CHRONIQUES ET COMPTES RENDUS 3 7 3 Christine He h l e, Boethius in St. Gallen. Die Bearbeitung der ‘Consolatio
Phi-losophiae’ durch Notker Teutonicus zwischen Tradition und Innovation. Tübingen: Max Niemeyer Verlag 2002 (Münchener Texte und Unter suchungen zur deutschen Literatur des Mittelalters 122). XII + 401 p. En huit étapes, Tauteur conduit le lecteur de l’étude de la Consolation de
Philosophie (ci-après : CP) de Boèce vers sa réception chez Notker Teutoni
cus (thèse de doctorat sous la direction du Professeur Ernst Hellgardt, Munich), étude menée dans une perspective d’histoire littéraire qui touche des questions de linguistique de façon seulement marginale (.Einleitung, p. 3), afin de donner une synthèse des recherches actuelles et de mettre en lumière ce qu’il y a de nouveau dans la méthode de Notker.
Pour le texte de Notker, transmis dans un seul manuscrit complet, le San- gallensis 825 (le frontispice en couleurs et tab. 1 en donnent des specimina), l’on se base sur l’édition critique de Petrus W. Tax (Tübingen 1986, 1988,
1990).
Le temps de Boèce, sa vie et son œuvre, en particulier la CP, font l’objet du premier chapitre. Le second traite de la réception de la CP jusqu’à l’an mil, c’est-à-dire la transmission du texte latin de Cassiodore à Alcuin, com mentaires et citations, et des premières traces d’études en langue vernacu laire : gloses en ancien haut allemand et la « traduction », mieux la libre adap tation en ancien anglais du roi Alfred de Wessex vers la fin du neuvième siècle. Hehle établit ici un véritable Forschungsbericht en ce qui concerne la tradition manuscrite de Boèce et l’interdépendance des commentaires élabo rés à la suite de la redécouverte de la CP par Alcuin, en particulier ceux qui expliquent le poème central III.ix O qui perpetua extrêmement compliqué et souvent discuté à cause de sa pensée « hérétique ».
On s’approche de l’époque de Notker Teutonicus ou Notker III de Saint- Gall (950 - 1022) : le troisième chapitre est dédié à sa biographie, à son œuvre et au monastère de Saint-Gall, son histoire, la culture et les méthodes d’en seignement de son école qui sont à la base de la culture personnelle de Notker.
Sa lettre célèbre à Vévêque Hugues de Sion, où Notker parle de ses tra vaux et de ses projets, est une source rare et précieuse. Hehle s’en sert pour insérer Notker dans son contexte culturel et pour constituer une terminologie des techniques de commentaire développés jusqu’à l’époque de Notker (p. 78). Elle démontre ensuite que l’intention de Notker ne fut pas de créer une œuvre littéraire et originale, mais d’offrir une base pour la compréhension d’un texte difficile (p. 85) dans la tradition scolaire de Yexpositio (p. 87).
Par quelques exemples choisis, Hehle explique le procédé de Notker dans le chapitre « Struktur und Technik» (1 ‘Die Makrostruktur : Buch- und Kapi teleinteilung bei Notker’ - cf. app. 1- / 2 ‘Die Mikrostruktur : Notkers Technik der kommentierenden Übersetzung’ : constructio in legendo - lectio/ enarra-
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lexique). Ensuite, elle dédie une centaine de pages au commentaire propre ment dit (‘Inhaltliche Komplexe der Texterklärung’) en suivant le système des
artes, c’est-à-dire la grammatica qui concerne realia, histoire et mythologie,
rhetorica/ dialéctica, les matières du quadrivium et la philosophie/ sancta doctrina. Notker ne continue pas seulement Y interpretado Christiana de l’œuvre de Boèce (p. 225), mais est aussi à la hauteur du savoir et des recherches de son temps. - Une étude approfondie des sources de Notker serait très souhaitable (cf. p. 102sq.). - Toutes les citations en latin et en ancien haut allemand sont traduites en allemand.
Sur ce fond, l’auteur analyse la démarche de Notker pour faire comprendre III.ix O qui perpetua. Puisqu’il n’existe pas encore d’édition complète des deux commentaires principaux sur la CP utilisés par Notker (cf. p. 97sq. ; 130), Y Anonymus Sangallensis et le commentaire de Remi, Hehle transcrit en appendice (3) les passages qui concernent O qui perpetua: les gloses de
Y Anonymus Sangallensis d’après Naples BN IV G 68, les deux versions du
commentaire continu de Y Anonymus Sangallensis d’après Einsiedeln 179 (cf. tab. 2, 3 et 4) et le commentaire de Remi d’après ce même manuscrit.
L’Appendix 2 fournit une liste des citations bibliques de Notker. Les trente pages de bibliographie témoignent de l’envergure de l’étude. Le plus impor tant des index soigneusement élaborés est dans notre perspective celui des noms en grec, latin, ancien haut allemand et haut allemand moderne.
Notker nous a donc laissé une interprétation complète de la CP de Boèce, une « Werkinterpretation » ; sa science et son génie en ont fait une œuvre scientifique proprement dite qui est, en plus, d’un haut niveau littéraire.
München Mechthild Pö r n b a c h e r
D. Ho w l e t t, Caledonian Craftmanship : the Scottish Latin Tradition, Dublin, Four Courts Press, 2000.
D. Howlett, qui a déjà donné plusieurs contributions importantes à la connaissance du latin médiéval dans les îles britanniques (cf p. ex. ALMA t. 57, 1999, p. 364-366), livre ici une anthologie commentée des plus anciens textes latins du royaume d’Ecosse. Trente documents brefs sont ainsi présen tés, édités et (très bien) traduits en anglais, au fil d’un classement par genres (liturgie, chartes, poésie, histoire, hagiographie, actes épiscopaux, théologie). Ils sont d’une extrême diversité, d’une banale confirmation de donation à une réflexion spirituelle complexe, d’une classique vie de saint à un ambitieux schéma historiographique. La langue présente quelques particularités : dans le premier fragment, on notera les curieuses graphies «hiruphin et zaraphin»