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Le contact peau-à-peau précoce chez des nouveau-nés à terme : l'expérience vécue par des mères et des pères primipares

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Academic year: 2021

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© Jessie Pelletier, 2018

Le contact peau-à-peau précoce chez des nouveau-nés

à terme : l’expérience vécue par des mères et des pères

primipares

Mémoire

Jessie Pelletier

Maîtrise en sciences infirmières - avec mémoire

Maître ès sciences (M. Sc.)

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Le contact peau-à-peau précoce chez des nouveau-nés à

terme : l’expérience vécue par des mères et des pères

primipares

Mémoire

Jessie Pelletier

Sous la direction de :

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Résumé

Cette étude qualitative visait à décrire l’expérience de mères et de pères primipares québécois ayant expérimenté le contact peau-à-peau (CPP) précoce avec leur nouveau-né à terme et l’importance du rôle des infirmières. Des entrevues individuelles semi-dirigées ont été effectuées auprès de cinq mères et de cinq pères. Un devis qualitatif d’inspiration phénoménologique a été utilisé pour l’analyse des données, duquel a émergé 28 sous-thèmes, 10 thèmes et trois énoncés descriptifs reflétant l’essence du phénomène étudié. À travers leur expérience vécue lors du CPP, les mères et les pères rapportent : 1) vivre une série de moments privilégiés avec leur enfant; 2) vivre une expérience de la naissance rehaussée par l’augmentation de leur confiance, du lien d’attachement précoce créé et 3) vivre une panoplie d’émotions ainsi qu’un sentiment de bien-être. Ils rapportent aussi des bénéfices pour le nouveau-né, soit que le CPP facilite la transition à la vie extra-utérine et contribue au succès du premier allaitement. Par ailleurs, l’expérience paternelle est différente en regard de la prise de conscience de leur paternité et de la valorisation de leur rôle par la réalisation du CPP. Enfin, les participants perçoivent des lacunes quant à leurs connaissances et confirment l’importance du rôle des infirmières pour la pratique du CPP précoce. Cette étude offre une description approfondie de l’expérience subjective des parents, ce qui permet d’améliorer les connaissances des infirmières, une prise de conscience et une sensibilisation envers leur contribution dans la pratique et la promotion du CPP précoce. Les retombées de la présente étude peuvent contribuer à renforcer, encourager et étendre la pratique du CPP chez les mères et d’offrir l’opportunité aux pères de réaliser eux aussi le CPP précoce avec leur nouveau-né en période postnatale immédiate

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Table des matières

Résumé ... iii

Table des matières ... iv

Liste des tableaux ... vii

Liste des figures ... viii

Liste des abréviations et des sigles... ix

Remerciements ... x

Introduction ... 1

1. La problématique ... 3

1.1 Le CPP précoce et son importance ... 3

1.1.1. Définitions ... 4

1.1.2. Portrait de la situation actuelle ... 5

1.2 Le CPP précoce ininterrompu durant les deux premières heures de vie avec la mère ... 10

1.3 Le CPP précoce et les pères en période postnatale immédiate ... 11

1.4 La pertinence de l’étude pour la pratique et la recherche infirmière ... 13

1.5 Buts de l’étude et questions de recherche ... 15

2. La recension des écrits ... 16

2.1 La compréhension de l’expérience maternelle et paternelle ... 16

2.1.1. L’expérience maternelle... 17

2.1.2. L’expérience paternelle... 19

2.1.3. Bénéfices psychologiques chez les parents ... 21

2.2 Les effets du CPP ... 23

2.2.1. Bénéfices physiologiques chez le nouveau-né à terme et en santé ... 23

2.2.2. Bénéfices sur l’allaitement maternel ... 27

2.3 Les défis entourant la pratique du CPP ... 31

3. Le cadre de référence ... 33

3.1. La théorie BAM de Mercer ... 33

3.2. La justification du choix du cadre de référence ... 38

3.2.1 Relation entre les concepts théoriques et le sujet de l’étude ... 38

3.2.2 L’utilité du cadre de référence pour la réalisation de cette étude ... 43

(5)

4.2 Le milieu de recherche ... 45

4.3 Les participants à l’étude ... 46

4.3.1. Les critères d’inclusion et d’exclusion ... 46

4.3.2. Le déroulement de l’étude et le mode de recrutement ... 47

4.4 La collecte de données ... 49

4.5 L’analyse des données ... 50

4.6 Les critères de scientificité... 52

4.7 Les considérations éthiques ... 54

5. Les résultats de recherche ... 55

5.1. Les caractéristiques des participants ... 55

5.2. La fréquence des unités de sens, des sous-thèmes et des thèmes ... 58

5.3. Les thèmes et sous-thèmes de la première question de recherche ... 62

Thème 1 : Un moment privilégié de proximité entre la mère et son enfant ... 64

Thème 2 : Rehausse l’expérience de la naissance par l’augmentation de la satisfaction et de la confiance maternelle tout en favorisant le lien d’attachement ... 66

Thème 3 : Vivre une panoplie d’émotions et un sentiment de bien-être physique et psychologique ... 68

Thème 4 : Facilite la transition à la vie extra-utérine et contribue au succès du premier allaitement ... 71

5.4. Les thèmes et sous-thèmes de la deuxième question de recherche ... 75

Thème 5 : Un moment privilégié de proximité entre le père et son enfant ... 77

Thème 6 : Rehausse l’expérience de la naissance par l’augmentation de la satisfaction, de la confiance paternelle et du lien d’attachement ... 79

Thème 7 : Vivre une panoplie d’émotions et un sentiment de bien-être physique et psychologique ... 82

Thème 8 : La valorisation du rôle du père passe par la promotion et la réalisation du CPP... 83

5.5. Les thèmes et sous-thèmes de la troisième question de recherche ... 84

Thème 9 : Les connaissances prénatales et per natales sont insuffisantes ... 85

Thème 10 : L’infirmière a un rôle clé afin de contribuer au succès du CPP ... 87

5.6. L’essence du phénomène : les trois énoncés descriptifs ... 90

6. La discussion ... 92

6.1. Les liens entre les résultats de recherche et la littérature ... 92

6.2. Les considérations théoriques... 104

6.3. Les forces et les limites de la recherche ... 106

6.4. Retombées de l’étude ... 108

6.4.1. La pratique infirmière ... 108

(6)

6.4.3. La gestion infirmière ... 109

6.4.4. La recherche infirmière ... 110

Conclusion ... 111

Références ... 113

Annexe 1 ... 120

Lettre de confirmation par l’infirmière ... 120

Annexe 2 ... 123

Feuillet d’information et formulaire de consentement... 123

Annexe 3 ... 134

Questionnaire sociodémographique ... 134

Annexe 4 ... 138

Guide d’entrevue (mères) ... 138

Annexe 5 ... 143

Guide d’entrevue (pères) ... 143

Annexe 6 ... 148

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Liste des tableaux

Tableau 1. Caractéristiques sociodémographiques des participants ... 57

Tableau 2. Thèmes et sous-thèmes de la première question de recherche ... 63

Tableau 3. Thèmes et sous-thèmes de la deuxième question de recherche ... 76

Tableau 4. Thèmes et sous-thèmes de la troisième question de recherche ... 85

Tableau 5. Fréquence des sous-thèmes de la première question de recherche ... 149

Tableau 6. Fréquence des sous-thèmes de la deuxième question de recherche ... 149

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Liste des figures

Figure 1. Étapes du processus d’établissement de l’identité maternelle de la théorie BAM (Mercer,

2004). ... 36

Figure 2. Présumés liens entre les concepts théoriques de la théorie BAM et ceux de la présente étude. ... 42

Figure 3. Processus dynamique d'analyse des données (St-Germain, 2007) ... 51

Figure 4. Schématisation des nœuds comparés par nombre de références d'encodage à l'aide du logiciel NVivo ... 58

Figure 5. Exemple d'une synapsie d'une recherche textuelle des occurrences pour « moment de proximité » réalisé à partir de NVivo ... 60

Figure 6. Requête d'une recherche de fréquences de mots pour le sous-thème satisfaction

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Liste des abréviations et des sigles

ASPC Agence de la santé publique du Canada

CÉR Comité d’éthique de la recherche

CÉRUL Comité d’éthique de la recherche avec des êtres humains de l’Université Laval CHU Centre hospitalier universitaire

CHUL Centre hospitalier de l’Université Laval CMES Centre mère-enfant Soleil

CPP Contact peau-à-peau

CSSS Centre de Santé et de Services Sociaux ISQ Institut de la statistique du Québec IHAB L’initiative des hôpitaux amis des bébés MSSS Ministère de la Santé et des Services sociaux OIIQ Ordre des infirmières et infirmiers du Québec OMS Organisation mondiale de la santé

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Remerciements

Un jour j’ai dit… Jamais je n’irai à l’Université… Bien sûr, je m’y suis inscrite et j’ai obtenu mon baccalauréat en sciences infirmières avec beaucoup de fierté! Un jour j’ai dit… Jamais je n’irai faire d’études de deuxième cycle… Et voilà que deux ans après avoir terminé mes études, ça me manquait déjà! J’avais le goût d’apprendre à nouveau et ainsi de relever le défi de m’inscrire à la maîtrise, tout en travaillant comme infirmière clinicienne. Je me suis lancée dans cette belle aventure sans savoir ce qui m’attendait. Le plus gros défi ayant été de concilier travail-étude-famille, comme la plupart des femmes de ma génération. Ainsi, je dois ma réussite et ma persévérance à plusieurs personnes que je tiens à remercier de tout mon cœur. À mes parents, pour qui les études n’étaient pas une possibilité, merci de m’avoir enseigné l’importance de celles-ci et de m’avoir soutenue tout au long de mon cheminement. Les valeurs que vous m’avez inculquées font de moi la femme accomplie que je suis devenue. Grâce à vous, je sais que tout est possible lorsqu’on le veut vraiment.

À travers ces années d’études, ma vie professionnelle et personnelle a été très mouvementée. Ma famille s’est beaucoup agrandie et j’ai la joie d’être maman de quatre merveilleux enfants, qui débordent d’énergie et de santé! Le défi a donc été d’autant plus grand à mesure que ma famille s’est agrandie, car le temps est vite devenu mon ennemi. Merci à mon conjoint pour sa compréhension et son soutien. À ma directrice de maîtrise, Nancy Leblanc, avec qui je partage beaucoup d’affinité et de points en commun, merci de ta patience, de ta compréhension, de ton soutien, de tes conseils et de ton écoute. Sans toi, l’accomplissement de mon projet devenu réalité à travers ce mémoire n’aurait jamais été possible.

Maintenant que c’est la fin de ce parcours, je sais que c’est le début de nouveaux projets pour moi et que lorsque je termine une étape de ma vie ou un projet, un autre se pointe rapidement! Finalement, il ne faut jamais dire jamais…

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Introduction

Les événements entourant la naissance et la manière dont un nouveau-né est accueilli dans le monde au cours des premières heures après la naissance peuvent avoir des conséquences à court et à long terme (Phillips, 2013). Le contact peau-à-peau (CPP) précoce est une pratique de soins optimale recommandée et reconnue pour tous les nouveau-nés à terme en bonne santé, fournissant de nombreux avantages tant pour la santé des nouveau-nés que maternelle (Haxton, Doering, Gingras, & Kelly, 2012). Plusieurs études traitent des bénéfices du CPP, mais très peu s’intéressent spécifiquement à l’expérience vécue par les parents lors de la naissance d’un nouveau-né à terme. D’ailleurs, la majorité des travaux visant la compréhension de l’expérience des mères réfèrent aux nouveau-nés prématurés. Quant à l’expérience paternelle, elle est très peu étudiée, ce qui représente un aspect novateur de cette étude, car elle s’intéresse également à ceux-ci.

Cette étude qualitative avait pour buts de décrire l’expérience de mères et de pères primipares québécois ayant expérimenté le CPP avec leur nouveau-né à terme ainsi que l’importance du rôle des infirmières afin de contribuer au succès de cette pratique. Les résultats de cette recherche permettront l’avancement des connaissances sur une problématique peu documentée et rehausseront la compréhension et la sensibilisation des infirmières en périnatalité en regard du CPP.

Au premier chapitre, la problématique décrit le portrait de la situation actuelle et les défis entourant la pratique du CPP chez les mères et les pères. Il expose les étapes de l’implantation de cette nouvelle pratique dans un centre hospitalier de la région de Québec ainsi que la nécessité et la façon d’augmenter l’implication des pères. Il offre la compréhension du rôle des infirmières dans le CPP précoce ainsi que la pertinence pour la pratique et la recherche infirmière. Il présente également les buts de l’étude ainsi que les questions de recherche.

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Le deuxième chapitre, constitué de la recension des écrits, fait état des perspectives empiriques et théoriques des recherches répertoriées sur l’expérience maternelle et paternelle lors du CPP avec leur nouveau-né à terme. Il permet de faire le point sur les connaissances entourant les bénéfices physiologiques et psychologiques, les bienfaits sur l’allaitement maternel et les défis entourant la pratique du CPP. Également, les études permettant la compréhension de l’expérience maternelle et paternelle sont présentées.

Le cadre de référence est illustré au chapitre trois. Il offre à cette étude une perspective infirmière distincte, soit la théorie Becoming a Mother (BAM) de Mercer (2004). Les différents concepts théoriques sont exposés et mis en relation avec le sujet de cette étude.

Le quatrième chapitre détaille la méthodologie utilisée pour atteindre les buts et répondre aux questions de recherche. Il expose le devis de recherche, les participants à l’étude, les critères d’inclusion et d’exclusion ainsi que le déroulement de l’étude. Enfin, la collecte et l’analyse des données sont décrites ainsi que les précautions prises afin de respecter les critères de rigueur scientifique et les principes éthiques.

Dans le cinquième chapitre, les résultats de l’étude provenant de l’analyse des données réalisée selon un devis qualitatif d’inspiration phénoménologique, selon la méthode proposée par Giorgi (1997, 2009) sont présentés. Spécifiquement, l’essence du phénomène est dégagée et résume bien l’expérience vécue par les mères et les pères lors du CPP précoce. Les sous-thèmes, les thèmes et les trois énoncés descriptifs se rapportant à chacune des questions de recherche sont décrits.

Au chapitre six, les résultats obtenus sont discutés en faisant la comparaison avec la littérature et les considérations théoriques. Puis, sont abordées les forces et les limites du devis qualitatif et les retombées de l’étude. Une conclusion générale complète le présent mémoire.

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Chapitre 1

1.

La problématique

Le premier chapitre de ce mémoire présente le CPP précoce et son importance durant la période postnatale immédiate est mise en évidence. Le portrait de la situation actuelle tant chez les mères que chez les pères dans la pratique du CPP après la naissance est aussi présenté. Sont ensuite abordées les étapes de l’implantation de cette nouvelle pratique dans un centre hospitalier de la région de Québec ainsi que la nécessité et la façon d’augmenter l’implication des pères. Conséquemment, la compréhension du rôle des infirmières dans le CPP précoce ainsi que la pertinence pour la pratique et la recherche infirmière sont discutées. Les buts de l’étude et les questions de recherche viennent conclure ce chapitre.

1.1 Le CPP précoce et son importance

Le taux de natalité au Québec est en lente décroissance après être demeuré relativement stable de 2009 à 2014, passant de 88 891 naissances en 2009 à 83 900 naissances en 2017 (Institut de la statistique du Québec [ISQ], 2018). De ce nombre, 43 % des bébés étaient des premiers nés. Les dernières décennies font état de grands changements dans les pratiques obstétricales. D’ailleurs, elles sont en constante évolution et se trouvent présentement dans une période de transition importante. De nombreuses pratiques de soins ont été implantées au 20e siècle sans évidences

scientifiques. Les récentes recherches soutiennent et facilitent la naissance physiologique normale. Les pratiques optimales de soins entourant le travail et l’accouchement indiquent notamment de permettre l’alimentation et la mobilisation durant le travail, de ne pas effectuer de rupture systématique des membranes, de retarder le clampage du cordon ombilical et de placer le nouveau-né immédiatement dès sa naissance en CPP avec sa mère (King & Pinger, 2014). De plus, les bénéfices de l’allaitement maternel sont maintenant reconnus mondialement, tant pour les nouveau-nés, leurs mères que pour la société. Au Québec, les lignes directrices ministérielles en matière d’allaitement

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vont de pair avec celles de l’Organisation mondiale de la santé [OMS] et de l’UNICEF : « L’allaitement exclusif durant les six premiers mois de vie de l’enfant et la poursuite de l’allaitement jusqu’à deux ans et au-delà avec ajout d’aliments complémentaires » (Hung & Berg, 2011); Institut national de santé publique du Québec [INSPQ], 2011). Par ailleurs, le CPP est une méthode simple, peu coûteuse et non invasive pour augmenter l'auto-efficacité et la confiance en matière d'allaitement maternel (Aghdas, Talat, & Sepideh, 2014). Également, en moins de deux décennies, on observe un passage de la séparation complète entre la mère et son nouveau-né à sa naissance, à la cohabitation mère-enfant et enfin au CPP précoce dès la naissance.

Le passage de la vie intra-utérine à la vie extra-utérine représente un des événements les plus dynamiques et potentiellement dangereux du cycle de la vie humaine. Par conséquent, dans la prise en charge du nouveau-né après la naissance, il ne faut pas sous-estimer l'importance de la prévention de la perte de chaleur, en facilitant son adaptation au monde extérieur et l'interaction avec sa mère (Takahashi, Tamakoshi, Matsushima, & Kawabe, 2011). La première heure de vie exige l'adaptation rapide des systèmes pulmonaires et cardiovasculaires ainsi que des changements hémodynamiques chez les nouveau-nés (Neczypor & Holley, 2017). Conséquemment, afin de faciliter cette période de transition et suite aux nombreuses études démontrant les bienfaits de la « méthode kangourou » chez les nouveau-nés prématurés, cette intervention a fait son apparition graduelle chez les nouveau-nés à terme (Bramson & al., 2010; Dabrowski, 2007). Depuis plus de 30 ans, les recherches dans le domaine de la périnatalité sont très nombreuses sur la « méthode kangourou ». Cependant, le concept de CCP précoce est plus récent et il existe encore un nombre plus restreint de données probantes chez les nouveau-nés à terme. La « méthode kangourou » a vu le jour à Bogota, en 1978. Elle a été développée pour les nouveau-nés prématurés en raison d'un manque de ressources, d’espaces, d’isolettes et d'un congé précoce de l'unité néonatale des soins intensifs (Shorey, He, & Morelius, 2016).

1.1.1. Définitions

D’abord, il est important de souligner l’utilisation de différentes définitions retrouvées dans la littérature en regard du CPP. Il a d’abord été connu sous l’appellation « méthode kangourou ». Or, une

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l’utilisation auprès des nouveau-nés prématurés, tandis que le CPP précoce est destiné à ceux à terme et en santé (Dumas & Lemire, 2010). L’expression anglaise la plus souvent utilisée pour les prématurés est « kangaroo mother care » et « early skin-to-skin contact » pour ceux à terme.

Selon Moore, Bergman, Anderson & Medley (2016), il est question de CCP immédiat lorsque le contact survient dans les 10 minutes suivant la naissance, alors que l'on parle de CCP précoce entre 10 minutes et 24 heures après l'accouchement. En accord avec cette définition, les mères ayant participé à la présente étude ont toutes réalisé le CPP immédiat, tandis que les pères, le CPP précoce. Il est aussi important de mentionner que chez les pères, le CPP devait être fait dans les six premières heures de vie du nouveau-né, après les deux heures ininterrompues avec la mère ou en cas d’incapacité ou de refus. Par contre, l’utilisation du terme « CPP précoce » a été préconisée dans la présente étude pour l’ensemble des participants.

Par ailleurs, il importe également de préciser les différentes définitions des périodes entourant la naissance. D’une part, la période prénatale fait référence à la période qui précède la naissance. D’autre part, la période per natale ou intrapartum, représente : 1) les soins tout au long du travail et de l’accouchement; 2) les soins pendant les trois phases du travail; 3) les soins immédiats du nouveau-né́ et 4) les soins immédiats de la mère après l’accouchement (MSSS, 2008; OMS, 2018). Finalement, la période postnatale immédiate est décrite comme étant le moment du séjour en maternité en centre hospitalier (de Montigny & Lacharité, 2002).

1.1.2. Portrait de la situation actuelle

Le CPP précoce est devenu une pratique incontournable en milieu hospitalier, mais assez récente. Les deux premières heures suivant la naissance ont été définies comme une période sensible, où le nouveau-né est plus réceptif aux stimuli tactiles, thermiques et olfactifs (Moore & Anderson, 2007). Après cette période, la plupart des bébés entrent dans une phase de sommeil. En conséquence, l’intervention idéale recommandée est de ne pas interrompre le CPP durant au moins deux heures suivant la naissance. D’ailleurs, l’OMS et l’Initiative des hôpitaux amis des bébés [IHAB] recommandent

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aussi un contact peau à peau ininterrompu dans les deux premières heures suivant la naissance, afin de favoriser la réussite de l’allaitement exclusif (OMS & UNICEF, 2009). Le CPP est une expérience unique dans la vie et ne doit pas être interrompu, à moins que le nouveau-né ou la mère ne soient instables. C'est un moment qui doit être honoré, chéri et protégé chaque fois que possible (Phillips, 2013). En dépit des nombreux bénéfices reconnus, des difficultés de mise en œuvre entravent encore son utilisation universelle en tant que pratique exemplaire de soins (Dalbye, Calais, & Berg, 2011; Koopman, Callaghan-Koru, Alaofin, Argani, & Farzin, 2016). À ce sujet, un sondage nord-américain réalisé sur les pratiques périnatales démontre que 94,1 % des bébés au Canada sont mis en CPP auprès de leur mère dès la naissance (Dumas, Lepage & Grondin, 2007 : cité par Dumas, Lepage, Bystrova & Widström, 2009). Cependant, la durée de ce contact est généralement courte : seulement 29,2 % des bébés sont demeurés en contact avec leur mère entre 30 et 60 minutes et 29,4 % d’entre eux ont été séparés de leur mère pour des raisons non justifiées.

L’état actuel des connaissances au sujet du CPP chez les nouveau-nés à terme montre qu’il y a d’importants bénéfices pouvant être regroupés en trois catégories : bienfaits physiologiques pour la mère et son nouveau-né à terme, bienfaits en regard de l’allaitement et bienfaits psychologiques. Les études indiquent que le CPP précoce avec le nouveau-né à terme et sa mère après sa naissance constitue la méthode optimale de soins (Bramson & al., 2010; Erlandsson, Dsilna, Fagerberg, & Christensson, 2007; Moore & al., 2016). À titre d'exemple, Bystrova & al. (2003) ont démontré que le CPP avec la mère est la solution la plus efficace afin de maintenir la température corporelle adéquate du nouveau-né et de diminuer le stress de naître. Une revue systématique sur les effets du CPP révèle, quant à elle, qu’il y a un effet statistiquement significatif sur l’initiation, la durée et l’exclusivité de l’allaitement, le maintien de la température corporelle, la glycémie, ainsi que sur l’attachement et la satisfaction maternelle (Moore & al., 2016). Par ailleurs, Dabrowski (2007) affirme que le CPP favorise l’interaction entre la mère et son bébé, en démontrant des comportements d’affection maternelle et d’interaction verbale. De plus, des chercheurs ont établi un lien entre le CPP et le soulagement de la douleur chez les nouveau-nés à terme lors de procédures invasives telles que la ponction au talon ou les injections (Chermont, Falcao, de Souza Silva, de Cassia Xavier Balda, & Guinsburg, 2009; Johnston & al., 2017; Johnston & al., 2009). Finalement, plusieurs recherches tendent vers un

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le plus souvent et le plus longtemps possible durant la période postnatale immédiate (Bramson & al., 2010; Moore & Anderson, 2007).

Il existe toutefois très peu d’études qualitatives sur la compréhension de l’expérience des mères ayant vécu le CPP précoce avec leur nouveau-né à terme. Deux études ont été répertoriées, dont celle de Dalbye & al. (2011) qui a été réalisée en Suisse. Cette étude phénoménologique visait à explorer l’expérience des mères ayant fait le CPP avec leurs nouveau-nés à terme et en santé dans les premiers jours après la naissance. L’autre étude, réalisée en Uganda, examinait les perceptions des mères ayant fait le CPP et cherchait à comprendre l'acceptabilité aux soins dans un contexte d’implantation de cette nouvelle pratique (Byaruhanga, Bergstrom, Tibemanya, Nakitto, & Okong, 2008).

Une méta-synthèse de 29 études qualitatives a fait état des connaissances sur l’expérience parentale lors du CPP (AnderzÉN-Carlsson, Carvalho Lamy, & Eriksson, 2014). Cependant, 26 des 29 études ont évalué l’expérience de parents d’enfants prématurés dans des unités de soins intensifs néonatals. D’autres études ont été réalisées, mais force est de constater que la majorité des travaux visant la compréhension de l’expérience des mères réfèrent aux nouveau-nés prématurés (Johnson, 2007; Leonard & Mayers, 2008; Neu, 1999) ou aux effets physiologiques du CPP. Une lacune existe donc quant aux effets psychologiques du CPP chez les parents de nouveau-nés à terme.

À la lumière des études répertoriées, une augmentation significative du nombre d’études dans les cinq dernières années a été observée sur toutes les sphères entourant la pratique du CPP, mais aucune étude nord-américaine n’a évalué l’expérience de parents de nouveau-nés à terme en regard du CPP précoce. Or, dans un souci d’avancement des connaissances, il serait pertinent d’explorer la perception de mères ayant vécu le CPP précoce avec leur nouveau-né à terme ici au Québec, puisque cette méthode est maintenant bien implantée dans la plupart des milieux hospitaliers. La présente étude est alors déterminante pour comprendre la nécessité de l’utilisation du CPP précoce et afin de promouvoir cette pratique auprès de mères de bébés à terme, notamment par la compréhension de

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leur expérience vécue. Par ailleurs, un aspect novateur de cette étude est qu’elle s’intéresse également aux pères et qu’à travers la compréhension de leur expérience, nous pourrons illustrer la pertinence et l’importance de la réalisation du CPP précoce auprès d’eux, durant les premières heures de vie du bébé à l’hôpital.

À ce jour, le rôle des pères en période postnatale immédiate n’a fait l’objet que de très peu d’études. D’une part, il semble avoir un décalage entre les différentes politiques de santé et la situation réelle vécue par ceux-ci, notamment en ce qui a trait à leur intégration en période postnatale immédiate (Normand & al., 2009). La littérature fait état que : « les pères qui s’engagent activement, tôt dans la vie de l’enfant, sont plus susceptibles d’être disponibles à leurs enfants et de participer à leurs soins » (de Montigny & Lacharité, 2005). D’autre part, l’engagement paternel et la relation précoce entre le père et son nouveau-né donnent des effets émotionnels positifs (Barclay & Lupton, 1999 : cité par Erlandsson & al., 2007; Lamb & al., 1988 : cité par de Montigny, Devault, Miron, Lacharité, Goudreau, 2007; de Montigny & Lacharité, 2008;). Toutefois, très peu d’études ont été menées sur la perception ou même sur l’effet du CPP auprès des pères. Récemment, Chen, Gau, Liu & Lee (2017) confirment l’importance d’élargir la pratique du CPP aux pères, devenant ainsi une stratégie de santé efficace, qui aide les nouveaux pères à se réaliser et à adopter une vision plus active et positive de leur transition vers la paternité, tout en augmentant l’attachement paternel. Selon Shorey & al. (2016), la participation des pères au CPP est réalisable et bénéfique tant pour les nourrissons que pour les pères. Cependant, peu d’études ont examiné exclusivement l'implication et la perception de l’expérience des pères liées au CPP durant la période postnatale immédiate.

Une seule étude qualitative chez les nouveau-nés à terme a décrit l’expérience des pères ayant fait le CPP précoce, mais dans un contexte où la mère ne pouvait effectuer cette intervention en raison d’une naissance par césarienne. Les auteurs affirment que la plupart des pères ont aimé leur expérience et que leurs responsabilités envers le bébé ont augmenté (Erlandsson, Christensson, & Fagerberg, 2008). D’autres études plus récentes émergent, mais encore une fois elles s’intéressent presque exclusivement à l’expérience des pères avec leur enfant prématuré (AnderzÉN-Carlsson,

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qualitatives conduites en Suisse, s’intéressant aux pères primipares de prématurés, concluent que le CPP favorise l’attachement paternel en leur permettant de mieux comprendre leur rôle (Blomqvist, Rubertsson, Kylberg, Jöreskog, & Nyqvist, 2011; Helth & Jarden, 2013).

La naissance d’un premier enfant est une étape très importante dans la vie des parents. Les mères primipares n’ont pas la possibilité de se référer à d’autres situations similaires, puisqu’elles vivent cet événement pour la première fois. Ainsi, les mères se sentent très vulnérables et peu compétentes dans leur rôle (Razurel, Desmet, & Sellenet, 2011). Or, la période postnatale immédiate constitue une période vulnérable et déterminante pour les parents, dans laquelle se produisent des bouleversements de tous types. De plus, cette période est cruciale dans l’établissement de la relation avec l’enfant (Normand, Laforest & De Montigny, 2009).

D’ailleurs, un objectif prioritaire de la politique de périnatalité 2008-2018 précise qu’il est essentiel de soutenir les parents dans leur expérience périnatale quant à l’adaptation à leur nouveau rôle (Ministère de la Santé et des Services sociaux [MSSS], 2008). Malgré cette politique de santé, l’expérience des pères québécois de la naissance de leur enfant reste méconnue (de Montigny, Gervais, & Tremblay, 2015), encore moins l’expérience de ceux ayant réalisé le CPP. D’ailleurs, Dabrowski (2007) affirme que les nouveaux parents voient dans le CPP une façon de rehausser leur expérience de la naissance. Enfin, selon une enquête canadienne visant à évaluer l’expérience de la maternité : « Une expérience positive de l’accouchement peut améliorer l’adaptation au rôle parental, toutefois il est difficile de mesurer la satisfaction des femmes à l’égard de leur expérience d’accouchement » (Agence de la santé publique du Canada [ASPC], 2009).

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1.2 Le CPP précoce ininterrompu durant les deux premières heures de vie avec

la mère

Antérieurement, les pratiques entourant le CPP après un accouchement vaginal sur l’unité des naissances de ce centre hospitalier étaient très hétérogènes. À sa naissance, le nouveau-né était placé en CPP sur sa mère. Cependant, la durée de contact pouvait varier grandement d’une naissance à l’autre. Divers facteurs médicaux, infirmiers ou autres expliquaient cette variabilité. Par exemple, les infirmières devaient réaliser les soins du nouveau-né (érythromycine, vitamine K, mesures, signes vitaux, etc.), la plupart du temps entre 30 minutes et une heure suivant sa naissance et généralement après le premier boire. Parfois, le médecin accoucheur présent demandait à l’infirmière de prendre le poids du nouveau-né quelques minutes après l’accouchement, interrompant ainsi le CPP avec sa mère. De plus, au moindre doute en regard de l’état de santé du bébé, il était souvent séparé de sa mère pour être évalué sur le lit de réanimation. Ces constatations corroborent celles de Moore & Anderson (2007) qui mentionnent que même s’il est de plus en plus probant d’adopter le CPP dès la naissance, encore aujourd’hui, il est courant dans les différents milieux de soins que le bébé ne soit pas placé en CPP avec sa mère pour différentes raisons. Neczypor & Holley (2017) constatent eux aussi que même dans les dernières années, et malgré tous les avantages reconnus pour la santé, les femmes qui accouchent dans les hôpitaux n'ont pas toujours la possibilité de tenir leur nouveau-né tant que le bain, la prise du poids et son évaluation pédiatrique ne sont pas terminés, perturbant ainsi la transition physiologique auquel contribue, entre autres, le CPP.

Lorsqu’un changement est proposé, certaines infirmières ne se sentent pas concernées, croient que le travail doit être fait par quelqu’un d’autre ou s’opposent à ce changement. Les principales raisons évoquées sont : l’atteinte aux valeurs personnelles, le sentiment d’instabilité, la perte de confiance, les expériences antérieures négatives, le découragement face aux changements fréquents et le manque de temps (OIIQ, 2011). Subséquemment, l’implantation de toute nouvelle pratique de soins risque, pour certaines infirmières, de générer une résistance au changement. Lors du processus d’implantation du CPP dans ce centre hospitalier, une formation théorique avait préalablement été

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de famille, gynécologues-obstétriciens et anesthésistes). Plusieurs difficultés étaient anticipées par le personnel infirmier, telles que l’allongement de la période de surveillance postnatale, le moment pour effectuer les soins à la mère et au nouveau-né et le désir des parents d’emmailloter leur nouveau-né. Pour le personnel médical, les principales réticences concernaient les protocoles d’hypoglycémie, l’obtention du poids et l’examen initial du nouveau-né à sa naissance. Plus spécifiquement, l’implantation du CPP en salle d’opération (césarienne) a suscité davantage d’oppositions et de questionnements (Tousignant & Poliquin, 2010). Pour les anesthésistes et les inhalothérapeutes, il y avait des inquiétudes sur la sécurité du bébé et sur l’envahissement de l’espace de travail en salle de césarienne. Afin d’informer les parents de cette nouvelle pratique, des dépliants explicatifs sur le CPP ont été distribués dans les cliniques prénatales des Centre de Santé et de Services Sociaux [CSSS] de la grande région de Québec.

Environ six mois après l’implantation de cette nouvelle pratique, un sondage réalisé sur l’unité de soins révèle que les propos des intervenants en regard du CPP ininterrompu à l’accouchement ou en salle de césarienne commençaient à changer. Plusieurs avantages sont soulignés, comme la bulle familiale plus intense, la découverte simultanée du nouveau-né, les pleurs moins fréquents, la première mise au sein facilitée, une meilleure stabilité thermique, la prise des signes vitaux facilitée, l’amélioration de la condition de santé des nouveau-nés et la diminution des nausées chez les mères, surtout après la césarienne (Tousignant & Poliquin, 2010).

1.3 Le CPP précoce et les pères en période postnatale immédiate

De nos jours, les interrogations sur la place et le rôle du père se sont multipliées, surtout dans le contexte de la naissance d’un enfant. Le Conseil de la famille et de l’enfance (2008) a choisi de s’intéresser à cette réalité actuelle de la condition paternelle. Il en a donc fait le thème de son rapport 2007-2008 sur l’engagement des pères et sur la situation et les besoins des familles et des enfants du Québec. Selon ce rapport, il est énoncé que :

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« L’engagement paternel souhaité lors de la période postnatale, consiste pour ceux-ci de s’impliquer dès la naissance de l’enfant, de participer ensuite aux soins du nouveau-né, de le prendre souvent dans ses bras, de lui montrer son affection, de s’y attacher affectivement, de manière qu’il soit fortement motivé à agir de son mieux pour son enfant. La proximité affective précoce contribue à ce que l’un et l’autre deviennent unis par une relation intense ».

Il s’avère ainsi essentiel que le rôle du père soit valorisé par les intervenants et que ses préoccupations soient prises en considération (Normand & al., 2009).

Actuellement, dans le milieu de recherche, le CPP est utilisé presque exclusivement auprès des mères suite à un accouchement vaginal. Par contre, cette intervention peut également être réalisée auprès des pères, mais seulement lorsque ceux-ci en témoignent le désir ou lorsque la mère ne peut le faire pour des raisons médicales. Le CPP n’est pas ou très peu proposé aux pères par les infirmières après la naissance de son enfant durant la période postnatale immédiate. Il n’existe pas de procédure ou protocole officiel établi. Dans la continuité de l’énoncé émis par le Conseil de la famille et de l’enfance (2008), des propos tenus par Normand & al. (2009) et de l’implantation du CPP auprès des mères, il serait pertinent de proposer aux pères de faire le CPP dans les six premières heures de vie de leur bébé (après les deux heures ininterrompues avec la mère) et d’aller par la suite explorer leur expérience vécue.

Le projet « Une fleur sur la peau » avait été mis en œuvre par des infirmières au début du millénaire (Poliquin & al., 2003). Il consistait à stimuler la fibre paternelle, afin d’aider à l’établissement du lien d’attachement par le CPP avec les pères, lors du séjour hospitalier. Les infirmières présentaient le CPP aux parents lors des rencontres prénatales par l’enseignement des bénéfices de cette approche et par la présentation d’une vidéo intitulée « Une fleur sur la peau ». Par la suite, le CPP était fait au centre hospitalier. Les témoignages des parents et des infirmières qui ont vécu l’expérience indiquent que le CPP est un moment privilégié qu’il permet d’établir un lien intense entre le père et son enfant et

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Malgré les nombreuses recherches sur l’expérience de la grossesse, de la naissance et de la transition à la paternité depuis la fin des années 70, il demeure que les études sur l’expérience des premiers moments de cette transition, en période postnatale immédiate, sont rares (de Montigny & Lacharité, 2005).

1.4 La pertinence de l’étude pour la pratique et la recherche infirmière

Durant tout le processus entourant la grossesse et la naissance de leur enfant, les parents reçoivent des soins et sont guidés par les infirmières, tant en prénatal, durant l’accouchement qu’en période postnatale. En ce sens, les infirmières ont un rôle clé et essentiel pour les parents dans l’initiation du CPP précoce.

De nos jours, le mouvement de la pratique fondée sur des résultats probants prend de plus en plus d’ampleur dans les milieux cliniques. Cette pratique offre aux infirmières des occasions de mettre en œuvre des pratiques exemplaires qui améliorent la santé des patients et l'expérience de la naissance (Dabrowski, 2007). Cependant, sa mise en œuvre demeure parfois problématique. Ce mouvement est intéressant, dans la mesure où il fournit un modèle de prise de décisions selon lequel la pratique s’appuie sur une information empirique et sur un niveau de connaissances puisées dans diverses sources (Fortin & Gagnon, 2016).

De ce fait, cette recherche qualitative permettra aux infirmières en soins obstétricaux d’enrichir leurs connaissances quant à l’expérience vécue du CPP par des parents primipares. Par ailleurs, les résultats de la présente étude pourront mieux orienter les infirmières en établissant les bienfaits du CPP appliqué dès la naissance et leur contribution à cette pratique. Plusieurs auteurs rapportent que pour que l’implantation de la méthode soit un succès, le personnel doit être informé et motivé pour être capable de donner de l’information sur les avantages, de soutenir et de guider les mères lors de l’initiation au CPP (Haxton & al., 2012; Koopman & al. 2016). De plus, l’aide apportée par les

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professionnels de la santé, particulièrement par les infirmières, fait une différence positive et majeure dans l’expérience des parents et influence le développement de la perception de l’efficacité parentale (Bryanton, Gagnon, Hatem, & Johnston, 2008).

Calais, Dalbye, Nykvist & Berg (2010) ont déterminé les facteurs qui favorisent et encouragent le CPP durant les premiers jours chez des parents de nouveau-nés à terme. Ils arrivent à la conclusion qu’il est essentiel pour les infirmières et les autres professionnels de la santé d’apporter leur soutien et de dispenser de l’enseignement, afin de favoriser le succès de l’implantation du CPP. De plus, ils relatent l’importance du développement de routines d’information en période prénatale. D’autre part, Karl, Beal, O’Hare & Rissmiller (2006) affirment que l’un des rôles des infirmières est de favoriser l’attachement maternel, en maximisant le contact entre la mère et son bébé, notamment par la cohabitation, l’encouragement au CPP et à l’allaitement maternel.

En d’autres termes, à travers les perceptions parentales décrites, cette étude permettra de mieux orienter le suivi prénatal par l’enseignement du CPP aux parents par tous les professionnels de la santé, de favoriser la poursuite de l’allaitement maternel, d’encourager la poursuite du CPP au retour à la maison et d’augmenter davantage l’implication des pères dans les soins.

Enfin, cette recherche contribuera aussi au champ des connaissances sur la paternité, car elle permettra de comprendre l’expérience vécue des pères dans les premiers moments de leur transition à la paternité, en réalisant le CPP, et d’identifier le sens qu’ils donnent à cette expérience. À ce sujet, De Montigny & Lacharité (2005) déclarent que les infirmières peuvent faire une différence dans l’expérience des pères, en reconnaissant leur expertise et en leur offrant du soutien pour faire en sorte de répondre plus efficacement à leurs besoins. Ces auteures mentionnent également que les pères sont sensibles aux approches d’aide visant le pouvoir d’agir (empowerment). La participation des pères à la naissance est un élément important d’une expérience de la naissance enrichissante. De toute évidence, lorsque les pères adoptent des rôles de participant actif, ils tendent à percevoir la naissance

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pratiques cliniques, ces approches de façon à soutenir les pères dans leurs interactions avec leur nouveau-né et leur conjointe.

1.5 Buts de l’étude et questions de recherche

Tel que soulevé dans la problématique, le contexte actuel de soins en périnatalité se voit marqué par le recours à de nouvelles pratiques. Parmi celles-ci, le CPP précoce est désormais reconnu comme étant la méthode optimale de soins après la naissance d’un nouveau-né à terme.

Sur la base des écrits recensés, la présente étude qualitative avait pour but de décrire l’expérience vécue par des mères et des pères primipares québécois ayant réalisé le CPP avec leur nouveau-né à terme en période postnatale immédiate. De plus, cette étude visait à décrire l’importance du rôle des infirmières auprès des parents dans le succès du CPP.

La présente étude tentait ainsi de répondre aux questions de recherche suivantes :

1) Quelle est l’expérience vécue par des mères primipares ayant expérimenté le CPP précoce ininterrompu avec leur nouveau-né à terme, en regard de leurs attentes/appréhensions, des bénéfices, de la satisfaction et des facteurs facilitants/nuisants ?

2) Quelle est l’expérience vécue par des pères primipares ayant expérimenté le CPP précoce avec leur nouveau-né à terme, en regard de leurs attentes/appréhensions, des bénéfices, de la satisfaction et des facteurs facilitants/nuisants ?

3) Quelle est la contribution et le rôle des infirmières auprès des parents dans le succès du CPP précoce, selon les perceptions parentales ?

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Chapitre 2

2.

La recension des écrits

Ce deuxième chapitre expose différentes études permettant la compréhension de l’expérience maternelle et paternelle lors de la réalisation du CPP précoce. Il vise également à faire le point sur les connaissances entourant l’historique, les effets, les bénéfices et les défis entourant la pratique du CPP précoce à la naissance d’un nouveau-né à terme.

Les banques de données consultées lors de la recension des écrits étaient les suivantes :

CINALH, Cochrane Library et MEDLINE. Le moteur de recherche Google Scholar a aussi été consulté.

Les mots-clés et combinaisons de mots utilisés étaient : skin-to-skin contact, early skin-to-skin contact,

full-terms newborn, maternal experience, paternal experience, bonding, maternal role attainment,

becoming a mother, evidence-based practice, nursing, qualitative research. Des mémoires et des

thèses ont également été recensés dans ProQuest Dissertations & Theses Global. Les études pertinentes datant de 2008 et plus ont été conservées. D’autres recherches moins récentes ont été retenues, en raison de l’utilisation fréquente de leurs résultats par plusieurs auteurs ou de la similitude du sujet avec celui de la présente étude. Les références des études répertoriées ont aussi été utilisées pour trouver d’autres recherches valables pour cette recension des écrits.

2.1 La compréhension de l’expérience maternelle et paternelle

La principale lacune identifiée dans les recherches répertoriées est le manque d’études qualitatives sur la compréhension de l’expérience vécue lors du CPP de parents de nouveau-nés à terme. Les études repérées concernant l’expérience maternelle se limitent à six recherches, dont trois études associées aux prématurés. Il y a aussi peu d’études qui examinent exclusivement l'implication

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recension des écrits scrutant l’expérience paternelle inclut une étude qualitative chez les nouveau-nés à terme et trois chez les prématurés.

2.1.1. L’expérience maternelle

Tenir son enfant dans ses bras dès sa venue au monde par le CPP précoce est une opportunité exceptionnelle et permet de construire les bases de la relation et du processus d’attachement avec ce dernier (Redshaw & al., 2014).

Parmi les trois études qualitatives recensées, la première a été réalisée en Uganda chez 30 mères de nouveau-nés à terme. Cinq groupes de discussions ont eu lieu, afin de décrire les perceptions des mères ayant fait le CPP et de comprendre l'acceptabilité aux soins dans un contexte d’implantation de cette nouvelle pratique. Deux principaux thèmes reflètent leur expérience: 1) l'acceptabilité des pratiques de santé sont influencées par la connaissance et la sensibilisation et 2) les choix des femmes enceintes dépendent de facteurs sociaux, culturels et économiques. Les mères ont exprimé des opinions divergentes sur l'utilité du CPP; certaines femmes connaissaient son utilisation afin de réduire le risque d'hypothermie alors que d’autres croyaient que le CPP était une intervention utilisée pour les distraire de la douleur dans la période postnatale. Cette étude souligne aussi l’importance du rôle des professionnels de la santé à défendre, éduquer et mettre en place le CPP précoce (Byaruhanga & al., 2008).

Par ailleurs, Dalbye, Calais & Berg (2011), par le biais d’une étude phénoménologique, ont exploré l’expérience vécue de mères ayant réalisé le CPP durant les premiers jours suivants la naissance. Vingt mères ont participé à cette étude et parmi elles, 13 étaient primipares et sept multipares. Lors du CPP initial durant les deux premières heures, les parents ont reçu de l’information verbale et écrite sur les avantages et la mise en œuvre de cette pratique de soins. Ils ont été encouragés à garder le bébé en CPP autant que possible pendant les 24 premières heures et à continuer cette pratique plus longtemps, même à la maison. L’essence du phénomène étudié décrit

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une expérience positive chez les mères, c’est-à-dire que le CPP produit un sentiment de bien-être, décrit comme étant naturel, logique et instinctif. Celles-ci veulent donner à leur nouveau-né les meilleurs soins possibles. Le CPP engendre une affinité et une interaction mutuelle entre la mère et son nouveau-né. L’influence de l’entourage est aussi un élément important de l’expérience décrite par les mères. Enfin, les nouveau-nés ont démontré leur satisfaction en étant plus calmes, paisibles et en pleurant moins.

Finalement, la plus récente est une étude ethnographique réalisée auprès de 11 mères, afin de comprendre leur expérience vécue lors du CPP immédiatement après une naissance par césarienne (Frederick, Busen, Engebretson, Hurst, & Schneider, 2016). Dans les dernières années, il y a un intérêt important d’étendre la pratique du CPP précoce également aux naissances par césarienne, afin d’augmenter le bien-être physiologique et émotionnel chez les mères et leurs enfants. Comme la césarienne est la chirurgie la plus courante en Amérique du Nord et qu’elle représente environ 30% des naissances, les infirmières se doivent de promouvoir, d'encourager et d'éduquer les femmes quant à l’importance de l'utilisation du CPP. Un thème principal ressort des résultats reflétant le « mutual caregiving » qui réfère à une entraide mutuelle partagée entre la mère et son enfant. Ainsi, la dyade mère-enfant devient interactive en utilisant tous leurs sens comme moyen de communication. Les mères ont aussi relevé l’importance du soutien du père et l’environnement particulièrement stressant en salle d’opération. En conséquence, le CPP permet de calmer tant la mère que le nouveau-né, renforce la confiance maternelle et le pouvoir d’agir et contribue au succès plus rapide du premier allaitement.

D’autres auteurs étaient préoccupés par la compréhension de l’expérience vécue chez des mères de prématurés utilisant le CPP à l’unité des soins intensifs néonatals. L’expérience ne peut être comparée exactement à celle d’une naissance normale d’un nouveau-né en santé, mais considérant le contexte de soins différent, certaines similitudes sont dégagées. Leonard & Mayers (2008) ont effectué une étude phénoménologique auprès de quatre mères et deux pères de prématurés. Les parents ayant participé à l’étude sont unanimes du fait qu’ils ont apprécié leur expérience en dépit

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le CPP, passant d’un sentiment d’incompétence à prendre soin de leur enfant vers un sentiment de compétence. Les parents ont appris qu’ils ont un rôle important à jouer dans les soins de leur enfant prématuré et que le CPP y contribue grandement. D’ailleurs, les résultats font ressortir que le CPP est un outil essentiel qui améliore l’attachement parent-enfant. D’autre part, Johnson (2007) confirme aussi que le CPP est une méthode qui permet d’améliorer la confiance maternelle. Les mères se sentent connectées avec leur enfant et ressentent de la satisfaction dans leur interaction. Par conséquent, un lien d’attachement plus fort est observé.

En définitive, ces études apportent une meilleure compréhension de l’expérience maternelle vécue lors du CPP. Toutefois, il existe très peu d’études et elles ont été réalisées dans des contextes différents, notamment en regard de leur but, leur moment ou le type de naissance. De ce fait, la présente étude permet de combler le manque de connaissances observé.

2.1.2. L’expérience paternelle

La plupart des études s’intéressent davantage à l’expérience maternelle du CPP. L’implication des pères est toutefois essentielle et étendre la pratique du CPP à ceux-ci peut être une stratégie de soins efficace qui aide les nouveaux pères à développer leur confiance en soi et à adopter une perspective plus active et positive sur leur transition à la paternité (Chen & al., 2017). Les auteurs précisent toutefois que la réalisation du CPP avec le père est recommandée lorsqu’il ne peut être accompli avec la mère.

Une seule recherche phénoménologique a été répertoriée sur la compréhension de l’expérience vécue des pères lors du CPP avec leur nouveau-né à terme. Par conséquent, il s’avère tout de même important de présenter les différentes études qualitatives chez les prématurés. L’expérience vécue peut être semblable, mais les circonstances sont différentes.

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Erlandsson, Christensson & Fagerberg (2008) ont réalisé des entrevues auprès de 15 pères ayant accompli le CPP avec leur nouveau-né à terme, durant la première heure suivant la naissance, dans le contexte où la mère n’était pas apte et disponible en raison de la césarienne. L'essence du phénomène étudié reflète un lien étroit engendré lors du CPP qui a permis aux pères d’assumer progressivement leurs responsabilités. Ils ne se sentaient pas spectateurs et percevaient davantage les besoins de leur enfant. Ils ont pris confiance en leur capacité de prendre soin de leur enfant, tout en voyant leur anxiété diminuer. Ces auteurs constatent que des discussions lors des rencontres prénatales, afin de souligner l’importance du rôle du père, seraient essentielles.

Dernièrement, Olsson & al. (2017) ont effectué une étude descriptive auprès de pères de prématurés (n = 20). Les principaux thèmes et sous-thèmes issus de cette recherche expriment une expérience d’apprentissage réparatrice, réconfortante et enrichissante, où les pères se sentent bien, tout en soulageant une souffrance émotionnelle vécue lors de la naissance prématurée de leur enfant. Le CPP apporte aussi une unité (togetherness) et crée un lien d’attachement. Certains pères parlent d’un instinct naturel, d’autres de découvertes afin de connaître et de comprendre. De plus, ils affirment que le CPP est une expérience drainante d’énergie. L'environnement est perçu comme un obstacle et ils vivent un fardeau physique et émotionnel. En résumé, les principaux résultats montrent que l'expérience globale des pères lors du CPP était positive et ils ont décrit des expériences à la fois gratifiantes et stimulantes. Ils se sentaient plus inclus et tout aussi importants que la mère. Compte tenu de l'importance pour les pères d'effectuer le CPP, il semble essentiel de les inclure dans les soins néonatals et de les considérer au même titre que les mères.

D’autres auteurs ont évalué l’expérience de pères primipares lors du CPP à l’unité des soins intensifs néonatals (Blomqvist & al., 2011; Helth & Jarden, 2013). Ceux-ci constatent que l'opportunité pour un père d'effectuer le CPP a facilité l'accomplissement et la compréhension de son rôle parental, lui a permis de se sentir en contrôle, de gérer des situations inattendues et de participer aux soins de leur bébé. En somme, les études relevées démontrent que l’expérience vécue par les pères est de toute évidence positive. Néanmoins, il y a définitivement un manque de connaissances et d’études

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2.1.3. Bénéfices psychologiques chez les parents

La première rencontre suivant la naissance de son enfant est un événement unique. La meilleure façon de débuter cette relation est de ne jamais être séparé de celui-ci. Plusieurs bénéfices psychologiques associés au CPP sont répertoriés. Par exemple, la libération d'ocytocine obtenue par le CPP aide à favoriser le lien d'attachement. Les mères passent plus de temps à embrasser et à regarder leur bébé et elles ont même davantage d’interaction verbale et tactile que les mères qui n’ont pas accompli le CPP (Phillips, 2013).

D’abord, une étude portant sur les effets à long terme du CPP précoce sur l’interaction entre la mère et son nouveau-né (n = 176), après une période d’un an, a été effectuée par Bystrova & al. (2009). Cette pratique, combinée à l’allaitement maternel précoce pendant les deux premières heures suivant la naissance, comparée à la séparation de la mère et son enfant, a eu une influence positive sur la sensibilité maternelle, l’autorégulation du nouveau-né et la réciprocité de la dyade à un an. Ces indicateurs ont été examinés par enregistrements vidéo à l’aide du Parent-Child Early Relational

Assessment (PCERA) et les propriétés psychométriques de cet outil s’avèrent satisfaisantes. Les

analyses de covariance ont indiqué que les nouveau-nés qui avaient été séparés prématurément de leur mère étaient significativement plus irritables que ceux en CPP avec leur mère (F 1, 121 = 6,93, p = 0,010). Par conséquent, ces résultats soutiennent la présence d'une période sensible après la naissance, au cours de laquelle un contact étroit entre la mère et l'enfant peut induire des effets positifs à long terme sur les interactions.

Par ailleurs, Cong & al. (2015) ont constaté que l'ocytocine ralentissait la hausse des taux d'hormones de stress, telles que les catécholamines chez les mères, les pères et les nouveau-nés. Ils ont examiné le rôle de l'ocytocine dans la modulation du stress et de l'anxiété chez des mères (n = 26) et des pères (n = 19) de prématurés au cours du CPP. Les résultats montrent des taux d'ocytocine et de cortisol significativement plus élevés pendant le CPP, comparativement aux valeurs initiales. De ce fait, l'ocytocine déclenche des sentiments de satisfaction, favorise le sentiment de sécurité, de calme

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et réduit l'anxiété, tant chez les mères que chez les pères. Cependant, la généralisation de ces résultats peut être limité en raison de la petite taille de l'échantillon D’autres auteurs se sont intéressés à l’effet du CPP sur les symptômes dépressifs et le stress vécu durant les trois premiers mois de la période postnatale (Bigelow, Power, Maclellan-Peters, Alex, & McDonald, 2012). Des symptômes dépressifs moins sévères à une semaine et un mois après la naissance et une diminution significative du taux de cortisol salivaire chez le groupe CPP, comparativement au groupe contrôle, sont rapportés (0,278 μg/dL vs 0,340 μg/dL, p < 0,001). Contrairement à d’autres, cette méthode est facilement accessible et sans risque. Le CPP permet d’améliorer l’humeur maternelle et le lien d’attachement entre la mère et son enfant.

En 2016, Shorey & al. ont fait une synthèse des impacts du CPP chez des pères et leur nouveau-né. Douze études ont été incluses dans cette revue de littérature, dont 10 quantitatives et deux qualitatives. Ces chercheurs ont remarqué des effets positifs chez les nouveau-nés, notamment sur la température, la douleur, les marqueurs biophysiologiques et la réponse comportementale. Chez les pères, les avantages identifiés du CPP sont un accomplissement plus rapide dans leur rôle, de meilleures interactions et une diminution du stress et de l’anxiété. De plus, ils affirment que l'implication du père au CPP semble être faisable et bénéfique, tant pour les nouveau-nés que pour les pères. Cependant, il y a une pénurie d’études qui examine exclusivement l'implication des pères et les perceptions liées au CPP dans la période postnatale.

Enfin, Chen, Gau, Liu & Lee (2017) ont recruté 83 pères primipares afin de déterminer les effets du CPP sur l’attachement paternel. Le Father-Child Attachment Scale (FCAS) a été utilisé et ses qualités psychométriques sont satisfaisantes. Les scores moyens obtenus lors du pré-test étaient de 68.00 versus 80.44 lors du post-test réalisé après trois jours. Ces résultats montrent une augmentation significative de l’attachement paternel (p < 0,01) chez le groupe ayant bénéficié du CPP.

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2.2 Les effets du CPP

À ce jour, la littérature est désormais très abondante sur les effets du CPP et permet de comprendre les différents bénéfices, tant physiologiques qu’en regard de l’allaitement maternel. Or, une grande partie des recherches consultées documentent les effets du CPP chez les prématurés. Cette revue de littérature se limite principalement aux nouveau-nés à terme et en santé, sauf pour certaines études pertinentes chez des prématurés, offrant une perspective intéressante à cette étude.

2.2.1. Bénéfices physiologiques chez le nouveau-né à terme et en santé

Les études quantitatives sont nombreuses en ce qui a trait aux bénéfices physiologiques à court et à long terme chez les nouveau-nés ayant été placés en CPP dès leur naissance. Cette méthode optimale de soins peut permettre de sauver des vies dans certains pays sous-développés et désormais, les pays industrialisés utilisent également cette pratique (Hubbard & Gattman, 2017). La pratique exemplaire de soins en ce qui a trait au CPP atteste qu’il devrait idéalement être réalisé dès la naissance et se poursuivre jusqu'à la fin du premier allaitement (Moore & al., 2016).

Stabilisation de la thermorégulation et des paramètres cardio-respiratoires

La stabilisation des différents paramètres physiologiques par le CPP chez les nouveau-nés à terme est clairement démontrée par différentes études. L’importance de la prévention de la perte de chaleur à la naissance d’un enfant est primordiale, afin d’éviter les complications. Étant d’avant-garde, l’étude de Christensson & al. (1992) est l’une des premières recensées sur les effets physiologiques du CPP. Cette étude visait à comparer la température, l'adaptation métabolique (fréquence cardiaque et respiratoire, ainsi que la glycémie) et les pleurs chez 50 nouveau-nés en bonne santé, nés à terme et non séparés de leur mère à ceux séparés à leur naissance. Ils ont été observés pendant les 90 premières minutes suivant leur naissance. Les résultats montrent que les températures axillaires et cutanées étaient significativement plus élevées dans le groupe ayant fait le CPP. D’autre part, la glycémie était également supérieure (3,17 vs. 2,56, p < 0,001). Les bébés gardés dans des lits pleuraient aussi beaucoup plus que ceux en CPP avec leur mère. Les différences étaient significatives,

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sauf à 90 minutes après la naissance. En tout, 41 épisodes de pleurs ont été enregistrés parmi les nouveau-nés emmaillotés, comparativement à quatre parmi ceux en CPP. En définitive, le CPP préserve l'énergie et accélère l'adaptation métabolique, tout en augmentant le bien-être du nouveau-né.

Pour leur part, Bystrova & al. (2003) ont examiné 176 dyades mère nouveau-né, afin de déterminer l’influence des différentes routines de soins sur la température à la naissance. Ils rapportent une température axillaire plus élevée chez les nouveau-nés ayant réalisé le CPP avec leur mère. De 30 à 120 minutes après la naissance, ils ont observé que la température axillaire moyenne globale diffère significativement entre les groupes. Ainsi, la température est significativement inférieure pour le groupe où les bébés ont été emmaillotés et placés à la pouponnière à ceux placés en peau-à-peau (p < 0,0001). De plus, ils sont demeurés considérablement plus chauds durant les trois premières heures de vie. Enfin, ces chercheurs affirment que la réalisation du CPP permet de réduire les conséquences négatives de la naissance, en diminuant le stress de venir au monde par le maintien de la température corporelle. La transition à la vie extra-utérine est ainsi facilitée. D’autres auteurs affirment également que le CPP est efficace et influence positivement la thermorégulation chez le nouveau-né (Marin Gabriel & al., 2009; Mori, Khanna, Pledge, & Nakayama, 2010) .

Par ailleurs, d’autres bénéfices concernant la stabilisation des paramètres cardio-respiratoires par la réalisation de CPP immédiatement après la naissance ont été reportés. Erlandsson, Dsilna, Fagerberg & Christensson (2007) se sont intéressés aux effets chez le nouveau-né à terme (n = 29), mais lorsque réalisé avec le père, dans le contexte où la mère ne pouvait effectuer le CPP après une naissance par césarienne. Le but de leur étude était de comparer les effets du CPP sur les pleurs et les comportements pré-allaitement. L’outil de mesure utilisé était le Neonatal Behavioral Assessment

Scale (NBAS), les propriétés psychométriques de cet outil s’avèrent satisfaisantes. Les résultats

indiquent que les nouveau-nés en CPP avaient un score moyen de 2,24 au NBAS et présentaient un état de somnolence dans les 60 premières minutes, tandis que les nouveau-nés du groupe contrôle avaient un score moyen de 2,69 et atteignaient le même niveau après 110 minutes. Une des limites

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CPP pleuraient significativement moins que ceux emmaillotés dans des couvertures, sont devenus plus calmes et ont atteint un état de somnolence plus précoce (p < 0,0001).

Les principaux résultats obtenus par Takahashi & al. (2011) vont dans le même sens que les résultats précédents. Le but de leur étude était de déterminer la façon dont le CPP précoce influence les paramètres physiologiques et le stress du nouveau-né à terme (n = 147), selon le moment de l’initiation du CPP et sa durée. Les auteurs concluent que les nouveau-nés placés dans les cinq minutes suivant leur naissance en CPP démontrent une stabilisation du rythme cardiaque, de 120 à 160 battements par minute, plus rapidement que ceux placés plus tardivement en CPP. Un taux de cortisol inférieur a aussi été observé. Somme toute, ils ont fait état de preuves que le CPP, débutant dans les cinq minutes suivant la naissance, ayant une durée de plus de 60 minutes jusqu'à deux heures après la naissance, est bénéfique pour la réduction du stress pendant la période postnatale.

Moore & al. (2016) viennent corroborer à plus grande échelle (38 essais cliniques randomisés incluant 3472 mères et leur enfant) les différents bénéfices physiologiques du CPP précoce. Les résultats centraux étaient que les nouveau-nés ayant été exposés au CPP ont obtenu un score au

Stability of the Cardio-Respiratory System (SCRIP) plus élevé, durant les six premières heures après

la naissance, que ceux n’ayant pas réalisé le CPP, ce qui suggère une meilleure stabilisation de la fréquence cardiaque et respiratoire ainsi que de la saturation. De plus, des taux de glucose sanguin statistiquement plus élevés ont été rapportés chez les nouveau-nés ayant réalisé le CPP. Toutefois, aucun effet significatif n’a été noté quant à la thermorégulation. Certaines limites ont été soulevées en raison de la qualité des études incluses, ne respectant pas tous les critères d’inclusions, en regard de la méthodologie et de l’hétérogénéité des analyses statistiques dû à de nombreuses différences entre les groupes témoins et les groupes contrôles.

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Soulagement de la douleur

Les nouveau-nés sont exposés rapidement après leur naissance à différentes méthodes invasives telles que l’injection de la vitamine K et la prise de glycémie capillaire au talon. Depuis maintenant plusieurs années, les preuves scientifiques affirment que le CPP est une méthode non pharmacologique efficace pour le soulagement de la douleur.

Selon une étude réalisée chez 640 nouveau-nés à terme, le fait de placer le bébé en CPP, deux minutes avant une injection intramusculaire, diminue l’intensité et la durée de la douleur (Chermont & al., 2009). Les outils utilisés pour l’évaluation de la douleur étaient le Neonatal Facial

Coding System (NFCS), le Neonatal Infant Pain Scale (NIPS) et le Premature Infant Pain Profile

(PIPP). Les qualités psychométriques de ces trois outils ont été démontrées et sont satisfaisantes. Les nouveau-nés avaient entre 12 et 72 heures de vie au moment de l’étude. Ils ont été assignés aléatoirement dans l’un des quatre groupes suivants : 1) soins standards sans analgésie, 2) utilisation d’une solution orale de dextrose 25 % administré deux minutes avant l'injection, 3) CPP amorcé deux minutes avant l'injection et durant la procédure et 4) combinaison de l’utilisation de la solution orale de dextrose 25 % et du CPP. Leurs résultats confirment que toutes les méthodes non pharmacologiques utilisées comme stratégies pour diminuer la douleur, comparativement aux soins standards, ont généré des scores de douleur plus faibles (p < 0,001). D’ailleurs, la combinaison de deux méthodes, le CPP et la solution orale de dextrose 25 %, agissent en synergie et démontent un soulagement accru de la douleur aiguë chez le nouveau-né (Chermont & al., 2009).

En 2009, une étude québécoise a évalué l’efficacité de la méthode kangourou améliorée chez 90 bébés prématurés (Johnston & al., 2009) . Les chercheurs voulaient tester la différence entre la méthode kangourou traditionnelle et la méthode kangourou améliorée, par l’ajout de stimuli (bercer, chanter et sucer) durant une ponction au talon, sur la douleur des prématurés. Aucune différence significative n’a été identifiée entre les deux méthodes. Une autre étude présente le CPP comme une méthode analgésique efficace chez les nouveau-nés en santé, en indiquant une réduction des

Figure

Figure 1. Étapes du processus d’établissement de l’identité maternelle de la théorie BAM  (Mercer, 2004)
Figure 2. Présumés liens entre les concepts théoriques de la théorie BAM et ceux de la présente étude
Figure 3. Processus dynamique d'analyse des données (St-Germain, 2007)
Tableau 1. Caractéristiques sociodémographiques des participants Caractéristiques sociodémographiques des participants
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Références

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