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A propos de l’EQB macrophytes en cours d’eau dans les
DOM : Note
Christian Chauvin
To cite this version:
Christian Chauvin. A propos de l’EQB macrophytes en cours d’eau dans les DOM : Note. irstea.
2015, pp.2. �hal-02605313�
Note macrophytes DOM fev2015.doc 1
A propos de l’EQB « macrophytes en cours d’eau »
dans les DOM
NoteChristian CHAUVIN
UR Ecosystèmes aquatiques et changements globaux Irstea – Centre de Bordeaux
50 avenue de Verdun - 33612 CESTAS
Février 2015
Des missions ont été menées dans les DOM en 2012 et 2013 afin de définir la faisabilité et la pertinence de développer des indicateurs d’état écologiques basées sur les peuplements de macrophytes aquatiques.
Les résultats de ces observations, menées sur un panel complet de sites représentatifs des réseaux de surveillance mis en place ou, plus généralement, de l’ensemble des types de cours d’eau de chacun de ces territoires, ont permis de confirmer plusieurs éléments :
- Dans les DOM insulaires (Martinique, Guadeloupe, Réunion, Mayotte), la topographie abrupte associée à des épisodes pluviaux souvent violents génère des régimes hydrologiques très contrastés sur un cycle annuel, avec des écoulements à très haute énergie provocant un remaniement régulier des substrats. Ces caractéristiques sont très défavorables à l’implantation et au maintien de peuplements de macrophytes en équilibre avec les pressions de type anthropique.
- Le couvert forestier très dense, présent sur de grandes étendues de ces territoires, ne permet qu’un éclairement très faible des petits cours d’eau qui forment la majeure partie du réseau hydrographique ; Ceci limite l’implantation de peuplements macrophytiques à de rares formes. Dans ces conditions naturelles limitantes, ces peuplements traduisent principalement ces conditions particulières, et non un gradient de réponse aux pressions anthropiques.
- De même, la nature géochimique des eaux, en relation avec l’origine volcanique des roches (DOM iliens) ou l’encaissant granitique (bouclier guyanais) génère des systèmes aquatiques naturellement oligotrophes à ultra-oligotrophes pour la plupart des types de cours d’eau. La végétation y est donc naturellement pauvre. Localement, l’hydrogéochimie peut parfois, au contraire, être très spécifique, et apporter une minéralité excessive à l’eau (sources thermales à la Réunion ou en Guadeloupe, par exemple). Les peuplements d’algues peuvent alors être abondants, mais ne représentent que ces conditions naturellement très particulières.
- La superficie assez faible de ces territoires (DOM iliens) ou la typologie très homogène (Guyane) rend difficile l’obtention d’un gradient de pression associé à un nombre suffisant de sites de mesures, conditions nécessaires au développement d’un indicateur basé sur une approche statistique des relations entre pressions et impacts, comme le stipulent les critères de conformité méthodologique DCE.
- De plus, les gradients de pression anthropiques sont très resserrés, entre les zones amont et médianes des bassins, généralement pas ou très peu impactées (très forts reliefs) et les zones distales côtières, où l’impact est parfois très fort mais très localisé au tout dernier tronçon des cours d’eau. En Guyane, le relief peu marqué n’est pas contraignant, mais le
Note macrophytes DOM fev2015.doc 2 même resserrement du gradient s’observe entre la couverture forestière et la bande côtière, dont les cours d’eau sont soumises aux marées et n’entrent donc pas dans les critères de pertinence « macrophytes de cours d’eau ». Cette configuration assez généralisée ne permet pas d’obtenir un gradient de calage d’un indicateur macrophytes.
- Quelques secteurs pourraient présenter des pressions modérées (agriculture, habitat diffus) et des peuplements macrophytiques supportant une approche de bioindication, comme sur la partie sud de la Martinique, quelques petits cours d’eau du centre de Mayotte ou quelques courts tronçons de raccordement à la bande côtière guyanaise, mais il s’agit surtout de peuplements d’algues, difficiles à utiliser seuls en tant que bioindicateur « macrophytes ». - En Guyane, les peuplements de macrophytes sont pratiquement absents des cours d’eau.
Ceux observés dans les petits cours d’eau sont pauvres et très liées aux conditions de sous-bois denses, ceux notées sur les grands cours d’eau sont localisés aux zones de sauts, et très spécialisés (composés en quasi exclusivité de Podostémacées, dont la taxinomie est encore largement méconnue). Si, localement, il est probable que les peuplements en place soient indicateurs de conditions particulières, cette pauvreté associée à une méconnaissance de la flore aquatique guyanaise ne permet pas d’envisager un indicateur à l’échelle de l’ensemble du territoire. De plus, la très grande majorité du territoire guyanais n’est pas ou très peu impacté par les activités humaines.
Bien que des points d’intérêt non négligeables aient pu être identifiés localement quant à la pertinence des macrophytes pour traduire des conditions environnementales particulières ou dégradées, les caractéristiques régissant le fonctionnement et la typologie des cours d’eau des DOM limitent fortement la faisabilité de mettre au point un indicateur d’état écologique tels que ceux qui ont été développés en métropole à partir des peuplements macrophytiques. La pertinence de cet élément de qualité biologique dans ces territoires ultramarins n’est donc pas assurée, au regard des moyens nécessaires le cas échéant pour développer un indicateur et à son applicabilité non généralisable.
Une des actions préliminaires, complémentaire à cette première expertise, serait de mener un inventaire plus exhaustif de la flore aquatique des cours d’eau de ces territoires, qui doit servir de base à l’approche biocénotique, et qui n’est actuellement disponible pour aucun département d’outre-mer.