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ARTheque - STEF - ENS Cachan | Approches conceptuelles de l'Évolution pour les plus jeunes à travers la salle de découverte de la Grande Galerie du Muséum

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Academic year: 2021

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APPROCHES CONCEPTUELLES DE L'ÉVOLUTION POUR

LES

PLUS

JEUNES

À

TRAVERS

LA

SALLE

DE

DÉCOUVERTE DE LA GRANDE GALERIE DU MUSEUM

Françoise GUICHARD, Véronique ROUDEAU-LECLERCQ Muséum National d'Histoire Naturelle, Paris

MOTS-CLÉS: SALLE DE DÉCOUVERTE - ÉVOLUTION - ESPÈCE - TEMPS

RÉSUMÉ: Notre dessein est d'expliquer le pourquoi d'une salle de découverte dans une exposition permanente consacrée au thème de l'Évolution, les acquis de la salle pour les enfants de l'exposition de préfiguration, les réinvestissements et les créations installés dans le nouvel espace: une salle de découverte"à la française".

SUMMARY : Our purpose is to de scribe why it was decided to have a Discovery room "french style" in a permanent exhibition, such as the Great Gallery of the Museum National d'Histoire Naturelle of Paris dedicated te the theme of Evolution, the knowledge acquired through the "prefiguration"exhibition, the final project with old and new material(s) and subject(s).

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1. INTRODUCTION

Composante du Centre d'action culturelle et pédagogique de la Grande Galerie du Muséum, la salle de découverte est un lieu de l'exposition permanente qui s'adresse aux enfants de 5à12 ans quiy seront accueillis soit dans le cadre de visites scolaires en semaine, soit accompagnés de leurs parents les autres jours. L'esprit de la salle de découverte est de favoriser le questionnement des enfants, de les sensibiliser à quelques aspects de deux concepts importants pour comprendre l'évolution: l'espèce et le temps, et de leur faire élaborer des savoirs par l'observation, la comparaison, le classement dans une optique d'interactivité...

Nous savons que les préoccupations et les concepts sur lesquels s'appuie le discours scientifique ne sont pas les mêmes pour les adultes et pour les jeunes enfants. Faire approcher des concepts par les enfants dans une exposition n'est pas chose aisée.Lefait d'introduire dans l'exposition de petites manipulations, des objetsà toucher, des questionnements écrits suggérant aux enfants des activités de recherche d'indices et d'observations pose des problèmes de maintenance, d'esthétique générale, et surtout de réductionà l'extrême du propos scientifique. La salle de découverte devient alors un lieu où les concepts peuvent être abordés de manière plus simple, moins complexe, plus accessible. Il est vrai que les animateurs du musée peuvent pallier la complexité des présentations, s'ils connaissent les représentations des enfants, leurs questions les plus fréquentes, leur mode de raisonnement, pour intervenir non pas uniquement comme dispensateurs de nombreuses connaissances, mais pour valoriser chez l'enfant des démarches qui lui permettent de construire son savoir. Mais il est fréquent que les animations-conférences deviennent des monologues, qui n'ont bien souvent pas d'impact sur le jeune public.

2. UNE EXPÉRIENCE PRÉALABLE L'EXPOSITION DE PRÉFIGURATION

L'exposition temporaire"Ona marché sur la Terre" a permis d'effectuer un test en vraie grandeur des idées, des supports, des mises en scène qu'il était prévu de reprendre dans la Grande Galerie. Une petite salle dite "espace enfants" proposait en synergie avec l'exposition, des objetsàvoir et à manipuler, des livres.... L'idée essentielle était de donner, par l'observation et la manipulation d'objets, un complément de l'exposition, tout en restant dans la ligne conceptuelle de celle-ci. Voici quelques exemplesà partir des thématiques de la salle:

- "Sortir de l'eau, mais comment se soutenir?" :

Une maquette du squelette d'un tétrapode, sur laquelle l'enfant pouvait accrocher les muscles, avait été réalisée en tenant compte des conceptions erronées des enfants sur les insertions musculaires. La présentation "Ont-ils un squelette?"remettait en cause les représentations les plus courantes des enfants. En effet pour bon nombre d'entre eux, la notion de squelette est celle de squelette osseux de vertébrés, et par ailleurs certains vertébrés (comme la grenouille) sont considérés comme mous, donc sans squelette. La prise en compte de leurs représentations et de leur mode d'approche spontanée par lejeu nous a conduitàune présentation ludique: les enfants pouvaient vérifier l'existence ou non

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d'un squelette en soulevant une trappe située derrière la silhouette de l'animal. La surprise de la découvene de leurs erreurs faisait naître un questionnement; l'animateur pouvait alors expliciter la notion de squelette.

- "Sortir de l'eau, mais comment ne pas se dessécher?"

Bon nombre d'adultes eux aussi s'extasiaient devant l'aspect de peaux de poissons tannées. - "Sortir de l'eau, mais comment se reproduire?"

Un recueil de représentations d'enfants sur la graine et l'oeuf a été fait afin de mieux choisir les axes d'animation, les maquettes, les échantillons d'œufs et de graines de toutes sones.... Quatre puzzles réalisés sur l'oeuf d'amphibien, de tortue, de poule et celui de l'être humain permettaient une comparaison, mettant en évidencele rôle de l'eau.

3. TRANSFERTS À LA SALLE DE DÉCOUVERTE DE LA GRANDE GALERIE

La surface étant 3 fois plus grande, les objets ne pouvaient pas être tous en accès libre, l'animateur ne pouvant pas tout surveiller. Aussi avons nous cherché à réinvestir des présentations utilisables en autonomie comme "Ont-ils un squelette ?".

3.1 Les intentions pédagogiques

Nous avons fait référence à notre expérience d'enseignant-formateur en école normale et par là à de nombreux travaux qui ont pu être menés sur l'enseignement des sciences du vivant auprès des jeunes enfants. (Deunff J.,1972, l.N.R.P.,1976). Nous étions convaincues de l'imponance qu'il y avait,à leur présenter une vision de plus en plus unifiée et cohérente des sciences biologiques et géologiques. 11 fallait mettre en valeur que les savoirs parcellaires faisaient partie d'un tout, et que la démarche essentielle est de comprendre les relations qui les lient. La structuration du propos que nous avons privilégiée n'est certes pas la seule possible et n'a pas non plus de caractère défmitif car en sciences, il n'y a pas de connaissances "stables et verrouillées"(Deunff1., 1991). Cependant elle peut être aussi une indication pour le parent accompagnateur ou pour le maître,àdéfaut d'être évidente pour l'enfant. Les concepts que nous avons choisis de retenir et de croiser entre eux sont: la notion d'espèce, le temps, l'idée de classement (dans l'intention de "réhabiliter la systématique" (Héritier-Augé F., 1991), et l'infiniment petit (les explications de l'évolution sont recherchées dans les molécules codées du vivant, qui ont gardé en mémoire les traces de celle-ci).

Donnons un aperçu de ce que nous avions envisagé à propos des concepts de temps et d'espèce qui sont les principaux obstaclesà la compréhension de l'évolution (Van PraëtM.,1989).

- Tout d'abord nous souhaitions faire appel au temps proche de l'enfant, celui qu'il peut facilement concevoir à partir du suivi du développement d'animaux: le temps de la vie d'un individu.Onpeut le représenter par un temps linéaire, orienté, se déroulant entre une "naissance" et une mon. Ce parcours commun à tous les individus vivants, quelles que soient les formes successives qu'ils prennent au cours du temps, montre la continuité de l'individu malgré ses changements de forme au cours de son développement; cette approche est en rupture avec la notion de cycle de vie, qui représente pour les

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enfants un obstacleàla notion d'évolution. Concevoir une image polymorphe de l'espèce est un des obstacles à franchir, car pour le jeune enfant l'asticot n'est pas le même animal que la mouche, le têtard que la grenouille...

- Nous voulions aussi montrer que "vieillir laisse des traces", traces que l'on retrouve dans les squelettes, les coquilles, les écailles, les dents... et qui montrent que l'individu a une histoire qui s'inscrit dans un contexte plus large qui concerne son environnement. Ce sont des indices qu'on peut tenter d'interpréter dans les fossiles et qui sont hors de l'échelle humaine, c'estl'histoiredela vie. - Nous désirions aussi faire prendre conscience des proponions de temps qui se sont écoulées depuis la formation de la terre: un temps relativement court jusqu'à l'origine de la vie, un temps 9 fois plus long, de l'origine de la vieàcelIe des premiers vertébrés terrestres que de ces premiers vertébrésà l'homme. Nous avions suggéré que les enfants puissent dérouler assez lentement une très longue corde sur laquelle auraient figuré quelques repères chronologiques. Cette idée simple nous paraissait concourir à une meilleure approche de l'infiniment grand des temps géologiques et aux durées relatives des épisodes de l'histoire du vivant, en projetant du temps dans une représentation spatiale. - Pour la notion d'espèce nous avons choisi différents éclairages.Larecherche d'une coccinelle familière aux enfants parmi des spécimens du monde entier et celle d'un intrus mêléàdes érables caractérisés par leurs fruits et non par leurs feuilles, permettent une approche de la diversité des espèces. La distinction morphologique, la plus évidente, car perçue visuelIement, est complétée par la distinction comportementale mettant en œuvre l'audition pour différencier des espèces de pouillots. Ladiscontinuité entre espèces peut être repérée chez les phasmes malgré leur dimorphisme sexuel. La recherche d'intrus dans des populations d'individus variés comme les escargots Cepeae permet d'entrevoir la variabilité de l'espèce. La continuité de génération en génération correspondàun des premiers obstacles à cette notion: "l'éléphant, l'éléphante, le papy, c'est le mammouth", telles sont les représentations des enfants, auxquelIes il convient de confronter l'idée que procréer, c'est faire du neuf. Aussià panir des tests auprès des enfants, nous avons conçu une manipulation "mâle-femelle" qui amène les enfants à mettre à l'épreuve leur intuition "qui se ressemble s'assemble" pour découvrir que la grenouille n'est "pas la femme du crapaud" et qu'il en est de même pour chouette-hibou, souris-rat et puce-puceron.

3.2 Des contenus aux modalités de présentation

Nous avons élaboré un projet de contenus (Guichard F., Leclercq V., 1991) qui envisageait la mise en œuvre d'activités d'observations, de petites manipulations d'objets, dans les perspectives expliquées ci-dessus. Notre demande initiale était favorable à une certaine souplesse d'utilisation du lieu: adaptationàdes activités en direction des enfants de maternelle, possibilité de ranger dans des tiroirs des matériels d'animation temporaire, évolutifs. Nous proposions une série de modules avec des tiroirs de rangement basés sur une approche ludique, mettant à l'épreuve par de multiples manipulations les facuItés logiques, d'observation, d'étonnement et d'imagination des enfants.

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4. REMÉDIATIONS

4.1 Les réponses des architectes face au projet initial

Les architectes muséographes ont mis en forme nos propos selon 4 espaces riches en vitrinesà aménager. C'est ainsi que "la corde du temps" et les repères paléontologiques sont devenus un parcours dans une imposante construction verticale, baptisée "la tour du temps", et que l'infiniment petit devint une enceinte de petite taille où l'enfant se serait retrouvé environné d'images d'êtres vivants ou de leurs structures, de plus en plus grossis.Àla suite de contraintes techniques ce dernier projet qui nous séduisait a dû être abandonné et remplacé par une présentation plus classique (des loupes).

Cette mise en espace a conduit à réinterpréter nos objectifs initiaux, tantôt pour les afftrmer, tantôt pour les modifter, tantôt pour les oublier. Nous avons donc été amenées à donner une place plus importante que nous l'envisagions au départ, à la paléontologie.

4.2 Tests auprès des enfants

Tandis que nous recherchions une nouvelle logique de présentation et de parcours conforme à la mise en espace, nous nous sommes appuyées parallèlement sur les représentations que les enfants se faisaient du temps et de l'espèce, en menant des enquêtes auprès des enfants d'école élémentaire. Nous avons testé des maquettes prototypes dans des écoles de Paris et de banlieue (en Z.E.P.) aftn d'encadrer notre auditoire et connaître les limites de notre propos.

Ainsi les manipulations se sont afflnées, tant pour les présentations elles-mêmes, les principes des jeux ou la lecture des objets présentés, que la formulation des consignes et des titres. En exemple nous pouvons citer les Cepeae nemoralis (ou escargots des haies) dont nous avons fait évoluer la présentation. Mettre un seul intrus (Helix aspersa) au milieu d'une quarantaine de Cepeae nemoralis n'était pas satisfaisant car on occultait la variabilité intraspécifique de l'espèce Helix aspersa. Aussi une deuxième phase proposait quatre intrus représentant une petite population. Les tests avec les enfants ont montré la difficulté de trier un groupe si restreint, sans manipuler (contrainte de la présentation sous vitrine). Ainsi nous avons augmenté le groupe d'intrus, pour suppléer, par le nombre, l'impossibilité de réaliser matériellement le tri.

D'autres jeux en revanche n'ont fait l'objet que de remaniements mineurs, car, dès la présentation du prototype, nous fûmes assurées de l'intérêt immédiat qu'ils provoquaient et du résultat qu'on pouvait en espérer. Alors il n'y eut plus par exemple qu'à reprendre légèrement le titre, qui évolua de : "Les érables" à "Tous des érables?"et enfin "Tous des érables sauf un". De même ces tests ont permis d'afftner la consigne et de rédiger plus simplement les informations complémentaires. D'autre part, certaines présentations par l'aide de dessins explicatifs permettaient à des enfants non lecteurs de textes de s'approprier le propos mis en scène. Enfin les textes furent testés par une lecture hors du contexte de jeu par des élèves de niveau Cours Moyen aftn que tous les mots non compris soient remplacés si possible par des formulations à la compréhension plus immédiate.

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5. CONCLUSION

La phase de mise en place est un moment crucial où des choix doivent être faits tout en préservant les acquis et le mode de fonctionnement élaborés lors de la conception.Laprésentation muséographique du propos initial risque d'être figée, rendant difficile des adaptations souhaitables. Cependant, nous voyons comme aspects positifs que:

- c'est une salle de synthèse et ou d'initiation,

- c'est une salle souple dans son utilisation car on peut s'intéresseràun des thèmes sur les quatre, - les espaces sont séparés dans un lieu petit, ce qui facilite la liaison immédiate entre les thèmes, - la place du vivanty est importante, non par la multiplicité des représentations mais par la mise en relation d'élevages de mammifères, amphibiens, insectes, avec des temps de vie et des modes de vie différents, chacun représentant plusieurs générations, idée importante dans l'optique d'évolution, - le rôle de l'animateur de la salle de découverte est de susciter de courts événements d'animation, tels que, sortir un animal pour l'observer de plus près, faire des observations avec la caméra, avoir des objets complémentaires dans ses poches, répondre aux questionnements, aider. Mais il n'est pas souhaitable de faire dans un cadre fluctuant de longues animations.

Autrement dit, il Y aura pour les enfants en visite individuelle dans la Grande Galerie, des lieux d'exposition. La salle de découverte en est un. Une certaine autonomieyest souhaitée pour le jeune visiteur. Il existera aussi des lieux complémentaires où les enfants seront pris en charge, en groupes constitués, lors d'activités proposées par des animateurs (ateliers dans la salle polyvalente ou une des salles de laboratoire).

BIBLIOGRAPHIE

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GUICHARD F., LECLERCQ V.,LeCentre d'action pédagogique et culturelle de la Grande Galerie-Galerie de l'évolution, document interne de la Cellule de Préfiguration,M.N.H. N., Paris, 1991. GUICHARD F., LECLERCQ V., Le centre d'action pédagogique de la Grande Galerie,Évolution 93. Lettre d'information de la Cellule de Préfiguration de la Grande Galerie, 7, M.N.H.N. 1993. HÉRITIER-AUGÉ F.,Les musées de l'éducation nationale Mission d'étude et de réflexion, La documentation française, 1991.

l.N.R.P.,Activités d'éveil scientifiques, Recherches pédagogiques, 86, 1976.

VAN PRAËT M., Diversité des centres de culture scientifique et spécificité des musées,Aster, 9, 1989.

VAN PRAËT M., Réflexions sur l'action culturelle et pédagogique dans le musée,Museological News,l2, 1989, 157-160.

VAN PRAËT M.,Laprise en compte des jeunes dans la Grande Galerie, document interne de la Cellule de Préfiguration, Muséum National d'Histoire Naturelle, Paris, 1992.

Références

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