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L'externalisation chez les tout-petits : lien avec le risque pychosocial, la sensibilité maternelle et la sécurité d'attachement

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Academic year: 2021

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L’externalisation chez les tout-petits : lien avec le

risque psychosocial, la sensibilité maternelle et la

sécurité d’attachement

Mémoire doctoral

July Falardeau

Doctorat en psychologie

Docteure en psychologie (D.Psy.)

Québec, Canada

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iii RÉSUMÉ

Peu d’études ont tenté de comprendre l’émergence de l’externalisation chez les enfants de moins de trois ans provenant de familles à risque quant au développement de ces enjeux en tenant compte des processus liés à l’attachement. L’objectif de ce mémoire doctoral est de vérifier si ces processus, impliquant la sensibilité maternelle et l’attachement de l’enfant, sont liés à l’externalisation chez les tout-petits, et s’ils médiatisent la relation entre le risque psychosocial et l’externalisation. Cent trente-huit dyades mères-enfant participent à cette étude. Le Tri-de-cartes du comportement maternel, le Tri-de-cartes d’attachement et l’Achenbach System of Empirically Based Assessment ont été utilisés. Les scores liés aux processus d’attachement ont été réduits à l’aide d’une analyse en composantes principales. Les résultats indiquent que les processus liés à l’attachement sont liés à l’externalisation et qu’ils médiatisent complètement le lien entre le risque psychosocial et l’externalisation. La discussion porte sur l’importance des processus d’attachement dans la transmission des caractéristiques contextuelles en lien avec l’adaptation des tout-petits.

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v TABLE DES MATIÈRES

RÉSUMÉ ... iii

TABLE DES MATIÈRES ... v

LISTE DES TABLEAUX ... vii

LISTE DES FIGURES ... ix

REMERCIEMENTS ... xi

Introduction ... 1

Cadre théorique et empirique ... 3

Les troubles externalisés : définition, prévalence et évolution ... 3

Les variables liées aux troubles externalisés ... 4

Les premiers signes d’externalisation chez les tout-petits ... 6

La relation d’attachement entre le parent et l’enfant ... 7

La relation entre l’attachement de l’enfant et la sensibilité maternelle ... 10

La relation entre les processus liés à l’attachement et les troubles externalisés ... 12

La relation entre la sensibilité maternelle et l’externalisation. ... 12

La relation entre l’attachement et l’externalisation. ... 13

Le risque psychosocial ... 15

Les mères adolescentes. ... 18

Le but et les hypothèses de l’étude ... 20

Méthode ... 23

Participants ... 23

Mesures ... 24

Le risque psychosocial. ... 24

La sensibilité maternelle. ... 24

La sécurité de l’attachement de l’enfant. ... 25

Les symptômes d’externalisation. ... 26

Procédure ... 27

Résultats ... 29

Analyses préliminaires ... 29

Les processus liés à l’attachement ... 29

Médiation par les processus liés à l’attachement ... 30

Discussion ... 33

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Analyse en composantes principales ... 34

Médiation par les processus liés à l’attachement ... 34

Intervention ... 36 Considérations méthodologiques ... 38 Conclusion ... 45 RÉFÉRENCES ... 47 Annexe A ... 71 Annexe B ... 77 Annexe C ... 85

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vii LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 ... 61 Tableau 2 ... 62 Tableau 3 ... 63 Tableau 4 ... 64 Tableau 5 ... 65 Tableau 6 ... 66 Tableau 7 ... 67

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ix LISTE DES FIGURES

Figure 1.. ... 69 Figure 2.. ... 70

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xi REMERCIEMENTS

J’aimerais prendre quelques lignes afin de remercier toutes les personnes qui m’ont soutenue pendant ces années d’étude et qui, par conséquent, m’ont permis de réaliser ce beau et gros projet qu’est la complétion d’un doctorat. Le soutien moral, les encouragements, les conseils et l’amour de ces personnes ont, à coup sûr, contribué à ma persévérance et à ma réussite.

Tout d’abord, je souhaiterais remercier monsieur George M. Tarabulsy, mon directeur de recherche, d’avoir accepté de m’inclure dans son laboratoire de recherche lors de ma deuxième année de baccalauréat et, par la suite, d’avoir accepté de me diriger pour mon doctorat. Sa disponibilité, sa gentillesse, son attention ainsi que ses conseils et commentaires m’ont grandement aidée à cheminer et à réaliser mon projet de mémoire doctoral. Il a été un guide précieux pour moi dans ce monde qu’est la recherche et je lui en suis très reconnaissante.

Ensuite, je voudrais remercier mon conjoint, Igor, qui a été présent tout au long de ce parcours doctoral. Il a fait partie de mon quotidien pendant toutes mes études de 3e

cycle, m’a vue travailler et travailler encore, et me décourager par moments. Plus que n’importe qui, il a toujours su me convaincre que tout cela en valait la peine et que je ne devais pas baisser les bras. Son calme légendaire, sa simplicité, sa sensibilité et son humour sont quelques-unes de ses qualités qui m’ont maintes fois réconfortée. Je le remercie grandement pour son soutien constant et ses encouragements ainsi que pour nos multiples rires qui ont égayé toutes ces années.

Je suis également reconnaissante envers ma famille et surtout ma mère qui a, elle aussi, été présente tout au long de mes études doctorales. Même si une distance géographique nous séparait, elle a toujours su me transmettre sa force et sa sagesse, et m’a amenée à persévérer dans les moments difficiles. L’amour, la générosité et la compréhension d’une mère sont des atouts inestimables dans la réalisation de tout projet.

Un grand merci à Jessica, Joëlle et Josée, mes trois amies du doctorat, les trois «J», avec qui nous avons eu tant de discussions au sujet de nos études et autres choses, de soupers et de rires ensemble. Mon expérience dans ce programme aurait été tout autre sans vous.

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Merci à monsieur Réjean Tessier qui a accepté de faire partie du comité d’encadrement de mon mémoire doctoral, et que j’ai toujours tant apprécié pour son implication dans des projets à caractère international et pour ses travaux portant sur la méthode kangourou.

Je remercie également les membres du laboratoire de monsieur Tarabulsy dont Jessica, Audrey et Stéphanie qui ont toujours accepté de répondre à mes diverses questions en ce qui concernait mes études.

Enfin, un grand merci à l’ensemble des familles qui ont consenti à participer à ce projet et qui, par conséquent, ont rendu celui-ci possible.

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1 Introduction

Les problèmes liés à l’externalisation chez les enfants représentent un des motifs de consultation les plus fréquents dans les services de pédopsychiatrie (APA, 2003; Lüthi Faivre et al., 2005). De ce fait, bon nombre de chercheurs tentent de comprendre les facteurs qui mènent à l’émergence de tels problèmes. Bien que de nombreuses études se soient intéressées aux troubles de comportement chez les enfants d’âge scolaire, encore peu de recherches se sont penchées sur les prémisses de ce phénomène chez les enfants âgés de trois ans et moins (Lüthi Faivre et al., 2005). Pourtant, l’identification précoce des premiers signes d’externalisation chez les bambins et des facteurs ayant contribué à leur apparition est primordiale en vue de prévenir, de dépister et/ou d’intervenir le plus rapidement possible auprès des enfants.

L’étude de l’externalisation chez les très jeunes enfants implique de tenir compte du domaine de l’attachement parent-enfant, tant pour sa conceptualisation que pour la validité de ses méthodes d’observation et d’évaluation. Plusieurs études ont montré que la sécurité de l’attachement de l’enfant est liée à la sensibilité parentale (maternelle surtout) telle qu’elle se manifeste dans le cadre d’interactions quotidiennes avec l’enfant (De Wolff & van Ijzendoorn, 1997; Moran, Forbes, Evans, Tarabulsy, & Madigan, 2008; Morley, Xue, et al., 2010). De façon générale, chacune de ces deux variables (la sensibilité maternelle et l’attachement) semble avoir certains liens avec l’externalisation chez les enfants (Bakermans-Kranenburg & van Ijzendoorn, 2006; Fearon, Bakermans-Kranenburg, van Ijzendoorn, Lapsley, & Roisman, 2010; Madigan, Moran, Schuengel, Pederson, & Otten, 2007). Malgré cela, peu de recherches se sont intéressées à l’étude de ces liens auprès d’enfants de moins de trois ans, malgré le fait que cette période soit cruciale pour l’élaboration de cette première relation.

Un lien entre la présence de risque psychosocial au niveau familial et l’externalisation des enfants est fréquemment montré dans la littérature scientifique (Bradley & Corwyn, 2002; Campbell, 1995; Deater-Deckard, Dodge, Bates, & Pettit, 1998; Greenberg et al., 1993; Propper & Rigg, 2007). En outre, plusieurs travaux ont démontré que chez les enfants d’âge préscolaire et scolaire, la présence d’un risque psychosocial est systématiquement liée aux modèles relationnels et d’interactions tels qu’ils sont mesurés

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durant ces périodes de vie de l’enfant. Toutefois, les processus par lesquels ce risque se matérialise en difficultés comportementales chez l’enfant n’ont pas souvent fait l’objet d’études chez les tout-petits.

Le but de cette étude est donc de vérifier si un lien entre les processus liés à l’attachement et l’externalisation existe chez les tout-petits et de vérifier si le lien existant entre le risque psychosocial et l’externalisation peut être expliqué par l’influence des processus liés à l’attachement. Ce mémoire doctoral se divise en quatre parties. Premièrement, une recension de la littérature en ce qui concerne l’externalisation chez les enfants ainsi que des liens existants entre ce concept et le risque psychosocial, la sensibilité maternelle et l’attachement mère-enfant est présentée. Deuxièmement, la méthodologie utilisée afin de réaliser cette étude est décrite. Troisièmement, les analyses réalisées afin de tester les hypothèses de l’étude sont étayées ainsi que les résultats correspondants. Enfin, une discussion portant sur l’interprétation et la signification des résultats et une conclusion viennent clore ce document.

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3 Cadre théorique et empirique

Les troubles externalisés : définition, prévalence et évolution

Les troubles externalisés chez les enfants font référence à différents symptômes indésirables liés au comportement observable, dont l’impulsivité, l’agitation, la désobéissance, l’agressivité (Roskam, Kinoo, & Nassogne, 2007), l’opposition, la provocation, l’hyperactivité (Lüthi Faivre et al., 2005) ainsi que les crises de colère (Campbell, 1995). Ces difficultés comportementales réfèrent à divers diagnostics psychologiques faisant partie du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, le DSM-V (APA, 2013), dont le déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), le trouble oppositionnel avec provocation (TOP) et le trouble des conduites (TC) (Greenberg, Speltz, & Deklyen, 1993; Roskam et al., 2007).

Les problèmes liés aux troubles externalisés du comportement qui ont une sévérité clinique touchent entre 1% et 11% des enfants (APA, 2013). La prévalence varie selon le type de problème observé, la population à l’étude ainsi que les méthodes d’évaluation utilisées. Ainsi, le TDAH est présent chez environ 5% des enfants, alors que le TOP se retrouve chez approximativement 1% à 11% des individus, avec une prévalence moyenne de 3.3%. Enfin, le TC affecte, quant à lui, de 2 à 10% des individus, avec une médiane à 4%. Plusieurs auteurs rapportent que les troubles externalisés font partie des motifs de consultation les plus fréquents en pédopsychiatrie (APA, 2003; Farris, Nicholson, Borkowski, & Whitman, 2011; Lüthi Faivre et al., 2005; Roskam et al., 2007).

Selon la littérature scientifique, les troubles externalisés au niveau préscolaire perdurent souvent jusqu’à la période scolaire (Campbell & Ewing, 1990; Campbell, Shaw, & Gilliom, 2000; Campbell, Spieker, Burchinal, & Poe, 2006; Christophersen & VanScoyoc, 2013), à l’adolescence (Campbell, 1995; Greenberg, Speltz, DeKlyen, & Jones, 2001; Odgers et al., 2007) et même à l’âge adulte (Moffitt, 1993; Odgers et al., 2008; Timmermans, van Lier, & Koot, 2010). De plus, les enfants qui ont déjà consulté pour des problèmes externalisés présentent fréquemment d’autres difficultés (Lüthi Faivre et al., 2005). Dans leur étude portant sur des enfants d’âge préscolaire ayant été référés à une clinique des troubles du comportement, Keenan et Wakschlag (2000) observent que 55.7% des enfants présentaient au moins un second trouble extériorisé du comportement. De ce

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nombre, 26.6% des enfants en présentaient trois. En outre, les troubles externalisés chez les enfants d’âge préscolaire et scolaire pourraient être associés à des troubles internalisés (Mesman & Koot, 2001) ainsi qu’à des difficultés académiques (Campbell, 1995; Reinke, Hall, Herman, & Ialongo, 2008). De plus, ces enfants montreraient fréquemment des retards de développement langagier (van Daal, Verhoeven, & van Balkom, 2007) et cognitif (Burt, Hay, Pawlby, Harold, & Sharp, 2004; McGee, Partridge, Williams, & Silva, 1991). En outre, le fait de présenter un TOP augmenterait les risques de faire une tentative de suicide (APA, 2013). Par conséquent, plusieurs efforts ont été mis depuis quelques années pour tenter de comprendre le développement des troubles externalisés et des processus développementaux pouvant y contribuer afin d’être en mesure de prévenir, de dépister et/ou d’intervenir le plus rapidement possible.

Les variables liées aux troubles externalisés

Compte tenu de l’importance des premiers liens parent-enfant dans le développement durant la petite enfance, il est aisément possible de concevoir que ces liens puissent contribuer à expliquer, du moins en partie, les différences individuelles en ce qui a trait à l’émergence de l’externalisation. De plus, selon une perspective d’écologie sociale, la qualité du milieu familial qui caractérise l’environnement auquel l’enfant est exposé et qui crée le contexte de son développement apparaît importante (voir Bronfenbrenner, 1979). Selon Loeber (1991), les enfants d’âge préscolaire seraient particulièrement vulnérables à la présence de facteurs de risque dans leur famille. De fait, certains chercheurs ont suggéré que la présence de ces facteurs pourrait avoir des impacts plus importants lorsqu’ils sont présents tôt dans la vie de l’enfant que lorsqu’ils surviennent plus tard (Appleyard, Egeland, van Dulmen, & Sroufe, 2005).

Dans cette perspective, les études montrent que les troubles externalisés chez les enfants ne seraient pas le fruit d’un seul facteur de risque au niveau familial, mais souvent de la combinaison de plusieurs d’entre eux (Greenberg et al., 1993; Greenberg, Speltz, DeKlyen, & Jones, 2001). À ce sujet, il est important de noter qu’un facteur de risque se définit, à la base, comme étant un élément provenant de l’individu, de son environnement ou d’une situation qui, sur le plan statistique, augmente les chances que cet individu développe des difficultés dans le futur (Tull, 2008). Plus le nombre de facteurs de risque

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5 augmente dans une famille, plus il y a de chances d’observer de l’externalisation chez l’enfant (Appleyard, Egeland, van Dulmen, & Sroufe, 2005; Greenberg et al., 2001; Keller, Spieker, & Gilchrist, 2005; Liaw & Brooks-Gunn, 1994; Sanson, Oberklaid, Pedlow, & Prior, 1991; Webster-Stratton, 1998). En outre, la présence de plusieurs facteurs de risque de façon simultanée est liée à la stabilité des symptômes externalisés, une fois que ces derniers sont manifestes (Mathiesen & Sanson, 2000).

Plusieurs facteurs peuvent être associés au développement des difficultés de comportement infantile. Suivant une recension de la littérature, Greenberg et ses collègues (1992; 1993; 2001) proposent quatre domaines de risque principaux quant à l’émergence de troubles de comportement chez les enfants âgés de 3 à 8 ans : l’environnement familial, la relation d’attachement, les pratiques parentales ainsi que les caractéristiques biologiques de l’enfant. Selon ces auteurs, l’environnement familial réfère à différents facteurs de risque susceptibles d’être présents dans une famille, tels le niveau d’éducation des parents, leur santé mentale, la violence familiale ou la pauvreté, par exemple. La relation d’attachement, quant à elle, réfère à l’expérience vécue par l’enfant à l’intérieur de la relation qu’il entretient avec son parent. Les pratiques parentales font référence à la discipline, à la communication entre les parents et l’enfant et au style de socialisation, entre autres. Enfin, les caractéristiques biologiques de l’enfant réfèrent à des éléments physiologiques, neurologiques ou encore neuropsychologiques tels des traumatismes périnataux, l’exposition de l’enfant ou du fœtus à des neurotoxines, la génétique ou le tempérament, par exemple. Ces auteurs mettent un accent prononcé sur la qualité de l’attachement parent-enfant, mis en lien avec d’autres facteurs de risque. Ils affirment que chacun des facteurs de risque présents dans leur modèle a un lien avec l’émergence précoce de troubles externalisés chez les enfants. Toutefois, c’est la combinaison de deux ou plusieurs d’entre eux qui serait déterminante pour l’apparition de troubles externalisés du comportement (voir Figure 1).

De fait, ces quatre domaines de risque ont été fréquemment étudiés en ce qui concerne l’apparition de troubles du comportement infantiles et représentent bien les facteurs normalement mis en lien avec ces problématiques. Ainsi, Keller et al. (2005) rapportent que des caractéristiques du parent, tels les comportements antisociaux ou les problèmes de santé mentale, un environnement familial appauvri ou instable, les difficultés

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dans la relation d’attachement ainsi que les pratiques parentales sous-optimales sont tous des facteurs qui peuvent jouer un rôle dans l’émergence des difficultés de comportement chez les jeunes enfants. D’autres études soulignent le rôle de certaines caractéristiques de l’enfant, tels la génétique (Boutwell, Beaver, Barnes, & Vaske, 2012) et les traits de tempérament (affect négatif, extraversion, bas niveau de contrôle) (Martel, Gremillion, & Roberts, 2012), ou encore l’influence de pratiques parentales (Mence et al., 2014) dans l’apparition de troubles externalisés infantiles. De son côté, Campbell (2002) rapporte que certaines caractéristiques de l’enfant telles le tempérament ou la présence d’un attachement insécurisé, les comportements parentaux ainsi que la qualité de l’environnement familial et sa composition représentent tous des domaines de risque liés au développement de problèmes de comportement infantiles. Enfin, Smeekens, Riksen-Walraven et van Bakel (2007) misent sur l’importance de l’interaction et de l’attachement parent-enfant, des caractéristiques de l’enfant, du parent et du contexte.

Les premiers signes d’externalisation chez les tout-petits

Même si plusieurs études traitant des troubles externalisés du comportement ont été menées auprès d’enfants d’âge scolaire (Campbell, Shaw, & Gilliom, 2000), encore très peu d’études se sont intéressées aux premiers signes de troubles externalisés chez les tout-petits, c’est-à-dire chez les enfants de moins de trois ans (Lüthi Faivre et al., 2005). Pourtant, l’identification précoce des premiers signes d’externalisation est importante afin de pouvoir intervenir plus rapidement auprès des enfants et ainsi prévenir le développement d’une trajectoire problématique. Dans les faits, est-il possible d’observer des signes d’externalisation chez les très jeunes enfants ?

Les résultats des études montrent qu’il serait possible de remarquer des signes d’externalisation déjà dans les premières années de vie de l’enfant. Ainsi, dans leur étude portant sur des enfants âgés entre 18 et 31 mois, Jouriles, Pfiffner et O’Leary (1988) ont utilisé un outil servant à évaluer les symptômes d’externalisation chez les tout-petits, soit la «Toddler Problem Checklist» (Sullivan & O’Leary, 1986). Cet outil mesure des difficultés comportementales pouvant se retrouver chez les tout-petits comme le fait de frapper, mordre, donner des coups de pied, faire des crises de colère à la maison ou en public, s’enfuir des parents ou encore refuser de se faire habiller. Dans leur échantillon composé de

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7 tout-petits, ces auteurs ont bel et bien remarqué la présence de problèmes significatifs liés à l’externalisation. Plus récemment, van Zeijl et al. (2006) ont montré que la mesure de l’externalisation à l’aide de la version préscolaire de l’Achenbach System of Empirically Based Assessment (ASEBA; Achenbach & Rescorla, 2000) chez les enfants âgés d’un an seulement était possible. Mesman et Koot (2001) ont, quant à eux, utilisé ce même instrument afin de mesurer l’externalisation des enfants âgés entre deux et trois ans et, tout comme les auteurs précédemment nommés, ils ont observé des niveaux significatifs d’externalisation à cet âge. Plusieurs autres auteurs ont également statué sur la présence d’externalisation chez les tout-petits (Cicchetti, Rogosch & Toth, 1998; Leadbeater, Bishop & Raver, 1996; Lüthi Faivre & al., 2005; Mathiesen & Sanson, 2000; Mesman, Bongers, & Koot, 2001; Timmermans, van Lier, & Koot, 2010).

L’étude de l’externalisation chez les très jeunes enfants est donc possible. Malgré ce constat, l’étude de facteurs pouvant contribuer au développement de cette externalisation, telle l’importance des premiers liens parent-enfant, demeure relativement rare en ce qui a trait spécifiquement aux tout-petits.

La relation d’attachement entre le parent et l’enfant

Lorsque l’intérêt est porté vers le développement social des très jeunes enfants, il devient difficile de contourner le domaine de l’attachement tant pour sa conceptualisation que pour la validité de ses méthodes d’évaluation. D’ailleurs, ce processus interactif a été très fréquemment étudié dans la littérature en lien avec les troubles externalisés du comportement infantile (voir Fearon, Bakermans-Kranenburg, van Ijzendoorn, Lapsley, & Roisman, 2010).

L’attachement peut se définir comme étant un lien affectif durable existant entre un enfant et une figure parentale (Ainsworth, Bell, & Stayton, 1974). Ce lien, plus fréquemment étudié entre une mère et son enfant, se manifeste par le biais de comportements d’attachement émis par l’enfant (Ainsworth et al., 1974) qui sont les plus flagrants et les plus facilement observables lors des premières années de vie de l’enfant (Bowlby, 1988). Chez l’enfant âgé de 12 à 24 mois, ces comportements font référence au fait de rechercher et de tenter de conserver une certaine proximité avec la figure d’attachement (Bowlby, 1978). Selon Bowlby (1978) et Ainsworth (1985), un enfant qui

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possède une relation d’attachement sécurisée avec sa mère montre un équilibre entre ses comportements d’attachement et ses comportements d’exploration. Ainsi, un tel enfant a tendance à utiliser son parent comme point de repère afin d’explorer librement son environnement et de comprendre son fonctionnement. Pendant cette exploration, l’enfant ayant un attachement sécurisé fait référence à son parent, l’impliquant de près ou de loin dans son jeu de différentes façons. De plus, l’enfant se sent libre d’interpeler son parent lorsqu’il est en détresse et la relation est efficace pour le réconforter afin qu’il puisse retourner à l’exploration ou au jeu (Ainsworth, 1985).

En plus du patron d’attachement sécurisé, Ainsworth, Blehar, Waters et Wall (1978) ont décrit deux patrons d’attachement insécurisé : l’attachement évitant et l’attachement ambivalent (ou résistant). Dans une situation où ils sont en détresse, les enfants montrant un attachement évitant semblent inhiber leurs émotions négatives et ne cherchent pas de réconfort auprès de leur figure d’attachement. Ces enfants portent d’une façon plus autonome les enjeux de régulation émotionnelle que peut imposer leur environnement, hésitant à faire référence à leur parent. Pour leur part, les enfants montrant un patron d’attachement ambivalent expriment leurs émotions négatives à outrance, sollicitant ainsi le parent d’une manière claire. Toutefois, la relation entre le parent et l’enfant ainsi que leurs interactions sont inefficaces pour aider l’enfant à réguler ses émotions. Ces enfants réagissent donc fortement dans une situation de détresse et demandent du réconfort auprès de leur parent, mais ils tardent à se calmer (Ainsworth et al., 1978). Ces trois patrons d’attachement représentent des stratégies organisées et cohérentes de régulation des affects utilisées par les enfants lors de situations stressantes (Main & Hesse, 1990). Toutefois, pour l’enfant, l’efficacité de ces trois stratégies n’est pas du même ordre et témoigne d’une organisation dyadique et développementale différente sur les plans physiologique, émotionnel et cognitif.

Après avoir conclu que certaines relations dyadiques ne présentent pas un modèle d’attachement clair tels les patrons d’attachement organisés décrits précédemment, et que certaines relations se désorganisent face à des défis en lien avec les besoins de régulation émotionnelle des enfants, Main et Solomon (1990) ont décrit la désorganisation de l’attachement. Selon Main et Solomon, les enfants pouvant être catégorisés comme ayant un attachement désorganisé montrent certains comportements anormaux qui ne semblent

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9 pas avoir de but précis ou d’explication. Ces comportements peuvent être inattendus, contradictoires, désordonnés, désorientés, interrompus, et/ou empreints de crainte ou de confusion. Ces enfants peuvent figer pendant de longues secondes (20 et plus) en présentant une expression faciale sidérée ou confuse, dans un moment où normalement, des comportements de recherche de proximité et de contact seraient attendus. À l’inverse des trois autres patrons d’attachement organisés, l’attachement désorganisé représente l’absence d’une stratégie claire de gestion des émotions négatives lors d’une situation de détresse.

Le patron d’attachement sécurisé se retrouve chez environ 60% des enfants, alors que les patrons d’attachement évitant et ambivalent sont observés respectivement chez environ 25% et 15% des enfants (van IJzendoorn, 1995; van IJzendoorn, Kranenburg, Zwart-Woudstra, van Busschbach, & Lambermon, 1991; van Ijzendoorn & Kroonenberg, 1988). L’attachement désorganisé, quant à lui, se retrouverait chez environ 15% des enfants issus de la population normative, à faible risque1. Dans les familles à risque sur le plan

social, ce pourcentage pourrait doubler, voire même tripler (van Ijzendoorn, Schuengel, & Bakermans-Kranenburg, 1999). Carlson, Cicchetti, Barnett et Braunwald (1989) ont même trouvé un pourcentage atteignant 82% chez des enfants victimes de maltraitance. Enfin, les patrons d’attachement sécurisé, évitant et ambivalent seraient relativement stables à travers le temps (72%, 44% et 62%, respectivement) (Moss, Cyr, Bureau, Tarabulsy, & Dubois-Comtois, 2005). Tout comme pour les patrons d’attachement organisé, l’attachement désorganisé montre une forte stabilité à travers le temps, et ce, peu importe le milieu de provenance de l’enfant (van Ijzendoorn et al., 1999).

Plusieurs études démontrent que la sécurité d’attachement entre une mère et son enfant prédit le développement futur de ce dernier dans les sphères sociale, cognitive et émotionnelle (Fearon, Bakermans-Kranenburg, van Ijzendoorn, Lapsley, & Roisman, 2010; Groh, Roisman, van Ijzendoorn, Bakermans-Kranenburg, & Fearon, 2012; Madigan, Atkinson, Laurin, & Benoit, 2013; Sroufe, Egeland, Carlson, & Collins, 2005). Notamment, la sécurité d’attachement prédit différents aspects du développement cognitif

1La somme des pourcentages des types d’attachement dépasse 100% dû à une particularité de la codification

de l’attachement de la procédure souvent utilisée à cette fin, la Situation étrangère d’Ainsworth (Ainsworth et al., 1978; Main & Solomon, 1990). Dans cette procédure, l’attachement organisé (sécurisé, évitant,

ambivalent) doit être codifié avant la désorganisation. Pour que l’enfant obtienne une classification primaire d’attachement désorganisé, le niveau de cette désorganisation doit être substantiel. Dans ce contexte, un enfant désorganisé dans son attachement obtient également une classification qui est organisée.

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(Lemelin, Tarabulsy, & Provost, 2006) ainsi que le développement de troubles de comportement (Fearon et al., 2010; Schneider, Atkinson, & Tardif, 2001) et d’indices généraux d’adaptation (Sroufe et al., 2005). De plus, des travaux montrent que l’association entre l’attachement à l’enfance et l’adaptation se maintient à l’adolescence (Grossmann, Grossmann, & Waters, 2005) ainsi qu’au début de l’âge adulte (Fortuna, Roisman, Haydon, Groh, & Holland, 2011). La relation d’attachement mère-enfant est donc très importante pour comprendre la trajectoire développementale sur laquelle s’engage un enfant en début de vie puisqu’elle prédit différents aspects du développement ultérieur de l’enfant.

La relation entre l’attachement de l’enfant et la sensibilité maternelle

L’existence de liens entre l’attachement de l’enfant et certains comportements parentaux a été étudiée et démontrée à de nombreuses reprises (Main & Hesse, 1990). Sur le plan théorique, Bowlby (1978) et Ainsworth (Ainsworth et al., 1978) affirment que la façon dont une mère répond à son enfant influence grandement le type d’attachement qui se développera entre l’enfant et la mère. À ce sujet, Bowlby (1978) mentionne que la relation entre un enfant et une mère peut se développer sainement lorsque la mère est sensible envers son enfant. À l’inverse, lorsque la mère peine à comprendre et à percevoir les signaux de son enfant, ou lorsqu’elle les interprète de manière erronée, la relation qui se crée entre les deux individus peut être moins optimale.

La sensibilité maternelle peut se définir comme étant l’habileté de la mère à détecter et à interpréter les besoins émotionnels de son enfant ainsi qu’à y répondre rapidement et adéquatement (Ainsworth et al., 1974), et ce, dans le cadre d’interactions quotidiennes. Ainsworth et al. (1974) ont trouvé que les mères sensibles avaient fréquemment des scores élevés d’acceptation, d’accessibilité et de coopération vis-à-vis de leur enfant. Les mères montrant de l’insensibilité, pour leur part, ont tendance à avoir de la difficulté à répondre aux signaux de leur enfant d’une façon adéquate et/ou rapide, et ce, principalement en raison du fait qu’elles peinent à percevoir les signaux de leur bambin ou à en comprendre le sens. Par exemple, certaines mères peuvent choisir de ne pas répondre aux pleurs de leur enfant, et ce, de façon systématique, présumant l’importance d’éteindre ce comportement. D’autres peuvent simplement ne pas être conscientes des pleurs de leur enfant et, conséquemment, n’y répondent pas. À l’extrême, l’insensibilité peut se caractériser par une

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11 mère qui ne semblerait être mue que par ses besoins et envies et qui interviendrait auprès de son enfant seulement lorsqu’elle le souhaiterait ou encore lorsque les signaux du bambin seraient trop intenses, prolongés ou répétés (Ainsworth et al., 1974). Lorsque l’insensibilité est aussi grande, elle peut être considérée comme de l’abus émotionnel (Bailey et al., 2007).

De nombreuses études empiriques ont montré que la sensibilité maternelle est liée à la sécurité de l’attachement de l’enfant (De Wolff & van Ijzendoorn, 1997; Moran et al. 2008; Morley, Xue, et al., 2010; Pederson, Gleason, Moran, & Bento, 1998; Pederson & Moran, 1995; Pederson et al., 1990; Tarabulsy et al., 2005; Whipple, Bernier, & Mageau, 2011). Ainsi, dans leur méta-analyse portant sur 66 études et comptant 4 176 participants, De Wolff et van Ijzendoorn (1997) ont trouvé une taille d’effet de force faible de r = .24 entre la sensibilité maternelle et la sécurité de l’attachement de l’enfant. Pederson et al. (1990; 1998) et Tarabulsy et al. (2005) ont, quant à eux, obtenu des corrélations de force modérée (r = .52, r = .51 et r = .40, respectivement) entre ces deux variables relationnelles. Pour leur part, Morley, Xue et al. (2010) ont remarqué que les comportements de rejet de la mère, qui représentent en fait de l’insensibilité, permettaient de différencier les mères qui entretenaient un attachement sécurisé de celles qui avaient un attachement insécurisé avec leurs enfants. De leur côté, Lyons-Ruth, Connell, Zoll, & Stahl (1987) ont trouvé que 100% des enfants dont les mères avaient des scores élevés d’hostilité présentaient un attachement insécurisé évitant ou évitant-ambivalent. Ces chercheurs ont également montré que plus les mères étaient désengagées et avaient des affects plats, plus l’enfant avait tendance à montrer un attachement insécurisé ambivalent. Toutefois, Ward & Carlson (1995) n’ont trouvé aucune association entre la sensibilité de mères adolescentes et la sécurité de l’attachement de leur enfant.

En plus d’être liée aux patrons d’attachement organisés (sécurisé, évitant, ambivalent), la sensibilité maternelle semble également pouvoir être liée à l’attachement désorganisé de l’enfant. Ainsi, certains chercheurs ont établi que l’attachement désorganisé pourrait provenir de l’insensibilité maternelle dans les interactions quotidiennes (Bailey et al., 2007; Carlson, 1998; Moran et al, 2008; van Ijzendoorn et al., 1999). Dans la méta-analyse de van Ijzendoorn et al. (1999), une taille d’effet faible (r = .10), mais statistiquement significative, a été retrouvée entre l’insensibilité maternelle et l’attachement désorganisé. Lorsque les échantillons de faible statut socio-économique seulement sont pris

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en considération et que leur taille est contrôlée, la taille d’effet moyenne augmente à r = .28 (Bailey et al., 2007). Cependant, dans leur étude portant sur la validation d’un nouvel instrument de mesure de la sensibilité, Out, Bakermans-Kranenburg et Van Ijzendoorn (2009) n’ont trouvé aucune association entre l’extrême insensibilité et l’attachement désorganisé.

Malgré le fait que la force de la relation entre la sensibilité maternelle et la sécurité de l’attachement de l’enfant varie quelque peu selon les auteurs, la présence d’une association entre ces deux variables est omniprésente dans la littérature. De ce fait, de manière générale, la mère d’un enfant ayant un attachement sécurisé est en mesure de percevoir les signaux émotionnels de son enfant ainsi que d’y répondre de manière prévisible, cohérente et chaleureuse comparativement aux mères d’enfant ayant un attachement insécurisé. La sensibilité maternelle représente un facteur important à considérer dans le développement de la sécurité de l’attachement de l’enfant.

La relation entre les processus liés à l’attachement et les troubles externalisés

Tel que cela a été mentionné précédemment, à la base des travaux et des théories sur l’attachement de John Bowlby (1978) est l’idée selon laquelle la sensibilité de la mère influence la qualité de l’attachement entre la mère et l’enfant. Bowlby ajoute l’idée que le patron d’attachement ainsi créé aurait une influence sur le fonctionnement psychosocial ultérieur de l’enfant (Bowlby, 1989). Ce faisant, il est possible de penser que les processus liés à l’attachement, telles la sensibilité maternelle et la relation d’attachement qui émerge, pourraient être pertinents dans la compréhension de l’émergence de l’externalisation chez les jeunes enfants. De fait, la sensibilité maternelle et l’attachement sont-ils liés à l’externalisation chez les enfants ?

La relation entre la sensibilité maternelle et l’externalisation. La littérature portant précisément sur la relation entre la sensibilité maternelle et l’externalisation est moins abondante que celle liant les difficultés d’attachement à l’externalisation. Pourtant, plusieurs auteurs se sont penchés sur différents comportements maternels afin de comprendre l’émergence des troubles externalisés du comportement chez les enfants. Selon Campbell (1995) et Greenberg et al. (2001), les comportements parentaux représenteraient d’ailleurs un important prédicteur des troubles externalisés infantiles.

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13 Bakermans-Kranenburg et van Ijzendoorn (2006) ont testé l’hypothèse suggérant que la sensibilité maternelle serait liée aux troubles externalisés avec une population à faible risque socio-économique en utilisant l’échelle en 9 points d’Ainsworth (voir Ainsworth et al., 1974). Ces auteurs ont noté une association entre la sensibilité maternelle et les troubles externalisés du comportement, mais seulement en présence d’un facteur génétique. Selon St-Pierre et al. (2012), il serait possible que l’émergence de l’externalisation infantile soit en partie le fruit d’un manque de sensibilité particulièrement important. De fait, dans l’étude de Madigan et al. (2007) portant sur des enfants âgés entre 6 et 12 mois, une relation entre les comportements anormaux de la mère – qui représentent, en fait, des comportements hautement insensibles – et les troubles externalisés a été observée.

L’étude de Côté, Vaillancourt, LeBlanc, Nagin et Tremblay (2006), pour sa part, démontre un lien entre les comportements parentaux hostiles, donc insensibles, et les comportements d’agression physique des enfants. Un constat semblable est remarqué par Alink et al. (2009) dans leur recherche qui montre un lien entre l’insensibilité et l’agressivité des enfants. Une étude réalisée par la National Institute of Child Health and Human Development (NICHD; 2004) a montré la présence d’une moins grande sensibilité maternelle chez les enfants qui présentaient une trajectoire modérée à élevée d’agressivité, comparativement aux enfants qui faisaient partie des trajectoires où les niveaux d’agressivité étaient moins importants. Enfin, un lien entre la sensibilité maternelle et la présence d’externalisation a également été montré dans l’étude de Miner et Clarke-Stewart (2008).

La relation entre l’attachement et l’externalisation. Plusieurs auteurs remarquent que les difficultés d’attachement sont fréquemment liées aux problèmes de comportement chez les enfants (Campbell, 2002; Fearon et al., 2010; Lüthi Faivre et al., 2005). Ainsi, Keller et al. (2005) ont remarqué que les enfants qui présentent un attachement évitant ont plus de chances de se retrouver dans une trajectoire de troubles externalisés du comportement. Dans leur méta-analyse portant sur 69 échantillons et comptant plus de 5947 individus, Fearon et al. (2010) ont observé que les enfants qui présentaient un attachement insécurisé (évitant, ambivalent ou désorganisé) présentaient des niveaux d’externalisation plus élevés. Ces auteurs ont obtenu une taille d’effet moyenne-faible de

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0.31 (d de Cohen), toutes mesures d’attachement confondues. De plus, ces chercheurs ont noté un lien statistiquement significatif, mais avec une taille d’effet faible (d = 0.12) entre la présence d’un attachement évitant et l’augmentation de l’externalisation. Aucun lien n’a été observé entre l’attachement ambivalent et les troubles externalisés. Un lien entre ces deux variables a toutefois été trouvé par Dubois-Comtois, Moss, Cyr et Pascuzzo (2013). Enfin, un lien de taille moyenne-faible (d = 0.34) entre l’attachement désorganisé et un accroissement des troubles externalisés a également été montré. En ce qui a trait à l’attachement désorganisé, la littérature suggère fréquemment un lien entre ce type d’attachement et les troubles externalisés du comportement chez les enfants (Carlson, 1998; Fearon et al., 2010; Ruth, 1996; Ruth, Easterbrooks, & Cibelli, 1997; Lyons-Ruth & Jacobvitz, 1999; Madigan et al., 2007; Moss et al., 1999; Shaw, Owens, Vondra, Keenan, & Winslow, 1996; van Ijzendoorn et al., 1999). Toutefois, Keller et al. (2005) n’ont pas observé ce lien.

Fait intéressant, la méta-analyse de Fearon et al. (2010) fait état d’un lien avec une taille d’effet particulièrement élevée (d = 0.70) entre un attachement insécurisé chez l’enfant, mesuré à l’aide du Tri-de-cartes d’attachement (TCA; Waters, 1995), un outil dimensionnel d’évaluation du niveau de sécurité de l’attachement, et l’augmentation de l’externalisation infantile. Lorsque la Situation étrange (Ainsworth & Bell, 1970; Ainsworth et al., 1978), qui permet de catégoriser les enfants selon le type d’attachement présenté, est employée, la taille d’effet observée quant au lien entre l’attachement insécurisé et l’externalisation ne présente qu’une force faible (d = 0.18). Ainsi, l’utilisation d’un continuum allant d’un attachement sécurisé à insécurisé (sans qu’une distinction entre les différents types d’attachement soit faite) montre une taille d’effet plus importante. De ce fait, le TCA, qui est une des mesures standards utilisées dans la littérature afin de mesurer la sécurité de l’attachement (Fearon et al., 2010), sera la mesure d’évaluation de l’attachement privilégiée dans cette étude.

Certains auteurs affirment que les problèmes d’attachement à eux seuls ne peuvent pas prédire la psychopathologie chez les enfants, tels les indices de troubles du comportement, mais représenteraient un facteur de risque à leur développement (Sroufe, 1997). Selon eux, les problèmes de comportement infantiles proviendraient davantage de l’accumulation de facteurs de risque (Greenberg, 1999). De fait, un lien entre les problèmes

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15 d’attachement et les troubles externalisés semble être très fréquent dans les populations à risque au niveau psychosocial. Par contre, dans une population à faible risque, certains chercheurs n’ont pas trouvé de lien entre les difficultés d’attachement et les troubles externalisés du comportement (Greenberg, 1999; Greenberg, DeKlyen, Speltz, & Endriga, 1997). Il est à noter que dans leur méta-analyse, Fearon et al. (2010) ont trouvé un lien entre la sécurité d’attachement et l’externalisation autant chez les familles avec de faible et de haut statut socio-économique, suggérant que l’attachement peut être une caractéristique qui peut modifier de manière importante la trajectoire développementale des enfants.

En somme, certains liens existent entre les processus liés à l’attachement et l’externalisation chez les enfants. Le fait de mieux comprendre ces processus pourrait donc améliorer notre compréhension des facteurs qui contribuent aux difficultés comportementales chez l’enfant. Toutefois, les travaux impliquant les très jeunes enfants demeurent plus rares. Même la méta-analyse de Fearon et ses collègues (2010) compte plusieurs études portant sur des enfants d’âge préscolaire et scolaire dans leur évaluation. Pourtant, il demeure fondamental de vérifier les liens entre ces variables chez les très jeunes enfants précisément, et ce, dans le but de prévenir et/ou d’intervenir le plus rapidement possible auprès de ces derniers. En outre, presque aucune étude ne porte sur la manière dont les processus liés à l’attachement peuvent expliquer les liens entre le risque psychosocial et l’externalisation chez l’enfant.

Le risque psychosocial

Le risque psychosocial peut se définir comme étant la présence, dans une famille, de différents facteurs d’adversité au niveau psychologique et social. Il est possible de mesurer le risque psychosocial à l’aide de plusieurs indicateurs différents. Certaines études utilisent le niveau d’éducation des parents, leurs emplois ou encore leurs revenus annuels afin de donner un aperçu du risque psychosocial de la famille étudiée (p. ex.: Bailey, Waters, Pederson, & Moran, 1999; Bradley & Corwyn, 2002; Propper & Rigg, 2007). Il est à noter que l’utilisation de ces variables fait également référence au statut socio-économique des familles, une des caractéristiques définissant le risque social et qui est très souvent associé à d’autres éléments de risque au niveau de l’adaptation de l’individu ou du contexte de vie de l’enfant. Dans le but de mieux cerner ces autres facteurs, les chercheurs ont parfois ciblé

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des populations comme les enfants de mères adolescentes (p. ex.: Lemelin et al., 2006), les enfants ayant des parents aux prises avec la criminalité, des niveaux de conflits familiaux ou conjugaux élevés, des difficultés de santé mentale ou d’abus de substances (p. ex. : Greenberg et al., 1993), ou encore des familles qui vivent de hauts niveaux de stress ou qui ont de faibles niveaux de soutien social (p. ex. : Keller et al., 2005). Dans d’autres cas, les enfants qui vivent dans des contextes de monoparentalité peuvent être définis comme étant « à risque » sur le plan social (p. ex. : Koot, 1993).

La littérature est claire quant à l’existence d’un lien entre la présence de risque psychosocial dans les familles et les difficultés comportementales des enfants (Bøe et al., 2014; Bradley & Corwyn, 2002; Campbell, 1995; Cicchetti et al., 1998; Côté et al., 2006; Dearing, McCartney, & Taylor, 2006; Deater-Deckard et al., 1998; Farris, Nicholson, Borkowski, & Whitman, 2011; Greenberg et al., 1993; Propper & Rigg, 2007; Tremblay, 2010). Ainsi, Campbell, March, Pierce, Ewing et Szumowski (1991) ont observé que les enfants qui présentent des troubles externalisés font face à davantage d’adversité à l’intérieur de leur famille. Dans leur étude portant sur plus de 10 500 enfants, Côté et ses collègues (2006) ont montré, pour leur part, que les enfants qui présentaient une trajectoire élevée et stable d’agressivité avaient plus de chances de provenir d’une famille de faible statut socio-économique. En outre, la continuité des difficultés psychosociales vécues par les familles prédit la stabilité des troubles externalisés (Campbell, 1995; Campbell et al., 1991). De fait, Richman, Stevenson et Graham (1982) ont observé qu’une stabilité des troubles de comportement infantiles était présente seulement lorsque les familles faisaient face à des difficultés psychosociales persistantes. Autrement dit, l’adversité familiale ponctuelle (et non chronique) ne prédit pas la stabilité des troubles externalisés du comportement des enfants. Bref, la présence persistante d’éléments de risque psychosocial dans une famille tels des problèmes personnels vécus par les parents, des difficultés socioéconomiques ou d’adaptation représente un très bon prédicteur des niveaux d’externalisation chez les enfants.

Le lien observé entre le risque psychosocial et l’émergence de symptômes d’externalisation soulève la question des processus développementaux qui le médiatisent. Autrement dit, comment est-ce que le contexte, ou l’environnement de l’enfant, peut exercer une influence sur l’enfant et provoquer l’émergence de troubles externalisés du

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17 comportement? Une hypothèse envisageable, et celle qui fera l’objet principal de ce mémoire doctoral, est la suivante : la présence de facteurs d’adversité au sein d’une famille est susceptible d’avoir une influence sur les processus interactifs entre le parent et l’enfant conduisant ainsi aux difficultés vécues par les enfants (Campbell, 1995). Dans cette perspective, les processus interactifs entre le parent et l’enfant affecteraient ce dernier et entraîneraient le développement de troubles externalisés chez celui-ci. À la lumière des informations précédemment fournies, les processus interactifs les plus susceptibles d’être impliqués et les mieux compris à cet égard concernent l’élaboration de l’attachement parent-enfant.

Webster-Stratton (1990) suggère que la présence de risques psychosociaux dans une famille pourrait rendre les parents plus irritables, critiques et enclins à utiliser la punition. Dans son article, cette chercheuse propose un modèle explicatif des troubles externalisés du comportement des enfants impliquant l’influence de facteurs de risque et des comportements parentaux. Dans ce modèle, bien qu’il ne soit pas directement question des processus d’attachement et que l’auteur ne porte pas une attention particulière sur les tout-petits, il est suggéré que les problèmes externalisés des enfants ne proviennent pas directement de la présence de facteurs de risque dans la famille, mais indirectement via les comportements des parents. Autrement dit, Webster-Stratton propose que les comportements parentaux médiatisent la relation entre le risque psychosocial et les troubles externalisés des enfants. Toutefois, elle ne nie pas la possibilité que le risque psychosocial affecte directement les troubles externalisés infantiles (Webster-Stratton, 1990). De fait, une voix directe existerait aussi (Snyder, 1991). Le modèle proposé par Webster-Stratton (1990) a également été supporté par d’autres auteurs dont Snyder (1991). L’étude de Dubois-Comtois, Moss, Cyr et Pascuzzo (2013) s’est également penchée sur un devis semblable, mais ces auteurs ont inclus dans leurs variables la qualité des interactions et de l’attachement parent-enfant au lieu des pratiques parentales. Ainsi, ces auteurs ont montré que la présence d’un risque psychosocial était associée à l’externalisation rapportée par l’enfant, et que ce lien pouvait être médiatisé par la qualité de l’interaction mère-enfant (qui incluait la mesure de la sensibilité maternelle, entre autres). Ces auteurs ont également observé un lien entre les attachements insécurisés ambivalent et désorganisé et l’externalisation des enfants. Bien que très intéressante compte tenu du sujet de la présente

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étude, cette recherche porte également uniquement sur des enfants d’âge préscolaire et scolaire (de quatre ans à huit ans et demi).

Les mères adolescentes. Dans le cadre de la présente étude, le risque psychosocial auquel les enfants sont exposés sera déterminé en fonction de l’appartenance à une famille dont la mère est adolescente ou non. La maternité à l’adolescence se définit uniquement sur la base de l’âge de la mère au moment de la naissance de l’enfant. Ainsi, les enfants de mères adolescentes (19 ans et moins) seront considérés comme faisant partie d’une population à plus haut risque psychosocial, alors que les enfants de mères adultes (20 ans et plus) seront considérés comme présentant un risque psychosocial plus faible. La maternité à l’adolescence se caractérise par la présence de plusieurs facteurs de risque simultanément (Keller et al., 2005; Morley, Moran, Pederson, & Bailey, 2010; Tarabulsy et al., 2010), rendant ainsi l’écologie familiale à risque (Tarabulsy, Moran, Pederson, Provost, & Larose, 2011). Ainsi, les mères adolescentes sont souvent caractérisées par un faible statut socio-économique (Ward & Carlson, 1995), elles auraient souvent moins d’années de scolarité que les mères adultes (Bailey et al., 1999) et elles auraient des revenus annuels plus faibles que ces dernières (Morley, Moran, Pederson, Bento et al., 2010). En outre, elles sont plus souvent monoparentales, elles vivent davantage de stress que les mères adultes (Morley, Moran, Pederson, & Bailey, 2010) et elles présentent fréquemment des difficultés d’adaptation personnelles (Colletta, 1983). Enfin, elles vivent plus souvent des problèmes au niveau relationnel que les mères adultes, tels des conflits avec le père de l’enfant (Moore, Florsheim, & Butner, 2007) ou un faible support social (Tarabulsy et al., 2011). De ce fait, les familles qui comprennent une mère adolescente sont souvent plus vulnérables que les familles ayant une mère adulte.

L’environnement familial ainsi créé a été considéré dans la littérature comme étant problématique, et ce, autant pour la mère que pour l’enfant (Jaffee, Caspi, Moffitt, Belsky, & Silva, 2001; Tarabulsy et al., 2011). Par conséquent et en suivant une perspective d’écologie sociale, il est possible de penser que la présence de cette constellation de facteurs de risque qui caractérise l’environnement de ces enfants est susceptible d’influencer leur développement. D’ailleurs, selon Loeber (1991), les enfants d’âge préscolaire seraient particulièrement vulnérables à la présence de facteurs de risque dans leur famille.

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19 De fait, les enfants de mères adolescentes ont plus de chances de présenter de l’externalisation (Vando, Rhule-Louie, McMahon, & Spieker, 2008). Ainsi, certaines études rapportent que les enfants de mères adolescentes présentent plus fréquemment des difficultés au niveau de leur comportement comparativement aux enfants de mères plus âgées (Brooks-Gunn & Furstenberg, 1986; Jaffee, Caspi, Moffitt, Belsky, & Silva, 2001). Dans leur étude portant sur des enfants âgés entre 5 et 14 ans, Farris et al. (2011) ont observé des taux élevés de troubles externalisés chez des enfants ayant une mère adolescente. Ces auteurs concluent donc que les enfants de mères adolescentes présentent de plus grandes chances de montrer de l’externalisation. Un résultat similaire a été trouvé par Spieker, Larson et Lewis (1997). Ces auteurs ont montré que les enfants ayant une mère adolescente de leur échantillon présentaient des niveaux d’externalisation, mesurés à l’aide de l’Achenbach System of Empirically Based Assessment (ASEBA), plus élevés que ceux des enfants issus de l’échantillon de normalisation de cet instrument. De leur côté, Spieker, Larson, Lewis, Keller et Gilchrist (1999) ont montré que des enfants âgés entre 3.5 et 6 ans ayant une mère adolescente présentaient des niveaux élevés de difficultés comportementales lorsque leur mère adoptait des pratiques de contrôle négatives.

Dans leur étude, Lemelin et al. (2006) ont trouvé une association négative entre la présence de risque psychosocial déterminé par la maternité à l’adolescence et la sensibilité maternelle. D’autres études ont également trouvé une association similaire en montrant que les mères adolescentes seraient moins sensibles avec leur enfant que les mères adultes (Bailey et al., 2007; Morley, Moran, Pederson, Bento, et al., 2010; Tarabulsy, Moran, Pederson, Provost, & Larose, 2011). Selon les résultats de l’étude de Bailey et al. (2007), le comportement le plus fréquemment observé chez les mères adolescentes ayant des déficits au niveau de la sensibilité est le désengagement. Ainsi, dans leur étude comparant des mères adolescentes à des mères adultes, Bailey et al. (1999) ont observé que les mères adolescentes ignorent davantage leur enfant en plus de présenter plus de comportements hostiles et de rejet. Mcfadden et Tamis-Lemonda (2013) ont, pour leur part, trouvé que les mères plus jeunes montraient plus souvent des comportements parentaux négatifs.

Les enfants de ces jeunes mères présenteraient plus fréquemment un attachement insécurisé comparativement aux enfants ayant une mère adulte (Morley, Moran, Pederson, Bento, et al., 2010; Tarabulsy et al., 2010). Entre autres, ces enfants présenteraient plus

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fréquemment un attachement désorganisé (van Ijzendoorn et al., 1999). Dans l’article de Madigan et al. (2007) portant sur des enfants ayant une mère adolescente, 58% des enfants présentaient un attachement désorganisé, ce qui est beaucoup plus élevé que le 15% observé dans une population normative. Un résultat semblable a été observé par Forbes, Evans, Moran et Pederson (2007) où un peu plus de la moitié des enfants de mères adolescentes présentaient un attachement désorganisé et où seulement 34% des enfants montraient un attachement sécurisé, comparativement au 65% attendu dans une population normative. Dans leur échantillon comprenant des mères adolescentes, Lounds, Borkowski, Whitman, Maxwell et Weed (2005) ont, pour leur part, observé un attachement sécurisé chez seulement 30% des enfants âgés d’un an.

La maternité à l’adolescence semble donc être un marqueur d’une multitude de facteurs de risque psychosocial pouvant être retrouvés au sein de l’écologie familiale. Dans cette optique, l’utilisation de cette population afin de tenir compte du niveau d’adversité présent dans l’environnement de l’enfant semble être indiquée. En outre, la possibilité qu’il y ait un grand nombre de facteurs de risque de façon simultanée dans la famille est également intéressante compte tenu du fait que la quantité d’adversité semble être déterminante en ce qui concerne les répercussions négatives pour l’enfant. En somme, dans la mesure où la présence de facteurs de risque psychosocial, d’une moins grande sensibilité maternelle, d’un attachement parent-enfant plus souvent insécurisé et de symptômes d’externalisation chez les enfants caractérise la population des jeunes mères, il devient pertinent d’examiner les liens entre ces facteurs chez une population de tout-petits, ainsi que la possibilité que les processus liés à l’attachement jouent un rôle médiateur auprès d’eux.

Le but et les hypothèses de l’étude

Le premier but de la présente étude est de vérifier si les processus liés à l’attachement, qui incluent la sensibilité maternelle et la relation d’attachement parent-enfant, sont susceptibles de prédire les symptômes d’externalisation chez les très jeunes enfants. Le deuxième but de cette étude est de vérifier si le lien entre le risque psychosocial et la présence d’externalisation chez les enfants peut être expliqué par les processus liés à l’attachement. Il est à noter que cette étude s’intéressera à la présence de symptômes

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21 d’externalisation plutôt qu’à la présence de diagnostics psychologiques précis liés aux troubles externalisés du comportement. Ce choix a été fait, car l’utilisation de diagnostics en vue de catégoriser les troubles d’une population de tout-petits est controversée (Gardner & Shaw, 2008), entre autres, parce que la validité prédictive de ces diagnostics n’est pas certaine avec cette clientèle (Campbell, 2002). De ce fait, cette étude utilisera une mesure dimensionnelle qui permet une appréciation de la sévérité des difficultés comportementales des tout-petits, plutôt qu’une mesure catégorielle.

La première hypothèse de cette étude est que les processus liés à l’attachement seront liés au niveau d’externalisation chez les tout-petits. La seconde hypothèse de cette étude est que le lien entre le risque psychosocial et l’externalisation des très jeunes enfants deviendra nul lorsque l’influence des processus liés à l’attachement sera prise en compte. Dès lors, il est prédit que les processus liés à l’attachement (soit la sensibilité maternelle et la relation d’attachement parent-enfant) médiatiseront la relation entre le risque psychosocial et l’externalisation chez les très jeunes enfants.

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23 Méthode

Participants

Toutes les dyades mère-enfant utilisées dans cette étude sont issues d’un projet de recherche à devis longitudinal ayant été dirigé par George M. Tarabulsy (Université Laval) et Marc A. Provost (Université du Québec à Trois-Rivières) en 2003 qui s’intitulait «Être Parent». L’échantillon comprend 138 dyades mère-enfant (49 mères adultes, âgées de 20 ans et plus à la naissance de l’enfant; 89 mères adolescentes, de 19 ans et moins à la naissance de l’enfant). Ces mères ont été recrutées avec l’aide d’infirmières travaillant dans le service de maternité d’un hôpital de la ville de Québec, au Canada, et avec l’aide d’infirmières effectuant des visites à la maison provenant de centres de santé locaux.

Les mères adultes ont un âge moyen de 28.73 ans (ÉT = 4.60) ainsi qu’une moyenne de 14.59 années de scolarité (ÉT = 3.55) au début de l’étude. Le revenu annuel moyen de ces mères se situe entre 30 000$ et 45 000$ canadiens. Toutes les mères, excepté une seule, sont d’origine caucasienne et parlent français. Lorsque l’enfant était âgé de 6 mois, 92% des pères vivaient avec les mères, et 83% de ceux-ci vivaient avec ces dernières lorsque l’enfant avait 15 mois. Quatre enfants sont nés avant 37 semaines de gestation (entre 34 et 37 semaines). Le poids moyen des enfants à la naissance est de 3645.24 grammes (ÉT = 742.38). Le score d’externalisation infantile moyen obtenu par les enfants de mères adultes à l’ASEBA est 54.73.

Les mères adolescentes ont un âge moyen de 18.38 ans (ÉT = 1.49) et comptent en moyenne 9.94 années de scolarité (ÉT = 1.74) au début de l’étude. Le salaire annuel moyen de ces mères varie entre 0$ et 15 000$ canadiens. Toutes les mères sont caucasiennes et parlent français. Lorsque l’enfant était âgé de 6 mois, 61% des pères vivaient avec les mères, et 53% de ceux-ci vivaient avec ces dernières lorsque l’enfant avait 15 mois. Seulement huit enfants sont nés avant 37 semaines de gestation (entre 34 et 37 semaines). Le poids de naissance moyen des enfants est de 3346.47 grammes (ÉT = 480.90). Le score d’externalisation infantile moyen obtenu par les enfants de mères adultes à l’ASEBA est 58.26. Le critère d’inclusion pour les enfants des deux groupes était qu’ils devaient être nés sans anomalie physique ou congénitale.

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Mesures

Le risque psychosocial. Le risque psychosocial est mesuré en tenant compte de l’âge de la mère au moment de la naissance de l’enfant. Ainsi, les nouvelles mères de 19 ans et moins sont considérées comme étant à plus haut risque au niveau psychosocial. Pour leur part, les nouvelles mères adultes âgées de 20 ans et plus sont considérées comme présentant un plus faible risque psychosocial. Dans le but de réaliser les analyses statistiques, un chiffre a été attribué de façon aléatoire aux deux groupes de mères; les mères adultes ont reçu le chiffre 0 alors que les mères adolescentes ont reçu le chiffre 1.

La sensibilité maternelle. La sensibilité maternelle a été évaluée par le biais du Tri-de-cartes du comportement maternel (TCCM; Pederson & Moran, 1995; voir Annexe A). Le TCCM est un outil de 90 items qui permet de mesurer la qualité du comportement maternel durant les interactions mère-enfant observées à la maison. Chacun des items décrit un comportement maternel susceptible de se produire et qui est en lien avec l’attachement mère-enfant. Un premier tri des items est effectué selon le degré de représentativité des items par rapport aux comportements maternels qui ont été observés durant la rencontre. Ainsi, les items peuvent être classés comme étant représentatifs, neutres ou non représentatifs des comportements de la mère. Chacun de ces trois groupes d’items est ensuite divisé en trois autres groupes, créant ainsi neuf groupes de 10 items chacun. Les items se retrouvant dans le premier groupe sont ceux qui décrivent le mieux la mère et ils reçoivent un score de 9. Les items qui se retrouvent dans le second groupe reçoivent un score de 8 et ainsi de suite jusqu’au dernier groupe d’items, qui sont ceux qui décrivent le moins bien les comportements de la mère et qui reçoivent un score de 1. Enfin, le score de sensibilité maternelle émerge du calcul de corrélations entre les scores attribués à la mère et les scores critères décrivant une mère typiquement sensible déterminés par les auteurs de l’outil. Les scores de sensibilité maternelle peuvent se retrouver entre -1 (le moins sensible) et 1 (typiquement sensible).

Le TCCM possède de bonnes qualités psychométriques, dont une bonne validité de construit (Tarabulsy et al., 2009). Cet outil démontre une bonne fidélité inter-juges et temporelle (Pederson & Moran, 1996; Tarabulsy et al., 2005). De plus, il est relié à d’autres mesures du comportement maternel telles les échelles de sensibilité d’Ainsworth et

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25 l’inventaire HOME (Moran, Pederson, Pettit, & Krupka, 1992), ce qui lui confère une bonne validité convergente. Cet instrument est associé à la sécurité de l’attachement de l’enfant évaluée à l’aide de la Situation étrange (Pederson et al., 1998) et du Tri-de-cartes d’attachement (Atkinson, Niccols, et al., 2000; Pederson & Moran, 1995; Tarabulsy, Avgoustis, Phillips, Pederson, & Moran, 1997; Tarabulsy et al., 2005). Enfin, l’utilisation de la procédure du Tri-de-cartes du comportement maternel et du paradigme de la division de l’attention, qui sont souvent utilisés ensemble, semblerait mieux prédire la sécurité de l’attachement de l’enfant que d’autres mesures d’observation du comportement maternel (Atkinson, Paglia, et al., 2000).

La fidélité inter-juges de cet outil a été évaluée à 15 mois en tenant compte de 27 dyades, .92 (p < .0001). À 18 mois, la fidélité inter-juges, basée sur 11 dyades, était de .84 (p < .01). La fidélité temporelle du TCCM pour les observations réalisées à 15 et 18 mois était de .67 (p < .001). Aux fins de cette étude, un score global de sensibilité issu d’une moyenne entre les scores obtenus aux observations de 10 et 15 mois sera utilisé pour réaliser les analyses statistiques.

La sécurité de l’attachement de l’enfant. Le Tri-de-cartes d’attachement (TCA; Waters, 1995; voir Annexe B) est composé de 90 items décrivant différents types de comportements d’attachement émis par les enfants. Dans cette étude, la procédure utilisée afin d’obtenir un score de sécurité d’attachement de l’enfant est identique à celle utilisée afin d’obtenir le score de sensibilité avec le TCCM mis à part le fait que, dans le cas du TCA, l’attention est focalisée sur les comportements de l’enfant. Tout comme pour le TCCM, les scores du TCA varient entre -1 et 1. Il s’agit d’un instrument dimensionnel et non catégoriel, qui permet de situer un enfant sur un continuum allant d’un attachement sécurisé à insécurisé. Il ne permet donc pas de classer les enfants selon le type d’attachement montré par l’enfant.

La validité du TCA provient de trois types d’études. Premièrement, plusieurs études ont observé des associations entre les scores des observateurs obtenus au TCA et la distinction sécurisé-insécurisé dans la Situation étrange d’Ainsworth (Ainsworth et al., 1978), une procédure d’évaluation de la sécurité de l’attachement de l’enfant réalisée en laboratoire (Pederson & Moran, 1996; Tarabulsy et al., 1997; Vaughn & Waters, 1990). De

Figure

Figure 1. Modèle hypothétique d’interaction entre les domaines de risque de Greenberg et  al
Figure 2. Modèle de médiation de cette étude.

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