• Aucun résultat trouvé

ARTheque - STEF - ENS Cachan | La pédagogie de la coopération et du projet : l'enjeu pour l'an 2000

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "ARTheque - STEF - ENS Cachan | La pédagogie de la coopération et du projet : l'enjeu pour l'an 2000"

Copied!
6
0
0

Texte intégral

(1)

LA PÉDAGOGIE DE LA COOPÉRATION ET DU PROJET: L'ENJEU POUR L'AN 2000

Charles DE FLANDRE

Département de mathématique, Université du QuébecàMontréal, Monique NOEL-GAUDREAULT

Département de didactique, Université de Montréal Gilles THIBERT

Département des sciences de l'éducation, Un. du QuébecàMontréal

MOTS-CLÉS: MODÈLE - PÉDAGOGIE DE PROJETS· APPRENTISSAGE COOPÉRATIF

RÉSUMÉ: La miseà l'essai d'un modèle d'enseignement basé sur des stratégies de projets et de résolution de problèmes réels a nécessité des ajustements faisant appelàdeux nouvelles scratégies -la coopération et la démarche émotivo-rationnelle - stratégies décrites et justifiées en fonction d'une vision qui est le reflet d'une conception très spécifique des fmalités l'éducation. C'est un modèle à rattacher à la confluent education, développée aux États-Unis en éducation à l'environnement.

SUMMARY : The field testing of a teaching model based on projects and probJem solving strategies appealed sorne adjustements whieh are related to two new strategies; cooperaÜve learning and rational-emotive approach. These strategiesaredeseribed and justified in relation with a specifie conception of education aims. This isa model whichisrelated with the "confluent education" movementdevelopped in Unites Statesforenvironment:aleducation.

(2)

1. INTRODUCTION

Dans les actes du colloque de 1991 de Chamonix, nous avons décrit un modèle d'enseignement que nous croyons applicable à tous les niveaux d'enseignement. Ce modèle, qui est basé sur l'utilisation de stratégies de résolution de problèmes réels, a été suggéré à des enseignants qui l'ont mis en oeuvre dans leur classe et afaitl'objet d'ajustements qui réflètent bien son évolution.

Cette année. nos recherches se sont centrées sur l'apprentissage de la coopération et de la démarche émotivo-rationnele (DER), démarche qui est une forme de métacognirion. Comme la démarche de pédagogie de projets collectifs exige une coopération très étroiteenaeles élèves ou émdiants, il nous a faHu définir, après analyse des recherches américaines sur le "cooperative learning", le concept de coopération et cela nous a amenésàpréciser pourquoi c'était un aspect importantàdévelopper chez les élèves et les enseignants. Ce sont les difficultés que nous avons rencontrées dans les expérimentations avec les élèves qui nous ont conduitsày intégrer la démarche émotivû-<rationnelle.

La question sous-jacente à notre rationnel est la question primordiale qui est de se demander quelle est le type de personne qu'on veut formerpOUTle futUf. La réponse nous semble évidente mais difficileàréaliser: c'est d'amener les élèves ou les étudiantsàêtre en harmonie avec eux-même, avec les autres et avec leur environnement, c'est-à-dire de les amener à devenir des êtres aUlonomes et "réfléchissants".

Les moyens que nous proposons d'miliser pouryparvenir sont le projet colleccif et la démarche émotivo-rationnelle, deux nouvelles stratégies que nous avons intégrées dans notre modèle. La première porte sur les relations sociales dam le groupe alors que la deuxième concerne plus les aspects affectifs des relations interpersonnelles. Il est possible de bien situer ces stratégies en utilisant le modèle de la situation pédagogique développé par Legendre (1988). Pour Legendre, on peut représenter la situation pédagogique comme ,'ensemble des éléments sujet, objet, agent et milieu d'apprentissage, ainsi que des relations qui existent entre ces éléments (voir figure 1). Nous avons ajouté trois autres types de relation àcemodèle que nous représentons comme dans la figure2.

SUJET

d'apprentissage

MillEU

Figure 1: Modèle de la situation pédagogique selon Legendre.

Figure 2: Modèle de la situation pédagogique de la pédagogie du projet el de la coopération.

(3)

2. LES STRATÉGIES DU MODÈLE

Pour mieux expliquer ce modèle, précisons les principaux concepts qui le décrivent: 2.1 La relation de coopération

Les groupes-classes sont de plus en plus différents, hétérogènes et aux prises avec des difficultés d'apprentissage et de relations interpersonnelles. Pour remédier à ces difficultés, nombre d'auteurs pensent que Je travail de groupe peut être fructueux (SLAVIN, 1990 ; SHARAN, 1989; JOHNSONetcoll., 1988). Cette croyance ne date pas d'hier (voir Freinet), mais elle aété remise au goût du jour par les Américains. Selon Slavin (1988), les trois quarts des recherches rapportent un effet positif signifIcatif surle rendement des élèves, les autres ne remarquant aucun effet. Le travail en coopération favoriserait l'interdépendance positive et l'interaction, la responsabilité personnelle, l'acquisition et la pratique des habiletés sociales et la dynamique de groupe en tennes de rétroaction et d'analyse.

Déjà, avec l'aproche communicative, l'enseignant cesse d'êrre la seule source linguistique et cognitive et le lien se trouve établi entre l'apprentissge et la communication. Pour faire contrepoidsà la compétition interpersonnelle et aux techniques d'apprentissage individualistes, les valeurs de coopération et d'entraide mises de l'avant semblent idéales.

Tomefois, la coopération est bien autre chose que le travail d'équipe. Elle diffère aussi de la collaboration où quelqu'un peut apporter son aide sans se sentir impliqué plus qu'il ne faut dans le résultat final. La coopérarion suppose échange, entraide, écoute, confiance mutuelle, efforts mis en commun pour l'atteinte d'un but commun. Dans la pédagogie de projet, le rôle de la coopération est incon-toumable. Cependant, celle-ci n'est pas innée et doit faire l'objet d'un entraînement qui se pose en termes de gestion de classe et qu'il resteà opérationnaliser.

Aux États-Unis, l'approche coopérative, en dépit de son succès, nous semble de type behavioral ; elle encourage la compétitiion entre équipes et fonctionne selon un système de récompenses. Il resteà élucider à quelles conditions elle peut réussir et, en particulier, à trouver comment aider les élèvesà sunnonter les innombrables difficultés essentiellement affectives (mauvaise image de soi, méfiance, conflit, etc.). La démarche émotivo-rationnelle pourrait être une solution.

2.2 Le projet collectif

Le concept de projet n'est pas nouveau, mais le concept de projet collectif, qui exige, dans le sens avec lequel nous l'exploitons, la coopération, est assez innovateur. Il ne s'agit pas du projet pris dans le sens marxiste, mais du projet qui vise l'établissement de l'harmonie entre les membres d'un groupe, dans le sens que chacun accepte ses différences et celles des autres et les voit comme des atouts pour résoudre un problème ou pour atteindre un but. Dans un tel mode de fonctionnement, ce sont les élèves ou les étudiants qui détenninent le projet, en cogestion avec l'intervenant. Le projet peut être proposé par l'enseignant, mais pour que le projet ait un sens pour chacun et pour éviter qu'il

(4)

soit le résultat d'une manipulation du groupe, il est nécessaire que collectivement les élèves s'approprient du projet et que chaque élèveytrouve un intérêt

2.3 La démarche émotivo-rationnelle

Comme nous l'avons mentionné précédemment, la démarche émotivo-rationnelle vise la recherche de l'harmonie. Mais que signifie donc être en hannonie avec soi et avec les autres, C'est savoir comment satisfaire ses propres intérêts sans nuire aux intérêts des autres. Cela implique qu'on devienne habileà faire des compromis et à négocier. Une personne qui est en hannonie avec el1e-même sait s'affinner et êtreà l'écoute des autres. Elle sait comment nouer des relations profondes et affectueuses avec d'autres personnes. C'est une stratégie qui concerne spécifiquement les relations interpersonnelles. D'une certaine manière il s'agit d'une forme de métacognition. En effet selon plusieurs auteurs (FLA VELL, 1976 ; NOËL, 1991), la métacognition peut être perçue comme un processus de réflexion sur les moyens qu'une personne utilise pour atteindre un ou des objectifs qu'elle s'est fixés. C'est un processus qui se manifeste dans une communication avec soi et/ou avec les autres par des questions destinées à faire réfléchir sur la manière de devenir plus efficace à atteindre un ou des objectifs. Or la démarche émotivo-rationnelle, développée par Albert Ellis (1962) aux États-Unis et par Auger (1986), mais dom les sources remontent jusqu'à la philosphie du stoïcisme, est également fondée sur une démarche qui vise à clarifier ce qu'on veut atteindre, à nommer ce qui empêche de l'atteindre, à confronter les éléments qui sont inefflcaces, à remplacer ces éléments par d'autres qui pennettem d'atteindre le but et finalement à pratiquer les éléments retenus. La métacognition se réfère àlamanière dont nous traitons, mémorisons et comprenons l'infonnation. La démarche émotivo-rationnelle est une démarche de confrontation de nos idées irrationnelles qui nous fait réfléchir sur le fonctionnement de notre pensée en regard de nos émotions.Lespensées que nous prenons pour acquises sont comme un système d'axiomes mathématiques. En mathématiques, nous choisissons des axiomes afin de pouvoir construire un système sans contradiction et avec le moins de paradoxes possibles. Si le choix des axiomes aboutit à des contradictions, alors les axiomes sont considérés comme inappropriés. De même, si nos pensées nous causent des émotions désagréables qui nuisent à notre bien-être, elles ne sont plus appropriées. Si une pensée est réaliste, nous pouvons démontrer qu'elle est rationnelle, dans le sens de vrai. Lorsqu'on fait une démonstration mathématique, chaque énoncé de celle-cià une raison d'être. De la même façon, la démarche êmotivo-rationnelle exige une cenaine rigueur.

C'est une stratégie qui vise à atteindre les objectifs suivants :

·L'intérêt pour les autres: Comme nous vivons en société (à part de rares exceptions),il serait absurde de rechercher maladroitement son propre intérêt.

·L'awonomie : Une personne qui cherche le pouvoir sur les autres ou qui dépend des autres est une personne qui n'a pas une bonne santé mentale. Par comre, une personne équilibrée assume la responsabilité de sa propre vie et travaille à résoudre la plupart de ses problèmes tout en acceptant l'aide ou les suggestions des autres. Elle n'exige pas excessivement d'elle-même ou des autres.

-Latolérance: Une personne qui maintient des idées rationnelles reconnaÎl aux autres et à elle-même le droit de se tromper. EUe constamment à l'écoute de ses intérêts et de ceux des autres. Elle ne

(5)

condamne pas, ni ne juge les autres à partir de leurs actions. Lorsque les comportement des autres sont désagréables, elle ne devient pas hostile et sait s'affirmer en vue d'aider l'autre à changer ses comportements.

-L'acceptationdel'incertitude et J'engagement: Comme nous vivons dans un monde où le hazard joue un rôle considérable et où les vérités et les certitudes absolues n'existent pas, une personne en ééquilibrée accepte cet état de la réalité. Elle est souple et considère les choses dans leur relativité. Et pour jouir plus intensément de la vie, elle s'engage dans un domaine extérieur à elle-même etyexerce sa créativité et son énergie.

-Lapensée méthodique et l'acceptation de soi: La personne equilibrée est habituellement logique. Elle prend l'habitude de réfléchir avant d'agir et possède une bonne dose de sens critique. Cette pensée critique l'amène à constater qu'elle est un être imparlait et faillible, mais qu'elle estmalgrétout un être valable, même si parfois ses actions nuisent aux autres ou à eIte-même.

Certaines personnes vont probablement penser que ce que nous essayons de faire est très utopique et que nous sommes naïfs. Le raisonnement intellectuel utilisé dans les différentes disciplines scientifiques ne peut pas être considéré comme séparé et indépendant de celui qu'on fait au niveau des émotions. Comme nous l'avons dit ci-dessus, nos idées et nos croyances irrationnelles sont les causes de nos émotions désagréables qui nous font agir de manière irrationnelle et qui viennent rompre l'hannonie qu'on tente d'établir avec soi et avec les autres.

Dans la démarche émotivo-rationnnelle, une pensée irrationnelle est une idée qui est fausse, qui s'exprime en termes d'exigences absolues, qui amèneà des émotions nuisibles et qui surtout nuit au maintien de l'harmonie.

Dans la réalisation d'un projet collectif, il y a souvent des luttes de pouvoir entre les participants. Plusieurs y vivent des difficultés au niveau de leur estime de soi. Lorsque les actions des participants découlent ct' émotions désagréables qui som basées sur des pensées irrationnelles, c'est à ce moment que l'intervenant doit utiliser les techniques de la démarche

3. CONCLUSION

Nous n'avons pas la prétention d'avoir trouvé la solution aux problèmes de l'enseignement. Nous tentons seulement d'être cohérents avec le butà atteindre: l'harmonie avec soi, avec les autres et avec l'environnement. Une personne qui est en harmonie avec son environnement est une personne qui respecte cet environnement et qui cherche à acquérir les connaissances qui lui seront nécessaires pour mieux comprendre sa relation avec l'environnement et toutes les interrelations qui existent entre les divers éléments qui le composent. Les nouvelles stratégies que nous avons intégrées au modèle sont le fruit d'une préoccupation d'en arriverà un modèle systémique qui soit global, complexe et riche. Elles rejoignent donc dans ces aspects une approche développée aux États-Unis dans le contexte de l'éducation relative à l'environnement et qu'on identifie comme "Éducation conflueme" (confluent éducation).

(6)

Nous nous questionnons continuellement pour éviter de tomber dans le piège du dogmatisme. Nous vous invitons donc ànous confronter etànous aider en partageant ce que vous faites et en soulevantdenouvelles questions.

3. BIBLIOGRAPHIE

AUGER(L.),1986. -Ladémarche émotivo-rationneile en psychothérapie et relation d'aide. Éditions du C.I.M., Montréal.

ELLIS (A.), 1962. -Reason and Emotion inpsychotherapy.Ly1e Stuart Ed., New York. LEGENDRE (R.), 1988. -Dictionnaire actuel de l'éducation.Librairie Larousse, Paris-Montréal. JOHNSON (O.W.), JOHSON (R.) et HOLUBEC (E.), 1988. - Cooperation in the C/assroom. Interaction Book Co., Edina, Minnesota.

SHARAN (S.) éd., 1989. -Cooperative Learning: Theory and Research.Praeger Pub. Co., New York.

SLAVIN (R.E.), 1988. - Cooperative Learning and Student Achievement.Educational Leadership, 45 (2).31-33

SLAVIN (RE.), 1990. -Cooperative Learning : Thiory, Research, and Practivce_Preentice-Hall, Englewood Cliffs, N.J.

Figure

Figure 1: Modèle de la situation pédagogique selon Legendre.

Références

Documents relatifs

Le chômage des jours fériés ne peut entraîner aucune perte de salaire pour les salariés totalisant au moins trois mois d'ancienneté dans l'entreprise ou l'établissement et

Résultats de l’estimation probit en 1ère étape du modèle d’Heckman : Tableau 3, montre que les variables de l’estimation probit en 1ere étape de la

Avec cette proportion importante du menthol et la présence de la menthone (5.12%) dans cette huile essentielle, celle-ci pourrait être une source de production du

Les résultats obtenus ont montré que l’amendement du sol en hydrogel a permis d’économiser l’eau d’arrosage, de réduire les effets du stress hydrique dans ce périmètre

Dans ces cas, la pose d’un système de drainage ne se discute pas, même si parfois elle peut être précédée d’une exsufflation à l’aiguille lorsque l’urgence est vitale,

que l’harmonisation du nombre de lits par infirmi(e)re en collecte mobile. 251 Les augmentations portant sur 2017 et 2018 ont été justifiées par le financement d’une

Grâce à l’accolage du contrat de vente de l’actif tangible non-obligataire au contrat d’émission lequel comporte les caractéristiques d’un prêt et celles d’un mandat,

Notes de l’administration pénitentiaire : Note Justice K15 du 14 août 1970 Note du 23 février 2000 relative au placement à l’isolement des détenus libérables Note AP du 9 mars