Certainement pas par manque d ’intérêt pour ces domaines dans lesquels des applications à l ’architecture commencent à apparaître et sont sans aucun doute promises à un bel avenir (travaux de LI2A à l ’Ecole d ’Architecture de Toulouse, et bien sûr travaux de Paul Quintrand et du GAMSAU à Marseille sur le savoir architectural, qui nous concernent directement), mais faute de moyens suffisants. Cela nous paraît préjudiciable sur le plan théorique, mais sans toutefois remettre en cause notre problématique, car l ’éventualité de voir des systèmes-experts intervenir en certaines parties du logiciel que nous cherchons à définir, sera prise en compte, mentionnée comme souhait d ’amélioration possible de notre travail.

Par contre, cela nous amène de nouveau à souligner la faiblesse des moyens qui nous sont accordés pour mener à bien cette recherche prévue à l ’origine pour une équipe de plusieurs personnes travaillant pendant plusieurs années. On ne peut pas attendre d ’une "aide personnelle à la recherche" des résultats équivalents à ceux annoncés par une équipe complète.

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CHOIX ET PERSONNALITES DES ARCHITECTES INTERVIEWES

Il n ’était pas matériellement pas envisageable dans le cadre limité d ’une recherche exploratoire de multiplier les interviews.

Nous avons donc cherché à rencontrer des personnalités aussi différentes que possible.

Différences au niveau âge, expérience, nature des projets habituellement traités, mais aussi différences à travers leur conception et la forme de leur engagement personnel dans l ’architecture, sachant que pour certains, la démarche est fondamentalement sous-tendue par une quête d ’ordre esthétique, alors que d ’autres adoptent une démarche militante, politique et éthique. Nous sommes allés faire les interviews dans les agences, dans le cadre où est habituellement poursuivi le travail de conception, généralement à des moments de tranquilité, week-ends ou tout début de matinée. Ceci était important pour permettre la continuité de l ’entretien et garantir la disponibilité d ’esprit de notre interlocuteur.

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LES INTERVIEWES

Didier Berger

Jeune architecte, d ’environ 35 ans, D.B. accède à la commande par le concours, encore aujourd’hui, pour l ’essentiel de son activité. Outre les domaines traditionnels de la commande architecturale, logement et équipement, D.B. a su diversifier ses interventions et notamment dans le secteur ouvrages d ’art.

Véronique Mauer

Jeune architecte diplômée depuis deux ans, V.M. est salariée dans^une grande agence parisienne. Elle a déjà la responsabilité de concevoir des projets importants. Elle est particulièrement sensibilisée aux application de l’informatique à l ’architecture, mais l ’agence dans laquelle elle travaille n ’utilise pas d ’outils de

CAO-Marc Miroram

Architecte et Ingénieur, diplômé de l ’ENPC, M.M. fait partie de la jeune génération montante. Son travail et sa recherche sur les structures le situent dans le droit fil de personnes comme Le Ricolais.

Pierre Riboulet

Environ 60 ans, par un travail patient, P.R. s ’est inscrit dans le paysage de l’architecture au fur et à mesure de ses réalisations. Sa dernière oeuvre l ’hôpital Robert Debré, vient d ’être l ’occasio d élargir auprès du grand public la réputation dont il

jouissait déjà dans le milieu professionnel.

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LA PREPARATION DES INTERVIEWS

L ’esquisse est un moment particulièrement sensible de la conception, auquel les architectes se montrent très attachés, et dont ils parlent volontiers. Il convenait dès lors de profiter d ’une situation aussi favorable pour des entretiens non directifs.

Nous nous étions toutefois fixé des objectifs sur la nature des objets sur lesquels nous souhaitions recueillir des informations.

Ceci nous a conduits à dresser une liste de points à aborder, selon un ordre et un rythme chaque fois propre à chaque entretien, en fonction des priorités et des préoccupations de nos interlocuteurs.

La seule règle commune, outre cette latitude laissée aussi large que possible, fut d ’introduire l ’entretien, en demandant à l ’interlocuteur de nous définir ce qu’il entendait par esquisse.

Les points que nous avons volontairement souhaité aborder, indépendamment de ceux q u ’évoquaient à leur gré les architectes interviewés, sont les suivants :

- comment se définit une esquisse, avec comme visée de tâcher de repérer les présupposés attachés à la méthode de travail,

- quels moyens et outils sont mis en oeuvre durant cette phase,

- quels objectifs sont poursuivis, et à travers eux, mieux connaître la nature des informations qui sont produites et leur degré d ’élaboration,

- quels documents sont produits, comment est exprimé le projet au stade de l ’esquisse, quel est son niveau de définition recherché,

- quels types de projets sont pris en référence au cours de l ’entretien et lesquels forment le travail le plus courant de l ’agence, quelle place occupent les situations atypiques,

- quels types de données sont requises dès le stade esquisse, dont notamment :

. construction neuve - relevés de terrain - orientation

- voisinage, site, reliefs, masques ... - règlements de POS . . .

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. Réhabilitation

- relevés des bâtiments, plans, coupes ... - orientation

- environnement

- données socio-économiques - données constructives

- diagnostics de structures et d ’équipements - diagnostics thermiques et acoustiques ...

- quel traitement et archivage sont faits des études qui sont progressivement accumulées, comment est construite, si elle l ’est, la mémoire du projet,

- quelle place est accordée à la maîtrise économique du projet,

- quelle place est accordée à la maîtrise du programme, - quelle place est donnée à la définition, dès le stade esquisse, à l ’aspect constructif et technique,

- quels sont les méthodes et outils de conception qui semblent privilégiés,

- quels sont les référents, techniques ou culturels privilégiés,

- comment se compose l’environnement du poste de travail, comment le travail s ’inscrit dans l'organisation de l ’agence.

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1 - Q u ’est-ce qu’une esquisse ?

A cette question, D.B. commence par situer le problème par rapport au système de la commande. Y accédant, à peu près exclusivement par la voie du concours, il juge le système déterminant : sous-entendu la forme de l ’esquisse et les modalités de son élaboration varieront selon le contexte. Seront donc distinguées deux problématiques, selon qu’il y a concours ou commande directe. C ’est la première qui sera au centre de la discussion.

Selon D.B. la première tâche consiste à conceptualiser un certain nombre d ’orientations, ce qui supposera, en amont du travail de dessin, un travail d ’analyse et d ’écriture, de recherche de références. Références portant sur des programmes comparables et analyses portant sur le site. Outre ce travail assez rationnel, est opérée une recherche d ’ambiances, plus subjective et affective.

A ce stade, D.B. dit explicitement q u ’il rejette toutes les contraintes : le premier objectif est de trouver une première solution qui apparaisse satisfaisante, de façon strictement subjective, puis quelques orientations claires.

Ce n ’est qu’à partir de là que pourra être engagé le travail d ’intégration des contraintes, qui se fera pas à pas, en prenant soin de ne pas perdre la clarté et la lisibilité du parti d ’origine. Souci jugé d ’autant plus important que le contexte du concours impose le fait que le parti soit clairement exprimé.

Me proposant d ’imaginer que le concours est gagné, D.B. s ’attache alors à décrire la phase de mise en oeuvre du projet. Là aussi, les choses sont définies par rapport au contexte. A ce stade le client apparaît et se trouve défini comme "des besoins qui cette fois ci ont une parole, c ’est-à-dire qu’il y a une contradiction, il y a un client". Toute la phase de mise au point de l ’APS est alors appréhendée à travers cette dimension de la négociation, d ’une relation au client que l ’on entend pouvoir être parfois douloureuse... L ’objectif sera d ’établir et de maintenir un rapport de confiance dont le moyen, et l’enjeu, est cette esquisse qui progresse vers le stade d ’APS. La stratégie sera d ’anticiper les errements du projet en recherchant les failles du programme avec le client, ce qui vaut mieux que d ’en subir tardivement les conséquences.

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Ce risque permanent de voir basculer le programme et avec lui le projet, tient pour D.B. au fait q u ’il y a toujours un décalage entre la prise de conscience du programme et la réalité de ce que va devenir le bâtiment. Outre la recherche systématique et anticipée des failles du programme, un autre moyen est considéré comme utile pour contenir ce décalage. Il s ’agit de mettre en oeuvre des modes de représentation suffisamment poussés pour parvenir à une expression détaillée du projet, et parfaitement interprétable par le maître d ’ouvrage, mais la limite est basse, compte tenu des niveaux de rémunération.

Suit une longue digression sur les méthodes de travail usitées outre-atlantique. Elles sont valorisées par leur pragmatisme, et une fois encore définies par rapport à la spécificité de leur contexte. La situation de libre concurrence généralisée est perçue comme conduisant les agences à intégrer des phases comme celles de recherche foncière, programmation par objectif d ’optimisation économique, ce dernier élément déterminant la proposition de l ’esquisse. Ce système est par ailleurs annoncé comme participant d ’un système de commande dont les règles sont données comme claires, la préférence étant donnée au projet le plus performant...

2 - Quels moyens ?

D.B. rêve d ’un outil, automatique et performant, qui, tout en dessinant librement, lui permettrait en temps réel et de façon continue, de contrôler coûts et quantités des constructions en projetation... Il imagine pour cela une table à digitaliser "et tu as ton cubage de béton derrière..."

Faute de cette planche et de sa baguette magique, D.B. revient à ses instruments habituels.

La manière et les outils semblent très établis, presque ritualisés. Le travail commence "toujours" sur du papier blanc, non transparent, format A4, au crayon, sans gomme. Il s ’ensuit un travail de répétition, de mise en forme progressive par reprise, dans un nouveau dessin, des éléments sélectionnés dans un dessin antérieur. Cette façon de procéder permettra à D.B. d ’intégrer de façon quasi réflexe la forme q u ’il veut produire ainsi que les données de son environnement physique. Au-delà de l ’astreinte et de la rigueur propres à ce système, il cherche à acquérir une liberté, progressivement conquise, au fur et à mesure que le graphisme est maîtrisé et rendu naturel à la main. Cette maîtrise portera d ’abord sur la métrique du projet et sur les règles de sa construction, qui y sont progressivement développées.

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Suit une phase de mise au net, selon des règles apparemment bien établies également. Le format s ’élargit un peu : A3, l ’outil devient plus précis : planche plastique à règle parallèle, choisie pour sa commodité.

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A - Q u ’est-ce que 1*esquisse en architecture ?

Pour un équipement ou un local industriel, une usine, c ’est-à-dire des objets architecturaux ayant une lecture propre, plus ou moins indépendante du lieu d ’implantation, donnés comme une question, un sujet (par exemple une usine à Dijon) quand on part de zéro, l ’esquisse est une idée forte, même caricaturale, qui induit une image.

C ’est une image, un fil directeur.

L ’esquisse est une donnée immédiate, elle ne se travaille pas vraiment, elle est dans ma tête. Elle ne nait pas du dessin, par tâtonnements. Quand on prend le crayon, c ’est pour adapter l ’idée au projet, à ses contraintes, c ’est pour étudier sa faisabilité, pour savoir si cette idée peut être une réponse au projet. Pour du logement dans un contexte urbain, ou pour des bureaux, l ’image est celle d ’une façade, et éventuellement d ’un plan masse. Les problèmes de faisabilité par rapport au terrain, aux règles de prospect, déterminent l ’enveloppe. Il faut donc passer immédiatement en 3 dimensions. D ’où encore une question d ’image dès l ’étude de faisabilité : va-t-on mettre un escalier en façade ou pas, par exemple.

L ’esquisse est donc une image tridimensionnelle.

B - Les moyens utilisés

Je travaille au gros floppen, très rapidement, sur du calque. Dès que j ’ai l ’image, je fais des axonométries. Je préférerais des perspectives, mais 1 ’axono est plus facile à faire sans moyens de type informatique. Je m ’intéresse aux proportions à ce stade du travail, pas aux dimensions. C ’est pourquoi 1’axono n ’est pas le plus satisfaisant des moyens de représentation à ce moment ; la perspective serait plus intéressante.

Donc l ’esquisse est une image tridimensionnelle permettant la validation d ’une idée en respectant des proportions.

En fait ça fonctionne de la façon suivante :

1/ une idée, c ’est-à-dire une forme, globale ou partielle, autour de laquelle tout le reste va s ’articuler,

2/ la validation de cette idée en trois dimensions,

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3/ Le programme. Il est nécesaire d ’adapter l ’idée au programme pour l ’utiliser. Bien sûr le fonctionnement est déjà là implicitement dans l ’idée de la forme, mais pour vérifier la faisabilité de la forme par rapport au programme il faut travailler sur les dimensions. La forme va-t-elle contenir ce qu’exige le programme ?

Pour cette vérification globale, les outils sont la projection en plan des différents niveaux, sur calque, à main levée, en utilisant un kutch. Pour les projets de taille importante je travaille à 5 mm/m. Je n ’utilise pas de trame.

Lorsqu’on a effectué ces trois étapes on arrive à l’avant-projet. Alors en travaillant sur le fonctionnement, les circulations, la localisation des espaces, les dimensionnements, on modifie la forme. Et souvent de façon positive, grâce aux contraintes. La forme s ’affine, mais doit nécessairement conserver l ’idée de départ, sinon le projet sera bâtard.

L ’objectif est donc d ’aboutir à une image stabilisée, où l ’on peut lire les principales données du programme.

C - Ce q u ’est une esquisse réussie

Quand on passe de la phase_d ’adaptation de l ’idée au programme, à ce que j’appelle l ’avant-projet, on se trouve au, coeur de ce qui constitue le plus grand plaisir de l ’architecte. On ne dort plus, mais on n ’a plus l’angoisse de la création. L ’idée est là, elle fonctionne. Alors on entre dans les détails, en étant complètement dans le projet, pour adapter le projet à l ’idée.

Mais on n ’est plus dans la phase d ’esquisse.

Celle-ci doit durer au maximum 48 heures, après une période de gestation - si possible pas trop longue - au cours de laquelle on prend connaissance du programme, du site, et on imagine. Mais on ne dessine pas.

Si on commence à dessiner sans que cela repose sur une idée assez précise, on va à l ’échec. Si on remplit un rouleau de calque pour une esquisse, ça ne peut pas réussir. L ’idée part d ’un élément aléatoire, le plus souvent extra-architectural, par exemple un meuble ou un détail, qui sera peut-être perdu dans la suite. Mais ce qui me paraît important c ’est qu’elle doit sortir vite, sans que l ’on doive explorer une multitude de pistes possibles. Il faut se focaliser sur l ’idée et aller au but le plus rapidement possible.

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Pour commencer il me faut le programme, ou au moins ses éléments clés, le contexte du projet, et la surface globale. L ’esquisse peut très bien démarrer sur une idée de mise en oeuvre d ’un matériau, ou sur un détail constructif, mais dans ce qu’est pour moi l'esquisse, le système constructif n ’apparaît pas.

Tu l ’as compris, même si ma position architecturale ne fait pas l ’unanimité autour de moi, je travaille avant tout sur la forme. Donc la question qui sous-tend ma recherche au début du projet est : est-ce que la forme se tient ? Ce qui m ’amène, outre les axonos dont j’ai parlé au début, à faire de nombreuses coupes, qui me permettent de mieux définir mes volumes et me donnent une meilleure idée sur les répartitions de surfaces.

Par contre, je ne cherche pas à ce stade à évaluer les coûts.

D - Les informations nécessaires, les questions posées

E - Les outils, les références

Je dessine à main levée, à gros traits au floppen, dans le désordre, sur des bouts de calque pris ici ou là. Sans toujours suivre une même ligne directrice précise, je travaille néanmoins selon mon idée de départ. Et je garde tout' ce qui a été tracé. Je ne jette rien avant que le projet soit complètement dessiné. Je ne passe à la règle parallèle que lorsqu’il faut commencer à redresser les traits. Mais cela ne vient qu’après toute une accumulation de dessins.

En ce qui concerne mes choix doctrinaux, je dirais que je pense travailler dans une totale liberté d ’esprit, sans préjugé. Et cela me semble tout à fait fondamental. Par exemple le projet de Jean Nouvel pour l ’Opéra de Tokyo est magnifique parce que justement il est libre de tout préjugé, donc plus créatif.

Je ne suis pas influencée par des écrits ou des paroles, éventuellement par des images. Pour moi, plus un projet est libre, mieux c ’est.

Mes références ? L ’architecture balnéaire, horizontale, l ’architecture paquebot et l ’architecture formelle, celle de Portzamparc, par exemple.

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RESUME DE L ’INTERVIEW DE MARC MIMRAM

Q u ’est-ce qu’une esquisse ?

Avant d ’apporter une réponse, M.M. va resituer ses modes d ’activités, qui viennent déterminer le contexte dans lequel se situe l ’esquisse.

Il distingue 3 domaines :

a/ en tant qu’ingénieur concepteur dont la mission consistera à définir une structure pour un bâtiment ou un ouvrage donné ;

b/ travail de construction, au sens large et général (donc plus large que la structure) qui se fait en équipe avec l ’architecte, en ayant donc la perspective d ’intégration des préoccupations architecturales et constructives ;

c/ conception de structure d ’ouvrages d ’art.

Dans un deuxième temps, M.M. cherche à décrire en quels termes se pose et se résoud la conception d ’une construction.

a/ d ’une part, elle se développe spatialement selon un agencement relevant d ’une géométrie réglant métriquement un ensemble d ’éléments constructifs concourant à la définition de volumes ;

b/ d ’autre part, la définition de cette volumétrie devra être faite en tenant compte des transferts de charge qui s ’opéreront et devront être écoulés jusqu’au sol.

Enfin, M.M. aura le souci de se démarquer de l ’approche, considérée comme habituelle des architectes : il "ne me parlera pas de préoccupations urbaines, de rapports d ’échelle, d ’ordre, de hiérarchie ou même de modulor". Toutefois, il lui faudra bien en venir à dire que ses préoccupations ne peuvent pas ne pas intégrer ces différentes échelles qui vont de l ’urbain au détail, mais qu’il lui faut cependant bien distinguer des approches...

S ’appuyant sur un projet de chateau d ’eau, M.M. s ’attachera à donner une expression résumée et rationnelle de la démarche qui guide la conception : a/ la recherche de formes en termes de géométrie b/ le respect des transferts de charge

c/ intégrer dans les formes les conditions de mise en oeuvre, ce qui guidera la recherche constructive.

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Au travers de ce schéma, M.M. cherche des outils lui permettant de rendre rationnel le travail, selon ses propres termes.

L ’esquisse est indissociable de la représentation. Dans ce principe de mise en représentation, M.M. pointe le fait qu’il y a une progression du général au particulier, ce qui représente un risque, celui de perdre - dans le particulier - l ’expression du général. Dans ce sens, il estime que la représentation réduit la pensée, et qu’il y a toujours une nécessité de "resituer le projet, de savoir à chaque étape en quoi s ’y révèle un peu plus une situation antérieure".

L ’essentiel de l ’entretien sera consacré à des réflexions dont l ’objet central est une éthique rationaliste, sans qu’il soit possible de le recentrer sur son objet, tenter de décrire une démarche et ses outils, les difficultés rencontrées, les objectifs poursuivis.

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RESUME

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L* INTERVIEW DE EUSSE

1 - A la question "qu’est-ce qu’une esquisse ?", Pierre Riboulet commence par dire que non seulement la question est vaste, mais q u ’"on ne se la pose pas habituellement". Cette remarque faite d ’entrée de jeu, demandait à être soulignée, au moins dans le cadre de ce travail, puisqu’elle le fonde. Poursuivant, il justifie ainsi son observation : "on fait, on sait, sans forcément y réfléchir". Là aussi, des développements s ’imposent, mais nous y reviendrons au cours de l ’analyse succinte que nous ferons de ce résumé des idées et arguments proposés par P. Riboulet.

Il va dans un premier temps s ’attacher à décrire de quoi procède l’esquisse : "c’est pour moi la réaction immédiate du croisement d ’un programme et d ’un site", et ce "dès leur première lecture". Il parlera ensuite de la rapidité de cette alchimie, d ’image mentale qui comme tout ce qui a trait au rêve, est à la fois très précise et très imprécise”. Le mot image revient régulièrement dans les propos de P.R. qui ajoute finalement que "c’est le mot important” .

En résumé de la description de ce premier instant, il précisera q u ’à ce premier stade de l ’image, il a le sentiment d ’une chose quasiment faite, même si elle ne se distingue pas encore très clairement, et que la..suite du travail consistera d ’abord à ne pas s ’écarter de cètte image, qui tout en se modifiant restera la trace qui formera le fondement de l ’objet à venir.

Il parlera ensuite du caractère de cette image qui apparaît comme une certitude, comme une réponse juste qui s'impose à soi.

Plus perplexe ensuite, il va s ’interroger sur la façon dont cela fonctionne, sans vraiment parvenir à mieux préciser qu’il y a là de l ’intuition et de la sensibilité.

2 - Le problème alors posé est de savoir comment est matérialisée cette image.

De façon immédiate, P.R. en appelle au dessin ajoutant "qu’il est le langage de ma pratique, de notre pratique" encore majoritairement... pense-t-il nécessaire de préciser. Puis sont évoquées les maquettes.

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P.R. remarque que cette instrumentalisation fera passer d ’une phase "onirique" à une phase "manuelle", où "le travail de la main est extrêmement important". Travail dont il dit la "nécessité absolue", car il est à la fois "la source de la création et sa sanction", car ce qui ne se trouverait pas convenablement manifesté au moyen du dessin est "perdu", ne trouve pas de "pertinence" : "au cours de ce travail manuel, un autre processus s ’engage qui à son tour génère et élimine".

3 - Nous rentrons alors plus précisément dans le détail de la description du processus d ’élaboration de l ’esquisse, cherchant à en retrouver la décomposition. Contrairement à l ’immédiaté de l ’image mentale, P.R. insistera sur la longueur de la phase manuelle consistant à la rendre manifeste. Travail aléatoire, contradictoire, où se succèdent les repentirs ; travail d ’exploration de voies pas toujours fructueuses. Il s ’agit du moment où "toutes les contradictions sont là, sur la table" et il faudra bien les résoudre, les rassembler.

Sont alors citées, un peu comme la revue d ’une armée adverse, toutes les contraintes qui se rencontrent.

A ce stade, les voies ouvertes par les fragments d ’esquisse surmontant les contradictions portent tout le potentiel du projet en gestation. "D’autres logiques se mettent en route", faisant "apparaître les contours du projet"; peut alors démarrer une troisième phase ou cette “ébauche de projet", "ce parti (...) va commencer à être le moteur principal". A partir de cette ébauché se développe une logique qui sera le fil conducteur de l ’avant-projet, et permettra "de soumettre les contradictions".

4 - “Le propre de l ’image rêvée, c ’est qu elle transgresse les contraintes". Quid de ces contraintes ? Comment les aborder, les résoudre ?

"De façon sérieuse, en les mettant sur la planche m ’est-il alors répondu... "Il faut que ça fonctionne ... Tout doit être résolu dans ses différents aspects fonctionnels et physiques. Un sort particulier est réservé aux contraintes d ’ordre économique, qualifiées de "non objectives" parce que "liées à un certain état du développement politique et social . De ce fait, elles relèvent d ’une catégorie à part. Le faible niveau admis du prix de construction du logement, à titre d ’exemple, ne constituera pas une contrainte objective, mais reflétera la place que le logement occupe dans la société d ’aujourd'hui, ce qui en fait une contrainte contingente".

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P. R. reconnaît toutefois que ce caractère de contingence ne rend pas pour autant les contraintes économiques contournables, le projet devant de toute façon "pouvoir se faire" dans le moment historique où l ’on se trouve, mais il y voit un motif d ’autocensure, d ’où, entre autres, l ’importance à ses yeux d ’une telle analyse et du débat qui doit se faire autour d ’elle.

Reprenant la notion de contrainte à un niveau plus général, P.R. en rappelle la dimension stimulante pour la création, tout en rappelant qu’il y a toutefois des seuils... en deçà desquels le possible n ’existe plus.

5 - De la méthode

P. R. ne se connaît pas de méthode. Il préfère le terme d ’empirisme pour qualifier sa démarche. Pour résoudre le problème que constituent les contraintes, il dit s ’efforcer de les hiérarchiser mais selon des procédures variables selon les projets. En fait, la spécificité de chaque projet tient dans le parti adopté, puisque c ’est ce parti qui induira la logique selon laquelle les contradictions entre contraintes sont réduites. Mais c ’est aussi de la possibilité de cette réduction que dépend la viabilité du parti. Nous retrouvons une manière d ’explication du caractère tâtonnant, aléatoire, de cette phase manuelle évoquée par P.R. auparavant. Les moyens utiles à cette réduction sont dits “artisanaux"; seront mentionnés, des "notes", des "tableaux", des "classements", tous moyens permettant de distinguer et qualifier les formes naissantes. aussi des commentaires précis sont faits sur le terme d ’"artisanat" et les raisons de son choix : dans le travail artisanal comme dans la création artistique, le travail manuel et le travail intellectuel ne sont pas séparés, ce qui en fait des lieux d ’unité.

6 - L ’outil

De la méthode, la conversation se déplace vers l ’outil. P. R. se préoccupe des conséquences que peut avoir

l ’informatique dans la pratique architecturale. Cela le conduit à une nouvelle réflexion sur la modification du travail par l’outil, sur la place de ce processus dans l’histoire, et les effets de la machine sur la forme aujourd’hui divisée, fragmentée, du travail. "La machine ne peut fonctionner que dans des processus séparés".

"Pour que la machine puisse répondre, il faut découper le travail". Rappelant le processus de désagrégation du travail qui accompagnait la mutation d ’une pratique artisanale vers sa forme industrielle, P.R. se demande si une nouvelle fragmentation du travail ne risque pas de résulter de la nouvelle mutation conduisant de l’industrialisation vers l’automatisation.

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III - ANALYSE DES INTERVIEWS

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