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Le système et l’élément
Georges Bertrand
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Georges Bertrand. Le système et l’élément. Revue Géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, nstitut de géographie (Toulouse), 1986, L’élément et le système, 57 (3), pp.281-282. �hal-02610462�
Revue géographique des
Pyrénées et du Sud-Ouest
Le système et l'élément
Georges Bertrand
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Bertrand Georges. Le système et l'élément. In: Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, tome 57, fascicule 3, 1986. L'élément et le système. pp. 281-282;
https://www.persee.fr/doc/rgpso_0035-3221_1986_num_57_3_4947
Le système et rélément
« Une recherche à sa pointe ne cherche point à appliquer une méthode mais à la mettre en échec ». Dominique Lefort, 1982. La rupture épistémologique des années 1960 est consommée. L'interdisciplinarité, le globalisme, l'environnementalisme, l'analyse dialectique de la nature et de la société n'ont pu s'épanouir que dans une ambiance scientifique dominée par l'esprit de système. C'était la fin d'une longue tradition de sectorisation de la recherche au cours de laquelle les éléments, isolés d'un système de référence, ont connu de longues dérives. Le recentrage autour des concepts de structure et de système, et du principe d'auto-organisation, a relancé l'écologie autour du concept renouvelé d'écosystème et, pour partie et en retrait, la géographie physique, autour du concept de géosystème. Ce dernier s'est lentement dégagé de l'analyse paysagère pour donner naissance à une méthode naturaliste aux marges des sciences sociales et des pratiques de l'aménagement. Mais ces analyses structuralistes et systémiques, dans leur progression même, contenaient leurs propres échecs. Le système a fait souvent office d'ordre mais pas toujours d'intelligibilité. Il ne peut plus être considéré comme cette « machine ronde » qui habille la complexité et fait fonctionner des boîtes noires. Il se pose toujours, quelque
part, le problème du fond des choses, c'est-à-dire de la connaissance pointue de l'élément et de l'événement.
Nous vivons aujourd'hui une phase post-interdisciplinaire et
postglobalisante. C'est le mouvement du balancier, à la fois mode et
nécessité. Un retour en force de l'élément, de l'individuel, un retour à l'analyse, certainement à davantage d'humilité... mais en se coupant de la vie du monde. L'élément ne doit pas, une nouvelle fois, masquer le système.
Le système et l'élément sont devenus les termes antagoniques d'une même démarche scientifique. Encore faut-il savoir ce qui est élément et ce qui est système ? Ils ne peuvent se définir que l'un par rapport à l'autre au sein d'un même projet. Le système englobe la totalité de l'objet, l'ensemble du projet. L'élément n'en est qu'une partie, autrement dit un sous-système. Cet élément peut être considéré à son tour, à une autre échelle ou dans une autre perspective, comme un système. L'élément n'est donc pas élémentaire et il possède sa propre complexité. Il ne s'agit pourtant pas d'une simple convention : la méthode consiste à rendre compte des organisations et des ruptures objectives entre les éléments et les systèmes, entre les arbres et les formations végétales. De plus, savoir dessiner son propre système de référence c'est pour le chercheur reconnaître son outil et sa pratique, donc ses propres limites.
Ce dialogue entre la partie et le tout, pour reprendre l'expression d'Edgar Morin, ne peut pas être univoque. Le même arbre n'est pas le même vu par un forestier, un berger, un citadin, voire un phytosocio- logue ou un phytogéographe. L'élément doit être situé à la croisée de plusieurs systèmes et cet entrecroisement fonde de nouveaux rapports interdisciplinaires, complémentaires et multidimensionnels, qui vont bien au-delà de l'ancien consensus globalisant.
La Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest livre ici le fruit de diverses expériences individuelles liées entre elles par une même réflexion épistémologique et méthodologique. Dépasser le géosystème pour le géosystème. Mettre à l'épreuve un géosystème-outil, ouvert sur l'analyse des géo-éléments. Dépasser le géo-élément pour le géo-élément et l'utiliser, animal ou végétal, soit comme entrée, soit comme sortie du géosystème, soit comme élément traceur ou élément-diagnostic. C'est aussi établir des passerelles entre géosystèmes et systèmes sociaux. C'est, enfin, définir des stratégies de recherche maîtrisant les nouvelles technologies. Le champ de recherche du CIMA n'a pas changé : c'est la manière de le définir, de l'interroger, de l'investir. Des questions sont posées et le débat est ouvert (1).
G. B.
(7) Chacun de nos lecteurs pourra y participer en adressant par écrit ses remarques, ses arguments et ses critiques au secrétariat de la rédaction de la Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, Institut de Géographie Daniel-Faucher, Université de Toulouse-Le Mirail, 31058 Toulouse cedex. Ces contributions pourront donner lieu à publication en 1987.