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L'Institut canadien de Montréal, 1844-1883 : le contenu littéraire de la bibliothèque

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Texte intégral

(1)

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L

lIns

ti tut ca nadf en de Montréal (1844 - .1883) Le cont,t'Il 11 tUraire de' la bibliothèque

Par: A rmar'tde Lebe au

r

A, thes 1$ ~u.~~ted

ta:

\

. F'aculty of Gl'"aduate Stud1es and ResearCh

ln part of ful1f111.ent

of ,the rèqutreaent

1

For the degree of, "

Master of Arts , ,

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,

" Mlrch. 1981

"

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"

~iiotre recherche se concentre essentiellement sur ' la"

bi b'l i othèque de l'Institut' canadien de Montréal

et

'son cQntenu

1

littéraire.

Pour ce

faire.

nous présentons cette

étude

monographique en troi s volets.

~

!

D '~I)ord. nOtlS- nous,

a ttacheron;

i " h i

s

toi

re

de la bi b 11 othique

f

. i

de " leM qui se, veut intéressante

par

~on 'côté novateur len tant que

première bibliothèque d'association

à

Montréal.

E"sui

te, nous

procéderons à 11 analyse des ca'talogues imprimés de 1870, 1876 et 1883

...

,afin' de .conna;tre la nature des collections de cette'

b1bl1othè'qüe

\ '

d'aSSoc1ation; nous y constaterons la place de' choix ';ac~or~e au"

,

littéraire. Dans un troisième temps, nous ·-nous pench~rons sur le

-, " .

cCfntenu littéraire pour y découvrir une proportion importante de

r_ns

populair:e~ écrits en ,majorité par des autèurs

français,

prolifiques: -1.,.

Dumas, Sue et Gèorges Sand. par 'exemple. ,Enfin-; ,vant' d·effectuer la

synthèse,

f1 noUs a semblé important de

mesur~r

l'impac;t

'qu'ont

eu

les

'lettr'es Ge cond!mnat1on IIOrale Qe Mgr Bourget (8958) et l'Index l'ibrorùm

, ! ' J

PrOhfb1tor~ sur la b1bl1othèque. ,,', " 0 '

J i

t.n conclusion •. nous

rapPellerons le

rôle culturel jO'uë par- la.

b1bl1oth~que de

l'institut

canadien. Quant lU

contenu

de cette

,

bfbliothèque, nous nous dévons de souligner la' place prépondérante

occupée par la littérature romanesque. Le roman semblait répondre

à

un

besoin de ,lecture divertissante auquel ntétaient pas étrangers les

Montréala1s

fr.ncophone~

dU siècle

~rn~er.

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-Our researCh déal s 'pr1marily wi th the libra,ry of the ~nsti tut

canad.fen de Montréal and its l1terary content. We' will present th1s

monograph in three steps.

.

"

First, we will examine the founding of the l1brary of the leM

s1~ce

a, l1brary w1th

a'

closelY '11 nbd as'soc1at10n was an innovation in

t . t . .

t40ntréaJ in the 184,0" s. Secon(f1~. 'we wiU analys'e , t~e catalogues

"

-pr1 nted in 1870, 1876 and l883 in arder ta assess t,he oature 'of the (.

'cq1tections housed in. ~his "bibliothèque d'association", noting the

special importa~ce of literary' works. Thi rdl y , as. we exami ne the

1 i tera ry content of tne 'li b ra ry , we wH 1 pot nt out tha t ft conta 1 ns Il

large proportion

of

po~ula~ novels wr1tten primarl1y by prolifjc French

writers such as Dumas, Sué and Georges Sand. Prior ta ~ur s~nthesi$, .~e

.

.

.

,

. deem 1 t important to measure, the impact of Monsei gneur·"8ourget' s ·letters

. ' . ' . '

'"

.

of Jll)ral condemnàtion (1858) and of the Index ,L1brorum Proh.1bi torum ,on

the life of the library and' fts ~ssocht10n.

,

.

.

In conclusion, we wfsh to underli'ne the cultural role played

by the .11brary of the Institut canadien de 'Montréal. As concerns the

library's collections, we must point out the preponderance of

romanttc

t ~,

1.1 terary work.s. The novel apparently answered a need for recreat10nal

reading keenly felt by the Montréal French ~peak1ng cOlllllun1~ of the

, .,

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L 'histoire dU I1vre: 'ti)'pes d'approche • • • ., • J •

1. L"h1stolre de la b1bl1othèque de l'leM

·

.

.

1. Le éontexte

.

.

. .

.

.

.

.

..

.

.

2,. La fondation de ,

.

, ',ICHet de sa bfbl10thèque

. .

. .

.

3 w L' i ncendi

e

de 1850. et un nou,veau départ

.,

~

, ,

,4.,,· Mgr Bourge-t et la bibliothèque de l~ICM

·

.

. . .

.

5.

Le èadeaudu pri nce Napo l éon •

. . ·

.

. . ·

·

.

·

·

6, ta b1b

"i

othèque de l' leM devi ent "publique" "

·

"

· .

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Z .' DUparitfon de la bibliothèque de l' ICM

·

·

·

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Il. Le'fonds de livres de la'bibliothèque de l'IC~

·

. .

"... l

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r.

Eht

de la

èollect;on:

a~erçu

géttéral . • f ,

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·

1

\ ' ,

2.

Corpus des

catalogues'

canme 1nstrulllent de travail,' • • • •

'1.- " ,

~

.

Les catalogues.ans l'histoire du livre et des

bib 11 othiques, ~' .... • 1". .' • • " • • , • -. • , • •

. ' Les catalogues de la bfbl fothèque de l' leM:

. organf.sation interne. " • • • .. • • . • "" • " • ~ ~ • 3. Le catalogue de 1852 • • (i •

4.

Le

ca

tal

ogue

de

1870

,

.

.

.6. r Le supplément de 1876-6.

catalogue de

1883 .

7. Conclusion •••••

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-1'

" II L te' "'1 ttéra1 re" i '. fa b1 bl1othèq~ de l' leM

.... " 1. les conférenC'es

. . f. . • .

2. les discussions

.

.

. .

~

.

.

.

3. La

",li

tté.rature"

-dans la

bibl10thèque

1. Défi r;;

tion

CIe ilL 1 ttérature" . . .

11. Pol1 tique de"

clloix

de la collection

if 1. Cl

ass1ficat1on

des

ouvrages . . .

• ,1 ,1

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1v.

Les catalogues de 1870, 1876, 1883

et

leur contehu

lfttéraire . • . / . . . • . • ' . • • • • • • J • •

L~

catalogue

dj

1870'=

son

tontenu littéraire

. .

.

.

~e supplément

de

1876: son

contenu

littérairel • • •

. Le

catalogue

de 1883: son

contenu lfttérafre • • .

v. le

contenu

L1ttérai;~let

la querelle aveé Monseigneur \ Bourget . • • . • • . • • • • • • • • • • 41 Il .. • • • Co~c 1 us 1 on .. . . " . . . • . . • • ~nnexe 1

Annexe II

, , Annexe

III

-Annexe IV

.-Cata10gues çIe 1870 et 18~ et supplément de 1876

,\

Auteurs

prolifiques-Tableau chronologique rel attf

à

la

b1bl1 ~t~q1 de

l'

leM

Représentation graphique des volumes,en

b1bl~thèqUe

Annexe V Cata1 ague

des

livres de la 'bfbliothèque de 1 ~ICM, 1870

/

Anne

e

VI

7'Ub

çanad1~n

de Montréal -

Catalogue de,la

b1bl1othèq~e

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Introduction

.

'-t'ampleur que. prend le mouvément de créat1o~

b\bliothèques,

dur~nt' le C1ern~er ,quart du ,XVIIIe siècle en ~ur~pe et en Anlér1que est

. ,

~ttribuable en bonne partie aux 'perfecti0rtnements techniques apportés à

l'industrie.du livre., Cês perfectionnements affectent'a rapidi\té et·la

quantité de production de· l'imprimé; ,tiré à' quelques exemplaofres au

début

du

XIe siècle,

le

livre'voit,

deux

siècles plus tar~. décuplèr

ses

· capacités de reproducti on. Rap'i de~nt. . 1 es réseaux de di ffW$i on

s'organisent et les bibl1othè~ues s'i~osent C.., un~ importante voie

· d'accès

à

1,'êcrit. "

/ ,

ACheté en li bra 1 ri e. de plus en plus consu 1

ou emprunté

à

la'

,

, . bibliothèque" le 11

vre

J' ,.

même

s'

J

1 ne 1

rejo1

nt qu' u.ne mi nori,té

alphabéti

sée,

Si impose aussi

conne

.un

phén?Jllèn~ économ'1que, soc1

al et

culturel

d'envergure.

1

Le BIs-Canada, bien ~ue fort éloi gné géogt:'aph1quellent ~ la

Mère Patrie, sùb1t !'éanmo'fftSi

l,es influences

européennes'; il

n'est

pas,

étranger ' au ~uYemeni de créati on de' bi b li othèques, pu{sque dis 1844,

, ,

,

cré,ant la,

sier:tne. " /

.

, '

i .

Par la suite, on

assistera

i l'implantation graduelle

-.

d: Ins~ftuts canadiens dans' plusieurs . villes

du

Bas-Canada. l.es

· fol1dateurs CIe l''ln$~~tut canadien Of!

Montréal,

c:onsc1.nts d,',tre pl

1'111

1

les pionniers deS

b1b)10Y.iques

~·assoc1It1ons.·· Y1se~t i COllblër

...

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1

1

l '

"' prioritairement un besoin dffnstruction et de progrès chez la popu1atfon

francophone de Montréal. Ce même but sera i rnpl1 ci tement ou

explicitement poursuivi par les merores de tous les Instituts

canadiens. Outre la gestion d'une, importante collection de livres,

l'Institut canadien de Montréal compte de noni:>reuses activités ~nnexes à

son actif, comme en téino1 gnent les archives où sont consignés les

multiples faits et gestes de l'Institut. En plus du tex'te de la

constitution et des règlements, les archives présentent une série

presque conti nue de procès-verbaux (1855-1900), de regi s tres des

aœissions et des "résign~tions" (i844-1878), de documents relatifs à la

bib110thèque (l850-1880) dont les catalogues manuscrits ou imprimés

0852, 1857,' 1878, 1868, c1869, 1870, 1876, 1883), des registres de

prêts de volumes (1852-1880), des documents relatifs aux finances

(1854-1880), ainsi que des documents divers (1853-1878)~ La série

archivistique couvrant les années 1844 à 1850 a péri dans un incendi e;

i l en est de

même

pour la collection de la bibliothèque, dont

Mais

/

c--cinquante et un volumes sont en circulation lors du désastre.

,l'Institut canadien de Montréal se relèvera rapidement de cette perte:

on évalue à un peu plus de dix mille le noai>re de volumes acquis entre

1850 et 1885, année où la collection fut cédée à son nouvel aèquéreur,

l ' " • • .. •

le Fraser Institute. Tous ces documents de première main témoignent de

1

a

vi e de 1'1 "st1 tut canad; en de Montréal: 11 s nous révèlent des

proJets, des réa 11 sa~i ons, des éChecs ai ns 1 que l' organisat1 on et 1 e

contenu de sa bibliothèque. Peuvent-ils par surcroH révéler des idées

et des ~tal1tés propres i un milieu socio-cu1turel et à une é,poque?

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1 •

Notre étude sé concentre sur la·bibliothèque de l'Inst,tut

canadien de Montréal et tente, à partir de ces docu~nts, de la replacer

,:;

.

dans le contexte socio-culturel du Québec au XIXe siècle. Cette

recherche roonograph i que se présente en trot s vo 1 ets.

retracerons l'histoire de la bibliothèque de l'ttM.

D'abord,: nOtls Dans un second

temps, nous étudierons les

catal~g~es'

imprimés 'de cette bibliothèque

afin d'y décOùvrir la nature de son fonds de livres. Finalement, nous

nous,. concentrerons sur le contel'l.l 'littéraire de la bibliothèque en nous

servant exclusivement des catalogues jmprimis ,de 1870, 1876 et 1883. Nous rappellerons alors la pOlémique qui mit aux pri ses Mgr Bourget et

, .

les membres de "

tCK

au sujet du contenu immoral de la bibliothèque.

Notre recnerche se borne donc à faire connaftre l'état de la

col1ect'ion de la bi bltothèque; . elle n' aborde pas spécifique.nt le

""

domaine de la sociologie

da

la lecture. qui consisterait, en combinant

"étude des registres de

pr~'et

celle des emprunteurs, à se demander

<~

qui lisait quoi. Une telle étude, \dont l'intérêt ne faft· aucun doute,

demanderait cependant des travau~ approfondis .qui dépassent la portée de

,

notre présente rechèrche mais qui devraient un jour

être

accomplis.

\ \ ." , \

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1 1 1

(9)

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4

-L'histoire du livre: types d'approche

. f

Avant de nous engager plus â 'fond dans notre travafl, nous

croyons opportun de signaler une tendance de la recherche dans le

{

domaine ~ "histoire du livre et des bibl1othèques; nous en

justifierons ainsi plus 'facilement la méthodologie adoptée dans notre travail.

L'hi sto1re du livré offre plusf eurs domai nes d'investigation.

La production. la di ffusfon, la consolll11ation dU livre, ainsi que le

phénomène de la lectu-re et le. --portrait -des lecteurs virtuels, sont

différents types d'études possibles de l'imprimé. Roger Chartier et

Daniel Roche, quant à .eux, se sont intéressés plus particulièrement à la

,

diffus10n du livre en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, privilégiant ,

da,ns leurs travaux l'appl1cat1on de l'analyse quantitative. Leur

méthodologie, dont nous nous inspirerons. produit trois 1:iYpes d'études

reliées les unes aux autres: le dénombrement, l'inventaire global et'

, 'analyse parcellaire. Cette méthode, bien qu'elle introduise

l'utilisation de la donnée quantifiable dans l'histoire de llimprimé,

dépasse le niveau du simple chiffrage et prend tout $On sens' lorsqu'elle renvoie à une connaissance du contexte social, laissant ainsi pénétrer le social dans le c;hamp de l'histoire du livre.

Exami nons brièvement chacun des tro1 s types d' études

menti onnés _- plus haut. Les dénombrements et les. inventa 1 res globaux

s'attachent à saisir ~ 'allP1eur de la production livresque. Le

dénOlllbrelllent ou. c~tage des 11 vres per'1ll!t d'une part d' é'tlb li r , e

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5 •

,

nombre de volumes produits durant une pé~iode détenninée, d'autre part,

de déceler l'influence des innovat1o-ns techniques et commerciales sur la

production matérielle de l'imprimé. la courbe de croiss~nce de la

production du li vre se trace à partir des données numériques. fournies

par de tels dénombrements.

Dans le dénoà>rement, les tttres produfts sont cOIIIptés; dans

les inventaires globaux, ces titres sont classés, catégorisés. Les

inventai res globaux visent donc à recenser systématiquement, par

catégor1 es. tous les ti tres publ i ès: l'analyse minutieuse de ces

Jongues listes pennet d'identifier les sujets traités, chaque livre "'1

appartenant à la catégorie soit des ouvrages re'igieux, soit des livres

d'art, de' lettres, de sciences, etc. - Il devient alors possible de

quantifier la production propre à chaque catégorie et cela à difœrentes

époques. En bref, les dénombrements permettent un estimé ponctuel de la

production de l'imprimè;

~es invent~ires

globaux font reS'Sortir les

courants thématiques des vonumes publiés.

Pa~

conséquent. sufte à une

confrontation des données quantitatives recueilli es, ces ~ux

1èYpes

dtétude rendent possible URe description des ëvo1ut1ons majeures: par

exe"", le. on peut comparer la rroport i on' de 11 yres re li gl eux par rapport à 1 a producti on gl oba 1 e à unel époque préei s~) et vof r s,,' ils s' appropri ent

ou non une grande part du marché de la diffusfon. Mais l'analyse

quantitative n'est pasuJ'le

fin

en ,soi; elle doit rejofndre le lecteur

et tenter d' étab 11 r son

cour~nts thémat1ques. i ni

te

au 1 1

)

1 /

de participation œnf l'évolution des

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'----~---.-t9,---r·

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"

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6

-o

L'analyse parcellaire de type monographique revêt

un

'1ntèrêt

,

très particulier pour l'avancement de l'histoire du liv·re. "Approche

nouvelle", déclarent Roche et Chartier, car elle permet "de saisir Clans

le concret et dans la singularité d'exp~riences localisées des

mouvements i dentifi és au ni veau des grandes masses

".l

On procède alors

i un rétrécissement du champ d'étude au moyen de différents découpages

cernant ainsi le sujet de diverses façons: pour étudier la production

regionale. on peut par exemple choisir yn thème. isoler un corpus pour

1

en suivre le destin à travers les ca~~~ogues et les inventaires ou'

encore refair~ l'histoire d'un titre donné, d'une édition cOIIplète,

etc. L'analyse parcellaire, même si elle s'appuie sur le chiffre, doit

délloucher sur un 'Projet de sociologie du livre et de la lecture où se""

")

posent les questions de disponibilité et de cons~tion de l'~mprimé.

En effet, le li vre n'est généralement pas produi t ),our lui .. mënte, mais ~ ,

P \

est destiné à

ti~~

public qui

en~re

en contact avec tuf par l'achat,

" .

l'acqu,isition du livre chez le libraire pennettant à un particulier de

'1.

se constituer une collection privée. La création des bfb1tQthèques ne

rep.réserite qu'une nouvelle possibilité d'accès à l'impr1mê: le livre

! .

rejoint alors un pUblic plus vaste. Roche et Chartier voient dans la

J'

'~rolHératfon

des bib11othèques .. publiques la 1I1se en place de tout un , .' sèrvi ce cu l ture 1, qui prend souvent l'aspect dé, soci étés et de cabi nets

de lecture.

l Roge~ C~artier et Daniel Roche, '''L 'histoire quantitative du livre", ,Revue fraJ!Çaise d'histo1re du livre, 16 (juillet-sept_re

1977) t p. , } 8 1 . " • ,

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1

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7

-Quels que sof-ent les livres qui composent le corpus d'une

bibliothèque, le seul fait 'de leur regroupement se prête bien au

découpage eXlgé par l'analyse parce11a1re. Par l'examen de tels corpus,

l'histoire littéraire tente ~ saisir ce qu'écrit et ce que peut lire

une sôci été. Ainsi, à partir des études ré-alisées sur le contenu _ des

biblidthèques françaises du XVrIIe siècle, Itoche et Chartier remarquent

que le droit, l' hi stol re et 1 es ben es-l ettres t1 ennent une place

importante dans les catalogues des livres disponibles et que la percée du roman dans les bibliothèques atteste sa popularité constante auprès

des lecteurs.

L'analyse quantitative pennet

donc

de nouvelles

1 nterprétati ons des données re 1 atf ves au 11 vre. Roche et Chartier

énoncent cependant certaines réserves ayant pour but d'éca.rter les

~

tentations de généralisation hâtive et de pondérer les conclusions obtenues par "le genre d'étude comme celle que nous présenton,s ici:

Nous ne pouvons prétendre saisir les lectures

entières d'une société i trlvers 11 seule

production autorisée dont font état les catalogues

et les inventaires. Toute une p'roduct1bn noa

recensée dèmeure difficile d'accès. 1

L .. )

Tout

livre possédé n'est pas forcément lu. 2 ( ... )

la

1 ecture n' ; mp li que pas l'achat ca r l' accès a~

livre peut se faire par , 11 bibliothèque pUblique.

.

li Roger Chartier et Oln1 el Roct:\e t "Le li vre; . un Changement de

perspect~ ve" • f n Jacques le Goff 'et Pierre Nora (Oi

r:t),

Fa1 re de l'hi stoire~., .noUveaux obje~s (Pari 5: Gal11Mard, 1974) t, p. 123.

l Ibid.

3 Ibfd.

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-( ... ) l'offre de la bibliothèque pUblique ... suit

avec un ~et décalaget les évolutions de la

product1

on.

Il faudra garder ces avertissements en mémoire.

\

Bi en que l' app.ort méth~dOl ogi que de Roche et Chartier soi t

capi tal pour notre recherche. nou~\ ne pouvons passer sous s11 ence le

travail de Thomas Kelly traitant des bibliothèques pub11ques en

Angleterre. C'est un ouvrage de base. indispensable à la connaissance

\

du mouvement global de création de bib11\?thèques dans lequel s'insère la

fondation de la bibliothèque de 1 'Institu\t canadien de Montréal.

Plus près de notre sujet, nous ~envoyons enfin à la thèse de

Marcel lajeunesse qui traite

de l

'Oeuvre de~ bons livres au

XIX

e siècle:

{

cette bibliothèque paroissiale. contemporaine de l'Institut, est

\

analysée à partir de ses catalogues. La bib1iothèque de l'leM se prête

aussi à ce genre d'étude

puisq~e

"inventaire\deS sources archivistiques

révèle l'existence de plusieurs

.catalogues.~

Leur signalement nous

'Pennet d'entreprendre une étude

~nogrIPhiqUe\

de leur contenu. dans le

1

but de découvrir les livres disponibles aux\ 'lecteurs IIIOntréa1a1s du

\ siècle derni er.

\

1 Roger Chartier ..e.t Daniel Roche, "Le-.J1 re. un changement de

perspect1.ve". in Jacques' le Goff et PferFe Nora (D1r.), Faire de

l'histo1're; noüYeaux objets (Paris: GalJ1l1ard, 1974). p. 12 ••

1

2 Yvan LlIDOnde. l'Les archives

( 1844-1900)

ft.

Revue d 1 hl stoi re de

1974). p. 88-9 • .

, tlnadi en de Montréa l

(14)

.

(

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..

I.

L'HISTOIRE DE LA BIBLIOTHËQUE DE L'leM

(

1. Le contexte

La fondatlon de l'Institut canadien ~ Montréal et de sa

Dit>liothèque en 1844 s'fncr1t dans un contexte h1storique défini.

Le 1 ivre se retrouve en Nouv,êl1e-France dès le dé1but de la

colonie. Quelques exemplaires traversent l'Atlantique dans les coffres

à bagage des navigateurs, des ecclésiastiques et des nouveaux

habitants.

Aux

XVIIe et XVIIIe siècle, les 4ctes ,testamentaires

témignent de la présence de fonds de b1bl1othèqu,s personnelles parfOiS

importants, comme celui de>Franço1s-Et1enne Cughet, étudié par Cameron

~'

N1sh. 1 ",

La pénétration du 1 ivre 1 nci tèrr tard1 verne nt quel ques

i!IPrimeu~ et libraires à ouvrir boutique en c~nada. Ainsi, le libraire ,(1

Fabre de Montréal concourra pour beaucoup

r

la di ffusion et à la

consOIIIIation dU l ivre au XIXe siècle.

SBI

biographie, rédi gée par

Jean-Louis Roy2,' met en lum1ère 1 'histoire ~ son commerce; l'analyse

1 1 1 1 1

1

1

(15)

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"

~,

10

-de ses l1vres de comptes permettrait de découvrir quels volumes

commandés à l'étranger se trouvent en vente dans sa boutique.

Aux lfl)raires

-sraJoütent îês

bibli othèques collectives comme

points d'accès du public i l'imprimé. La population anglophone,"déjà

familière avec ce t;ype acinstftution en Angleterre, se ~te, dès 1764,

d'une bibliothèque circulante commerciale.

Le

début du XIXe siècle voit

apparaftre des b1bl1othèques relevant d'une association ou d'un institut

qui les patronne. Les francophones suiVent alors de près l'initiat1ve

de leurs conci toyens et Si empressent d' implanter leur propre réseau de

bibliothèques. C'est vers 1840 que s'amorce le mouvement de fondation

des Instituts'canadiens dans plusieurs villes ou villages du Bas-canata;

leur implantation s'accompagne toujours de la mise sur pied d'une

biDl10thèque a'envergure variable. 1

La création Ge l'ICM n'est dOnc pas un phéncnène unique et

isolé; elle s'inscrit plutôt dans un "mouvement associat1onniste"2 qui

touchait déjà les domaines tant éconanfques, sportifs. éducatifs ou

sociaux que culturels ou plus spécifiquement littéraires.

"

l ' Anton10 Oro let Clans son ouvrage l;es bibliothèques canadiennes

Ib04-1960 .dresse un tableau détaillé des bibliothèques canadiennes et

sfgnale éntre autres celles des Instituts canadiens.

2 Cette expression est utilisée par Yvan L • .,nde dans son articl e

lI(.es associations

al Bis-Canada".

Histoire

soeiale,

YIU. 16 l~ovftl)ré

197b),

p.

~69.

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.

Le courant associationniste répond à un besoin de regroupement

et se manifeste dans l'es divers secteÎrs de la v,ie collecthe du début

du X.IX es; èc 1 e . Que ce soit en Angleterre avec le~ Mechanic's

Institutes, aux Ëtats-Unis avec les Lyceums, en Europe occidentale ~c

1 es cabinets de 1 e cture.

tau.'

ces ty pe s d'

.~cf

• t i

a

ns se !:eû;;';vent

finalement ici et s'adaptent à notre réalité sociale

etpz1~elle.

les

,

associations volontaires à caractère littéraire gu-'culturel traversent

.-aussi nos frontières et engendrent chez)-éS francophones du siècle

dern; er l' idée de créer . une sirie

.-a'

/. Instituts dont fait partie

l'Institut canadien de Montréal.

Quelles étaient les' caractéri stiques générales des Instituts canadiens?

Signa l ons d ';abord que la cOIIIRunauté a ngl ophone de Montréa 1

, / /

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.

~ / "1 t 1

-- \ .

c.omptait

à

sant'

l actif plusieurs 1;ypes d'associations et fréquentait ,

depuis plus d'un demi-siècle quelques bibliothèques bien logées et bien

pourvues.! Puis, vers les années quarante, se concrétisent di vers

projets d'associations du côté francophone. Résumons les facteurs

énoncés par Yvan Lamonde2 dans son art fcle sur les associ atfons du

Bas-Canada, facteurs qui, jumelés aux~influences étrangères, expliquent

If

1 E.Z. Massfcotte, "BibUothêque d'autref.oj s à Montréal Il " Bulletin

de r~herches historiques, XXXVI (1933), p. 592-593.

2 Yvln LallOnde, "Les associ'ations au Bas-Canada: de nouveaux

.rchés lUX idées (184G-1867)Il t Histoire sociale, VIII, 16 (novellbre

1975).

pp. 361-369.

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(17)

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- 12 ..

la niontée de ce courant associationniste: depuis la défaite de.la3]~' la .

génération des 111)1 ns de vingt-ci nq ans se retrouve isolée sur le plan

socia1, économiqu~ et politique. Cet iSOle~~rqûê' par une absence

de vie publtque organisée des francophones vot t ~a solution dans la mise

, " .

sur pied d'association~. Toutes ces asso~ttOlt's-. "quel que soit leur domai ne d' let; vi té, préconi sent des filées de réci pract té. de li bre

échange et sont fortement teintées de libéralisme, ce qui confirme

"'1 nfl uence prépondérante de la vie écohanique sur les autres secteurs

de l a vi e coll ect 1 ve des francophones. Bien qu' ~ 11 es ne s01 ent pas

1 ucratives, ces assocf ations culturelles volontaires "s' avèrent

rentables dans une perspective d'alignement du pouvoir soci~l et

national"

.1

IJ ne faut pas perdre de vue, en traçant le profil des

1 nsti tuts canadi ens, 1 e souci qu' avai t chacun d' eux ~de se donner des traits d1stinctifs et individuels. Au nombre de onze en 185~ et de plus

de cent en 1854, les associations culturelles du type Institut visent

toutes essentiellement les mêmes butS. Faute d'institutions

d'enseignement supérieur, les collégiens francophones veulent continuer

à s'instruire et à parfaire leur·'éducation. Ils doivent apprendre ~ntre

autres à parler en public pour mieux assurer,,,la relève pOlitique. La

jeunesse essaie donc. de pallier à une éducation supérieure' déficiente en créant un 1 i eu de rasselll> 1 ement où l'on poùrra discuter, l f

re

et se divertir: les Instituts canadiens assument ce rôle éducatif •

....

----1 L.-ande. "Les associations

a~

Bas-Can.da ••••

p.

368.

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13

-i 0 LèS, Instituts visent non \$eulement à favoriser le dévelQppement

\culturel des jeunes gens mais aussi ,

.

,j intéresser la -population locale à

leUrs aet; vi tés. Divers moyens' sont conçus ell' ce sens bi en qu '11

s

ne

r~ortent pas égal ement le même succès dans les diffé~~Jits Instituts:

d~s lectures publiques ou conférences sur des sÙjëts très variés sont

présentées au public, des bibliothèques se retrouvent dans chaque

11nst1 tUt bi en qu' elles ~i ent souvent pauvres" au n1 veau de

rapproVisionnement, et une '''elfaM>re des nouvelles I l regroupant les

. journaux

est

parfois adjacênte à la bibliothèque, toute cela dans le but

,

'attirer la clientèle locale. Pour être membre actft d'un Institut et

énéficier de ces multiples services, 11 fallait au préalable payer une

ouscription annuelle peu élevée. L'accès

au

statut de membre dépendait

e~

premier lieu de,l 'acquittement de· cette somme et écartait en principe

\

discrimination de langue, de religion, d'allégeance politique.

membership se compose svrtout d'hommes, et dans le

il est exclusivement masculin. Les femmes étaient

tou~efois bienvenues lors des conférences.

Le cas de l' ICM permet aussi de vo1.r cOIIIIIent la reconna1 ssance des goût} d'un groupe social pour certaines activités peut influencer le

développement d'une association culturelle. L'Institut canadien de

1

1 '

Montréal reflète

~es.

- demandes spécifiques de la bourgeOfsi1e

montréalaise. Les activités or,ganisées ci " ICM répondent à des besotns '

1

la création de la bibliothèque se présente comme une

1

éalisation prioritaire. "En 1844, l'leM était la première association

i

ffrir 4 la population francop'h~ne de Montréal une bibliothèque. (La

Barreau,

fondée en 1822,

desservait

le$

avocats

(

J la.-\ l'li 1 1 1 , ; ,\

(19)

(

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r

14

-seulement). D'autres tentatives d'organisation culturelle dU même genre ,

avaient donné des' ~sultats peu intéressants et abouti à des échecs au

bout de quelques années d'existence. La population ,francopho'1e était

prête à encourager la 'mise sur pied de sa bibliothèque collective.

Jusqu'à ce jour, le livre se trouvait présent surtout dans la

bibliothèque privée qui canporte un fonds de volumes généralement peu considérable, et demeure la propriété d'un seul individu. Nous prenons"

connaissance de 1'existence de ces bibliothèques surtout lors de la

\.. '

lecture du ,testament où

~~statetJr

a pris soin d'inventorier sa

bibliothèque pour la

~

ses héritiers. Contrairement à la

bibliothèque privée. la création des bibliothèques cO,l1ectives résulte

en bonne partie d'un souci d'instruction pOpulaire où la diffusion du

1 ivre et l a mu 1 ti pli oati on de ses poi nts d'accès prennent une grande importance. Sont deI> bibliothèques collectivè$' celles qui "sont 1a ___ -~--propriété d'un groupe\~t auxquelles ont accès les fmbres"l.

\ \

Ces bi b 1 i Ctthèques comprennent 1 a

~

b 1 i othèque du

Parlement "à Québec. les bibliothèques

paroissiales,\ celles des gr upes

50c10-professionnels,\ des maisons d'éducation, des

communautés r~1g1euses, des associations

vo 1 onta ires a i n~,i que les bi b 11 othèques

connerciales (ci rcj}{at1 ng 1ibraries) nées en

Angleterre au XVIIIe "~1ècle et reprodu1 tes dans

les colonies anglaises ~ès 1760. Ces agents de

diffusion pratiquent le ',~rêt du livre et ont

souy'ent un cabi net de l ectu~ ... 2

1 c C1aude Ga1arnea~, "Le livre ancien au Québec: état présent des

recherches", Revue frarlçaise d'histoire du livre, 16 ( 11let-septeRtre

1977). , p. 341. , ~\

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p"

341.~

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La bibliothèque de l'ICM se définit donc conne étant une

bi'bliothèque collective, ràttachée

à

une association ,culturelle

'volontaire.

2. La fondation ,de l'leM et de sa bibliothèque

L'Institut canadien de Montréal' fut fondé le 17 décembre 1844 à

- Montréal. Parmi les deux cents membres présents1, on retrouve en

majorité des représentants des professions libérales. avocats, étudiants

en droit, magistrats, notaires, médecins et quelques marchands. Tous

font Pftrtie de 1 'élite bourgeoise et intellectuelle montréalaise. L'leM

U •

prend modèl e sur 1 es associ ati ons' anglophones du mëme type tout en se défi ni ssant des buts propres et en mettant au poi nt les moyens de les

réaliser: ~

- "

'.

l'Institut canadien 'est fondé dans un but d'union,

d'instruction l1IItuelle et de progrès général. A

ces fi ns, 1 es mêJlt)res $ de cette soci êtè se

réuni ssent une fOj j chaque semaine, et ont à leur disposition une bibliothèque et une chambre de lecture. 2

1

\

D'après cet article de la constitution, la bibli~thèque est une

!

activité indissolublement liée ~ l t

exJstence même ~il'assoc1ation.

" '" " J

-

.'

Dahs l'esprit des fondateurs, la bfbTiothèque contribue' pour une large

,

i

'.

~

1 Marcel Dandurand, "Les premières difficultés entre Mgr Bourget et . l'lCM (1844-1865)", Reyue de l'Université d'Ottawa, XXV, (1'955), p. 147.

2 Article II, Constitution et Règleltents de l'Institut canadien, in

J ... B.-E. Dorion, Institut canadien en 1852. (Montréal, Rowen, 1952,1.

p. 37. ~

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16

-part à,- la réalisation de la vocat1on éaucat1ve Ge ,'leM. Ce- but

l'oblige à être située dans un environnement qui facilite les contacts

avec la pOpulation. Ce n'est pas par hasard que l'Institut et sa

bibliothèque s'implantent au coin des rues Saint-Paul et Commissaire, au

coeur de l'activité c;,OI1IIIerciale de Montréal. La création des Instituts

j-,canadiens est un phénomène exclusivement urbain et le cas de l'leM,

initiateur de ce mo,!lvement, illustre bien cette implantaton d'une

as,sociatf~n littéraire dans un milieu d'affaires à forte densité de

population: La Ville de Montréal compte alors 44 48~ habitants dont 4~

sont d'origine francophone.1 Les fondateurs de l'leM tiennent donc i

'~e~urer là où se trouve leur bassin de clientèle. Issus eux-mêmes de

1

~

peti te bourgeoi si e francophone et pratiquant des professions

1

l'~bé,.ales, ils recrutent surtout des ment>res répondant aux mêmes

c~itères d'appartenance de classe et d'occupations professionnelles. En

accord avec l' object; f de promotf on de l' éducati on, l'

reM

tente de

sulrcroït d'impliquer la classe ouvri ère et la popUlation dans son

1 (

e~Semble.

Leur réponse toutefois sera toujours timide et

1~

ambitions

1

d~ départ S,I estomperont avec lèS années t si bi en que la petite

bourgeoisie composera la majorité du metmersh1p actif de l'reM tout au

, ong

ct:

ses trente-ci nq années d' exi stence.

l Jean-Roc:h Ri-o&lx, L'Institut canadien. Le& dibuts de 1 'I!lIt1tut

canadien et du journàl, l 'Xvenir U844-1849), tOniVers1te lavil,96J).

p ... 9. '

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~ - 17

3. L'incendie de 1850 et le nouveau départ

L'Institut consolide gradu~llement ses bases et sa bibliothèque

se garnit d'une collection de l 550 volumes jusqu'au 17 février 1850.

Ce jo~r fatidique voit l'expansion de la bibliothèque brusquement

i nterranpue par un i ncendi e déva's tateur. Les flammes rasent

complêteœnt l'édifice de trois étages qui logeait entre autres deux

magasins, les bureaux du journal l'Avenir et la bibliothèque.

Heureuseœnt. cinquante et un volumes en circulation sont épargnés. Les

archives de l'Institut antérieures à cette date ont présumément été

détruites en même temps que tous les livres de l'ICM car elles sont

demeurées introuvables à ce jour. Sans perdre de temps, les memres de

l'Institut décident de reconstituer et de reloger leur biblfothèque, ce

qui les amène à négaci er en 1854 l'achat de la ma 150 n de

M. Montmarquette, -située au 111 de la rue Notre-Dame, tout près du

château de Ramesay. L'Institut, devenu corporation civile l'année

précédente, a de nouveau pignon sur' rue. La gestion de la nouvelle

bibliothèque canalise beaucoup d'énergies et préoccupe constaanent les

lleamres. De cinquante et un volumes au lendemain du désastre, la

bibliothèltue possède quatre ans plus tard 3 177 volumes et on note 4 175 emprunts en 1854 par rappo~t à 2 400 en 1851.1

Dorénavant, une bib 11 othèque de cette importance exi

gera

des

.r"'

structures administratives bi en 'en place. '. En 1855, elle est gérée par

-1 Ces chiffres sont tirés

de

l'ouvrage de Y. LaMOnde~ les

bibliothèques de collectfvités i Môntrj~l, (Montréal, 81blfothèque

nationale

du

Quêbëc,'

1979),

pp.

53-54. "

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(23)

18

-1

un comité de rÉ\gie composé d'un trésorier. d'un bibliothécaire et d'un

assistant-bibliothécaire. Le poste de bibliothécaire a presque ~ujours

été occupé par un ment>re i nfl uent de l' leM. Mème si l' électi on à ce poste ne requi ert pas une fOnDaotion professionne11e et spéci al i sée. son

occupation est loin d'être sous-estimée car elle nécessite de longues

heures de trava.i1 et > obl ge à prendre d'importantes déci sions

administratives. énumèrent les tàches bibTiôthécafre élus:

XVII et XVII 1 de la Constftut10n

du bibliothécaire et de

l'assfstant-Le

bibliothécaire veille à la bibliothèqùe et â la çhant>re de lecture, de l'état desqUels il doit rendre compte à tous les mois, au comité de régie;

11 doi t aussi accuser réception de tous dons de

livres et pamphlets faits à l'Institut; en tenir

un catalogue régulier avec les nans desoilOnateurs,

a fris f que tous autres 1 ivres appa rtenant i

l'Institut et présenter, tous les semestres,

rapport de son administration. '

",

l'assistant-biblfothécah'e remplit les devo1rs du

bibliothécaire au besoin et lui aide dans ses

fonctions.l

La 1 ecture des règlements de 1 a bi b li othèque révé 1 e 1 a pré senc e

additionnelle d'un surintendant "spécialement

chargé

de fafre observer

lesdits règlements. et de tenir une liste régulière de tous ceux qui

prennent des livres à la bibliothèque ou enregistrent le titre et le

numëro des

>,-vo1umes-

qu'

ils

prennent"2. Cet employé controle le système

1 Constf tutf on de l' leM.

2 Hélen Perron, Modèle d'.nal~se d'une bibliothèque au 1ge siècle,

(Montréal, Uniyersité

MëG111. 197& ,

p.

26 •

(24)

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19

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d'emprunt et 1}OUS présumons qu'il de~re

a

la bibl'tothèque pendant la

totali té des heures d'ouverture.

L'approvhionf'lement en livres et ~n journaux' constitue la

préoccupation majeure,:au bibliothécaire. l'examen des procès-verbaux

des asseJlt)lées nous mntré que les bibliothéc~ires successifs se sont

acquittés consciencieusement de ce travail.

En effet, comme" Je . bibliothécaire consigne ses activités régulières dans les procès-verbaux, ceux-ci révèlent le fonctionnement

de la bibliothèque. On y trouve mentionnées les suggestions d'achat,

les dépenses encourures, les listes de volumes reçus en dons. On y

apprend aussi qu'effectivement les bibliothécaires ont produit plusieurs

catalogues reflétant le contenu de la bibliothèque. Le processus

d'achat des volumes comporte de nombreuses difficultés, car le commerce

du livre de langue française en Bas-Canada se bute alors à bien des

,. .r

Icuei l s. La producti on des édi teurs et ; mpr1 meurs loeaux étant tout à

;,

f

fait négligeable, l'approvisionnement doit se faire à l'étranger. De

plus. la situation politique de la première lIOitié du XI Xe siècle ne

favorise pas la pénétration du livre chez les francophones. Rappelons

certaines contraintes. Depuis la conquête, les liens officiels avec la

France sont rOOlpus. Le cOtllllerce se fait avec l'Angleterre qui détient le monopole des exportations et des importations avec sa colonie. Comme

",

l '~ndique Antonio Drolet dans son ouvrage les bibliothèques canadiennes,

;

(25)

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-••• ce' n'est qu'en 1843 que la Chambre d'Assemblée

sera sai si e d'une demande des députés de langue

française pour'que le livre français fût placé sur le même pièd que le livre anglais en ce qui regardait les droits d'importation)

Cette régl ementati on rendra l'importation moi ns pénible mais ne

racçourcira ni les délais n1 le trajet du livre qui, venu de France,

fait escale en Angleterre avant d'arriver en terre canadienne ...

L'importation se faisait malgré tout depuis 1820 par les librairies bien étab11es et l'Institut s'approvisionnera dès sa création chez les

libraires de MQ~tréal. Parfois l'leM achète à l'encan comme ce fut le

cas en 1856: 1 e rapport de 1 a séance du 2 avril de cette mëme année

signale un achat de livres effectué à l'encan de M. Clarke. Le comité

de régie se voit aussi offrir des livres en examen avant achat: lors de

la séance du 19 juillet 1855, on précise que le "comité de régie soit

chargé d' exami ner un ouvrage offert en vi site et portant nom "Gazetti el" des ttats-Un1 s et du Canada" et de " acheter s'il " en Juge di gne ".2

L'leM prend soin de recueillir les suggestions de ses memres

et vote ,en .... faveur ou non de ces acquis1tfons: "M. Blanchet donne avis

qu'p proposera à la prochaine séo.nce que l'Institut fasse l'acquisition

de l'Histoire du Bas-Empire par Le Beau et celle des Empereurs par

Cuv1n". 3 Certaines propositions d'achat émanent de personnages connus .

.

1 Drolet, l~s bibliothèques canadiennes 1§04~1960, p. 78.

"

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1

2 Archives'~ l'Institut canadiJen de ,Montréal disponibles sur

111crofilm (6 bobines cotûs M-74-10)

èt

localisé"es lUX Archives

- nrtlonales du Québec. Procès-verbal, sé~nce du 17 IIIlrs 1856 •

. 3 Ibid. l 1

1

, ~ 1

(26)

(

( 21 (

-Tel 'est le cas des sollicit~tions de Lamartine qui envoie lui-même une lettre IIdemandant à l'Institut de s'abonner à un ouvrage de littérature

qu'il doit pUblier prochainement".! Il s'agit du Cours familier de

l itt~rature signalé dans le catalogue imprimé de 1870.

Ces différents 1;ypes d'approvisionnement (surtout les dons), même s'11s ménagent les finances de l'Institut et garnissent bien les

r~ons, produisent des fonds de, colleçtion peu homogènes. Ainsi

l'Institut propose-t-il à M. Lefebvre, président de la Société

littéraire de Laprairie, un don de 242 volumes. Ces oeuvres incomplètes

et dépareillées auront meilleur usage chez leur nouvel acquéreur.2

Bien que prosptre, l'Institut ne peut toutefois accorder

libéralement des fonds pour l'achat. On doit canpter sur la générosité

du public. Les versements fréquents de volumes à la bibliothèque

démontrent que " admi ni strati on autant que les memres et les donateurs extérieurs recoonaissent en elle la manifestation d'un besoin social et

culturel. Rappelons que cet intérêt de la population pour la

bibliothèque avait commencé à se manifester sensiblement peu après

l'incendie de 1850.

A

partir de ces cinquante et un livres alors en

circulation et par conséquent épargnés par le feu, on réussit i

,

reconstituer un fonds de 1 500 volumes en un an. La population

francophone répond à la campagne de souscription et soutient la remise

en état de sa bibliothèque. Les noms des donateurs sont inscrits dans

• 1 Archi ves de l' tnsti tlJt canadien de Montrëal di sponibles sur

IIfcrofflm (6 bob1 nes cotées M-74-10) et 10ca11 sëes aux Archives

nationales du Québec. Procès-verbal. séance du 17 Imr~ 1856.

\

1

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, 1 1

(27)

(

(

,

un rapport pub li épar J. -B. -E. Dori on en 185'2: ex ce 11 ente preuve de

gratitude de la part de l'lCM mais ·aussi ~tratégie pUblicitaire qui,

incite le public li suivre cet exemple de co11aborat1on.

Dans son documentt Dorion remercie au nom de l'leM. les

Di enfaiteurs généreux, fait le bi 1 an des réali sations passées et dresse le tableau des projets futurs tout en insistant sur l'avenir prometteur

réservé à la nouvelle bibliothèque. 1 L'esprit associationniste

encourage la participation à cette réalisation et la nécessité d'un lieu d'education et d'instruction populaire maintient la bibl10thèque dans

une ligne de progrès constant. En 1866, l'Institut canadien possèdera

la meilleure bibliothèque francophone de Montréal avec 525 membres.

6 500 volumes et 69 journaux.

4. Mgr Bourget et la bibliothèque de 1 'leM

Le dével,oppement de la bibliothèque ne s'est pas fait sans

....

heurts. Les di fff'elfl tés seront d' ordre matéri el, fi nanci er et

religieux. Lors de la création de l'ICM en 1844, Mgr Ignace Bourget,

évêque du diocèse de Montréal. voit d'un bon oeil ce regroupement de

c1to~ertS soucieux de relever le niveau culturel de la collectivité

francophone. Dix ans plus tard, le prélat n'envisagera plus les choses

.

du même oeil. L'

reM

compte dàns ses rangs plusieurs membres influents

qui professent des idées Jibérales et rèfusent l'ingérence de l'~g1fse

\

l Dorion, Institut

éanad1en

en 1852.

J

1

, 1

Î

(28)

(

23

-dans la gestion de leur association et de leur bibliothèque. Mgr

Bourget, pa rt i san de l' u ltramontani sme, y vof t une menace, même une

atteinte à son autorité; aussi entend-il redresser cette situation sans

délai. D'une part, il encourage la fondation de l'Oeuvre des bons

livres de Montréal (17 septemre 1844) et plus tard celle de plusieurs

bibliothèques paroissiales pour contrer l'influence de 1 'leM et

1

combattre la propagation des mauvais livres susceptibles de saper la

morale publique. D'autre part, Mgr Bourget lance une campagne -de

dénonciati on pub 1 i que des idées 11 béral es. Une premi ère lettre datée du

10 mars 1858 condamne l' leM. Le 22 avril, 138 membres de l'Institut

démissionnent après avoir essayé en vain d'épurer la bibliothèque des

1 ivres jugés ilTlOOraux; ils fondent le 3

mai

l'Institut

canadien-françai s de Montréal. Entre-temps, soit 1 e 30 avril, Mgr Bourget écri t

sa seconde lettre de condamnation qu'il fait suivre d'une troisième le

. 31 ma i 1858. Mgr Bourget n'entend pas 1 âcher prise et dés ire à tout

pri x la dispa ri ti on de la bi b li othèque: l es tentatives de censure et

î)

1 es condamnations répétées en témoi gnent.

Les memres de l' 1 nsti tut rétorquent en mai 1864 ~t une

.

délégation remet au prélat le catalogue de la b1bliothèquè rédigé en

1852 afin qu'il coche les livres à l'Index. Six mois plus tard. le

catalogue est

remis •••

intact .

En

fait, et de façon impl1cite,

c'est

non seulement

la

collection complète qui se trouve condamnée mais égal~nt l'Institut

lu1-1IIême. Cette querelle marque des heures bien sombres dans 'Ihistoire

de la :bibliothèque. le départ. en 1858. de près de la 1II01t1é du

~

(29)

(

(

... :'lI PI! ,1lIh:I:UUl!'l$'~.'b. Qtl ;&::4 l.d41."'Q( Zif". lb .... 4 . . . "' ... W'~ ...

24

-membership et " interdit jeté sur la col1ect1on de volumes portent un

coup dur à la popularité de l'Institut.

Mais 1'Institut n'est pas au bout de ses peines car, la 'rue

Notre-Dame devant être élargie, le terrain qu'il occupe est

partiellement exproprié.' Suite â l'avis d'expropriation, le

procès-verbal de la réunion dU 2 février 1865 fait part de la décision -de

modifier substantiellement la face de l'édifice et d'y ajoute.r un 3e

étage. le deuxième étage sera occupé par la salle de nouvelles et la

bibliothèque, pour une superficie de 700 pieds carrés chacune.1 La

bibli othèque inaugure ses nouveaux locaux en décemre 1866. Cette date

marque le début de la période la plus active de la bibliothèque mais

aussi le début des difficultés financières de l'Institut.

_

5."--?

~e cadeau dO pri nce Napo1 éon

La bibliothèque ne fut pas toujours un ''Ot),jet de que rel le;

pendant que Mgr Bourget s'attachait â dêtru1 re l' Ins-tj,~ut, des

sympathi sants fa i sa i ent contrepoi ds et l'encourageaient dans' son

" ,

développement. '-te prince Napoléon et l'Institut de France, entre

autres, aident le jeune organisme en lui prodiguant leur appui IOral et

• matériel.

Le prince Napoléon est chaleureusement reçu par l'Institut au

lendeuin de la crise avec le clergé, soit en 1861. La visite d'un

--1 Perron, Modèle d'analyse d'une bibliothèque lU

1"

siècle,. p. Z3.

r

1

1

1 1 1

1

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(30)

(

c:

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_."' 25 _."'

-personnage prestigieux aux idées libérales et anticléricales avouées est une occasion révée pour l'Institut, de réitérer sa foi dans le progrès.

Tandis que le clergè affiche une froide distance à l'égard de l'illustre

~

visiteur, l'Institut lui ouvre grandes ses portes et de ce fait

consolide ses appuis idéologiques. Le Prince, en remerciement, envoie

un don de 36 titres pOur un total de 158 volumes de luxe, i. la

bibliothèque,! Il faut sûrement réfléchir sur la signification de

ce

don

et

en considérer les implications pour la bibliothèque.

De pr1me abord, il est évident que ce don est un gage de

gratitude envers l'Institut. De plus, le Prince reconnaft l'importance du livre ~t. du mëme coup. celle de la bi bli othèque de l' reM. Ce don de

11 vres est tout à fait appropri é, d' autant plus que leur édi tion

luxueuse est assoc..!!:

â.,}

'idée de prestige.

\

....

~~

livre demeure une denrée coûteuse: 1 a

Encore au

XIX

e siècle, le possession et l'échange

d'i~rimés se fait, dans une large __ proportion, au sein de la classe

aisée et culturellement favorisée. Cent cinquante-huit livres de luxe!·

Quelle acquisition de prix, et qui garnit bien les rayonnages d'une

jeune bibliothèque! La vue de ces beaux Objets, bien reliés, confère à

l'Institut de l'importance, de la considération. l'aval de la noblesse

étrangère. Et les memres de l' leM sont trës sensibles à la mi se en

place de ce décorum.

Que contenai t ce don? La li ste des 36 titres parue dans Le

et l' article du 15 décellilre 1861 nous en

1 Le P ~s. Zl nov_re 1861. c _ ...,.- -...

_----""---...---

... - --"'"

,

1

(31)

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.-; nforment.

- 26

~-- ---"~-""",-"""''''''

-- "-_ ... ,

'i

il

I l s ' agi t d' un "spenai ae présent", d'une "magni fi cenee

princière" regroupant un total de 158 volumes traitant de sujets

scientifiques, historiques et artistiques. Selon les membres d~

l'Institut, leur valeur morale est irréprochable. Ces livres répondent \

'.

en tout po; nt aux caractères propres au 1 ivre de luxe par 1 eur apparence

matérielle soignée, leur rareté, leur coût. les sujets dont ils

traitent.

Ce qui frappe d'abord quand on exami ne ces li vres,

c'est la magnificence e)(traordf naire des

reliures. Elles joignent à l'éclat des dorurfls la

plus remarquable solidité. Quelques-uns des

l i vres sont de vêr; ta1> les j oy,aux, CORIne par

exemple les fastes de la famille Bonaparte, volume

de 40 pouces de largeur sur 18 de hauteur, relié

en magnifique vèlours vert avec agrafes' et

ornements en venneif '(-argent doré) et au d"~n~re

l'N impi·rial su rlOOnté d'une couronne aussi en

venneil.

Les livres sont tirés à très peu d'exemplaires, ce qui confirme

leur rareté. Leur coût de production est très élevé, surtout à cause de

la qualité typographique, 'la finesse du papier et 1 '.insert1on d'un bon

noat>re de photographi es et de gravures.

collection est estimée à 3 000.$ en 1861.

La valeur totale de la

\

;-Plusieurs de ces ouvrages sont rares partout et d'un prix tel qùe très peu de particuliers peuvent

songer à 1 es placer sur 1 èS rayons de 1 eur

bibliothèque. 2

\

1 Le-P~s. IS décembre 1861.

(32)

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-,

~

Les siJjets trai rés ne se prêtent pas

i

la 'lecture suivie. Ces

l1vres précieux et dé grand fonnat doivent plutôt être consultés sur

place. Le récit des voyages du Prince. sa correspondance. les

volumes-souvenirs de l'Exposition de Londres éveillent 1a curiosité et sont un

1

plaisir visuel beaucoup plus qu'ils ne suscitent une lecture sérieuse et soutenue.

Par définition. le livre luxueux est ",n objet "de

conservation"l,conçu pour prendre place sur les rayons d'un,

bibl1othèque. La reconnaissance extérieure du caractèt:'..e exceptionnel

clè

la collection princière lui confère un statut particulier au sein de la

bibliothèque de l'Institut. Ce don est considéré comme un bien en

lui-même et à ce titre n'est pas intégré au reste de la collection. Un

aménagement

spéc~

al est réservé à cet ensemble d'ouvrages qui sont

, 1

classés à part, ~e circulent pas, et ne Sor'It disponibles que pour la

1

consultation sur place. À cause de SOl') caractère même, la diffusion de

cette collection est très restreinte et son usage. très contrôlé.

Î

Cela dit, i,l reste à voir cOIIIIent le prince Napoléon et les

memres de l'Institut perçoivent ce cadeau. De son .côté, le Prince

o envisage ce don conme un gage de gratitude envers l'Institut qui lia si

,..

bien accueilli; f1 scellé ainsi un lien" d'amitié 'et cie ccmmunauté

c<'

d'idées. Imp

Yi

Jc1tement. il reconnait 1 l,importance du livre et du rôle

de la bibl10thèque de 11 leM. Quant aux memres de 11 Insti tut, il s

l '

s'enorgu~il1is ent d'une si précieuse acquisitfon.

La

vênération vouée

1 Robert Esc rpit, Le littéraire et le social. (Paris, Fla_rion:

1970), p. 133.

1

f

Figure

Tableau  chronologique  rel attf  à  la  b1bl1  ~t~q1  de  l'  leM
TAbleau  ~hronolQg1que  relatif  à  la  bibliothèque  de  l'ICM
Abbé Girard ....... _ ...... Comte  de  Valmonlof!  le ..  ('garemenls  (Jf'  la  de  la raison  ............

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