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UNE TYPOLOGIE DE LA RECHERCHE CRITIQUE EN CONTROLE DE GESTION

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Academic year: 2021

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Submitted on 28 Feb 2010

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UNE TYPOLOGIE DE LA RECHERCHE CRITIQUE

EN CONTROLE DE GESTION

Asma Ben Temellist

To cite this version:

Asma Ben Temellist. UNE TYPOLOGIE DE LA RECHERCHE CRITIQUE EN CONTROLE DE GESTION. La place de la dimension européenne dans la Comptabilité Contrôle Audit, May 2009, Strasbourg, France. pp.CD ROM. �halshs-00460408�

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UNE TYPOLOGIE DE LA RECHERCHE

CRITIQUE EN CONTROLE DE GESTION

Ben TEMELLIST Asma

Doctorante DRM-CREFIGE, Université Paris-Dauphine, Place du Maréchal de Lattre de Tassigny, 75775 Paris cedex 16

06 19 75 17 96 bentemellistasma@yahoo.fr

Résumé : Abstract :

Au cours des dernières décennies, la recherche en contrôle de gestion a été marquée par l’émergence d’une multitude de courants dits « critiques ». Ce papier étudie les recherches critiques en contrôle de gestion parues dans Accounting, Organizations and

Society (AOS) depuis 1976 jusqu’au 2006. Nous

identifions neuf perspectives de recherche critique : les perspectives interactionnistes, la perspective foucaldienne, le « Labour process » ou « le processus du travail », la perspective latourienne, les théories institutionnelles, la perspective néo-interactionniste,

Carnegie school, les théories critiques et les études

qui ne font référence à aucun cadre théorique. Le deuxième volet de cette étude est d’effectuer une explication causale de l’évolution de la structure de la recherche critique en contrôle de gestion après avoir mis en relief son évolution.

During the last decades, research in the field of management control has been characterised by the emergence of a great variety of trends which are referred to as “critical”. This study reviews critical management control research in Accounting, Organizations and Society (AOS) from 1976 until

2006. We highlight nine critical research perspectives: interactionist perspectives, a Foucaldian perspective, a “Labour process” perspective, a Latourian perspective, an institutional theory, a “neo-interactionist” perspective, Carnegie School, critical theory and studies without any reference framework. This study enlightens also the evolution of this typology and aims to identify reasons of critical management control research structure change.

Mots clés :

Recherche critique, contrôle de gestion, typologie, cadre de référence.

Key words :

Critical studies, management control, typology, reference framework

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INTRODUCTION

Les recherches en contrôle de gestion se réfèrent principalement aux théories des organisations (l’école classique, la théorie des contrats, l’école de ressources humaines, …). Ces travaux forment le courant dominant appelé « le courant orthodoxe » ou « le courant positive ». Ils cherchent à comprendre et à concevoir la comptabilité à travers l’étude de ses pratiques. Ces études ont été renforcées par l’utilisation des approches économiques et récemment des approches psychologiques.

Certes ce courant a des faiblesses, « Chaque façon de voir est une façon de ne pas voir » (Cooper & Hopper, 1987, p407). Dans les débuts des années soixante dix, la recherche comptable a commencé à mettre en question la solidité des philosophies qui soutiennent « le courant dominant de la recherche comptable ». (Gaffikin, 1984 ; Chua 1986) De ce fait, la fin des années soixante dix a vu l’émergence d’une multitude de perspectives qui s’opposent au positivisme. Ces travaux ont eu recours, principalement, aux théories de la sociologie et de la philosophie pour explorer les lacunes et les « unseen ». Ces recherches ne se rejoignent que dans leur opposition au « courant orthodoxe ». C’est pour cela que ces travaux sont connus sous l’appellation « courants de recherche critique ».

La notion de la recherche critique est ambiguë, nous retiendrons que les recherches critiques en contrôle de gestion se définissent par leur opposition aux pratiques et théories conventionnelles et fonctionnalistes (Lodh & Gaffikin, 1997 ; Cooper & Hopper, 1987,1990 ; Chua, 1986, …) et par l’emprunt qu’elles font d’autres disciplines pour comprendre les pratiques et les théories. « La compatibilité critique les théories et les pratiques conventionnelles via des sciences sociaux critiques ; elle cherche à expliquer comment l’état actuelle de la comptabilité » (Cooper & Hopper, 1990, p2)

Plusieurs approches théoriques et méthodologiques, sociologiques et philosophiques surtout ont été utilisées par la recherche critique en contrôle de gestion. Nous citons à titre d’exemple comme auteur de référence : Paul Michel Foucault, Karl Marx, Jacques Derrida, Harry Baverman, Anthony Giddens, Bruno Latour, …. Ce courant de recherche constitue progressivement un ensemble de plus en plus riche, néanmoins il est aussi de plus en plus hétérogène. «Il est faut de considérer les approches alternatives en tant qu’un ensemble homogène» (Laughlin & Lowe, 1990, p. 35). Cette hétérogénéité nous a inspiré l’idée de ce

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travail de recherche. L’objectif de notre étude se décompose en deux axes de recherche. Il s’agit, en premier lieu, d’identifier les différentes perspectives de la recherche critique en contrôle de gestion à partir des articles publiés dans AOS dès 1976 jusqu’en 2006. Une fois notre typologie de la recherche critique en contrôle de gestion est établie, son évolution sera étudiée et une explication causale sera donnée.

Nous consacrons la première partie à la revue de la littérature sur la typologie de la recherche critique (1). Puis nous expliquerons notre cadre méthodologique (2). La troisième partie établit une typologie de la recherche critique en contrôle de gestion (3). Enfin, nous cherchons à comprendre pourquoi cette typologie évolue (4).

1.

REVUE DE LITTERATURE

Plusieurs travaux se sont intéressés de manière spécifique à l’élaboration d’une typologie des recherches critiques en management, en comptabilité et en contrôle de gestion. Ceux-ci méritent d’être présentés plus en détail dans la mesure où ils participent à l’élaboration de notre typologie. Nous distinguons dans cet ensemble de travaux ceux qui ont fait une typologie par fondement épistémologique, par auteur de référence ou par problématique théorique.

1.1. Typologie par auteur de référence

Plusieurs auteurs ont classé les travaux de recherche critique en management en général et en comptabilité en particulier par leurs fondements théoriques et méthodologiques. Nous présentons ces travaux de recherche en suivant un ordre chronologique de publication.

Laughlin et Lowe (1990) proposent une typologie des études critiques en comptabilité. Ils distinguent entre ceux qui utilisent : l’interactionnisme symbolique, l’ethnométhodologie, la théorie de structuration, la dialectique marxienne, les théories critiques et les idées foucaldiennes.

Laughlin (1995) a amélioré sa typologie élaborée en 1990 et il a identifié sept principaux courants de recherches critiques en comptabilité : l’interactionnisme symbolique, l’ethnométhodologie, la théorie de structuration, le Labour Process Theory de Marx, les théories critiques français, les théories critiques allemandes et le poststructuralisme.

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Lodh & Gaffikin (1997) proposent dix courants de recherche critique en comptabilité : l’interactionnisme et l’ethnométhodologie symbolique, l’économie politique, la théorie critique de Habermas, l’approche foucaldienne, la théorie de structuration de Giddens, le concept d’hégémonie de Gramsci, la pensée de deconstructionisme de Derrida, les constructionistes (sociaux, les structuralistes critiques et les approches technoscientifiques telles que la théorie des acteurs-réseaux de Latour.

La typologie la plus utilisée est celle élaboré par Baxter & Chua à l’occasion de 25ème anniversaire d’Accounting, Organizations and Society. En se référant aux articles parus dans AOS entre 1976 et 1999, Baxter & Chua (2003) identifient sept courants de recherche alternatifs en contrôle de gestion : Non rational-design school, Naturalistic approach, The radical alternative, Institutional theory, Structuration theory, Foucaldian approach et Latourian approach.

Luft & Shields (1993) élaborent une cartographie des travaux critiques en contrôle de gestion à partir de 275 articles publiés dans les revues suivantes: Accounting, Organizations and Society, Contemporary Accounting Research, Journal of Accounting and Economics, Journal of Accounting Research, Journal of Management Accounting Research, et The Accounting Review. En se basant sur le cadre théorique de référence emprunté d’autres disciplines (la sociologie et la philosophie), ils identifient six principaux courants : ceux qui utilisent l’économie politique de Braverman, ceux qui utilisent la théorie du discours de Foucault, ceux qui utilisent la sociologie institutionnelle, ceux qui utilisent les modèles politiques de l’organisation, ceux qui utilisent l’ethnographie (Geertz par exemple) et ceux qui utilisent les études scientifiques (Latour par exemple). Ces catégories sont regroupées en deux groupes par thèmes d’études :

 le contrôle de gestion dans son contexte social et historique et

 le processus du changement organisationnel et la relation entre les réalités financières et opérationnelles.

1.2. Typologie par fondement épistémologique

Bessire (2002) dresse une typologie de recherche critique en contrôle de gestion par fondement épistémologique. Il démontre que la démarche de recherche se révèle au travers de l’étroite correspondance qui unit position épistémologique, logique explicative de l’organisation et du rôle de l’homme en son sein et conception du contrôle de gestion. Il a eu recours à la carte épistémologique générale issue de la théorie du sens et des cohérences

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humaines. Cinq approches principales ont été identifiées (Figure 1), elles sont divisées en figures de relativisme et figures de radicalisme.

Figure 1 : Typologie de courant de recherche « critique »

Source : adopté de Bessire (2002, p15)

1.3. Typologie par problématique théorique

La troisième catégorie que nous avons identifiée est la typologie par problématique théorique. Alvesson & Deetz (2000) distinguent entre les études « qualitatives » ou plutôt « interprétatives » qui cherchent à comprendre les micro-pratiques de la vie quotidienne et les théories critiques et le postmodernisme qui s’intéressent à l’établissement de l’ordre social, les pratiques dominatrices, les idéologies, les discours et les institutions. Les deux derniers courants sont de vraies études critiques tandis que le premier tend parfois à se rapprocher des études critiques. Ainsi, ils élaborent la typologie suivante :

 Les théories critiques : Au sein de ce courant, ils distinguent deux types d’études critiques : la critique idéologique et l’action communicative.

 Les théories postmodernistes : C’est une perspective de recherche basée essentiellement sur des idées philosophiques.

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2.

METHODOLOGIE DE RECHERCHE

La présente recherche s’intéresse à l’étude de la recherche critique en contrôle de gestion et à son évolution. Elle s’inscrit dans le champ de la scientométrie qui a pour objectif d'étudier la structure et la nature de la recherche d’un point de vue d’activité de publication. Pour réaliser une analyse scientométrique de la production académique, les chercheurs peuvent adopter deux méthodes alternatives: l’analyse du contenu des articles et l’analyse des références bibliographiques. Cette recherche a eu recours aux deux méthodes.

L’analyse s’appuie sur des données relatives à la recherche critique en contrôle de gestion que nous allons détailler. Bardin (1998) identifie quatre règles pour le choix des données soumises à l’analyse : l’homogénéité, l’exhaustivité, l’objectivité et la pertinence. Les données recueillies dans le cadre de ce travail sont :

 Des données pertinentes : l’objectif de la recherche étant d’étudier la recherche critique

 en contrôle de gestion, l’étude s’appuie sur une revue spécialisée Accounting, Organizations and Society (AOS). Comme le souligne Berland (2005) pour AOS, « la qualification de critique est celle qui cadre le moins mal avec la nature réelle de revue ».

 Des données représentatives : les articles publiés dans AOS peuvent être considérés comme représentatifs des travaux de recherche critiques en contrôle de gestion. En premier lieu, la publication dans les revues de recherche peut être considérée comme une représentation vigoureuse de la production d’un champ de recherche (Dyl & Lilly 1985, p. 171; Whittington 1993, p.385). En second lieu, selon, une étude menée par Baker & Bettner (1997), AOS est la seule revue parmi les quatre premières revues, selon le classement du CNRS, qui publie des recherches critiques en comptabilité, contrôle et audit.

 Des données homogènes : Nous avons retenu les articles de recherche publiés dans AOS ce qui exclut les éditoriaux et les notes de recherche.

 Des données exhaustives : La période 1976-2006 a été retenue pour l’étude. Tous les numéros d’AOS publiés dans cette période ont été rassemblés.

La démarche de collecte des données a consisté à identifier les articles de recherche en contrôle de gestion dans un premier temps et à dégager ceux qui sont critiques en second temps. Nous nous sommes basés sur les résumés et les titres des articles pour identifier ceux qui relèvent du champ du contrôle. Les titres et les résumés sont généralement conçus d’une

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façon qui attire l’attention du lecteur intéressé par le sujet. Nous considérons que le titre et l’abstract expriment l’intention du chercheur. Néanmoins, la distinction entre le champ du contrôle, de l’audit et de la comptabilité n’est pas évidente. C’est pour cela, en cas de doute, nous avons eu recours à l’article complet. Pour l’identification des articles critiques, nous nous sommes référés à l’article complet.

Pour les articles recensés, nous avons relevé pour chaque article s’il fait référence à l’un des sociologues ou philosophes suivants1 : Habermas, Marx, Braverman, Foucault, Latour, Giddens, Derrida, Abbott, Hardy, Bourdieu, Baudrillard, Glasser & Strauss, Gramsci, Bataille, Ricœur, Barthes, Lyotard & Bahktin ….

Une fois notre base de donnée construite (voir annexes), nous avons pu classer les travaux de recherche critique en contrôle de gestion selon leurs auteurs de référence. Nous nous sommes basés sur les fondements des différents cadres de référence pour dégager des axes communs et regrouper les cadres semblables en différentes perspectives.

Tableau 1 : Les travaux étudiés Titre de revue Période

d’étude

Nombre de volumes parus

Nombre d’articles étudiés Accounting Organizations and

Society (AOS)

1976-2006 31 73

3.

UNE

TYPOLOGIE

DE

LA

RECHERCHE

CRITIQUE

EN

CONTROLE DE GESTION

L’étude a consisté, dans un premier temps, à élaborer une typologie de la recherche critique en contrôle de gestion en se référant à l’ensemble des articles critiques en contrôle de gestion parus dans AOS depuis 1976 jusqu’en 2006.

L’analyse de l’ensemble de ces articles nous a permis de distinguer : des travaux qui ont un cadre théorique explicite (88%), dont la majorité est issue soit de la sociologie, soit de la philosophie, et d’autres qui ne font pas une référence à un cadre théorique (12%). Selon

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Baker & Bettner (1997), les recherches critiques se distinguent des recherches positives ou interprétatives du fait que leurs cadres théoriques ne soient pas spécifiés ou qu’ils soient des théories sociales, politiques ou philosophiques.

La figure 2 fait une présentation de l’ensemble des cadres de référence utilisés par la recherche critique en contrôle de gestion.

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Figure 2 : Les cadres de référence de la recherche critique en contrôle de gestion Approches Latouriennes La sociologie de connaissance : Mannheim Grounded Theory : Glasser & Strauss Interactionnisme symbolique : Blumer

La théorie de la construction sociale: Berger & Luckman Approches Foucaldiennes Lukacs Gramsci Habermas

Cyert & March; Cohen, March & Olsen et March & Olsen

Wittgenstei n

Théories institutionnelles

Gurchman & Argyris

Giddens Ethnographie Ethnométhodologie Aucun cadre théorique explicite La théorie de matérialisme historique Nietzsche + Derrida

Sociologie de la profession : Abbott Braverman + Post Braverman LPT : Marx + Braverman Approches Marxiennes Burawoy 15% 14% 6% 10% 5% 5% 4% 13%

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Bien qu’il existe une multitude de cadres de référence, nous trouvons des auteurs qui partagent les mêmes postulats de base. L’existence d’axes communs, nous pousse à regrouper les approches qui sont semblables. Les différents groupes formés représentent les différentes perspectives de recherche critique en contrôle de gestions qui constituent notre typologie.

Figure 3 : Les perspectives de la recherche critiques en contrôle de gestion

A l’issue de l’étude des fondements des différentes approches, nous identifions neuf perspectives de recherche critique en contrôle de gestion : les perspectives interactionnistes, la perspective foucaldienne, le « Labour process » ou « le processus du travail », les théories critiques, la perspective latourienne, Carnegie school, la perspective néo-interactionniste (la sociologie de la profession), les théories institutionnelles et ceux qui ne font référence à aucun cadre théorique (figure 3).

Nous présentons, dans la suite, ces différentes perspectives. Pour chaque perspective, nous effectuons une brève présentation de ses concepts clés et de l’usage de ces notions par la recherche critique en contrôle de gestion. Nous concluons par leurs apports à la recherche.

12% 13% 5% 4% 9% 22% 5% 16% 14% La perspective latourienne Aucun cadre théorique explicite La perspective foucaldienne Le « Labour Process »

Les perspectives interactionnistes Carnegie

School Les théories critiques La sociologie de la profession Les théories institutionnelles

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Précisons ici qu’il ne s’agit pas d’analyser les théories philosophiques ou sociologiques pour elles-mêmes, mais pour l’usage dominant qu’en font les chercheurs en contrôle de gestion.

3.1. Les perspectives interactionnistes

Les perspectives interactionnistes essayent de comprendre l’ordre social en tant que résultat des interactions des acteurs sociaux. Elles conçoivent la société comme la composition des relations inter-individuelles et pourraient s’opposer au déterminisme qui part du tout social ou d’un individualisme qui éviterait de prendre en compte la dimension essentielle de la relation sociale dans les comportements sociaux des individus. Pour les interactionnistes, l'individu se construit dans ses relations avec son environnement.

Dans la recherche en contrôle de gestion, ces perspectives permettent une compréhension large et perspicace de la conception et du développement des informations managériales et du système de contrôle. En effet, elles ont été très utilisées par les chercheurs en contrôle de gestion dès les débuts de la recherche critique jusqu’à nos jours. Les perspectives interactionnistes regroupent : l’interactionnisme symbolique, la Grounded Theory (GT) ou la Théorisation Ancrée, la construction sociale de la réalité, l’ethnométhodologie, l’ethnographie et la théorie de la structuration

3.1.1. L’interactionnisme symbolique

La perspective interactionniste, à proprement parler, qui a été utilisée par les recherches critiques en contrôle de gestion est « l’interactionnisme symbolique » (Herbert George Blumer, 1969). Selon Blumer, l’action se fonde à partir du sens, ce dernier émerge à travers les interactions interpersonnelles situationnelles grâce à une réalité intersubjective reposant sur des symboles langagiers partagés.

Boland a été le premier qui a utilisé l’interactionnisme symbolique en 1979, il déclare explicitement l’utilisation de ce cadre théorique.

Les études qui ont eu recours à l’interactionnisme symbolique posent des questions relatives au « comment » plutôt qu’au « pourquoi » (Shotter, 2006). Elles cherchent à trouver comment l’expérience sociale est construite au lieu de trouver des explications causales à des phénomènes sociaux. Les recherches interactionnistes rejettent l’idée que les observations peuvent être généralisées pour la population non observée, elles proposent une explication universelle. (Chua, 1988).

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3.1.2. Le Grounded Theory

La Grounded Theory (GT) ou la Théorisation Ancrée (Glasser & Strauss, 1967) s’inspire de l’interactionnisme symbolique de Blumer. « La GT est définie en opposition contre les approches hypothético-déductives dans lesquelles les chercheurs partent de postulats à priori pour déduire des explications des phénomènes, les données empiriques ne servant que d’« exemples » dans un processus d’application des théories existantes. À l’inverse, la GT est présentée essentiellement comme une approche inductive par laquelle l’immersion dans les données empiriques sert de point de départ au développement d’une théorie sur un phénomène et par laquelle le chercheur conserve toujours le lien d’évidence avec les données de terrain. » (Guillemette 2006, p 32-33).

La GT est parmi les premiers cadres sociologiques qui est apparu dans AOS par Rosenberg, Tomkin & Day en 1982.

Outre les observations des interactions entre les individus, la GT a recours à d’autres données issues des interviews, des rapports et des documents en relation avec le thème de la recherche. Cette multitude et diversité des sources de données sont en adéquation avec la recherche en contrôle de gestion où les acteurs passent une longue période à produire des supports écrits (Shotter, 2006).

3.1.3. La construction sociale de la réalité : Berger et Luckman

« La construction sociale de la réalité » est inspirée aussi de l’interactionnisme symbolique. Berger & Luckman (1966), en s’appuyant sur les fondements de la connaissance de la vie quotidienne, recherchent la manière dont la réalité est construite. Ils publient l’ouvrage « The social construction of reality » dont les postulats sont :

 Le fondement de la connaissance de la vie quotidienne est le langage.

 La société comme réalité objective soumet l’individu au pouvoir.

 La société comme réalité subjective est l’identification à l’autre.

Cette perspective a été utilisée par Preston (1986) pour démontrer comment les managers sont informés.

3.1.4. L’ethnométhodologie

L’ethnométhodologie peut se définir comme un interactionnisme, mais un interactionnisme renouvelé et radicalisé. L'ethnométhodologie a été fondée par Harold Garfinkel et Harvey Sacks au cours des années soixante. Ce courant de pensée s’intéresse aux phénomènes d’interaction sociale et de communication interpersonnelle dans la vie quotidienne. Selon

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Garfinkel, l’ethnométhodologie est « orientée vers la tâche d'apprendre de quelle façon les activités ordinaires réelles des membres consistent en des méthodes pour rendre les actions pratiques, les circonstances pratiques, la connaissance de sens commun des structures sociales et les raisonnements sociologiques pratiques, analysables. »2.

Selon Shotter (2006), l’éthnométhodologie permet d’améliorer la recherche à propos des objectifs et des rôles du contrôle de gestion en pratique.

3.1.5. L’ethnographie

L’ethnographie est la science de l'anthropologie dont l'objet est l'étude descriptive et analytique sur le terrain. « L’ethnographie est perçue comme une approche qui requiert une immersion directe du chercheur dans le milieu étudié afin d’appréhender le « style de vie » d’un groupe à partir de la description et de la reconstruction analytique et interprétative de la culture, des formes de vie et de la structure sociale du groupe étudié. » (Anadòn 2006) Luft & Shields (2003) révèlent que l’ethnographie est utilisée dans la recherche en contrôle de gestion pour étudier le rôle du contrôle de gestion dans les changements organisationnels (Jönsson & Grönlund, 1988 et Ahrens, 1997).

3.1.6. La théorie de la structuration

L’interactionnisme a évolué de l’étude des structures et leurs liens avec les sens vers la prise en compte des processus de structuration. La théorie de la structuration est une nouvelle perspective interactionniste qui est orientée vers la structure plutôt que vers l’action (Roslender 1990).

La théorie de la structuration s’intéresse à comprendre la relation entre les actions des êtres humains et les structures des systèmes sociaux lors de la production, la reproduction et la régulation de l’ordre social. Les conséquences du comportement des agents peuvent être intentionnelles mais il y a autant des conséquences non intentionnelles et non prévues. Dans le contrôle réflexif, les agents comptent sur leur conscience discursive et pratique et ils sont motivés par un besoin inconscient d’une sécurité ontologique.

La théorie de la structuration a formé un cadre utile pour les chercheurs en contrôle de gestion (Macintosh & Scapens 1990 ; Chevalier 1996). En effet, notre étude des cadres de références des articles publiés dans AOS a relevé qu’il y a 10% des études ont eu recours à l’œuvre de Giddens. Roberts & Scapens (1985) ont été les premiers qui ont eu recours à la théorie de structuration comme cadre théorique.

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Selon Macintosh & Scapens, la théorie de la structuration permet d’étudier comment les systèmes de contrôle fournissent les ressources et les règles de comportement tout en étant eux-mêmes le résultat de pratiques sociales.

Chevalier (1996) identifie un ensemble des apports de cette théorie pour la recherche en contrôle de gestion :

 Elle fournit un cadre d'analyse pertinent et intégrateur pour le contrôle organisationnel.

 Elle permet d’analyser le contrôle de manière dynamique en saisissant son rôle dans le changement ou la reproduction des comportements sociaux.

 « La seule collecte d'information à travers des études de cas ne constitue pas un moyen suffisant de construction de connaissances. Le modèle théorique d'A. Giddens permet de donner corps à cette méthodologie en fournissant un système d'appréhension et d'interprétation des données. ». (Chevalier, 1996)

3.2. La perspective foucaldienne

Le philosophe Michel Foucault a fortement influencé la recherche en contrôle de gestion en travaillant sur des sujets tel que le contrôle, la discipline, le pouvoir et la connaissance. Cette influence durable est illustrée par le fait que 14 % des articles étudiés ont eu recours à Foucault comme cadre de référence.

« L'archéologie du savoir » est parmi les œuvres de Foucault qui a inspiré la recherche en contrôle de gestion. Il s’agit d’un ouvrage de réflexion méthodologique où Foucault essaie d'analyser les processus méthodologiques présents dans ses œuvres antérieures. Archéologie est un mot qui évoque à la fois un travail de fouille et une référence à des archives. Mais il ne s'agit pas de faire de l'histoire au sens classique du terme. Il faut prendre les discours comme des évènements dont il s'agit de rechercher les conditions d'émergence.

Après l’archéologie, Foucault va donc s’inspirer de la généalogie pour montrer que l’histoire n’est pas linéaire et que les évènements actuels sont marqués par la discontinuité, la contingence lutte continue du pouvoir. Cette méthode s’oppose à la méthode historique traditionnelle : son but est d’enregistrer la singularité des évènements sans chercher une éventuelle logique commune.

La troisième perspective utilisée c’est le lien entre pouvoir et connaissance. Le Pouvoir/Connaissance est un travail par Foucault qui explique sa théorie de la façon dont la puissance est créée et transférée dans toute une « économie » du discours (ou de la

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conversation). Elle montre comment la puissance est transférée le long des conduits du dialogue selon la connaissance qu’on a.

Surveiller et Punir : Naissance de la prison (1975) est l’ouvrage qui a le plus inspiré les travaux en contrôle de gestion. Il étudie particulièrement les techniques d’exercice du pouvoir (Bessire 2002, Bo 2005). Il s’appuie sur une métaphore des mécanismes de surveillance : le panopticon (Bentham). Il permet d’exposer la logique de disciplinarisation et de normalisation des comportements permise par la comptabilité de gestion. Dans cette optique, les informations fournies par le système de contrôle de gestion servent donc à définir ce qui est bien et ce qui ne l’est pas.

La pertinence des perspectives foucaldiennes pour la recherche comptable a été promue aux débuts des années 1980 par Burchell et al. La première utilisation des idées foucaldiennes dans la recherche en contrôle de gestion a été par Loft en 1986. Il a étudié l’histoire de la comptabilité des coûts selon une perspective généalogique. En plus, Hopwood (1987) a étudié l’archéologie des systèmes comptables. Néanmoins, l’exemple le plus répandu de l’utilisation des idées foucaldiennes est le travail de Miller & O’Leary (1987) « governable person » (Roslender, 1990).

Dans la perspective tracée par Foucault, le contrôle de gestion peut s’analyser à la fois comme :

 une formation discursive : Du côté du contrôle de gestion, le manager dispose de l’autorité nécessaire pour prendre les décisions et contrôler au sein d’un centre de responsabilité les subordonnés et les ressources afin d’atteindre des objectifs financiers.

 une modalité disciplinaire : Le contrôle de gestion fait partie d’un réseau de relation pouvoir/savoir. Il est mis en place pour rendre visible toutes les formes de l’activité individuelle afin d’atteindre l’efficience organisationnelle. (Bessire, 2002)

3.3. Le « labour Process » ou « le processus du travail »

La « Labour Process Theory » (LPT) est une perspective féconde pour la recherche critique en contrôle de gestion. Elle s’appuie sur les travaux de Karl Marx, Harry Braverman et Michael Burawoy. Le préconiseur de l’adoption de la Labour Process Theory est Hopper. Néanmoins, le premier dans AOS qui a fait référence aux idées de Braverman est Armstrong en 1985.

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Partant des idées marxiennes, Braverman élabore la Labour Process Theory dont l’objectif est d’interpréter les transformations du travail à partir de l’impératif catégorique de contrôler la force du travail afin d’en extraire une survaleur. De son point de vue, les innovations techniques ne s’imposaient nullement d’elles-mêmes mais l’étaient par un management, qui, dans la division du travail, joue un rôle d’administration et de gestion de l’entreprise, poursuivant la maximisation des profits.

Burawoy critique Braverman pour ne pas avoir tenir en compte la résistance des employés. Il tient en compte cette lacune pour développer une approche plus élargie de la LPT.

L'emploi de la Labour Process Theory apporte une explication managériale de l’impact du contrôle de gestion sur la relation entre managers et travailleurs sur le nouveau lieu du travail (Ezzamel et al 2004). En outre, elle permet aussi d’étudier l’impact réciproque entre le processus du travail et le contrôle de gestion (Udin & Hopper 2001).

3.4. Les théories critiques

Ce courant est intitulé « théorie critique » par ses fondateurs. Il s’appui sur les premiers écrits du Marx (le marxisme hégélien). Il est issu des idées de Horkheimer, Adorno & Marcuse qui ont été suivies par celles de Habermas. Les théories critiques sont connues sous l’appellation « Frankfurt School » parce qu’elles appartiennent à « l'Institut de recherche sociale » à Frankfurt. Bien que les travaux de Lukacs (idéologie critique), Gramsci (pouvoir et hégémonie), Wittgenstein, Boukharine (la théorie de matérialisme historique), Mannheim (Sociologie de la connaissance), Nietzshe (l’énigme de la connaissance et de la confiance) et Derrida (la deconstructionisme) ne font pas partie de ce centre de recherche, ils sont classés parmi les théories critiques vu leurs fondements théoriques et leurs intentions politiques. Laughlin (1987) identifie les trois caractéristiques des théories critiques. En premier lieu, les théories critiques influencent nécessairement les phénomènes pratiques du « monde réel ». En deuxième lieu, les théories critiques remettent en cause le statu quo et mettent en relief l’importance des transformations pour « une meilleure vie » en tenant compte des implications éthiques de la recherche comptable. En troisième lieu, il étudie les organisations sociales dans leur contexte historique et social.

Bien que l’utilisation des approches habermasiennes dans les articles parus dans AOS n’a pas été trop importante, la pensé d’Habermas est une perspective très fructueuse au sein des

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courants critiques de la recherche en contrôle de gestion (Bessire 2002, Laughlin 1987, Cooper 1983).

3.5.La perspectives Latourienne

Les approches latouriennes3 constituent le cadre de référence le plus utilisé par la recherche critique en contrôle de gestion. Nous avons révélé que 15% des articles publiés dans AOS ont fait référence à Bruno Latour.

La théorie des acteurs-réseaux (ou de l'acteur-réseau), aussi connue sous l'abréviation ANT (pour Actor-Network Theory) est une approche prometteuse pour la recherche critique en contrôle de gestion. Elle est la théorie sociologique développée par notamment Bruno Latour, Michel Callon et John Law. L’ANT est apparentée à la Sociologie de la traduction qui se concentre sur les phénomènes du réseau, sur les méthodes d'intervention au sein de ces réseaux et sur la constitution du savoir au sein des organisations. Elle fournit un cadre théorique pour l’étude des inventions et des innovations sous l'angle relationnel.

La sociologie de traduction est une autre perspective qui a inspiré les études en contrôle de gestion. Elle fait référence à l’idée d’une transformation et d’un déplacement des acteurs et de leurs objets. Avec ce modèle, l’objet technique est vu comme le résultat d’une négociation entre acteurs qui se transforme en fonction des traductions et des processus d’intéressement des acteurs impliqués.

Certains auteurs4 mettent en reliefs le potentiel de l'approche de la traduction et celle des réseaux à développer des nouveaux modes de direction et d'action en entreprise, spécialement sur la question de l'innovation.

L’ouvrage du Bruno Latour « Science in action » a formé un autre cadre de référence pour les articles en contrôle de gestion publiés dans AOS. Il développe le concept de l’ « action à distance » qui a été fortement utilisé par les chercheurs critiques.

3.6.Carnegie School

Cette catégorie des études regroupe ceux qui ont eu recours au modèle de la poubelle (« garbage can ») de Cohen, March & Olsen (1972), au modèle politique et behavioriste de Cyert & March (1963) et à l’œuvre de March & Olsen (1979), Ambiguity and Choice in

3 Y compris les travaux de Callon

4 H. Amblard, P. Bernoux, G. Herreros et Y-F. Livian, Les nouvelles approches sociologiques des organisations,

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Organizations. Il s’agit de noter que cette approche est la première qui a été utilisée par les recherches critiques en contrôle de gestion dans AOS en 1978 par Hedberg & Jönsson.

Le postulat de base du modèle politique et behavioriste de Cyert & March est le suivant : d’une part, les organisations fonctionnent fondamentalement avec des « routines », vecteurs des connaissances collectives accumulées et des apprentissages organisationnels antérieurs; d’autre part, les organisations, quand elles doivent changer de routines, activent des processus de recherche qui suivent d’autres routines.

Cohen, March et Olsen (1972) proposent un modèle original de la prise de décision qu’ils appellent « modèle de la poubelle ».Les décisions ne sont pas prises à la suite d’un processus linéaire et défini mais résultent des choix aléatoires dans un contexte d’ambiguïté (la compréhension des problèmes n’est pas claire) et de conflits d’intérêt. Les flots de problèmes sont résolus par la confrontation de flots de solutions sans ordre logique.

L’œuvre de March & Olsen (1979) est utilisé parce que « les chercheurs rencontrent inévitablement les ambiguïtés de l’action organisationnelle, les couplages faibles, voire aléatoires, entre les problèmes, les solutions, les questions et les réponses, le poids des systèmes interprétatifs, des récits et des mythes managériaux, les divergences ou les conflits intergroupes ou interfonctionnels, l’importance du symbolique, … » (Martinet 2002)

Bien que C. West Churchman et Chris Argyris n’appartiennent pas au Carnegie School, dans le champ de la recherche critique en contrôle de gestion, ils ont des idées en conformité avec les idées de cette école.

3.7.La perspective néo-interactionniste : la sociologie de la profession

La sociologie de la profession est une autre perspective qui a offert des concepts opératoires pour la recherche critique en contrôle de gestion. Il s’agit essentiellement de l’ouvrage d’Abbott (1988), « The system of profession ».

Le postulat de base qui a été utilisé par les chercheurs en contrôle de gestion est que le facteur-clé de succès d’une profession tient moins dans sa dimension éthique que dans le contrôle de son savoir-faire. Celui-ci étant concurrencé par d’autres professions, il importe à la fois de contester les autres professions en démantelant le corpus, et de délimiter un savoir-faire susceptible d’évolution. Les ressources idéologiques et morales accompagnent ensuite cette défense professionnelle.

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19

Ce postulat a été appliqué par Stoelwinder (1995), llewellyn (1998), Kurunmäki (2004) afin d’étudier les interactions entre la profession comptable et d’autre professions tel est le cas dans les établissements hospitaliers et les services sociaux.

3.8.Les théories institutionnelles

Les théories institutionnelles ont été développées en théories des organisations dans les années 1980 par Meyer & Rowan et DiMaggio & Powell. Le fondement de la théorie est que les organisations adoptent des solutions aux attentes externes à l’organisation. En effet, la survie de l’organisation dépend de sa conformité aux normes sociétales et aux bonnes pratiques afin de réaliser un niveau supérieur de production, d’efficience et d’efficacité. Ainsi, plusieurs aspects de l’organisation tels que la structure formelle, les politiques et les procédures servent à démontrer la conformité avec les règles institutionnelles et les attentes pré exigées des acteurs externes.

Ces théories ont été utilisées par Covaleski & Dirsmith (1983), Covaleski & Dirsmith (1988) et Covaleski & al (1993) pour étudier l’implantation des nouveaux systèmes comptables dans des entreprises publiques tels que les hôpitaux et les universités.

4.

L’EVOLUTION DE LA STRUCTURE DE LA RECHERCHE

CRITIQUE EN CONTROLE DE GESTION

La deuxième question posée dans ce travail est celle de l’évolution de la structure de la recherche critique en contrôle de gestion. Avant d’apporter une explication causale de l’évolution de la structure de la recherche critique en contrôle de gestion, les observations effectuées sont présentées. Nous avons fait une présentation de la structure de la production académique dès 1976 jusqu’au 2006 (Voir figure 4).

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20

Figure 4 : l’évolution de la structure de la recherche critique

A l’instar de l’examen de l’évolution de la structure, nous dégageons cinq types de cadres de référence :

 Des cadres dont l’utilisation n’est pas importante et qui ont disparu ou ont une tendance à disparaître : Ces cadres ont été utilisés par la recherche critique en contrôle de gestion pendant une période, mais ils ne sont plus utilisés depuis longtemps. Par exemple, les perspectives issues de la Carnegie School ont été dominantes au début de la recherche critique, mais elles ne sont plus utilisées depuis les débuts des années 1980. Il est de même pour les théories institutionnelles.

 Des cadres qui ont été très utilisés mais dont leur importance tend à décroître : Cette catégorie regroupe essentiellement les perspectives foucaldiennes.

 Des cadres qui ont étés utilisés et dont leur utilisation est stable : Certains cadres ont connu une grande utilisation, et continuent à garder la même importance dès leur apparition jusqu’à nos jours. C’est le cas des théories critiques

 Des cadres qui ont été peu utilisés mais dont leur utilisation est stable : Il s’agit notamment de la « labour process theory » qui a été peu utilisée mais elle continue à être utilisée.

 Des cadres qui ont été très utilisés et dont leur importance tend à accroître : Ces cadres ont connu une grande utilisation dans la recherche critique en contrôle de gestion et ont

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21

tendance à être de plus en plus utilisés. Il s’agit spécialement des idées latouriennes qui occupent de plus en pus une place importante dans ce champ de recherche.

L’évolution de la structure de la recherche critique en contrôle de gestion est liée aux critères du choix du chercheur de son cadre de référence (Laughlin & Lowe 1990, Lodh & Gaffikin 1997). Laughlin & Lowe (1990) prétend que le choix d’une perspective est nécessaire pour la recherche critique en comptabilité. Lodh & Gaffikin (1997) réexpliquent l’idée de Laughlin & Lowe. Dans le cas où les différentes perspectives mènent vers les mêmes résultats le choix n’est pas indispensable et si elles ont des aboutissements différents, effectuer un choix est un pré requis. En revanche, ces arguments n’expliquent pas pourquoi plusieurs perspectives existent et pourquoi la structure de la recherche critique en contrôle de gestion évolue. Dans, la suite nous expliquons comment le choix du cadre influence la structure de la recherche. Généralement, le chercheur choisit un cadre de référence pertinent pour étudier son thème de recherche. En revanche, face à l’augmentation et la diversification des cadres, le choix peut être motivé par d’autres facteurs autres que la pertinence. A la lumière de notre analyse des différents articles critiques parus dans AOS depuis 1976 jusqu’à 2006, nous pouvons identifier cinq facteurs du choix qui font globalement de la structure de la recherche critique en contrôle de gestion une structure variable.

4.1. Un cadre de référence dont la pertinence est approuvée

Certains cadres de référence ont fait l’objet de plusieurs travaux de recherche qui justifient, voir même inciter les chercheurs à utiliser un tel cadre. La pertinence de ces cadres pour étudier certains thèmes est approuvée, au point que les auteurs sont convaincus par leurs utilités. L’utilisation de ces cadres est ainsi massive et elle a tendance à accroître. Pour illustrer ce facteur, nous avons fait recours à l’exemple de l’utilisation des idées latouriennes pour étudier le thème de l’innovation dans les pratiques, les théories et la profession comptables.

L’examen des articles qui ont eu recours aux idées latouriennes relève un lien entre ce cadre théorique et le thème des changements comptables en général et des innovations en contrôle de gestion en particuliers. Les premiers travaux qui ont utilisé l’Actor Network Theory (ANT) ont analysé l’introduction des nouveaux systèmes comptables dans les hôpitaux (Preston et al 1992, Chua 1995). Récemment, cette théorie a été utilisée pour étudier l’émergence de la méthode ABC en tant qu’innovation en contrôle de gestion (Briers & Chua 2001, Jones &

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22

Dugdale 2002) et l’utilisation des ERP et leurs impacts sur le contrôle de gestion (Quattrone & Hopper 2005, Dechow & Mouritsen 2005).

L’utilisation massive et croissante de l’ANT ne peut pas traduire un simple hasard ou un effet de mode, mais bien une pertinence approuvée et un choix effectué tout en ayant connaissance de cause. D’ailleurs, plusieurs travaux de recherche ont mis l’accent sur l’aptitude de l’Actor Network Theory (ANT) à expliquer les changements comptables en générale et les innovations en contrôle de gestion en particulier (Chua 1995, Briers & Chua 2001, Baxter & Chua 2003). Ces travaux promoteurs de l’ANT n’ont cessé d’exister depuis la première utilisation dans les débuts des années 1990 jusqu’à nos jours (Alcouffe et al 2007).

Nous pouvons conclure qu’il existe un lien entre l’aptitude d’un cadre à expliquer un thème spécifique et son existence dans la recherche critique en contrôle de gestion.

Outre la pertinence pour l’étude d’un thème spécifique, certains cadres de référence sont en adéquation avec des méthodologies de recherche. Notre étude des articles publiés dans AOS relève un lien entre l’étude de cas longitudinaux et le « Labour Process Theory ». 50%5 des articles qui ont eu recours à cette théorie ont utilisé l’étude de cas longitudinale comme méthodologie de recherche. L’utilisation de la Labour Process Theory est une approche féconde pour la recherche en contrôle de gestion lorsque la méthodologie préconisée est l’étude de cas (Roslender 1990).

Le lien entre le cadre méthodologique et la théorie est illustrée aussi par l’utilisation conjointe de la théorie de structuration et l’étude de cas. 90% des articles étudiés qui ont eu comme cadre de référence la théorie de structuration ont comme méthodologie de recherche l’étude de cas. (Chevalier 1996)

La complémentarité entre le cadre théorique et la méthodologie de recherche justifie l’utilisation importante de ce cadre et explique la pérennité de ce cadre de référence.

4.2. L’utilisation du cadre est restreinte à quelques auteurs

L’examen des articles critiques en contrôle de gestion parus dans AOS relève qu’il y a un lien entre le cadre de référence et l’auteur(s) de l’article. En effet, il s’agit d’une monopolisation de quelques perspectives par certains auteurs. De cela, l’utilisation de ces perspectives n’est pas importante en termes de quantité. Néanmoins, l’emploi de ces cadres peut soit avoir tendance à disparaître si leurs promoteurs dénoncent à une telle perspective, soit continuer à exister avec une fréquence stable. Pour mieux expliquer ce facteur d’évolution de la structure

5

(24)

23

de la recherche critique en contrôle de gestion, nous présentons l’exemple de la Labour Process Theory dans un premier volet et l’exemple des théories institutionnelles dans un deuxième volet.

Le principal préconiseur de l’utilisation de la Labour Process Theory dans la recherche critique en contrôle de gestion est Trevor Hopper (Roslender 1990). Bien qu’il n a pas été le premier qui a fait référence à la Labour Process Theory dans AOS, un draft de l’article de 1987 a été présenté dans le « First Interdisciplinary Perspectives on Accounting Conference » en Juillet 1985. Hopper (1987) a mis en relief la contribution de la Labour Process Theory à la recherche en contrôle de gestion. Le deuxième promoteur de la Labour Process Theory est Peter Armstrong à lequel Hopper fait fréquemment référence. Armstrong est un sociologue industriel qui est le premier à publier en AOS en utilisant la Labour Process Theory en 1985. Il a demeuré pour plus qu’une dizaine d’année associé à cette théorie (Roslender 1990). L’association entre Hopper et Armstrong et cette théorie est illustrée par le fait que jusqu’au début des années 2000 l’utilisation de cette théorie est limitée à Hopper, Armstrong et alliés. En outre, deux tiers des articles qui ont eu recours à la Labour Process Theory ont comme auteur ou co-auteur Hopper et/ou Armstrong. C’est pour cela que l’utilisation de cette théorie n’est pas importante en terme de quantité, mais elle demeure existante jusqu’à nos jours tant que leurs préconiseurs continuent à publier.

Nous pouvons conclure que la monopolisation de l’utilisation d’une perspective par quelques auteurs explique leur appartenance à la catégorie des cadres qui ont été peu utilisés mais dont l’utilisation est stable.

Nous avons identifié quatre articles qui ont eu comme cadre théorique les théories institutionnelles, dont deux sont publiés par Covaleski & Dirsmith en 1986 et 1988 et un publié par Covaleski et al en 1993. L’accaparement des théories institutionnelles par Covaleski et Dirsmith peut expliquer la rareté de l’utilisation des théories institutionnelles dans les travaux de recherche critiques en contrôle de gestion.

4.3. L’effet de mode dans le choix d’un cadre de référence

La diversification des perspectives de recherche confronte en effet le chercheur à la question du choix d’un cadre de référence approprié. Il arrive que la sélection d’une perspective relève des effets de mode. (Abrahamson 1996, Bessire 2002, Carmona & Gutiérrez 2003) Ce critère du choix favorise la déstabilisation et l’hétérogénéité de la structure de la recherche critique en contrôle de gestion.

75% 25%

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Selon Carmona & Gutiérrez (2003), les théories institutionnelles fournissent un cadre de référence adéquat pour étudier le phénomène de la mode dans la recherche en contrôle de gestion. En se référant à la sociologie institutionnelle, les individus (chercheurs) opérant dans un même environnement connaissent des demandes comparables et tendent à se rassembler (DiMaggio & Powell 1983). Ainsi, l’utilisation d’une nouvelle perspective se propage et au-delà d’un certain seuil l’adoption d’une telle perspective est légitime plutôt que pertinente. Par conséquent, les imitateurs choisissent une perspective non seulement sur la base de leurs atouts pour la recherche en contrôle de gestion mais aussi sur la base de pourcentage d’utilisation par les chercheurs. En outre, Abrahamson et Rosenkopf (1997) se sont penchés sur l’effet bandwagon, qui indique que, quand l’intérêt à adopter une innovation est incertain, la diffusion se produit parce que l’adoption par certains acteurs agit comme incitation à l’adoption pour d’autres.

L’utilisation d’un cadre de référence par un simple effet de mode mène au fil du temps vers la disparition de quelques perspectives et l’apparition des nouvelles. Ainsi, l’effet bandwagon participe à l’évolution de la structure de la recherche critique en contrôle de gestion.

4.4. L’influence de l’environnement de chercheur

Le chercheur est aujourd’hui face à un ensemble des acteurs influençant son travail de recherche. Nous clarifions dans la suite comment cette influence impacte la structure de la recherche critique en contrôle de gestion.

4.4.1. Les conférences académiques

Les conférences académiques sont parmi les facteurs de l’émergence des nouvelles perspectives de recherche. Nous illustrons cette influence par l’impact de La première Interdisciplinary Perspectives on Accounting Conference et l’UK Labour Process Conference sur la recherche critique en comptabilité.

En 1985 et plus précisément la première Interdisciplinary Perspectives on Accounting Conference, plusieurs travaux de recherche majeurs ont été fortement influencés par des perspectives sociales. Le succès de la conférence a mené les chercheurs à croire que pour assurer leur succès, ils doivent être familiarisés avec la sociologie (Roslender 1990). C’est pour cela que la deuxième moitié des années 1980 a connu plus de papiers influencés par la sociologie.

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25

Une série des UK Labour Process Conférence a débuté en 1983. Elle vise d’éclairer les travaux de Braverman (1974). Ces dernières soulignent l’importance des idées de Marx à l’étude des organisations. Cela peut expliquer l’émergence de la Labour Process Theory dans la recherche critique en contrôle de gestion dans les années quatre vingt.

4.4.2. Les parties prenantes : l’exemple de lecteurs ou reviewers

Les revues majeurs, tel que AOS, ont un processus de sélection des articles. Chaque article est soumis à une évaluation par des spécialistes du domaine appelés lecteurs ou reviewers, et renvoyé à l’auteur pour révision jusqu'à ce que l’article soit rejeté ou accepté. C’est pour cela, que l’utilisation d’un cadre de référence peut ne pas être une initiative propre de l’auteur. Nous avons identifié deux travaux : Ezzamel et al (2004) et Jones & Dugdale (2002) qui ont été publiés dans des conférences avant leur publication dans AOS sans l’utilisation d’un cadre de référence.

Ezzamel & al (2004) ont étudié le rôle du contrôle de gestion dans les changements organisationnels. La version présentée dans le Second Asian-Pacific Interdisciplinary Research in Accounting Conférence Osaka City University Japan 4-6th August 1998 n’utilise pas la Labour Process Theory. Pour la publication dans AOS, Ezzamel et al. ont intégré cette théorie sans changer les résultats.

Le deuxième exemple est celui de l’article de Jones & Dugdale (2002) qui se sont intéressé à l’émergence de l’Activity Based Costing (ABC). La version présentée dans Critical Management Studies Conference Manchester 14-16 July 1999 ne fait pas référence aux travaux du Bruno Latour. La version publiée dans AOS a eu comme cadre théorique la théorie des acteurs réseaux. Néanmoins, le changement dans le corps de l’article n’est pas important. Ces deux exemples ont illustré, l’influence des lecteurs sur l’utilisation d’un cadre de référence. Le chercheur utilise un cadre de référence indépendamment de son utilité qui est de fournir un angle d’analyse permettant de donner du sens à l’objet étudié. Ce choix non fondé peut agir sur la stabilité de la structure de la recherche critique en contrôle de gestion.

4.4.3. Les financeurs de la recherche : l’exemple de l’état

L’émergence des théories sociales et philosophique dans la recherche en contrôle de gestion peut s’expliquer par l’expansion des écoles de commerce au détriment des autres écoles et universités. En effet, dans les années quatre vingt, il y a eu une augmentation des ressources

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26

allouées aux écoles de commerce versus une diminution de ceux attribuées aux écoles de sciences sociales. Et par conséquent, des licenciés en sociologie, histoire, philosophie, psychologie et plein d’autres sciences sociales se sont retrouvés des « trainings managers ». Ainsi, ces académiciens ont apporté différents outils théoriques et perspectives politiques aux écoles de commerce. Ce fait est illustré par l’apparition des différentes perspectives de la recherche critique, sauf le Carnegie School, dans les années quatre vingt.

5.

CONCLUSION

Ce présent travail s’est inscrit dans la recherche en contrôle de gestion en faisant appel au champ de scientométrie. Il s’agit de dégager une typologie de recherche critique en contrôle de gestion. L’évolution de cette typologie a été à son tour étudiée par ce travail. Pour réaliser ce papier, nous avons analysé les articles critiques en contrôle de gestion parus dans AOS dès 1976 jusqu’au 2006.

L’élaboration d’une typologie qui sert un cadre théorique de la recherche critique en contrôle permet essentiellement d’organiser les connaissances. Depuis des décennies, les sciences sociales ont adopté la typologie en tant que moyen d’interprétation et de compréhension d’un monde complexe. En se référant à McKinney (1966), nous tirons les intérêts qui justifient l’élaboration d’une typologie :

Le pouvoir explicatif : La typologie permet une meilleure explication des faits. Elle ne produit pas une explication qui peut être empiriquement testée. Mais, en classifiant les faits et en créant des catégories, elle propose une meilleure compréhension et une préparation à une élaboration future d’un modèle ou d’une théorie.

La capacité de généralisation : Non seulement la typologie est un travail exhaustif, elle est d’un riche contenu (plusieurs niveaux, plusieurs périodes, plusieurs cultures, …).



La parcimonie : La typologie réduit la variété chaotique de la recherche, en créant un

nombre raisonnable des catégories. En effet, elle permet une simplification sans perdre des informations significatives.

Notre étude n’en est pas moins porteuse de certaines limites. Dans cette étude, nous nous sommes limités aux articles publiés dans AOS pour analyser la structure de la rechercher critique en contrôle de gestion. Une des limites est l’impossibilité de généraliser nos résultats. Pour surmonter cette limite, nous avons essayé de choisir un cas « typique » qui est particulièrement représentatif du cas général. Nous avons démontré la pertinence et la

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représentativité des articles parus dans AOS pour la recherche critique en contrôle de gestion. Néanmoins, la difficulté à généraliser les conclusions tirées de l’étude des articles publiés dans AOS persiste.

Il s’agira, dans la continuité de cette recherche, de mener une analyse plus large sur l’ensemble des revues spécialisées dans la recherche critique (Accounting, Organizations and Society, Critical Perspectives on Accounting et Accounting, Auditing & Accountability Journal). Cette étude complémentaire permettra de mieux généraliser les résultats de cette recherche. Par la suite, nous avons été face à une difficulté d’identifier les articles en contrôle de gestion. En effet, les trois disciplines comptabilité, contrôle de gestion et audit sont interliées de sorte qu’il est parfois difficile d’identifier à quel champ un article peut appartenir. Ainsi, une étude de la structure de la recherche critique dans ces trois champs est envisageable.

6.

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(30)

29

ANNEXE 1 : TABLEAU RECAPITULATIF DES ARTICLES ETUDIE

Titre Référence Auteur(s) Thème Cadre de référence Accounting, network complementarities and

the development of inter-organisational

relations 2006

Mouritsen & Thrane

Le contrôle de gestion et les

relations inter-organisationnels ANT: Callon & Latour Enterprise resource planning systems,

management control and the quest for

integration 2005

Dechow & Mouritsen

Intégration du contrôle de gestion

dans les ERP Latour (ANT)

A Marxist accounting history of the British industrial revolution: a review of evidence and

suggestions for research 2005 Bryer

La contribution des approches marxiennes à la recherche en

contrôle de gestion Marx

The average hospital 2005

llewellyn & Northcott

Le contrôle de gestion dans les hôpitaux

Foucault (La centralité de discours) + Giddens (théorie de structuration (structure and agency)

Financial control, managerial control and accountability: evidence from the British

Cotton Industry, 1700–2000 2005 Toms

Les déterminants des pratiques du

contrôle de gestion Marx (Workings of capitalism)

A ‘time–space odyssey’: management control

systems in two multinational organisations 2005

Quattrone & Hopper

Les effets de l’implantation d’un

ERP sur le contrôle de gestion Latour (Sociology de translation + ANT) A hybrid profession—the acquisition of

management accounting expertise by medical

professionals 2004 Kurunmäki

L'introduction du contrôle de gestion

Figure

Figure 1 : Typologie de courant de recherche « critique »
Tableau 1 : Les travaux étudiés
Figure 2 : Les cadres de référence de la recherche critique en contrôle de gestionApproches Latouriennes La sociologie de connaissance : Mannheim Grounded Theory : Glasser & Strauss Interactionnisme symbolique : Blumer
Figure 3 : Les perspectives de la recherche critiques en contrôle de gestion
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