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ARTheque - STEF - ENS Cachan | L'ignorance soi : pour une didactique de l'anthropologie

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L’IGNORANCE DE SOI :

POUR UNE DIDACTIQUE DE L’ANTHROPOLOGIE

Ninian HUBERT VAN BLYENBURGH

Ville de Genève et Université de Genève, Département d’anthropologie

MOTS-CLÉS : ANTHROPOLOGIE – DIDACTIQUE – DÉCENTREMENT –

REPRÉSENTATIONS ESSENTIALISANTES – CONCEPTS STRUCTURANTS – CONSTRUCTIVISME

RÉSUMÉ : L’anthropologie biologique et culturelle joue un rôle central dans la construction de la

définition de l’humain. De nombreuses réflexions, dont celles que j’ai menées, montrent que les connaissances de cette discipline sont particulièrement structurantes, car elles permettent de construire une représentation à propos de la diversité physique et culturelle des humains et de la spécificité de notre espèce. Or, et cela est surprenant, il n’existe pas d’enseignement systématique de ce corpus.

ABSTRACT : Biological and cultural anthropological knowledge play a central role in elaborating

a definition of mankind. Numerous studies, including my own, show that anthropological knowledge is particularly structuring, as it allows a learner to build a rational view about the physical and cultural diversity of humans and about the specificity of our species. However, surprisingly, there exists no systematic teaching of anthropology.

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Un rapide coup d’œil sur l’actualité de ces dernières semaines nous apprend qu’un grand nombre de sujets traités par les médias, et donc à problème puisque justement traités par les médias, ont pour enjeu des questions relatives à la diversité des humains, qu’elle soit physique ou culturelle. Que ce soit le conflit sino-tibétain, les élections américaines, le conflit palestino-israélien, la guerre en Irak, la visite du pape aux États-Unis, la montée des intégrismes religieux et le rejet de certaines pratiques culturelles qui lui sont co-substantielles comme le port du voile, les initiatives de l’extrême droite helvétique lancées contre l’étranger ou les blagues douteuses de l’humoriste Dieudonné, toutes ces affaires ont pour enjeu la race, l’ethnie, la civilisation, la culture, la nation, l’identité, l’origine ou le sexe. Tous ces concepts, et la liste n’est pas exhaustive, ont en commun quelques particularités : ils constituent tous des catégories de pensée artificielles qui, contrairement à l’opinion commune, « n’ont rien à voir avec la nature ou l’essence des choses, mais sont des artefacts, des constructions sociales, des produits de l’histoire et en tant que tels arbitraires, conventionnels et changeants. » (Gallissot, Kilani et al., 2000). Tous réduisent une réalité complexe à une ou deux propriétés, des propriétés qui, de surcroît, auraient des fondements naturels, voire surnaturels. Autrement dit, ils sont essentialisants.

Les humains ont inventé des concepts essentialisants pour dresser des frontières entre leur communauté d’appartenance et le reste du monde, « entre le dedans et le dehors ». Il est même possible d’expliquer l’origine de ce réflexe essentialisant. L’être humain dispose, en effet, des ressources émotionnelles nécessaires pour éprouver de l’empathie pour ses proches et ses familiers. Les membres d’une famille, les amis, les voisins, les collègues de travail constituent un cercle d’individus pour lesquels nous avons « naturellement » de la sympathie parce que nous avons au cours de notre existence développé des relations personnelles avec eux (Waal, 1997). Des liens affectifs se tissent entre des individus qui s’identifient mutuellement. Nous sommes « attachés » à nos proches, parce qu’un lien biologique, substantiellement fondé, nous unit à eux.

Pour éprouver de l'empathie pour des humains, une familiarité est donc nécessaire. Ceci explique pourquoi nous n’en éprouvons pas particulièrement pour les quelque 6,5 milliards d’autres humains qui peuplent la terre. C’est une donnée incontournable. Le problème qui se pose à notre espèce est que nous ne vivons plus depuis très longtemps en petites bandes isolées, soudées par l’empathie, et entre lesquelles il n’y a que très occasionnellement des contacts. Aujourd’hui, les bandes sont légion et les croisements planétaires. C’est pour faire la différence entre eux et nous, pour maintenir une appartenance identitaire dans un monde où l’Autre s’est considérablement rapproché que nous avons formé des catégories de pensée essentialisantes. Pour les Grecs, le monde était divisé en deux : eux-mêmes et les Barbares. Tous les groupes humains ont développé des logiques

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d’exclusions sur un modèle semblable : dans « Allemand », il y a « alle Männer », tous les hommes… et nous savons comment l’idéologie Nazie et sa propagande inspirée par le marketing américain a réussi à faire croire à ces Allemands que les Autres n’étaient précisément pas des humains comme eux.

Nous sommes donc par essence égocentriques et cet égocentrisme est à la base du rejet de l’Autre. Il est à la base de la xénophobie, du racisme et, bien sûr, du sexisme. Nous sommes d’abord naturellement « autruistes » (Langaney, 1981) avant d’être « universalistes ». Les mots « races », « ethnies », « civilisation » et bien d’autres encore, répondent précisément à ce penchant naturel et lorsqu’ils sont utilisés comme des supports idéologiques, ils peuvent se transformer en redoutables armes de guerre. Car « n’oublions pas comment s’impose toujours une idéologie. Pour dominer, la violence ne suffit pas, il faut une justification d’une autre nature. Ainsi, lorsqu’une personne exerce son pouvoir sur une autre – que ce soit un dictateur, un colon, un bureaucrate, un mari ou un patron –, elle a besoin d’une idéologie justificatrice, toujours la même : cette domination est faite « pour le bien » du dominé. » (Chomsky et Mermet, 2007). La terminologie essentialisante de la diversité physique et culturelle de l’humain est d’abord un instrument de justification d’un pouvoir. Justifier des actions violentes au nom de la seule cupidité ou du besoin de pouvoir ne suffit pas. On peut justifier le sacrifice au nom d’une race, d’une ethnie, d’un peuple, d’une civilisation ou d’une religion, mais pas au nom de quelques barils de pétrole. L'histoire pullule d’exemples permettant d’illustrer cette logique.

C’est donc au nom de la race ou du sexe que l’on opprime des catégories d'humains, de l’ethnie que l’on déclenche les conflits ethniques, comme ce fut le cas au Rwanda et en ex-Yougoslavie. C’est au nom de la civilisation que l’on justifie l'affrontement de deux blocs géopolitiques essentialisés, le bien contre le mal. C’est au nom des racines que l’on justifie le droit sur la terre de « ces » ancêtres et au nom de l'identité, comme c’est le cas en Suisse, que certains stigmatisent l'étranger qui souillerait de part son origine l’identité de celle du pays d’accueil. Toutes ces notions servent d’abord de justificatifs à la domination et à la violence, quand bien même ils n’ont qu’une réalité administrative, mythique voire mystique. Mais la « masse » est persuadée qu’elles ont une valeur supérieure, ce qui démontre à quel point les représentations collectives « écrasent tout » (Segall, 2007). Comme on ne cherche pas à substituer un autre discours à ce « savoir sauvage », il n’y a là rien d’étonnant.

L’anthropologie s’intéresse à l’Homme en tant qu’objet d’étude relevant à la fois d’une histoire naturelle et sociale. Elle s’intéresse à sa « nature » - sa spécificité - et ses variétés physiques et

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culturelles. Elle réunit donc par définition toutes les recherches que tous ceux, ethnologues, anthropologues culturels et biologiques, généticiens, biologistes, sociologues, historiens de la discipline et psychologues ont pu développer et proposer. Sans pouvoir refaire ici l’historique de l’apport de chacune de ces disciplines dans la formation d’une pensée globale de l’humain, l’anthropologie est LA discipline qui a permis de prendre conscience « non sans mal que les autres peuples ne correspondent pas à nos bizarreries intimes, mais que l'autre est tout simplement… autre », comme le résume très pertinemment Julia Kristevas. L’Autre n’est… qu’Autre, une conclusion en apparence bien banale. L’histoire de la « domestication » de l’Autre montre pourtant qu’il n’en est rien. Rien n’a été moins évident que de comprendre cette leçon de l’anthropologie, tant elle heurte notre compréhension intuitive de l’altérité, qui a longtemps été vue plutôt comme une sorte de « monstruosité », pour reprendre l’expression de Claude Lewis-Strauss (Lévi-Strauss, 1952), plutôt que comme une propriété de la nature humaine. La peur de l’inconnu et de l’incompréhensible a fait qu’une des constantes de l’histoire de l’humanité a été que les groupes humains ont systématiquement rejeté l’Autre au-delà du cercle dans lequel ils s’inscrivaient eux-mêmes.

L’anthropologie est encore souvent subdivisée en deux types d’anthropologies : une anthropologie biologique et une anthropologie culturelle. Pourtant, une étude minutieuse de l’histoire de ces disciplines démontre que ce sont les interactions entre les différents champs de la connaissance qui ont permis à la pensée de progresser. Comprendre les fondements de la diversité culturelle nécessite une bonne compréhension du substrat de cette culture - le système nerveux central - et de la manière dont son « contenu » se construit. De la même manière, en l’absence d’une vision globale du produit de cette spécificité humaine - la diversité culturelle - il est difficile de développer une conscience aiguë de la dépendance du cerveau d’un environnement humain. Sous l’hypothèse irréaliste d’une uniformité culturelle, nous aurions sans doute beaucoup plus difficilement accédé à l’idée que le cerveau est pour l’essentiel une tabula rasa qui nécessite d’être « dressée ». Ce qui ne veut pas dire que nous sommes tous égaux devant la part apprise de l’humain (voir par exemple Cyrulnik, 2006), mais uniquement qu’il n’y a pas d’humain sans un « modelage » de son encéphale par l’environnement. Si cet environnement n’est pas humain, le cerveau ne le sera pas non plus, comme le montrent les cas des enfants sauvages (Malson, 1964). C’est notre chemin de vie qui détermine, pour reprendre la terminologie freudienne, notre « Moi » et notre « Surmoi ». L’être humain est par nature une construction sociale.

Cette spécificité de l’humain fait de nous des organismes vivants très libres par rapport à leur biologie, puisqu’elle ne nous dicte pas les comportements que nous devons adopter pour satisfaire

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nos besoins fondamentaux, le « Ça » freudien. Mais le corollaire de cette liberté est que nous sommes totalement dépendants de la société dans laquelle nous baignons. Chez l’homme, le déterminisme biologique, qui caractérise les comportements stéréotypés du monde des insectes par exemple, a cédé la place à un déterminisme social, tout aussi puissant, mais dont nous n’avons absolument pas conscience. Edward T. Hall le dit clairement dans un ouvrage déjà ancien : « [Almost everyone] has difficulty believing that behavior they have always associated with 'human nature' is not human nature at all but learned behavior of a particularly complex variety. Possibly one of the many reasons why the culture concept has been resisted is that it throws doubt on many established beliefs. » (Hall, 1959). Comprendre que nos comportements sont appris va à l’encontre de la représentation collective dominante qui voudrait que nous soyons déterminés par quelque chose qui nous dépasserait infiniment. Pour prendre conscience que nous sommes déterminés socialement, il a fallu le recul ou le décentrement anthropologique, il a fallu prendre conscience que son identité est une construction qui se fait uniquement de son vivant. Une psychanalyse n’est rien d’autre que le travail sur soi pour prendre conscience que nous nous résumons à notre propre histoire. La croyance que nous sommes ce que nous sommes parce que c’est inscrit dans notre « race », nos « gènes », nos « racines », dans notre « nature profonde », ou que nous sommes déterminés par une force qui nous dépasse, demeure pourtant extrêmement vigoureuse, et ce, sans doute, dans toutes les cultures. C’est la raison pour laquelle une psychanalyse peut durer des années et qu’elle n’est d’aucune utilité à la fois pour ceux qui sont déjà totalement décentrés et ceux qui en sont viscéralement incapables. Elle n’aide que ceux qui sont prêts à prendre le risque de se décentrer.

L’anthropologie est aujourd’hui à même de proposer un corpus de connaissance pour la compréhension du phénomène humain. Parce qu’elle a fait l’apprentissage de la méfiance du sens commun, elle s’est débarrassée des importants préjugés et stéréotypes qui entachaient la perception de l'altérité. Elle fournit un cadre conceptuel cohérent et structuré pour penser la diversité humaine, qu’elle soit culturelle ou physique. En donnant des repères clairs, en fournissant des clefs de lecture et un cadre conceptuel, elle permet d’organiser la pensée de tout individu sur un sujet à la fois très sensible et universel : Moi, Nous et les Autres. Elle permet de construire un regard distancié sur les différences entre les humains et de dépasser une approche purement émotionnelle.

Malgré l’importance structurante de ce savoir, il ne fait l’objet d’aucune diffusion systématique, pas plus qu’il ne figure dans les programmes scolaires. Seuls les curieux et les étudiants fréquentant les enseignements universitaires spécialisés l’aborderont au cours de leur existence. La responsabilité de cette carence incombe sans aucun doute aux anthropologues eux-mêmes, puisqu'ils n'ont

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jusqu'ici fait que peu d'efforts pour faire passer le message qu'ils possèdent des concepts qui aident à penser l'humain. Maurice Gaudelier, fait ce constat sur le site ethnographiques.org : « [Les anthropologues] ne cherchent pas trop à communiquer à un large public les connaissances qu’ils ont acquises des façons de penser, d’agir, de sentir des sociétés non-occidentales. Souvent également, ils sont capables d’expliquer le sens de tel ou tel rite ou mythe, mais pas de donner une vue globale de la société qu’ils connaissent, de ses contradictions internes, de sa place dans une région ou une nation. C’est pourtant cela qui pourrait intéresser au premier chef les politiques. ». Le fait que certains musées d'ethnographie, comme celui de Musée du quai Branly (Paris), prennent le virage de l'esthétisation plutôt que celui de la diffusion des connaissances ne contribue évidemment pas à populariser ces savoirs. Quant au Musée de l’Homme (Paris), démantelé au profit de ce dernier et pour lequel un projet de rénovation est en cours, il est impossible de dire à l’heure actuelle si le programme muséographique prévu sera à même de jouer un rôle central dans la promotion d’une connaissance sur l’humain à la fois globale et structurante pour le public.

J’ai mené de nombreuses actions d’information du public sur ces questions. J’ai notamment réalisé des expositions à succès comme « Tous parents, tous différents » et « Nous Autres ». La première proposait de déconstruire pour le public la notion de race et relevait donc plutôt de l’anthropologie biologique, la seconde relevait plutôt de l’anthropologie culturelle, puisqu’elle proposait un parcours à travers l’histoire de la construction de la représentation de l’altérité. Récemment, c’est le président du Groupe d’études et de recherches sur les mondialisations (GERM) qui réclame un enseignement systématique de ce qui constitue la spécificité de l’humain « […] Il est plus que temps d’agir sur le fond et d’introduire de manière systématique dans les cursus scolaires et universitaires une véritable éducation à la diversité culturelle et au dialogue interculturel. » (de Bernard, 2008).

Ici et là, des voix s'élèvent donc pour réclamer une formation systématique sur l’humain. C’est la seule manière pour lutter contre les stéréotypes et les clichés qui dominent la connaissance de l’Autre et qui, comme je l’ai rappelé au début de ce texte, sont à la base de la plupart des interactions humaines conflictuelles. Comme le souligne également de Bernard, cet enseignement ne va, bien sûr, pas de soi, tant les concepts à enseigner sont tout sauf évidents et la croyance dans leur trivialité forte. Dans le domaine de l’interculturalité, l’angélisme est roi, et le discours sur ce sujet se limite le plus souvent à la proclamation de la nécessité de promouvoir les bons sentiments, d’amour et de paix, plutôt que de développer une connaissance anthropologique fondée sur des concepts qui permettent de comprendre d’abord comment l’humain fonctionne, en quoi les humains se différencient et ce qu’ils partagent, le sens d’une notion comme « identité », etc. avant d’asséner

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une leçon de morale et de dicter une ligne de conduite. Car ce n’est pas en se contentant de promouvoir un « message d’amour et de paix », comme le font certaines églises, que les tensions entre les humains disparaîtront, comme neige au soleil. Comme le rappelle très pertinemment Tzetan Todorov : « On abuse du concept de dialogue entre les cultures, au point qu’il n’est parfois qu’un vœu pieux, parce qu’on lui demande l’impossible : la résolution de conflits politiques enflammés. Le dialogue, aussi bien intentionné soit-il, ne peut résoudre des problèmes liés à la liberté de déplacement, au partage d’un territoire ou de ressources naturelles. » (Todorov, 2008). C’est pourquoi d’autres solutions sont à chercher, des solutions qui passent immanquablement par la réalisation de la célèbre phrase figurant au fronton du temple d'Apollon à Delphe : « Connais-toi toi-même ». « La connaissance de l’autre est conditionnelle à la connaissance de soi et aux étapes à franchir pour devenir un adulte respectueux et respectable. » (Lavallée, 2007). L’anthropologie est la discipline de la connaissance de Soi et donc des Autres. Elle est la discipline de l’éducation à la diversité culturelle et donc du dialogue interculturel, mais pas seulement. En proposant une description exhaustive du phénomène humain, donc à la fois biologique et culturel, l’on apprend d’abord pourquoi il y a des différences entre les humains pour ensuite traiter la manière dont on peut les gérer. Nous demandons bien aux automobilistes de passer un permis avant de les lâcher sur les routes, pourquoi ne chercherions-nous pas, par le biais de nos systèmes éducatifs, à former chaque être humain à son fonctionnement avant de le lâcher dans la nature…

Pour que l’anthropologie puisse contribuer à réaliser le célèbre adage promu par Socrate, il faut commencer par réaliser un programme d’enseignement. En puisant aussi bien dans des disciplines comme la biologie et plus particulièrement la génétique, la neurologie, la paléontologie et l'éthologie mais aussi dans des disciplines des sciences humaines comme la psychologie, la sociologie, l’ethnologie et bien sûr aussi la philosophie, il serait possible de proposer un enseignement susceptible de contribuer à ce fameux dialogue interculturel tant réclamé. Ce travail de réflexion pourrait prendre la forme d’une didactique de l’anthropologie, comme il existe des didactiques pour de nombreuses autres disciplines. Elle aurait cependant une particularité de taille : celle de puiser dans de nombreuses disciplines. Le choix du contenu de ce programme se ferait en s’appuyant sur des représentations premières comme celles évoquées dans ce texte et celles mises en évidences dans d’autres travaux, dont les miens (Hubert van Blyenburgh, 1989). C’est ainsi qu’il est possible de réaliser un contenu dont l’enseignement devrait contribuer au décentrement que chaque individu doit nécessairement accomplir pour développer une compréhension de l’Autre. Cette symétrie ou attitude de réciprocité qui, comme l’écrivait Piaget il y a plus de 50 ans déjà (Piaget, 1951), « doit nécessairement être construite au moyen d'une éducation consciente. Il s'agit là du seul moyen d'arriver à une représentation acceptable de la diversité culturelle de l'Homme.

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L'égocentrisme initial peut alors faire place à une attitude de réciprocité intellectuelle et morale « instrument par excellence de la compréhension sociale et internationale ». Sinon l'impact des préjugés est plus grand et l'on aboutit à cette sorte d'esprit tribal dont les valeurs reposent sur la dévaluation des autres groupes sociaux. ».

BIBLIOGRAPHIE

Chomsky, N. (2007). Le lavage de cerveaux en liberté. Le Monde diplomatique, (août). Cyrulnik, B. (2006). De chair et d'âme. Paris, O. Jacob.

de Bernard, F. (2008). Une realpolitik est-elle en train de prendre le pas sur la Kulturpolitik. Le Temps, (2 juin 2008).

Gallissot, R. (2000). L'imbroglio ethnique en quatorze mots clés. Lausanne, Payot. Hall, E. T. (1959). The silent language. New York, Doubleday.

Hubert van Blyenburgh, N. W. P. (1989). Une étude du décalage entre les connaissances du public et le savoir scientifique en biologie humaine : évaluation des conceptions, analyse des obstacles et réalisation d'aides didactiques. Genève, Université de Genève.

Langaney, A. (1981). Comprendre l'autrisme. Le genre humain, 2 : 95-106.

Lavallée, M. (2007). Le relativisme revisité… pour une éducation interculturelle. Colloque "Education en contextes pluriculturels : la recherche entre bilan et prospective, Genève 2007".

Lévi-Strauss, C. (1952). Race et histoire. Paris, UNESCO.

Malson, L. (1964). Les enfants sauvages : mythe et réalité. Paris, Union générale d'éditions.

Piaget, J. (1951). Le développement, chez l'enfant, de l'idée de patrie et des relations avec l'étranger. Bulletin international des sciences sociales 3 : 615-621.

Segall, M. H. (2007). Pour une psychologie interculturelle réellement pertinente. Colloque "Education en contextes pluriculturels : la recherche entre bilan et prospective, Genève 2007".

Todorov, T. (2008). Ne pas demander l'impossible au dialogue entre les cultures. Le Temps (2 juin 2008).

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