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LA POPULATION DE LA FRANCE AU XXe SIÈCLE : UN BILAN EXTRAORDINAIREMENT CONTRASTÉ

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LA POPULATION DE LA FRANCE AU XXe SIÈCLE :

UN BILAN EXTRAORDINAIREMENT CONTRASTÉ

Gérard-François Dumont

To cite this version:

Gérard-François Dumont. LA POPULATION DE LA FRANCE AU XXe SIÈCLE : UN BILAN

EXTRAORDINAIREMENT CONTRASTÉ. Population et avenir, Association Population et Avenir

2000, pp.4-9. �halshs-01096587�

(2)

Dossier

retrouve donc moins nombreuse en 1919 (38,6 millions) qu'au d6but du sidcle et beaucoup plus vieillie.

Uatonie d6mographique

de I tentre-deux-guerres

Le rattrapage d6mographique de l'aprds-guerre est de trds courte dur6e cal I'appauvrissement d6mographique de la France est trop imporlant et l'attitude malthusienne d'avant-guerre r6apparait rapidement.

Le rattrapage dans les mariages entraine des taux de

nuptiali-t6 superieurs d I I pour mille pour les trois ann6es 1919, 1920

et 1921, soit plus de 60oh au dessus des chifhes des arur6es

d'avant-guerre. Avec 553 000 mariages en 1919 et 623 000 en

l920,le nombre annuel des mariages atteint les deux records

du sidcle, au dessus de I'autre ann6e record de 1946.

Les f6condit6s des ann6es 1920 et 1 92 I sont d 2,64 et 2,58 enfants

par femme, sup6rieures d celles du d6but des ann6es.l9l0, mais

pas plus 6lev6es que pendant la p6riode intercensitaire I 906- I 9 I I ,

et ne peuvent en cons6quence entrainer une natalit6 importante.

11 est vrai que le nombre consid6rable de veuves de guerre, estim6 en 1919 d 680 000; n'est favorable ni d la f6condit6,

ni dL la natalit6. Une d6cennie plus tard, le lerjanvier 1928,

le ministdre des Pensions d6nombre encore 630 000 veuves,

dont 367 000 non remari6es. A ces chiffres, il faut ajouter toutes les jeunes femmes qui'ont perdu un fianc6 dr la gueme et qui ne se sont jamais mari6es, portant toute leur vie le deuil de leur foyer esp6r6, les < vierges noires >.

Le taux net de reproduction, qui d6passe I'unit6 au d6but des

ann6es 1920, revient, comme des ann6es 1890 e la premidre guerre mondiale, en dessous du seuil de remplacement. La

r6cup6ration d6mographique ne dure pas. Dds

l922,laf6,con-dit6 reprend une pente descendante, le point le plus bas de

I'entre-deux guerres 6tant de 2,05 enfants par femme en 1935. Co*rrG d la frii du XIXe sidcle, les progrds dans le recul de la mofialit6, bien que continuels, ne sont pas suffisants pour compenser une f6condit6 autant abaiss6e. A compter de 1935, le solde naturel devient n6gatif en raison de la faible f6condit6, entrainant d'autant plus une faible natalit6 que les g6n6rations en dge de f6conder sont peu nombreuses.

La populati*n

de la Fmnce

&u XX* sl&cle :

un hilail extratrrdinairernent

csntrastd

par Gr6rard-Frangois

DUMONT

o o o o o a a o a o o

Les fvolutions ddmographiques ne sont iamais

lindaires et peuvent connaitre d.e

fortes ruptures.

L'histoire de la populntion d.e la France au XXe

siicle illustre parfaitement cet enseignement de

I'observation ddmographique, notamment avec

son rythme tripartite : atonie, renaissance, puis

non-remplac ement des gdndrations.

u d6but du XX" sidcle, la France compte 40,6 mil-lions d'habitants et son potentiel d6mographique est

en voie d'appauwissement. Certes, le solde naturel

demeure l6gdrement positif, mais la f6condit6, d 2,84 enfants par femme, est alors insuffisante pour assurer le remplace-ment des g6n6rations, compte tdnu des conditions de morta-lit6 du moment : il aurait en effet fallu environ trois enfants par femme dans une soci6t6 oi la morlalit6 infantile, bien qu'ayant fortement baiss6, est encore de 145 pour mille nais-sances. Prds d6 quinze nouveau-n6s d6cddent donc avant

d'atteindre leur premier anniversaire.

Durant les premidres ann6es du XX" siecle, la f6condit6

continue de s'abaisser jusqu'd 2,38 enfants par femme en

1913. L'accroissement de la population de la France de 1900

d la guerre de 1914, soit un million d'habitants, ne tient donc qu'd I'inerlie d6mographique et aux appofis migratoires.

La saign6e de la premiBre guerre

mondiale

Dans ce contexte, la guerre 1914-1918 est un terrible choc d6mographique sur une population d6jd en perte de vitalit6. Les ponctions d6mographiques sont consid6rables, avec

d'abord 1 345 000 pertes militaires, comprenant les 19 000

prisonniers d6c6d6s en Allemagne.

Supposant qu'en I'absence de guerre, le solde naturel

n'au-rait pas 6t6 n6gatif, le co0t d6mographique de la premidre guerre mondiale, additionnant les mofts et les non-n6s, minore la pyramide des Ages de prds de 3 millions de

per-sonnes, essentiellement dans les classes dejeunes adultes et

dans les g6n6rations 0-5 ans. La population de la France se

(3)

Dossier

Aussi, malgr6 l'apport migratoire et de nouveaux progrds dans la mortalit6, les vingt ann6es de I'aprds-guerre ne sont pas suffrsantes pour retrouver les chiffres de population de

1913. Et la France de 1939 (41,5 millions d'habitants) est

moins peupl6e que celle de 1913 (41,6 millions).

Sortie 6puis6e d6mographiquement, 6conomiquement et

moralement de la premidre gueffe mondiale, la France de I'entre-deux-guerres ne fait que prolonger les tendances

constat6es depuis la fin du XIX" sidcle ; la diminution de la

f6condit6 et de la natalitl, le vieillissement de la pyramide

des Ages, I'appel d la.main-d'euvre 6trangdre, mais aussi

I'accentuation des d6s6guilibres territoriaux.

La seconde guerr.e mondiale

A la veille de la seconde gueffe mondiale, le recul d6mo-graphique de la France est net, tant en consid6rant ses effectifs par rapport

aux autres pays que le vieillissement de sa population, sans 6quivalent dans le monde. La stagna-tion d6mographique nourrit une

6cono-mie 6galement

stag-nante, avec des pro-d u c t i v i t 6 s

industrielles ou

agricoles beaucoup plus laibles "que chez \a plupart de ses voisins. La

France s'engage

donc dans la guerre dans des conditions plus graves encore q u ' e n 1 9 1 4 , c e q u i peut expliquer, comme le note Alfred Sauvy, un refus implicite de faire la guerre (maintien des 40 heures alors qu'une production de guer-re n6cessiterait un allongement excep-tionnel du temps de travail, refus d'un effort de I'adminis-tration du ravitaille-ment d'augravitaille-menter

le ramassage et le stockage, refus de rationner I'essence,

pay6e en dollars d 1'6tranger).

Les effets d6mographiques de la seconde guerre mondiale,

globalement plus lourds pour les protagonistes, sont

para-doxalement moins importants pour la France.

Pour l'ensemble des ann6es 1939-45,les militaires tu6s en

1939-40 (123 000) et les prisonniers d6c6d6s en Allemagne

(45 000) ne forment qu'une partie des morts : 3 16 000 d6cds 1i6s aux op6rations militaires, aux combats de la r6sistance et

aux d6portations, et 264 000 victimes civiles.

M6me s'il est moins terrifiant que celui de la premidre guer-re mondiale, le bilan d6mographique global de la seconde guerre est cependant lourd. A la softie de la guerre, en 1945, la France compte 39,6 millions d'habitants, soit deux mil-lions de moins qu'en 1913. n faudra ce que I'on pense etre

deux ann6es de rattrapage - 1946 et 1947 pour retrouver les

effectifs de 1901, soit 40,6 millions d'habitants et attendre 1950 pour d6passer l ' e f f e c t i f d e 1 9 1 1 , avec 41,8 millions d'habitants.

Le rattrapage

se prDlonge

en nenouveau

Les donn6es

d6mo-graphiques de 1946 et 1941 rappellent, ceteris paribus, les ann6es 1920 et 1 9 2 1 . 1 9 4 6 e n r e

-gistre 5l'7 000

mariages, 124 000 deplus q;-'en1944. Tout aussi notable est le bon des

nais-sances : 840 000 en 1946, soit 197 000 de plus qu'en 1945 ; un taux de natalitl de 20,9 pour mille, du jamais vu depuis le d6but du sidcle, hormis en 1920, niveau d'autant

plus 6tonnant que la population de la France en 1946 est davantage vieillie qu'en 1920. Quant

Ll6volution de la population de la Franbe

(m6tropole| au XX" siBcle

62 000 60 000 58 000 56 000 54 000 52 000 50 000 48 000 46 000 44 000 42 000 40 000 38 000 36 000 34 000 32 000 30 000 28 000 26 000 24 000 22000 20 000

Sous le double effet des guerres et d'une f6condite relativement basse, la populaton

a stagn6 pendant e premier demi'siecle, Le renouveau demographique apres .1 945

a permis une croissance dont la d6c6leration a ete ralentie par l'immigration

O G€rard-Frmqois Dumont F @ F @ F @ F @ F @ - @ - !9 - @ - (9 =

B F ; ; s S E * s 8 3 3 E 4 5 5 t s 3 8

(4)

Dossier

d la f6condit6, elle t6moigne d'un comportement nettement plus 6lev6 en 1946 (2,99 enfants par femme) qu'en 1920 (2,24 enfants par femme). Le rattrapage cons6cutif it

1939-1945 est donc plus intense que celui cons6cutifri l914-1918.

Puis ce rattrapage, en se p6rennisant, se transforme en renou-veau. Aprds la premidre guerre mondiale, la f6condit6 avait

commenc6 d s'abaisser dds 1921. En revanche, l'ann6,e 194'7

connait une f6condit6 l6gdrement sup6rieure iL 1946 et

enre-gistre le niveau de natalit6 le plus 61ev6 du sidcls, soit 21,3

pour mille. Les ann6es 1948, 1949, et 1950 n'enregistrent aucune baisse et deqreurent au rn6me niveau, petmettant

pour chaque ann6e de 1946 iL 1950, un chiflre sup6rieur d

850 000 naissances. L'ann6e 1949, avec 868 000 naissances,

enregistre le chiffre le plus 61ev6 de naissances de presque

tout le sidcle (1905-2000).

En m€me temps, la mortalit6 s'abaisse, du fait de la fin de la gueme et des progrds sanitaires. L'exc6dent naturel, negatif

depuis dix ans, redevient l6gdrement positif dds 1945, puis se

situe ri des niveaux jamais enregish6s depuis le d6but du XIX" sidcle (298 000 en 1946, 332 000 en 1947), ces der-niers chiffres 6tant compl6t6s par un solde migratoire positif. En d peine quatre ans (1946-1950), la France retrouve son:

effectif de population de 1913 : 41,64'l millions d'habitants au ler jan-vier 1950, contre 41,620 millions au ler juillet

1913. Auparavant, en 194'7, la France avait retrouv6 son effectif du recensement de 1901 (40,6 millions d'habi-tants).

La poursuite

du progrds

sanitaire

La seconde moiti6 du XX" sidcle est d6mogra-phiquement, mais aussi 6conomiquement, fort diff6rente de la premid-re, d'autant que les fac-teurs favorables d une croissance d6mogra-phique. la baisse de la mortalite et I'immigra-tion, perdurent.

Aprds la seconde guerre

m o n d i a l e . le s p r o g r d s sanitaires s'accentuent, l e s v a c c i n a t i o n s s e

g6neralisent. les

6quipe-ments medicaux

s'am6-l i o r e n t , s'am6-l e s c o n d i t i o n s d'hygidne et le respect des rdgles hygi6niques se d6veloppent. En par-t i c u l i e r . l a p o l i par-t i q u e familiale est utilis6e

comme moyen de

contraindre les femmes ir une bonne

surveillan-3,5

3 , 0

2,5

2 , 0

1 , 5

1 , 0

La f6condit6 obseru6e et le niveau n6cessaire

pour assuner le simple remplacement des g6n6rations

en France (m6trcpole) depuis 19Oi

I n d i c e

s y n t h 6 t i q u e

d e f6 c o n d i t 6

o b s e r v 6

( n o m b r e

d ' e n f a n t s

p a r

f e m m e )

I ' a n n 6 e

c o n s i d 6 1 6 e

N i v e a u

d e f6 c o n d i t 6

n 6 c e s s a i r e

p o u r

a s s u r e r

l e s i m p l e

r e m o l a c e r n e n t

Laugmentaton

des taux

de survie

explique

la baisse

du niveau

n6cessaire

pour

assurer

le simple

remplacement,

Lindice

n h c a n , a n a r m o r r j a | , c r i n ^ " ^ " I ' a - a n i ^ r a a n a t r . ^ ^ n A / F c f l t O t r A q V U J U I V U Vv llivL uu u J.l rVUUr Idlul llu dUUE l t u g v U o 9 o Vuel ur'

puis le renouveau

et enfin,

depuis

1974"1a

sous-f6condit6.

E E 2 o ( g ( . o ( o ( o ( o ( o ( o ( g - ! 9 ( 9 @ o 6 = c \ N o O c D s f + | { , ' ! ) ( g ( o > 6 qr o) o) of of oi d, ot o d, or 6 q, o o) o, c) o) o)o,

(5)

Dcssier

ce de leur grossesse, puis du nourrisson, certaines

presta-tions 6tant d6pendantes du caractdre effectif des visites m6dicales. Aussi, la morlalit6 infantile s'abaisse ir des niveaux que mdme les plus optimistes ne pouvaient gudre

esp6rer et ceci, tant d la ville qu'd la campagne.

Le XX" sidcle prolonge doric et accentue I'extraordinaire r6volution d6mographique qui s'6tait mise en route d la fin du XVIII" sidcle : le r6gime d6mographique de la mortalit6

est compldtement modifi6 et les taux de survie s'am6liorent

ir tous les dges. Le bilan met bien en 6vidence un r6gime d6mographique de la portalit6 d la.fois totalement nouveau

et compldtement in6dit.

A la fin du XX" sidcle, I'esp6rance de vie d la

naissance du sexe

mas-culin est de 74,6 ans, soit prds de 30 ans sup6rieure d celle du d6but du sidcle ; celle du sexe feminin d6pas-se 82 ans, un gain de plus de 33 ans en un sidcle, les femmes ayant b6n6fici6 en outre

de la baisse de la

morta-lit6 maternelle (de

femmes en couche). Les progrds se r6percu-tent sur le taux de

mor-talitt qui diminue,

m6me aprds la reprise du vieillissement des ann6es 1970. Aussi, depuis 1982, pour la premidre fois dans son

histoire, Ia France

enregistre des taux de

mortalit6 6gaux ou

inf6rieurs d l0 pour mille. Dans la mesure oi la mortalit6 connait une 6volution pratique-ment lin6aire, le rythme d6mographique de la

France, depuis la

seconde guerre mon-diale, est command6 par la f6condit6 et par le mouvement migra-toire d travers les phases successives et diff6rentes suivantes.

Les < vingt glorieuses >

D'abord les < vingt glorieuses > : le renouveau d6mographique

d'aprds-guerre est incontestable pendant vingt ans (1945-1964), mais se prolonge, en vertu des effets d'inertie, jusqu'd

la fin des ( trente glorieuses > en 6conomie (1945-197!.

Jusqu'en 1964,la fecondit6 demeure constamment ir un niveau

6lev6, sup6rieur d2,65,avec les effets d6mographiques d'autant

plus importants que les taux de survie s'am6liorent. En 1950,

lorsque la f6condit6 est de 2,93 enfants par femme, le niveau de

simple remplacement se situe d2,20 enfants par femme.

U6volution des taux de natalit6

25

24

23

22

2 1

20

1 9

1 8

1 7

1 6

1 5

1 4

1 3

1 2

1 1

1 0

I

8

7

et de mortalit6 en France (m6tropole)

Taux

de natalit6

-

Taux

de mortalit6

6

5

=

I o (g (o (o (o (9 = (o - !o !: (g = S999 o 6 = G t G I o D 6 S t < 5 d, 6) o, q, d) b5 o5 or. ar or o, o, o, o, o) q, o) o' o)q)

La mortalite

est plus elev6e

que la natalit6

pendant

la guene

de 1914-18,

puis de '1935

jusqu'a

la fin de la guene

de 1939-45 lexc6dent

de la natalit6,

relativement

(6)

Compte tenu du niveau de f6condit6 de 1946 d 1964, le nombre des naissances est constamment au dessus du chiffre de 800 000 et l'exc6dent naturel entte 245 000 et

358 000 selon les ann6es. En outre, le solde migratoire est

constamment positif et particulidrement imporlant

(860 000) en 1962 avec I'arriv6e des rapatri6s. En 1964,Ia

population de la France alteinl 48,3 millions d'habitants aprds avoir gagn6 prds de neuf millions d'habitants en une vingtaine d'ann6es.

Rupture et aflaiblisserhent

de la f6condit6

Le retourrrement de 1965 ne se distingue guere de prime abord, car il est insignifiant : en effet' la f6condit6 ne baisse que de 0,06 enfant par femme entre 1964 et 1965. Peu se

hasardent ir penser qu'il s'agit d'autre chose que d'une

varia-tion anecdotique, comme la f6condit6 en a connu depuis

1945. Mais, durant cette p6riode 1964-1974, chaque annee

connait une f6condit6 en retrait sur I'ann6e pr6c6dente : c'est

la frn progressive du renouveau d6mographique et la

f6con-dit6 passe en dessous du seuil de remplacemenl en l9l4'

Le solde naturel en enregistre les effets en s'abaissant, lors

de cette p6riode 1965-1914, de 100 000 en moyenne par

rappotl d la p6riode pr6c6dente. La courbe du taux

d'ac-croissement naturel s'oriente d la baisse, passant en dessous

de 6 pour mille, avant de descendre au dessous de 5 d

comp-ter de l9l 4. La baisse de ces chiffres est ralentie par la

pour-suite des progrds contre la morlalit6 et notamment la baisse d e l a m o r t a l i t e i n l a n t i l e .

Au total, les r6sultats en effectifs de la p6riode des < trente glorieuses )) sont consid6rables par rapport ir la premidre moiti6 du sidcle. Les effets du renouveau d6mographique, additionnant les effets du bon niveau de fecondit6, et I'ap-porl migratoire, dont celui d0 d la d6colonisation, sont nets : la population de la France franchit le cap des 50 millions en 1968, aprds avoir gagn6 dix millions d'habitants en 22 ans, et atteint 52,5 dlami-1974.

Aprds 1974, la f6condit6 poursuit sa descente d un rythme, il

est wai, moins rapid,q. Les naissances baissent 6galement,

mais dans des proportions beaucoup moins impofiantes que la

fecondit6 qui s'applique sur les g6n6rations relativement

nom-breuses nees aprds-guere. La population de la France

conti-nue donc d gagner de250 000 a 300 000 habitants par an.

Une nouvelle rupture intervient en 1983 lorsqu'il faut bien

constater que le ph6nomdne est d6sormais g6n6ra1. En effet,

cefiaines r6gions (Nord, Bretagne, Pays de la Loire"')

avaient conserv6 une f6condit6 relativement 6lev6e. Puis elles

suivent 1'6volution nationale avec un d6calage temporel, et

connaissent gen6ralement une baisse de f6condit6 encore plus

rapide. Ainsi le vieillissement s'accentue et la proportion des

moins de vinst ans s'abaisse en 1983 en dessous de 30oh'

Pendant le demier quart du XX" sidcle, la France enregistre une

f6condit6 en pernanence inferieure au simple remplacement

des g6n6rations (m6me si elle connait des variations.

principa-lement en fonction du contexte politique et 6conomique)' Le

d6ficit cumul6 des naissances, co(espondant d un taux net de

reproduction inf6rieur d I'unit6 depuis 1974, d6passe les trois

millions. Mais le solde naturel, bien qu'abaiss6' demeure

posi-tif en raison des effets de vitesse acquise et d'une mortalit6 devenue 6gale ou inf6rieure d l0 pour mille en 1982'

Le solde migratoire, s'ajoutant au solde naturel positif, favorise la

poursuite d'une croissance d6mographique, d6sormais ralentie : la

population de la France franchit la bane des 55 mrllions

d'habi-iants en 1985 et atteint 58 416 000 au recensement de mars 1999'

Un bilan contrast6

Le bilan de la seconde moiti6 du XX" sidcle est donc

incompa-rablement diff6rent que celui de la premiere moiti6 : la

stagna-tion, voire la rggression d6mographique d'un pays subissant

deux guerres mondiales a laiss6 la place d un renouveau

d6mo-graphique suscit6, stimule et accompagne par des politiques

adapt6es aux necessit6s de revitaliser un pays mortifi6' La

p6riode de renouveau d6mographique ne dure, selon les chiffres, qu'une vingtaine d'ann6es mais, en rajeunissant la pyramide des 6ges, elle provoque des effets bien au deld de ces deux d6cennies, conform6ment d la logique de longue dur6e

propre d ia science de la population. En particulier, elle amortit

consid6-rablement la baisse de la natalit6 : ainsi, alors que la

fecondit6 s'abaisse de 31 ,6 % (l ,81 enfant par femme en 1984,

contre 2,90 en 1964) de 1964 d 1984,1e nombre des naissances

ne diminue que de 13,1 % (15g 900 en 1984 contre 874 200 en 1964). GrAce d cet amorti et d la poursuite de I'apport migratoi-re, le gain d6mographique final de la seconde moiti6 du XX' sidcle est extr6mement positif, err total contraste avec la pre-midre moiti6, et peut se r6sumer d trois chif&es :

Population de Ia France

40 600

000

habitants

40 670

000

habitants

58 5l8 748

habitants

Aprds la morosit6 d6mographique d'une population engag6e dans un processus de vieillissement et ayant subi deux gueffes mondiales, la France a connu un 6lan exceptionnel conduisant d un effectif en hausse de I 8 millions entre 1947 eI 1999. L'accroissement du nombre d'habitants de la Fran-ce au XX" sidcle s'est donc effectu6 quasi exclusivement

dans la seconde parlie du siecle, et, si I'on gomme dans le

mouvement migratoire l'effet < rapatri6s >>, cet

accroisse-ment a eu porff moteur essentiel les < vingt glorieuses > de la f6condit6, puisque la premidre moiti6 du vingtidme sidcle avait b6n6fici6 d'apporls migratoires relativement

6quiva-lents ir ceux de la seconde moiti6.

(7)

Dossier

GrAce aux < vingt glorieuses >>, et aux consid6rables progrds

dans la long6vit6, le bilan d6mographique du XX" sidcle se

r6vdle positif pour la France, m6me si les stigmates

d6mo-graphiques des guer:res demeurent pr6gnants. En revanche,

les ann6es pr6ludant au XXI" sidcle, additionnant faible f6condit6, vieillissement de la population, faible nuptialit6, portent les traces d'un affaiblissement d6mographique. Les rides que la France prend. depuis le dernier quart de sidcle risquent d'accenfuer au XXI" leurs cons6quences.

G..F. D.

1. Jacques DupAquier, Histoire de la populationfrangaise, PUF, Paris, tome 4. 1988, p. 55.

2. Alfred Sauvy, la population frangaise pendant la seconde guerre mondiale, Jacques Dupdquier, op. cit.

3. G6rard-Franqois Dumont, Le monde et les hommes, les grandes dvo-lutions dy'mographiques, Editrons Litec, Paris, 1994.

4. En comparaison, 1a f6condit6 de 1901 (2,84 enfants par femme) 6tait insuffisante car il fallait alors, compte tenu des conditions de mortalit6, 2,90 enfants par femme pour assurer le simple remplacement des g6n6-rations.

Les chiffres d6mographiques

extremes de la France au XXe sidcle

1 6 %

it

(a) Hormis anndes de guerre

Références

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