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UN PEU DE SOLEIL DANS L’EAU FROIDE : L’ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE DE LA FRANCE EN 1998

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UN PEU DE SOLEIL DANS L’EAU FROIDE :

L’ÉVOLUTION DÉMOGRAPHIQUE DE LA FRANCE

EN 1998

Gérard-François Dumont

To cite this version:

Gérard-François Dumont. UN PEU DE SOLEIL DANS L’EAU FROIDE : L’ÉVOLUTION

DÉMO-GRAPHIQUE DE LA FRANCE EN 1998. Population et avenir, Association Population et Avenir

1999, pp.12-13. �halshs-01161883�

(2)

L e p o i n t

s u r , ,

r

UN PEU DE SOLEIL

DANS L'EAU FROIDE

:

uEVoLUTtom

oEruocRApHIeUE

DE LA FRANcE

EN 1998

par G6rard-Frangois DUMONT

o o o o a o a o a o o

Qui aurait pu penser que Frangoise

Sagan

pourrait Otre un utile recours,pour comprendre les

6volutions ddmografihiques

? Pburtant le titre de

son roman publi6 en 1.969,

Un peu de soleil dans

I'eau froi.de, permet parfaitement de r6sumer la

situation de la population de la France en 1998.

D'une part, du soleil est apparu en raison d'une

hausse

des naissances,

mais la l6gbret6

de cette

hausse

conduit ir n'6voquer qutun <<

peu se soleil >1

de m6me, on pourrait se r6jouir de la croissance

de la population si elle n'6tait pas essentiellement

due ir un ph6nombne

de vitesse

acquise dont les

effets sont appel6s

i s'6mousser.

D'autre partr la

diminution de la proportion des moins de vingt

ans, une f6condit6 i nouveau inf6rieure au seuil de

simple remplacement

des g6n6rations,

et le l6ger

recul de la nuptialit6 maintiennent la France

<<

dans I'eau froide >, dans ce que j'ai appel6

<<

I'hiver d6mographique

>.

e nombre des naissances a augment6 de 14 000 en 1998 dans la France m6tropolitaine. T40 3O0 naissances en 1998, contre 726 300 en 1997, cela correspond an chiffre le plus 6lev6 depuis 1992. Est-ce pour autant un chiffre remar-quable? Certainement pas. La d6mographie 6tant une science de longue dur6e, il convient de consid6rer le nombre de naissances de l'ann6e 1998 dans une perspective plus longue. On constate alors que de 1945 iL 1992, seules deux ann6es ont 6t6 plus faibles que 1998 : les ann€es 1976 (720 4O0 naissances) et 1978 (737 I00).LanataIit1 de 1998 n'a donc rien d'exceptionnelle; plus pr6cis6ment, elle s'inscrit dans les dix anndes de plus faible natalit6 depuis la seconde'guerre mondiale. En d6pit des qua-torze mille naissances suppl6mentaires, la France reste donc dans une zone de faible natalit6, avec, depuis 1975, un taux de natalit6 inf6rieur ir 15 pour mille habitants. Avec un taux de

l2.6t.l'ann6e 1998 est une ann6e de faible natalit6.

La f6condit6 reste faible

L analyse qui pr6cdde semble devoir Otre contestee par cette phrase souvent lue ou entendue ces dernidres semaines : << La f6condit6 est en hausse. > Il est vrai, la l6gdre augmentation des naissances de 1998 par rapport )r 1997 conduit 6galement )r une l6gdre augmentation de la f6conditd de 1,71 d 1,75 enfant par

femme. Mais d'une paft, et li est le paradoxe, cette hausse signifie une aggravation du d6ficit des naissances. D'autre part, une telle hausse est si t6nue que claironner le terme de hausse est objectivement excessif.

En effet, la caract6ristique de I'ann6e 1998 est de confirmer la d6natalit6 que connait la France depuis 1974. Dans un pays b6n6-ficiant d'un haut niveau sanitaire et de comportements hygi6niques relativement satisfaisants, le niveau de simple remplacement des g6n6rations est atteint lorsque la f6condit6 est de 2,1 enfants par femme. Autrement dit, pour que cent femmes soient remplac6es d la g6n6ration suivante par un m6me effectif de cent femmes, il faut une f6condit6 de 2,1. Depuis l914,laFrance est descendue en des-sous de ce chiffre. L'ann6e 1998, avec 1,75 enfant par femme, fait partie des huit ann6es les plus basses, celles ayant effegisff6 un chiffre infdrieur i 1,802. De tels indicateurs signifient que les g6n6rations ne seront pas remplac6es, mOme si, du fait des effets de vitesse acquise, de I'augmentation de I'esp6rance de vie, et de I'immigration, la population augmente.

Le d6ficit de jeunes

Pour atteindre en 1998 le niveau de simple remplacement, il aurait fallu 880 000 naissances. On a donc un d6ficit des naissances de 140 000 pour l' ann6e I 998, illustr6 par le graphique ci-joint. L an-n6e 1998 conduit mOme ce que j'ai appeld < La France rid6e > i passer le cap des trois millions de d6ficit cumul6 des naissances depuis 1974. Si la France n'6tait pas enff6e dans une zone de basse f6condit6, elle aurait donc trois millions d'habitants en plus dg6s de 0 d 24 ans. Ne pouvant ici d6tailler toute la signification que cela aurait, citons seulement deux exemples : nombre de subven-tions aux agriculteurs visant )r r6gulariser des exc6dents agricoles n'auraient plus de raison d'6tre et pourraient servir de v6ritables investissements ; nombre de comportements et de ddcisions mal-thusiennes des classes dirigeantes auraient 6t6 balay6s et, en cons6-quence, la vitalit6 de la France serait tout autre.

Il faut 6tre bien peu lucide pour souligner une hausse ld oit il y a maintien et donc aggravation temporelle d'une situation de perte de vitalit6 d6mographique. Comparons la f6condit6 en 1998 ir un 6ldve qui vient de passer le baccalaur6at pour la seconde fois : la premidre ann6e, il a obtenu une moyenne de 8,14 sur 20, insuf-fisante pour entrer dans l'enseignement sup6rieur ; la seconde ann6e, il^nous annonce f,rbrement ses r6sultats, une hausse de sa moyenne au baccalaur6at pass6e ir 8,33 sur 20. Votre attention retiendra-t-elle cette hausse ou le fait que notre 6ldve n'a tou-jours pas la moyenne et en reste loin ? Cette comparaison montre combien choisir la premidre attitude - i l'instar de la plupart des m6dias - correspond ) ce qu'Alfred Sauvy appelle << le refus de voir >>, ce qui revient pratiquement d de la d6sinformation.

E

(3)

L e p o i n t

s u r , ,

r

Un amendement

u d6mographique

>

De m6me, la presse a diffus6 une information selon laquelle < le nombre de mariages reste constant >. Or, cette formulation n'ap-parait pas totalement exacte et. mdrite.en outre d'6tre replac6e dans son contexte. D'une part, I'ann6e 1998 ernegistre une l6gb-re baisse des mariages : 282 I00 en 1998 confl6gb-re 284 300 en 1997. Cette 6volution est inverse de celle des deux ann6es pr6-c6dentes et s'inscrit d un niveau de trbs faible nuptialit6. U ann6e

1996 avut 6t€ marqu6e par une hausse sensible des mariages, de prds de l0 Vo.Le niveat alors atteint1280 100 mariages) avait 6t6 confirm6 I'ann6e suivante, avec une nouvelle augmentation,

plus mesur6e, de 1,5 Vo. Cefte progression pouvait s'expliquer par les effets de I'amendement de Courson. En le votant, le Par-lement avait supprim6 les avantages hscaux des enfants hors mariage. Des couples qui restaient en cohabitation pour b6n6fi-cier de ces avantages n'avaient plus de raison de ne pas se marier. Aussi nombre d'entre eux ont pr6f€r6 confirmer leur union et passer devant le maire. L'effet a 6t6 rapide, et prouve une fois de plus I'influence des d6cisions politiques sur les com-portements des m6nages. L effet des lois n'est donc pas neutre, mais l'intensit6 et la p6rennit6 de leurs cons6quences ddpendent du type de loi consid6r6. Une fois divers mariages comparables i des r6gularisations, l'effet conjoncturel de la loi s'estompe, mOme si elle reste un des 6l6ments pris en consid6ration dans les comportements futurs.

Population & Avenir - n" 641 (janvier-fdvrier 1999)

Une basse nuptialit6

Le contexte conjoncturel ne doit pas masquer les 6volutions structurelles. Or I'ann6e 1998 est en France une ann6e de faible nuptialit6 tant au regard des ann6es pr6c6dentes qu'en consid6-rant les comportements en Europe.

La nuptialit6 peut etre consid6r6e comme basse lorsque le taux de nuptialit6 est inf6rieur d sept mariages pour mille habitants, ce qui est le cas en France depuis 1977. Auparavant et depuis 1945,la seule ann6e basse avait 6te 1956; I'appel du contingent pour par-ticiper aux op6rations de la guerre d'Alg6rie avait abaissd le nombre de mariages d293 50O, seule ann6e inf6rieure a 300 000 enne 1945 et 1984. En 1961 et 1962,le nombre des mariages est autour de 315 000, mais le taux de nuptialit6 apparait inf6rieur ir 7 pour mille : l'arriv6e des rapatri6s d'Aig6rie introduit des chan-gements temporaires dans la vie familiale. Le taux de natalit6 n'est donc durablement inf6rieur )r 7 pour mille que depuis 1974. Inf6rieur )r 5 de 1958 a 1988, il est )r nouveau en permanence inf6-rieur ir ce niveau de 5 depuis 1991. Il s'agit donc bien d'une faible natalit6 et 1998 s'irnscrit dans cet affaiblissement.

Ceci est confirm6 par la comparaison avec les pays europ6ens. Partout, la nuptialit6 a diminu6, mais la Rance, avec une nup-tialit6 de 4,8 mariages pour mille habitants en 1998, est dans la fourchette basse.

La France avant-dernidre

En ftahtd, une mesure plus fine des comportements face d un mariage porte le nom technique d'indice synth6tique de primo-nup-tialit6 f6minine. Consid6rant les demiers chiffres connus, la France est avant-dernidre dans I'Europe des Quinze, avec un indice de 540. Cela signifie qu'i comportements constants, 540 femmes sur mille passeraient devant le maire avant l'6ge de 50 ans et donc que 460 sur mille seraient c6libataires d 50 ans. Il s'agit d'un compor-tement fort diff6rent de celui bonstat6 avant 1974 oi I'indice 6tait de 900 pour mille ; autrement dit, le mariage 6tait alors quasi-universel. D'ores et d6jd, la proportion de femmes jamais marides pourrait atteindre 25 Vo pour celles n6es en 1967.

Lhistoire retiendra donc I'ann6e d6mographique 1998 en Fran-ce comme une ann6e de basse natalit6, de sous-f6condit6 et de faible nuptialit6. Il est vrai qu'en d6pit de I'annulation d'une d6cision absurde (le plafonnement des allocations familiales) et de plusieurs d6clarations de principe, la politique familiale reste plutdt en jachdre, loin de cette politique de libert6 familiale3 qui serait si n6cessaire ir I'avenir.

G.-n D.

1. I1 s'agii bien entendu de chiffres provisoires, car les chiffres d6finitifs d6pendent notamment des r6sultats du recensement qui pourraient conduire d r6viser le d6nominateur du taux de natalit6.

2. et donc infdrieur d I'hypothbse centrale de 1,8 enfant par femme 6tablie par I'INSEE en 1992. Cf. Quang-Chi DINH, <.Projections de population totale pour la France mdtropolitaine >>, INSEE Risultats, n"412, ao0t 1995. 3. G6rard-Frangois Dumont, Pour la libertd familiale (A.P.R.D., 191, rue Saint-Jacques 75005 Paris, 115 FF franco).

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