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ti tut ca nadf en de Montréal (1844 - .1883) Le cont,t'Il 11 tUraire de' la bibliothèquePar: A rmar'tde Lebe au
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A, thes 1$ ~u.~~ted
ta:
\. F'aculty of Gl'"aduate Stud1es and ResearCh
ln part of ful1f111.ent
of ,the rèqutreaent1
For the degree of, "Master of Arts , ,
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~iiotre recherche se concentre essentiellement sur ' la"
bi b'l i othèque de l'Institut' canadien de Montréal
et
'son cQntenu1
littéraire.
Pour cefaire.
nous présentons cetteétude
monographique en troi s volets.~
!
D '~I)ord. nOtlS- nous,
a ttacheron;
i " h is
toire
de la bi b 11 othiquef
. i
de " leM qui se, veut intéressante
par
~on 'côté novateur len tant quepremière bibliothèque d'association
à
Montréal.E"sui
te, nousprocéderons à 11 analyse des ca'talogues imprimés de 1870, 1876 et 1883
...
,afin' de .conna;tre la nature des collections de cette'
b1bl1othè'qüe
\ '
d'aSSoc1ation; nous y constaterons la place de' choix ';ac~or~e au"
,
littéraire. Dans un troisième temps, nous ·-nous pench~rons sur le
-, " .
cCfntenu littéraire pour y découvrir une proportion importante de
r_ns
populair:e~ écrits en ,majorité par des autèurs
français,
prolifiques: -1.,.Dumas, Sue et Gèorges Sand. par 'exemple. ,Enfin-; ,vant' d·effectuer la
synthèse,
f1 noUs a semblé important demesur~r
l'impac;t'qu'ont
eules
'lettr'es Ge cond!mnat1on IIOrale Qe Mgr Bourget (8958) et l'Index l'ibrorùm
, ! ' J
PrOhfb1tor~ sur la b1bl1othèque. ,,', " 0 '
J i
t.n conclusion •. nous
rapPellerons le
rôle culturel jO'uë par- la.b1bl1oth~que de
l'institut
canadien. Quant lUcontenu
de cette,
bfbliothèque, nous nous dévons de souligner la' place prépondérante
occupée par la littérature romanesque. Le roman semblait répondre
à
unbesoin de ,lecture divertissante auquel ntétaient pas étrangers les
Montréala1s
fr.ncophone~
dU siècle~rn~er.
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,-Our researCh déal s 'pr1marily wi th the libra,ry of the ~nsti tut
canad.fen de Montréal and its l1terary content. We' will present th1s
monograph in three steps.
.
"First, we will examine the founding of the l1brary of the leM
s1~ce
a, l1brary w1tha'
closelY '11 nbd as'soc1at10n was an innovation int . t . .
t40ntréaJ in the 184,0" s. Secon(f1~. 'we wiU analys'e , t~e catalogues
"
-pr1 nted in 1870, 1876 and l883 in arder ta assess t,he oature 'of the (.
'cq1tections housed in. ~his "bibliothèque d'association", noting the
special importa~ce of literary' works. Thi rdl y , as. we exami ne the
1 i tera ry content of tne 'li b ra ry , we wH 1 pot nt out tha t ft conta 1 ns Il
large proportion
of
po~ula~ novels wr1tten primarl1y by prolifjc Frenchwriters such as Dumas, Sué and Georges Sand. Prior ta ~ur s~nthesi$, .~e
.
.
.
,
. deem 1 t important to measure, the impact of Monsei gneur·"8ourget' s ·letters
. ' . ' . '
'"
.
of Jll)ral condemnàtion (1858) and of the Index ,L1brorum Proh.1bi torum ,on
the life of the library and' fts ~ssocht10n.
,
.
.
In conclusion, we wfsh to underli'ne the cultural role played
by the .11brary of the Institut canadien de 'Montréal. As concerns the
library's collections, we must point out the preponderance of
romanttc
t ~,
1.1 terary work.s. The novel apparently answered a need for recreat10nal
reading keenly felt by the Montréal French ~peak1ng cOlllllun1~ of the
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"'-.. .'\ ..L 'histoire dU I1vre: 'ti)'pes d'approche • • • ., • J •
1. L"h1stolre de la b1bl1othèque de l'leM
·
.
.
1. Le éontexte
.
.
. .
.
.
.
.
...
.
2,. La fondation de ,
.
, ',ICHet de sa bfbl10thèque. .
. .
.
3 w L' i ncendi
e
de 1850. et un nou,veau départ.,
~, ,
,4.,,· Mgr Bourge-t et la bibliothèque de l~ICM
·
.
. . .
.
5.
Le èadeaudu pri nce Napo l éon •. . ·
.
. . ·
·
.
·
·
6, ta b1b
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othèque de l' leM devi ent "publique" "·
"· .
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Z .' DUparitfon de la bibliothèque de l' ICM
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Il. Le'fonds de livres de la'bibliothèque de l'IC~
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. .
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r.
Eht
de laèollect;on:
a~erçu
géttéral . • f ,<
·
1\ ' ,
2.
Corpus descatalogues'
canme 1nstrulllent de travail,' • • • •'1.- " ,
~
.
Les catalogues.ans l'histoire du livre et des
bib 11 othiques, ~' .... • 1". .' • • " • • , • -. • , • •
. ' Les catalogues de la bfbl fothèque de l' leM:
. organf.sation interne. " • • • .. • • . • "" • " • ~ ~ • 3. Le catalogue de 1852 • • (i •
4.
Leca
talogue
de1870
,.
.
.6. r Le supplément de 1876-6.Lê
catalogue de1883 .
7. Conclusion •••••.'
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" II L te' "'1 ttéra1 re" i '. fa b1 bl1othèq~ de l' leM
.... " 1. les conférenC'es
. . f. . • .
2. les discussions
.
.
. .
~.
.
.
3. La
",litté.rature"
-dans labibl10thèque
1. Défi r;;
tion
CIe ilL 1 ttérature" . . .11. Pol1 tique de"
clloix
de la collectionif 1. Cl
ass1ficat1on
desouvrages . . .
• ,1 ,1
·
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.
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• l"~·
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Q • ,1v.
Les catalogues de 1870, 1876, 1883et
leur contehulfttéraire . • . / . . . • . • ' . • • • • • • J • •
L~
cataloguedj
1870'=son
tontenu littéraire. .
•
.
.
~e supplémentde
1876: soncontenu
littérairel • • •. Le
cataloguede 1883: son
contenu lfttérafre • • .v. le
contenuL1ttérai;~let
la querelle aveé Monseigneur \ Bourget . • • . • • . • • • • • • • • • • 41 Il .. • • • Co~c 1 us 1 on .. . . " . . . • . . • • ~nnexe 1Annexe II
, , AnnexeIII
-Annexe IV
.-Cata10gues çIe 1870 et 18~ et supplément de 1876
,\
Auteurs
prolifiques-Tableau chronologique rel attf
àla
b1bl1 ~t~q1 del'
leMReprésentation graphique des volumes,en
b1bl~thèqUe
Annexe V Cata1 ague
des
livres de la 'bfbliothèque de 1 ~ICM, 1870/
Anne
eVI
7'Ub
çanad1~n
de Montréal -
Catalogue de,lab1bl1othèq~e
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46 -46..
50 53 54 55 59 60 61 64 66 / 1 . I.~ ! 1 1 1 :", 1 11
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Introduction.
'-t'ampleur que. prend le mouvément de créat1o~
dé
b\bliothèques,dur~nt' le C1ern~er ,quart du ,XVIIIe siècle en ~ur~pe et en Anlér1que est
. ,
~ttribuable en bonne partie aux 'perfecti0rtnements techniques apportés à
l'industrie.du livre., Cês perfectionnements affectent'a rapidi\té et·la
quantité de production de· l'imprimé; ,tiré à' quelques exemplaofres au
début
du
XIe siècle,le
livre'voit,
deux
siècles plus tar~. décuplèrses
· capacités de reproducti on. Rap'i de~nt. . 1 es réseaux de di ffW$i on
s'organisent et les bibl1othè~ues s'i~osent C.., un~ importante voie
· d'accès
à
1,'êcrit. "/ ,
ACheté en li bra 1 ri e. de plus en plus consu 1
té
ou empruntéà
la',
, . bibliothèque" le 11
vre
J' ,.même
s'J
1 ne 1rejo1
nt qu' u.ne mi nori,téalphabéti
sée,
Si impose aussiconne
.un
phén?Jllèn~ économ'1que, soc1al et
culturel
d'envergure.
1
Le BIs-Canada, bien ~ue fort éloi gné géogt:'aph1quellent ~ la
Mère Patrie, sùb1t !'éanmo'fftSi
l,es influences
européennes'; iln'est
pas,étranger ' au ~uYemeni de créati on de' bi b li othèques, pu{sque dis 1844,
, ,
,
cré,ant la,
sier:tne. " /.
, 'i .
Par la suite, on
assistera
i l'implantation graduelle-.
d: Ins~ftuts canadiens dans' plusieurs . villes
du
Bas-Canada. l.es· fol1dateurs CIe l''ln$~~tut canadien Of!
Montréal,
c:onsc1.nts d,',tre pl1'111
1
les pionniers deS
b1b)10Y.iques
~·assoc1It1ons.·· Y1se~t i COllblër...
\ ... ...-.~\\ _ _ :....-__ ._' _._ ... , ,.-.----~-,.,. . "" _). _51 '/1 ,~!
l\"1'
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\ ' 1 \ 1 1\!
1 1 :-' 1 i ·1 o!
!
1
1
l '
"' prioritairement un besoin dffnstruction et de progrès chez la popu1atfon
francophone de Montréal. Ce même but sera i rnpl1 ci tement ou
explicitement poursuivi par les merores de tous les Instituts
canadiens. Outre la gestion d'une, importante collection de livres,
l'Institut canadien de Montréal compte de noni:>reuses activités ~nnexes à
son actif, comme en téino1 gnent les archives où sont consignés les
multiples faits et gestes de l'Institut. En plus du tex'te de la
constitution et des règlements, les archives présentent une série
presque conti nue de procès-verbaux (1855-1900), de regi s tres des
aœissions et des "résign~tions" (i844-1878), de documents relatifs à la
bib110thèque (l850-1880) dont les catalogues manuscrits ou imprimés
0852, 1857,' 1878, 1868, c1869, 1870, 1876, 1883), des registres de
prêts de volumes (1852-1880), des documents relatifs aux finances
(1854-1880), ainsi que des documents divers (1853-1878)~ La série
archivistique couvrant les années 1844 à 1850 a péri dans un incendi e;
i l en est de
même
pour la collection de la bibliothèque, dontMais
/
c--cinquante et un volumes sont en circulation lors du désastre.
,l'Institut canadien de Montréal se relèvera rapidement de cette perte:
on évalue à un peu plus de dix mille le noai>re de volumes acquis entre
1850 et 1885, année où la collection fut cédée à son nouvel aèquéreur,
l ' " • • .. •
le Fraser Institute. Tous ces documents de première main témoignent de
1
a
vi e de 1'1 "st1 tut canad; en de Montréal: 11 s nous révèlent desproJets, des réa 11 sa~i ons, des éChecs ai ns 1 que l' organisat1 on et 1 e
contenu de sa bibliothèque. Peuvent-ils par surcroH révéler des idées
et des ~tal1tés propres i un milieu socio-cu1turel et à une é,poque?
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fi
1 •
Notre étude sé concentre sur la·bibliothèque de l'Inst,tut
canadien de Montréal et tente, à partir de ces docu~nts, de la replacer
,:;
.
dans le contexte socio-culturel du Québec au XIXe siècle. Cette
recherche roonograph i que se présente en trot s vo 1 ets.
retracerons l'histoire de la bibliothèque de l'ttM.
D'abord,: nOtls Dans un second
temps, nous étudierons les
catal~g~es'
imprimés 'de cette bibliothèqueafin d'y décOùvrir la nature de son fonds de livres. Finalement, nous
nous,. concentrerons sur le contel'l.l 'littéraire de la bibliothèque en nous
servant exclusivement des catalogues jmprimis ,de 1870, 1876 et 1883. Nous rappellerons alors la pOlémique qui mit aux pri ses Mgr Bourget et
, .
les membres de "
tCK
au sujet du contenu immoral de la bibliothèque.Notre recnerche se borne donc à faire connaftre l'état de la
col1ect'ion de la bi bltothèque; . elle n' aborde pas spécifique.nt le
""
domaine de la sociologie
da
la lecture. qui consisterait, en combinant"étude des registres de
pr~'et
celle des emprunteurs, à se demander<~
qui lisait quoi. Une telle étude, \dont l'intérêt ne faft· aucun doute,
demanderait cependant des travau~ approfondis .qui dépassent la portée de
,
notre présente rechèrche mais qui devraient un jour
être
accomplis.\ \ ." , \
f '
1 1 1c
_ _ _ ;---___ . _ - - _ ... _-"'t':---,-~- _ _
4
-L'histoire du livre: types d'approche
. f
Avant de nous engager plus â 'fond dans notre travafl, nous
croyons opportun de signaler une tendance de la recherche dans le
{
domaine ~ "histoire du livre et des bibl1othèques; nous en
justifierons ainsi plus 'facilement la méthodologie adoptée dans notre travail.
L'hi sto1re du livré offre plusf eurs domai nes d'investigation.
La production. la di ffusfon, la consolll11ation dU livre, ainsi que le
phénomène de la lectu-re et le. --portrait -des lecteurs virtuels, sont
différents types d'études possibles de l'imprimé. Roger Chartier et
Daniel Roche, quant à .eux, se sont intéressés plus particulièrement à la
,
diffus10n du livre en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, privilégiant ,
da,ns leurs travaux l'appl1cat1on de l'analyse quantitative. Leur
méthodologie, dont nous nous inspirerons. produit trois 1:iYpes d'études
reliées les unes aux autres: le dénombrement, l'inventaire global et'
, 'analyse parcellaire. Cette méthode, bien qu'elle introduise
l'utilisation de la donnée quantifiable dans l'histoire de llimprimé,
dépasse le niveau du simple chiffrage et prend tout $On sens' lorsqu'elle renvoie à une connaissance du contexte social, laissant ainsi pénétrer le social dans le c;hamp de l'histoire du livre.
Exami nons brièvement chacun des tro1 s types d' études
menti onnés _- plus haut. Les dénombrements et les. inventa 1 res globaux
s'attachent à saisir ~ 'allP1eur de la production livresque. Le
dénOlllbrelllent ou. c~tage des 11 vres per'1ll!t d'une part d' é'tlb li r , e
, / , --_._---~-~ ~~:;: - - ... je_
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._._
5 •
•
,nombre de volumes produits durant une pé~iode détenninée, d'autre part,
de déceler l'influence des innovat1o-ns techniques et commerciales sur la
production matérielle de l'imprimé. la courbe de croiss~nce de la
production du li vre se trace à partir des données numériques. fournies
par de tels dénombrements.
Dans le dénoà>rement, les tttres produfts sont cOIIIptés; dans
les inventaires globaux, ces titres sont classés, catégorisés. Les
inventai res globaux visent donc à recenser systématiquement, par
catégor1 es. tous les ti tres publ i ès: l'analyse minutieuse de ces
Jongues listes pennet d'identifier les sujets traités, chaque livre "'1
appartenant à la catégorie soit des ouvrages re'igieux, soit des livres
d'art, de' lettres, de sciences, etc. - Il devient alors possible de
quantifier la production propre à chaque catégorie et cela à difœrentes
époques. En bref, les dénombrements permettent un estimé ponctuel de la
production de l'imprimè;
~es invent~ires
globaux font reS'Sortir lescourants thématiques des vonumes publiés.
Pa~
conséquent. sufte à uneconfrontation des données quantitatives recueilli es, ces ~ux
1èYpes
dtétude rendent possible URe description des ëvo1ut1ons majeures: par
exe"", le. on peut comparer la rroport i on' de 11 yres re li gl eux par rapport à 1 a producti on gl oba 1 e à unel époque préei s~) et vof r s,,' ils s' appropri ent
ou non une grande part du marché de la diffusfon. Mais l'analyse
quantitative n'est pasuJ'le
fin
en ,soi; elle doit rejofndre le lecteuret tenter d' étab 11 r son
cour~nts thémat1ques. i ni
te
au 1 1)
1 /de participation œnf l'évolution des
•
I •• ____ ---~'---~~
'----~---.-t9,---r·
..
.
"..
.
,6
-o
L'analyse parcellaire de type monographique revêt
un
'1ntèrêt,
très particulier pour l'avancement de l'histoire du liv·re. "Approche
nouvelle", déclarent Roche et Chartier, car elle permet "de saisir Clans
le concret et dans la singularité d'exp~riences localisées des
mouvements i dentifi és au ni veau des grandes masses
".l
On procède alorsi un rétrécissement du champ d'étude au moyen de différents découpages
cernant ainsi le sujet de diverses façons: pour étudier la production
regionale. on peut par exemple choisir yn thème. isoler un corpus pour
1
en suivre le destin à travers les ca~~~ogues et les inventaires ou'
encore refair~ l'histoire d'un titre donné, d'une édition cOIIplète,
etc. L'analyse parcellaire, même si elle s'appuie sur le chiffre, doit
délloucher sur un 'Projet de sociologie du livre et de la lecture où se""
")
posent les questions de disponibilité et de cons~tion de l'~mprimé.
En effet, le li vre n'est généralement pas produi t ),our lui .. mënte, mais ~ ,
P \
est destiné à
ti~~
public quien~re
en contact avec tuf par l'achat," .
l'acqu,isition du livre chez le libraire pennettant à un particulier de
'1.
se constituer une collection privée. La création des bfb1tQthèques ne
rep.réserite qu'une nouvelle possibilité d'accès à l'impr1mê: le livre
! .
rejoint alors un pUblic plus vaste. Roche et Chartier voient dans la
J'
'~rolHératfon
des bib11othèques .. publiques la 1I1se en place de tout un , .' sèrvi ce cu l ture 1, qui prend souvent l'aspect dé, soci étés et de cabi netsde lecture.
l Roge~ C~artier et Daniel Roche, '''L 'histoire quantitative du livre", ,Revue fraJ!Çaise d'histo1re du livre, 16 (juillet-sept_re
1977) t p. , } 8 1 . " • ,
.
_ ! - _ .~ _ _ _ ~~ __ ,...~~ ... ~~ ... _~~>I;t.~~~" ,...., ... _--/1
1
,r
"
c
7
-Quels que sof-ent les livres qui composent le corpus d'une
bibliothèque, le seul fait 'de leur regroupement se prête bien au
découpage eXlgé par l'analyse parce11a1re. Par l'examen de tels corpus,
l'histoire littéraire tente ~ saisir ce qu'écrit et ce que peut lire
une sôci été. Ainsi, à partir des études ré-alisées sur le contenu _ des
biblidthèques françaises du XVrIIe siècle, Itoche et Chartier remarquent
que le droit, l' hi stol re et 1 es ben es-l ettres t1 ennent une place
importante dans les catalogues des livres disponibles et que la percée du roman dans les bibliothèques atteste sa popularité constante auprès
des lecteurs.
L'analyse quantitative pennet
donc
de nouvelles1 nterprétati ons des données re 1 atf ves au 11 vre. Roche et Chartier
énoncent cependant certaines réserves ayant pour but d'éca.rter les
~
tentations de généralisation hâtive et de pondérer les conclusions obtenues par "le genre d'étude comme celle que nous présenton,s ici:
Nous ne pouvons prétendre saisir les lectures
entières d'une société i trlvers 11 seule
production autorisée dont font état les catalogues
et les inventaires. Toute une p'roduct1bn noa
recensée dèmeure difficile d'accès. 1
L .. )
Toutlivre possédé n'est pas forcément lu. 2 ( ... )
la
1 ecture n' ; mp li que pas l'achat ca r l' accès a~
livre peut se faire par , 11 bibliothèque pUblique.
.
li Roger Chartier et Oln1 el Roct:\e t "Le li vre; . un Changement de
perspect~ ve" • f n Jacques le Goff 'et Pierre Nora (Oi
r:t),
Fa1 re de l'hi stoire~., .noUveaux obje~s (Pari 5: Gal11Mard, 1974) t, p. 123.l Ibid.
3 Ibfd.
(
,
(,
'" 1. ~, ~ +' " ~, , t " ~t
,
.\ ~. ~ 1 ; \ ';(
C
8-( ... ) l'offre de la bibliothèque pUblique ... suit
avec un ~et décalaget les évolutions de la
product1
on.
Il faudra garder ces avertissements en mémoire.
\
Bi en que l' app.ort méth~dOl ogi que de Roche et Chartier soi t
capi tal pour notre recherche. nou~\ ne pouvons passer sous s11 ence le
travail de Thomas Kelly traitant des bibliothèques pub11ques en
Angleterre. C'est un ouvrage de base. indispensable à la connaissance
\
du mouvement global de création de bib11\?thèques dans lequel s'insère la
fondation de la bibliothèque de 1 'Institu\t canadien de Montréal.
Plus près de notre sujet, nous ~envoyons enfin à la thèse de
Marcel lajeunesse qui traite
de l
'Oeuvre de~ bons livres auXIX
e siècle:{
cette bibliothèque paroissiale. contemporaine de l'Institut, est
\
analysée à partir de ses catalogues. La bib1iothèque de l'leM se prête
aussi à ce genre d'étude
puisq~e
"inventaire\deS sources archivistiquesrévèle l'existence de plusieurs
.catalogues.~
Leur signalement nous'Pennet d'entreprendre une étude
~nogrIPhiqUe\
de leur contenu. dans le1
but de découvrir les livres disponibles aux\ 'lecteurs IIIOntréa1a1s du
\ siècle derni er.
\
1 Roger Chartier ..e.t Daniel Roche, "Le-.J1 re. un changement de
perspect1.ve". in Jacques' le Goff et PferFe Nora (D1r.), Faire de
l'histo1're; noüYeaux objets (Paris: GalJ1l1ard, 1974). p. 12 ••
1
2 Yvan LlIDOnde. l'Les archives
( 1844-1900)
ft.
Revue d 1 hl stoi re de1974). p. 88-9 • .
, tlnadi en de Montréa l
.
(
c
..
I.
L'HISTOIRE DE LA BIBLIOTHËQUE DE L'leM
(1. Le contexte
La fondatlon de l'Institut canadien ~ Montréal et de sa
Dit>liothèque en 1844 s'fncr1t dans un contexte h1storique défini.
Le 1 ivre se retrouve en Nouv,êl1e-France dès le dé1but de la
colonie. Quelques exemplaires traversent l'Atlantique dans les coffres
à bagage des navigateurs, des ecclésiastiques et des nouveaux
habitants.
Aux
XVIIe et XVIIIe siècle, les 4ctes ,testamentairestémignent de la présence de fonds de b1bl1othèqu,s personnelles parfOiS
importants, comme celui de>Franço1s-Et1enne Cughet, étudié par Cameron
~'
N1sh. 1 ",
La pénétration du 1 ivre 1 nci tèrr tard1 verne nt quel ques
i!IPrimeu~ et libraires à ouvrir boutique en c~nada. Ainsi, le libraire ,(1
Fabre de Montréal concourra pour beaucoup
r
la di ffusion et à laconsOIIIIation dU l ivre au XIXe siècle.
SBI
biographie, rédi gée parJean-Louis Roy2,' met en lum1ère 1 'histoire ~ son commerce; l'analyse
1 1 1 1 1
1
1,(
c
"
~,
10
-de ses l1vres de comptes permettrait de découvrir quels volumes
commandés à l'étranger se trouvent en vente dans sa boutique.
Aux lfl)raires
-sraJoütent îês
bibli othèques collectives commepoints d'accès du public i l'imprimé. La population anglophone,"déjà
familière avec ce t;ype acinstftution en Angleterre, se ~te, dès 1764,
d'une bibliothèque circulante commerciale.
Le
début du XIXe siècle voitapparaftre des b1bl1othèques relevant d'une association ou d'un institut
qui les patronne. Les francophones suiVent alors de près l'initiat1ve
de leurs conci toyens et Si empressent d' implanter leur propre réseau de
bibliothèques. C'est vers 1840 que s'amorce le mouvement de fondation
des Instituts'canadiens dans plusieurs villes ou villages du Bas-canata;
leur implantation s'accompagne toujours de la mise sur pied d'une
biDl10thèque a'envergure variable. 1
La création Ge l'ICM n'est dOnc pas un phéncnène unique et
isolé; elle s'inscrit plutôt dans un "mouvement associat1onniste"2 qui
touchait déjà les domaines tant éconanfques, sportifs. éducatifs ou
sociaux que culturels ou plus spécifiquement littéraires.
"
l ' Anton10 Oro let Clans son ouvrage l;es bibliothèques canadiennes
Ib04-1960 .dresse un tableau détaillé des bibliothèques canadiennes et
sfgnale éntre autres celles des Instituts canadiens.
2 Cette expression est utilisée par Yvan L • .,nde dans son articl e
lI(.es associations
al Bis-Canada".Histoire
soeiale,
YIU. 16 l~ovftl)ré197b),
p.
~69./ \
~Y~~ --:-~"
_ _ _ _i""""'Io_~i9I""'
_ _ ... ,_t .. _llfôl\ _ _ _ _lRV'*"-~-~
... ""-...1
' (
(
--~--~-~---~~-~---n 1 ut t'IM._ \t> . 11 -(.
Le courant associationniste répond à un besoin de regroupement
et se manifeste dans l'es divers secteÎrs de la v,ie collecthe du début
du X.IX es; èc 1 e . Que ce soit en Angleterre avec le~ Mechanic's
Institutes, aux Ëtats-Unis avec les Lyceums, en Europe occidentale ~c
1 es cabinets de 1 e cture.
tau.'
ces ty pe s d'.~cf
• t ia
ns se !:eû;;';ventfinalement ici et s'adaptent à notre réalité sociale
etpz1~elle.
les,
associations volontaires à caractère littéraire gu-'culturel traversent
.-aussi nos frontières et engendrent chez)-éS francophones du siècle
dern; er l' idée de créer . une sirie
.-a'
/. Instituts dont fait partiel'Institut canadien de Montréal.
Quelles étaient les' caractéri stiques générales des Instituts canadiens?
Signa l ons d ';abord que la cOIIIRunauté a ngl ophone de Montréa 1
, / /
/ "
.
~ / "1 t 1
-- \ .
c.omptait
à
sant'
l actif plusieurs 1;ypes d'associations et fréquentait ,depuis plus d'un demi-siècle quelques bibliothèques bien logées et bien
pourvues.! Puis, vers les années quarante, se concrétisent di vers
projets d'associations du côté francophone. Résumons les facteurs
énoncés par Yvan Lamonde2 dans son art fcle sur les associ atfons du
Bas-Canada, facteurs qui, jumelés aux~influences étrangères, expliquent
If
1 E.Z. Massfcotte, "BibUothêque d'autref.oj s à Montréal Il " Bulletin
de r~herches historiques, XXXVI (1933), p. 592-593.
2 Yvln LallOnde, "Les associ'ations au Bas-Canada: de nouveaux
.rchés lUX idées (184G-1867)Il t Histoire sociale, VIII, 16 (novellbre
1975).
pp. 361-369.}
.
".
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-
---~ .--,--_._-_.~ Si "ul r , , . . . """""""""', ... ~~ . . ~.,~~~".. • .(I;~fIIIrf'lfII"1"~'"'~_~_ .. ~_ ... ~ .. , __ "',..., _ _ iA4_iJ_%_4t _ _ 4 ... , _ _ _ ... " ... d""'I8 . . . ".'Tl . . _ _ , ... _41_I!II_d __ .. _ ,
,
.
'f
- 12 ..
la niontée de ce courant associationniste: depuis la défaite de.la3]~' la .
génération des 111)1 ns de vingt-ci nq ans se retrouve isolée sur le plan
socia1, économiqu~ et politique. Cet iSOle~~rqûê' par une absence
de vie publtque organisée des francophones vot t ~a solution dans la mise
, " .
sur pied d'association~. Toutes ces asso~ttOlt's-. "quel que soit leur domai ne d' let; vi té, préconi sent des filées de réci pract té. de li bre
échange et sont fortement teintées de libéralisme, ce qui confirme
"'1 nfl uence prépondérante de la vie écohanique sur les autres secteurs
de l a vi e coll ect 1 ve des francophones. Bien qu' ~ 11 es ne s01 ent pas
1 ucratives, ces assocf ations culturelles volontaires "s' avèrent
rentables dans une perspective d'alignement du pouvoir soci~l et
national"
.1
IJ ne faut pas perdre de vue, en traçant le profil des
1 nsti tuts canadi ens, 1 e souci qu' avai t chacun d' eux ~de se donner des traits d1stinctifs et individuels. Au nombre de onze en 185~ et de plus
de cent en 1854, les associations culturelles du type Institut visent
toutes essentiellement les mêmes butS. Faute d'institutions
d'enseignement supérieur, les collégiens francophones veulent continuer
à s'instruire et à parfaire leur·'éducation. Ils doivent apprendre ~ntre
autres à parler en public pour mieux assurer,,,la relève pOlitique. La
jeunesse essaie donc. de pallier à une éducation supérieure' déficiente en créant un 1 i eu de rasselll> 1 ement où l'on poùrra discuter, l f
re
et se divertir: les Instituts canadiens assument ce rôle éducatif •....
----1 L.-ande. "Les associations
a~Bas-Can.da ••••
p.
368.
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_ 4 -.,.,I.:~.~~_,-~ _ _ _ _ ... ' _ _ _ _ _
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f
13
-i 0 LèS, Instituts visent non \$eulement à favoriser le dévelQppement
\culturel des jeunes gens mais aussi ,
.
,j intéresser la -population locale àleUrs aet; vi tés. Divers moyens' sont conçus ell' ce sens bi en qu '11
s
ner~ortent pas égal ement le même succès dans les diffé~~Jits Instituts:
d~s lectures publiques ou conférences sur des sÙjëts très variés sont
présentées au public, des bibliothèques se retrouvent dans chaque
11nst1 tUt bi en qu' elles ~i ent souvent pauvres" au n1 veau de
rapproVisionnement, et une '''elfaM>re des nouvelles I l regroupant les
. journaux
est
parfois adjacênte à la bibliothèque, toute cela dans le but,
'attirer la clientèle locale. Pour être membre actft d'un Institut et
énéficier de ces multiples services, 11 fallait au préalable payer une
ouscription annuelle peu élevée. L'accès
au
statut de membre dépendaite~
premier lieu de,l 'acquittement de· cette somme et écartait en principe\
discrimination de langue, de religion, d'allégeance politique.
membership se compose svrtout d'hommes, et dans le
il est exclusivement masculin. Les femmes étaient
tou~efois bienvenues lors des conférences.
Le cas de l' ICM permet aussi de vo1.r cOIIIIIent la reconna1 ssance des goût} d'un groupe social pour certaines activités peut influencer le
développement d'une association culturelle. L'Institut canadien de
1
1 '
Montréal reflète
~es.
- demandes spécifiques de la bourgeOfsi1emontréalaise. Les activités or,ganisées ci " ICM répondent à des besotns '
1
la création de la bibliothèque se présente comme une
1
éalisation prioritaire. "En 1844, l'leM était la première association
i
ffrir 4 la population francop'h~ne de Montréal une bibliothèque. (La
Barreau,
fondée en 1822,desservait
le$avocats
(
J la.-\ l'li 1 1 1 , ; ,\(
c
r
14
-seulement). D'autres tentatives d'organisation culturelle dU même genre ,
avaient donné des' ~sultats peu intéressants et abouti à des échecs au
bout de quelques années d'existence. La population ,francopho'1e était
prête à encourager la 'mise sur pied de sa bibliothèque collective.
Jusqu'à ce jour, le livre se trouvait présent surtout dans la
bibliothèque privée qui canporte un fonds de volumes généralement peu considérable, et demeure la propriété d'un seul individu. Nous prenons"
connaissance de 1'existence de ces bibliothèques surtout lors de la
\.. '
lecture du ,testament où
~~statetJr
a pris soin d'inventorier sabibliothèque pour la
~
ses héritiers. Contrairement à labibliothèque privée. la création des bibliothèques cO,l1ectives résulte
en bonne partie d'un souci d'instruction pOpulaire où la diffusion du
1 ivre et l a mu 1 ti pli oati on de ses poi nts d'accès prennent une grande importance. Sont deI> bibliothèques collectivè$' celles qui "sont 1a ___ -~--propriété d'un groupe\~t auxquelles ont accès les fmbres"l.
\ \
Ces bi b 1 i Ctthèques comprennent 1 a
~
b 1 i othèque duParlement "à Québec. les bibliothèques
paroissiales,\ celles des gr upes
50c10-professionnels,\ des maisons d'éducation, des
communautés r~1g1euses, des associations
vo 1 onta ires a i n~,i que les bi b 11 othèques
connerciales (ci rcj}{at1 ng 1ibraries) nées en
Angleterre au XVIIIe "~1ècle et reprodu1 tes dans
les colonies anglaises ~ès 1760. Ces agents de
diffusion pratiquent le ',~rêt du livre et ont
souy'ent un cabi net de l ectu~ ... 2
1 c C1aude Ga1arnea~, "Le livre ancien au Québec: état présent des
recherches", Revue frarlçaise d'histoire du livre, 16 ( 11let-septeRtre
1977). , p. 341. , ~\
z
Ib\".
p"341.~
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La bibliothèque de l'ICM se définit donc conne étant une
bi'bliothèque collective, ràttachée
à
une association ,culturelle'volontaire.
2. La fondation ,de l'leM et de sa bibliothèque
L'Institut canadien de Montréal' fut fondé le 17 décembre 1844 à
- Montréal. Parmi les deux cents membres présents1, on retrouve en
majorité des représentants des professions libérales. avocats, étudiants
en droit, magistrats, notaires, médecins et quelques marchands. Tous
font Pftrtie de 1 'élite bourgeoise et intellectuelle montréalaise. L'leM
U •
prend modèl e sur 1 es associ ati ons' anglophones du mëme type tout en se défi ni ssant des buts propres et en mettant au poi nt les moyens de les
réaliser: ~
- "
'.
l'Institut canadien 'est fondé dans un but d'union,
d'instruction l1IItuelle et de progrès général. A
ces fi ns, 1 es mêJlt)res $ de cette soci êtè se
réuni ssent une fOj j chaque semaine, et ont à leur disposition une bibliothèque et une chambre de lecture. 2
1
\
D'après cet article de la constitution, la bibli~thèque est une
!
activité indissolublement liée ~ l t
exJstence même ~il'assoc1ation.
" '" " J
-
.'
Dahs l'esprit des fondateurs, la bfbTiothèque contribue' pour une large
,
i
'.
~1 Marcel Dandurand, "Les premières difficultés entre Mgr Bourget et . l'lCM (1844-1865)", Reyue de l'Université d'Ottawa, XXV, (1'955), p. 147.
2 Article II, Constitution et Règleltents de l'Institut canadien, in
J ... B.-E. Dorion, Institut canadien en 1852. (Montréal, Rowen, 1952,1.
p. 37. ~
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16
-part à,- la réalisation de la vocat1on éaucat1ve Ge ,'leM. Ce- but
l'oblige à être située dans un environnement qui facilite les contacts
avec la pOpulation. Ce n'est pas par hasard que l'Institut et sa
bibliothèque s'implantent au coin des rues Saint-Paul et Commissaire, au
coeur de l'activité c;,OI1IIIerciale de Montréal. La création des Instituts
j-,canadiens est un phénomène exclusivement urbain et le cas de l'leM,
initiateur de ce mo,!lvement, illustre bien cette implantaton d'une
as,sociatf~n littéraire dans un milieu d'affaires à forte densité de
population: La Ville de Montréal compte alors 44 48~ habitants dont 4~
sont d'origine francophone.1 Les fondateurs de l'leM tiennent donc i
'~e~urer là où se trouve leur bassin de clientèle. Issus eux-mêmes de
1
~
peti te bourgeoi si e francophone et pratiquant des professions1
l'~bé,.ales, ils recrutent surtout des ment>res répondant aux mêmes
c~itères d'appartenance de classe et d'occupations professionnelles. En
accord avec l' object; f de promotf on de l' éducati on, l'
reM
tente desulrcroït d'impliquer la classe ouvri ère et la popUlation dans son
1 (
e~Semble.
Leur réponse toutefois sera toujours timide et1~
ambitions1
d~ départ S,I estomperont avec lèS années t si bi en que la petite
bourgeoisie composera la majorité du metmersh1p actif de l'reM tout au
, ong
ct:
ses trente-ci nq années d' exi stence.l Jean-Roc:h Ri-o&lx, L'Institut canadien. Le& dibuts de 1 'I!lIt1tut
canadien et du journàl, l 'Xvenir U844-1849), tOniVers1te lavil,96J).
p ... 9. '
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~ - 173. L'incendie de 1850 et le nouveau départ
L'Institut consolide gradu~llement ses bases et sa bibliothèque
se garnit d'une collection de l 550 volumes jusqu'au 17 février 1850.
Ce jo~r fatidique voit l'expansion de la bibliothèque brusquement
i nterranpue par un i ncendi e déva's tateur. Les flammes rasent
complêteœnt l'édifice de trois étages qui logeait entre autres deux
magasins, les bureaux du journal l'Avenir et la bibliothèque.
Heureuseœnt. cinquante et un volumes en circulation sont épargnés. Les
archives de l'Institut antérieures à cette date ont présumément été
détruites en même temps que tous les livres de l'ICM car elles sont
demeurées introuvables à ce jour. Sans perdre de temps, les memres de
l'Institut décident de reconstituer et de reloger leur biblfothèque, ce
qui les amène à négaci er en 1854 l'achat de la ma 150 n de
M. Montmarquette, -située au 111 de la rue Notre-Dame, tout près du
château de Ramesay. L'Institut, devenu corporation civile l'année
précédente, a de nouveau pignon sur' rue. La gestion de la nouvelle
bibliothèque canalise beaucoup d'énergies et préoccupe constaanent les
lleamres. De cinquante et un volumes au lendemain du désastre, la
bibliothèltue possède quatre ans plus tard 3 177 volumes et on note 4 175 emprunts en 1854 par rappo~t à 2 400 en 1851.1
Dorénavant, une bib 11 othèque de cette importance exi
gera
des.r"'
structures administratives bi en 'en place. '. En 1855, elle est gérée par
-1 Ces chiffres sont tirés
de
l'ouvrage de Y. LaMOnde~ lesbibliothèques de collectfvités i Môntrj~l, (Montréal, 81blfothèque
nationale
du
Quêbëc,'1979),
pp.53-54. "
":~-
-,
,
r
r
18
-1
un comité de rÉ\gie composé d'un trésorier. d'un bibliothécaire et d'un
assistant-bibliothécaire. Le poste de bibliothécaire a presque ~ujours
été occupé par un ment>re i nfl uent de l' leM. Mème si l' électi on à ce poste ne requi ert pas une fOnDaotion professionne11e et spéci al i sée. son
occupation est loin d'être sous-estimée car elle nécessite de longues
heures de trava.i1 et > obl ge à prendre d'importantes déci sions
administratives. énumèrent les tàches bibTiôthécafre élus:
XVII et XVII 1 de la Constftut10n
du bibliothécaire et de
l'assfstant-Le
bibliothécaire veille à la bibliothèqùe et â la çhant>re de lecture, de l'état desqUels il doit rendre compte à tous les mois, au comité de régie;11 doi t aussi accuser réception de tous dons de
livres et pamphlets faits à l'Institut; en tenir
un catalogue régulier avec les nans desoilOnateurs,
a fris f que tous autres 1 ivres appa rtenant i
l'Institut et présenter, tous les semestres,
rapport de son administration. '
",
l'assistant-biblfothécah'e remplit les devo1rs du
bibliothécaire au besoin et lui aide dans ses
fonctions.l
La 1 ecture des règlements de 1 a bi b li othèque révé 1 e 1 a pré senc e
additionnelle d'un surintendant "spécialement
chargé
de fafre observerlesdits règlements. et de tenir une liste régulière de tous ceux qui
prennent des livres à la bibliothèque ou enregistrent le titre et le
•
numëro des
>,-vo1umes-
qu'ils
prennent"2. Cet employé controle le système1 Constf tutf on de l' leM.
2 Hélen Perron, Modèle d'.nal~se d'une bibliothèque au 1ge siècle,
(Montréal, Uniyersité
MëG111. 197& ,
p.26 •
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~_ ... , ... V"'V»'<~ J ~ . . . "'::tt'f'~ .. .".~" .. ~ ~ .. _'-~ ~ ~ ~ _ _ ~l"' _ _ '_\l"""'_,;a ___ l4W'_J4Ij'~:II _li!ih. ) U
1_ .
t.,.,19
\
\
d'emprunt et 1}OUS présumons qu'il de~re
a
la bibl'tothèque pendant latotali té des heures d'ouverture.
L'approvhionf'lement en livres et ~n journaux' constitue la
préoccupation majeure,:au bibliothécaire. l'examen des procès-verbaux
des asseJlt)lées nous mntré que les bibliothéc~ires successifs se sont
acquittés consciencieusement de ce travail.
En effet, comme" Je . bibliothécaire consigne ses activités régulières dans les procès-verbaux, ceux-ci révèlent le fonctionnement
de la bibliothèque. On y trouve mentionnées les suggestions d'achat,
les dépenses encourures, les listes de volumes reçus en dons. On y
apprend aussi qu'effectivement les bibliothécaires ont produit plusieurs
catalogues reflétant le contenu de la bibliothèque. Le processus
d'achat des volumes comporte de nombreuses difficultés, car le commerce
du livre de langue française en Bas-Canada se bute alors à bien des
,. .r
Icuei l s. La producti on des édi teurs et ; mpr1 meurs loeaux étant tout à
;,
f
fait négligeable, l'approvisionnement doit se faire à l'étranger. De
plus. la situation politique de la première lIOitié du XI Xe siècle ne
favorise pas la pénétration du livre chez les francophones. Rappelons
certaines contraintes. Depuis la conquête, les liens officiels avec la
France sont rOOlpus. Le cOtllllerce se fait avec l'Angleterre qui détient le monopole des exportations et des importations avec sa colonie. Comme
",
l '~ndique Antonio Drolet dans son ouvrage les bibliothèques canadiennes,
;
k
1{ .,. ~, '1-r , \
.
~(
. f 1 '" ~ f c ~, 1 ~ ~ • , \ ~, -t, ... ' ~ ~.
\ 20-••• ce' n'est qu'en 1843 que la Chambre d'Assemblée
sera sai si e d'une demande des députés de langue
française pour'que le livre français fût placé sur le même pièd que le livre anglais en ce qui regardait les droits d'importation)
Cette régl ementati on rendra l'importation moi ns pénible mais ne
racçourcira ni les délais n1 le trajet du livre qui, venu de France,
fait escale en Angleterre avant d'arriver en terre canadienne ...
L'importation se faisait malgré tout depuis 1820 par les librairies bien étab11es et l'Institut s'approvisionnera dès sa création chez les
libraires de MQ~tréal. Parfois l'leM achète à l'encan comme ce fut le
cas en 1856: 1 e rapport de 1 a séance du 2 avril de cette mëme année
signale un achat de livres effectué à l'encan de M. Clarke. Le comité
de régie se voit aussi offrir des livres en examen avant achat: lors de
la séance du 19 juillet 1855, on précise que le "comité de régie soit
chargé d' exami ner un ouvrage offert en vi site et portant nom "Gazetti el" des ttats-Un1 s et du Canada" et de " acheter s'il " en Juge di gne ".2
L'leM prend soin de recueillir les suggestions de ses memres
et vote ,en .... faveur ou non de ces acquis1tfons: "M. Blanchet donne avis
qu'p proposera à la prochaine séo.nce que l'Institut fasse l'acquisition
de l'Histoire du Bas-Empire par Le Beau et celle des Empereurs par
Cuv1n". 3 Certaines propositions d'achat émanent de personnages connus .
.
1 Drolet, l~s bibliothèques canadiennes 1§04~1960, p. 78.
"
i _
1
2 Archives'~ l'Institut canadiJen de ,Montréal disponibles sur
111crofilm (6 bobines cotûs M-74-10)
èt
localisé"es lUX Archives- nrtlonales du Québec. Procès-verbal, sé~nce du 17 IIIlrs 1856 •
. 3 Ibid. l 1
1
, ~ 1(
( 21 (
-Tel 'est le cas des sollicit~tions de Lamartine qui envoie lui-même une lettre IIdemandant à l'Institut de s'abonner à un ouvrage de littérature
qu'il doit pUblier prochainement".! Il s'agit du Cours familier de
l itt~rature signalé dans le catalogue imprimé de 1870.
Ces différents 1;ypes d'approvisionnement (surtout les dons), même s'11s ménagent les finances de l'Institut et garnissent bien les
r~ons, produisent des fonds de, colleçtion peu homogènes. Ainsi
l'Institut propose-t-il à M. Lefebvre, président de la Société
littéraire de Laprairie, un don de 242 volumes. Ces oeuvres incomplètes
et dépareillées auront meilleur usage chez leur nouvel acquéreur.2
Bien que prosptre, l'Institut ne peut toutefois accorder
libéralement des fonds pour l'achat. On doit canpter sur la générosité
du public. Les versements fréquents de volumes à la bibliothèque
démontrent que " admi ni strati on autant que les memres et les donateurs extérieurs recoonaissent en elle la manifestation d'un besoin social et
culturel. Rappelons que cet intérêt de la population pour la
bibliothèque avait commencé à se manifester sensiblement peu après
l'incendie de 1850.
A
partir de ces cinquante et un livres alors encirculation et par conséquent épargnés par le feu, on réussit i
,
reconstituer un fonds de 1 500 volumes en un an. La population
francophone répond à la campagne de souscription et soutient la remise
en état de sa bibliothèque. Les noms des donateurs sont inscrits dans
• 1 Archi ves de l' tnsti tlJt canadien de Montrëal di sponibles sur
IIfcrofflm (6 bob1 nes cotées M-74-10) et 10ca11 sëes aux Archives
nationales du Québec. Procès-verbal. séance du 17 Imr~ 1856.
\
1
" 1
, 1 1
(
(
,
un rapport pub li épar J. -B. -E. Dori on en 185'2: ex ce 11 ente preuve de
gratitude de la part de l'lCM mais ·aussi ~tratégie pUblicitaire qui,
incite le public li suivre cet exemple de co11aborat1on.
Dans son documentt Dorion remercie au nom de l'leM. les
Di enfaiteurs généreux, fait le bi 1 an des réali sations passées et dresse le tableau des projets futurs tout en insistant sur l'avenir prometteur
réservé à la nouvelle bibliothèque. 1 L'esprit associationniste
encourage la participation à cette réalisation et la nécessité d'un lieu d'education et d'instruction populaire maintient la bibl10thèque dans
une ligne de progrès constant. En 1866, l'Institut canadien possèdera
la meilleure bibliothèque francophone de Montréal avec 525 membres.
6 500 volumes et 69 journaux.
4. Mgr Bourget et la bibliothèque de 1 'leM
Le dével,oppement de la bibliothèque ne s'est pas fait sans
....
heurts. Les di fff'elfl tés seront d' ordre matéri el, fi nanci er et
religieux. Lors de la création de l'ICM en 1844, Mgr Ignace Bourget,
évêque du diocèse de Montréal. voit d'un bon oeil ce regroupement de
c1to~ertS soucieux de relever le niveau culturel de la collectivité
francophone. Dix ans plus tard, le prélat n'envisagera plus les choses
.
du même oeil. L'
reM
compte dàns ses rangs plusieurs membres influentsqui professent des idées Jibérales et rèfusent l'ingérence de l'~g1fse
\
l Dorion, Institut
éanad1en
en 1852.J
1
, 1
Î
(
23
-dans la gestion de leur association et de leur bibliothèque. Mgr
Bourget, pa rt i san de l' u ltramontani sme, y vof t une menace, même une
atteinte à son autorité; aussi entend-il redresser cette situation sans
délai. D'une part, il encourage la fondation de l'Oeuvre des bons
livres de Montréal (17 septemre 1844) et plus tard celle de plusieurs
bibliothèques paroissiales pour contrer l'influence de 1 'leM et
1
combattre la propagation des mauvais livres susceptibles de saper la
morale publique. D'autre part, Mgr Bourget lance une campagne -de
dénonciati on pub 1 i que des idées 11 béral es. Une premi ère lettre datée du
10 mars 1858 condamne l' leM. Le 22 avril, 138 membres de l'Institut
démissionnent après avoir essayé en vain d'épurer la bibliothèque des
1 ivres jugés ilTlOOraux; ils fondent le 3
mai
l'Institutcanadien-françai s de Montréal. Entre-temps, soit 1 e 30 avril, Mgr Bourget écri t
sa seconde lettre de condamnation qu'il fait suivre d'une troisième le
. 31 ma i 1858. Mgr Bourget n'entend pas 1 âcher prise et dés ire à tout
pri x la dispa ri ti on de la bi b li othèque: l es tentatives de censure et
î)
1 es condamnations répétées en témoi gnent.
Les memres de l' 1 nsti tut rétorquent en mai 1864 ~t une
.
délégation remet au prélat le catalogue de la b1bliothèquè rédigé en
1852 afin qu'il coche les livres à l'Index. Six mois plus tard. le
catalogue est
remis •••
intact .•
En
fait, et de façon impl1cite,c'est
non seulementla
collection complète qui se trouve condamnée mais égal~nt l'Institut
lu1-1IIême. Cette querelle marque des heures bien sombres dans 'Ihistoire
de la :bibliothèque. le départ. en 1858. de près de la 1II01t1é du
~
(
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... :'lI PI! ,1lIh:I:UUl!'l$'~.'b. Qtl ;&::4 l.d41."'Q( Zif". lb .... 4 . . . "' ... W'~ ...
24
-membership et " interdit jeté sur la col1ect1on de volumes portent un
coup dur à la popularité de l'Institut.
Mais 1'Institut n'est pas au bout de ses peines car, la 'rue
Notre-Dame devant être élargie, le terrain qu'il occupe est
partiellement exproprié.' Suite â l'avis d'expropriation, le
procès-verbal de la réunion dU 2 février 1865 fait part de la décision -de
modifier substantiellement la face de l'édifice et d'y ajoute.r un 3e
étage. le deuxième étage sera occupé par la salle de nouvelles et la
bibliothèque, pour une superficie de 700 pieds carrés chacune.1 La
bibli othèque inaugure ses nouveaux locaux en décemre 1866. Cette date
marque le début de la période la plus active de la bibliothèque mais
aussi le début des difficultés financières de l'Institut.
_
5."--?
~e cadeau dO pri nce Napo1 éonLa bibliothèque ne fut pas toujours un ''Ot),jet de que rel le;
pendant que Mgr Bourget s'attachait â dêtru1 re l' Ins-tj,~ut, des
sympathi sants fa i sa i ent contrepoi ds et l'encourageaient dans' son
" ,
développement. '-te prince Napoléon et l'Institut de France, entre
autres, aident le jeune organisme en lui prodiguant leur appui IOral et
• matériel.
Le prince Napoléon est chaleureusement reçu par l'Institut au
lendeuin de la crise avec le clergé, soit en 1861. La visite d'un
--1 Perron, Modèle d'analyse d'une bibliothèque lU
1"
siècle,. p. Z3.r
11
1 1 11
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1 1 i j(
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_."' 25 _."'
-personnage prestigieux aux idées libérales et anticléricales avouées est une occasion révée pour l'Institut, de réitérer sa foi dans le progrès.
Tandis que le clergè affiche une froide distance à l'égard de l'illustre
~
visiteur, l'Institut lui ouvre grandes ses portes et de ce fait
consolide ses appuis idéologiques. Le Prince, en remerciement, envoie
un don de 36 titres pOur un total de 158 volumes de luxe, i. la
bibliothèque,! Il faut sûrement réfléchir sur la signification de
ce
don
et
en considérer les implications pour la bibliothèque.De pr1me abord, il est évident que ce don est un gage de
gratitude envers l'Institut. De plus, le Prince reconnaft l'importance du livre ~t. du mëme coup. celle de la bi bli othèque de l' reM. Ce don de
11 vres est tout à fait appropri é, d' autant plus que leur édi tion
luxueuse est assoc..!!:
â.,}
'idée de prestige.\
....
~~livre demeure une denrée coûteuse: 1 a
Encore au
XIX
e siècle, le possession et l'échanged'i~rimés se fait, dans une large __ proportion, au sein de la classe
aisée et culturellement favorisée. Cent cinquante-huit livres de luxe!·
Quelle acquisition de prix, et qui garnit bien les rayonnages d'une
jeune bibliothèque! La vue de ces beaux Objets, bien reliés, confère à
l'Institut de l'importance, de la considération. l'aval de la noblesse
étrangère. Et les memres de l' leM sont trës sensibles à la mi se en
place de ce décorum.
Que contenai t ce don? La li ste des 36 titres parue dans Le
et l' article du 15 décellilre 1861 nous en
1 Le P ~s. Zl nov_re 1861. c _ ...,.- -...
_----""---...---
... - --"'",
1(
.-; nforment.- 26
~-- ---"~-""",-"""''''''
-- "-_ ... ,'i
il
I l s ' agi t d' un "spenai ae présent", d'une "magni fi cenee
princière" regroupant un total de 158 volumes traitant de sujets
scientifiques, historiques et artistiques. Selon les membres d~
l'Institut, leur valeur morale est irréprochable. Ces livres répondent \
'.
en tout po; nt aux caractères propres au 1 ivre de luxe par 1 eur apparence
matérielle soignée, leur rareté, leur coût. les sujets dont ils
traitent.
Ce qui frappe d'abord quand on exami ne ces li vres,
c'est la magnificence e)(traordf naire des
reliures. Elles joignent à l'éclat des dorurfls la
plus remarquable solidité. Quelques-uns des
l i vres sont de vêr; ta1> les j oy,aux, CORIne par
exemple les fastes de la famille Bonaparte, volume
de 40 pouces de largeur sur 18 de hauteur, relié
en magnifique vèlours vert avec agrafes' et
ornements en venneif '(-argent doré) et au d"~n~re
l'N impi·rial su rlOOnté d'une couronne aussi en
venneil.
Les livres sont tirés à très peu d'exemplaires, ce qui confirme
leur rareté. Leur coût de production est très élevé, surtout à cause de
la qualité typographique, 'la finesse du papier et 1 '.insert1on d'un bon
noat>re de photographi es et de gravures.
collection est estimée à 3 000.$ en 1861.
La valeur totale de la
\
;-Plusieurs de ces ouvrages sont rares partout et d'un prix tel qùe très peu de particuliers peuvent
songer à 1 es placer sur 1 èS rayons de 1 eur
bibliothèque. 2
\
1 Le-P~s. IS décembre 1861.
(~ --"--"-~ --~" . --,
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~Les siJjets trai rés ne se prêtent pas
i
la 'lecture suivie. Cesl1vres précieux et dé grand fonnat doivent plutôt être consultés sur
place. Le récit des voyages du Prince. sa correspondance. les
volumes-souvenirs de l'Exposition de Londres éveillent 1a curiosité et sont un
1
plaisir visuel beaucoup plus qu'ils ne suscitent une lecture sérieuse et soutenue.
Par définition. le livre luxueux est ",n objet "de
conservation"l,conçu pour prendre place sur les rayons d'un,
bibl1othèque. La reconnaissance extérieure du caractèt:'..e exceptionnel
clè
la collection princière lui confère un statut particulier au sein de la
•
bibliothèque de l'Institut. Ce don est considéré comme un bien en
lui-même et à ce titre n'est pas intégré au reste de la collection. Un
aménagement
spéc~
al est réservé à cet ensemble d'ouvrages qui sont, 1
classés à part, ~e circulent pas, et ne Sor'It disponibles que pour la
1
consultation sur place. À cause de SOl') caractère même, la diffusion de
cette collection est très restreinte et son usage. très contrôlé.
Î
Cela dit, i,l reste à voir cOIIIIent le prince Napoléon et les
memres de l'Institut perçoivent ce cadeau. De son .côté, le Prince
o envisage ce don conme un gage de gratitude envers l'Institut qui lia si
,..
bien accueilli; f1 scellé ainsi un lien" d'amitié 'et cie ccmmunauté
c<'
d'idées. Imp
Yi
Jc1tement. il reconnait 1 l,importance du livre et du rôlede la bibl10thèque de 11 leM. Quant aux memres de 11 Insti tut, il s
l '
s'enorgu~il1is ent d'une si précieuse acquisitfon.
La
vênération vouée1 Robert Esc rpit, Le littéraire et le social. (Paris, Fla_rion:
1970), p. 133.