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Influence de la culture disciplinaire et sociale des chercheurs sur la perception des impacts, l’acceptation et l’acceptabilité de nanocapsules de vectorisation ciblée au regard du contexte d’usage clinique

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Academic year: 2021

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Université de Sherbrooke

Influence de la culture disciplinaire et sociale des chercheurs sur la perception des impacts, l’acceptation et l’acceptabilité

de nanocapsules de vectorisation ciblée au regard du contexte d’usage clinique

Par Vanessa Chenel

Programme de Sciences Cliniques

Thèse présentée à la Faculté de médecine et des sciences de la santé en vue de l’obtention du grade de philosophiae doctor (Ph.D.)

en Sciences Cliniques

Sherbrooke, Québec, Canada 10 juillet 2015

Membres du jury d’évaluation

Marie-France Dubois Ph.D, Présidente de jury, Université de Sherbrooke Pascale Lehoux Ph.D, Évaluatrice externe, Université de Montréal Michèle Stanton Jean Ph.D, Évaluatrice externe, Université de Montréal

Johane Patenaude Ph.D, Directrice de thèse, Université de Sherbrooke Jean-Pierre Cloarec Ph.D, Directeur de thèse, École Centrale de Lyon Patrick Boissy Ph.D, Co-directeur de thèse, Université de Sherbrooke

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ÉSUMÉ

Influence de la culture disciplinaire et sociale des chercheurs sur la perception des impacts, l’acceptation et l’acceptabilité

de nanocapsules de vectorisation ciblée au regard du contexte d’usage clinique Vanessa Chenel

Programme de Sciences Cliniques

Thèse présentée à la Faculté de médecine et des sciences de la santé en vue de l’obtention du diplôme de philosophiae doctor (Ph.D.) en Sciences Cliniques, Faculté de médecine et des sciences de la santé, Université de Sherbrooke, Sherbrooke, Québec, Canada, J1H 5N4 Résumé : Dans le secteur médical, la nanovectorisation ciblée (NVC) est susceptible de lever de nombreux verrous technologiques en matière de traitements médicaux. L’absence d’une démarche axée sur les impacts possibles, l’acceptation et l’acceptabilité de la NVC pourrait toutefois conduire à un manque d’adéquation entre les applications développées et les besoins et valeurs des utilisateurs, freinant ultimement leur déploiement. Sur la base d’un modèle interdisciplinaire d’analyse d’impact et d’acceptabilité, les variables de perception des impacts, d’acceptation d’acceptabilité ont été opérationnalisées et étudiées au regard de la nature du nanovecteur, du contexte d’usage clinique et de la culture disciplinaire et sociale des répondants. L’exploration des impacts perçus, mobilisés et pondérés sur un ensemble d’enjeux éthiques, économiques, environnementaux, légaux et sociaux (E3LS) a permis d’établir un premier portrait de l’acceptabilité de cette application. Une approche descriptive-exploratoire fondée sur un devis mixte avec triangulation séquentielle des données a été employée. Les données ont été collectées en deux phases, d’abord par le biais d’un questionnaire en ligne (n=214), puis par des entrevues individuelles semi-dirigées (n=22). Une recension des scientifiques actifs du secteur des technologies émergentes œuvrant en sciences naturelles et ingénierie ainsi qu’en sciences humaines et sociales a permis de former l’échantillon final composé de chercheurs Français et Québécois. L’opérationnalisation du cadre de référence a permis de montrer l’importance de distinguer le dispositif et les usages lors de la formulation du jugement d’acceptabilité, relevant parallèlement une influence du contexte d’usage sur l’acceptabilité des applications de NVC. Des variations disciplinaires et sociales quant aux jugements d’acceptabilité ont aussi été soulevées, soulignant des sensibilités culturelles relativement aux éléments mobilisés dans le jugement d’acceptabilité. Ces distinctions relatives à la manière d’appréhender la NVC invitent à dépasser les approches traditionnelles d’acceptation technologiques et à converger vers une approche d’acceptabilité axée sur les impacts perçus et valorisés relativement à un ensemble d’enjeux E3LS. Les résultats des deux phases de l’étude ont aussi montré que l’opérationnalisation du cadre théorique de référence était adéquate pour arriver à cette fin. Ultimement, afin de prendre en compte et de comprendre l’étendue possible des impacts perçus et valorisés dans le jugement d’acceptabilité de l’ensemble des acteurs concernés par les nouvelles applications nanomédicales, l’élaboration de ces applications bénéficierait à employer une telle approche et à l’intégrer aux processus de développement technologique. Mots clés : Perception des impacts, acceptabilité, culture disciplinaire, culture sociale, nanotechnologie, nanomédecine, développement de questionnaire, enjeux E3LS

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UMMARY

Effect of social and disciplinary culture of researchers on impacts perception, acceptance and acceptability

of nanocarriers for drug delivery regarding clinical contexts of use Vanessa Chenel

Program of Clinical Sciences

Thesis presented at the Faculty of medicine and health sciences for the obtention of Doctor degree diploma of philosophiae doctor (Ph.D.) in Clinical Sciences, Faculty of medicine

and health sciences, Université de Sherbrooke, Sherbrooke, Québec, Canada, J1H 5N4 Summary: In many medical fields, nanocarrier-based targeted drug-delivery (TDD) is likely to remove many technical obstacles regarding treatment. The lack of an approach based on variables such as potential impacts, acceptance, and acceptability could however lead to a mismatch between TDD applications being developed and users’ needs and values; this mismatch could ultimately hold back their deployment. Based on an interdisciplinary approach for the analysis of impact and acceptability of emerging technologies, three main concepts of a new theoretical framework—perceived impacts, acceptance, and acceptability—have been operationalized. This operationalisation has been studied in the light of several variables, namely the nature of the nanocarrier, the clinical context of use, and the disciplinary and social culture of the respondents. An exploration of the impacts perceived, mobilized and weighted, based on a set of ethical, economic, environmental, legal and social (E3LS) issues allowed to establish a first portrait of the acceptability of this application. A descriptive-exploratory approach based on a mixed-methods design with sequential data triangulation was used. The data were collected in two phases, first through an online questionnaire (n = 214), and then through semi-structured individual interviews (n = 22). The final sample was composed of French and French-Canadian researchers involved in themes related to emerging technologies, all from natural sciences and engineering or from humanities and social sciences. The operationalisation of the theoretical framework highlighted the importance of distinguishing the device and the uses when formulating the acceptability judgment, revealing also the influence of the context of use on the acceptability of TDD applications. Disciplinary and social variations related to acceptability judgments were also raised, highlighting possible cultural sensitivities regarding elements mobilized in those acceptability judgments. These distinctions on how are apprehended TDD applications invite to go beyond traditional approaches of technology acceptance and to converge toward approaches of acceptability; those approaches also need to integrate how impacts on E3LS issues are perceived and weighted. The results of both phases of the study also showed that the operationalization of the theoretical framework was adequate to achieve that end. Ultimately, in order to figure and to understand the broad spectrum of possible impacts that may be perceived and valued in the acceptability judgment of stakeholders affected by the development of new nanomedical applications as TDD, the development process of those applications could benefit from integrating this approach. Keywords: Impacts perception, acceptability, disciplinary culture, social culture, nanotechnology, nanomedicine, questionnaire development, E3LS issues

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À Arnaud, dont le soutien, l’admiration et les bons mots m’ont permis de travailler pour deux.

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On a dit quelque part que la vraie science devait être comparée à un plateau fleuri et délicieux sur lequel on ne pouvait arriver qu’après avoir gravi des pentes escarpées et s’être écorché les jambes à travers les ronces et les broussailles

Claude Bernard Introduction à l'étude de la médecine expérimentale (1865)

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ABLE DES MATIERES

1 Résumé ... ii

2 Summary... iv

3 Table des matières ... viii

4 Liste des figures ... x

5 Liste des tableaux ... xi

6 Liste des abréviations ... xii

1 Introduction générale ... 1

2 Problématique et recension ... 5

Problématique générale ... 5

Recension des écrits ... 13

La perception des impacts, l’acceptation et l’acceptabilité ... 13

La perception des impacts, l’acceptation et l’acceptabilité au regard des cultures sociales et disciplinaires ... 17

La perception des impacts, l’acceptation et l’acceptabilité au regard de la nanomédecine ... 20

Problématique spécifique ... 22

Question et objectifs de recherche ... 25

3 Matériel et méthodes ... 28

Cadre théorique ... 28

Devis de recherche ... 30

Développement du questionnaire ... 31

Pré-test du questionnaire par entrevues cognitives ... 32

Déroulement et résultats du pré-test du questionnaire ... 33

Première vague ...33

Seconde vague ...33

Troisième vague ...34

Développement d’un guide d’entrevue pour la phase qualitative ... 34

Recrutement des répondants ... 35

Taille d’échantillon et plan d’analyse des données ... 36

Considérations éthiques ... 37 4 Résultats ... 38 5 Article 1 ... 39 6 Article 2 ... 67 7 Article 3 ... 100 8 Article 4 ... 124 9 Discussion ... 153

Sommaire des articles ...153

Intégration des résultats ...160

Usages et cultures ...161

Importance d’une approche compréhensive et intégrée ...164

Autres perspectives d’analyse...168

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Traitement de la variable d'acceptation ...170

Forces et limites de l’étude ...171

Forces...171

Limites ...173

10 Conclusion... 178

11 Remerciements ... 182

12 Liste des références ... 184

13 Annexe I ... 193 14 Annexe II... 198 15 Annexe III ... 201 16 Annexe IV ... 204 17 Annexe V ... 206 18 Annexe VI ... 209 19 Annexe VII ... 210 20 Annexe VIII ... 214

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ISTE DES FIGURES

Article 1

Figure 1 Comparisons of individual and social preponderant issues among nanocarrier compositions and contexts of use ... 54 Figure 2 Multiple correspondence analysis: coordinates graph of core variable modalities for listed variables concerning use of carbon nanocarrier to treat seasonal flu ... 58 Article 2

Figure 1 Comparisons of individual and social preponderant issues in relation to carbon nanocarrier among contexts of use, as related to disciplinary cultures ... 83 Figure 2 Multiple correspondence analysis: Coordinates graph of core variable modalities, including individual and cultural factors ... 85 Article 3

Figure 1 Comparisons of individual and social preponderant issues in relation to carbon nanocarrier among contexts of use, as related to social culture ... 113 Figure 2 Multiple correspondence analysis: Coordinates graph of core variable modalities, including individual and cultural factors ... 114

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ISTE DES TABLEAUX

Article 1

Table 1 Definition of main concepts, related variables, abbreviations, and operationalization ... 48 Table 2 Description of issues presented with respect to use of selected nanocarriers, and impacts affecting positively or negatively these issues ... 49 Table 3 Comparisons between nanocarriers among perception index, individual and social acceptance and individual and social acceptability ... 52 Table 4 Regression estimates of variables concerning carbon nanocarrier to treat seasonal flu ... 56 Article 2

Table 1 Brief profile of researchers and research trainees ... 80 Table 2 Comparisons between nanocarriers among perception index, acceptance, and acceptability across disciplinary cultures... 82 Table 3 Distinctions in impacts invoked in arriving at acceptability judgement regarding context of use of targeted drug-delivery nanocarriers ... 88 Table 4 Identification of disciplinary differences in impacts invoked in arriving at acceptability judgement regarding use of carbon nanocarrier to treat seasonal flu ... 90 Article 3

Table 1 Comparisons between nanocarriers among perception index, acceptance, and acceptability across social cultures ... 111 Table 2 Identification of social differences in impacts invoked in arriving at acceptability judgement regarding use of carbon nanocarrier to treat seasonal flu ... 116 Article 4

Table 1 Impacts and impact features that go into the composition of acceptability judgments about the two types of nanocarriers as used in the two clinical situations ... 136 Table 2 Use and user as contextual factors modulating the acceptability judgment about the targeted-drug-delivery nanocarriers presented in the scenarios ... 141

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ISTE DES ABRÉVIATIONS CD / DC CS / SC E3LS EHS ELS GM NM NT NVC / TDD OGM / GMO RFID SHS / SSH SNG / NSE

Culture disciplinaire / Disciplinary culture Culture sociale / Social culture

Éthique, environnemental, économique, légal, social

Environnement, santé, sécurité / Environment, health, safety Éthique, légal, social / Ethical, legal, social

Génétiquement modifié / Genetically modified Nanomédecine

Nanotechnologie

Nanovectorisation ciblée / Targeted drug-delivery

Organisme génétiquement modifié / Genetically modified organism Radio-identification / Radio Frequency identification

Sciences humaines et sociales / Social sciences and humanities Sciences naturelles et génie / Natural sciences and engineering

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I

NTRODUCTION GÉNÉRALE

Les nanotechnologies (NT) amorcent une nouvelle ère d’innovation susceptible de lever des verrous techniques dans une foule de domaines d’application, de l’ingénierie des matériaux à l’électronique, en passant par l’industrie des cosmétiques (Project on Emerging Nanotechnologies, 2015). Cependant, comme l'indiquent plusieurs avis et rapports gouvernementaux, les nouvelles avenues rendues possibles par l’exploration de ces possibilités pourraient soulever un grand nombre d’enjeux éthiques, environnementaux, économiques, légaux et sociaux (Commission de l’Éthique, 2006a). Par exemple, l’optimisation et la miniaturisation des dispositifs électroniques rendent facile et accessible l’utilisation des puces d’identification par radiofréquence (aussi connues sous l’acronyme RFID) pour les objets de la vie de tous les jours, voire pour l’implantation dans le corps humain (Aubert, 2011), soulevant des problèmes relatifs à la protection de la vie privée (Ganascia, 2011). Mais encore, la découverte de certaines propriétés protectrices et antioxydantes des nanoparticules les rendent intéressantes pour l’industrie de l’alimentation, malgré le faible degré de connaissance des effets à long terme de l’ingestion de ces nanoparticules et malgré les incertitudes quant à la réceptivité et l’acceptabilité des utilisateurs relativement à la nanofood (Chun, 2009).

Le même discours peut être tenu en ce qui concerne le secteur de la médecine, à la différence que la nanomédecine (NM) (définie comme étant l’intégration des technologies

nano à l’ensemble des aspects de la médecine occidentale) constitue un domaine

d’application des plus susceptibles d’être impacté positivement par le développement des nanotechnologies (Project on Emerging Nanotechnologies, 2015). La recherche fondamentale de même que les aspects de prévention, de diagnostic et de traitement pourraient largement en bénéficier (Farokhzad et Langer, 2006; Boisseau et Loubaton, 2011). Toutefois, les effets à long terme de l’emploi de certains nanomatériaux en médecine demeurent pour le moment inconnus (Moghimi et al., 2005). Il est aussi reconnu que le déploiement de la NM est susceptible d’engendrer un grand nombre d’impacts sur l'ensemble des enjeux éthiques, économiques, environnementaux, légaux et sociaux (E3LS) (Mnyusiwalla et al., 2003; Allhoff, 2009) et que ces impacts dépassent la sphère des enjeux de santé environnementale et de sécurité (Bawa et Johnson, 2009).

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Bien que les promesses des applications nanotechnologiques comme celles du domaine de la NM aient été annoncées, les incertitudes et les impacts sur les enjeux E3LS soulevés par leur développement et leur utilisation pourraient constituer des barrières à leur acceptation par la population. Les approches traditionnelles d’acceptabilité des nouvelles technologies font aujourd’hui face à deux insuffisances majeures. D’une part, si les approches traditionnelles ont été développées essentiellement autour de critères tels que la sécurité ainsi que l’efficience technique et économique, le contexte d’innovation aujourd’hui plus social, force à prendre aussi en compte d’autres enjeux d’ordre éthique et social par exemple. D’autre part, un développement technologique dorénavant plus participatif incite aujourd’hui à donner une voix à un ensemble d’acteurs concernés (utilisateurs, développeurs, institutions, tiers payeurs, etc.) relativement aux choix propres à l’orientation de ce développement. Ancrées dans un système économique guidé par les lois du marché, les approches traditionnelles d’acceptation des technologies prennent appui sur l’intention d’utilisation des consommateurs et sont opérationnalisées via des démarches où cette acceptation gagne à être prédite. Toutefois, afin d’assurer un développement plus responsable et davantage en concordance avec les enjeux valorisés et les priorités individuelles et sociétales, la nature du développement participatif invite aujourd’hui à adopter une approche visant plutôt à comprendre le point de vue de l’ensemble des acteurs concernés par ces technologies et à documenter ce sur quoi est fondé leur jugement d’acceptabilité.

À l’égard de l’étude de la perception des impacts, de l’acceptation et de l’acceptabilité d’une technologie en particulier, les méthodologies et cadres d’analyse disponibles concordent pour la plupart avec les approches traditionnelles prédictives. Si des efforts doivent être déployés pour mettre dorénavant l’emphase sur la prise en compte et la compréhension du point de vue des acteurs concernés par le développement des NT, il convient par conséquent de développer des outils opérationnels en mesure de répondre aux besoins de cette approche compréhensive. Bien que cette thèse s'inscrive dans le cadre de l'éthique appliquée, elle ne propose toutefois pas de théorie éthique ni de nouveaux concepts. Sa portée repose plutôt sur des contributions possibles relativement à l'opérationnalisation de certains concepts centraux y étant mobilisés, tels que l'analyse d’impacts et leur acceptabilité. Par conséquent, l’originalité de la thèse repose sur la

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proposition de nouveaux outils pour leur étude dans des cas concrets liés à des développements technologiques spécifiques. La démarche prend appui sur un cadre théorique interdisciplinaire d’analyse d’impact et d’acceptabilité (Patenaude et al., 2014), lui-même inscrit dans une perspective E3LS et développé dans le but d’accompagner le développement des nouvelles technologies et plus particulièrement, des NT.

La NM est un secteur prometteur des NT ayant toutefois été peu documentée en termes d’impacts perçus et d’acceptabilité. La nanovectorisation ciblée (NVC), soit l’une des applications les plus transformatives en matière de pratiques médicales (Kostarelos et al., 2009; Shi et al., 2010) servira ainsi de cas d’étude afin de tester les nouveaux outils proposés relativement à l'étude de l’acceptabilité technologique. Mais encore, si l’étude de la perception du grand public s’avère nécessaire dans la prise en compte des valeurs individuelles et de société (Sylvester et al., 2009), il a aussi été documenté que la perception des scientifiques impliqués dans le développement technologique pouvait d’une part impacter la perspective du grand public et pourrait d’autre part servir de point de référence pour l’ouverture du dialogue social sur la question des nouvelles technologies (Sahoo, 2013). L’étude de l’acceptabilité de la nanovectorisation ciblée gagne ainsi à être étudiée sous le prisme de la perception des chercheurs œuvrant dans le secteur des technologies émergentes. Considérant à la fois le contexte international du développement et du déploiement de la NM ainsi que son contexte interdisciplinaire, relativement à la documentation des enjeux techniques comme de ses enjeux E3LS, ce projet de recherche sera axé sur la perception des chercheurs, sur la base de leur culture disciplinaire et sociale. Les objectifs théoriques de cette thèse sont donc: 1) de caractériser la perception des impacts, l’acceptation ainsi que l’acceptabilité de nanocapsules de NVC, au regard de leur composition ainsi que du contexte d’usage clinique dans lequel elles sont employées et ultimement d’explorer les relations entre l’ensemble de ces variables; 2) d’étudier l’influence du profil culturel (disciplinaire et social) de chercheurs sur la perception des impacts, l’acceptation et l’acceptabilité des applications de NVC présentées ainsi que l’incidence de ce profil culturel sur les relations entre ces variables et enfin; 3) d’explorer le concept d’acceptabilité par l’identification des impacts mobilisés et pondérés dans le jugement d’acceptabilité et par l’identification des éléments modulateurs du jugement

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d’acceptabilité des nanocapsules de NVC présentées dans les contextes cliniques abordés. L’ensemble de la démarche est conditionnel à l’atteinte d’un objectif méthodologique transversal à savoir : 4) de proposer une opérationnalisation de plusieurs éléments constitutifs du cadre conceptuel, dont ses trois concepts centraux de perception des impacts, d’acceptation et d’acceptabilité.

Une première section de la thèse décrit la problématique générale et fait état de la littérature actuelle, sur laquelle prend appui la problématique spécifique ainsi que la question et les objectifs de recherche. Le cadre théorique sous-jacent à cette étude est décrit en détail dans la section méthodologique. Les processus de développement et de validation des outils de collecte de données sont aussi décrits dans cette section. Quatre articles publiés ou soumis constituent le corps de la thèse et présentent l’ensemble des résultats obtenus; une recension, une méthodologie ainsi qu’une discussion propre à chaque article permettent de présenter et d’interpréter en profondeur chaque objectif de recherche. Un chapitre de discussion permet de plus d’interpréter de manière transversale l’ensemble des résultats. Enfin, les retombées globales du projet de recherche sont abordées en conclusion. Les travaux de recherche menés dans le cadre de ce projet doctoral ont fait l’objet de nombreuses communications; une liste de ces communications est présentée en annexe.

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ROBLÉMATIQUE ET RECENSION

Problématique générale

Le développement technologique a toujours été guidé a priori par la nécessité de répondre à certains besoins humains. Toutefois, la multiplication des champs d’application ainsi que la complexification constante des requêtes conduisent les scientifiques à mettre au point des dispositifs toujours plus novateurs. De l’énergie nucléaire à la transgénèse, de nombreuses techniques ont été élaborées et ont permis d’explorer de nouvelles possibilités. Au fil des développements, ces dispositifs, applications ou produits d’usage ont été mis sur le marché selon des principes économiques libéraux, laissant aux consommateurs la responsabilité des risques encourus par le choix de l’utilisation d’un produit ou d’une technologie. Cette manière de procéder s’inscrit dans une logique d’offre et de demande et sous-entend que la population détient la responsabilité de s’informer sur les risques possibles, s’ils sont connus. Dans cette logique, le grand public revêt alors un rôle d’acteur passif du développement technologique, ne pouvant faire entendre sa voix que par l’intermédiaire de ses choix de consommateur. Dans cette optique, le gouvernement détient la responsabilité relative à la protection ainsi qu’à la sécurité de la population et possède un rôle majeur dans la mise en place d’une réglementation relative à la santé publique et à l’environnement. L’établissement d’une telle législation passe nécessairement par une étape d’analyse des risques où les experts en sciences de la nature disposent d’un rôle important dans l’élaboration des nouvelles technologies. Cependant, dans un contexte social où, d’une part, la population apparaît dorénavant désireuse d’opérer des choix éclairés et de participer au développement technologique et où, d’autre part, l’acceptabilité sociale des nouvelles technologies est amenée à intégrer d’autres enjeux que la toxicologie, la sécurité ainsi que l’efficience technique et économique (Fleischer et al., 2014), cette approche fait face à de nombreuses critiques. La perspective des scientifiques, le caractère hétérogène de leur expertise et leur rôle dans les processus d’analyse de l’acceptabilité technologique sont aussi amenés à être remis en question.

Parmi les nouvelles technologies actuellement explorées, celles que l’on peut qualifier de

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fabrication ainsi que la manipulation à l’échelle des atomes et des molécules, de structures qui comportent au moins une dimension mesurant entre 1 et 100 nanomètres (soit un milliardième de mètre) et qui possèdent des propriétés physicochimiques particulières exploitables (Commission de l’Éthique, 2006a). La NT ne constitue pas un nouveau domaine en soi, mais elle représente plutôt une nouvelle approche profitant à de nombreux domaines d’applications. Issus des secteurs de l’ingénierie des matériaux à l’industrie de l’alimentation, en passant par l’électronique et les cosmétiques, un grand nombre de produits développés grâce aux NT sont actuellement commercialisés (Project on Emerging Nanotechnologies, 2015).

Contrairement aux pratiques du passé, le développement des NT a été suivi de près. Dès ses balbutiements, de nombreux rapports, dont celui de la Commission de l'éthique en science et en technologie du Québec (Commission de l’Éthique, 2006a) et celui de la Royal Society du Royaume-Uni (The Royal Society, 2004) ont fait état très tôt des questionnements qu’il soulevait. Antérieurement, le développement des biotechnologies, et particulièrement des méthodes de transgénèse, a laissé place à de nombreuses interrogations. Certaines de ces interrogations ont cependant été éclairées parfois trop tard dans le processus de développement. Par exemple, le développement et l’utilisation d’organismes génétiquement modifiés (OGM) semblent avoir soulevé un tollé d’indignation chez la population, malgré l’intérêt présumé des applications proposées (Gaskell et al., 2004; Roco et al., 2008). Les gouvernements tout comme les hautes instances évaluatives ont été critiqués non seulement relativement à leur manière d’avoir orienté le développement technologique, mais aussi dans leur prise de risques relative à la mise en marché sans précédent qu’a constitué le déploiement des OGM. Les chercheurs et les développeurs qui anticipaient une réaction positive de la part du public ont été surpris par le phénomène de rejet des produits transgéniques (Wolfe et Bjornstad, 2008). Cette contradiction entre les attentes ainsi que les bénéfices anticipés par les développeurs et la réaction du grand public amène aujourd’hui à mettre en doute les notions de risques acceptables et de ce qui est socialement acceptable. À la lumière de ce constat issu de l’ère des biotechnologies, il convient par conséquent d’adopter une approche plus responsable et participative impliquant de se pencher sur l’acceptabilité des applications nanotechnologiques de manière complémentaire aux

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processus de développement, c’est-à-dire en dépassant les aspects techniques et en y intégrant aussi des considérations de l’ordre des enjeux E3LS.

La réaction du grand public à l’égard des produits issus des techniques de transgénèse tels que les OGM, pointant les insuffisances de l’approche usuelle de l’acceptation des technologies émergentes, amène à se questionner sur les autres options relativement à ce type d’approche. Réglementés par les organismes de santé publique, ces processus d’analyse axés sur l’examen des risques sont principalement fondés sur la preuve scientifique, apportée par les experts des différents domaines des sciences de la nature. Conformément à cette approche, le risque y est normalement entendu de manière normative comme tout ce qui peut causer un dommage, et représente la définition prévalant dans le domaine de la santé publique. La présence de risques avérés conduit par conséquent les instances gouvernementales à établir des réglementations (interdiction ou limitation) en fonction des constats scientifiques, le postulat de base étant que l’absence de risque avéré concernant un produit devrait constituer un gage de son acceptation par la population. Toutefois, des inquiétudes peuvent être soulevées sans que les risques soient avérés. Si ces risques potentiels ne sont pas pris en compte dans l’établissement des politiques de réglementation, l’évaluation de leur acceptabilité est par conséquent laissée au gré de la population, par le biais des lois de l’offre et de la demande. En l’absence de risques avérés, de nouveaux produits peuvent être mis sur le marché en leur assurant une large publicité des avantages afin qu’ils soient acceptés, comme en atteste l’achat. Le jugement relatif au fait qu’un dispositif, un produit ou une technologie soit acceptable est ainsi réduit à la consommation, ceci signifiant qu’en l’utilisant, la population en accepte l’ensemble des risques, quels qu’ils soient. La situation des OGM a cependant montré que la population n’est pas prête à accepter tous les risques potentiels, même en absence de risques avérés. Ceci signifie qu’une approche d’acceptation des technologies fondée sur la preuve scientifique ainsi que sur les lois du marché est dorénavant insuffisante et doit être dépassée; les critères d’évaluation scientifiques doivent par conséquent être aussi remis en question.

Les insuffisances relatives à cette conception de l’acceptation des risques technologiques et de l’acceptabilité sociale fondés sur l’expertise scientifique peuvent être décrites en trois

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volets. Tout d’abord, l’impact du savoir scientifique et la primauté de l’expertise des chercheurs du domaine des sciences de la nature et de l’ingénierie en contexte technologique sont tous deux remis en question. En ce qui a trait à l’incertitude scientifique, occupant une grande place dans les démarches de développement des NT, de nombreuses zones d’ombre peuvent demeurer relativement aux effets potentiels, hypothétiques, théoriques, voire encore inconnus. Certaines données manquantes quant aux effets à long terme invitent aussi à une plus grande précaution et dessinent le contour des limites du paradigme scientifique.

Le second volet concerne l’intégration de l'ensemble des répercussions que peuvent avoir le développement et l’utilisation de nouveaux dispositifs et de nouvelles applications technologiques. Il est maintenant reconnu que ces répercussions s’étendent au-delà des aspects de toxicologie (Fleischer et al., 2014), de santé environnementale, de sécurité et de gains économiques (Senjen et Hansen, 2011). Par exemple, le manque de réceptivité de la population envers les OGM porte à croire que les critères d’acceptabilité sociale d’une technologie se définissent au-delà des preuves scientifiques et doivent être contextualisés. En effet, les NT sont susceptibles d’engendrer des impacts sur une vaste étendue d’enjeux éthiques, environnementaux, économiques, légaux et sociaux (E3LS), soit un ensemble d’impacts que les dispositifs d’analyse strictement scientifiques n’intègrent pas et évacuent des données prises en compte (Senjen et Hansen, 2011). Concrètement, par la modification des manières de vivre ou des repères traditionnels, les NT sont à même de modifier les représentations culturelles et sociales de l’homme et de la nature (Commission de l’Éthique, 2006a). Le développement des NT et des applications qui en découlent est aussi sujet à impacter l’orientation du développement et de l’avancement des connaissances, les relations personnelles et internationales, la liberté de choix des consommateurs, le respect de la vie privée, etc. Ces aspects ne vont généralement pas de pair avec les approches traditionnelles du développement des technologies, où le savoir technique constitue le moteur du développement scientifique et économique. De tels aspects pouvant être compris dans les enjeux E3LS font toutefois partie intégrante du jugement d’acceptabilité d’un grand nombre d’acteurs concernés par le développement technologique. Ce constat invite ainsi à dépasser la prise en compte unique des enjeux relatifs à la toxicité et à la sécurité, des aspects souvent assimilés dans la littérature à la nomenclature EHS (environmental

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health and safety) et à intégrer les autres considérations d’ordre éthique et social par

exemple. En contexte d’évaluation basé sur les risques avérés, ces critères de sécurité et d’efficience constituent certes des entraves importantes au développement et à la mise en marché de nouveaux produits. Cependant, ils ne constituent pas les seuls critères sur lesquels l’ensemble de ses acteurs fonde leur jugement d’acceptabilité. Bien qu’il existe des approches centrées sur les enjeux éthiques, légaux et sociaux, assimilées dans la littérature à la nomenclature ELS ou ELSI (pour ethical, legal and social issues), les démarches qui en découlent ont pour particularité de traiter de ces enjeux parallèlement aux enjeux relatifs à la toxicité et à la sécurité. De cette conception cloisonnée des enjeux ELS versus EHS résulte des approches en silo où l’ensemble des enjeux d’une technologie en développement n’est jamais traité en complémentarité. Considérant la nature variée des enjeux pouvant être pris en compte et pondérés, l’acceptabilité des nouvelles technologies comme la nanomédecine doit dorénavant être étudiée par l’intermédiaire d’une approche intégrée prenant en compte l’ensemble des enjeux E3LS (intégrant à la fois les enjeux traditionnels de santé environnementale et de sécurité ainsi que les considérations éthiques, légales et sociales). Si des fondements théoriques existent à cet effet, il convient toutefois de développer des outils concrets permettant d’analyser contextuellement l’acceptabilité tout nouveau dispositif ou technologie sur la base de l’ensemble des impacts positifs et négatifs en lien avec leur développement et leur usage.

Enfin, la remise en question des mécanismes d’évaluation des risques basés des critères techniques et par le fait même, du mode de gouvernance en place invite à développer une approche davantage centrée sur la perspective des acteurs concernés par le développement technologique. Par le refus de consommer des organismes transgéniques, la population a revendiqué le désir de contribuer aux choix faits relativement à l’orientation du développement technologique afin que cette orientation ne soit pas uniquement guidée par des faits scientifiques, mais prenne davantage appui sur les valeurs et priorités individuelles et sociales (Bawa et Johnson, 2009). Dans une société pluraliste, clarifier les valeurs individuelles et de société qui soutiennent l'acceptabilité d’une technologie pourrait être une manière de répondre aux questions complexes relatives à l’orientation de l’innovation (Giacomini et al., 2009). Par ce tournant où la science tend peu à peu à se démocratiser, l’implication de l’ensemble des parties prenantes doit dépasser l’entérinement et

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l’acceptation des décisions prises par les gouvernements et les instances évaluatives. Cette implication doit donc dorénavant passer par la participation active de l’ensemble des parties prenantes, dont le grand public, aux débats de société sur les questions de technologies émergentes, telles que les NT (Burri et Bellucci, 2008; Sylvester et al., 2009).

Dans l’optique de créer et de faire durer ces espaces dialogiques ainsi que de rendre possible le développement des NT en concordance avec les valeurs et priorités de société, il convient de bien comprendre la perspective de l’ensemble des parties prenantes touchées par ce processus. Toutefois, les domaines d’exploitation des NT sont vastes et certaines avenues sont d'une part davantage explorées que d’autres et d’autre part, plus sujettes à impacter un ensemble d’aspects E3LS. Considérant que la perspective du public est plus facile à étudier au regard d’applications précises (Cacciatore et al., 2011) et que les soins de santé constituent un champ d’application pour lequel le déploiement de la NT pourrait permettre de lever de nombreux verrous technologiques (Nijhara et Balakrishnan, 2006), la NM constitue un bon point de départ pour amorcer le développement de cette approche compréhensive. En effet, de toutes les sphères d’applications des NT, ce sont celles reliées à la santé et au bien-être qui cumulent le plus grand nombre d’applications actuellement sur le marché ainsi qu’au stade de recherche et développement (Project on Emerging Nanotechnologies, 2015). Plus particulièrement, la NM peut être décrite comme étant la concrétisation des technologies nano, appliquées à la recherche et au développement de traitements, d’outils de diagnostic ou de prévention (Boisseau et Loubaton, 2011). Le développement de nouvelles méthodes d’administration de médicament, de nouvelles techniques d’imageries et de nouvelles pratiques relativement à l’ingénierie tissulaire ne représente que quelques exemples d’applications envisagées de la NM (Prato et al., 2008; Kostarelos et al., 2009; Shi et al., 2010). Bien que l’ensemble de ces nouvelles possibilités apparaisse prometteur, les impacts possibles de la NM sur la société sont notables et dépassent la sphère des enjeux de santé environnementale et de sécurité (Bawa et Johnson, 2009). Les inconnus relativement aux effets à long terme de l’emploi de nanomatériaux en médecine (Moghimi et al., 2005) ainsi que l’ensemble des impacts possible sur les enjeux E3LS (Mnyusiwalla et al., 2003; Allhoff, 2009) offrent un terreau fertile pour étudier une technologie au-delà des caractéristiques techniques. Le paradoxe du développement de technologies médicales permettant de résoudre des problèmes de santé de manière sans

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précédent, mais susceptibles de heurter les valeurs individuelles et de société (Bjornstad et Wolfe, 2011) invite à approfondir la manière dont est opéré le jugement d’acceptabilité et à identifier les considérations sur lesquelles ce jugement est fondé. S’il apparaît nécessaire d’entreprendre une démarche réflexive à l’égard des NT, les applications du champ de la NM doivent aussi faire l’objet d’une attention particulière.

L’examen du point de vue des utilisateurs d’une application nanotechnologique en particulier, comme un traitement nanomédical, doit notamment passer par l’exploration de la perception des impacts que son développement et son usage sont susceptibles d’engendrer. Cette exploration doit aussi s’appuyer sur la documentation de son acceptation par l’utilisateur ainsi que du jugement d’acceptabilité que cet utilisateur formule pour exprimer sa posture. Bien que ces concepts n’émergent pas nouvellement pour répondre aux besoins actuels du contexte participatif du développement des technologies, l’interprétation et l’opérationnalisation qui en sont faites dans le cadre de cette approche compréhensive entrent en rupture avec les définitions de la littérature. En effet, les approches traditionnelles de perception des impacts, d’acceptation et d’acceptabilité sont pour la plupart ancrées dans un paradigme psychométrique mettant de l’avant l’étude des caractéristiques des individus en vue de prédire les risques perçus. L’influence des caractéristiques de risque (à savoir si un risque est de nature humaine ou s’il est d’origine naturelle; si l’exposition à un risque est volontaire ou non) est aussi étudiée en vue de prédire l’acceptation d’un dispositif, d’une technologie ou d’une application (Fischhoff et

al., 1978; Slovic et al., 1979). Le rejet des OGM a montré les limites de ce type

d’approches axées sur la prédiction d’un comportement ou d’un état d’acceptation et a pointé l’importance de développer des approches axées sur le jugement d’acceptabilité des utilisateurs, basées sur la mise en lumière de la pondération des impacts perçus et des enjeux valorisés.

Au-delà de l’aspect de prédiction, les approches traditionnelles sont aussi nourries par les principes du déficit cognitif qui suggèrent qu’un niveau d’information adéquat pourrait permettre aux profanes (membres du public non scientifiques) de percevoir le risque de manière plus objective et d’être moins sujets aux biais et heuristiques dans leur manière d’appréhender une nouvelle technologie (Wynne, 1991). Cette vision dichotomisant

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drastiquement public et expert a été rejetée massivement dans le contexte des NT pour plusieurs raisons (Cobb et Macoubrie, 2004). Tout d’abord, cette vision de manque à gagner ou de déficit au point de vue informationnel suggère que la perception et l’évaluation des risques ne soient fondées uniquement que sur les aspects techniques de l’objet à évaluer. Or, l’exploration de la réponse aux impacts d’une technologie en particulier intègre des composantes sociales, affectives et symboliques (culturelles) (Joffe, 2003). Ensuite, si cette approche basée sur l’information suppose que d’éduquer adéquatement la population sur la science et les technologies engendrera leur acceptation, il a été documenté que l’accès à l’information conduisait davantage à une plus grande certitude sur ses propres positions qu’à une modification de ses perceptions (Lassen et al., 2006). Enfin, le contexte des NT en est un pour lequel les incertitudes scientifiques ne permettent pas même aux chercheurs et autres experts d’avoir accès à l’ensemble de l’information nécessaire relativement aux impacts des applications qui en découlent (Brown, 2009). Le point de vue des scientifiques a aussi été documenté comme pouvant être subjectif et affecté par les valeurs personnelles (Slovic, 1999). Par conséquent, l’opinion des chercheurs des sciences naturelles est appelée à être remise en question en tant que gage d’acceptabilité technologique, venant une fois de plus appuyer l’importance de rompre avec le mode de gouvernance des nouvelles technologies centré sur un paradigme scientifique.

Cette rupture avec la primauté du savoir de l’expert technique entre en résonnance avec ce constat que le développement et l’utilisation des applications nanotechnologiques comme celles du domaine de la NM sont susceptibles d’engendrer de nombreux impacts sur un ensemble d’enjeux E3LS (Bawa et Johnson, 2009). La nature de ces impacts, qu’ils soient avérés, possibles, hypothétiques ou théoriques suggère que le regard de chercheurs provenant d’autres champs d’expertise soit nécessaire afin d’en rendre compte adéquatement. D’autre part, cette rupture avec la preuve scientifique et la prépondérance des données techniques concorde aussi avec le développement d’une approche d’acceptabilité où l’examen des impacts perçus et valorisés permet de comprendre la perspective des acteurs impliqués dans le développement plutôt qu’à la prédire à l’aide de variables extérieures. Malgré tout, le public et les chercheurs constituent tous deux des groupes distincts d’acteurs impliqués dans le processus d’innovation et les relations entre la

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perception du public et celle des experts soulignent l’importance d’étudier plus en profondeur le point de vue de ces experts (Cobb, 2005; Satterfield et al., 2013; te Kulve et

al., 2013). Mais encore, si la compréhension de la perspective du grand public est

nécessaire au bon développement de toutes nouvelles technologies, (Sylvester et al., 2009), dans un contexte de gouvernance participative, la perspective des chercheurs impliqués dans le développement technologique pourrait aussi servir de référence pour ouvrir les discussions relativement au développement des NT (Sahoo, 2013). À la lumière de ce constat, il apparaît nécessaire d’explorer attentivement la perspective des chercheurs relativement à la perception des impacts, à l’acceptation ainsi qu’à l’acceptabilité d’applications nanotechnologiques dans des domaines complexes et engageants pour la société tels que la NM.

Recension des écrits

Les NT et ce qu'elles sous-entendent, à savoir, le déploiement des applications qui en découlent ainsi que les impacts engendrés par leur développement et leurs usages nous obligent à refaire le point sur les enjeux théoriques et sociaux impliqués. Ces enjeux traversent trois ordres de considération soit les approches de perception des impacts et d’acceptation et d’acceptabilité, la perspective des chercheurs selon leur champ d’expertise et la considération des variables culturelles. Considérant le champ d’application sur lequel sera développée cette approche, un examen de la littérature a été opéré afin de repérer et d’analyser les travaux majeurs relativement à ces variables. Cet état de l’art met d’une part l’emphase sur les fondements théoriques reliés à l'étude des concepts de base et d’autre part, présente les études axées sur la mise en application de ces concepts en lien avec la population à l’étude (les cultures sociales et disciplinaires) de même que le contexte d’application (les NT ainsi que la NM).

La perception des impacts, l’acceptation et l’acceptabilité

Un examen de la littérature portant sur la perception des impacts (risques et bénéfices), l’acceptation et l’acceptabilité des technologies permet de retourner aux balbutiements de l’opérationnalisation de ces concepts. En 1978, Fischhoff et al. soulèvent l’importance d’examiner la perception des risques et des bénéfices ainsi que d’évaluer l’acceptation des

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risques perçus selon certaines caractéristiques telles que la nouveauté du risque, l’exposition volontaire au risque ainsi que l’aspect naturel du risque (Fischhoff et al., 1978). Ancrée à l’intérieur d’un paradigme comportemental, cette approche psychométrique définie le risque principalement comme un danger de blessure ou de mort et réfère aux bénéfices en termes de gains économiques. Les études associées à cette approche cherchent à prédire l’utilisation d’une technologie ou d’un produit (Fischhoff et

al., 1978; Slovic et al., 1979) en documentant la manière dont les utilisateurs pensent et

réagissent à l’égard des risques perçus. Il a été trouvé que le caractère catastrophique d’un risque ainsi que son caractère inconnu sont par exemple deux éléments pouvant influencer le caractère acceptable d’un risque relatif à l’utilisation d’une technologie ou à une pratique à risque (Slovic, 1987). Parallèlement, les relations entre la perception des risques et des bénéfices ainsi que l’acceptation technologique ont aussi été étudiées relativement au génie génétique, soulevant que les risques et les bénéfices perçus pouvaient en moduler l’acceptation (Siegrist, 2000). La confiance institutionnelle a aussi été documentée par Siegrist et al. comme pouvant influencer les risques et les bénéfices perçus à l’égard de ces technologies.

Au-delà des variables de perception des risques, des bénéfices et de confiance, l’acceptation technologique a aussi été étudiée par l’intermédiaire de plusieurs modèles issus de la psychologie cognitive tels que la théorie du comportement planifié et la théorie de l’action raisonnée (Fishbein et Ajzen, 1977; Ajzen, 1985), le modèle de croyance de la santé (Becker et al., 1978) ainsi que le modèle d’acceptation technologique (Technology

Acceptance Model – TAM) (Davis, 1989; Venkatesh et al., 2003). Le TAM est le modèle

ayant été le plus déployé dans la littérature en vue d’étudier la réponse sociale des nouvelles technologies et en particulier les technologies de l’information (Ronteltap et al., 2011). Ce modèle traditionnel de l’étude de l’acceptation technologique met en relation l’intention d’utilisation d’une application, d’un système ou d’un dispositif par un individu avec sa perception d’utilité (soit l’atteinte des buts recherchés) ainsi que sa perception d’utilisabilité (soit l’atteinte des buts de manière efficace et avec satisfaction) (Davis, 1989). Ces variables sont étudiées et optimisées afin d’augmenter la correspondance des caractéristiques des systèmes et dispositifs avec les besoins et les capacités de l’utilisateur final. Dans l’optique d’inscrire le développement technologique dans une démarche

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d’innovation sociale, les caractéristiques techniques ne sont dorénavant plus les seuls déterminants de l’acceptabilité des nouvelles technologies (Boissy et al., 2014).

En vue d’anticiper la réaction du grand public et de faciliter la communication scientifique, la perception des impacts et l’acceptabilité des risques ont aussi été étudiées sous le prisme de la dichotomie public-expert. Il a été trouvé que le niveau de connaissance théorique et le caractère rationnel sont deux caractéristiques qui distinguent l’expert du membre du public, moins formé scientifiquement et davantage porté à réagir émotionnellement; il a aussi été trouvé que le jugement de l’expert, lorsqu’il est forcé à aller au-delà de l’information disponible, est aussi sujet aux mêmes biais que le jugement du grand public (Fischhoff et

al., 1982). La perception des risques apparaît de plus être modulée par le statut du

répondant; les caractéristiques du risque décrites précédemment (caractère catastrophique et imprévu) permettent de prédire la perception du risque du public, mais ne semblent pas reliées à la perception des experts (Slovic et al., 1982). Enfin, une définition différente du risque, une perception de contrôle plus grande chez les experts ainsi qu’une sensibilité aux risques plus grande chez le grand public pourraient aussi permettre de distinguer ces deux groupes (Sjöberg, 1998a).

Ce type d’approche ayant jeté les bases pour l’étude de la perception des impacts, de l’acceptation et de l’acceptabilité technologique elle a été reprise pour l’étude de ces variables relativement aux NT. Dès les débuts de la popularisation, il a été trouvé que les membres du public présentaient généralement un haut degré d’enthousiasme à l’égard des impacts positifs des NT et un faible degré de préoccupation à l’égard de leurs impacts négatifs qu’ils jugent moins prévalant que les impacts positifs (Bainbridge, 2002), confirmant qu’ils étaient davantage optimistes qu’anxieux sur le sujet (Cobb et Macoubrie, 2004). Il a par la suite été documenté que chez le grand public, les associations possibles avec des technologies plus familières, à la manière de raccourcis mentaux, ainsi que l’information véhiculée dans les médias de masse pouvaient influencer la perception des risques et des bénéfices en lien avec les NT (Scheufele et Lewenstein, 2005). Une autre constatation issue de la recherche chez un public peu familier avec les NT souligne que l’attitude à l’égard de ces nouvelles technologies est aussi grandement influencée par les dimensions affectives et l’émotivité (Kahan et al., 2007b), et que cette même émotivité

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pourrait avoir un effet plus grand que la connaissance chez le grand public (Lee et al., 2005). Kahan et al. documentent aussi l’incidence des valeurs personnelles sur la perception des impacts chez les personnes plus familières avec les NT (Kahan et al., 2007b). Une première analyse comparative relativement à l’acceptation des nanotechnologies par rapport à d’autres dispositifs et produits de consommation issus des biotechnologies et du nucléaire a révélé que la perception du public est une donnée complexe, et que les risques comme les bénéfices sont inter reliés dans le calcul de prise de décision (Currall et al., 2006). Une seconde analyse comparative de la perception des risques en matière d’environnement, de santé et de sécurité (EHS) a aussi montré que de manière générale, les nanoparticules sont perçues comme étant moins risquées que d’autres applications ou pratiques telles que le clonage ou le tabagisme (Berube et al., 2011).

Au niveau de la dichotomie public-expert relativement aux NT, il a été trouvé que si la perception des impacts du grand public était tributaire de deux grandes caractéristiques décrites précédemment, soit le caractère catastrophique et le manque de confiance envers les agences gouvernementales, seul le critère de confiance est un important déterminant de la perception des risques chez les experts (Siegrist et al., 2007b). Ces auteurs ont aussi fait état du fait que malgré une perception similaire des bénéfices, le public a évalué les risques possibles de manière beaucoup plus élevée que ne l’ont fait les experts. Un résultat similaire est documenté par Ho et al. qui précisent aussi que le support du public à l’égard des subventions gouvernementales des nouvelles technologies serait plus faible par rapport au support des experts (Ho et al., 2010). Cette étude souligne aussi que la formation et l’expérience des experts les portent moins à employer des heuristiques telles que les valeurs religieuses par rapport au public et qu’ils sont davantage en mesure d’évaluer les risques et les bénéfices des NT de manière indépendante par le biais d’autres considérations que celles de la population générale (Ho et al., 2010). Le niveau de connaissance a aussi été soulevé comme élément distinctif entre le grand public et les experts. Des recommandations ont été formulées à l’effet que des programmes de sensibilisation et de formation pourraient permettre de réduire cette différence informationnelle et permettre aux consommateurs du grand public d’opérer des choix conscients et raisonnés en matière de NT (Kim et al., 2014). Cette conclusion forgée à même le modèle du déficit cognitif (Wynne, 1991) apparaît toutefois en contradiction avec les efforts mis en place dans le but

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d’ouvrir le dialogue social et de passer outre le patriarcat scientifique en valorisant la perspective du grand public (Kearnes et al., 2006; Brown, 2009). L’ouverture de cet espace de dialogue passe toutefois par la compréhension et l’examen des distinctions d’opinion entre les experts et le public. Plusieurs études américaines et européennes ont permis d’explorer les divergences de perspective entre ces deux groupes d’acteurs (Scheufele et

al., 2007; Besley et al., 2008; Priest et al., 2010). Des enquêtes américaines ont permis de

montrer que les scientifiques du domaine des NT ont une vision plus optimiste des bénéfices anticipés que le public en général (Scheufele et al., 2007). Ces scientifiques apparaissent toutefois davantage préoccupés que le public par les impacts négatifs des NT sur l’environnement et la santé (Scheufele et al., 2007). S’il a été trouvé que les experts sont aussi conscients des impacts négatifs possibles sur les enjeux sociétaux (Besley et al., 2008), les membres du public ont semblé davantage préoccupés par les risques sociétaux que représente le développement des NT et inquiets d’un développement qui serait axé uniquement sur les risques physiques sur la santé et l’environnement (Priest et al., 2010).

La perception des impacts, l’acceptation et l’acceptabilité au regard des cultures sociales et disciplinaires

Les études précédentes ont échafaudé une partie des bases des fondements théoriques relativement aux variables de perception des risques et bénéfices, d’acceptabilité des risques et d’acceptation technologique. Un autre segment de la recherche sur la perception des impacts orienté vers l’influence du profil de l’évaluateur a par la suite été développé. Un premier volet de la recherche sur l’influence du profil a tout d’abord fait état du risque comme étant un construit collectif dont les repères culturels et sociaux en orienteraient la perception (Douglas et Wildavsky, 1982). Plusieurs profils ou biais culturels soit la hiérarchie, l’individualisme, l’égalitarisme et le fatalisme ont été décrits comme pouvant moduler à la fois les risques perçus, mais aussi l’importance accordée à ces risques en fonction de l’adhérence des individus à chacun de ces profils (Wildavsky et Dake, 1990; Sjöberg, 1998b; Kahan et al., 2007a). Plusieurs études sur la perception des risques en lien avec ces profils culturels ont montré des divergences quant au niveau de risques perçu, à l’attitude face aux risques et à la nature des risques jugés préoccupants (Dake, 1991; Marris

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toutefois cette limite d’attribuer à l’individu des caractéristiques descriptives d’une culture sociale en évacuant une certaine partie de variabilité inter-individu (Joffe, 2003). D’autres études s’inscrivant dans une approche psychométrique ont aussi permis de mettre en évidence l’influence des worldviews (Buss et Craik, 1983), définies comme étant des orientations cognitives englobant valeurs et connaissances, sur la perception et le construit de risque (Palmer, 1996; Siegrist, 1999) tout en permettant d’ajouter une considération plus personnelle de l’individu (Slovic, 1999). La culture sociale comme élément modulateur de la perception des risques a aussi été étudiée sous le prisme du pays ou de la région de résidence de l’évaluateur. Relativement à la perception des risques économiques, un regard relatif aux distinctions des cultures sociales occidentales et orientales a révélé que par le biais de la sensibilité aux pertes financières, le caractère acceptable du risque était modulé par l’origine du répondant (Bontempo et al., 1997; Weber et Hsee, 1998). La relation entre la provenance d’évaluateurs italiens localisés au nord et au sud de l’Italie sur la perception des risques a aussi été étudiée en lien avec 38 applications jugées risquées. Cette étude a révélé une différence au niveau de la perception des risques, expliquée par la familiarité avec les technologies (chez les répondants du Nord) ainsi que par de la connaissance (chez les répondants du Sud) (Savadori et al., 1998). Une analyse exhaustive de la littérature sur les comparaisons transculturelles et transnationales des méthodes en lien avec le paradigme psychométrique a révélé que, compte tenu de la complexité du construit de perception des impacts et des multiples facteurs d’incidence sur cette variable, un raffinement théorique autant que méthodologique s’avérait de rigueur pour les études à venir (Boholm, 1998). Boholm soutient aussi que le risque s’interprète en contexte; considérant la complexité des sociétés, les questions relatives aux risques ne doivent pas être répondues uniquement par le biais de données factuelles ou d’aspects techniques, mais être doivent être intégrées au tissu social et refléter les valeurs culturelles.

L’incidence de la culture sociale a aussi été examinée en lien avec la perception et l’acceptabilité des NT. Par le biais de la théorie culturelle, il a été trouvé que la construction sociale à laquelle adhérait l’évaluateur à savoir la hiérarchie, l’individualisme, l’égalitarisme ou le fatalisme modulait l’effet de l’exposition à l’information et du niveau de connaissance relativement aux NT sur la balance des risques et des bénéfices (Kahan et

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l’attitude ainsi qu’au support de la population à l’égard de l’innovation technologique. Le support des Américains relativement aux NT, mobilisant d’emblée des valeurs pro-technologies, est apparu plus élevé que le support des Européens qui ont soulevé davantage de questions relatives aux impacts économiques et environnementaux (Gaskell et al., 2005). Une attitude plus pragmatique des Suisses à l’égard des NT, comparativement aux Américains, a aussi été notée (Burri et Bellucci, 2008). Une étude comparant les perceptions des répondants nord-américains et singapouriens a révélé que les répondants asiatiques ont perçu de plus grands bénéfices et moins de risques et ont indiqué un support plus grand relativement au financement de la recherche en NT, comparativement à leurs correspondants de l’Amérique du Nord (Liang et al., 2013). Des comparaisons entre la Suisse et la Turquie ont aussi permis de mettre en lumière l’influence de la culture sociale sur les relations entre la confiance, la perception des risques et des bénéfices et l’acceptation des NT (Öner et al., 2013), un modèle précédemment développé par Siegrist et al. (Siegrist et al., 2007a). L’optimisme des Canadiens et des Américains a aussi été documenté à l’égard des NT; cependant, il a été noté que les Américains semblent enclins à percevoir davantage d’impacts positifs et moins d’impacts négatifs et à juger les applications nanotechnologiques comme plus acceptables, une différence en partie attribuable à la confiance envers le système de régulation en place (Einsiedel, 2005). Malgré les différences culturelles soulevées, le contexte d’usage des applications présentées a semblé générer une plus grande variation que l’origine des répondants (Pidgeon et al., 2009). Ce résultat est confirmé par Gupta et al. qui suggèrent que l’incidence plus forte du contexte d’application par rapport à la culture sociale des experts soit attribuable à l’attitude plus homogène de ces derniers par rapport à celle grand public ainsi qu’à l’effet plus modéré de la culture sur la perception des experts (Gupta et al., 2013).

Au-delà de la culture sociale, l’hétérogénéité de la perspective des chercheurs issus de différentes cultures disciplinaires est un élément ayant été reconnu assez tôt dans le développement des approches d’évaluation des risques technologique (Fischhoff et al., 1982). La diversité des définitions du risque pouvant être objectif, subjectif, réel, observé et perçu amène aussi à considérer la variabilité des perspectives autour d’un même risque (Thompson, 1986). L’élaboration du concept de risque agit comme un miroir en reflétant les préoccupations, forces et limites de chacune des disciplines à l’égard de la manière de

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traiter l’incertitude (Althaus, 2005). Ceci a été documenté dans une thèse portant sur l’incidence de la culture disciplinaire sur l’évaluation des risques en éthique de la recherche et intégrant des chercheurs de cinq universités québécoises versés en anthropologie, en économie, en médecine spécialisée ainsi qu’en psychologie. Si la culture disciplinaire a semblé influencer la propension à soulever des risques et des bénéfices, la nature des risques et bénéfices identifiés ainsi que l’acceptabilité des risques au regard d’un scénario donné, il a aussi été trouvé que le champ d’expertise des chercheurs a été un facteur d’influence relativement à la sensibilité aux questions éthiques (Denicourt, 2006).

Relativement aux NT, les différences disciplinaires n’ont été que peu explorées. Il a été documenté que chez les experts, les variations dans la perception des risques technologiques (Weisenfeld et Ott, 2011) et de l’acceptabilité au niveau des NT étaient attribuable d’une part au cadre épistémologique propre à chaque discipline (Lafontaine, 2003) et d’autre part au cadre général de référence de chacun des horizons disciplinaires (Powell, 2007). Toutefois aucune distinction disciplinaire n’a été observée chez un groupe de chercheurs praticiens tous issus des sciences naturelles et du génie (Patra et al., 2010). Dans tous les cas, même en l’absence de différence au niveau de la culture disciplinaire, le type d’application étudié a été un élément de variation de la perception des risques chez les experts (Patra et al., 2010; Weisenfeld et Ott, 2011; te Kulve et al., 2013).

La perception des impacts, l’acceptation et l’acceptabilité au regard de la nanomédecine

La perception des impacts, l’acceptation et l’acceptabilité des NT ont été explorées relativement à de nombreuses applications telles que le traitement des eaux, le secteur de l’alimentation et des matériaux (Siegrist et al., 2007a; Öner et al., 2013; Satterfield et al., 2013; te Kulve et al., 2013). La NM a aussi fait l’objet de quelques publications visant à répondre aux interrogations relativement à la manière dont seront acceptées les applications nanomédicales et dont les patients percevront les impacts reliés à l’utilisation de ces technologies (Berube, 2009). Tout d’abord, il a été trouvé auprès d’une population de jeunes adultes que la fréquence d’administration d’un médicament semblait avoir une incidence beaucoup plus grande sur l’attitude des patients potentiels que la nature nano du traitement en question (Nerlich et al., 2007). Malgré un engouement moins élevé

Figure

Table 1 Definition of main concepts, related variables, abbreviations, and  operationalization
Table 2 Description of issues presented with respect to use of selected nanocarriers, and  impacts affecting positively or negatively these issues
Table 3 Comparisons between nanocarriers among perception index, individual and social  acceptance and individual and social acceptability
Figure 1 Comparisons of individual and social preponderant issues among nanocarrier  compositions and contexts of use
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