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Un cadre de référence pour un aménagement durable des bassins versants forestiers : application dans le projet expérimental d’aire protégée polyvalente à la réserve faunique Mastigouche, Québec

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Academic year: 2021

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Un cadre de référence pour un aménagement

durable des bassins versants forestiers :

Application dans le projet expérimental d’aire

protégée polyvalente à la réserve faunique

Mastigouche, Québec

Mémoire

Victor DAVID

Maîtrise en sciences forestières

Maître ès sciences (M.Sc.)

Québec, Canada

© Victor DAVID, 2015

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Résumé

S’intégrant au contexte d’expérimentation d’une aire protégée polyvalente du gouvernement du Québec, dans la réserve faunique Mastigouche (RFM), notre projet s’intéresse à la conservation de l’intégrité écologique des milieux aquatiques. En effet, les milieux aquatiques sont sensibles à l’aménagement forestier, notamment à cause du réseau routier. Dans ce contexte, le projet de recherche se propose de développer un cadre de référence, à l’échelle des bassins versants, propice à la gestion exemplaire des milieux aquatiques dans une aire protégée polyvalente. Pour cela, une revue de littérature et des rencontres avec des experts ont été réalisées pour cibler et valider les enjeux principaux. Cette méthodologie nous a permis de définir le cadre de référence pour un aménagement durable des bassins versants forestiers (ADBVF) sous la forme de valeurs, de critères et d’éléments. Enfin, une validation sous la forme d’application du cadre pour l’ADBVF a été réalisée sur le terrain de la RFM.

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Table des matières

RÉSUMÉ ... III

TABLE DES MATIÈRES...V

LISTE DES FIGURES ...VII LISTE DES TABLEAUX ...IX

REMERCIEMENTS ...XIII

1 INTRODUCTION... 1

2 MISE EN CONTEXTE ... 7

2.1 LES STRATÉGIES ÉCORÉGIONALES... 7

2.1.1 Un réseau d’aires protégées ... 7

2.1.2 L’aire protégée polyvalente ... 10

2.1.3 L’aire protégée multicatégorie ... 11

2.2 LA COMPOSANTE AQUATIQUE DANS LES AIRES PROTÉGÉES... 12

2.2.1 Les milieux aquatiques... 12

2.2.2 Une vision internationale ... 13

2.2.3 L’eau et l’utilisation du territoire forestier dans une APP... 13

3 MÉTHODOLOGIE... 17

3.1 NATURE DU CADRE DE RÉFÉRENCE : APPROCHE PAR CRITÈRES ET INDICATEURS... 17

3.2 PRÉMISSES DE LA DÉMARCHE... 18

3.2.1 Approche ciblant les enjeux (« problem solving »)... 18

3.2.2 Approche territoriale ... 19

3.2.3 Approche de recherche-action dans une vision de cogestion adaptative ... 21

3.2.4 Approche de groupes d’experts ... 21

3.2.5 Schéma conceptuel des prémisses méthodologiques ... 21

3.3 DÉMARCHE D’ÉLABORATION DU CADRE STRATÉGIQUE... 22

3.3.1 Description des deux outils principaux de la démarche ... 22

3.3.2 Élaboration des principes de la gestion exemplaire par bassin versant... 24

3.3.3 Détermination des enjeux... 25

3.3.4 Élaboration du cadre de référence ... 25

3.4 APPLICATION ET VALIDATION DU CADRE STRATÉGIQUE... 25

3.4.1 Territoire d’étude ... 25

3.4.2 La structure du projet d’APP ... 30

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4 RÉSULTATS ...33

4.1 LES PRINCIPES STRATÉGIQUES...33

4.1.1 L’approche par bassin versant...33

4.1.2 La gouvernance de l’eau en territoire forestier public...37

4.1.3 Les prémisses d’une gestion exemplaire de l’eau et du bassin versant...39

4.2 CRÉATION DU CADRE DE RÉFÉRENCE POUR L’ADBVF...39

4.2.1 La nature des enjeux ...40

4.2.2 Les valeurs pour l’ADBVF...43

4.3 LE CADRE DE RÉFÉRENCE POUR L’AMÉNAGEMENT DURABLE DES BASSINS VERSANTS FORESTIERS 45 4.3.1 Valeur 1 : Conservation des milieux aquatiques ...51

4.3.2 Valeur 2 : Mise en valeur du récréotourisme de nature associé aux milieux aquatiques 54 4.3.3 Valeur 3 : Gestion des stress environnementaux ...58

4.3.4 Valeur 4 : Qualité de la gouvernance conjointe de l’eau et de la forêt ...64

4.4 APPLICATION ET VALIDATION : PROJET EXPÉRIMENTAL D’AIRE PROTÉGÉE POLYVALENTE...67

4.4.1 Démarche ...67

4.4.2 Validation du critère 2 à Mastigouche : Conservation des milieux aquatiques d’intérêt et des milieux aquatiques à haute valeur...69

4.4.3 Validation du critère 8 : Minimiser les impacts du réseau routier et traverses de cours d’eau notamment sur l’apport de sédiments et la connectivité hydrologique...70

4.4.4 Validation du critère 4 : Assurer une pêche sportive durable : L’ensemencement...76

5 DISCUSSION/SYNTHÈSE ...83

6 CONCLUSION ...87

RÉFÉRENCES ...89

ANNEXE 1 : QUESTIONNAIRE SUR L’ÉLABORATION D’UN CADRE DE RÉFÉRENCE POUR L’AMÉNAGEMENT DURABLE DES BASSINS VERSANTS FORESTIERS DANS UNE AIRE PROTÉGÉE POLYVALENTE ...103

ANNEXE 2 : CARTE DE LA SÉPAQ DÉLIMITANT LES BASSINS VERSANTS SENSIBLES ET LES LACS STRATÉGIQUES POUR LA RÉSERVE FAUNIQUE MASTIGOUCHE...115

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Liste des figures

Figure 1. Représentation d'une aire protégée multicatégorie ... 12

Figure 2. Schéma conceptuel des prémisses méthodologiques ... 22

Figure 3. Carte de localisation de la RFM dans le sud du Québec ... 26

Figure 4. Bassins versants principaux de la réserve faunique Mastigouche... 27

Figure 5. Schéma du problème de correspondance des frontières naturelles et administratives pour la gestion de l’eau par bassin versant (AP=Aire Protégée ; BV = Bassin Versant) ... 37

Figure 6. Illustration du besoin d'approche globale pour considérer la conformité du réseau routier ...Erreur ! Signet non défini. Figure 7. Actions à développer pour l'entretien et la restauration du réseau routier dans la RFM... 73

Figure 8. Coûts associés aux actions pour l'entretien et la restauration du réseau routier dans la Réserve faunique Mastigouche ... 74

Figure 9. Priorisation du réseau routier problématique dans la Réserve faunique Mastigouche ... 75

Figure 10. Schéma de la complémentarité entre un noyau dur de conservation et une zone tampon ... 104

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Liste des tableaux

Tableau 1. Liste des experts sélectionnés ... 23

Tableau 2. Enjeux émis par les experts ... 41

Tableau 3. Valeurs pour l'ADBVF... 45

Tableau 4. Critères et éléments pour la conservation des milieux aquatiques ... 47

Tableau 5. Critères et éléments pour la mise en valeur du récréotourisme de nature associés aux milieux aquatiques... 48

Tableau 6. Critères et éléments pour la gestion des stress environnementaux... 49

Tableau 7. Critères et éléments pour la qualité de la gouvernance conjointe de l'eau et de la forêt ... 50

Tableau 8. Enjeux définis comme prioritaires dans une approche enjeux-solutions dans le cadre de l'élaboration d'une APP sur le territoire de la réserve faunique Mastigouche ... 67

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Albert Camus m’imaginait heureux.

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Remerciements

Après plusieurs années de construction, le castor a réussi son barrage. Pour réaliser un barrage solide et efficace, mon directeur Louis Bélanger fut le contremaître idéal, m’ayant permis d’atteindre une maturité aussi bien dans ma vie académique que dans ma vie quotidienne. Ses efforts pour supporter mes divagations sont tout à son honneur et je le remercie de m’avoir emmené jusqu’au bout. Pour m’assurer de la bonne construction de mon barrage, j’ai également reçu l’aide précieuse de Sylvain Jutras, mon codirecteur. Sylvain a toujours su m’encourager dans les moments difficiles de cette maîtrise et m’apporter sa vision toujours optimiste. Merci à vous deux pour votre travail et votre confiance !

Le projet fût financé par Nature Québec et le Consortium sur la climatologie régionale et

l’adaptation aux changements climatiques (OURANOS). Leur support financier fait partie

intégrante de l’achèvement de ce projet de maîtrise.

Je tiens à remercier particulièrement Marie-Ève Desmarais, François Brassard, Michel Plante, Sophie Gallais et Jean-François Lamarre qui ont donné du temps, beaucoup de temps, pour m’aider à réaliser ce projet.

Je souhaite aussi remercier les acteurs de mon projet : Éric Harnois, Michel Lambert, Amélie Gilbert, Amélie Saint-Laurent Samuel pour leur participation active aux différents stades du projet. Je remercie également le comité de travail sur l’élaboration de l’APP en Mauricie de m’avoir ouvert leurs portes. Un merci à tous ceux qui ont participé de près ou de loin au projet.

Je souhaite envoyer des remerciements à travers le monde aux Beavers, rencontrés comme collègues, mais qui sont devenus des amis.

Je ne saurais oublier mes parents qui, malgré ma fuite à 6000km de distance, ne m’en ont pas voulu et m’ont encouragé.

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1 Introduction

Les aires protégées sont appelées à jouer un grand rôle dans les nouvelles stratégies de conservation des nations, notamment face aux changements climatiques et à la perte de biodiversité (Dudley et al., 2010). C’est dans cette même veine que le Québec cherche à renforcer l’efficacité de son réseau d’aires protégées. Le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Lutte contre les Changements Climatiques du Québec (MDDELCC) vient d’amorcer une réflexion quant à l’adaptation de son système d’aires protégées aux changements climatiques et à la place que la notion de réseau écologique devrait jouer dans le design de ses aires protégées tout particulièrement pour contribuer à la préservation de la résilience de ses écosystèmes (Gouvernement du Québec, 2012a). L’un des moyens envisagés par le MDDELCC est le développement d’un nouveau type d’aire protégée, l’aire protégée polyvalente, qui se rattacherait aux catégories V et VI de l’UICN (Dudley, 2008). Sa vocation serait de servir de zone tampon autour d’un noyau dur de conservation stricte pour en favoriser la résilience et la viabilité. La particularité de cette aire protégée serait de permettre l’utilisation durable des ressources naturelles, en plus d’assurer la conservation de la biodiversité (Deshaies, 2014).

Notre projet s’inscrit dans un projet plus global du MDDELCC et de l’Université Laval qui a pour but de contribuer à l’évolution du cadre de planification et de gestion du réseau d’aires protégées au Québec notamment celui établi pour la forêt publique du Québec (Bélanger et al., 2013). Pour cela, une des orientations retenues est de « mettre en œuvre

des stratégies écorégionales de conservation de la nature pour renforcer la résilience écologique des régions forestières du Québec ». Les stratégies écorégionales visent à

favoriser la résilience et la viabilité des écosystèmes à long terme en concevant à l’échelle de paysages entiers (Worboys et al., 2010). Suivant Woodley et al. (2012 p. 6) :

« Building on this consensus, the IUCN World Commission on Protected Areas (IUCN WCPA) has stated that the maintenance and restoration of ecosystem integrity requires landscape-scale conservation. This can be achieved through systems of core protected areas that are functionally linked and buffered in ways that maintain ecosystem processes and allow species to survive and move, thus ensuring that populations are viable and that ecosystems are able to adapt to land transformation and climate change ».

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Les approches écorégionales de conservation comprennent l’établissement de réseaux écologiques régionaux, le renforcement de la connectivité écologique régionale, la gestion de la matrice aménagée et l’établissement de grandes aires protégées persistantes (Bennett et Jo Mulongoy, 2006)

Pour optimiser la contribution des aires protégées au renforcement de la résilience écologique dans les régions forestières, le design des aires protégées doit ainsi ajouter à l’objectif de représentativité un objectif de persistance à long terme de la biodiversité et des processus écologiques qui en sont à l’origine (Margules & Pressey 2000; Pressey et al. 2007; Saucier 2011). La persistance à long terme de la biodiversité, l’un des concepts fondamentaux de la conservation systématique (Margules et Pressey, 2000; Watson et al., 2011), implique le maintien de populations viables pour l’ensemble des espèces (Nicholson et al., 2006), le maintien des processus écologiques et des régimes de perturbations naturelles (Pressey et al., 2007; Ladle et Whittaker, 2011) et accommoder les mouvements d’espèces et des processus d’évolution (Moritz, 2002; Nicholson et al., 2006; Pressey et al., 2007). Pour assurer la persistance de la biodiversité, la création de grandes aires protégées est préconisée pour les régions ayant encore de grandes zones naturelles ou semi-naturelles (Peres, 2005; Maiorano et al., 2008; Laurance et al., 2012). Pour les spécialistes de la conservation en Amérique du Nord, la grande aire protégée stricte (du type parc national par exemple) dans une matrice écologiquement hospitalière est considérée comme le moyen idéal pour maintenir ou restaurer l’intégrité écologique et ainsi renforcer la résilience écologique (Wiersma et al., 2005; Lemieux et al., 2011). Dans le contexte de la forêt québécoise, une grande zone de conservation persistante devrait dépasser 3000 km² suivant les critères de réserve dynamique minimale, de persistance des communautés de mammifères ou de grand écosystème (Wiersma et al., 2005). Une telle dimension est nécessaire pour maintenir l’ensemble des processus écologiques qui confèrent leur résilience aux écosystèmes et la persistance à long terme de la biodiversité. Toutefois, dans les circonstances sociales, économiques et politiques actuelles du Québec, la mise en place de très grandes aires protégées strictes (>2000 km²) est extrêmement difficile dans la zone de forestière commerciale sauf à sa limite nordique. Le portrait des aires protégées établies depuis 2002 dans le cadre de la Stratégie québécoise sur les aires protégées (Brassard et al., 2010) démontre bien les difficultés d’établir aujourd’hui des aires protégées strictes de plus de 500 km² dans la forêt commerciale. S’il

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3 a été possible de créer de grands parcs québécois dans la forêt tempérée et mélangée il y a un siècle, les opportunités sont beaucoup plus limitées aujourd’hui.

Suivant ce constat, une stratégie possible pour créer de grands secteurs voués à la conservation de la biodiversité est de consolider spatialement certaines aires protégées strictes en leur adjoignant des aires protégées polyvalentes, une formule moins contraignante, mais néanmoins en mesure de maintenir un haut niveau de naturalité favorisant la persistance écologique à l’échelle d’un grand écosystème. C’est la stratégie de l’aire protégée multicatégorie. Ces dernières sont formées de cœurs de conservation (aires protégées strictes) enveloppés de zones tampons (aires protégées polyvalentes). L’aire protégée polyvalente, en plus de la conservation, inclura l’utilisation durable des ressources naturelles. Le but de ce type d’aire protégée serait d’améliorer l’efficacité globale du réseau actuel d’aires protégées strictes en consolidant la protection de ces noyaux de conservation par l’ajout de territoires complémentaires voués au maintien de la naturalité des écosystèmes, tout en assurant un aménagement durable de la forêt pour le bien-être des communautés (Bélanger et al., 2013).

Notre projet a ciblé une composante du concept d’aire protégée polyvalente, soit le maintien et la conservation de l’intégrité écologique des milieux aquatiques dans une aire protégée polyvalente. L’intégrité écologique correspond à « un état jugé caractéristique de

sa région naturelle et susceptible de durer, qui comprend les composantes abiotiques et la composition de même que l'abondance des espèces indigènes et des communautés biologiques, les rythmes de changement et les processus qui les soutiennent »

(Gouvernemant du Canada, 2000). Dans le contexte d’une aire protégée polyvalente en milieu forestier, les milieux aquatiques sont une composante du paysage écorégional particulièrement sensible. Ils sont sujets à différents types de perturbations pouvant être liées aux aménagements forestiers : la sédimentation, les modifications physico-chimiques de l’eau, la perturbation de la libre circulation du poisson, la modification des processus riverains ou encore les impacts des changements climatiques. Ainsi, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN, 2008) considère que « les aires protégées doivent être conçues pour protéger les espèces d’eau douce, et recourir aux principes de protection des bassins hydrographiques ». Nous proposons dans ce mémoire le développement d’un cadre de référence pour une gestion exemplaire des milieux aquatiques. Pour répondre aux enjeux associées à la conservation des milieux

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aquatiques, les experts s’accordent à dire que la gestion de l’eau par bassin versant est la plus efficace pour assurer le maintien, la conservation et/ou restauration des milieux aquatiques (Pringle, 2003; Schindler et Lee, 2010). Suivant Darghouth et al. (2008): « Watershed management is the integrated use of land, vegetation and water in a

geographically discrete drainage area for the benefit of its residents, with the objective of protecting or conserving the hydrologic services that the watershed provides and of reducing or avoiding negative downstream or groundwater impacts ».

Pour favoriser une gestion exemplaire de l’eau dans une aire protégée polyvalente, nous proposons que soit élaboré un cadre de référence pour « l’Aménagement Durable des Bassins Versants Forestiers (ADBVF) ». L’intérêt de ce dernier serait de prendre les milieux aquatiques comme point de départ pour la gestion de l’eau par bassin versant, contrairement à une gestion forestière classique centrée sur les écosystèmes terrestres. Nous cherchons ainsi à définir une gestion spécifique pour les écosystèmes aquatiques, préconisée dans la littérature : « la biodiversité aquatique et marine requiert quelques

approches, outils et méthodologies spécialisés en plus de ceux utilisés en milieu terrestre»

(Dudley et Parish, 2006).

Cependant, le design des aires protégées ne facilite pas nécessairement la mise œuvre d’une approche par bassin versant. En effet, les limites géographiques de la plupart des aires protégées ne correspondent pas à des limites de bassins versants. Le contrôle des bassins versants d’une aire protégée par ses gestionnaires n’est donc possible que partiellement. Les conclusions de l’étude de Dudley et Parish (2006, p. 6) s’appliquent ainsi au Québec : « Many aquatic systems are particularly at risk from functional gaps

because the hydrological processes that support the healthy functioning of these systems operate over much larger scales than most protected areas, and thus, are susceptible to threats outside of protected area boundaries. »

Pourtant, le Québec a su se doter d’outils prenant en compte le bassin versant depuis la création de la Politique Nationale de l’Eau (PNE) en 2002, permettant ainsi la mise en œuvre de la Gestion Intégrée de l’Eau par Bassin Versant (GIEBV) par le biais des Organismes de Bassin Versant (OBV). Les OBV ont pour mandat de créer et de mettre à jour un Plan Directeur de l’Eau (PDE) pour chacune des 40 zones d’interventions délimitées en fonction des bassins versants majeurs du Québec méridional. Malgré la

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5 qualité de l’expertise et du processus de gestion intégrée démontrés au sein des équipes locales ayant mené à la rédaction des PDE, ces documents n’ont toujours pas de mécanisme obligatoire de mise en œuvre (Milot et Lepage, 2010; Gangbazo, 2011). Les PDE sont donc des documents conseils dont la mise en oeuvre dépend du bon vouloir des acteurs de l’eau de chaque OBV.

Face au défi de la mise en œuvre des PDE et plus généralement de la gestion du territoire par bassin versant, un arrimage avec les mécanismes légaux d’aménagement du territoire et de gestion des ressources naturelles est nécessaire. Ce possible arrimage est actuellement examiné, entre autres, par la Corporation de l’Aménagement de la Rivière Assomption (CARA), un OBV officiellement reconnu. En effet, elle tente d’arrimer son PDE avec les schémas d'aménagement et de développement (SAD) des municipalités régionales de comté se trouvant dans son bassin versant. D’après la CARA, l’arrimage entre ces deux outils permettrait de fournir une gestion plus adaptée du bassin versant, dans le but de protéger la ressource eau. Une de leurs étapes de réflexion est de «

faciliter l’intégration des éléments pertinents des PDE au sein des outils d’urbanisme des municipalités locales » (Organisme de bassin versant de la Rivière l’Assomption, 2011).

Dans le cadre d’aires protégées polyvalentes en forêt québécoise, c’est avec les outils de gestion forestière actifs et reconnus que l’arrimage doit se faire. En effet, malgré l’importance accordée à la protection de l’eau par le régime forestier québécois, et cela dès 1988 avec l’adoption du Règlement sur les normes d’intervention dans les forêts du

domaine de l’État, le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) n’a pas

adopté une approche de gestion du territoire par bassin versant, exception faite pour les rivières à saumon. Le développement d’un cadre de référence pour l’ADBVF s’est également confronté au fait que la question de l’eau en milieu forestier n’a pas représenté une grande priorité pour les OBV ces dernières années, compte tenu des enjeux plus critiques en milieux rural et urbain. De plus, la responsabilité de la gestion de l’eau en milieu forestier public revient aux gestionnaires forestiers et non aux OBV. Ceci dit, le régime forestier du Québec entend réduire l’impact des activités forestières sur les milieux aquatiques, comme exprimé dans la Stratégie d’Aménagement Durable des Forêts (SADF), qui préconise de « mettre au point des pratiques forestières et des mesures de

protection aptes à maintenir l’intégrité et les fonctions écologiques des milieux aquatiques, riverains, humides et des sols forestiers. (Orientation 5) » (Ministère des Ressources

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Naturelles et de la Faune, 2010). Dans ce contexte, on se rend compte de l’intérêt et de la pertinence de concevoir une approche de gestion de l’eau par bassin versant pour les aires protégées polyvalentes.

Le but de ce projet est de développer un outil de gestion visant à assurer l’intégrité des milieux aquatiques dans un contexte d’aménagement durable des forêts et de conservation du territoire. Grâce à la participation de plusieurs experts en gestion du territoire forestier, en gestion des milieux aquatiques et en gouvernance de l’eau, l’exemplarité d’une gestion des milieux aquatiques a été définie sous la forme d’un cadre de l’ADBVF. L’exemplarité a été circonscrite à partir d’objectifs répondant à des problèmes de protection du milieu aquatique vécus actuellement en forêt au Québec.

Les objectifs spécifiques de ce travail sont 1) d’élaborer un cadre de référence théorique pour la gestion exemplaire des milieux aquatiques dans un contexte d’aménagement écosystémique du territoire grâce à l’arrimage entre la gestion de l’eau et la gestion du territoire forestier ; et 2) de mettre en application et de valider l’outil élaboré dans un projet expérimental d’aire protégée polyvalente.

Notre recherche s’est intégrée à un projet d’expérimentation dans la réserve faunique Mastigouche, en Mauricie, chapeautée par le MDDELCC, le MFFP et la Sépaq. La réserve faunique Mastigouche est réputée pour la qualité de son territoire et plus particulièrement pour ses milieux aquatiques. Le récréotourisme lié à la pêche est très important sur le territoire de Mastigouche (Boivin, 2012). Ces caractéristiques du territoire offrent un cas intéressant pour valider le cadre de référence élaboré dans notre démarche de recherche-action.

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2 Mise en contexte

Dans cette section, nous présentons certains des concepts qui forment les prémisses de notre cadre de référence.

2.1 Les stratégies écorégionales

2.1.1 Un réseau d’aires protégées

Aujourd’hui, les pressions de nos modes de vie entrainent un appauvrissement de la biodiversité à travers le monde. C’est le constat fait lors de la Conférence des Nations Unies sur la Diversité Biologique de Nagoya au Japon en 2010, où les dirigeants du monde entier se sont entretenus sur le fait que nos modes de production ne permettent pas une conservation adéquate du patrimoine naturel (Secretariat of the Convention on Biological Diversity, 2011). De ce fait, les changements climatiques, l’urbanisation, l’agriculture de plus en plus intensive, ainsi que l’exploitation des ressources naturelles sont de réels dangers pour la biodiversité planétaire (Thuiller et al., 2005; Malhi et al., 2008; Morris, 2010).

Le soutien mondial pour la conservation s’exprime dans les Perspectives de la diversité biologique produite par la Convention pour la Diversité Biologique, à la suite de Nagoya 2010, et plus précisément les Objectifs d’Aichi. La mise en place de réseaux écologiques est l’une des grandes orientations retenues. Un des objectifs d’Aichi (l’objectif 11) propose de conserver « d’ici à 2020, au moins 17% des zones terrestres et d’eaux intérieures, y

compris les zones qui sont particulièrement importantes pour la diversité biologique et les services fournis par les écosystèmes, au moyen de réseaux écologiquement représentatifs et bien reliés d’aires protégées gérées efficacement et équitablement et d’autres mesures de conservation efficaces par zone, et intégrées dans l’ensemble du paysage terrestre et marin » (Secretariat of the Convention on Biological Diversity, 2011).

Un réseau écologique désigne « l’application de l’approche par écosystème qui intègre les

aires protégées dans les paysages marins et terrestres plus vastes, en vue d’assurer efficacement la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique.» (Secrétariat

de la Convention sur la diversité biologique, 2004). Ce réseau, connecté spatialement et fonctionnellement par un ensemble cohérent d’aires protégées naturelles et

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naturelles, est géré afin de maintenir ou de rétablir les fonctions écologiques qui permettent de protéger la biodiversité tout en offrant des moyens de réaliser une utilisation durable des ressources renouvelables. Il se caractérise principalement par (Bennett et Jo Mulongoy, 2006) :

• La protection de la biodiversité au niveau de la région,

• Le renforcement de la cohérence écologique, en favorisant une connectivité écologique,

• Le tamponnage des zones écologiques critiques (noyaux de conservation) des activités extérieures potentiellement nuisibles,

• La restauration des écosystèmes dégradés,

• La promotion de la complémentarité des objectifs d’utilisation des terres et des objectifs de conservation de la biodiversité.

Le concept de réseau écologique reconnaît le besoin d’adopter une approche élargie à la conservation, puisque l’approche traditionnelle centrée sur des aires protégées individuelles est insuffisante pour répondre à des enjeux, tels que les changements climatiques et la perte des espaces naturels. Les réseaux écologiques sont formés d’après la théorie des paysages polarisés du géographe Boris Rodoman (1974). Elle stipule que le paysage devrait être soumis à un zonage équilibré ; les zones d’utilisation intensive étant contrebalancées par des zones naturelles (Bennett et Jo Mulongoy, 2006).

Dans cette optique, les approches biorégionales (dites également écorégionales) s’avèrent être des solutions pertinentes (Goriup et Miles, 1999 ; Breckwoldt, 1995). Elles consistent à considérer la gestion à l’échelle d’une biorégion. Les biorégions sont des zones présentant une spécificité dans ses caractéristiques, notamment le climat, la faune, la flore, la géologie, la topographie, etc. Elles se caractérisent aussi par leurs communautés humaines et leurs modes de vie (Berg et Dasmann, 1977).

La mise en place de réseaux écologiques est l’une des grandes orientations retenues par les organisations internationales pour renforcer la résilience des aires protégées aux changements climatiques et ainsi mieux préserver les grands écosystèmes régionaux qu’elles représentent (Dudley et al., 2010). L’un des principaux objectifs du concept de réseau écologique consiste à maintenir l’intégrité des processus écologiques altérés par

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9 les changements climatiques. Une hausse globale des températures a un impact certain sur les écosystèmes terrestres et aquatiques (Isaak et al., 2010; Schindler et Lee, 2010; Logan et al., 2011). Principalement, les impacts devraient se manifester par la migration nordique de plusieurs espèces sur de grandes distances (Sturm et al., 2001). Développer un réseau écologique efficace vise donc, entre autres, à permettre l’adaptation et la migration géographique des espèces floristiques et fauniques à l’intérieur d’un environnement juridiquement protégé.

Depuis 30 ans, le modèle généralement développé pour structurer des réseaux écologiques comprend quatre éléments complémentaires (Bennett et Jo Mulongoy, 2006b):

• Des zones nodales ou zones noyaux (core areas) où la conservation de la biodiversité prend préséance;

• Des corridors écologiques (corridors linéaires et corridors en pas japonais (stepping stones)) qui améliorent la connectivité fonctionnelle entre les zones noyaux;

• Des zones tampons qui consolident le réseau et qui le protègent contre les influences extérieures préjudiciables;

• Des zones d’utilisation durable qui forment une matrice où la mise en valeur des ressources renouvelables se fonde sur les principes du développement durable.

Les trois premiers éléments peuvent être formés par différentes catégories d’aires protégées. D’après la définition de l’UICN (Dudley, 2008), une aire protégée est « un

espace géographique clairement défini, reconnu, consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d’assurer à long terme la conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont associés. » L’aire

protégée est considérée comme un outil à part entière dans un réseau écologique.

Par ailleurs, pour que les aires protégées puissent répondre pleinement à leur rôle de conservation de la biodiversité, plusieurs recommandent à ce que les zones de conservation aient une superficie minimum pour assurer leur efficacité et la persistance de la biodiversité (Margules et Pressey, 2000; Wiersma et Nudds, 2009). C’est le concept de réserve minimale. Wierma et al. (2005) préconisent une superficie minimum permettant la

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connectivité entre les habitats de la matrice, assurant la persistance des espèces même à l’extérieur des limites de l’aire protégée. La superficie doit être suffisamment grande pour permettre à une aire protégée insularisée de maintenir l’ensemble de ses espèces historiques. Leroux et al. (2007) démontrent que cette superficie minimum correspond à la possibilité d’intégrer les perturbations naturelles et de maintenir les processus écologiques. Elles doivent également être réparties de manière à assurer la représentation des espèces, des communautés, des paysages, des processus écologiques et autres formes d’intérêt à différentes échelles à travers le territoire (Gurd et al., 2001; Wiersma et

al., 2005). Wiersma (2005) conclut en recommandant 3000 km2.

2.1.2 L’aire protégée polyvalente

Dans les circonstances sociales, économiques et politiques actuelles du Québec, la mise en place de très grandes aires protégées strictes (>2000-5000 km²) est extrêmement difficile dans la zone forestière commerciale sauf à la limite nordique de cette zone. Une solution envisagée est la création d’un nouveau type d’aire protégée complémentaire aux aires protégées strictes, soit l’aire protégée polyvalente.

Le MDDELCC propose la définition suivante de l’aire protégée polyvalente pour le Québec, définition issue des travaux réalisés par un comité de coordination sur l’aire protégée polyvalente (MFFP, MDDELCC et Sépaq, 2014) :

« L’aire protégée polyvalente est une aire constituée à des fins de protection et de

maintien de la biodiversité qui a pour mission de rendre mutuellement bénéfiques la conservation et l’utilisation durable des écosystèmes, dans le respect des valeurs phares du territoire.»

Cette définition d’une aire protégée polyvalente s’inspire du groupe des aires protégées non strictes, soit les catégories V et VI de l’UICN décrites dans les Lignes directrices pour l’application des catégories de gestion aux aires protégées (Dudley, 2008). Le cas du Québec est particulier et ne permet pas d’associer l’une ou l’autre des deux catégories polyvalentes de l’UICN. En effet, la catégorie V « où l’interaction des hommes et de la

nature a produit, au fil du temps, une aire qui possède un caractère distinct, avec des valeurs écologiques, biologiques, culturelles et panoramiques considérables, et où la sauvegarde de l’intégrité de cette interaction est vitale pour protéger et maintenir l’aire, la

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11

conservation de la nature associée ainsi que d’autres valeurs », ne s’applique qu’au sud

du Québec. Les forêts du Québec sont « trop » naturelles pour correspondre à cette catégorie (Bélanger et al., 2013). Néanmoins, il n’est pas non plus possible de considérer le territoire dans la catégorie VI qui « préserve des écosystèmes et des habitats, ainsi que

les valeurs culturelles et les systèmes de gestion des ressources naturelles traditionnelles qui y sont associés. Elles sont généralement vastes, et la plus grande partie de leur superficie présente des conditions naturelles ; une certaine proportion y est soumise à une gestion durable des ressources naturelles ; et une utilisation modérée des ressources naturelles, non industrielle et compatible avec la conservation de la nature, y est considérée comme l’un des objectifs principaux de l’aire ».

Ce nouveau type d’aire protégée polyvalente, à cheval entre deux catégories de l’UICN, permet la création d’un ensemble plus vaste de conservation : l’aire protégée multicatégorie.

2.1.3 L’aire protégée multicatégorie

En associant les aires protégées strictes (catégories I à IV) et avec les aires protégées polyvalentes (catégories V et VI), nous obtenons un nouvel outil de conservation : l’aire protégée multicatégorie (Figure 1) (Bélanger et Guay, 2010; Bélanger et al., 2013).

Ce concept se rapproche du concept de réserve mondiale de la biosphère, développé par le programme Man and Biosphere de l’UNESCO en 1971 dans le but d’apporter une zone tampon à un noyau dur de conservation permettant ainsi d’harmoniser un développement durable des communautés à la conservation (Browder, 2002).

Dans le contexte québécois, Bélanger et Guay (2010) proposent une définition de la structure des aires protégées multicatégorie :

« On cherche à s’éloigner d’une approche centrée sur des aires protégées individuelles pour adopter une approche prônant la formation de mosaïques d’aires protégées de différentes catégories (Bishop et al., 2004; Stolton, 2004; UICN, 2005). Une telle approche se base sur la complémentarité des objectifs propres à chaque catégorie d’aire protégée. Il s’agit d’associer des aires protégées strictes (catégories I à III) avec des aires protégées plus polyvalentes qui permettent la poursuite

(26)

12

d’objectifs d’aménagement durable des ressources naturelles de manière à garantir les fonctions et les productions nécessaires au bien-être des populations (les catégories IV à VI). Les catégories V et VI constituent ainsi des moyens efficaces pour la mise en œuvre de l’approche par écosystème telle que préconisée par la Convention sur la diversité biologique ».

Ce complexe d’aires protégées d’une superficie plus importante a pour but de satisfaire l’ensemble des besoins écosystémiques.

Figure 1. Représentation d'une aire protégée multicatégorie

2.2 La composante aquatique dans les aires protégées

2.2.1 Les milieux aquatiques

Pour les fins de notre projet, nous englobons les milieux aquatiques en trois catégories d’écosystèmes : les écosystèmes aquatiques à proprement dit, intégrant les spécificités des lacs et cours d’eau, les milieux humides comprenant les étangs, les marais, les marécages et les tourbières, et les écosystèmes riverains représentant l’interface entre les

Matrice forestière

Aire protégée polyvalente

Noyau dur de

Aire protégée multicatégories

Connectivité

Activités humaines

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13 écosystèmes terrestres et les écosystèmes aquatiques aussi bien lotique que lentique (Gregory et al., 1991). La séparation de ces catégories permet une meilleure compréhension de l’expression « milieux aquatiques », récurrente dans le projet.

2.2.2 Une vision internationale

Les milieux aquatiques occupent une place de choix dans la diversité biologique, comme en témoigne la définition de la CBD (2010) « la variabilité des organismes vivants de toute

origine y compris, entre autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les complexes écologiques dont ils font partie ; ceci comprend la diversité au sein des espèces et entre les espèces et celle des écosystèmes ». Plus

particulièrement, « les aires protégées doivent être conçues pour protéger les espèces

d’eau douce, et recourir aux principes de protection des bassins hydrographiques »

(UICN, 2008).

2.2.3 L’eau et l’utilisation du territoire forestier dans une APP

D’après l’UICN (Kingsford et Biggs, 2011), la gestion de l’eau au sein des aires protégées adopte une approche de « laissez-faire » conduisant souvent à une augmentation de l’altération des milieux aquatiques.

Pourtant Dudley (2008) assure que la protection de la biodiversité aquatique doit être encouragée dans les aires protégées polyvalentes de catégorie V. En effet, la sensibilité des milieux aquatiques dans une aire protégée polyvalente est accrue par l’exploitation, bien que durable, des ressources naturelles.

Les activités forestières participent amplement aux modifications des caractéristiques du cours d’eau ou du lac. En effet, d’après Bérubé et Lévesque (Bérudé et Lévesque, 1998; Lachance et al., 2008), on observe une baisse des captures d’omble de fontaine ou truite mouchetée (Salvelinus fontinalis) dans un bassin versant ayant subi des activités forestières importantes. Une trop forte sédimentation pose problème pour l’incubation des œufs des salmonidés (Raleigh et al., 1986). Les auteurs estiment que la présence de 15% à 20% de sédiments fins est suffisante pour détériorer la qualité des frayères. La sédimentation s’avère être un des facteurs principaux de détérioration des milieux aquatiques (Plamondon, 1993; A. Jones et al., 2000; Guillemette et al., 2005; Tremblay et

(28)

14

al., 2007; Hansbarger et al., 2010). Principalement causée par le réseau routier et les

traverses de cours d’eau (Langevin et al., 2008), le Québec est en train de prendre conscience du problème de la sédimentation. Les Tables de gestion intégrée des ressources et du territoire (GIRT), les MRC et les gestionnaires de territoires structurés se confrontent de plus en plus à la problématique du réseau routier. Dans le cas où les normes d’installation ne sont pas respectées ou que les installations sont trop anciennes pour avoir été soumises à la législation en vigueur, l’apport de sédiments peut être majeur dans les cours d’eau et les lacs. Cependant, une étude du MFFP réalisée sur plusieurs cours d’eau démontre que la charge de sédiments fins a tendance à augmenter en aval des ponceaux, et ce, malgré le respect des normes d’installations du règlement sur les normes d’intervention (RNI) dans les forêts du domaine de l’État (Delisle et al. 2004). Les méthodes de récolte forestière peuvent aussi être des causes de sédimentation. L’orniérage et la compaction, causé par le passage de la machinerie, modifient le drainage des sols et favorisent l’érosion. (Boileau et al., 2013; Jutras et Prevost, 2013). En effet, l’orniérage crée des dépressions dans les sols et les humus forestiers. Ceci favorise l’accumulation de l’eau sous forme canalisée, ce qui augmente la vitesse d’écoulement, et par le fait même, l’érosion des sols (Plamondon, 1993). Ensuite, la compaction, également liée au passage de la machinerie, réduit l’infiltration de l’eau dans le sol, ce qui favorise aussi l’augmentation de la vitesse d’écoulement et l’érosion. Autant l’orniérage que la compaction peuvent ainsi être la cause d’apport de sédiments dans les milieux aquatiques, tout en entrainant une augmentation des débits de pointe lors d’événements de pluies intenses. Ces débits maximum modifient le lit des ruisseaux et des rivières contribuant d’autant plus à augmenter l’érosion à même le cours d’eau (Plamondon, 1993). Des saines pratiques forestières visent toutefois à réduite les superficies occupées par les ornières et à capter les sédiments érodés avant qu’ils ne se retrouvent dans le réseau hydrographique (OPMV). C’est le rôle que joue les bandes riveraines de 20 m laissées la long de tous les ruisseaux permanents en milieu forestier québécois (Gouvernement du Québec, 2012b).

La littérature cible également le récréotourisme et les changements climatiques comme sources de perturbations de l’environnement forestier. (Johnson et Jones, 2000; Baril et Magnan, 2002). Même si ces perturbations sont souvent perçus comme étant de moindre importance par rapport aux pratiques d’aménagement forestier, il sera pertinent d’y porter

(29)

15 attention car les aires protégées polyvalentes visent aussi l’exploitation des ressources fauniques et la villégiature. La présence d’habitations et d’installations septiques, l’accès au territoire par des routes et des sentiers et l’ensemencement des lacs avec des poissons d’élevage sont tous des causes possibles de perturbation des milieux aquatiques.

(30)
(31)

17

3 Méthodologie

3.1 Nature du cadre de référence : Approche par critères et

indicateurs

Le cadre de référence se veut un outil d’aide à la décision pour la mise en œuvre de la gestion exemplaire du territoire et de ses milieux aquatiques dans une approche de bassin versant, pour assurer l’intégrité écologique des milieux aquatiques. Grâce à ce cadre, nous voulons identifier les critères qui permettent de circonscrire les valeurs et conditions qui doivent caractériser un aménagement durable de bassins versants forestiers (ADBVF). Sa finalité est de fournir une référence pour construire une compréhension commune de l'ADBVF parmi les parties prenantes et ainsi offrir une structure à une approche de gestion de l’eau par bassin versant, notamment dans une aire protégée polyvalente.

Si la gestion de la forêt publique est bien fondée sur les principes de l’aménagement durable des forêts comme l’exprime bien la Stratégie d’aménagement durable des forêts (SADF) (MRNF 2010), la gestion des milieux aquatiques suivant une approche par bassin versant n’a, cependant, pas encore été explicitement formulée dans la SADF. N’ayant pas trouvé de structure encadrant précisément la gestion par bassin versant, nous avons voulu développer un document intégrateur. Ce dernier cherche à rassembler les meilleurs outils et connaissances pour la gestion des milieux aquatiques et du bassin versant. L’intégration est un concept clef dans la détermination de la gestion exemplaire.

Comment définir fonctionnellement l’aménagement durable des bassins versants forestiers dans le cadre d’une gestion exemplaire d’une aire protégée polyvalente en forêt québécoise ? Tel était le défi méthodologique de notre mémoire.

Pour structurer notre travail, nous nous sommes inscrits dans une démarche de définition de critères d’aménagement durable. En effet, depuis la conférence de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement à Rio de Janeiro en 1992, les foresteries canadienne et québécoise se sont engagées dans des processus de définition de « principes, critères et indicateurs ». Ainsi, le Conseil canadien des ministres des forêts a rendu public, dès 1995, le cadre des critères et indicateurs d’aménagement forestier durable (Conseil canadien des ministres des forêts, 2003), critères que le Québec inscrira

(32)

18

en 1996, dans sa Loi sur les forêts (Gouvernement du Québec, 2001). L’approche des « principes, critères et indicateurs » est devenue un instrument utilisé couramment en foresterie pour définir et ensuite mesurer le progrès quant à l’implantation d’une gestion durable des forêts tant au niveau national que local (CIFOR, 1999). Cependant, à notre surprise, nous n’avons pas trouvé dans la littérature scientifique consultée de cadre de référence qui s’intéresse, pour les milieux forestiers, à la gestion par bassin versant. Le cadre de référence pour la gestion exemplaire des milieux aquatiques dans le domaine forestier se veut un outil d’aide à la décision pour la mise en œuvre de la gestion exemplaire du territoire et de ses milieux aquatiques dans une approche de bassin versant, pour assurer l’intégrité écologique des milieux aquatiques. C’est en somme un répertoire des principes devant être pris en comptes pour la conservation et la mise en valeur des écosystèmes lors de l’aménagement du territoire dans le but d’atteindre une gestion exemplaire. Le cadre de référence que nous allons élaborer se compose de valeurs et de critères. Ce cadre ne traitera pas, toutefois, des indicateurs. Suivant la démarche que nous proposons, ils sont plutôt à définir au moment de la mise en œuvre du cadre par les acteurs d’un territoire particulier.

3.2 Prémisses de la démarche

Afin de développer et de valider le cadre de référence, quatre prémisses méthodologiques ont été utilisées. La variété de leurs approches a permis d’obtenir des résultats diversifiés, mais qui convergent vers une vision cohérente et complète de l’ADBVF. Voici la description de ces quatre prémisses.

3.2.1 Approche ciblant les enjeux (« problem solving »)

Inspiré par des projets de mise en œuvre d’aménagement forestier écosystémique (Table des partenaires, 2009) et des projets pilotes d’APP, nous avons opté pour l’approche dite de résolution de problèmes (problem solving management) (Clark, 1999; Dennison, 2008; Gobbo, 2008) également appelée l’approche par enjeux et solutions par le MFFP (Varady-Szabo et al., 2008; Desrosiers et al., 2010). Au Québec, cette approche a été adoptée pour mettre en œuvre le nouveau régime forestier, suite, notamment à la démonstration de son efficacité pour résoudre des problèmes complexes tels que ceux rencontrés lors des projets pilotes d’aménagement écosystémique (Table des partenaires, 2009).

(33)

19 La gestion par résolution de problèmes consiste « à trouver une solution à un problème,

un enjeu ou une opportunité (Gobbo, 2008). C’est un processus d'identification puis de mise en œuvre d'une solution à un problème. » Cette approche favorise l’efficacité de la

gestion de l’environnement en améliorant les relations entre les scientifiques, les acteurs du territoire ainsi qu’avec la communauté (Dennison, 2008). « Cette démarche est fondée

sur la participation active des parties intéressées et des spécialistes. Elle consiste à reconnaître et documenter les principaux enjeux du territoire, 2) convenir des objectifs et des cibles, 3) proposer des solutions afin d’élaborer la stratégie d’aménagement du territoire. » (Desrosiers et al., 2010).

Cette approche se veut pragmatique en ciblant les enjeux prioritaires. Néanmoins, déterminer les enjeux prioritaires par un groupe de parties prenantes n’est pas chose aisée. En effet, il peut y avoir des divergences sur les priorités en fonction de l’institution ou encore des valeurs des acteurs. De ce fait, il est important de parvenir à un consensus sur les enjeux prioritaires pour pouvoir les traiter par la suite (Clark, 1992). Dans le cas de notre projet, nous sommes positionnés comme « médiateur » dans l’identification des enjeux. En nous basant sur le modèle existant du cadre des critères et indicateurs d’aménagement forestier durable du Conseil canadien des ministres des forêts, nous avons élaboré des valeurs, des critères et des éléments. Toutefois, dans un souci de répondre à la complexité d’élaboration d’un cadre pour l’ADBVF et du besoin d’un cadre avant tout stratégique, nous avons laissé les indicateurs pour une étape ultérieure soit celle de la mise en œuvre des solutions identifiées par les gestionnaires d’un territoire en particulier. Les indicateurs sont donc à définir lors de l’identification d’enjeux spécifiques à un territoire.

3.2.2 Approche territoriale

Pour ancrer notre démarche de réflexion sur la réalité terrain, nous avons eu l’opportunité de nous intégrer à l’un des projets pilotes sur les aires protégées polyvalentes, soit celui réalisé dans la réserve faunique Mastigouche en Mauricie (Bélanger et al., 2013). Notre démarche, que l’on peut qualifier de territoriale, est de type « bottom-up », soit de partir d’enjeux reconnus sur le terrain comme base à un effort subséquent de généralisation. L’approche territoriale se base donc sur l’expérimentation via des projets pilotes. Partir d’un territoire délimité nous a permis de cibler les enjeux principaux et d’interagir

(34)

20

directement avec les acteurs locaux du territoire. Ainsi, nous avons pu cibler, sur le terrain, les enjeux associés à l’exploitation durable des ressources naturelles en lien avec la conservation des milieux aquatiques.

Les projets pilotes réalisés dans le cadre du projet d’adaptation aux changements climatiques du design et de la gestion du réseau d’aires protégées au Québec se sont présentés comme le contexte idéal pour développer l’approche territoriale. Leur vision est de lier explicitement l’apprentissage (expérimental et expérientiel) et la gestion collaborative pour faciliter le développement de formes efficaces de gouvernance également documenté par Armitage et collaborateurs (2009). L’approche expérimentale, mettant en œuvre des expériences socioécologiques locales et régionales, est vue comme l’une des méthodes les plus efficaces pour développer de nouvelles formes de gouvernance écosystémique (Colls et al., 2009).

Le choix de la réserve faunique Mastigouche (RFM) s’est avéré très intéressant pour le développement d’une gestion exemplaire des milieux aquatiques par bassin versant. La renommée de ce territoire est associée à la pratique sportive de la pêche. Le rapport qu’entretient la RFM avec l’activité pêche est très important. En effet, elle est réputée pour la qualité de son offre de pêche sportive, d’où l’intérêt des gestionnaires de la réserve au projet de protection et de mise en valeur des milieux aquatiques. De plus, beaucoup des réserves fauniques partagent des limites administratives et biophysiques avec un noyau dur de conservation telles que des parcs nationaux. Dans le cas de la RFM c’est le parc national de la Mauricie qui la côtoie. Ce parc a d’ailleurs développé une expertise en matière de conservation des milieux aquatiques, permettant ainsi une meilleure prise en compte des enjeux aquatiques propres à cette région. Enfin, les réserves fauniques du Québec possèdent une valeur culturelle et patrimoniale pour les québécois.

Néanmoins, cette approche affecte l’universalité du cadre de référence. En effet, le projet étant basé sur l’expérimentation d’une APP dans la RFM, la moitié des experts rencontrés étaient spécialisés pour le territoire en question et les caractéristiques aquatiques du Bouclier canadien dans lequel il se trouve. Ce document est donc une version influencée par les enjeux propres aux écosystèmes aquatiques du Bouclier canadien. .

(35)

21

3.2.3 Approche de recherche-action dans une vision de cogestion adaptative

Le fait d’inscrire notre démarche dans un projet pilote a pour conséquence de donner une orientation de type « recherche-action » à notre méthodologie. La recherche-action vise à favoriser le lien entre la recherche scientifique et l’action (Anadòn, 2007) et ainsi intégrer les gestionnaires dans le processus de recherche.

La recherche-action que nous avons suivie s’inscrit dans la cogestion adaptative (Armitage et al., 2009). En effet, la cogestion adaptative se veut un processus de résolution de problèmes qui se fonde sur une interaction entre les gestionnaires, les parties prenantes et les chercheurs permettant un apprentissage social vis-à-vis la gouvernance du territoire (Berkes, 2009; Leys et Vanclay, 2011).

3.2.4 Approche de groupes d’experts

Pour permettre le lien entre le territoire et les acteurs du territoire comme le suggère la cogestion adaptative, nous nous sommes entourés d’experts.

Vogel et al. (2007) mettent en évidence l’importance de créer « des interactions

fonctionnelles entre les scientifiques, les praticiens, les communautés locales et les décideurs. » (Extrait de Bélanger et al, 2013).

La consultation d’experts simplifie l’ancrage aux réalités du terrain et la prise de décision (Haas, 2004). Pour assurer la validité des informations traitées, la mixité des milieux a été encouragée pour le choix des experts, comme spécifié dans une approche critères et indicateurs (CIFOR, 1999; Bäckstrand, 2003).

De plus, le choix de se tourner vers des experts a permis de simplifier la recherche d’informations. En effet, nous nous reposons sur l’expérience d’acteurs connaissant leur territoire et les enjeux associés, nous permettant ainsi d’aller droit au but.

3.2.5 Schéma conceptuel des prémisses méthodologiques

Le schéma suivant (Figure 2) permet de visualiser les quatre prémisses méthodologiques du projet. Il est important de spécifier que ce schéma ne propose pas de chronologie particulière.

(36)

22

Figure 2. Schéma conceptuel des prémisses méthodologiques

3.3 Démarche d’élaboration du cadre stratégique

3.3.1 Description des deux outils principaux de la démarche

3.3.1.1 Revue de la littérature

Une revue de littérature englobant l’aménagement écosystémique des forêts, la gestion de l’eau, la gestion par bassin versant, la biologie des milieux aquatiques ainsi que les facteurs de stress sur les milieux aquatiques a été effectuée. En plus, une revue de littérature supplémentaire fût réalisée pour comprendre les processus de gestion des ressources naturelles, notamment sur l’approche participative (Clark, 1992; Bäckstrand, 2003; Haas, 2004; Armitage et al., 2009). Des rapports internationaux sur la conservation nous ont permis de justifier la gestion spécifique des milieux aquatiques dans la gestion du territoire, et plus particulièrement dans un contexte d’aire protégée.

Commencer par une revue de littérature permet de ne pas réinventer la roue, puisque déjà beaucoup d’études existent concernant la gestion des milieux aquatiques. Cependant, il

(37)

23 n’y a pas, à notre connaissance, de document intégrateur des pratiques visant une approche par bassin versant.

Cette revue de littérature a entrainé un guide d’entrevue axé sur les enjeux d’une gestion exemplaire des milieux aquatiques dans le domaine forestier du Québec.

3.3.1.2 Consultations des experts

La polyvalence de l’expertise a été privilégiée lors de la sélection des experts (Tableau 1). La période de rencontre des experts s’est étirée du mois d’avril 2012 au mois de septembre 2013.

Tableau 1. Liste des experts ayant participé à la démarche

Expert

Institution

Expertise

Nombre de

rencontres

rencontres

Michel Plante

Parc National de la Parcs Canada –

Mauricie

Conservation des milieux

aquatiques 3

Amélie Gilbert

Sépaq des milieux aquatiques dans Protection et mise en valeur

les réserves fauniques

3

Éric Harnois

Sépaq

Protection et mise en valeur du territoire des réserves fauniques et positionnement des compagnies industrielles

3

Sylvain Jutras

Université Laval Aménagement par bassin versant et activités

forestières

10+

Louis Bélanger

Université Laval écosystémique et aires Aménagement

protégées

10+

Michel Lambert

OBV Agir Maskinongé

Position des OBV dans le processus de gestion du

territoire forestier

(38)

24

Mathieu

Gingras

OBV BVSM

Position des OBV dans le processus de gestion du

territoire forestier

1

Cindy

Provencher

OBV OBVRLY

Position des OBV dans le processus de gestion du

territoire forestier

1

Pour structurer les rencontres, nous nous sommes appuyés sur l’approche par résolution de problème. Les guides d’entrevues portaient sur les enjeux aquatiques critiques auxquels l’expert était sensibilisé, en insistant sur la priorité que l’expert associait à chaque enjeu soulevé. Le rôle d’une aire protégée polyvalente et les besoins de celle-ci en matière conservation et de protection des milieux aquatiques étaient abordés. La notion d’exemplarité fût également développée. Enfin, une dernière partie de l’entretien était basée sur le fonctionnement de la gestion participative et de la gestion par bassin versant actuellement en place au Québec (annexe 1). Il faut préciser que les questions ouvertes étaient privilégiées pour assurer un large intervalle de réponses.

Les experts (tableau 1) ont été rencontrés au moins une fois de manière individuelle ou en groupe lorsque cela était possible. Suivant leur disponibilité, certains ont été rencontrés plusieurs fois, permettant ainsi une approche itérative pertinente.

3.3.2 Élaboration des principes de la gestion exemplaire par bassin versant

Cette première étape de la démarche d’élaboration du cadre stratégique visait à définir les principes de l’exemplarité de la gestion du territoire et de l’eau par bassin versant.

La revue de littérature nous a permis de déterminer quelle était la situation québécoise en matière de gestion de l’eau. Pour cela, nous nous sommes basés sur la politique nationale de l’eau (2002), les différents plans directeurs l’eau au Québec (OBV : Charlevoix-Montmorency/St-Maurice/du Loup et Yamachiche/ Maskinongé/Assomption). Ensuite, nous nous sommes informés sur les méthodes de gestion des organismes gestionnaires du territoire, notamment de conservation et de mise en valeur du territoire (Sépaq/Parcs Canada/Tables GIRT). Cette revue de littérature a appuyé les réponses des experts.

(39)

25 Enfin, les méthodes de gestion utilisées à l’international ont également été revues, particulièrement des exemples de France, avec les Schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE). Les recommandations des grandes institutions de conservation comme l’UICN et la CDB ont été intégrées.

3.3.3 Détermination des enjeux

La seconde étape de la démarche a permis de dresser une première série d’enjeux grâce aux rencontres avec les experts. Ces derniers ont discuté d’une liste d’enjeux plus ou moins prioritaires. Néanmoins, même si tous les enjeux évoqués n’ont pas été intégrés directement dans le cadre de référence, cette liste nous a permis de comprendre l’ensemble des problématiques du terrain, en nous assurant que le travail soit le plus intégrateur possible. Ensuite, une revue de littérature a été réalisée pour compléter, ou appuyer certains points de vue apportés par les experts. Nous avons abouti à une première catégorisation des enjeux sous la forme de valeurs.

Il est important de préciser que l’approche itérative a été le moteur de cette étape. En effet, la catégorisation des enjeux a été soumise plusieurs fois aux experts, aussi bien en rencontres directes que par courriels ou téléphone.

3.3.4 Élaboration du cadre de référence

Suite à ces deux étapes préliminaires, une première version du cadre a été créée en se basant sur les valeurs définies préalablement. La littérature nous a permis d’appuyer les critères et les éléments du cadre. Ensuite, l’approche itérative a de nouveau été utilisée. Cette première version fût ensuite soumise pour validation auprès des experts. Cela nous a permis de redéfinir de manière importante le regroupement des enjeux sous la forme de critères. Les modifications apportées ont été à nouveau discutées en sous-comité. Ce dernier était composé de Sylvain Jutras et de Louis Bélanger. Quatre rencontres furent nécessaires pour atteindre le résultat actuel.

3.4 Application et validation du cadre stratégique

3.4.1 Territoire d’étude

(40)

26

(41)

27 Figure 4. Bassins versants principaux de la réserve faunique Mastigouche

(42)

28

nord-ouest de la ville de Trois-Rivières, et à 195 kilomètres au nord de la ville de Montréal (Boivin, 2012). La position géographique de la RFM est un véritable atout en matière de récréotourisme. À mi-chemin entre Montréal et Québec, la RFM touche une large population.

La RFM se situe à cheval sur deux régions administratives, Lanaudière et la Mauricie. Le parc national de la Mauricie est mitoyen à la réserve.

La réserve faunique s’étend sur une surface de 1 565 km2 sur le Bouclier Canadien. À la limite entre le domaine bioclimatique de l’érablière à bouleau jaune et de l’érablière à tilleul, la RFM jouit d’un climat tempéré nordique. L’abondance des précipitations offre une grande diversité d’espèces végétales, même si le domaine de l’érablière à bouleau jaune est moins diversifié que le domaine de l’érablière à tilleul (MDDEFP, consultation internet, janvier 2013). Des espèces aussi typiques que l’érable à sucre côtoient le hêtre à grandes feuilles ou encore le chêne rouge.

3.4.1.1 L’hydrologie

Grâce aux propriétés géologiques du Bouclier Canadien, et à l’importance des précipitations, le réseau hydrographique est particulièrement dense. En effet, on ne dénombre pas moins de 417 lacs et 13 rivières principales.

Trois grands bassins versants (Boivin, 2012) séparent le territoire de Mastigouche : le bassin versant de la Maskinongé, sous l’attention d’AGIR Maskinongé, le bassin versant de la rivière du Loup et Yamachiche, sous l’attention de l’OBVRLY ainsi que le bassin versant de la rivière Saint-Maurice, sous l’attention de l’OBV du BVSM (Figure 4). La RFM possède des bassins versants communs avec le parc national de la Mauricie, notamment les bassins versants allopatriques du parc, nécessitant une attention particulière lors de l’aménagement au sein de la réserve faunique.

3.4.1.2 La faune

Au sein de la RFM, les espèces fauniques sont représentatives de la biodiversité régionale. Les espèces aquatiques sont également un élément riche de ce territoire.

Figure

Figure 1. Représentation d'une aire protégée multicatégorie
Figure 2. Schéma conceptuel des prémisses méthodologiques
Tableau 1. Liste des experts ayant participé à la démarche
Figure 3. Carte de localisation de la RFM dans le sud du Québec
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