Cerzat (Haute-Loire) : « Le Pié du Roy ». Un site préhistorique dans un volcan

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préhistorique dans un volcan

Olivier Le Gall, Jean-Paul Raynal

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Olivier Le Gall, Jean-Paul Raynal. Cerzat (Haute-Loire) : “ Le Pié du Roy ”. Un site préhistorique dans un volcan. Revue Archéologique du Centre de la France, FERACF, 1986, Tome 25 (volume 1), pp.99-100. �halshs-00004455�

Cerzat (Haute-Loire) : « Le Pié du Roy ». Un site préhistorique dans un volcan

Olivier LEGALL et Jean-Paul RAYNAL

Université de Bordeaux I, Institut du Quaternaire, U.A. 133 C.N.R.S., Avenue des Facultés, 33405 - Talence cedex.

Le volcan du Pié du Roy se trouve sur la commune de Cerzat, en rive droite de l'Allier, quelques kilomètres au Nord de Langeac. La découverte d'industrie lithique en surface du cratère fut suivie de prospections systématiques qui permirent de récolter un abondant outillage. Plusieurs campagnes de sondages mécaniques ont précisé la nature des formations géologiques présentes mais n'ont pas encore livré de niveau archéologique en position primaire. Cependant, par sa position topographique et la nature de son industrie, le gisement du Pié du Roy s'affirme comme un élément original du Paléolithique ancien du Val d'Allier.

L'ETABLISSEMENT DU RELIEF

Le relief actuel de cette région est totalement fonction de son histoire volcanique. Elle pourrait se résumer comme suit : au Pliocène supérieur, le paléo-Allier coulait à l'emplacement du volcan du Pié du Roi. Sa vallée fut barrée par de puissantes coulées basaltiques et un lac se forma. L'érosion de son exutoire en permit progressivement la vidange. C'est alors que se produisit une violente éruption phréatomagmatique de type «maar» évoluant secondairement vers un dynamisme strombolien responsable de l'émission d'épaisses coulées (ROUX et SENAUD, 1978). Cette phase peut être située dans le temps grâce aux méthodes de datation absolue et aux études de paléomagnétisme : elle commencerait pendant une période d'inversion du champ magnétique terrestre, vers 3,2 millions d'années et s'achèverait vers 2,3 millions d'années (COUTHURES, 1982) pendant une autre période d'inversion du champ magnétique terrestre. Le cours de l'Allier s'est ainsi trouvé repoussé vers l'Ouest pour occuper sensiblement sa position actuelle.

UN ANCIEN LAC DE CRATERE

Le coeur de la dépression cratérique strombolienne est occupé par un petit lac tourbeux. Des formations plus anciennes sont préservées en bordure du lac actuel.

Elles attestent l'existence d'un appareil paléo-lacustre plus vaste dont le déversoir était établi au Nord, dans la partie basse du cône égueulé.

On y rencontre, de haut en bas, la succession suivante

- colluvions anciennes sablo-argileuses contenant un peu d'industrie préhistorique à leur sommet, un mètre d'épaisseur moyenne,

- argiles roses provenant de l'altération~des scories du cône, un mètre de puissance, - sables jaunes à passées argileuses, un mètre d'épaisseur environ,

- graviers scoriacés dans une matrice argilo-sableuse, puissance non reconnue.

LES TAILLEURS DE QUARTZ

Recueillie principalement sur la pente interne de la partie Nord du cratère, l'industrie préhistorique est abondante et essentiellement taillée dans deux variétés de quartz. On y remarque également l'utilisation de chailles et d'arkose. Toutes ces matières premières proviennent de galets vraisemblablement prélevés dans les alluvions du paléo-Allier et de ses affluents.

En premier examen, on est frappé par la composante «archaïque» de l'industrie représentée par un assez grand nombre d'outils sur galets : choppers, chopping-tools, épannelés. Les nucléus sont abondants, certains évoquant la technique levallois. Les bifaces sont rares, de petite taille le plus souvent, généralement amygdaloïdes. Les outils sur éclat sont abondants : assez nombreux racloirs, encoches, becs, couteaux à dos, grattoirs (Fig.). La netteté des stigmates d'éolisation sur certaines pièces et les différences de patine des quartz ne permettent cependant pas d'isoler plusieurs séries. Globalement, malgré son aspect ancien principalement dû à l'utilisation du quartz, cette série évoque l'Acheuléen moyen à supérieur.

QUEL HABITAT ?

De multiples sondages mécaniques n'ont pas encore permis de localiser cet outillage en stratigraphie. Dès lors, plusieurs hypothèses s'offrent à nous :

- Si la série est homogène, sa dispersion sur la pente interne Nord du cône peut s'expliquer par un habitat localisé en bordure de cratère, près de l'exutoire naturel du paléo-lac, remanié par colluvionnement et éolisé lors d'un stade particulièrement rigoureux de la glaciation rissienne (Riss récent ?),

- Si deux ou plusieurs séries d'âges différents sont mélangés, une partie pourrait être très ancienne, antérieure à la construction de l'édifice strombolien, associée aux formations lacustres qui ont dû se déposer dans le cratère du maar ; incorporée aux projections lors de la mise en place du cône strombolien elle aurait été remaniée et mélangée à une série plus récente,

- enfin, il n'est pas exclu que des témoins du remplissage lacustre de l'ancien maar soient conservés et affleurent localement sous les scories stromboliennes.

Dans l'état actuel de nos connaissances, nous retiendrons la première hypothèse, celle d'un campement acheuléen en bordure d'un paléo-lac de cratère, pendant la glaciation rissienne, le seul actuellement connu avec certitude dans la haute vallée de l'Allier. On mesure cependant, à la lumière de cet exemple, la difficulté des études archéologiques en milieu volcanisé, en particulier les multiples possibilités de remaniements, et l'éventail de techniques à mettre en oeuvre pour approcher la réalité préhistorique et assurer la datation des outillages lithiques anciens.

Bibliographie

Informations archéologiques, Circonscription d'Auvergne, Gallia Préhistoire, CNRS ed., t. 19, 1976, 2 : 508-510 ; t. 21, 1978, 2 : 612 ; t. 23, 1980, 2 : 344 ; t. 25, 1982, 2 : 375-376.

COUTHURES J., 1982 - Contribution à la chronostratigraphie de formations plio-pléistocènes du Massif central (France). Thèse de troisième cycle, Université de paris 6, 2 vol., 95 p. 85 fig.

RAYNAL J.P., 1983 - Aspects du Paléolithique moyen en Auvergne. in : Les inédits de la Préhistoire auvergnate, Musée Bargoin ed., Clermont-Ferrand, 105-128.

ROUX J. et SENAUD G., 1978 - Le levé aéromagnétique Massif central 1975 : étude de quelques anomalies caractéristiques liées au volcanisme et au socle. Thèse de troisième cycle, Université de Clermont II, n° 580, 197 p. 98 fig.

Outillage lithique du Pié du Roy (Cerzat, Haute-Loire). 1. biface amygdaloide ; 2. biface subcordiforme 3. petit biface amygdaloïde ; 4. couteau à dos naturel ; 5. extrémite distale de biface ; 6. nucléus discoide 7. chopper 8. denticulé 9. biface partiel ; 10. Bec et