Environnement, Sociétés, Espaces
A vant-propos
Stéphanie Thiébault (UMR ArScAn - Archéologies environnementales)
Le thèm e transversal « Environnement, sociétés, e s p a c e s » a pour objet d 'a p p ré h e n d e r les liens e t les interactions qui unissent les sociétés humaines à leur milieu. Ce thèm e est vaste et, plus que transversal au sens premier du terme, il a p p a ra ît englobant. Il abso rb e, en effet, les nombreux a sp ec ts qui perm ettent aux hom m es e t aux sociétés d e s 'a d a p te r e t d e se d é v e lo p p e r dans un milieu. Ces connexions atteignent tous les m om ents d e l à vie matérielle, culturelle e t spirituelle des sociétés.
Une des hypothèses d e d é p a rt est d e concevoir le site archéologique, lors d e son implantation, co m m e le reflet d'un choix « p a y s a g é » L 'étude des occupations e t d e leurs témoins d'un point d e vue environnemental p e rm e t d 'envisager les divers m o d es d'o ccu p atio n d e l'e s p a c e e t les différentes perceptions qu'eut l'homm e d e son milieu au cours du tem ps ?
La présence, d an s l'unité ArScAn, d 'a rc h é o lo g u e s environnementalistes e t du DEA Environnement e t Archéologie, a permis d 'a c c ro ître l'interface environnement/sociétés. Il n'est pas toujours facile à l'ethnologue ou à l'archéologue d e considérer l'e sp a c e a v e c l'œil du naturaliste, e t inversement. C'est, c e p en d a n t, c e q u e c h a q u e intervenant s'e st effo rcé d e réaliser au cours des exposés. C et exercice, qui paraissait risqué à certains, a parfois ouvert d e nouvelles perspectives vers lesquelles ces chercheurs n'auraient peut-être p a s o s é s'aventurer.
Les interventions d e l'an n é e 1998-1999 se sont, pour une large part, centrées sur l'adaptation et le d é v e lo p p e m e n t d e s sociétés en milieux extrêmes. L'actuel a tout d 'a b o rd é té ab o rd é. Ainsi les en q u ê te s d e C. Karlin ch ez les D olganes du Taîmyr et les Koriaks du Kamtchatka, éleveurs d e rennes en toundra sibérienne e t d e C. Baroin chez les Toubou ou Téda-D aza d e la zone sahélienne, éleveurs d e dromadaires, soulignent certaines c o n v erg en ces, résultats des m odes d e survie dans des milieux extrêmes. Dans ces milieux, l'équilibre, pour l'hom m e c o m m e pour la nature, est extrêm em ent fragile. I paraît aujourd'hui m e n a c é .
Utilisant toujours l'actuel pour tenter d'interpréter, en partie, le passé, l'en q u ête ethno-archéologique m e n é e p ar S. Beyries chez les indiens A tapaskan et Salish d e Colombie britannique a ten té d'évaluer l'im pact d e l'environnement dan s le choix d e s techniques liées a u régime alimentaire. C 'est dans c e tte m êm e intention qu'E. Zangato, afin d e c o m p re n d re les modalités d 'o c c u p a tio n e t d e gestion d'un e s p a c e , a exposé ses rech erch es sur le c a s d e la zone d e Ndio, située dans le nord-ouest d e la république centrafricaine.
L 'aspect arc h é o lo g iq u e d e c e s adaptations à d e s milieux fragiles, instables et mouvants, a é té traité par A. Bridault g râ c e à ses d o n n é e s sur les éco nom ies d e chasse, d e la fin du paléolithique au mésolithique, en Europe nord o cc id e n ta le , ainsi q u e par M. e t C. Orliac qui évoquèrent les problèm es d'insularité a v e c , c o m m e exem ple, 111e d e P âques. Des sites d'altitude ont aussi é té abordés par A. Kolcrta, venu faire part d e ses recherches autour d u lac Trticaca. Les recherches entreprises dans le désert côtier du Pérou entre 10 000 e t 3 000 BP ont é té exposées p a r D. Lavallée et M. Julien (c 'e s t deux communications ne figurent malheureusement pas dans les co m p tes rendus d e c e tte an n ée).
Dans toutes ces recherches, la géographie, d o n t l'un des intérêts majeurs «est l'étude d e l'e sp a c e e t l'inscription d e s sociétés hum aines d a n s c e t e s p a c e », nous aide à élaborer des m odèles. La modélisation est une représentation sc h ém a tiq u e d e la réalité en vue d 'u n e démonstration. Ainsi, les travaux d e M. Charrier, S. Van d e r Leeuw, P. Soulier, L. C osta e t S. Robert constituent d'excellentes introductions à ces tentatives d e m odélisation q u e constitue les systèm es d'information g éographiques ou SIG.
L'année 2000 / 2001 v a perm ettre d'intégrer plus e n c o re l'environnement dan s la p e n sé e humaine puisque les prem ières interventions seront con sacrées d 'u n e part à la p en sée o c é a n ie n n e d e l'environnement d 'a p rè s les travaux d e J. W alczak e t H. Guiotet, d'autre part, à la perception africaine d e l'environnement, tirant profit d e la venue d e H. Bocoum à la MAE pour quelques mois.