• Aucun résultat trouvé

Une lecture politique de Star trek /

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Une lecture politique de Star trek /"

Copied!
101
0
0

Texte intégral

(1)

f

Une thèse à étre soumlse à la facul té des études et de la recherche graduée ai~n de satlsfaire aux eXlgences partlelles pour le degré de Mai'tr:l.se à l'Un~versité Mc:Gill, Montréa11 Québer:.

@

André Roy

Département de SC1ences polltiques Févr 1er 1989

(2)

(

REMERe 1 EMENTS

Sans le support constant de Sylvie, r~en n'aurait été possible.

Sans la présence de Clémentine, tout aurait été plus ennuyant.

Sans ma sortle hebdomada~re chez Prov~go, le sens de la vie

n'auralt certes pas été le même. Sans mon obst~natlon face à la

réslstance et la rét~cence des plus conservateurs, "Star Trek"

sera~t demeuré au seu~l d'une slmple présentatlon télévlsée. Sans Erlc, Madame et Monsleur Lafond, ma mère et mor. père, ma

grammalre frança~se seralt encore aUJourd'hui la proie des

(3)

L'objectlf de cette thèse est d'analyser le contenu polltlque d'une sér ~e té 1 év lsée de sc lence-f ~c tlon, "Star Trek". Comme pOlnt de départ, nous suggérons que l'approche de l'économie polit~que des médlas, comme le prétend Jay Gouldlng, ne peut pas expllquer dans san ensemble la productlon de "Star Trek". Nos arguments supposent d une part que la productlon télévlsée est d'abord un constrult humaln, donc le résultat de ChOIX.

D'autre part, que ce Ch01X s'opère à partlr des expérIences

col-lectlves d'une soclété. Le contenu des émIssIons peut aInSI

s'expliquer avantageusement par le rapport dIr-ect entre le texte et son contexte de productIon. La télé-sérIe "Star Trek" peul: alnsi @tre vue comme un reflet de la pérIode agltée de la fIn

des années 60. Davantage, à cause de sa sCIence-flctlon, sa

po-sltlon sur l'échlquler polltlque de l'époque se démar~ue du

(4)

C'

/

(

ABSTRACT

The subJect of the foIIow1ng the51s 15 not only about "Star Trek". It is aiso about the pol1ticai functJ.ons of television. Our the51s starts from the study done by Jay Gould1ng on the pOllo t1ca 1 economy 0 f the product1on of f i Star Trek". Our

argu-men ts tr led to proye that the economlca I a5pec ts cannat ex p I aln the entlre content of "Star Trek". Our proposit1on impI1es f1r-st, that teleV1Slon programs are of a human construct, there by the result of chOlces. Second, that those cholces are

prescrl.-bed by SOCIetal experlences. The content of the ep1sodes can

thpn be explaln by the relatIon between the text and the context of thelr productIon. t="rom tllat p01nt, "Star Trek" l S then the

reflectlon of the socially agl.ted perlod of the Iate 1960's. Even more, because of hl.S SClence-fl.ctlon genre. "Star Tr-ek" can no longer be labelled as an other conseryatiye teleY1Sion produc tIon, llke the rest of the programs of that per iod.

(5)

,

TABLE DES MATIERES

1 NTRODUC TI ON . • • • . . • • . . . • • . • . . . • . 1 • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • 1

Chapl t r e premier

LES FACTEURS ECONOMIQUES DE LA PRODUCTION TELEVISEE ••••••••• 14 1.1 Le rOle de la Natlonal 8roadcastlng Corporatlon . . • • • • . . . 14 1.2 La commerclallsatlon de "Star Trek" . . . • • . . . • . . . • . • . . • 18

Chapl t r e deux

"STAR TREK" COMME PRODUCTION TELEVISUELLE ••••••••••••••••••• 25

2.1 Un modèle d'analyse: la plurallté du dlscours télévlSé .. 26

2.2 Le contexte de productlon de "Star Trek" . . . 33

Chapl tre trols

LE SIGNIFIE POLITIQUE DE "STAR TREK" . . . 50

3.1 L amérlcanlsatlon de la Fédératlon des Planètes Unles . . . 52

3.2 L'amérlCël.nlSme de "Star Tr ek" • • . . . • . . . . • . . . • • • . . . . • • • • • • 62 3.2.1 Le commentalre social de "Star Trek" • . . . . • • • . . • • • • • • • 65 3.2.2 La conduJ. te de la po Il tl.que étrangère de "Star Trek , .• 74

CONCLUS 1 ON • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • 84

(6)

(

l NTRODUCT 1 ON

Depuis sa première présentation télév1sée en 1966, la popularité de la télé-série "star Trek" persiste toujours. Et avec la ré-alisation de quatre films depuis 1979 et la production d'une nouvelle telé-sér1e en 1987, "Star Trek: The Next Generation", on peut m@me dire que le phénomène "Star Trek" s'ampllfle. Ses admirateurs lu.l sont restés fidèles et les critiques s' lnter-rogent toujours sur les raisons qui en font la série la plus pers.lstante de toute l'hlstoire de la télevlsion amér1ca1ne 1 •

Les exploits de l'équipage du valsseau "Enterprise" sont sOre-ment les plus célébrés de tout l'univers de la science-fiction

télévisée. De 1966 à 1969, Gene Roddenberry réusslssalt à

réali-ser plus de 79 épisode:s de "Star Trek", e t ce malgré deux ten-tatives du réseau National Broadcasting Corporat1on (NBC), qUl détena1t les droits de télédiffus.lon, d'annuler la série. A cha-que occasion un lObby sans précédent 1nonda le siège social de NEC de plus d'un mlllion de lettres suppliant le réseau de ne

pas mettre son plan à éxécution2 Après son annulation

défini-tive à la fin de l'année de 1969, "Star Trek" devait devenir

1Voir entre autres: "Star Trek: From one Generation to the Next" , C.nefantastlque, Special Issue, Mars (1988), pp.114-117;

"The Resurrectl.on of Star Trek", Future Fantasy, n.3 (1979), pp.3-5; "The Enduring Power of Star Trek", Newsweek, 22 décem-bre (1986), pp.66-71.

2Daniel Cohen, Strange and Amazing Facts About S~ar Trek,

(7)

2

encore plus populaire. Grâce entre autres à sa "syndl.ca';:ion"3, le phénomène de "Star Trek" s'imbrique dès lors dans les moeurs des téléspectateurs, devenant access~ble plus de 300 fo~s par semainF" dans 16 1 angues et 40 pays4.

Sa popularité se manlfeste non seulement par cette extraordl.-naire longévité, malS aussi par le symbolisme que l'on associe à l'efflg1e de "l'Enterprlse" aux Etats-Unis. En fait, suite à

de nombreuses campagnes de sa 111C l ta t10n auprès des Présiden ts Ford, Carter et Reagan, "The En terpr 1se" es t de:.. venu 1 e nom de

1 a prem~ère navet te du programme spa tia 1 amér:i.c aln, d'un decs aVlons du Présldent, d'un btlt1ment de la marlne amér1calne, en plus d' occu pel'" une pl ace de c ho~ x au Sml thsonlum de Wash1ng ton avec les re11ques du programme spat1al Apollo.

Si sa popularlté est aUSSl incontestable, 11 faut certes se de-mander- ce que le contenu de ces émissions propose pour qu' i l en soit alnsi. MalS lor-sque l'on reconnaît que la product10n télé-vlsée représente, malS d'une façon reconstrul te, une image de

~La synd~cation est un terme anglals qUl est ut111Sé pour décrire l'achat de séries populalres par des chaînes de télévl-Slon locales. Les drolts d'une télé-sérle sont d'abord exclusifs au réseau na tlona l , et ce pour 1 es deux premlèr'?s té 1 éd l f fusi-ons. Ces drolts sont par la sUlte rI?acqu1s par la maison de pro-duction de cette télé-sérle. Lorsqu'un total mlnlmum de 50 ép~­ sodes sont ainsl récupérés, ces émiss10ns sont vendues ~ar blocs aux chaînes locales et utll1sées pour remplir les pérlodes du matln, de fin d'aprés-mldl ou de fln de s01rée. VOlr; Horace Newcomb, The Producer Medlum, New York, Doubleday Anchor, 1983, p.9.

4Volr entre autres; Jay Goulding, Empire, Allens and Con-guest: a Crl.t~gue of Amerlcan Ideology ;.n Star Trek and Other Science-Fiction Adventures, Toronto, Sysphus Press, 1985, p.vii; Allan Ascherman, The Star Trek Compendlum, New York, Pocket

Book, 1986, p. 173 •

(8)

-r

(

(

3

la société, que représente alors cet unlvers que crée "Star Trek If? Que Il e est 1 a pOSl tl.on et l ' essence du message de "Star Trek" sur l'ensemblf' des considérations soclo-polltiques de la

fln des années 60, Salt à l'époque de sa productlon? Comment

peut-on arrlver à VOlr un commentalre pollLque à travers la

productl.on télévl.sée? Comment peut-on 1'analyser et l'expliquer? Doit-on consl.dérer cette productlon seulement sous l'angle de

l'analyse télévlsuelle, ou encore lul. lnterJecter d'autres ou-tils analytiques? MalS d'>3bord, qu'est-ce qu'un commental.re po-Iltique pour la flctlon télévlsée?

Vouloir chercher un commentall'''e politl.que à travers une

produc-tlon télévisée> ce n'est pas l.nvel,torier, classifier e t catégo-rlser successlvement des mots qUl portent un sens politlque, comme par exemple démocratle, ou encore électlon. C'est plutOt

s'attarder à analyser l'emplol. de symboles. C'est-à-dire une

phrase, un événement, un endl-oit, une personne ou encore une

chose communément reconnue auquel les gens attachent e t pr~tent

une signlficatlon polltique='.

Mais comment arriver devant toute r:ette kyrl.elle de recherches

sur la télévislon à trouver les pléments analytiques nécessaires

à cet exercice? Pour certalns, la télévl.sion est un eXEmple d'un

système soc iO-lnsti tutionnel qUl se comprend davantage par l '

or-ganisatl.ol1 de ses structures internes. Ces analyses s'attardent A 1 a struc ture hiérarchique de l' l.ndustr l.e, sur 1 es moti fs

psy-eCharles D. EIder, The Politl.c:al Uses of Svmbols, New York, Longman, 1983, pp. 28-29-35

(9)

chologiques e t de l'éducation sociale des princlpaux

interve-nants, et sur le processus décisionnel à différent moment de la

productionb Pour d'autres, l'lmpact et l'influence télévisuels

sont plus lmportants. Encore une fOlS, ces contributlons repré-sente t un attra1t pour les sociologues et les psychologues et

autres qU1 s'intéressent par exemple à l' 1mpact de la

télév1-sion sur les en fcln t s ou sur 1 e phénomène de 1 a v io 1 ence trans-mis par le contenu de la programmat1on?'. Toutes conf1rment

d'a1lleurs que la télév1sion joue un r~le lmportant dans les

représentatlons et les perceptlons que les enfants se font

d'au-tru1 et des événements qU1 les entourente • Cette Ilttérature se

d l.st1ngue par l' 1SO 1 emen t qu' e Il e accorde à cet aspec t fone

t1on-nel de la télév1s1on. Par contre, ces crlt1ques s'accordent à

dire que trop souvent ces analyses ne cons1dèrent pas cet lm-pact au nlveau contextuel de production et de réception du

pro-gramme télévisé9

6Horace Newcomb, The Producer Medium, New York, Doubleday Anchor, 1983, p.19

?'VOll'- entre autres; Douglas Cater et Richard AIder (dir.), Television as a Soc laI Force: New Approaches to TV Critic1sm,

New York, Preager7 1975; George Comstock et E. A. Rubinstein

(dlr.), Televlsion and Soc1al Behav1or. Washington D.C., Medi3 Content and Control, vol.l, 1972.

eVo1r entre autres: R.M. POlsky, Gettlnq ta Sesdme Street: The Orlqlns of the Chlldren's Telev1san Workshop, New York, Pre-ager, 1974; G.S. Lesser, Ch1ldren and Televlslon: Lessons for Sesame Street, Toronto, Random Huuse, 1974.

~Volr entre autres; Robert SiJverstone, The Messaqes of Television, Grande Bretagne, Northumberland Press, 1981; Thomas Streeter, "An Alternatlve Approach to Televlsion Research", dans Wi 111ard D. Row l and et Rruce Watk l.ns (d i r), l nterpretlnq Tel

e-vision: Cur. ent Research Perspectlves, Beverly Hills, Sdg~

(10)

(

5

Par rapport A "Star Trek", ces analyses ne correspondent pas A l'orientation que l'on croit adéquate pour expliquer cette

télé-série. On retient toutefois les critiques qui sont adressées à

leurs égards, notamment l'impact au niveau contextuel de la

pro-duction. A cet égard, nous considérons l~ spécificité de la

transparence du programme vis-A-vis son contexte comme l'un des éléments fondamentals à l'analyse télévisuelle.

De ce point de vue, certains auteurs ont reconnu qu'une

atten-tion particulière doit ~tre accordée aux règles formelles du

langage télévisue1 10 . Cette approche, connue entre autres par

les travaux de l'Ecole Culturelle 8r~tann~que, évite de

disso-cier ces règles et ces codes télév1suel~ du contexte et des

con-dit10ns soc1o-politiques qui créent les possib~lités de leurs

utilisat~ons11. De ce fait, le contenu télévisé t~moigne par ces formes différentes, le comportement et les perceptions de son

époque. Par conséquent, la télévis10n peut alors ~tre considérée

comme une représentat10n dans un vécu reconstruit des pratiques sociales, c'est-à-d1re un véhicule d'idée où les normes sont

érigées en modèlps1~~ et où devrait s'incarn~r d~5 événem~nts.

des s1tuations et des 1nstitutions familiers à so~ auditoire.

1°Le langage télév1suel se déf1nit aussi pas le narratif

et l'imagerie ou encore il désigne par la sém101ogi~, l'attribut

du signe télév~suel,

11Stuart Hall (dir.), Culture, Media, Language, Londres, Hutchinson, 1980, pp.ll7-llB

12Daniel Latouche, La soc1été de l'ambiquîtp, Montréal,

(11)

-<Tt'

• Davantage, nous suggérons que la production télévisée est un

construit humain, donc le résultat d'un choix prescrit par sa

position sociale et r.ulturelle. Le message véhiculé art~cule

dès lors les attitudes qui émanent de cette oositlon. Une

POS1-tion privl1égiée, donc dom~nante, par rapport au rest~ de la

société~~. La production télévisée répond aInsi aux condItions

dans lesquelles elle existe. Mais auss~ en quelque sorte, elle

négocie avec la réallté.

L'imagerie et le narratif deviennent ainsi subséquents aux in-t~rprétations que les producteurs ont de~ événements ou encore des mythes socialement reconnus. Sujet à ces perceptions, cet

ensemble occupe une fonct~on symbollque, qUI est en fa~t une

transposItion métaphorique de la réallté à la représentatlon.

En des termes plus SImples, on soumet des objets et des sujets

populaires et reconnus par la collectivlté, à un Jeu de

manipu-lation.

Nous croyons que cette méthode peut s'avérer fort pertinente à

l'analyse de "Star Trek". D'abo;::!, parce qu'aucune tentative n a

enccrp. été fait~ pour l'expliquer de cet angle. Ensuite, parce

qu'elle p~rmet de voir la production comme une interprète de son

époque. Davantage, on retient de cette analyse, que le programme ne relève plus seulement de l 'imaginalre de ses producteurs,

mais bien d~s accommodations qu'~ls font des e~pér~ences de la

communauté. Par surcro~t, cette analyse devJent un complémen~

~~John Fiske et John Hartley, ReadIng Television, New York,

(12)

(

(

7

des autres méthodes déjà utlisées pour expliquer "Star Trek".

Comme nous ~llons le voir, cette télé-série ne tient pas juste

du monolith~sme que certains lui ont attribué. L'essence de son

message est en fà~t tributa~re de la dualité des ~dées de cette

pér10de volat~le de l'histoire américaine. Et ce gr~ce au

ma-r~age que nous pouvons fa~re des expér~ences de la collectiv~té,

et de leurs interprétat~ons qu'en font les producteurs.

Curieu5ement "Star Trek" a susCl.té fort peu d'analyse. Celles

qUl. l'ont été s'avè~ent so~t très courtes ou encore ne

s'inté-ressent qu'à un de ses aspects. Il y a d'abord les artl.cles qu~

traitent de sa sCl.ence-f~ction. Ces derniers proposent une

1n-terprétatl.on qui sl.ed seulement à son genre. Par conséquent, Ils se ll.mltent à un seul élément de la télé-série. Toutefo1s,

ils demeurent un complément nécessaire à l'analyse de "Star

Trek". Parce que sans cet te sc lence-f ~c t1on, 1 a té 1 é-sér le ne peut plus créer et l.nventer un nouvel unl.vers. Davantage, en

tant que genre, la science-fictlon se dl.st~ngue par l'lmportance

qu'elle accorde au symbol~sme de son commentaire par rapport à

son époque. Cet apport des auteurs de sClence-flctlon n'est pas

négligeable en soit, car ils synthét~sent la Lualité

l.ncandes-cente des expér1ences collectives. L'analyse de la

sC1ence-fic-t~on de "Star Trek", nous am ème donc à découvrir un élément

se-condaire important à la globalité du commentaire de le

télé-sé-r~e.

D'autres ont tenté d'expliquer "Star Trek" par le Jeu des

(13)

Jay Gould1ng 14 . Nous consacrerons d'a11leurs le premier chapitre

de la thèse à cet ouvrage. Mais avant d'aborder ce sUjet plus à

fond, d1sons que cette méthode considère avant tout les aspects économiques et financiers de la télév1s1on. Les auteurs, QU1 préconisent cette analyse, y perç01vent entre autres sa t10n systématlque par l ' é l l t e économique amérlca1ne. Une dom1na-tlon qUl selon eux se tradult autant par les valeurs dom1nantes et extérleures transmises par la télévls10n que par le monopole

des heures d'antennes qu'elle exerce1~. A ces lectures, on ne

se surprend guère à s'interroger sur les conséquences de la

por-tée de ces imagerles. Car, comme le soullgne certalns de ces

auteurs, le télévlslon représente le danger d'u~e

homogénélsa-t10n ~ulturelle1 • . Un risque selon nous tout à fa1t légltlme

lorsque nous nous attardons à regarder de plus près la

program-mat10n offerte au publ1c et surtout les préférences d~

l'audi-14Jay Goulding, Op.Clt.

1~Volr notamme~t: Armand Mattelart, Multlnat10nal Corpora-tlon and the. Control of Culture: The Ideologlcal Apparatuses of

Imperlallsm, Londres, Harvester Press, 1979; Herbert 1.

SChll-1er, Mass Communlcatlon and Amerlcan Emplre, New York, Augustu~,

1969; Anthony Smlth, The Geopolltlcs of Information: How Western

Culture Domlnates the World, Lonjr~s, Faber and Faber, 1980;

John Tunstall, The Medla Are Amerlcan, Londres, Constable Press,

1977.

1bAndré H. Caron, Les télévJS10nS étrangères: leur 1mpact sur nos images po11tlgUeS et culturelles, Montréal, Département

de communlcatlon, Unlv~rslté de Montréal, 1983, p.15

170n est1~e en effet qu'un canadlen moyen regarde enVlron

23,6 he~res de télévlsl0n par semalne et ne consacre que 5,1

heures par semalne à la lecture. De plus, 1 audltolre

canadlen-anglais .h01S1t dans une proportlon de 76% de vlsuallser les

product10ns étrangères. Le Canada-anglals ne consomme qu'une (1)

heure sur quatre (4) d'émlssl0ns canadlennes, lncluant le sport,

les informatlons et les affalres publlques. et trols (3) heures

(14)

(

9

NOlls cr-oyons toutefois que cette aopr-oche économique est marquée par une déficience gr-ave. En effet, cette per-spective ne

démon-tr-e pas clairement comme~t la domination économique se produit

aussi à traver-s le narr-atif et l 'imagerie télévisuels~e. Car en

ne r-econnaissant pas l'appor-t des cr-éateurs, ils dénatur-ent d'une par-t la fonction d'interpr-étation de la télévision et d'autr-e par-t sa spécificité comme un système de r-epr-ésentation. Ces r-éticences nous amènent à dire que cette méthode ne peut expliquer- dans son entier- une pr-oduction télévisée. Nous devons

toutefois conven~r- que pour donner- un sens polltique à une

télé-sér-ie, i l est impor-tant de considérer- les r-eles Joués par les

institutions économ1ques. Et ce, que ce soit pour- les lntér-@ts

des commandltair-es ou encore pour les règles de censur-e

impo-sées par- le r-éseau.

Comme on peut ainsi le constater-, vouloir- donner- un sens poli-tique à une té 1 é-sér- ie, en l' ot"cur-ence "Star Tr-ek", s'avère un

tr-avail de conciliation. Il ne s'ag~t ~lus de repr-endr-e

intégr-a-lement une méthode déjà utilisée par- d'autr-es disciplines des sciences soriales et l'appliquer indistinctement. Il s'agit

plu-tOt d'en prendre quelques-unes et gar-der- certalns de leurs

élé-de travai l sur- 1 a po 1 ~ tlque de 1 a r-aciod i ffuslon, Dt tawa, Min~ s-tère des Appr-ovislonnements et Services Canada, 1986,

pp.189-144; André H. Caron, op. cit, p.7; Arthur- Siegel, PolJtics and

the Media ln Canada, Toronto, McGr-aw-Hill Ryerson Limlted, 1983, p .179.

.LeIen Ang, "The Battle Between Television and its Audien-ces: The Pol i tics of Watchlng Te l ev ision", dans Phi IllP Drummond et Richard Paterson (dlr), Television in Transltion, Londres, BFI Publishing, 1980, p.250.

(15)

ments pour en composer une. Nous n'lgno~ons pas que le choix d'un aspect au détriment d'un autre ouvre toutes grandes les

portes à la critique et au scepticisme. Par contre, et sans

vou-loir prétendre franch~r de nouvelles front~ères ou ouvrlr une

voie royale, nous devons constater que l'étude POlltlqU~ de la

télévls~on demeure encore aUJourd'hul très embryonna~re.

AinSl nous croyons que pour arriver à saislr le commenta~re

po-Il tlque de "Star Trek", nous nous devons de consldérer plus rj' un

éléments. En fa~t, nous croyons qu'lI s~~t lmposslble

d'expll-quer un ensemble par des aspects lsolés. Alns~, pour nous la

productl0n télévlsée, Salt son lmagerle et son narratlf, est le résultat de l'interprétatlon de son contexte par ses créateurs. Et à cet égard, "Star l rek" dev len t l' ln terprète d'une époque marquée par l'éclatement des valeurs. Comme nous allons le VOlr.

la télé-sérle se démarque des autres productlons télévlsées de cette pérl0de. D'abord, en créant de nouvelles clvillsatl0ns et un nouvel unlvers, elle s'échappe du cadre conventlel de la

ban-11eue, de la vllie et du western qUl submerge la télévls~on des

années 60. Davantage, son texte deVlent le mlrOlr de la duallté

et de l'affrontement des ldées Sl partlcullères à cette pérlode.

En fait, d'un sUjet à l'autre, "Star Trek" balance d', .. ln

conser-vatlsme r~glde à un l~bérdllsme surprenant.

Nous proposons donc d'entreprendre notre étude par une rritlque de l'ouvrage de Jay Gouldlng, qUl s'avère être la plus

exhaus---

t~ve sur "Star Trek". Dans ce preml.er chapitre, nous voulons d'abord faire ressortir les éléments les plus posltifs de

(16)

l'ap-(

11

proche économique. Mais aussi, présenter les limites analytiques de cette méthode. Goulding suggère en fait que la product10n de "Star Trek I l s'exp 11que un1quemen t par l'in terac tion de l' écono-mie capitaliste et de son 1déolog1e dominante. Subséquemment, il aborde l'analyse télév1suelle comme une courr01e de transmis-S10n monolithique, où seuls les 1ntér@ts du groupe dom1nant sont reprodu1ts. Ma1s en faisant fi entre autres que la production télévisée est aussi un constru1t humain, son 1nterprétat10n de-vient tout aussi monolith1que que son analyse.

Avec le deux1ème chap1tre, nous présentons premièrement les principaux éléments de notre méthode d'analyse. Nous tentons de démontrer comment la relat10n texte/contexte s1ed davantage à interpréter adéquatemment "Star Trek" que celle de l'économie et de l'1déolog1e. En nous attardant d'abord sur le texte, notre posit1on soutlent qU'li est davantage la représentation d'un

langage mult1ple. C'est-à-d1re qu'il permet à l 'aud1to1re de

retrouver une famillarité entre son expérience collective et le contenu de l'émlss10n. La structure du narratlf et de 1'1mager1e étant d'abord l'pxpression de notions ou encore de mythes

SOC1a-lement reconnus. De cette perspective, la thématiqu~ de la

pro-duction représente d'une façon reconstruite un vécu du contexte socio-pollt1que de l'époque.

Dans un deux1ème temps, nous allons juxtaposer "Star Trek" â

son contexte de product1on. Nous proposons d'abord de présenter l'ensemble de la product10n télév1suelle de l'époque en regard des ex pér- iences soc laI es. Ensui te, nous suggérons d' lmmlscer

(17)

les bouleversements à l'intérieur de cette société par rapport à "Star Trek". Finalement, le relIe de la science-fl.ction est introdul.t comme support à nos arguments de départ.

Avec le troislème chapitre, nous plongeons dlrectement dans l'u-nivers f l.C ti f de "Star Trek". l a premlère sec tlon sert à démon-trer l'américanisation d'un univers pourtant présenté comme

unl-versel. Du concept de la Fédératl.o~ des Planètes Unles Jusqu'à

la compositlon de l'équipage du valsseau "Enterprl.se", les as-sises de la société amérl.caine et de sa conception des mécanls-mes internatl.onaux prennent forme. Cette machinatl.on devlent la

base pour recréer des aventures inter-planétalres qUl. ne 30nt

en fait qu'une reproductlon des expérlences amérlcaines. Nous nous servons de ce calque pour lntrodulre notre perceptl.on de la thématique de la télé-série. En falt, nous suggérons que les

émissions portent, soit sur des sujets d'l.ntér~ts SOClaux, SOlt

sur des préoccupatl.ons de la polltl.que étrangère amérlcalne. Cette dl.stinctl.on nous permet de VOl.r "Star Trek" sous un autre angle que celul qu'on lUl attribue toujours et qUI lul. falt per-pétuer l'impérl.alisme amérlcain. En effet, et comme nous le ver-rons, en séparant alnsi les différentes émlsslons, II devlent

~pparent qU'lI n'y a pas qu'une seule voix, messagée des ldées

dominantes à travers son con tenu. Mal.s bl.en un va-et-v l.en t

cons-tant entre celles qui revendIquent un certal.n changement et cel-les qUl. expriment un état plus conservateur de l'l.déal de l'amé-rique utopique. Certes, la télévlsion de "Star Trek" est frappée par le conformisme lntrinsèque de la production américalne.

(18)

13

aux Etats-U')is, une télévision avec une fonction sociale.

(19)

LES FACTEURS ECONOMIQUES DE LA PRODUCTION TELEVISEE

Certa~ns chercheurs ont proposé que le contenu du message des

programmes de télévision reflète d'abord des lntér~ts

économi-ques, en partlculler ceux des entreor~ses mult~natlonale5. Ils

établissent à cet égard que la télév~s10n s'Expllque par le

lien entre l'ldéologle dominante et l'économie capltallste. Jay Gouldlng prétend que "Star Trek" est aussi le résultat de

ce rapport. Le présent chap~tre porte sur l'ensemble de cet

ouvrage. Nous tentons de présenter les lacun~s et les carrences

de cet approche qUl, neus croyons, l~mite son analyse

seule-ment aux aspects économ~ques de la production télévlsée en

gé-néral et de "Star Trek" en partlcul~er. Par conséquent, la

por-tée effectlve de son argumentatlon est senslblement diminuée, notamment vis-à-vis le contenu des émlssl0ns.

1.1 Le r~le de la National Broadcastlng Corporation

Comme pour toutes les product~ons télévisées, "Star Trek" ne

débute pas et ne s'arr~t~ pas uniquement avec sa présentatlon

au pe~lt écran. Pour certains, notamment ceux qui S lnspirent

d'éléments de l'analyse marx~ste, les aspects économlques de

ces proèuctions prédomlnent sur les rOles et les fonctlons de la programmation télévisuelle. Malgré la diversité apparente des émissions de télévision, le prodult final n'est qu'une

(20)

(

1

(

15

seule et unique voix, soit celle de l'idéologie capitaliste et dominante-'-.

Pour Jay Gouldlng, "Star Trek" est un produit de consommation,

une façade à l'hégémonle culturelle américaine et un artifice

pour dégulser des valeurs et des ldées dominantes. La sérle

contribue à la diffusion des valeurs inhérentes à la classe

dominante et par conséquent alde à maXlmlser son emprlse écono-mique sur les masses.

"Star Trek" fal t partie de cette ldéologle

lnd'.Jstrlel-le une forme de dominatlon idéallste utilisée par la

-classe dominante et qUl a pour effet de perpétuer la

dlstorslon entre les classes et de dlssimuler- les

con-tradlctions matérlelles":::.

Goulding nous propose en fal.t une analyse de "Star Trek" par une équatl.on étrol.te entre économle et ldéologle. Selon IU1, la

série servalt à réenforcer la pasltion de domlnation de

quel-ques multlnatl0nales amérlcalnes pn véhlculant certalns mythes

perpétuels de la soci~té amérl.caine, c'est-à-dire llberté,

éga-Le rOle joué par la National Broadcastlng Corporation (NBC)

contrlbue à renforcer ces propositions. Plusieurs décl.sions de

NBC entre 1964 et 1969 tendent en effet à démontrer que sa

con-1John Flske, Televlslon Culture, New York, Methuen, 1987,

p.309.

2Jay Goulding, Empire. Allens and Conguest: a Critlgue of American Ideology ln Star Trek and Other SClence Flction Adven-tures, Toronto, Sysphus Press, 1985, p.5.

(21)

m

tribution à la télé-série ne se soit pas uniquem~nt arrêtée à

sa télédiffusion. Tout d'abord, le scénario original et le

pi-lote de la série, présentés par Gene Roddenberry en 1964,

fu-rent rejettés par le réseau. Les ralsons données par NBC in-clualent le manque de rlgueur du genre et les lacunes au niveau

du rythme et de l'actl0n du scénarl04

• De plus, NBC rejeta

éga-lement la dlstrlbutl0n des reles prlnclpaux. Alors que le plan

lnitial prévoyalt que deu~ reles lmportants, SOlt celul de

second au commandement et celul de chef de l'équlpe médlcal, devaient @tre tenus par des femmes, le scénarlo revlsé par NBC

les attribualt à des hommes. On confla plutet aux femmes des

reles plus stéréotypés; celul de Yeoman (servante du capltalne) et celul d'lnflrmière. Sans coup fléchlr, NBC eXlgealt aussi que le nom du valsseau SOlt aUSSl changé. Le Yorktown ne con-venait pas, on préféralt celul de "USS Enterprlse". Avec toutes

les rétlcences que le réseau apposalt au concept m@me de la série, il demeure surprenant qU'lI déslrait Sl fortement la voir mlse en onde.

Toujours selon Jay Gouldlng, les raisons fondamentales, qui

poussalent NBC à aglr alnsl, étaient dlrectement 11ées aux

be-soins de légltlmlsation ldéologlque de Sa maison mère,

c'est-à-dire RCA et de ses compagnles affillées~. En cette pérl0de

4Allan Ascherman, The Star Trek Compendlum, New York,

Poc-ket Book, 1986, p.l?

eLes prlnclpales fl11ales de RCA sont entre autres: Random

House, Ballantlne Book, Com~ercial Credlt Company, Sunbury,

Dumbar MUS1C, Hertz, Defense Electric Company, Marconl of Ame-rica, Comsat. VOlr: Armand Mattelart, Multlnatlonal Corporatlon and the Control of Culture: The Ideoloqlcal AQparatuses of

(22)

Pictu-(

17

de la guerre du Vietnam, ReA, un ~mportant fournisseur

d'équi-pement m~lita~re, "devait s'assurer d'un équ~libre idéologique

structuré"b, d'une part, pour maintenlr sa position de domi-nation et d'autre part pour maXlml:er ses profits. Le concept de "Star Trek" devena~ t un des éléments essentle 1 s à cette

ra-tlnnallsatlon7

• Nl plus nl mOlns, ReA ut~l~sa~t son appare1l

culturel pour véh~culer des idées et des valeurs qui le

légit~-malent.

Toutefois, en restrelgnant son analyse aux geuls aspects éco-nomiques et idéologlques de cette télé-sérle, Gouldlng 5e borne

à démasquer lnd~stlnctemen~ des valeurs et des ldées

domlnan-tes à travers tous les éplsodes. De cette perspectlve, "Star Trek" encourage la consommation, et dlffuse une idéologie do-minante.

Nous crltiquons Gouldlng pour san manque de profondeur analy-tlque et ceel pour trolS ralsons. Premlèrement, du point de vue

économlque, ~l échoue à présenter clalrement les llens entre

les multlnatlonales. Deuxlèmement, il ne s'lntéresse pas assez au contexte qUl entoure la productlon de la série; il se limite

au confllt du Vletnam. Et troislèmement, i l 19nore plusleurs

éléments essentlels à l'analyse télév~suelle; c'est-à-dlre les

reles et les fonctlons de la télév~sl.on, l'lmportance des

cré-re-Tube Imperlalism?, New York, Orbis Book, 1972, p.117; Jay Goulding, op. Clt. pp.9-10.

bJay Gould~ng, op.cit. p.S.

(23)

ateurs, et finalement les formes et les signes du langage télé-visé.

1.2 La commerc ial isation de "Sta.- Trek"

"Star Trek", comme peu de productl.ons télévisées, représente

un phénomène tout à {ait particulier. Rarement, trouve-t-on

une série qui posséde deux vies. La première, et celle par la-quelle "Star Trek" Vl.t le jour, débuta en 1966 et se terml.na en 1969. Durant ces trois années, la commercialisation et la

diffusion de la série étal.ent assurées par :'lBC. Suite à cette

décision à la fin de l'année 69, Paramount Pictures

Corpora-tl.on, qUl. venait d'absorder Desilu Productl.one , acqul.t tous

les droits sur la sérl.e. M~me si la productl.on de la télé-sérl.e

avait cessé, Paramount Pl.ctures Corporatl.on se ml.t à distrl.buer

"Star Trek" aux chaînes de télévl.sl.ons locales. M@me sans pu-blicité, la demande ne cessa de croître. Devant ce phénomène, Paramount tenta alors de conval.ncre Gene Roddenberry, le père de "Star Trek", de revenl.r traval.ller à la sérl.e. Il revenal.t chez Paramount en 1974 après une absence de cl.nq ans. Le

nou-veau mandat de Roddenberry étal.t clair, 11 deval.L redonner vie

à la série~. C'est en quelque sorte la résurrectl.on commerciale de la télé-série, ou si l'on veut la deuxl.ème vie de "Star

Trek" •

-Desl.lu Production est la maison de production qui entre 1966 et 1969 réall.sa "Star Trek".

(24)

(

(

19

Pour Gould ing, 1 e retour "of f ic:iel" de "Star Trek" chez Para-mount Pictures Corporation s'explique davantage pdr son désir de sanctlonner et de rationnaliser ses activltés par un certain contrOlp de la culture 10 . Blen que Paramount Pictures

Corpora-tion sOlt une lmportante multinaCorpora-tionale, une filiale du géant

Gulf

&

Western, et sans rejeter complètement ces explications,

flOUS croyons toutefois qu'elles réduisent l'analyse à des faits

trop simples.

Nous suggérons plutOt que cette transaction avait pour but de commercialiser davantage une sérle déjà très populalre. Ainsl et au lleu de chercher des raisons au nlveau d'une certaine perpétuatlon de l ' ldéologle domlnante, nous devons nous attar-der davantage sur le phénomène de la commercialisatlon, de la popularlté et de la programmatlon télévlsuelle en tant que pro-dUlt de consommation.

Il est d'alileurs très surprenant de constater que Goulding ne

s'lntéresse pas plus à ces phénomènes, lui qUl souscrit aux

"théories négatlves des communications"11.. Ce courant de pensée

véhicule l'ldée que la télévision est une des causes de

l'lm-mobllisme des masses. Une posltlon postulée d'une part par le constat de l' institutionnallsatlon du secteur télévlSé1. 2 , ainsi

10Jay Gouldlng, op.cit. p.10.

11Allan Wells, op. cit. p.67. Le terme désigne les tenants

de l'école de l'économle polltlque des médias.

1.2Herbert 1. Schliler, Com~unication and Cultural

Domina-tion, New York, Augustus, 1976, p.Sl. Schiller parle d'un sys-tème instl tutionnallsé en partant des observations que le mes-sage transmls par la télévlslon est construit verticalement,

(25)

que par l'observation que la télévision co~merciale amérjcaine "stimule les masses à des demandes matérielles ~rréalistes"l.::S

e t "les pousse vers une pl us g:-ande consomma tion".1.4. La télé-vision, et plus particul ièrement sa programmation, prennent la forme d' ul'1e industrie, c' est-à,-d i re ce Il e de l'industrie cul-turelle • .1.~

"One of the basic characteristics of the message-making

and transmisslon industry, the consc ~ouness-shaping

industry, i s precisely that i t 1S an industry. In a

market soc iety, the med ~a in a Il thel.r aspec ts conform

to the econom1C imperatives that effect other indus-tries. ".1.6.

Le retour de "Star Trek" chez Paramount Pictures Corporation con firme jusque dans une cer tal.ne mesure cet te thèse. En fai t,

Paramount P~ctures Corporation récupérait une sérip d~nt le

c'est-à,-dire du haut de la hiéarch~e Jusqu'au bas. Il entend

par cette propositlon que la télév~slon reprodult le système

de classe. En fal.t, Schl."ler conçoit que la productl.on télévi-sée s'organ 1se à part i r des dOlTll.nants e t se répercute chez les dominés •

.1.::!<Allan Wells, op.c~t. p.67 • .1.4Allan Wells, Op.C1t. p. 121 •

.1.eCertaIns vont même plus loin en associant aux produc-tions des émissions de télévislon Lertaines caractérlstiques fondamentales de la productl.on lndustrielle. Selon eux, les techniques de la productlon télévisée reproduisent mécanique-ment et en série des images et des séquences Ident1ques. Bien

qu'aucune étude répondant à ces cr-ltères sClentlflques n'a1t

été effectuée sur "Star Trek", nous pouvons cr-oire que ces techn~qlles ont aUSSl été adoptées pour cette production. Malgré toute la vall.dité méthodologl.que de ces études, 11 n'en demeure pas mDln~. qUE' la différence fondamentale entre l'Industr~e de

production et celle de la culture, plus partl.CUllèr-ement la téléVIsion, est que cette dernIère est un mar-chand de valeurs,

d'idées, d'intérets e t d'lmages. Vo~r; Jean-Guy Lacro~x (dir.),

"Quand la culture est synonyme de $: les Industries culturelles

au Québec.", dans Réseau, octobre 1986, pp.14-18 . .1.6Herbert l.Schiller, Op.Clt. p.79.

(26)

«

(

-21

succès télévisé était déJà assuré. Donc, ot par conséquent, nous croyons que la déclsion de Paramount étai t avant tout s t l -mulée par les gains indubitables qu'elle réaliserait avec cette résurrectlon. Elle ne vlsait nl plus, ni mOl.ns que le succès

commercial. L' Jutrance avec laquelle Paramount se mi t à

explol--ter "Star Trek" des 1974, démontre d'al.lleurs les buts q'J'elle recherchait. Mais ce n'était que le début d'une commerclalisa-tian excessiveJ , .

Armand Mattelart 11!1 souligne d'"nlleurs que les années 60 et 70

ont été marquées par l ' lntér@t pour le contrOle de la culture par quelques multlnationales américalnes, et en particuller par Gu 1 f & Western. 1 Isou tl.ent que ce cyc 1 e a eu pour ef fet de concentrer la diffuslon culturelle entre les mains d'un petit nombre et de standardlser les normes de la production à l ' amé-' rl.caine.1.· •

1?Paramount Pl.ctures Corporation est urie filiale à part

entière du géant Gulf & Western. Depuls 1974, le marché a été

envahJ. par des myrlades d' obJ ets aux ef f igJ.es de "Star Trek". Que ce soil des acceSSOl.res pour l'école, le bureau, la maison, des jOU2tS, des v@tements, des bl.joux, des albums de mUSl.que, des a-ffl.ches, des bandes dessJ.nées pour enfants et pour adul-tes, de la IJ.ttérature, des jeux, des programmes l.nformatl.sés, et encore plus, Paramount exploJ.te toutes les avenues pour sa-tisfalre les fans les plus aVldes. Mals ce qUl demeure encore plus remarquable, toute l'exploltatJ.on commerclale est assurée par des compagnl.es affl.lJ.ées à Gulf & Western. Par e>(emple,

pour la littérature: Pocket Book, Slmon

&

Schuster et Books

Americana; pour la dl.strlbution des films "Star Trek": Famous Players Corporation; pour la télédiffuslon de la nouvelle sérJ.e "Star Trel~: The Next Generation": ABC TV. Pour les artJ.cles

voir entre autres: Chrls Gentry et Sal~y Gibson-Downs, An

En-cyclopedia of Trekkte r'1emorabilJ.a, Alabama, EÙ'Jks of Americana, 1986; Pour les liens entre les multlnatJ.onales VOlr entre au-tres: Armand Mattelart. Op. Cl.t. pp.193-234.

1BArmand Mattelart, op. cit. pp.193-234. H'Ibid., p.234.

(27)

."

Toutefols et malgré ces constatations lntéressantes, ce genre d'analyse ne s'intéresse pas aux questions les plus

fondamen-tales de l'analyse télévisuelle. En restreignant son étude au~

seuls aspects économiques de la production télévlsée, la

por-tée effective de ces arguments est senslbl~ment dimlnuée,

no-tamment en ce qui a trait au contenu des émisslons.

Cette approche ne réussit pas non plus à démontrer clairement

la forme et la structur~ des idées et des valeurs domlnantes

"éhiculées par la télévlsion, pas plus que la relatlon qu'elles entretiennent avec la réalité 20 .

Cette approche tend aussi à favorlser une déflnltion

monoll-thique de l'idéologie dominante, On la caracté';-ise en fait par une notion trop vague du système capitallste. Ce concept ne tient pas compte que la soclété capltallste est fragmentée en plusleurs unités plus ou mOlns hétérogènes. On ne peut alors

penser que toutes les formes représentatlves du ~ystème

PU1S-sent ~tre définies par une seule et unlque VOlX. plutet, nou~

croyons qu'il SOl.t plus juste de parler d'une multl.pllcl.té de VOlX. La diverslté effective du système capl.tallste est alors mieux représentée, et la relation entre le dOllnnant et le

su-bordonné mieux assujettle2 1 La popularité d'une sérle peut

alors s'expliquer en partie par cette dlverslté du dlscours.

20Vo~r; Tony Bennett (dlr.), Bond and Beyound: The Politi-cal Career of a Popular Hero, Londres, Macmillan, 1981, pp.4-5.

(28)

(

(

23

En fait, tous les narratifs utilisés pour les productlons

télé-visées populaires tiennent ce langage, mais à des niveaux

dif-férents. Sans équivoque, on peut dlre que les producteurs des émlssions adressent des expérlences de la communauté, mais qU'lIs les abordent subséquemment d'après leurs positions

pré-vilégiées22 . Alnsi, et à l'encontre des analyses dérlvées du

marxisme, la télévlslon n'est pas seulement un vase clos de l'ldéologle domlnante- une courrOle de reproductlon et de

tran-smisslon pour l'~déologle domlnante- malS un vaste récipient

où s'artlculent et se chevauchent autant l'ldéologie dominante que subordonnée·~. En fait, ces analyses tendent à négliger la spécificlté de la télévision comme un système de représentation

et l'abordent plut~t comme une transmiSSlon de messages

trans-parents de sUjets autonomes 24 .

En d'autres termes, l'analyse dOlt d'abord répondre aux inter-rogatlons qUl surglssent de la fonction de représentatl0n qu'assument les programmes télévlSés. A cet égard, autant de-vons-nous prendre en considératlon l'apport des créateurs, ce

22John Fiske et John Hartley, Reading Television, New

York, Methuen, 1978, p.18; George Gerbne~ (dir.),

Communica-tions Technology and Social Policy: Understanding the Cultural Revolutl0n, New York, John Wlley, 1973, p.268; Stuart Hall

(dir.), Culture, Medla and Language, Londres, Hutchinson, 1980, p.117-118.

2~10ny Bennett, Op.Clt. p.2.

24Ien Ang, "The Battle between Televlsl0n and its Audlen-ces: The Pol i tlcS of Watc hing Te 1 evisl0n", dans Phi 11 ip Drum-mond et Rlchard Paterson (dir.), Televislon in Transltlon, Lon-dres, BFI Publlshing, 1986, p.250.

(29)

que certains trouvent ridicule2~, que nous devons r.onsidérer

le contexte soc~o-politlco-culturel qui entoure la

produc-tion2 6 A~nsi, d'après nous le phénomène de "Star Trek" s'

ex-plique davantage par l'équation du texte et de son contexte que par celle de l'idéologie et de l'économie.

2~Schiller pense qu'~l soit ridicule d'attribuer quelques

formEs d'autonom~e que ce soit à ces gens. La rig~dité de

l'or-ganisatlon interne des chaînes de télévision ne favorise pas selon lui une liberté d'expresslon aux producteurs, réalisa-teurs, écrivains de scripts. Herbert 1. Schiller, Op.Clt., p.

103.

26Voir notamment; Robert Sllverstone, The Message of

Tele-vision, Londres, Northumberland Press, 1981; Thomas Streeter,

"An Al ternative Approach to Television Research", dans Wi lIard Rowland et Bruce Watklns (dir.), Interpretlng Television: Cur-rent Research Perspectives, Berverly Hills, Sage Publications,

(30)

(

(

CHAPITRE I I

"STAR TREK" COMME PRODUCT 1 ON TELEV 1 SUELLE

Au prem1er chap1tre, nous proposions de voir la télévislon comme un système de représentation, une fonctlon qui est d'abord as-sumée par ses créateurs. Ces dernlers, en s'1nspirant de thèmes conséquents aux expériences de la communauté, malS abordés

sub-séquemment à leurs pos1tlons, nous présentent par le truchement

du médlum une verSlon des relatlons soclales, culturelles et politlques.

Plusieurs lmpératlfs viennent par-contre restrelndre la llberté d'expression et artlstlque de ces lntervenants. Notamment, et comme nous l'avons déjà vu, l 'économle peut avoir un rOle signl-ficatlf dans l'élaboration d'une émlsslon. D'autres éléments,

sur lesquels nous reviendrons plus en détall~ tels la

multipll-clté du langage que doit tenir une émlssion, les exigences du réseau et les formes du genre (une comédie est dlfférente du téléroman, comme aussi de la sClence-fiction) sont aussi des contraintes auxquels les créateurs font face.

Nous proposons de présenter dans ce chapitre les éléments d'ana-lyse qUl peuvent nous permettre de VOlr la production télévisée comme un produit de son contexte. C'est-à-dire qu'une télé-sérle comme "Star Tre~" se construi t du marlage des expériences de la collectivlté et des perceptlons qu'en tirent ses créateurs. Le

(31)

-programme télév1sé assume a1nsi une fonction sociale qui émane du symbo11sme de son nar-r-atl f et de son imdger i e . Davan tage, en introduisant certa1ns éléments de sa sClence-fictlon, nous pos-tuIons que "Star Trek" devlent une métaphore de la soc:~été

amé-ricaine de la f1n des années 60.

2.1 Un modèle d'analyse: la plur-ahté du d1scour-s télév~sé

Outre quelques exceptions, la pr-oduc t ion:l. d'une télé-sér- 1e dé-v le rar-ement du modè 1 e té 1 éV1sue 1 amér 1ca~n. Un système qUI n l. plus n i moins standard lse et un l forml.se 1 es nô.lrmes de 1 a produc-tion cà l'hollywoodlenne2 A cet égard, on parle de régIes à SUl-vre autant pour la forme de l'émlsslon que pour le développement de l ' i n t r l g u e . D'une par-t, la forme de l'ensemble des pr-oduc-tlons télévisées est slmilalre et ce lndépendamment des réseaux qUI les dlffusent. Pour preuve, d'année en année, les gr-Illes horal.r-es d'un réseau à l'autre demeur-ent homogènes. L'une des causes de cette unl.fOrmlté, se sl.tue dans les déclslons des exé-Cutl fs de ces cha'Înes3 Ce sont eux qUl. déc Ident des for-mes

thé-:l.Pour éVl.ter-logie amérlcalne.

l isa'lion •

toute confUSlon nous avons utl11Sé la termino-Alnsl, produc tion pr-end 1 e m@me sens que

réa-~Ar-mand Mattelart, Multlnatlonal Corporatlon and the Con-trol of C~ltur-e: The Ideologlcal Appar-atuses of Imperlalism, Londres, Har-vester- Press, 1979, p.234. Ces propos ont aUSSI été r-eprl.S ~or Fernando Sol anas, réa llsateur ar-gentl..n, lors

d'une cOllférence de presse du Festlval des; Films du Monde de Montréal le samedi 3 septembre 1988. VOlr aUSSl le compte rendu de cette c.on,·érence dans La Presse, Montréal, 4 septembr-e 1988, p.E7.

"3Horace Newcomb, The Producer Med1um, New Yor-k, Doubleday Anchor, 1983, p.8.

(32)

f'

J

(

.

27

matiques qui prendront l'antenne. Ils déterminent ce à quoi les

téléspectateurs auront drolt. Ils imposent des thèmes qu'ils croien t adéquats au con tex te soclo-pol i tico-cu 1 ture 1 de l'année de production et qUl pourront rapporter en drolt de publIcité.

D'une autre part, 1,= développement de l' l.ntrlgue sui t aussl. un

cadre qUl. est détermIné. On visl.onne très rarement des éml.ssions

dont les prl.ses de vue sont dl.fférentes des autres, où 11 n y a

pas un suspense créé entre le bon et le vllain, où l.l n'y a pas

de moral ou un modèle à SUIvre. Les créateurs dOIvent en fait

répondre à d'l.nnombrables règles de conduites formulées par les

off lC ie Is des réseaux; "broadc ast standards, p ... ·ogram prac tices, l.nterna 1 censors" 4 .

Malgré, la lourdeur "bureaucratique" que ces règles du jeu impo-sent, nous croyons que les créateurs ont une autonomie relative. E Ile se ref 1 ète à travers le narrati f et l' lmager l.e u t i 1 isés pour pelndre et rendre représentatl. f les thèmes véhl.cU lés par

les émissl.ons. Et ce même Sl encore à ce nlveau, un impératl.f

majeur restrelnt leurs marges de manoeuvre: la cote d'écoute.

Pour certains, cette contralnte est d'ordre économlque, mais pour nous ellp. représente une condition normale de la télévi-Sl.on. Nous croyons, qu'au lieu de chercher des fragments de ré-ponse par cet élément, que l'analyse doit d'abord s'attarder sur 1 es raisons du succès ou l ' l.nsuccès de l'émission. Ou si on préfère, de quoi dépend 1 a performance d'une té 1 é-sér ie. l I n ' y

a certes pas de recette ml.racle au succès, mal.S en terme de cote

4Ibl.d., p.14 .

(33)

-d'écoute, l'attralt du programme ne dOlt pas se limiter à un

seul groupe de téléspectateurs. L'émlss~on dOlt répondre aux

attentes du plus grand nombre possible. Et pour y arrlver, elle

doit entre autres adopter un langage QU1 ne d1vlse personne~.

"One the whole 1 would say that most of what appear to

be values on teleV1Slon lS the result of not wantlng ta offend the people who are watchlng and not wantlng to offend the advertlsers"éo.

John Flske soutlent la m@me poslt1on lorsqu"li écrit," the tele-vision message is forced by ltS own constralnts and 1nternal contradlctlons to accord freedom of perceptlon to aIl ltS Vlew-ers"?".

La télévision emprunte ce que nous appelons la multlpllclté du

langage. Elle aglt, pour employer 1 "expresslon d"Harvey Bennett,

comme un vaste réclpient où se marient en un seul aillage 1"

ldé-ologle domlnante et subordonnée. Cette plurallté du dlscours nous permet de retrouver une famlliarlté entre notre expérience commune et le contenu de l"émlsslon. Malgré son chemlnement

ana-lytlque différent, John Eills, dans V1Slble Flctlons, n"en sug-gère pas mOlns que par la structure de son "dlscours", la

télé-epau 1 Esplnosa, "The AudJ.ence in the Tex t J Ethnographic

Observatlons of a Hollywood Story Conference", dans Medla, Cul-ture and Society, numéro 4 (1982), pp.77-86.

~Hordce Newcomb, op. cit., p.14.

?"John F1ske et John Hartley, Reading Televlsion, Londres, Methuen, 1978, p.l7.

(34)

(.

(

29

vision essaie d'attirer ses téléspectateurs en prétendant parler et regarder pour eux·.

Pour de nombreux auteurs, cette manlère de faire n'est pas sans rappeler le rOle du conteur de jadls. Pour John Fiske, la

struc-ture de la télévlsion se compare au rOle des bardes~. Horace

Newcomb, en sus de sa propre définition, présente trols autres

interprétatIons slmIlalres à celle de Fiske. L~ ~remlère est

celle de Marshall Sahlin, pour qui le discours téléVIsé s'appa-rente aux fonctl0ns d'une synapse. Ce discours étant en falt la somme du travail des créateurs. Ces dernIers, sensibIlISés aux changemerts latents de la société, unIfient les conjonctures socl0-politlco-cognltifs et les reprodUIsent par des correspon-dances symbollques 1o . La deuxième est celle de Vlctor Turner

qui retIent davantage la nature rItuelle du narratIf et de

1'1-magerle téléVIsuels. Selon cette approche, le dlscours télévisé transcende la réalité pour plutet commenter les cüutumes et \es

habItudes d'une SOCIété. La troiSIème est cel~e de Roger

Silver-stone, pour qUl la télévlsion exrrIme d'abord la culture dans laquelle le dIscours narratIf prend place. Cette Interprétation,

selon Newcomb, suggèr~ une fonction qui perpétue et maIntient

les structures et les barrières SOCIales tout en préservant

aUSSI les rOles établis. Le tout étant un résultat du

comporte--John ElllS, VIsible FIctions, Londres, Routledge

&

Kegan

Paul, 1982, p.162-170.

~John Flske, TeleVIsion Culture, New York, Methuen, 1987, p.85.

(35)

ment ritualiste de la structure du discours télévlSé~1. Finale-ment, Newcomb définlt la représentativlté du narratif et de l'imagerie en la comparant aux choristes de l'Antlquité grecque. En effet d'après lUl, le choeur exprlme l'émotion et l'l.dée du groupe et de l'ensemble. Le chorus reprend des formES

sociale-ment reconnues et qui font appel à la mémolre callectl.ve au

dé-triment des notl.ons exclusives et indlVl.duelles 12 .

Toutes ces interprétations suggèrent que pour attelndre un

cer-tain succès commerc~al, la série télévlsée dOlt SUlvre une forme

narratlve bien établle1~. Une formule qUI. utllise princI.palement

des notl.ons l.mbriquées dans la soclété. En d'autres termes, la télévision s'inspI.re de sUjets soclalement et culturellement reconnus. Vu de cet angle, la cote d'écoute n'est que l'obJectlf flnal alors que le problèm: prlncl.pal est de saVOlr interpréter ces thèmes.

Il est facile de montrer que la télévislon tl.re son contenu de sujets populaires. Cependant la manière de les tralter est plus complexe et moins éVl.dente. La façon avec laquelle ces thèmes sont abordés et présentés au petlt écran dépend des créateurs et des limites du genre de l'émission. Du créateur, nous pou-vons dire que son autonomle créative, c'est-à-dire sa liberté

~~On doit prendre en conSldération que toutes ces analyses ont porté sur des émlssions qui ont connu un vif succès commer-clal. Et aussi, qu'aucun programme d'informatlons publiques et de nouvelles n'a été consldéré.

(36)

(

31

d'expression, se manifeste par les signes et les symboles choi-SlS pour peindre ces sujets. Du genre, nous pouvons dire qu'il

y en èl plus d'un et que les conventions, qui les slngularisent,

lmposent certaines barrières à la 1 i berté du createur.

Malgré ces conditions de productions astreignantes, les

créa-teurs réussissent à fa~re passer dans leurs émissions les idées

qUl leurs SOt1t propres. Premièrement, parce que le programme

té-lév~sé est le résultat d'une construction humalne 14 . Deuxième-men t , de 1 eurs posi tlon s soc i al eDeuxième-men t pr l v 11 églées 1!!!1, ces ~nd i

-vldus nous présentent une version des relat~ons soclales,

poli-tlques et culturelles. L'émlsslon peut ainsi @tre considérée

comme une représentatlon reconst~uite des pratlques socLales.

C'est-à-dlre un véhicule d'ldées où les normes son+: érigées en modèles 1é .

La productlon télévisée se caractérise donc par des thèmes qui

ont une correspondance avec les expériences d'une société 1? Ces

sujets sont abordés par des créateurs qui, de leurs positions favorab 1 es, reprodu lsen tune verSl0n de ces rel a tl.ons socia les.

14John Fiske et John Hartley, o~.cit., p.17.

l.eVol.r; Stuart Hall (dlr.), Cultur-e, Medl.d, Language, Lon-dres, Hut=hlnson, 1980; George Gerbner (dir.), Communications

Technology a~d Social Pollry: Understandlng the Cultural

Revolu-tlon, New York, John Wl1ey, 1973.

l.éDanlel Latouche, La société de l' ambl.guïté, Montréal, Boréal Express, 1979, pp.237-241.

17Thomas Streeter, "An Al ternat.l. ve Approach to Te levision Research", dans Wl11ard Rowland et Bruce Watkins (dir.), Inter-preting Televisl.on: Current Research Perspectlves, Berverly

(37)

-

--32

Le contexte et les conditions socio-culturelles de la produc-tion créent des possib1lités d'utiliser des signes et des

sym-baies familiers à la soclété en général.1.e!I.

Lorsque l'on c herche à donner un sens po 1 i tique aux prog ,- '::'''l'fles télévisés, l'analyse peut se contenter d'établir des llens entre le contenu des émlssions et le comportement soclal d'une

socié-té.1.~. Mais à cet égard, elle oublie que la téléVIsion demeure avant tout un spectacle commercial. L'analyse peut aUSS1 exami-ner les re 1 ations de groupes qui émanen t de 1 a posi tlon l.nstl. tu-tionnnelle et hiéarchique du médium. Cette perspectl.ve négl1ge

la spécificité de la télévislon qUl. est d'être d'abord une

fic·-tian. A cause de ces falts et ceux développés dans nos remarques précédentes, nous croyons pouvoir suggérer que la portée des arguments, en faveur d'une analyse poll.tique, dOlt autant porter sur le contexte qui entoure ces productions, que sur la struc-ture narrative présen tée par ces f l.C tl.ons. Al.nsi, nous pouvons démystl.fIer les causes et les effets du rapport entre l' indus-trie et les créateurs, et être en mesure d'établlr une

congru-ence entre ce rapport et le contenu du programme. Le sens pol

~.-tique d'une série télévlsée dépend alors autant des thèmes qui sont proposés par l'industrie conséquemment au contexte

SOCIO-~eStuart H~!!, Op.Clt., pp.117-118.

1·Ces analyses s ' intéressent entre autr~s à l'impact de la

télévlslon sur le comportement des enfants ou sur le phénomène de la VIolence transmise par le contenu des émisslons. Voir no-tamment; Douglas Cater et Rlchard Alder (dlr.), Television as a

SOCIal Force: New Approaches ta TV Criticism, New York~ Preager,

1975; George Comstock et E. A. Rubinstein (dir.), Television

and SOCIal Behavl.or, WashIngton D.C., Med1a Content and Control, va 1. 1 ~ 1972.

(38)

)

(

.

- - -- ---~ . . --~ . . ~2A . . - -. . ~~I~i~_~ . . . . i~i . . . _ . . ti~i . . .

aa ....

33

politico-culturell~ de la période de product1on, que de la posi-tion sociale des créateurs, que des signes et des symboles uti-lisés pour véh1culer les idées pressenties.

2.2 Le contexte de production de "Star Trek"

Les démarches pour la production de "Star Trek" ne constituent pas en elles-m@mes une tentative d'échapper aux normes télévi-suelles amér1ca1nes. Car, comme nous l'avons déjà vu, les cré-ateurs de la télé-sér1e se sont conformés aux impératifs imposés entre autres par les exécutifs de NBC. Et m@me davantage comme nous l'avons déj à cité, certains au teurs on t suggéré que "Star Trek" et les autres product1ons télév1sées de cette période va1ent assurer les besoins de légitimation jdéologique qui

de-venaient d~ plus en plus importants pour les multinationales

amér1ca1nes. La télévlsion devena1t en soi un moyen pour

préser-ver le mythe américaln qU1 était confronté entre autres à la

course pour la conqu@te de l'espace, à l'aaitation raciale, à

l'éclatement de la famllle, au déclin de l'autorité et à la

guerre du Vietnam. On crerchait en fait à présenter les vertus

de la "Bonne Amérlque". La flction télévisée devait donc servir

à immoblliser les changements soc1aux, pour nous en présenter

une version qui maintenait l'ordre établi.

Gene Roddenberry, le créateur de "Star Trek", a sign1fié en

maintes occaS10ns son désarroi vls-~-vis cette hésltation de la

(39)

-impact aUSSl grand2 0 "Star Trek" devai t lui servir de toi le de fond pour exprimer ses idées sur le contexte socio-polltique de

cette période. Et à cet égard, la télé-sérle innovait. Car

con-trairement aux autres productlons télévisées de cette époque,

elle s'inspirait de sUjets soclalement r~connus. Sans pour

au-tant en changer le cours, "Star Trek" contrlbuait aux change-ments qui s'opéralent dans la société américaine. Son approche, souvent contrainte par l'ordre économlque, et souvent critiquée pour couvrir les desselns de l'lmpérlalisme amérlcain, n'en pro-posait pas mOlns, par le truchement de la sClence-fiction, de jeter un regard sur la société contemporaine. La télév1sion de "Star Trek" étal t une version plus llbérale que le conservatisme outrageusement ut111Sé par la major1té des autres productions

télévisées. M@~e Sl le traltement des sous-thèmes, d'avant-garde

pour ces années, n'al t pas tOUJ our-s été égal, "Star Trek" s'

ln-téressait tout de m~me à des événements 1ui ont eu une

lmpor-tance sur- l'échiquler politique.

Au moment où la production de "Star Trek" débutait, SOlt en

1964, d'importants changements s'opéraient dans la soclété

amé-ricaine. L'année 1963 avait été mar-quée entre autres par l'as-sassinat du Président Kennedy, de la mar-che pour les droits de

l'hom~e à Washington, et de l'lntenslficatlon des manoeuvres au Vietnam. Malgré tous ces remous, l 'América1n moyen vlvalt depuls

la fin d?s années 50 dans une lnertle culturelle et soclale.

2oConvarsatlon with Gene Roddenberry on TV For- Setter or

Worse, pro~ult par WCVE-TV, Rlchmond, Virglnle, 1976 tel qu~

cité par Hal Himmelsteln, Television My th and the Amerlcan Mlnd, Praeger, New York, 1984, p.20; Horace Newcomb, op. c i t . , pp.

Références

Documents relatifs

Lecture 10h30 : albums de Catherine Louis, tout public dès 5ans, sur inscription pour les groupes, bibliothèque Longs-Champs. Rencontre 15h : avec Catherine Louis, tout public dès

L’enseignant pose la question aux élèves : « Qu’avez‐vous compris de cette histoire », il intervient un minimum et note les réponses des élèves. L’enseignant lit aux

Fiche réalisée par Céline Lamour-Crochet, illustrations d’Olivier Daumas, avec l’aimable autorisation des éditions Bilboquet.. Domaine

Fiche réalisée par Céline Lamour-Crochet, illustrations d’Olivier Daumas, avec l’aimable autorisation des éditions Bilboquet.. Domaine

On peut donc chercher à développer une politique de production d'écrits par la création d'ateliers d'écriture, ce qui se fait déjà, mais aussi d'ateliers

- S’il y a temporairement des marchés des droits d’émission, encadrement strict de ces marchés, avec l’objectif global de réduction de 40% des émissions, le paiement

D’abord, l’expropriation des pauvres Ensuite, le chômage endémique.. Enfin, la

Courbe Salaires 1 : croissance de la valeur ajoutée et progression des salaires directs individuels s’ils bénéficient d’une progression de leur pouvoir