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Édition critique de trente-huit lettres du Père Bouhours

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Academic year: 2021

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(1)

J

1 1

1

,

EDITION CRITIQUE DE TRENTE-~IT LETtRES DU PERE BOUHOURS par

Rachi~a E1 Olwani-El Attar

.

,

A thesis submitted to

the Faculty of Graduate Studies and Research,

/ f1cGill universityl

'in partial

fulfil~ent

of the requtrements for the degree of

Depa rtment of French Langua!Je ' and L iterature McGill,University tlontreal M.A. { i 1 /

1

August ,1Q.Z7, 1978

l'

---.j ~

(2)

1

\ l, 1

--l '

REsUt1E

.

En nous proposant de réunir les lettres,publiées de Bouhours et de l.ç.ur joindre les

i~~dites

qu 'on

pourr~it ~rouver,

nous penso'ns

~ontr;buer

~ enrichir nos connaissances sur un des maTtre~ de l~ larygue franç~ise

1 ~

au XVIIe slècle.

.

La présente ~tude comprend une jntronuctlon dans laque1le nous examinons l'art épfstolaire de Bouhours et situons 'le jêsuite par

1

~ rapport aux grands ~pistoliers de son époque, Nous d(iga~eons des lettres le portrait de Bouhours et montrons pourr,uoi leur aut1eur eut tant de

suc~ês auprès de ses contemporains.

,

Vient ensulte le travail critlque concernant les trente-huit lettres et celles reconstitJ(\es d'après 'les réponses~des di,fférents correspon-dants , ~e Bouhours. " Nous avons essayé de donner tous les commentaires et

explications susceptibles de rendre ]a lecture des lettres plus enrichissante.

/

(3)

1

)

(.

p_.-rlC. GœS

'.

J , III ----~

I\BSTQACT

..

The purpose oethis study is to put together the published letters 1

of B~uhours as wel1 as the unpublished ones that coul~ be found with the

l ' " ... l

,

hope of increasin'g our knowledge on one of toile masters of the seventeenth century french 1 an.g~aqe.

The study contains an introduction which examines the epistolary art of Bouhours and atternpts ta find his right place among the famous

/

epistolarians' of'his epoeh. A portrait of Bouhours is extracted from his letters, and then used te 111ustrate why this author had the suceess

1

hê ha~ among his contemporaries.

'\

\

A critical revie"'l on his thirty-eight letters fo11o\'ls as well as on those recenstituted fram the answers of the different correspondants of Bouhours. All relevant explanations and eammentaries have been included to make the reading of those letters more interesting.

r

(

.

\

/

(4)

(

'-1 1

..

TABLIi' DES tlJ\TI ERES

Introduction

La correspondance de Bouhours

i- Notic~ sur la présehtation des lettres

'II Lettres ~ lJuss.Y-Rab~tin

1 ! , " - Noti ce 1 '

~

1) A Basville, 4 octobre 1673, 2) A Paris, 16 octobre 1674; 3) A Paris, 18 'janvier· 1675. \ 4) A Paris, 6 février 1675 ..

5) Lettre reconstityée, 6 mars 1675. 6)' Lettre reconstituée, 25 mars 1675. 7) Lett.re r~tonstituée, 5 juin 1675.' 8) A Paris,/21 juillet 1675.

(

9) Lettre reconstituée, 9 novembre 1675. 10) A P.ari~·', 9 janvier 1676. 11) A PariS, 17 juin 1676. 12) li Paris, 14 s~ptel'lbre 1~76. 13) A Pa

yi

s, 29 j ui n 1677,. _ 14) A Paris, 3 septembre 1677. 15) A Pari~, 17 .octobre 1677. 16) A P.aris. 4 janvier 1678. 17) A Basville, 8 octobre 1678. 18) ArParis, 24 aoOt 1679. 19) p.. Vic,- 17 septembre 1680. ,

20) Lettre reconstituée, 2 décembre 1682.

21) 'Lettre reconstituée, 25 janvier 1683. . 22) Lettre reconstituée, ~'près le 13 juin :lf84. 23} Lettre reconstituée, 11 novembre 1685~

24) A Paris, 30 juillet 1686. 1

25) A Paris, 13 novembre 1687.'

26} Lettre reconstituée, 18 noveMbre 1637. 27} A La ,Chapelle, 24) jui 11 et 1688.

28) Lettre reconstituée, 3 aoOt ~688. 29) A Paris, 30 novembre 1688. '

30) Lettre reconstituée, 22 d~cembre 1688.

3~) A Paris, 6 janvier .1689.

32) Lettre reconstitu~et 3 ~ars 1689. 33) A paris, 5 avril 1689.

34) Lettre reconstituêe, 10 juin 1689.

\ \ , l 24 25 26 27 28 31 33 37 42 .!Ir 5 46 L'ra 51 53 54 56 5B ()J 65 C9 -, '1 I J 7/ 80 34 85 86 89 91 93 , 96 97 lOl~ 1')4 109

ln

112 114 118 ? a .: r -t ,

/ \

, \ \

(5)

Il.

i i 35) A Paris, 30 octobre 1689. 36 ) 37) 38) 39 ) 40 ) 41) 42) 43) 44 ) 45) 46 ) 47) 48) 49 ) 50) 51 ) 52) 53) 54 )

Lettre reconstituéè, ü d~cembre 1689. A Paris, 31 janvier 1690.

Lettre reconstitu~e, 9 aoOt,1690. Lettre reconstitu~el l~octobre 1690. Lettre recon~tituée, 1 noverlbre 169.0.

A Parts, 15 janv; er 16 l.

Lettre reconstituée, ~ février 1691. Lettre reconstituée,

22

avril, 1691. Lettre retonstituée, 5 avril 1~91.

Lettre reconstï'tuôe, 28 avri.1 1691. Lettre réconstituée, 9 ,mai 1691. Lettre reconstitu~e 8 jUi11pt 1691. Lettre reconstitué. 1er· janvier 1692.

Lettre reconstitué. 27 janvier 1692. Lettre recQnstitu e, 25 févrie~ 1692. Lettre reconstitu e. 15 ma; 1692. Lettre reconstituée, 14 nover.1bre 1692. Lettre reconstit~~~. lB décembre 1692. Lettre reconstituée, 1er février 1693.

, '

II Lettres reconstitJées

a

r~œ de Oa1et. - Notice. ~5) Lettre recqnstituée, 56) Lettre recpnstituée, 57) Lettre reÉonstituée, 58) Lettre r~const;tu~e, 59) Lettre rfconstituée, 60) Lettre neconstitu~e, 61) Lettre reconstituée, 62) Lettre ~ecdnstitu~e, 63) Lettre reconstituée, 21 jUll1et 1675. 9 novembre 1675. j ui n 1684. 1 8 nover.lbre 1687. 25 janvier 1639. début novembre 1691. l 5 ma rs 1692. . 8 octobre 1692. fin dêcembre 1694. 1 119 121 123 1,26 127 '130 131 133 13S 137 139 }AD 141' 1~2 1tl~ 146 14ï 149 1 g~ 153 15~ 15S l S6 153 159 160 : 162 164 165 166 167

III Lettres de Bouhours ct t1ademoisel1e de Scudéry. 169 - Notlce.

64) 8 janvier 1669.

65) Persine, 4 o~tobre ,1671. 66) ..1688.

, 67) A Paris, 9 novembre. -68) Lettre non datée.

IV- L,ttres de Bouhours

a

diverses personnes

1 69) A r1me de Sab 1 ê ~" ,,, -~ Octobre 1667.

\

\

170 171 173 176 178 18C 181· 182

(6)

o

(:

) , , ' i i i

'/

70) A Dom F~1ibien bénédictin. A Paris, 28 novembre 1697. 71) A Qom Félibien bénédictin.

, Après 1697.

7E) A 1 'abb~ Eusèbe Renaudot.

1700. 73) A Dom Lamy. A Paris. 6 mars 1700. 74) A Boileau-Despréaux. Octobre ou novembre 1697. 75) A Santeu1.

76) A xx XLettre non datée.

~

' Lettre non datée. 77) A rges Gallet.

, ' 9 novembre 1699.

73) Let re reconstitu~e,& Bossuet. 11 décembre 1'671.

79) Lettre reconstitu~e au père Ferrier.

2l} février 1663.

80) Lettre r,cOhstituée au père Poussines.

16 août 1681.

Appendice

1. Lettres adressées â Bouhours • 'De, Bussy-Rabutin

De ~'me de Dal et De Boss uet

Du Père Pous~ines Du Père Ferrier .

,..

2. Remarques de BussY-R.abutln sur ... l '_'ij2toj!_~

~E' Pi <:.r~~e dl /\ubus ~, de BOt1hoU'r~.

Notes de 1 1 Introdqction

Notes des Lettres

Bi b 1 i 09ra ph i e 184 187 1 R9 19 i 19'! 196 197 199 204 205 206' 207

2an

236 243 24~ 246 253 f 259 273

(7)

l .

c

INTRODUCTION ri

o

t -""-=-, /

(8)

, Pou rqroi, près de, tiOi s s ièc 1 es après 1 a

mo~t

de Bouhours

~diter

sa correspondance? Nous y avons pensé comme à un moyen d'augmenter nos connaissances sur un homme qui a tant contribué à la' formation de la langue française classique et ~ue ses contemporains considéraient comme un de leurs maîtres.(l) ,

Le travail le plus complet dont nous disposions aujourd'hui sur

,.

le r~vérend père date dëja du XIXième siècle. C'est celui de G~ Donciéux:

, (2)

Un Jésuite homme de lettres au XVIIe siècle, le Père ROlJhollrs_.

'$

, Ooncieux y a bien examiné Bouhours 1 'homme, le polémiste, le critique

~ {

et le gra~airien mais non l'épistolier. _ 0 Il a extrait des lettres de

.'

Bouhours nombre de renseignements sur le caractère et les fréquentations de leur auteur mais il n'en a pas fait l'étude. C'e~t ce que nous nous,

\

sn~es~proposé d'entreprendre.

, ,

,

Dans l' introduétion, nous commencerons par, voi r les caractéri

sti-•

ques des lettres de Bouhours pour arriver à situer l'auteur par

rapport aux grands ~pistoliers de son temps et â sa~sir la conception qu'il avait,de la lettre. Nous montrerons ensui

te,

nous fondànt sur

6

le portrait qui ressort ~e ses lettres, pourquoi Bouhours a tant réussi o

dans la société qu'i-l -:réquentalt. , ('

_ Après l'introduction viendra l'étude crit.ique desflettres mêmes. Trente-huit lettres de Bouhours nouS sont parvenues-.- ~lais celle~-ci.

ainsi que

l~s !~~onses

se~

correspondants, nouJ apprennent que le oêre jésuite en ayait écrit beaucoup plus. Les circonstances auxquelles -nous devons aujourd'hui d'avoir 'cer lettres sont t,rès vari,ses.

Des trente-huit lettres,- vihgt-quatre furent adressêes

.

â Bussy-Rabutin et figuraient dans les grands cah~e~où cet exilé

ft

,1

(9)

1 ~

c-.~ '0 " 2

-copiait les lettres qu';l recevait ainsi que celles qu'il envoyait. f1ais il semble que Bussy ne transcrivait pas exactement les missives de

o

..

"

Bouhours car, après avoir ~omparé ces dernlêres et les r6ponses ae Bussy, relatives à chacune

q,Jlles{~~on r~marque

que le seigneur

1; ,

bourguignon commentait des nouvelles que Bouhours était censé lui avoir -\

~crites . Or celles-ci ne se trouvent pas dans les copies faites pa~

r '

Buss~l

Il les a sans doute Omises. Ll est certain que les lettres de 11 ,

Bouhours con~enaient ces nouvelles, car Bussy était très précis dans •

les réponses qu'il faisait A ses correspondants. , Il reprenait toujours, , article par artlcle, la lettre reçue et la comm,entaiit1) Il n'a pas

,

,

pu commenter de nouvelles qu'on ne lui avait pas ~cr;tes: t

pas question non plus de nouvelles aoprises dans"quelques autres lettres de Bouhoursi car non seulement on ~e les retrouve nulle part, mais

surtout, Bussy donne la 'date de la lettre à laquelle il répond; n9us savons ainsi que

~elle

lettre de Bouhoursl

avai~

contenu de telles nouvelles. Ce phénomène ne se limit~ pas aux copies des lettres de Bouhours. Il s'observe aussi dans celles d'autres correspondants,

notammen~

dans celles du père Rapin.(5) Il ne s'aqit pas d'inattention, car ce n'est pas une l\gne qui manque.., maJs bien tout un article.

Nous ne serions pas éy6nnée d'ailleurs qu'au cours de ce fastidieux

/

J

(

travail de copiste. Bussy ait eu la tentation de sauter une phrase d1 temps â autre.(6)

Quant aux autres lettres de Bouhours, elles se trouvaient

\

dans ,des revues, des 1 i vresl ou étaj ent conservées dans des bi b li othêques

1 •

franç~ises et européennes. Doncieux pUblia dans son livre dix lettre~ de Bouhours dont une inédite-mais incomplète à ~ne de Sablé; cinq

a

)

(10)

o

' )

-

~.)

-t~l1 e de Scudéry; une ~ Bo; leau-Desp'hSaux; une ~ Santeul; une ~ Dom

• 1

Fêlibien; une sans nom de destinataire mai~ qu~ nous avons trouvée reproduite dans l' Isographie des hommes célèbreÇ'(1828-l830) ~' et adressée à l 'abbé~Eusèbe·Renaudot.

,

L'enquête que nous avons menée auprès des bibliothèques euio-/ péennes nous a permi s

~

complètement in~dites

d' y trouver troi s 1 ettres de Bouhours .. \ , ainsi que la suite du bill'ef à t4rle ,de Sablé \onné en partie pa,r Doncieux. La Bibliothèque de l'Université de Leide

nous communiqua une de

c~s

trois lettres, maif

Ç1i

ne contient ;as le nom du destinataire. Nous' croyo'ns reconnaître en ce dernier Georges Gallet. éditeur à Amsterdam.

<

la Bibliothèq~e Nationale à Paris nous a transmis la deuxfême

de ces trois lettres, elle aussi san~ nom de destinataire. "Nous ne pouvons malheuieusement pas l'ideniifier: Nous devons ft l~ Bibliothèque de la Ville de Nanie's la troisi'èl~e lettre qui est adressée ~ Dom Félibien, et

~

la Bibliothèque 'Victor

CouSi~J

la Sorbonne, la suite du billet

~

la t1arquise de ~bl.é.

,

Nous nlavons en revanche auc~ne trace des lettres He direction ,

que Bouhours avait écrites à la jeune Rrotégée de Mme de Bourdonné,

son amie. Ces lettres 'falSifiées avaient

ca~5é

un

s~~ndaie

qui

attr~sJa

-les dernières années du jêsuite. Bouhours ho~e de religion.

Elles nous auraient fait découvrir !

Celles "que Bossuet, Fl~chier, Raclne, La Fontaine, les !lères

"

Bourdaloue, ,Noyellès, L~ Colombière, Ferrier, Poussines, ~~e de Coligny ont écrités à Bou~ours indiquent que sa correspondance dépass~it de loin

t ,

les trente-huit lettres que nous donnons. Ces lettres adressées

a

(11)

l

t

1,(

.'1-'

.~

~ -'r-~

- -..

jp:." ~ , , "

'.

\, " 4

-.

Bouhours, sÇJnt même plus nombreuses que celles que nous possêdons de 11,.Ji.

" j" ,

Qua~d cel~ êtait possible. -nous avons reconstitué les letttes perdues de Bouhours, en nous servant des réponses d~lses correspondants.

o

, Ces lettres reconstituées, au nombre de quarante-deux contribuent dans une certa-i rte mesure' à mieux comprendre l a correspondance de Bouhnurs.

,

\

'

surtout son rythme et sa matière.

Pour trouver, d'autres missives de Bôuhôurs il fauprait entre-prendre des recherches dans 1 es. papi ers i n~ch; ts de ses "correspondants et dans les collections privées. ~ar, d'après ce qu'on m"a communiqué, les-bihliotheques européennes né possèdent plus rien sous la rubrique "Correspondance" de Bouhours, (7)

Après avoir vu les d~tails concernant la provenance de la

correspondance de Bouhours, nous cèr:t~;dèreron~ la missive même pour

",

dé~àger sa structure et sa disposition et être en mesure de préciser à.

quel genre épistola~re elle appartient; ,

, \

Bouho urs commença it souvent sa l et'tre en s'excusant de son s ;-1 ence,

~lléguant le travail ou la mauvaise santé, dont il donnait des nouvelles .

.

Il ~arlait ensuite des gens qu'il connaissait, des affaires que son

correspondant lui avait confiées, des livres parus, des derniers

# ~ tes) 1" l ' . d

evenemen ~ , e p us ~ouvent sans trans 1 tl on et sans commencer e

nouveau pardgraph~, pro~ablement pour ~pargner le papi~r, Mais le père

\)

jésuite ,était trop souple' pour s'assujettir il ce schéma, Quelquefois, il entrait en mati'ère directement et finissait promptement sa

lettre~9)

. \ • Bouhours avai tune man;ère de

r~poJdre

aux lettres reçues asséz

.. i l " dl,(lO), J<.e"dern,'er

d1fférente de celle de Bussy.. Comme nous 1 avons t ~

, \ ~ , 1

"

repre~ait dans -l"ordre, point par point, la lettre de Bouhours et la

o

"

/-r

(12)

1 .. , ...

..

! ' 1 \\

...

\ < • o - r, i"

corrunentai t. L '-e pere JeSUl e n aval

·J·

t ' 't pas cette''Pre-C1Sl·o'n. Très souvent il ne faisait"même pas a11usiob

a

ce que lui avait écrit Bussy. Il ne cbmmentait q~e les nouvelles qui lui paraissaient assez importantes.

.

.

, En revanche, il rér.ondait à toutes les (juestions de 'son correspondant,

~

et ~i celui-ci liJi avait écrit'

a

oropos d'une affaire particulière, /il<

Bouhours donnait toutes les j~formations nécessaires. Dans sa lettre

,

-/ ' <

-à Boileau (no 74), Bouhoijr-5 parle des trois points soulevés par son

:-~ ... ~

~~;..",tt

--r~...L-ami: sa quere1le~~c~lF~ jésuit~s, le dîner, le carrosse.

Si la stru'cture Ide la missive de ,Bouhours est assez constante,

<

sa présentation su~tle papler est presque invariable: il éC\iV~it sur les première, deuxième et troisième pages d'un feuillet double.

, ,"

dont la quatrième était réservéé après pliage de la lettre à l'empla-cement de la su~cription. Tout à fait en haut d~ la première page~ on trouve une petite croix. Bouhour~ commenç~it ainsi ses lettres.' à

la manière des prêtres et· de leurs élèves. Ensuite vient la date; mais Bouhours ne l'écrivait pas toujours de la m~me façon. Parfo; s c'est le démonstratif ce, suivi du jour. Il est très probable que - Bouhours en usait ainsi pour les lettres adressées à l'intérieur de

Paris, car elles arrivaient le même jour.(ll) Il n'avait donc P1s besoin de préciser la date. Mais dans les lettres destinées à un plus long voyage: la Bourgogne ou la- Hollande, il mettait ~e, suivi du' quantième, du mois et de l'année .

./

Dans ses lettres à Bussy, il mettait toujours devant la date le

o

nom du lieu d'oû il écrivait. Ce n'est pas le cas pour les ,lettres

..

dont nous avoni les autographes; peut-être parce qu'elles rie so~taient pas de Pari s . Dans la seule lettre que nous ayons de lui, destinée ~

(13)

...

f

-quitter la France, celle ~ l'éditeur hollandais (no 77), le nom de la place d'oD il écrivait est mis.A la fin de la lettre laquelle est sans signature. D'habitude il signait "Bouhours", tout de suite après la

dernière ligne de ~a missive. Il ne laissait pas de place entre le corps de la lettre et la formule de pol itess~, ni entre cette derniêre et la signature. Ce détail n'aurait pas Qisposé les th~oriciens de la lettre erit

fav~ur

de

~ouhours,

car ,ils avaient Hé les espaces laissés

o .,

entre le corps de la lettre, la souscrlption' et la

s;gnatur~

au

respJc~

"

dO au destinataire. Ces espaces 'augmentaient prop?rtionnellefTlent au

respec~.

(12) C'est un des dttails qui nous poussent ~ poser la question

su;-vante:.à quel genre épistolaire appar~ieht la missive de Bouhours?

~

Est-ce celui du billet ou de la lettre? En réalité la missive de \ Bouhours tient des deux genres. Le révérend père ne s'est conformé ni . à toutes les exigences'du billet ni

a

toutes celles de la lettre.

Richelet, dans ses "Réflexions sur la manière de faire un billetll dit: "On ne commence point le billet par ~lr; on ne le finit point aussi

pa~ c,e même mot: ni par ceux-ci qUi, sont, ~e civilité "Je suis, Mr, votre três-humble serviteur.1I L'honnête honme qui écrit se contente seulement de mettre sQn nom au bas de son billet, et sans aucune fa~n qui para;s~e étudiée.,,(13) Or les missives de Bouhours ne commencent ni ne finissent'

\

toutes de la même manière. A Bussy et Mlle de Scudéry, il ne mettait .,\pas de suscription interne, c'est-à-dire, ni "Monsieur", ni IIMademoiselleli

• Une de ses deux lettres à' DOIil F~ljbien commence par 1I110n Rd Père"~

sur une ligne àoPfrtet la seconde n'a pas de suscription. Mais quand Bouhours ne fait pas usage de celle-ci, par politesse, il met

a

la première ligne: Madame, Mademoiselle, Monsieur ou Mon ~d ~ère . . Ainsi

(14)

1

...

o

-

70-dans son billet du 9 novembre ct t1l1e de Scudéry, il ~crit: "Il y a quatre ou cinq jOlJrs, Mademoisel.le, que je ... "

De même, il changeait ses formules de politesse: aux dames, ~

Dom Lamy, à Dom Félibien, à l 'abM Renaudot, c'est "Votre tr~s humble et très obt'}; ssant servi teur"; à

~o;

l eau ilL' homme qui vous aime le pl us tendrement et qui est le plus touché de votre amitié."; à Santeul :..

.... ,

"Je suis à vous tendrement"; à Bussy "Adieu r1onsi~u:r. aimez-moi toujours''''

\

ou, plus cérémonieusement "F_altes-'moi .la grâce de croire que je suis di

vous de tout mon coeur, avec tout le respect que je db; s. 1\ Bouhours

variait ce Clu'on appeJait "Les parties communes", c'est-à-dire les

1

suscriptions et souscriptions. Parfois il n'en mettait pas du tout. En cela-, il a sans dout~ plus suivi son inspiration du moment que les

pr~ceptes ~es man,uels épistolaires. ~ais nous remarquons que ses

formules de politesse n'ont rien d'original. Ce sont celles utilisées par tous 1 es correspondants. ,.

,

Quant à ses suscriptions externes, elles étaient loin d~ satis-faire aux exigences des législateurs tl~ la lettre. Bouhours les réduisait au minimum. Au lieu de mettre tous lès titres, les fontions et l'adresse complète du destinataire, il se contentait de "Pour" et un !'Jeu plus bas

1

"Mme la marquise de Sabl~", "pour" et un peu plus bas "Hademoiselle de Scudêry". "pour" et un peu plus bas liTe Rd Père Félibien Bénédictin

a

..

St-Denis". Il ne ,répétè.H pas le titre comme c'Hait la rê9le qùand on voulait honorer.(14)

Bouhours empru,ntâit donc aux préceptes de la lettre et ~ ceux du billet pour donner à sa missive une forme originale. On retrouve cette même attitude d1êclectisme dans sa manière .de composer\ la lettre

\

.

-, ~ \ i

\

l

lb

(15)

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1

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:1

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~, , ~. r J

o

&0U2. d ... .5d . . i u 1, R

ct Jans lp ton gu'il adoptalt avec son corre~pondant. Le résultat

--,

en fut des~m1ssives souples légêres et_repr~sentatives d'un certain esprit de création qui ne se laissait pas imposer dans la conception

. ~ 1 d' ,~ , (15)

de cr qUl est tres personne : un message aml a aml. No,us nous en

rendrons compte e~examinant la manière avec laquelle le j~suite ~crivait.

Bouhours donnait le~ nouvelles concernant sa ~ant~, son travail, "

ses amis, ses occupations, les affaires qu'on lui confiait, les livres les plus récents, etc ... sur le ton de l'information. Il ne les racontalt ) pas à la manière de la "divine marquise", et malqrti ce ton, ses'/missives sont très personnelles. Elles ne contiennent que des sujets qui le

touchent oU' t8uchent soh correspon.€Iant, et ri en de ce qui donne aux lettres l'air d'une dissertatiofl ou qui. n'est la que pour être. montré aux amis.

'16' '

Bi en que Bouhours dise hafr' tout ce qui' est précieux \ 'on ne

.

peut s'empêcher de trouver 1\'ses lettres une teinte de préciosité Qui~

.

loin de leur nuire, en'au9~ente le ch!rme. Cette préciosit~ de bon

- 1

goOt, provient du

caractè~e

poli et

gala~t

du père jésuite, de sa manière de penser fine et délicate,'de ses fréauentations. ~ . Elle est absolument

i'

étrangère à l'affectation et aux recherches de la rhétorique. Les trente-huit. lettres qui nous sont parvenues ne renferment aucun mot difficile et contiennent seulement deux figures de style. Une

a

propos 'du livre que Bouhours projetait d'écrire ~_~anière de_bie~enser dans1es

·----·-d' °,(17) "C' t 1 " (d J()

ouvrages espn

e

:

es pour ce a que J en ram(\sse es penst:es de tous côtés, des auteurs anciens et modernes, c'est-à-dire que je lève des troupes pour combattre." (18) La deuxiênle est'plus

développ(~e:

"J'a;

eu à- peu près·l'a~entuPê d'un homme qui, s'étant r.JÎS, dans une barque pour

(16)

1 'II'

o

"

9

\1 .

ou pris par les corsanes d'Alger, c'est-à-dlre pour ,m'exprimer sans

f1 gure, .. " (19)

.'

Il n'eut recours qu'à un style clair, précis, simple et naturel.-Cette perfection formelle, loin d'être innée, était le fruit d'u~ effort constant. On ne sait que trop-le penchant de Bouhour(S

.

.

a

observer les

\')

gens q'ui parlai'ent bien, li inscrire toutes les belles expressions et

"pens~es ingénieuses'" qu'il rencontrait au cours de ses lectures, pour

l~s publier plus tard. 5'il reprochait une chose aux lettre~ de Voiture

\

c'est bien la nêqligence du style . Il l'avoue dans ses Doutes sur la langue françai~e: "J'ai été ,surpris

.

,en rélisant les lettres de M. de Voiture, de rencontrer dans une même page cinq fois )e mot d'honneur,

-,

sans parler d'extrême et

d'extrêm~ment,

qu'il dit

a

toute heure et rue

.

j'ai cOf11pté sept fois dans une lettre qui n'a qlJ'une'page et

demie."~20)

"

Bouhou'rs a es sayé de comprendre 1 a ra i son de ce 1 ais ser-a 11 er:

"Ii falla.it qU'il n'y pensast guères p~ur\ s'en servir si .. souvent.

peut-être r.u'étant tout appliqué

a

trouver de jolies choses et ~ tourner

'"

finenent ses pensées, ii7(ne sonl]eait pas aux paroles et négliQeait un

\

peu

l~

justesse de

l'expr~ssion~2l) lui-même'~'a

jamais eu

c~tte

1

faiblesse et l'on reconnaît dans l'~pistolier l'artisan du style que

le XVlIiè~e slècle a tant admir~.

" 1 Si la missive de BOuh(lUl·~t conforme à "lit ~anière de fa,~1 un billet" d~finie ainsi par Richelet: "On entre d'aborQ,el'Lmatière,

et\ l'on y explique sa pensée d'un air alsé et ingéni~ux. le sty~e l,

en doit être vif et CGUp~, simple et naturel, mais sans bassesse. On finit le billet d'une façon naYve qui ne ptl.ralSSe point êtudiée, et qui, 5\';1 est possible, ait toujours quelqueochose qui pi~ue agr~able*ment

,\

<

t

(17)

(

o

- 10

-, P2)' .

le coeur ou l'esprit, ou tous les deux ensemble,' - s~ longueur ,1'~loigne

du b111et. Celui-ci es't plutôt un "message bref réduit il l' es se'fltiel

(23) • u (24)

dans son contenu comme dans ~a forme", "un écrit très court". Or Bouhdurs, sans être bavard, ne ~~duisait pas ses messages au minimum.

Il allonueait ses billets beaucoup plus que ne l 'ava;e~t pr~vu les l d , - ' l ' (2 5 ) 1 ' 1 f " lm d S hl é

manue s a r t eplsto a1re.\ En ce a! 1 a1sa1t comme ~lIIe e.a ,

Mlle de Scudéry, Voiture, Castar, etc...

~out

ce beau monde avait adopté le billet "manière de s'écrire la plus ordina;'re et la plus

~

la mode. II·(26}

1

, /

Nais chacun l'utilisait de la maniË'!re qui lu; convenait. On allait '

un peu' au-d~l~ des règles, on efPiétait sur.

ie

domaine de la lettre, mais 'cela n"avait guère d'importance. Le 'fait d'avoir choisi la forme

1 (27)

du billet autorisait beaucoup de libertés. , '

i

En comparant cette manière d'écrire ~e Bouhours avec celles des grands épistoliers de son époque, nou2 sommes arrivée'à dégager la

'----

'

conseption que se faisait ~ri5vé_f:.end père d~'l'pchange épistohire et

/~;leur qu-'-H---d

a

la lettre. Une" chose apparaît,nettemer- la

lecture des trente-hui·t lettres: la correspon~ance ne fut pas la grande

1

passion de leur auteur, ni son rasse-te~ps fa~ori. Il écri va it pa r 1 nééessité,.car cOlTlllent autrement res~fr en contact avec ses amis?

1 1

Il fallait écrire, au moins de temps en temps; Mais les lettres de Bouhours ne

so~t

pas pour autant de<; 1 ettres\ de "bi enséances ", vi sant seulement à garder entre d~ux corresp~mdants des Ielations conformes aux

exi~ences de la polites~e. Elles ne r~ssemblent , pas à celles que les

,

• 1

recueils épistolaires du temps donnaient en exe'mple pour la ~nsolation,

/" i ~

1 es comp 1 i men ts, 1 es exc~k.ê.!:--".. E 11 es so ht plus sincères et plus

.---personne 11 es. / l , . --~/! -....,1 / / ,

..

/ / ' j 1 /

(18)

1

(

o

11

-Bouhours prenait la plume quand il avait u!,fe chose partic~lière

!

à cl~nuniquer. Il n'écrivait ni pour bavarder, comme le faisaient

les habitués du samedi de Sapho - ses occupations ne devaient ~as lui laisser le temps nécessaire - ni POU( se soulager, s'~pancher ou se

çcnf;pr conlTIe le faisait ~'me de SévignÉ'. Une discrétion toute classique l'empêchait c!e parl er de son limai ". Cette retenue dans ,l'expression de soi est sans doute à lier au contr6l~ continuel qu'exerçait Bouhours sur sa plume. ,Il s'a9it d'un caractère qui ne se la~sse pas aller. Mais, la mort de ses ami,s le bouleverse trop pour qu'il n'en laisse r:j~n

ï ~

1 • ~

pùraître dans ses mi'ss ives. Nous le voyons a l.ors désespérê. Au cha9rin causé par la disparition de personnes chères (Lamoignon, !Rapfn, la présidente de Torigny), s'ajoutait l'effroi de l'homme devant sa

petites~se'dans "univèrs. (28)

Sa correspondance ave~ussy, rarcec]U'elle est la seule suivi~.

qu'on ait de lui, montre birUrfJUOi Bouhours'écriv~_~t. Plus de

la moiti é des ci nCJu'an~tre 1 ettres qu 1 il envoya au' sei !Jneur bourgui gnon

de 1674 à 1692 furent écrites dans les sept dernières années fe la 'vie

d e ce Ul-Cl,' . 1 , , ' ( 29 ) ·1 l Y aval t a ors pus. e choses . 1 l d ~ se d . 1 re: es nouve l 11 es

des affi!ires de Bussy à Paris,

I

dont s'occupait Bouhours; les opinions " que se donnaien~ rêciproquement les deux amis sur leurs ouvrages en cours, etc. .. ' Il en fut de même a vec ',es autres ar.ti s: Bouhours écri va it

a

• - ' 1

~1l1e de Scudéry pour lui souhaiter boni1e ann~e, ou pour accompagner un

~ ..

1

'présent; à ttlle de Sablé, pour lui présenter le secrlitaire <lont elle avait ,).. besoin; à Boileau et il Georges Gallet pour des

affa~res; ~

-d'aut-r-.e1s au.

sujet de livres ~ lire ou à corriger. BOuhours écrivait donc 1\ co~e

nos J>lus grands classiques, Bossuet, \Racine. Fénelon, quand il trouvait

\

\..,

(19)

'-d.

- l?

l a mati ère.

Mais le fait d'écrire pou~ une raison '~m~diate n'enlève pas A

la lettre sa valeur sentimentale. Pour le père

j'ê15ù{:te~ 'p~endre

la plume constituait un~ preuve d'amiti!. Il s'agissait de maintenir un

minimum de régul~rité dans l'échange épistolaire~ On savait qu'écrire

était se souvenir de son ami_ Les excu~~~~!é;térées de Bouhours de ne

~

ras avoir donné de ses nou~lles ,\ ,l, plus tôt, ne devraient'donc pas nous

étonner. Les raisons qu,il alléguait, maladie ou travail, avaient

pour but de montrer que son silence ne provenait surtout pas d'un

1

oub 1; .

1

La lettre n'était pas pour lui "l 'art de bien dire des

bagatel-lesh(3~)~ih

transposition de l'air galant des salons. Bouhours', n'y présentait ras, comme savait si, bien le fa,ire Voiture, les choses d'une

manière agréable et d'un ton enjOué.(3l) En revanche, on [le retrouve pas chez

1

le père jésuite ce désir très évident de plaire qui caractérise les

>,

lettres du poète de l"hôtel de Rambouillet.

A l'opposé de La Fontaine dans ses lettres à sa fe~e sur le

l '. ~ . (32) B h d l . t d é 1 . h . . Y0.xaue~ ~'rnlOUSJn' • ou ours ne annal pas ure une lmage c OlS)e.

.. 1 . ,

Il se cOnt~ntatt d'écrir~ simplement, naturellement et correcteme~t.

Ce qu'il disait des qualités requises dans le beau langage s'applique A,

~6 ',~ '1

me'rveille au style de ses lettres: "Une grande facii{té et une grande exastitude, des paroles harmonieuses mais pleines Ae sens, de la brièveté et~de la clarté, une expression fort simple et en J'!'.ême temps fort noble, une extrême puretü,"uneJaTveté admirJble et ave'c cela je' .

. (33)

'ne 'Sîay quoi de fin,et de piquant."

Si nous' cherchons à déga~.r la. conception que se faisait

4'

(20)

1

J'

-!

13

-Bouhou'rs de la lettre c'est parcequ'il ne l'a jalTlais~ formulée.

mê,me pas parlé,de l'art épistolaire, et, l'on se demande s'il existait pour"lui. Il prodiguait ses remarques sur la manière de bien penser. parler et écrire.; mais toujours en général et sans viser les lettres. ,

Il devait penser, avec Mlle de Scudéry "qu'~n cas de lettres. il ne faut simplement dire que ce que l'on pense, de sorte que quand on a de l'éspri,t et du jugement, on pense à peu près sur chaque chose, ce qu'il est à

propos de penser, et l'on écrit par conséquent, ce qu'il est à propos

p

d"écrire,,~34) ~1aiS

à l'opposé de son amie, il n'a pas légiféré. Il

- , ,

est dpnc certajn que Bouhours (contrairement ~ Balzac O~,à Voiture) ne c;herchait pas à se faire un-e réputation dans l'art l'pisto1aire. Il semble même n'avoir Da') donné beaucoup de valeur littéraire aux lettres.

car, en d~plt de 1 '~,age. il ne faisait pas ~e compliments

a

ses, correspondants sur les lettres q~'i1s lui écrivaient. Il ne parlait pas non plus.des ~iennes. Cela n'Hait pas très conforme-aux habitudes

~de

ses contempfins:

Chapelai,;~.

écriv_ait à Nicolas' Heinsius des 'lettres

. p1eln~~_cette fausse ll10destie qui le falsait s'excuser de leur

°médiocr~té pour s'attirer les éloges de son correspondant'. Le

Hollandai4 ne l'1anquait jamais de les

prO,di~gUer.(35)

D'aillleurs

Chap~lain'

le

~omplimentait

toujours sur ses belles

lettre~

et Heinsius ne pouvait

~

pas, sans passer pour impoli, ne pas lui r~ndre la pareille.

Mme de Sévi gnl', auss i , 'exprima it ses doutes sur l a flua 1 Hé de ses lettres à Bussy

. (36) son ~~us n. "Le élog . 37}

et louait toujours les talents épistolaires de libertin, galant homme" lui adressait

~

son tour de.s

Ces campl illJents. <lui tendent à assurer le corresponda,nt de la ,

Il

-

..

, /

/

(21)

(

14

-'"

valeur du système pplstolaire établi, et1r~ ~révenir ses ~ritiques qu'il nlauralt jamais formulées d~ailleurs - n'existent pas chez Bouhours.

n.

lJuchêne a observé que ce genre de louanges- était assez

/

rare- chez Balzac et les auteurs des lettres littêraires, fréquent chez Voiture et les ~pistoliers n~ndainsS38) Bouhours, conscient de la qualité de ce qu'il écrivait, auralt-il rérugné au Jeu de la fausse'

modestie?"ou bien.

~urait-il jUg~S

, . mérite, ces lettres familières qu'il

.

échan~eait avec ses correspondants? Cette sobriété étonn~ un peu de la

part de Bouhours qui aimait tant plaire!

Il ne louaît même ~as les lettres fami1ières de Bussy. Bussy que tous ses correspondants considéraient con~e un maître du genre, et qui était le premier ~ ~e croire! Qui, ~urto~t, exprimait son

admiration à Bouhours

éPistolier~(39)

Les seules lettres de Bussy que Bouhours alt louées

I

sont

ce~les

écrites au roi. Le père Jésuite louait

(40) donc les lettres littéraires, les "miniatures" pour reprendre son mot, et non pas les lettres familières.

D'un autre côté, Bouhours n'a publié ni préparé l'~ditiqn de - sa correspondance. On n'a même pas trouvë!de copies de ses

let~resJ4l)

, 1

o

...

_----~._-- ,

Cela est révélateur du sens qu'il donnait à l'échange éristolaire:

t

celui-ci n'avait qu'une valeur immédiate poür le jésuite. Du moins, est-il certain que Bouhours n'eut p~s les prétentions littéraires de Bussy ~ui avait pris soin de transcrire sa correspondance plusieurs

, (42)

tfo.is, et même d'envoyer au roi quelques-unes des lettres qu'il avait écrites à ses amis.

la conception que se faisait Boubours de la lettre et les

cara'ctéristi'ques de cette detnière la placeront entre celle des mondains,

(,1

(22)

1

C.I

'\"'" ' " J

'.\.

l

l S

-tel Voiture ~t Godeau qui ne pensaient qu'J la manière de dire, et

...

celle des ~rudits comme Chapelain et Peiresc qui s'intéressaient surtout

à la matière. Bouhours écrivant toujours pour dire quelque chose soignait son style, non pas pour sustiter l'admiration, mais pour

atteindre la perfèction, idéal si longtemps recherché par les classiques. Nous pens~rons peut-être aux missives de Halherbe ~ Peiresc,

,

~ cause de cette expression directe de la réalité à des fins d'infol1lla-tion143) Mals nous ne pourrons pas dire des lettres de Bouhours ce que Du Bouillon dit de celles de r1alherbe, -à savoir qu."elles donnent l'impression d'e l'entendre de'viser au coin du feu!44 ) Celles-la sont plus proches du message que de la conversation. Bouhours ne demandait

.

pas à ses lettres de continuer la vie de salon, mais de faire commun i quer des absents. )

Peut-être est-ce la raison pour laquelle les recueils des

"plus belles lettres françaises" ne renfermèrent pas celles de Bouhours?

En vèrit~ les lettres familières du r~vérend pêre etaient trop

person-nelles et trop simples au gant des éditeurs de ces recueils. Richelet leur a préféré l'épître dédicatoire de Bouhours à Patru, assez conforme

(45) . - ,

aux règles du genre. Pourtant le livre de Richelet comprend, plus

~

que les autres, des lettres écrites par des auteurs mO.ndatns. Mais 1 a préférence est donnée à ceux dl entre eux qui penchent pour la rhétorique: Halherbe, Voiture, Balzac ... " Les noms de tl1re-de Sablé,

la mar~uise de Rambouillet, la comtesse de Maure, ttne de Sevign~,

n'y figurent pas. le choix de Richelet est représentatif de celui des autres "faiseurs de manuels", car cOlTllle l'a dit M. Duchêne: "L'ouvrage r

de Richelet appar~it comme la SOJ\1lle de la littérature épistolaire du

; " il5

1

t

,

(23)

( \

..

' 1 J

0

16

-si èc le, des t i née à mont rer' à '1 a foi s comment on écrit et comment il faut êcrire.,(46)Ma'is Justement Bouhpurs ne s'embarrassait nas des

(

prfceptes de cette littéralfure épi,stolair~ "sur la 'mpnière ,~e faire"

1 une lettre ou un bill et. Il s' a9; ssaï t pour lu; du Jnt; ment de ce qui

conven~it O,ll non d'écrire. Il faisait confiance à son esprit de l'finesse".

Il ne se~préoccupait pas d'appliquer les règles ~e Puget et d'écrire une lettre seJb'n.,res formes, avec exorde, discours et

conclusion~47)

f3ouhours Sfl passa\t de cette composition et préféra it donnerl à ses l

ettr~s

....

-un ùlr spontané let ,-un caractère original.

1

La correspondance de Bduhours n'est pas s~ulement précieuse parcequ'elle nous montre la diversité du génie de son auteur - car ces lettres /ami li ères sont très di fférentes des oeuvres graml)1ati ca 1 es ou littéraires et des épîtres dédicatoires du aère jésui~e - mais aussi

oarce qu'ell~nous fait bien comprendre pourquoi leur auteur a tant réussi dans la société Qu',l fréquentaft.

Doncieux a bien montré comment Bouhours a fait-ses débuts dans les milieux mondains parisiens, grâce à son confrère Rapin et à ses

"

"~antises chez Colbert". D'après Doncieux, la carrière,cle Bouhours

commença quand ses supérieurs

~e

1a Compagnie de'Jésus, le dé::;ignèrent pour prendre la défens"e de l'archevêque d'Ernbrun,(486ans l'affaire

du !'4~u~~~}es_talT!..e.nt de Mons_. Après le polémiste, l'homme de lettres

se ;it connaître avec les Entretiens d'Ariste et d'Eugène\49)Le succès, de ce livre acquit à

Bcu~our~

sa

r~putation

de bel esprit et de gram-ma i ri en. Dès lors, les plus ur~nds écrivains s'adressèrent à lui en ./

-mati ère de langue.

r

(J

Il devint l'arbitre du bon usage et du beau langage grâce ar

(24)

"

1 ...

\

f

t

(

"

}

!

\ t F ~ ,.

r

1

l

f

t

f

t

1

,t

l

l

. ( 1 7

-livres qu'il composait, à ses

frfquentations~5n)à

la bonne formation qu'il <!'

ft)

Jvait reçue au Collège-de-Clermont, à sa'passion du fr~~çais qui le poussait à améliorer se~ conhaissancei, et; surlout au besoin , ~u'avaient ..,

le~ rrançais à cette période délicate de la formation de leurl langue

• < l ' ;

d '"un homme comme Bouhours.

Les lettres qu'il échangea ave'c les écrivain,> les plus connus

-.

de son temps rlettent en ~!e place importante qu'occupait

-Bouhours dans la société cuHivée.

Racine~51)[)qm

Félibien~52)Bussy-Rabutin~S3)n'hésitaient

pas à lui demander de reVOlr et corriger leurs oeuvres. Saint-Evremond faisé\it grand' cas de lui

~54)

'La

F~~~taine~55)

Bossuet,(56)Féchie~57)lu'i

adressaient de vifs

com,Plim~nts'slfr

ses l'ivres

.

qu'il leur envoyait et reconnaissaient en lui un des maîtres de la 143ngue .

Pourquoi des écrivains si célèbres aujourd'hui n'osaient pas publier leurs ouvrages avant d'avoir reçu l'apprQbation de Bouhours~

/~on seu~ement

,il écrivait bien

~t

faisait de pertinentes remarques

s~

la lan9ue, ~ais surtout il parlait au nom de l'usage. notion très

importante au XVIIi ème si,ècle.(52)

Le langare des salons Hait arriVé à un tel ~degré de politesse'

,1

et les lecteurs étaient devenus si pointilleux sur le vocabulaire et'la

'1"... 1

.;

manière de dire que le succès d'un livre pouvait être compromi~ par

des mots mal placés ou quelques",constructions inusitées. Cette théorie -"

1 •

de l'usage ne faisait que 'pr.plonger celles des bienséances. 11 s'agis-'

,

sait de se distinguer en se conformant à l'usage général, car celui q~i

()

ne faisait pas comnle les autres était mal vu.

le

Bien-dire acquit

ainsi son importance dans cette société où la 'moindre singularité chmjuait

(25)

l '

.

, .

, .

~ .

18 ...,

. Le père jésu.ite, sachant exactelilent ce qU'll fallait dlre et ne

C>

1

pa~ di~e, devint pour ses contemporains une sorte de prophète en

matière de langue.

Il est certain que la rpputation littéraire de Bouhours a

contribué à sa réussite mondaine, mais celle-ci n'aurait pas é.G'

possibl~

sans ~ertaines qualités' appréciées par la société qu'il fré~uentait,

comme la courtoi~ie, l'a CUlture, l'amabilité, l'esprit, etc ...

.

-Les lettres de Bouhou~s confirment les témoignages de ce~x gui L'ont

c~nnu.

c;ur.S0n <lffabilité.· 60ncieux rapporte le mot deJ-'abbé

(50) ,

Lon,gueruè - sur Gougours: "Un homme pO'l i ne condamnant personne et cherchant il excuser tout le monde". Il savait que flatter l

'amour-propre de son interlocutiur <QU

correspond~nt)

était,â

meilleUre·mé~~de

pour se faire aimer." Sa preÎ1li~re lettre il Bussy indique qu'il n'était

\

jamais à court de gentillesses et il savait les di~e sans paraTtre

.

affecté. Il avait écrit à son ami: \'P1ùs je vous recommence. plus je trouve, mon compte avec vo·us. , En ~érité. Monsi~~r, vous êtes un

homme admirable, et, si j'étàïs roi je sais bien ce que je' ferais." L'exilé bourguignon nia pas pu

douteyt·~e

l\a sincéri.té du compliment, car 'celui-ci ,était fondé sur ce ,qu'il disait de lui-même dans·ses Mémoires,

a '

"~

d ,. ( 60 ) ", h . J{ • b . d '

que OU,lours venalt e l.re, et son p us c er déslr t:talt len être rappelé à la cour.

La délicatesse de Bouhours se laisse voir, quand pour atténuer l'effet des petites remarques qu'il faisait , à Dom Félibien et à xxx

\.

,

au sujet de leurs ou~rages à lire. il mettait beaucoup d'éloges, à "i~star. , d . (01) S· •. i ' l 1 . - lit --'

G. e .se~ contemporalns. . on savo r-VlVre ne se imitalt pas a a"U~esser

0. / _ '

l'

~' des compliments. Le père j~suite faisait des cadeaux et r~ndait des

~\

o

o • ,

'.

t •

(26)

J

t \

,

(

1\

i

,

f

,

.

1

1

1

,

'0

- 1 q

-services très aimablement; ses billets à Sapho et à Mme de Sablé en témoignent. Rien n'aurait plus fait rechercher sa compagnie par les

.

honnêtes"gens; et, en effet, sa vie mondaine était intense. les

>.

salons parisiens le sollicitaient en hiver et ses am~ssédant des

~-_ )-.i:_~

ll1alsoRs<'de carr:pagne l'y invitaient à la belle sais.on.(i2r

A en Jugar par les sujets de ses lettres, la conversation de />,

Il

Bouhours devait be~ucoup intéresser ses amis mondains. Ils aimaient, > 't. ' . tout ce qui était plaisant et facile, et Bouhours s'oc~~p~lt-ae.langues

,

II\OlÎer-nes, de 1 it~érature et de bi en ,di re. Son éru4ition n'était pas exclu$.,ivement classique, donc confonne au goût des mondains.

avoué dans sa lettre à xxx (no \76), aVOlr

d~laissê

le grec

Il a .

ciepuis longtemps, mais il était toujours capable de citer les pOèt-es

l . l' (63)

espagno s et lta lens,

\

Ni les mathématiques, ni les sciences, ni même les livres "sérieuxll ne selblaient beaucoup l'atti·rer. Il a}crit à Bussy: "C'est-à-dire qu'on

f

~t

quitter 'un o'uvrage' agréable (La Manière de bien penser) et qu'on a voulu que j'en achevasse un très sérieux. Il (64) Cet ouvrage \I"très

s~-• 1

,~.

rieuxll

n'était autre que la Vie de Saint-IgnaceJ65)En 1690, il se plai-1

gnit de nouveau

a

son ami de ce que la Compagnie de Jêsus ne le laissait pas travajller à ce qui lui plaisait. Elle l'e"Dageait ., A entreprendre la traduction ~du Nouve,é!u Testament et à continuer la critique du lan-gage des jansénistesJF6)

" Les amis du révérend père savaient que ses gants allaient aux • ôuvrages d~li~ats :t qu'il y excellait. r.\ne de Sévi gné ~cri vai t de lui'

..

à Bus sy, 1 e 2 décembre 16û7: "Notre ami se réjouit fort de ces sorte~

d'ouvrages (La_ Manière de bien penser).! Tout ce qui fait connaître les

1

" \

(27)

r

(

'-o

- 20 - _

lnjustes approbations et qui traite de la justesse de l'~'prit est

justement fait popr lui.,·(G7) /

. Nous voyons bien, grâce à ses·l ettres, qu) BC\uhours éta i t loi n .d'être pédant, et que l'esprit

~tàit

un de ses

tr~

caractéristiques.

En lisant ces quelque's lignes écrites râpidement.à Bussy: "11 a plu à

un conseiller de la grand 'chambre de fourrer un de mes amis dans les cachots de la conciergerie ( ... ). C'est grande pitié que d'avoir un juge pour partie et par dessus-cela un dévot. Il vaudrait mieux avoir affaire au roi et au pape. Il (68~ on se rappelle la phrase de Mme de

Sévigné décr\ivant Bouhours: "l'esprit lui sort de tous

côtés,,~69)que

Bussy avait trouvée si exacte.

Bouhours conciliait très bien la vje mon~ine et son état d'ecclésiastique. A l'instar de ses confrères, ce oère jésuite avait

compris qu'il ne fallait pas être très sévère avec les gens du monde, c,ar ils risquaient' de s'éloigner de la religion. Sa lettre du 31 Jànvier 1690. illustre bien la morale compréhensi~e des jésuites, tendant à

.

.

concilier les extrêmes. IliY so~hà;tait à Bussy: "Une heurel,lse année pleine des bénédictions du ciel et celles de la terre qui ne gâtent

.

. quelquefois rien." les Arnaud ou les Sacy n'auraient jamais rapproché / ai ns i l es deux mondes.

Bouhours parlait rarement de religi~n dans sa correspondance. Souvent même, il avait des mots surprenants de la part d'un prêtre,

~omn~:

"Je ne serais pas bien aise que vous fussiez si philosophe et si chrétien pour

moi"~70)ou,

toujours à

Bu\~SY:

"f·1ais ils ne m'empêchent· pas de sentir vivement la continuation de vos malheurs et de Illurmurer un peu contre l ët l'royi den ce . II( 71) Ces affi rmations peut-être un peu trop

(28)

. " r

(

21

-polies et trop c09uettes de la part d'un rellg~eux, bien au goOt du temps

d'aileurs~72)n'étaient

qu'une façon d'exprimer

l'amiti~.

Dans sa correspondance, Bouhours a donné ue lui-même l'image d'un horrune prenant à coeur les int~rêts de ses amis. Sa "jeune amie"

. . (73) . \

est en mauvalse santé, cet autre e~t en prlson et t'est ct Bouhours

d~

l'en sortir. (74), Il né91igeait ses devoirs à force de veiller ses amis

malades~75)

D'ailleurs, Boileau, lors' de sa ;?erelle aVéc les jésuites, n'aurait Jamais demandé à Bouhours de l'alder, s'il avait eu le

moindre doute sur sa bonne volonté.

Sans ddute, Bouhours rendait-il service à ses amis par bontp,

mais aussi parcequ'il vivait dans une soci~té 00 le paraftre était très important. Le jésuite appliquait ainsl le conseil de La ~ruyère ~ui

\ t

disait: "Ils (les hOllll1es) devraient comprendre qlf'il ne leur suffit pas d'être bons. mais qu'ils doi:vent paraître tels."(76' Aider ses amis

,

.

était aU,ssi une manière d'évaluer sa réusslte sociàle, et ~urtout" de faire.connaTtre sa bo~té et son humanité. En intervenant pour que la fil;e

di

Bussy

~btienne

o

'abbaye de Lanchare, Bouhours voulut montrer et son prestige et sa serviabilité. , Mais ses efforts échouèrent et ses lettres à Bussy témoignent d'une grande déception. Bouhours avaït déjà éprouv~ le même chagrin. après la parution de~ Pensées ingénieuses

de~ Anciens et'de~ Modernes, parceque Bussy ne seritit pas tout de suite

1

l es effets escomptés de l a bonté du roi. (77) .,

On ne pourrait pas prétendre que l'amitié seule l'incitait ~ \\ "

passer~~ longues heures à lire et remanier les ouvrages de ceux qui le

qui demanda i ent. Il Y entrait certainem~nt beaucoup de fierté et de

plaisir à se voir l'arbitre du bel usage. Sa satisfaction d'a~ur-propre

(29)

(

i\

22

-apparait clairement quand il envoie b Bussy les quelques lignes que

Saint~Evremond avait écrites, d'Angleterre, à Ninon, au sujet du père

Jésuite: '''Si vous connaissez Barbin, faîtes-lui demander pourquoi il imprime tant de choses sous mon nom, qui ne sont pOl nt de moi (.

t) ,

On me

donne une pièce contie le père Bouhours aD je ne pensais jamais. Il n'y a point d'écrivain que j'estime plus que lui. Notre langue lui doft plus (ju'à aucun autre\ auteur, sans excepter vaugelas.(78)

~i en 'mat"lère de langue Bouhours suivait l'exemple de Vaugelas et n,e parlait

~u'au

nbm

de l'usage, il ne

consulta~t

ni n'imitait

personne (juand il s'agissait d'écrire des lettres. Il se contentait de reslter ce qu'il était: poli, spirituel et aimable.. Le bon goût et le

\, 1

"-\

1

naturel étaient alors ses seules règles. -Les lettres de Bouhours

,-c~nstit~~nt

d'excellents documents pour comJrendre le caractère du

D~re

jésuite, car',la lecture de ses ~uvres grammaticales ou de ses épîtres

\

dédicatoires donne l'idée d'un Bouhours dénué de souplesse et d'esprit de création, soumi~

a

l'usage ~t ne parlant qu~en son nom. Seules s6 lettres familières nous apprennent qu'il pouvait être très personnel

e~ différent des autres.

Bouhours a su surmonter ses tendances

a

l'originalité et à la liberté, que notre époque encourage, mais qui n'auraient pas mené à la gloire un homme du siècle classique. Bouhours voulant réussir dans sa soclét~, d pris le seul chemin POfsible alors: celui de la conformité

à l'usage. Car, s'il brilla dans son temps c'est justement parcequ'il

.

'

rerrésentait toutes les qualit~s sociales honorées par ses contempora1ns, et était très attàché à l'usage dans le domaine de la langu~.

Si les lettres de Bouhoursrn'ont p~s partièiré avec les Pensées __ ~

"

, l

(30)

l'

1

(

23

-<.le leur auteur, c'est peut-être parce Gu'elles étaient un peu trop

p~rsonnelles au gont de l'~poque.

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i i J ---~;., .... - ,.-. ~-f;~~-I~-, '1?iJ ... ~J'\~ f'''::~_~''::1~l?J,''''''.

(31)

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LA CORRESPONDANCS DE BOUHOURS

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(32)

1

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-~otice sur la présentation_q~~~ttres

Les lettres de Bouhours sont suivies d'une notice quand celle-ci

1

peut aider

a

la compréhension. Viennent ensuite les notes explitatives

~ .

relatives aux points que nous avons , n~rotés alphabétiquement sur la lettre

",... ,

du jésuite ou sur la lettre/reconstituée. Quant aux chiffres arabes, ils renvoient aux notes qui se

tr'ouve~t

râ'ssembl ées

a

la fin du volume.

Nous avon~ donné les lettres de Bouhours, groupées pa~ correspondant et celles adressées

a

une même personne se suivent chronologiquement.

l' Les lettres perdues de Bouhours que nous avons reconstituées d'après

celles qui 'Iui ont ét15 adressées,' , se trouvent intercalées chronologiquement '.~ entre les trente-huit lettres de manière à créer une impression de contin\Jité. ' l i Les missives qui nous ont servi à cette reconstitution, sont données en

Appen~ice pour épargner au lecteur la peine d'aller les chercher dans divers

livres et revues, parfois difficilement accessibles.

Les lettres inédites de Bouhours que nous publions conservent

l'orthographe originale. Celles qui ont été déJ~ publiées sont donnée~

dan~ .. ,lJorthographe qu'avaient adopt~e leyr~ d~rniers éditeurs et qui ~st .

' \ . . , .. ~

presqu~ toujours 1 'l'ri g'i na 1 e.

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(33)

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LETTRES \DE BO'uHOURS A BUSSY-RABUTIN

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(34)

1

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27 -1 (

Il

Notice

..

Vingt-quatre lettres de Bouhours

a

Bussy nous sont parvenues

et nous avons reconstitué trente autres d'a~rês les 'réponses du seigneur bourguignon.

N'ayant rien trouvé dans les livres de M.E. Vaillé et M.A. Belloc

sur la poste au XVllièltle siècle, concernant le temps que mettait le courrier

,

pour faire le trajet Paris-Bourgogne. nous l'av'ons calèulé nous-mêmes en comparant les dates d'envoi et d'arrivée des lettres qu'écrivaient de Paris les amis de Bussy: il fallait au moins trois jours et dix tout au

1

pl us. (Voir dans

Correspondan'ce de Bussy, la lettre de Mme de Scudéry

J

écrite le '16 janvier 1675 et arrivée en Bourgogne le 19 du même mois

( II. ~2l), et celle de Bouhours (no 4". écrite 1 e 6 février 1675 et \

parvenue A Bussy dix jours plus tard. ) Nous supposons dQnc cinq jours

en

moyenne pour que la missïve de Bouhours atteigne Bussy.

(35)

.

"'

1 • ( , 1 1 1 .'

..

Notice: o - 28 -1. Bouhours à Bussy

A Basville, (a) ce 4 octobre'" 1673'.

Je sero;s un ingrat, monsieur, Sl je ne vous témoignais

/ un peu ae reconnoissance pour tous les plaisirs que vous me donnez.(b) Malgré les vlla;ns ,jours que nous

.... - }'- t

avons ;C1 depuis que vous nous aVFz quittés, et une

furieuse cohue, (c) que je crains encore plus que les vilains jours, vous me faites passer le temps le plus . ~-agréablement du monde. Je suis fâcht seulement de me voir sur les fins de ce que vous m'avez donné

a

iire.(d)

1

Pour m'en consoler, je relis plusieurs fois ce que j'ai déja

lu, et je vous avoue que plus je vous recommence, plus je trouve mon co~pte avec vous. En vérité, monsieur, vous êtes un hOJTll1e âdmirable; et si j'étois 'roi. je sais bien ce que je ferois";(e) ma-is par malheur je ne le suis pas, et 11 nly a pas trop d'apparence que je le devienne; je sui s du moi ns votre admi rateur et de pl us votre, etc.

1

Cette lettre est la premïère que Bouhours ait écrite

a

Roger de Rabutin,

/

.

comte de Bussy. Ayant obtenu du.roi la permission de passer quelques mois

a

Paris, Bussy y arriva en septembre 1673, de Bourgogne où il était exilé. Le 30 de ce mois, il rendit visite

a

son ami et ~arent ,~ premier Jrësident de Lamoignon, dans son domaine qe Basville. La,

11

rencontra Bouhours, habitué de la famille. Ils le lièrent d'amitié et

commenc~rent une correspondance que seule la mort de Bussy devait

interrompre en 1693 .

Louis XIV avait emprisonné Bussy en avril 1665, pour avoir écrit 1

(36)

1

"

29

-" de certa i nes dames de l a cour. Lorsqu'en août 1666, prétextant sa mauvaise" santé, Bussy demanda au roi de 1'\..11 permettre de se retirer dan, ses terres de Bourgogne, il ne savait pas qu'ainsi commençait un exil auquel le mo-narque ne, mettrait fin ?ule~ 1682 mais l r a~cueil froi d de Louis XIV

'awsi que le méchant état des affaires de Bussy, obligèrent ce dernier

à rentrer

~ans

ses châteaux et à y fini r ses jours (Il) . Notes explicatives

a) 13(0 v LUe:

Maison de campagne de Lamoignon, située dans l'Essonne, au Sud-Est de Paris (l'ancien département de Seine-et-Oise): Elle subsiste encore, et dans le parc, on montre.une charmille qui porte le nom de Boileau,

ami de la famille.

b) Le ~ pC (U,~ uv., que V(J(L-~ me donnez:

1

La réponse de Bussy, datée du 4 octob're -16'73, (2) nous apprend que ces plaisirs étaient purement intellectuels et causés par Les Memoires de Bussy que ce dernier lui avait donnés à lire, lors de leur rencontre à Basville. Bussy avait composé Les Mémoires pendant son exil, pciur

~

.

meubler ses longues heures et donner des' leçons à ses enfants.

Il Y racontait sal,vie juslfJulau moment où le roi l'autdrisa à se retirer

Il ill

en Bourgogne. Cet ouvrage fut publié en 1696, par les soins de

l

Bouhours et dè Mme d{Col,igny , fille de Bussy. (3)

_ c) Lille 'huJzieu-6e c.ohue:

Lamoignon avait toujours chez lui beaucoup d\amis. Bouhours et Ra;:>in

v'

(37)

l '

(

1

t-o

1 (

,

30 -o 1

écnt à

Bu;~y,

de Basville, le 2 novembre 1677(4), où il était en compagnie de Louvois et du Tellier. Mme de Sévigné a fait·à so~

.!>

cousin l'éloge de Rapin et de

Bo~rdaloue

qu'elle venait de rencontrer chez Lamoignon.(5)

\

d) Ct'--.!lIH' you~ Ill' avez dt/IUle,' a Lifte: Les Mémoi ras

• Il le rappelleraH certainement~là la cour et le comblerait d'honneurs .

. 1

\

~ > • " l ~\ Q , " 1 J ,

(38)

r

Q , Not i ce: o 31 -1 2. Bouhours

a

Bussy A Parjs, ce 16 octobre 1674.

Vous avez sujet de croire, monsieur, que je suis mort. Je crois moi-même que je l'ai été. Et quand je songe

que mon mal (a) ne m'a pas permlS d'avoir commer(!e avec vous, il,me semble qu'il mla empêché de vivre. Quoiqueje ne : sois plus malade, grâce aux eaux

d~

Bellesme(b) et

~

l'air <l

de la campagne, je ne suis pas encore bien ressuscité;

,

car ce n'est pas assez pour vivre que d'avoir de la santé,

il faut avoir deftla joif' Depuis mon retour, j'ai perdu presque en même

te~ps

un'bon ami 'et une bonne amie(G); et

Q-~ ~ ...

on ne peut être plus touché que je 1e suis. , Vous savez, monsieur, vous qui avez le coeur si bien fait et l'esprit

Sl écla1r'é.

qu~

ce sont-ld de véntables perJes",

particuli-èrement "pdur des gens comme nous qui faisons fort peu de cas des autres biens de la vie. L'amitié que vou~ m'avez promise ne sert pas peu à me consoler; je vous en demande la continuation de; tout Illon coeur.

Il ne semb-l e pas que cette lettre ait ëité un'e réponse

a

Bussy.

1

La première phrase pourrait le laisser entendre

mai~

Bouhours ne comment1e aucune nouvelle relative

a

Bussy. Il est donc probable que les deux amis ne se sont pas écrit depuis le 20 j~in 1674. date de la dernière lettre du Bourguignon. Not~s explicati~es:' a) Mon mal:

,

" .1

Sans doute s'agit-il des maux de tête qui avai1ent iris le j~suite,

tout jeune-encore, au Collège-de~Clennont OQ"'il enseignait les

. 1

a ,

(39)

,

-\

(

-0

"

.

'" - 32

..

humanités. Ces maux de tête inter~ittents, q~i le rendaient

0 '

parfois même incapable de penser. l'ont tourmenté toute s'a vie. {6}

..

b) Belle-6I1'1(!'.:

Arrondissement de Mortagne-au-perche, dans ltOrne ; était \êput~ au .XVII ièf11€ siècle pour ses eaux min~raJes.

!

Nous n'avon's pu les identifier. Bouhours parlera encore quelquefois

dë ~'amiti~ et on le verra désespéré~par la mort de son ami Rapin.

(Pour plus de'dptails sur l tlnrortance de l'amit;~ dans la vie de Bouhours, voir notre introduction,\p.21 ).

1 ) ~

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