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LES FRANCOPHONIES POSTCOLONIALES : TEXTES ET CONTEXTES

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LES FRANCOPHONIES POSTCOLONIALES : TEXTES ET CONTEXTES

L’ouvrage Les Francophonies postcoloniales : Textes et contextes (2016)1, sous la direction du professeur Kusum Aggarwal est consacré aux Actes du colloque international qu’elle a organisé au département d’études romanes et germaniques de l’université de Delhi en novembre 2013. Il est composé d’une vingtaine d’articles répartis en cinq rubriques : Réflexions théoriques, L’Afrique, Le Maghreb, Maurice et Varia.

Dans sa présentation (pp.07-17), la directrice de l’ouvrage, Kusum Aggarwal retrace les lignes principales des débats autour de deux notions clés, la francophonie et le postcolonialisme, pour conclure au foisonnement de leur théorisation, parfois contradictoire, et à la nécessité de prêter attention à la nouvelle littérature à laquelle elles essaient de donner sens.

Dans la première rubrique, Réflexions théoriques, l’article Pour une étude de la littérature postcoloniale francophone (pp.20-35) de Farida Boualit, est une entreprise de questionnement de certaines notions de la théorie postcoloniale : francophonie, francophonies (post)coloniales, études postcoloniales, etc. Après avoir proposé une sorte d’état des lieux des recherches dans ce domaine, elle conclut sur l’opportunité de l’ouverture de cette théorie à d’autres disciplines, comme la sociocritique.

1 L’ouvrage a été publié avec le concours de l’université de Delhi et de l’Agence Universitaire de la Francophonie. Éditeur : Langers international Pvt Ltd., 2016, 303 p.

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Dans le second article de la rubrique, intitulé Frontières et surface de la littérature postcoloniale francophone subsaharienne : essai historique et approche didactique » (pp.36-45), Félix Nicodème Bikoi explore la dimension didactique de cette littérature.

Il préconise des éléments de didactisation de la littérature postcoloniale de l’Afrique francophone et subsaharienne. Dans un premier stade, l’auteur procède à un travail de classement de cette littérature du point de vue historique, selon la terminologie de l’histoire littéraire. Dans un second stade, il propose des regroupements en fonction de thématiques et d’esthétiques communes. De l’avis de l’auteur, ce classement permet une

meilleure transposition didactique (Nicodème. 2016 : 44).

La seconde rubrique, L’Afrique, est composée de six travaux sur l’écriture postcoloniale en Afrique subsaharienne. Dans le premier, intitulé Ecrire la colonie en contexte postcolonial : Eclairage des sources orales et des documents d’archive (pp.47-59), Aminata Kane étudie un corpus très varié constitué d’œuvres littéraires reposant sur des documents d’archives et des témoignages oraux d’auteurs comme Amadou Hampâte Bâ, Van Reybrouck. Elle prône la mise en place de dispositifs de médiation pour assurer la pérennité de la double identité de la nouvelle génération. Selon elle, « (…) il convient de montrer aux jeunes générations qui aujourd’hui jouissent d’une double identité qu’il ne s’agit pas de s’affranchir de pratiques excessives de la colonisation, mais de mettre en place de dispositifs de médiation visant à une analyse et transmission de l’histoire » (2016 : 59).

Le second, de Romuald Fankoua, interroge le roman africain francophone et son rapport à la démocratie, comme l’indique son titre : Roman de la démocratie, démocratie du roman en Afrique noire francophone (pp.60-73). A l’aide de quelques exemples d’œuvres romanesques africaines et en particulier Les

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soleils des indépendances d’Ahmadou Kourouma, l’auteur souligne l’omniprésence de la démocratie comme quête caractéristique de l’écriture africaine. Selon lui, cette prédominance est déterminée par deux principes essentiels qui émanent des œuvres : l’égalité et la multiplicité. Il en fait l’illustration à travers l’œuvre de Kourouma. Selon Fankoua, le principe de l’égalité se dégage des différentes voix du discours, et celui de la multiplicité dans l’ouverture du roman au lecteur. Traitant de l’œuvre En attendant le vote des bêtes sauvages, du même auteur (Ahmadou Kourouma), Yogita Tahalayani analyse, dans le troisième article de la rubrique, intitulé Etudes postcoloniales, contexte francophone (pp.74-83), des thèmes qui seraient caractéristiques de la littérature subsaharienne, à savoir : la poétique de l’hybridité, le métissage langagier et la quête identitaire. Pour les appréhender, l’auteur expérimente la grille de lecture de la théorie postcoloniale. Celle-ci lui permet de mettre en lumière la posture de l’entre-deux qu’occupe l’écrivain sommé de réécrire l’Histoire, de témoigner, d’une part, du déracinement culturel et identitaire, et d’autre part, du désir de renouer avec son Afrique d’origine.

Le quatrième, de Blaise Tsoualla, Femmes à la plume en Afrique subsaharienne d’expression française : émergence, défis et évolution de l’écriture féminine en postcolonie patriarcale (pp.84-102), se veut comme un inventaire de la littérature africaine féminine depuis ses premières manifestations en 1942 jusqu’à nos jours. Ce parcours est organisé en trois étapes dont « l’émergence » que l’auteure qualifie de tardive en raison de la condition défavorisée de la femme, et « l’affirmation » caractérisée par une prise en charge libre d’un discours féminin qui exprime la volonté de la défense de la condition féminine. Bernard de Meyer, quant à lui, interroge, dans le cinquième article, Posture et écriture. Le Mabanckou post-Renaudot (pp.103-115), les notions de « posture » et de « postcolonial ».

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A partir de l’ouvrage d’Antony Mangeon, postures

postcoloniales (2012), il analyse la possibilité qu’a l’écrivain de choisir, voire même de fabriquer, sa posture. Ainsi, il étudie la biographie du Congolais Alain Mabanckou en mettant en lumière son parcours atypique, entre la pratique littéraire qui le fait sortir de l’ombre, surtout depuis son obtention du prix Renaudot, la communication qu’il assure à travers les médias et les réseaux sociaux, et ses voyages. L’auteur serait parvenu ainsi à forger sa propre posture.

Pour clore la rubrique « Afrique », Rémi Astruc, dans un article intitulé Les écrivains francophones à l’écart du postcolonial ? Le cas de Marie NDiaye face aux analyses d’Achille Mbembe (pp.116-124), se penche sur le caractère englobant de la théorie postcoloniale quant à l’interprétation des œuvres littéraires fortement, hétérogènes. Pour lui, l’œuvre de l’écrivaine française Marie NDiaye, par exemple, ne peut être soumise ni au prisme de la théorie postcoloniale en général, ni à celui d’Achille Mbembe en particulier parce qu’il n’aurait pas pris en considération sa déliaison, dans le sens de sa désobéissance aux lois logiques de l’identité. Selon l’auteur de l’article, la posture de l’écrivaine est faussée par son origine sénégalaise et sa couleur de peau.

Le premier article de la rubrique Maghreb est celui de Seloua Luste Boulbina, Deux francographies algériennes. Une déclaration d’indépendance dans la littérature du Maghreb (pp.126-135). Elle traite de Kateb Yacine et de Frantz Fanon qui, selon elle, ont déclaré leur indépendance, chacun à sa manière : Fanon en prenant en charge dans son discours analytique les paroles de ses patients qu’il transcrit et publie, Kateb en invent[ant] des personnages qui agissent pour répondre à l’appel des ancêtres.

Le second article, La poétique de l’hybridité dans la littérature postcoloniale marocaine de langue française

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(pp.136-144), est de Karima Yatribi qui étudie l’œuvre poétique de Mohamed Loakira. Elle va solliciter les notions clés de l’écriture postcoloniale - l’aliénation, l’altérité, la convivialité, le cosmopolitisme, la dislocation et l’hybridité - pour cerner les instances narratives des poèmes et la distribution des dichotomies je/tu - je/il qui mettent en lumière la confrontation qui sous-tend cette poésie.

Kavitha Tandle est l’auteure du troisième article de la rubrique, Assia Djebar : l’hybridation de l’Occident et de l’Orient dans la littérature du Maghreb (pp.145-154). L’étude montre comment l’hybridité se multiplie dans les œuvres de la romancière tout en conservant les identités religieuses, culturelles et sociales différentes et distinctes. Il ressort de l’examen de sa prédominance qu’elle a pour effet d’assurer la coexistence harmonieuse des identités distinctes.

Une autre œuvre de la romancière algérienne Assia Djebar est également sollicitée dans cette rubrique par Navreeti Sharma dans un article intitulé : Réflexion sur la question de l’identité dans Nulle part dans la maison de mon père d’Assia Djebar (pp.155-164). Elle y interroge la dimension autobiographique de cette œuvre qui se veut un exercice de recherche et de reconstitution de l’identité de la romancière. L’auteure de l’étude montre que l’écriture de la quête identitaire dans un espace multiculturel et multiethnique passe par un récit anachronique. De son point de vue, la langue française du colonisateur, la langue arabe de l’amour, l’exil et les guerres d’Independence et civile qu’a connues l’Algérie constituent des traits essentiels qui participent de la construction identitaire chez Assia Djebar.

La rubrique Maurice est composée de six articles. Dans le premier, Le printemps du roman mauricien dans le contexte d’une francophonie décomplexée (pp.166-174), l’écrivain Carl De Souza retrace l’histoire de l’ile pour expliquer celle de

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l'écriture romanesque mauricienne qui finit par trouver une nouvelle orientation, à l’image de celle de Bertrand de Robillard qui porte son regard vers l’intérieur.

Dans le second, Le non dit : le métis dans quelques nouvelles et contes mauriciens de l’époque coloniale (pp.175-187), Neelam Pirbhai-Jetha s’intéresse à la catégorie métisse de la population, à travers quelques nouvelles et contes mauriciens. Selon elle, le métis, considéré comme inférieur, est un sujet que les œuvres de l’époque coloniale ont évité. Sa rare présence se résume à des personnages de sang-mêlé qui tentent de ressembler aux blancs, mais qui demeurent des êtres odieux rejetés par les blancs et les noirs.

Le troisième article, Écrire en colonie : D’une littérature ethnique à une littérature nationale (pp.188-206), de Vicram Ramharai, traite de la disparité de la littérature mauricienne, en rapport avec les composantes sociales minoritaires hétéroclites (africains, chinois, indien et colons), et de l’avènement d’une littérature mauricienne nationale plurielle.

Dans le quatrième, intitulé « plotlessness » et le désir de communiquer dans les œuvres d’Ananda Devi (pp.207-220), Ritu Tyagi revient sur la romancière Ananda Devi, précédemment évoquée par d’autres intervenants à ce colloque. Le sujet de l’article interroge le moteur de la narration dans les œuvres de l’écrivaine. Selon les narratologues traditionnels convoqués par l’essayiste, le moteur de la narration serait le désir du héros. Il s’agirait de ce qui conduit à l’action dans le roman, or, ce désir, de l’avis de Ritu Tyagi, est incapable d’exprimer l’expérience féminine, qui elle, recherche davantage la communication. De son point de vue, les œuvres de la romancière Ananda Devi en sont l’illustration, parce que caractérisées par la recherche de l’instance du narrataire,

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« vous », qui marque une volonté de communiquer et de connecter les différentes voix du récit.

L’avant-dernier article de la rubrique consacrée à la littérature mauricienne, Nathacha Appanah, Ananda Devi, Shenaz Patel, des écrivaines mauriciennes dans les études postcoloniales (pp.221-229), porte également sur l’écriture féminine. Son auteure, Cécile Jeste, met en lumière les limites de la lecture postcoloniale de son corpus, qui, selon elle, le cantonne dans une catégorisation tacite, et par conséquent, produit une interprétation lacunaire. Elle propose d’en faire une lecture esthétique, à même de dégager la valeur des œuvres littéraires de ces figures féminines.

Dans le sixième, Le désir de l’Inde (pp.230-245), Jean-Louis Cornille et Annabelle Marie interrogent les œuvres d’Ananda Devi et Amal Sethowol pour y détecter les influences et les sources d’inspirations d’Assia Djebar pour Ananda Devi et de Salman Rushdie pour Amal Sewtohul.

Dans la rubrique Varia, on peut lire la contribution de Jenni Balasubramanian, De l’esclave anonyme à un héros de la nouvelle société (pp.247-260), dans laquelle il étudie les Marrons de Louis Timagène Houat et L’esclave vieil homme ou le molosse de Patrick Chamoiseau.

Egalement dans cette rubrique, C. Thirumurugan, à travers un article intitulé La diaspora et le complexe de dépendance : le cas de Ru de Kim Thùy (pp.261-270), traite du roman intitulé Ru de l’écrivaine Kim Thùy. Cet article étudie, à travers les expériences personnelles des la romancière, la subordination du migrant dans son pays d’accueil.

Le troisième article, La représentation du réel haitien dans Les Possédés de la pleine lune de Jean-Claude Fignolé (pp.271-281), de Tunda Kitenge-Ngoy, propose une étude de l’écriture réaliste de l’œuvre de l’écrivain Jean-Claude Fignolé (1987).

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L’article intitulé L’art du roman selon Patrick Chamoiseau (pp.282-294), de Morgane Faulkner, analyse l’écriture romanesque et sa dimension métatextuelle selon P. Chamoiseau. L’auteur souligne le caractère hybride, pluriel et opaque de cette écriture dans sa mise en œuvre des idéologies dominantes à travers le propre regard de l’écrivain.

L’article intitulé A la recherche du Bagdad perdu (pp.295-303), de David Parris, clôt la rubrique. Il traite de la littérature des juifs irakiens en langue arabe traduite en langue française. Cet ouvrage est une illustration de la complexité de la notion de francophonie et de celle de la théorie postcoloniale. En les interrogeant à partir de points de vue différents, il ouvre de nouveaux horizons à la recherche dans ce domaine.

ZOURANENE Tahar Université de Bejaia

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