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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Éduquer pour l'énergie et l'environnement

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Academic year: 2021

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ET L'ENVIRONNEMENT

Ivan GILLET Université de Liège.

MOTS-CLES : EDUQUER - ENERGIE - ENVIRONNEMENT - CHANGEMENT RADICAL.

RESUME: Pour respecter l'environnement, il nous faut une énergie propre. Est-ce possible? Oui, à condition de n'utiliser que des énergies renouvelables dérivées du soleil, et de remplacer la combustion thennique habituelle par une combustion froide. Il s'agit d'un changement radical età long tenne qui requiert, entre autres, une action éducative et culturelle profonde et persistante.

SUMMARY : In order to respect the environment, we need cIean energy. Is it possible? Yes, provided that we use only renewable energy derived from the sun, and that we replace the usual thermal combustion by cold combustion. The matter in question is a radical and long tenn change which requires, among others, deep and persistent educational and cultural action.

N.B. Voir aussi en appui de cet atelier, le texte de Sigurd MAXWELL,Environnement et énergie

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1. L'ENERGIE PARMI LES DEFIS DE L'ENVIRONNEMENT

1.1. L'humanité en péril

Notre monde est de plus en plus menacé par deux types de périls: le péril écologique et le péril inégalitaire.

Lepéril écologique vient de l'empoisonnement et de la destruction progressive de notre environnement matériel et vivant (air, eau, sol, écosystèmes, biosphère) par les pollutions, l'accumulation des déchets, l'érosion des sols, la désertification, la déforestation, la disparition d'espèces vivantes, le gaspillage et l'épuisement exponentiel des ressources naturelles. A cela s'ajoutent le dérèglement des climats par "l'effet de serre" et les atteintes à la santé.Lepéril écologique est spécialement dangereux parce qu'il est insidieux.Lerisque majeur est l'enclenchement de processus irréversibles qui ne feront sentir leurs effets catastrophiques qu'à long terme, alors qu'il sera trop tard pour réagir!

Lepéril inégalitaire résulte des injustices et inégalités profondes qui règnent dans notre environnement humain, spécialement dans le tiers-monde avec sa misère et sa démographie galopante. Cela fait naître et grandir de profonds sentiments de frustration et de révolte qui risquent de provoquer des explosions fatales. C'est déjà manifeste dans plusieurs parties du monde.

Désormais, ces périls mettent effectivement en danger la survie de l'espèce humaine. Pourquoi?

A cause du caractère exponentiel de deux croissances: d'une part celle de la puissance des techniques et de leur étendue, d'autre part celle de la démographie. Par ces deux croissances, notre planète s'approche, ànotre insu, des limites de ce qu'elle peut supporter. Autrement dit, les "conditions aux limites", comme disent les physiciens, sont complètement changées; c'est comme si la terre était rétrécie!

1.2. L'énergie et ses nuisances

Parmi les graves menaces qui pèsent à présent sur notre environnement matériel, vivant et humain, on trouve une contribution majeure provenant de notre consommation d'énergie, telle que nous la pratiquons.

Ces nuisances de l'énergie comprennent, entre autres, diverses pollutions, l'altération des climats, des gaspillages considérables, ainsi que l'instabilité foncière de notre système énergétique mondial. C'est d'autant plus important que l'énergie est dans tout, elle est impliquée dans tous nos comportements et notre vie, que nous en soyons conscients ou non.

L'énergie utile, sous diverses formes (thermique, mécanique, électrique, lumineuse) vient de sources primaires à travers plusieurs filières énergétiques de transformations. Actuellement, les sources primaires d'énergie à l'échelle mondiale sont, d'une part les combustibles fossiles pour environ 80 %, dont le pétrole (35 %), le charbon (27%)et le gaz naturel (18 %), d'autre part environ 20 % constitués par l'énergie hydraulique (6 %), l'énergie nucléaire (4 %), et des combustibles

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traditionnels (10%)comme, par exemple, le bois de chauffage, essentiellement dans les pays en développement.

Comme on le voit, les combustibles fossiles fournissent environ80%de notre consommation d'énergie primaire à l'échelle mondiale. De là, différentes filières énergétiques conduisent à trois formes d'énergies utiles: la chaleur (64 %), l'énergie mécanique pour les transports (24 %)et l'électricité (12 %).

Pour la chaleur, les filières qui partent des combustibles fossiles et des combustibles traditionnels (bois, etc... ) ne comportent qu'une étape: c'est la combustion thermique à haute température.

Pour l'énergie mécanique des transports la filière énergétique comporte une combustion explosive à haute température (moteurs à explosions) ou une combustion en réacteur d'avion, et une conversion thermodynamique de chaleur en énergie mécanique.

Dans les centrales électriques, on commence par produire de la chaleuràtempérature aussi haute que possible (combustion thermique ou réaction nucléaire), puis une conversion thermodynamique transforme cette chaleur en énergie mécanique qui actionne des alternateurs pour donner de l'énergie électrique.

On voit ainsi que pour les combustibles fossiles et traditionnels(80+JO

=

90%de l'énergie primaire) toutes les filières énergétiques commencent par une combustion thermique. Celle-ci envoie inévitablement dans l'atmosphère du gaz carbonique (CÜ2).

Pour les combustibles fossiles, ce C02 ne se trouvait plus dans l'atmosphère depuis la fossilisation, il ya des centaines de millions d'années. Pour le bois de chauffage, le CÜ2 n'est pas recyclé par la photosynthèse végétale car ce bois provient en majeure partie de déboisement dans le tiers monde.

De ce fait, la concentration du C02 dans l'air est en croissance de plus en plus rapide, ce qui augmente "l'effet de serre" et provoque ainsi le réchauffement global de la planète et l'altération des climats. Cela entraîne notamment des sécheresses, déjà sensibles actuellement, et une réduction de la production alimentaire mondiale, dès à présent trop faible. A plus longue échéance, cela pourrait aussi faire monter dangereusement le niveau des océans.

Leplus préoccupant dans ce phénomène, c'est sa vitesse, 100 fois plus grande que dans les périodes préhistoriques. Cela rend l'adaptation extrêmement problématique.

A côté de "l'effet de serre", la combustion thermique des combustibles fossiles envoie dans l'atmosphère une série de polluants chimiques (CO, NOx, SÜ2, etc...) extrêmement nuisiblesàla santé de tout ce qui vit sur notre planète.

Du côté des centrales nucléaires, les nuisances et les risques sont plus graves, car leurs conséquences sont encore plus irréversibles et font peser une menace sérieuse sur nos descendants.

Dans les filières énergétiques des transports et des centrales électriques, la seconde étape est une conversion thermodynamique de chaleur en énergie mécanique.Lerendement de cette transformation est fortement et inéluctablement limité par la perte énoncée dans le principe de Carnot. Cela constitue un gaspillage considérable et à grande échelle:70à80%de l'énergie primaire sont perdus!

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On voit ainsi pourquoi notre manière d'utiliser l'énergie est l'une des principales sources de nuisances pour nous et notre environnement mondial.

1.3. Remèdes symptomatiques ou "solutions radicales" ?

Jusqu'à présent, on a surtout cherché à diminuer les pollutions par des techniques dites de "dépollution" qui éliminent partiellement les polluants après leur production (exemple: les "pots catalytiques" sur les voitures).

n

s'agit là de "remèdes symptomatiques", à court ou moyen terme, qui ne font que reporter le problème sur les générations futures.

Or, le sens moral et le simple bon sens nous commandent de laisser à nos descendants une planète aussi habitable que celle qui nous a vus naître, c'est-à-dire une terre qui ne soit pas empoisonnée par les pollutions et dont les ressources ne soient pas épuisées. C'est pour nous une responsabilité impérative. Cela requiert la recherche et la mise en oeuvre de "solutions radicales", c'est-à-dire de mesures qui s'attaquent aux racines des problèmes, à leurs causes profondes et pas seulement à leurs symptômes.

Pour le cas de l'énergie, la question qui se pose alors est la suivante: Est-il possible de concevoir et de mettre en oeuvre un système énergétique mondial qui soit intrinsèquement propre et durable, sans pollution ni altération des climats, à partir de sources renouvelables? C'est possible, mais à certaines conditions.

1.4. Les conditions de l'énergie propre et durable

Je pense que le développement d'un système énergétique intrinsèquement propre et durable est possible à long tenne à trois conditions qui résident dans l'élaboration et la mise en oeuvre de trois groupes de techniques nouvelles que j'appelle "biomimétiques" parce que des processus énergétiques analogues sont effectivement utilisés par la nature vivante depuis des milliards d'années. Ces trois conditions peuvent se placer sous les titres suivants:(1)Energies renouvelables; (2) Combustibles; (3) Combustion froide.

1.4.1. Energies renouvelables

Lepremier groupe de techniques nouvelles devra abandonner les combustibles fossiles et se brancher sur les sources d'énergies renouvelables. On sait que 99,98% de ces énergies renouvelables viennent du soleil, directement ou indirectement. Il s'agit du rayonnement lumineux et thelmique (direct et diffus), de la croissance de la biomasse végétale par photosynthèse chlorophyllienne, du cycle de l'eau, des vents et de leurs dérivés. Le reste des énergies renouvelables (0,02 %)est représenté par la géothermie naturelle et les marées. La géothennie forcée n'est pas une énergie renouvelable.

L'abandon des combustibles fossiles supprimera radicalement l'augmentation du taux de CÜ2 dans l'atmosphère et de l'effet de serre qui en résulte.

Mais on peut se demander si le flux solaire sera quantitativement suffisant. La réponse est nettement affIrrnative. En effet, la quantité annuelle d'énergie solaire qui atteint la surface de notre planète (39.000 x 1()20 J/an) est supérieureà10.000 fois notre consommation mondiale annuelle d'énergie à présent (3,5 x 1()20 J/an).

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Cette énonne quantité d'énergie devra être utilisée judicieusement, c'est-à-dire, entre autres, de manière aussi décentralisée que possible puisque l'apport est lui-même réparti sur toute la sutface du globe. Les techniques nécessaires sont connues et beaucoup sont déjà disponibles. TI faut maintenant entreprendre le long travail de les améliorer, de les développer et de les répandre.

1.4.2. Combustibles

Utiliser judicieusement les énergies du soleil pour fournir toute l'énergie demandéeparl 'humanité, ce n'est pas simple. En effet, ces énergies sont ttès diverses, et leur répartition est très différente de celle de la demande, dans l'espace géographique comme dans le temps.

Certaines installations pourront fonctionner sans transport d'énergieàdistance, mais non sans stockage, notamment de chaleur ou d'électricité, du jour pour la nuit et de l'étépourl'hiver.

Mais,àcôté de cela, il faudra nécessairement un vecteur d'énergie qui soit, à la fois et aisément, stockable longtemps et transportable au loin sans limite de quantité, et convertible en toutes les formes d'utilisation finale de l'énergie. Sous ce rapport, le succès du pétrole montre bien que le vecteur idéal d'énergie est constitué par l'énergie chimique des combustibles, spécialement lorsqu'ils sont liquides. Il faudra donc fabriquer des combustibles renouvelables à partir de différentes formes d'énergie dérivées du soleil.

Or, l'une des formes les plus abondantes d'énergie utilisable dérivée du soleil, c'est justement l'énergie chimique de la biomasse renouvelable que produit la photosynthèse végétale. La totalité des usages actuels de cette matière végétale, y compris l'alimentation, ne consomme que moins de 10% de la production photosynthétique annuelle mondiale. Les 90%restant ont une valeur énergétique environ 7 fois plus grande que la consommation annuelle mondiale d'énergie actuellement. Dans l'avenir, la production de matière végétale pourrait s'accroître et s'améliorer, notamment par les cultures d'algues et d'autres plantes aquatiques, ainsi que par une reforestation hautement souhaitable de toute façon. Evidemment, il ne faut pas que les cultures énergétiques nuisent aux cultures alimentaires. Celles-ci doivent rester prioritaires. Mais la saine coexistence de ces deux types de cultures est possible grâceàune gestion lucide et sage de l'agriculture, de la sylviculture et de l'aquaculture.

A partir de la matière végétale et des quantités considérables de déchets organiques que l'on gaspille actuellement, on peut fabriquer toute une série de combustibles solides, liquides ou gazeux: bois et charbon de bois, hydrocarbures liquides ou gazeux (méthane), alcools (méthanol, éthanol, butanol), acétone, huiles végétales, monoesters d'acides gras, gaz de gazogène, hydrogène, ainsi que des polyols (glycol, glycérol, etc...). La recherche et la pratique diront quels sont les plus avantageux de ces combustibles. Il faut noter ici que l'hydrogène est fabriqué industriellement en quantités énormes et depuis longtemps par électrolyse de l'eau. Cela requiert de l'énergie électrique, quelle que soit son origine. L'électricité solaire (photovoltaïque ou éolienne ou ... etc ...) pourra donc convenir.

Pour ce qui concerne les combustibles carbonés tirés de la biomasse végétale, leur combustion produira évidemment du C02. mais si la gestion des cultures est judicieuse, ce C02 sera automatiquement et intégralement recyclé par la croissance de nouvelle matière végétale. Sa concentration dans l'air n'augmentera donc pas.

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1.4.3. Combustion froide

Si le remplacement des combustibles fossiles par des sources d'énergies renouvelables dérivées du soleil est de nature à résoudre définitivement le problème du taux de CÛ2 dans l'atmosphère, ce n'est pas suffisant, car cela ne supprime pas les pollutions chimiques provoquées par la combustion thermique, ni l'énorme gaspillage d'énergie dûàla "limite de Camot" dans l'étape thermodynamique des filières énergétiques menant de l'énergie chimique des combustibles à J'énergie mécanique et à l'électricité.

Il faut donc trouver un autre chemin, une autre filière entièrement différente, sans pollution ni gaspillage.

C'est ici que peut intervenir la "combustion électrochimique", car elle peut fonctionner à température ambiante ou modérée, sans pollutionnigaspillage. Ce type de "combustion froide" a lieu dans ce qu'on appelle une "pile à combustion électrochimique" (dite aussi "pile à combustible").

De telles "piles à combustion" ont fait leurs preuves, techniquement, dans les capsules spatiales et sur la lune. Elles fonctionnent selon le même principe que les piles électriques classiques, mais s'en différencient par une modalité essentielle.

Dans ces deux types de piles, on produit de l'énergie électrique en une seule étape à partir de l'énergie chimique contenue dans des matières premières ou "réactifs". Au cours de la production d'électricité, ces "réactifs" sont progressivement transformés en "produits" pauvres en énergie.

La différence consiste en ceci; Dans une pile classique, les réactifs sont introduits en une fois, en quantités finies, lors de la fabrication. Lorsque ces réactifs sont épuisés, on jette la pile et on la remplace par une nouvelle. C'est un peu comme si on jetait le moteur d'une voiture avec le réservoir d'essence chaque fois que celui-ci est vide! On comprend, dès lors, que ce type de pile ne soit employé que pour des applications à très faible puissance.

Dans une pileàcombustion, au contraire, les réactifs sont introduits au fur etàmesure du fonctionnement. Une telle pile peut donc fournir de l'énergie électrique aussi longtemps qu'on l'alimente en réactifs.

Onvoit maintenant comment se distinguent les deux filières énergétiques qui permettent de transformer de J'énergie chimique en énergies mécanique et électrique:

Dans la "filière thermodynamique", (centrales électriques et transports actuels), on commence par une combustion thennique qui transforme l'énergie chimique en énergie thermique. Puis vient la conversion thermodynamique oùleprincipe de Carnot limite inéluctablementlerendement de la production d'énergie mécanique à partir d'énergie thermique. Enfin, un générateur électrique produit de J'énergie électriqueàpartir d'énergie mécanique.

La "filière électrochimique" est plus courte : la première étape est une combustion électrochimique qui transforme directement J'énergie chimique en énergie électrique. Ensuite, un moteur électrique produit de l'énergie mécanique à partir de l'énergie électrique.

Pourquoi la "filière électrochimique" est-elle plus avantageuse que la "filière thermodynamique"?

Tout d'abord parce que dans cette filière électrochimique, on reste au niveau des énergies de haute qualité, sans passer par la dégradation en chaleur. On évite ainsi la "limite de Carnot" qui

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abaisse fortement le rendement énergétique de la filière thermodynamique. On se libère ainsi de l'énonne gaspillage d'énergie de cene filière.

Ensuite, comme la combustion électrochimique peut se faire à température ambiante ou modérée, la filière électrochimique peut fonctionner sans aucune pollution, ce qui complète l'élimination de toutes les nuisances de nos techniques énergétiques actuelles, tout en permettant d'obtenir aisément toutes les formes utiles d'énergie.

1.5. Autres réformes radicales impliquant l'énergie

A côté du gaspillage "technique" d'énergie lié à la filière thermodynamique dontilvient d'être question,ilexiste d'autres formes importantes de gaspillages d'énergie tout aussi nuisibles pour l'environnement. On peut les appeler gaspillages "socio-économiques" d'énergie. Ils sont liés à l'organisation de la société et de son système économique, ainsi qu'à l'aménagement du territoire. Il s'agit, notamment, des encombrements, de l'allongement et de la multiplication des transports et déplacements, de la dégénérescence des transports en commun sous la pression de la voiture particulière;ils'agit aussi des déchets non recyclés, des nombreux objets, gros et petits, à durée de vie inutilement courte, non réparables ou non réparés, du mode de construction des bâtiments, ete...

Pour éliminer tous ces gaspillages et toutes les nuisances techniques de l'énergie,ilfaudrait des réformes radicales réorganisant fondamentalement la société. Mais les décisions appropriées dans ce sens se font malheureusement attendre. C'est d'autant plus grave que de telles réformes prendront beaucoup de temps et d'ingéniosité pour vaincre de nombreux obstacles.

2. QUE FAIRE?

Quelles seraient les premières décisions appropriéesàprendre? Et comment faire pour qu'elles soient prisesàtemps?

Je place les essais de réponsesàces questions sous quatre titres: A- Mesures de transition; B-Recherche et développement; C- Action politique; D- Action des citoyens.

Maisàla base de tout cela,ilfaudrait une action éducative et culturelle de très grande envergure (point 3).

2.1. Mesures de transition

Pour donner le temps de préparer le long terme, il faut des mesures de transition qui freinent la dégradation de l'environnement en attendant de pouvoir l'arrêter complètement.

Il est donc essentiel, avant tout, d'économiser opiniâtrement l'énergie en éliminant tous les gaspillages que l'on peut et en améliorant les rendements énergétiques partout où c'est possible.

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Il faut, notamment, comparer les ordres de grandeur des pertes et gaspillages d'énergie afin de faire porter les efforts prioritaires d'économies sur les domaines où ces économies ont le plus de chance d'être importantes.

A titre d'exemples d'économies d'énergie, on peut citer la récupération des chaleurs perdues dans les centrales électriques et l'industrie, la récolte sélective et le recyclage des déchets, la reconversion du chauffage électrique intégral des bâtiments en chauffage central classique qui consomme trois fois moins de combustible pour un même résultat, la promotion des transports en commun et des transports par chemin de fer et par bateaux, etc...

2.2. Recherche et développement

Pour préparer la mise en oeuvre, nécessairement à long tenne, de solutions radicales aux problèmes d'énergie et d'environnement,ilfaudra intensifier les recherches, non seulement dans les domaines techniques requis, mais aussi dans le domaine socio-économique. Tout cela demandera du temps, de l'argent, du personnel ... et des décisions adéquates.

2.3. Action politique

Or, les bonnes décisions, comme je l'ai déjà indiqué, n'ont pas encore été prises, à part quelques petites exceptions dans certains pays. L'action politique est donc essentielle pour amener au pouvoir des personnes ayant la lucidité, la vision globale et à long terme, la sagesse et le courage politique nécessaires, c'est-à-dire des "hommes d'états" plutôt que des politiciens à courte vue.Le courage politique, spécialement, sera indispensable, car les obstacles ne manqueront pas, venant de groupes de pression puissants défendant les intérêts particuliers, et avançant des arguments économiques, alors que ceux-ci ne sont basés que sur le court terme, et sont par conséquent inadéquats dans une vision à long terme. En effet, l'épuisement inéluctable des combustibles fossiles amènera leurs prix, à travers de fréquentes fluctuations conjoncturelles, à augmenter en moyenne jusqu'à des niveaux imprévisibles. Au contraire, comme le montre toute l'histoire de la technologie, leprixdes techniques nouvelles diminuera progressivement au fur etàmesure de leur développement et de leur diffusion. Il arrivera donc un moment où les deux courbes se croiseront immanquablement si les décisions politiques adéquates sont prises à temps, notamment en investissant dans la recherche et la formation sur les techniques nouvelles non polluantes relatives aux énergies renouvelables.

2.4. Action des citoyens

Pour que les actions vers le changement soient fructueuses,ilfaut qu'elles viennent à la fois du sommet (action politique) et de la base (action des citoyens).

A titre individuel, chaque citoyen n'a pas grand pouvoir; mais dans des associations ou dans des groupements temporaires comme ceux qui mènent à une pétition, par exemple, le poids de la base peut devenir considérable, car les citoyens sont des électeurs, et aussi des acheteurs, des consommateurs, ce qui leur donne la possibilité de faire, assez fréquemment, des choix importants pouvant influencer le cours des événements.Deplus, la vie associative est la base décentralisée du tissu social permettant le relais des idées nouvelles pour aboutir à des innovations bénéfiques.

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3. ACTION EDUCATIVE ET CULTURELLE

3.1. Objectifs et enjeux

Pour que les citoyens puissent faire des choix judicieux, dans la vie quotidienne et aux élections, et que leurs associations puissent relayer convenablement les idées porteuses d'avenir, il faut que tous ces gens soient correctement infonnés et motivés. C'est pour cela que l'action éducative et culturelle est un préalable essentiel pour amener des hommes d'états lucides au pouvoir.

Il est important que l'ensemble de la population se rende clairement compte que la situation de notre monde est entièrement nouvelle, à la fois menaçante et prometteuse :

C'est la première fois dans notre histoire que nous sommes si nombreux sur terre et que nos techniques ont atteint une puissance qui menacelasurvie de l'espèce humaine.

Mais c'est également la première fois que nos connaissances scientifiques et nos moyens techniques pourraient permettre, pour tous, une vie de qualité dans une civilisation mondiale judicieusement gérée.

Diffuser très largement l'information sur ce qui est possible à long terme, c'est nécessaire mais pas suffisant. Il faut aussi, et c'est essentiel, amener les gens, surtout les jeunes,àcroire fermement que c'est réellement possible, si on le veut vraiment.

Dans cette action éducative et culturelle, il ne s'agit pas de transformer toute la population en scientifique, loin de là. Il s'agit seulement d'amener les gens à prendre conscience des possibilités et des limites de la science, de les aider às'orienter parmi les questions qui se posent et de les encourager à oser interroger les scientifiques, directement ou indirectement en lisant ou en écoutant ce qu'ils disent, de manièreàatteindre un degré suffisant de compréhension des problèmes du monde pour pouvoir se faire une opinion lucide et adopter un comportement approprié.

3.2. Moyens et méthodes (Ecoles, médias, etc.)

Il faut évidemment s'appuyer sur la didactique des sciences, et notamment sur les quelques remarques suivantes:

Expliquer dans un langage accessibleàtous, c'est indispensable mais pas suffisant. Pour que les explications soient bien assimilées, elles doivent répondreàdes questions que les lecteurs ou auditeurs ont en tête.

Pour que les gens se mettent àlireou écouter des explications scientifiques, il faut les aider à se libérer de la peur de ne pas comprendre ou de l'idée défaitiste qu'ils se font souvent de leur incapacité en science.

Transformer, recadrer les idées fausses, les perceptions, les représentations, c'est un moyen efficace pour amener des changements de comportements, car c'est insécurisant d'abandonner un comportement habituel lorsqu'on ne voit pas clairement ce qu'on peut mettreàla place. C'est ce qui se passe, notamment, dans le cas des problèmes de l'énergie et de l'environnement, où les gens se replient sur des petits remèdesàcourt terme, faute de voir que, moyennant une préparation adéquate, il serait possible,àlong terme, de mettre en place des "solutions radicales".

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L'enthousiasme et la passion étant moteurs d'action et contagieux, les gens se mobilisent plus facilement autour d'espoirs, de désirs, d'images positives fortes, qu'autour de difficultés ou de problèmes à résoudre.lifaut donc proposer des projets qui permettent d'imaginer un avenir meilleur.

Toutes ces remarques, et bien d'autres, concernent non seulement les écoles et les médias, mais aussi les familles et tous les milieux socio-culturels.

3.3. Recherches en éducation et didactique

Ici, je ne vais mentionner que trois points qui me paraissent importants parmi les nombreux travaux poursuivis dans ces domaines.

"Un bon croquis vaut mieux qu'un long discours". Mais qu'est-ce qu'un bon croquis pour telle ou telle fonne d'intel1igence ou "style cognitif" ? Des recherches devraient être poussées plus avant sur les relations entre styles cognitifs, formes d'intelligences et méthodes pédagogiques et didactiques.

Parmi les blocages qui freinent l'évolution positive de nos sociétés, il y a la peur du changement. Pourquoi les gens ont-ils peur du changement? Et quels sont les facteurs qui favorisent le changement dans les idées, les mentalités et les comportements? Voilà des questions sur lesquel1es les psychologues, sociologues et pédagogues devraient approfondir leurs recherches et diffuser plus largement leurs connaissances dans le public.

Comment, dès le plus jeune âge, favoriser la perception de l'interdépendance de tous les facteurs dans la globalité de l'environnement? 11 Y a là des pistes de recherches primordiales qui concernent tous les niveaux d'enseignement dans une approche interdisciplinaire.

3.4. Amorcer le changement

Leproblème, c'est qu'il faut changer tout à la fois, mais l'enjeu est tellement capital et le chemin si long qu'il est urgent que nous nous mettions tous, dès maintenant, non seulement à l'action éducative et culturel1e, mais aussi, selon nos compétences et nos possibilités, à l'une ou l'autre des quatre autres espèces d'actions déjà mentionnées.

Tout le monde est concerné par la nécessaire action éducative et culturelle, non seulement les parents, les enseignants, les éducateurs, les médias, etc..., mais aussi chaque personne, quels que soient son âge et ses occupations. Chacun peut faire quelque chose dans ce domaine. 11 suffit de chercher à s'informer etàse tenir au courant, puis d'en parler autour de soi, le plus souvent possible, car le simple "boucheàoreille" est au moins aussi efficace que les médias les plus sophistiqués. 3.5. Signes d'espoir et conclusion

Des signes avant-coureurs de changements positifs sont déjà perceptibles. lis sont constitués par les actes, les paroles, les attitudes de "personnes novatrices" de plus en plus nombreuses qui expriment une nouvelle vision du monde, une nouvelle conception des rapports entre l'être humain, la nature et la technique. Dans cette nouvelle vision du monde, la société humaine est considérée comme partie intégrante de la nature. Sa survie et son bonheur dépendent du bon équilibre de cette nature.

Lorsque certains jeunes disent: "à quoi bon ?", cela est dû, le plus souvent, à la médiocrité qu'ils constatent autour d'eux, et à l'impression qu'ils ont d'être sur des voies sans issues. Par

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contre, ils ont une grande capacité de se mobiliser pour des projetsàlong terme, ayant un but aussi exaltant que la sauvegarde de l'humanité, valeur prioritaire dont dépend l'existence de toutes les autres. Comme il est vital de relever les défis de l'environnement, il faut entretenir le courage en cultivant un optimisme lucide, car il y a de réels signes d'espoiràlong terme pour qui regarde bien les générations montantes.

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Références

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