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Brand content et storytelling pour une agence web : étude d'un dispositif de communication

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Brand content et storytelling pour une agence web :

étude d’un dispositif de communication

Yann Walkowiak

To cite this version:

Yann Walkowiak. Brand content et storytelling pour une agence web : étude d’un dispositif de

com-munication. Sciences de l’information et de la comcom-munication. 2012. �dumas-01555456�

(2)

Lill

Université

VfilW U Sciences humaines Ssoc.aies

Chartes-de Gaulle

Brand

content et

storytelling

pour une agence

web

Etude d'undispositif de communication

Yann Walkowiak

Tuteur universitaire : FabienTorre

IMPALAWEBSTUDIO

Mémoire de stage-M2 IDEMM Université Charles-de-Gaulle Lille 3

(3)

Remerciements

Je souhaite adresser ici mes remerciements à toute l'équipe d'Impala

Webs-tudio : àÉmelineBULCOURT, Baptiste

BENOÎT,

Samuel DELAPORTE, etplus

particulièrementBenjamin MAGRAS,mon maître destage. Mercià eux pourleur

accueil, leurs idées, leurs conseils, leurdisponibilité etleurbonne humeur pendant

cettepériode destage.

Je tiens égalementà remercier Fabien TORRE, mon tuteur destage, pour ses

précieux conseils, sa disponibilité, sa réactivité constante, et ce bien au-delà du cadre decemémoire: merci pour cesdeux années de formation.

(4)

Table des

matières

1 Précisionsterminologiquesetconceptuelles 9

1.1 Identité de marqueetautoportrait numérique 9

1.1.1 La marqueetsonimage 9

1.1.2 L'autoportrait numérique 12

1.2 Des outils de communication innovants 16

1.2.1 Lebrandcontent : d'une culture du messageàuneculture

ducontenu 16

1.2.2 Lestorylelling,nouveau lîl d'Ariane de lamarque .... 21

2 Analyse de l'existant 25

2.1 Présentation de lastructure 25

2.1.1 L'agence 25

2.1.2 Ses valeurs 25

2.1.3 Leslimites 32

2.2 Outils de communicationen place 35

2.2.1 .Sur le web 35

2.2.2 Supports physiques 36

3 Analysedes besoins etsolutionsproposées 38

3.1 Analysedes besoins 38

3.1.1 Promotion de l'agence 38

3.1.2 Versun contenude marque 39

3.2. La chartequalité 42

3.3 Les fiches clients 48

3.4 Leblog 50

(5)

3,6 Le sitetest 56

4 Annexes 68

4.1 Annexe A 68

(6)

Introduction

Uneagence webpeut être, à bien des égards,comparée à une marque. Toutes

deux disposent d'un nom, d'un logo, voire d'un slogan;toutes deux développent

une identitéqui leurestpropre, uneimage demarque pour se démarquerdeleurs

concurrents; et toutes deux le fontpour assurerla vente de leurs produitsou ser¬ vices.

L'agence web et la marque font appel à des corps de métiers qui, s'ils ne se confondent pas, sont cependant très proches : l'agence web se vend auprès des clients grâce à des commerciaux; lamarque fait quant àelle appel à des publici¬ taires. Commercial et publicitaire ont en commun de chercher une cible pour la

transformer enclient, etde proposer undiscours devente bien rôdépour assurer

saconversion etsafidélité

1.

Noussouhaitons étudier ici le dispositif de communication développéparune agencewebenparticulier : Impala Webstudio.Cette agenceencorejeune (elle n'a

qu'un an et demi d'existence) a en effet adopté une méthode originale. Lors de

notre stagede fin d'année- au sein decetteagence, nous avonsété frappéparl'ab¬

sencede commercial dansl'équipe. Ceconstat, etlamotivation decesujetcomme

mémoire destage,sesontpeut-être imposés suite àunpassé de vendeurayantpré¬ cédécesétudes d'information communication. Cetteexpérience danslaventeaura sansdoutemisenexerguel'originalité de la démarche initiéeparl'équipe d'Impala

Webstudio. Car l'absence de commercial conditionnenon seulement de nombreux

changements, mais elle s'intègreenoutre àunedémarche plus vaste.

Cette absence modifie d'une part le modèle économique de l'entreprise. Ne

1. Nousemployons ici les expressions consacrées du marketingetde lavente.

2. Auterme d'un Master 2 d'information culture communication documentation(ICCD), spé¬ cialisé dans l'Ingénierie Documentaire, ÉditionetMédiation Multimédia (IDEMM) à l'université Charles de Gaulle Lille 3.

(7)

pouvant compter sur un prospecteur pour vendre ses services et démarcher de

nouveaux clients, l'agencea développé unsystème alternatif : elle demande à ses

clients satisfaits deparler d'elle à leurentourage.Le système deprospectionpasse donc d'un modèleenétoile(uncommercialprospectantdans toutes les directions)

àun modèle arborescent surle principe du relai : le bouche-à-oreille, en somme.

Dans cemodèle original(aucunéquivalentn'aététrouvé dans la région), le client satisfaitassuredonc lepostedecommercial.

Ontrouveévidemment des raisons stratégiques etéconomiques àuntelchoix. Lepostedecommercialestsouventl'undes plus coûteux dansuneagence : sa sup¬

pression représente donc uneéconomie notable. D'autre part, Cette libération du

modèleprospectifpermetà chaque membre de l'équipe dese consacrerpleinement

auxprojets clients.

Elle nécessite en contrepartie une pleine satisfaction client pour que le mo¬

dèle de transmission fonctionne. Un soinestdoncapportéparl'équipeàtoutesles

phases de la relation client:chacunsedoit d'êtretoujours disponiblepourrépondre

aux clients, et a adoptéunsystème d'échangetransparent via uneapplication dé¬

diée (Basecamp), pour que le client soit en permanence informé de l'avancée du

projet. C'esttoutela gestion de projet qui s'entrouvetransformée.

Le modèle a montré son efficacité : le carnet de commandes de l'agence est

plein,et cettedernièrearemporté des projets étonnamment ambitieuxenregard de

sa taille(4personnes). Ce systèmeestcependant extrêmement chronophage, etles

empêche de soigner leur communication. Paradoxe : les outils de communication

permettentde faire la promotion de l'agence, lui servent de vitrine; mais plus le succèsestaurendez-vous, moinsl'équipe dispose detempspourmettreà jourcette

communication. Cequi n'est évidemmentpas sansconséquence : le site web étant lavitrine d'une agence, un exemple de son savoir-faire, le risqueest à termeque

(8)

Maisau-delà decesconsidérationséconomiques,cetteabsence de commercial

s'intègre àunensemble plus vaste,une vision globale d'entreprise, où le discours usuel devente estsupportéetenrichipardes actes.L'agence souhaiteapporterune

cohérence globale à son image demarque, en vue de sedémarquer de laconcur¬

rence et de "faire la différence". Et pour y arriver, l'agence web propose l'équi¬

valent d'unphénomène qu'onconstatedepuis quelques années dans le monde des marques : le brand content, oucontenu de marque. Cette mouvance, si elle n'est

pasrécente, s'estvueattribuer depuispeu un nom,du fait de l'ampleur qu'ellepre¬ nait : lebrandcontentconstitueeneffetundes enjeux majeurs du renouvellement

des marquesetde leurpositionnementau21ème siècle.

Notre mission deconcepteur-rédacteur au seinde l'agence consistait à nour¬ rir ce dispositif de communication par la rédaction de contenus adaptés, voire à

proposerdesidées complémentaires visant à l'enrichir.

Ledispositifprésenté ici, ainsiquele mémoire qui lui estafférent,ne sontpas issus d'une pureconstruction en amont, mais plutôt d'uneco-construction. C'est

eneffectuant une veille à la recherchede sujets d'articlespourle blogde l'agence

que nous avons découvert le principe du brand content, etréaliséquecelui-cicor¬

respondait àce quel'agence souhaitaitmettreenplace.Demême, certains outils de

cedispositifn'étaientpasprévus à l'origine: la tonalité humoristique des articlesa

étéintégrée après un premier essai concluantpour unautre blog;la création d'af¬ fiches a étéproposée suite àune prise d'initiativepour enrichirune des rubriques du site. Si une cohérence étaitdéjà à l'oeuvre dans la construction de l'image de marquede l'agence,elle s'estdonc vueenrichieau fil des expérimentations.

Laproblématique abordée ici estla suivante : commentune agence web

peut-elle créerune image de marque pour sedémarquer de la concurrence, etce à ses

débuts, alorsqu'elleestencoreinconnue detous? Si«auxâmes bien nées, la valeur n'attend pasle nombredes années»,encorefaut-il pouvoirprouvercette valeur,ou

(9)

toutdumoinscommuniquersurellepourla faire connaître. La valeurestprouvée

parl'expérience : maiscommentune marquenaissante,nedisposantpas encorede portfolio étoffé àprésenter, peut-ellesevendre elle-mêmepourassurer sonavenir?

Commentinciter les clients potentiels à luifaireconfiance, à investiren elle, alors

qu'ellen'apas encore pu prouverpleinementsa valeur?Unproblèmequi sepose pour toute agence et toute marque naissante. L'agence peut encore une fois être

comparée àune marque en formation,tentantde sepositionneretdesedistinguer de sesconcurrentspar uneidentitépropre,aisément reconnaissable.

Avantdetenterderépondreàcesquestions,nous procéderonsenouverture de

cette étude àquelquesprécisions terminologiquesetconceptuelles, indispensables

pour mieux appréhender notre réflexion : la notion de marque, bien évidemment, mais également celle d'autoportrait numérique, susceptible de nous éclairer sur la difficulté de la communication sur le web; nous nous pencherons ensuite sur les concepts de brand content et de storytelling, deux outils de communication anciens mais« récemment» remisau goûtdu jour: cesdeuxnotions semblenten

effet particulièrement aptes à favoriser la création d'une identité de marque forte

etpérenne. Notreobjectifdanscettepremière partieestd'évaluer les enjeux d'une

communication pour une marque, et les possibilités qui s'offrent à elle pour se différencier desesconcurrents.

Après avoir effectuéuneanalyse de l'existantetdes besoins de l'agenceen ma¬ tière decommunication, nous nouspencheronssurles solutions proposées, avecle déploiement d'un dispositif de communication globaletcohérent, apteà représen¬

ter efficacement l'entreprise. Nous étudierons plus particulièrement comment le brandcontent etle storytellingpeuvent trouverleurutilité danscetterecherche de cohérence propre à une marquenaissante : le brand contenten vue d'enrichirses servicesetdedévelopperune relation client;etle storytelling en vue d'écrireune

(10)

sur le réel. Ce deuxième outil pourraitpermettre à lamarque de s'affranchir ou

de dépassercette barrièredu « nombre des années » à laquelle se confronte toute nouvelle marque endébutdeparcours.

(11)

1 Précisions

terminologiques

et

conceptuelles

1.1 Identitéde marqueet

autoportrait

numérique

1.1.1 La marqueetsonimage

Unepremièreapprochede lamarque aconsisté, pendant longtemps, à considé¬

rerla marque comme un artifice, unesimple étiquette apposée àunproduit géné¬

rique. Unevision qui, si elle était valable àsesdébuts, serait aujourd'hui réductrice.

Cette « étiquette » s'est imposée devant la saturation des marchés survenueavec

la société de consommation : comment, en effet, le consommateurpouvait-il dis¬

tinguerdeuxproduitsgénériques ? Etcommentchoisirentredix, ou vingt,oucent

produits présentant lamême fonction et les mêmes caractéristiques ? La marque, caractérisée par sondesign, sondiscoursetla réputationquil'accompagnait, était susceptible decréerunepréférencechez le consommateur.

La marquepeutêtre définie commedotée de deux fonctions vitales : elle per¬

met d'une part une identification, et par conséquent une différenciation avec les

autres marques. Ainsi, selon Philippe Payen, « chaque marquepossède sa propre

empreinte, plus oumoinsconnuemais différenciatrice

»3.

Ellesecaractérise donc

par une identité : l'identité de marque est la raison d'être d'unemarque. Paul

Ri-cœur explique que l'identité désigne ce qui est tout à fait semblable et demeure

le même à travers le temps : identique. L'identité d'une marque est donc l'inva¬ riante qui permet de la reconnaître immédiatement, en dépit de ses variations et évolutionspériphériques au cours dutemps. Cette continuité estprimordialepour

assurer sonavenir.

Cetteidentitépeutd'autrepartêtreconnotée, positivementou non, enfonction desaréputation;c'estcetteconnotation quiconduit à la seconde fonction vitale de

(12)

la marque : la qualification. L'identité de marque met envaleur une qualification,

un savoir-faire(voire un savoir-êtreet un savoir-vivre) différenciateurs : une qua¬

lification qui conduira leconsommateur, après avoir identifié la marque, àchoisir

cettedernière pourla qualification dont elleest porteuse.

Lamarqueestutilepour gagner envisibilitéetennotoriété, ellepermetd'uni¬

fierune entreprise sous la même bannière,d'apporterunecohérencefédératrice à unensemble d'éléments.

Lanotoriété d'une marqueoffre desavantagesquivontbien au-delà de l'iden¬ tification. Commelesignale Philippe Payen,dans son ouvrageCréeretdévelopper

unemarque :

«Lamarqueestdevenueune«boîte mentale»(David Aaker) dans

laquelle trois éléments semêlent :

- Le

produit et son mix : quel prix, quelles implications suis-je

prêtàymettre? (contrattransactionnel).

- L'élément relationnel

(discours publicitaire et communication

relationnelle) : à quel club, à quel clan j'appartiens? (contrat

relationnel).

- Les valeurs et

les promesses de la marque : comment fait-elle

un tant soit peu progresserle monde,eten quoi rejoint-ellemes

idées ? (contrat social).

Les trois « niveaux contractuels » (Georges Lewi) sont développés

différemment par lesmarquesetsi lepremier semble le plus évident,

il n'est pasle plus déterminant.»

4

L'auteurconclut que«lesconsommateursn'achètentpasseulementunproduit

(13)

pour ce qu'il est mais aussi pour ce qu'il représente

»5.

C'est donc l'image de marque, plus que saqualificationréelle, quivainfluersur laventedesesproduits

ouservices.

Cetteimageestcomposéed'éléments interconnectés.Car lamarqueestconsti¬ tuée d'un ensemble qui vabien au-delà de l'apposition de son logo, de son nom

etde sonslogan : elleestformée d'une myriade d'éléments qui forment ensemble

unemythologie. Ainsi,toujoursselon PhilippePayen : «L'expressionde lamarque

estlacombinaison desonoffre(produitsetservices),desonhistoire, desaculture,

de ses employésetde ses clients, de ses formes de communication... C'est ce qui

génèrel'univers de la marque, son identité : un ensemble qui s'harmonise autour

d'unelégende, réelleoufictive (inventée).L'identité de lamarquenaît de laconver¬

gencede plusieurs mythes spécifiques »

6.

Ainsi,toutcequi constitueune marque contribue àla construction desamythologie.Une idéequereprendde manièredif¬

férente Marie-Claude Sicard, qui signale que «tout estcommunication. [... ] On

nepeutpas ne pascommuniquer»

7.

L'auteureprend l'exemple de lamarqueTotal qui, en 1999 lors de lacrise Erika, garda lesilence : ce dernier même constituait

une communication, et fut interprété comme un signe d'impuissance, de culpa¬

bilité, ou de mépris selon les personnes. Onpeut également citer l'exemple plus

récentde SFRqui, enfermantson murFacebookauxcommentaires ilyaquelques mois8, voulutprendre letemps d'organisersaréponse :mais sonacte-unrefus de

communication-fut là aussiinterprétécomme unactedecommunicationetample¬

mentcommenté.Marie-Claude Sicardsouligne ailleurs l'absurdité visantpour une

5. Ibid.,p.24. 6. Ibid.,p. 108.

7. SICARDMarie-Claude,Ceque marqueveutdire..., Editions d'Organisation, 2001,p.7. 8. Lors de l'arrivée de Freeparmi les opérateursde téléphonie mobile, les clients des opérateurs historiques (Orange, SFR, Bouygues) découvrirentune offreconcurrente deux àtrois fois moins chère,etmanifestèrentamplementleur mécontentementsurlesréseauxsociaux.

(14)

entreprise à considérer lacommunication de sa marque commele dernier maillon

de la chaîne de production

9

: toute acte- ou même non acte d'unemarque -est

en soi unecommunication : qu'il s'agisse du design de ses produits, de son prix,

ou même du rythme de ses publications, chaque élément est interprété et perçu

comme unactede communication. La marqueestintrinsèquementcommunicante.

Bienplus, elle n'est qu'unvecteurdesens.Etentantquetel, elle « estunprincipe

abstrait, elleneprend forme qu'en s'incarnant dans des supportsréelsetsensibles

» i0. Ce qu'elle véhicule, ce sont des valeurs. Et « en articulant des valeurs, les

marquesaccomplissentleur rôle de médiationetd'interprétationentre lesproduits

etles consommateurs»11.

1.1.2 L'autoportraitnumérique

Avec l'avènementdu web dansnotremode de vie, il estdevenuindispensable

pour de nombreuses marques de « marquer » leur présence sur le réseau, de s'y

positionner aumême titre que dans les rayons de supermarché : en bonne etdue

place. Les marques n'étant que des vecteurs de sens, des entités communicantes, ellesontdonccommencé àcommuniquersurlewebpourimposer leur autoportrait

numérique.

Nous employons ici leconceptd'autoportrait numériquepourcaractériserune

partie de l'identiténumérique. Spécialiste de l'identité numérique, Eanny Georges

décrit cette dernière comme étant composée de trois types d'identité distincts :

identitédéclarative, identité agissante,etidentité calculée

'

L'auteure définit l'identité agissante comme les traces que les autres laissent

de nous surleréseau(un amimettant en ligneune photo surlaquelleonapparaît,

9. Selon le schéma«produit-prix-distribution-communication »(p 155-156) 10. SEMPRINI, Andréa, Lamarque,Que sais-je ?, 1995,p.69.

11. Ibid.,p.43.

(15)

parexemple); l'identité calculée désigne quant à elle toutes les informations sur

lesquelles l'utilisateurn'aaucuneprise, etqui sontcalculéesparle système àpar¬ tir des actionsréalisées, parsoi ou pard'autres, sur le réseau (nombre d'amis ou d'abonnés sur un réseau social; score Klout; pointsd'expérience dans unjeu en

ligne...).

L'identité déclarative, qui nous intéresse tout particulièrement ici, est définie

parlesinformationsquelivre volontairementune personne surleweb: les champs

qu'elle renseigne pour compléter son profil, les photos d'elle-même qu'elle par¬

tage, etc. La représentation de soi est donc ici (contrairement aux identités agis¬

santes et calculées) le fruit d'un choix, où la personne décide de ce qu'elle veut partagerounon. Cette représentation réduit le réel (commetoutereprésentation le

faitnécessairement),etelleestconstruite.Onseconstruitunvisage numériqueque l'on donne à voir àunecommunauté,eton profitedecettesélection d'informations

pouraméliorer l'image de soi : onchoisit la photo la plus avantageuse, onchoisit

ses mots pour s'exprimer et se représenter... C'est à la fois un autoportrait et un

outil decommunication,parlequelon amélioresonimage.

Nousavonsdonné àcetteidentité déclarative lenomd'autoportrait numérique:

cetteexpressionnoussemble bien définir le caractère à la fois contrôléetsubjectif

deccportrait affiché surleréseau. Un autoportraitesteneffet plus subjectifque ne

saurait l'êtreunportraitréalisépar unautre : lorsqu'un peintre représenteunvisage

enface delui, ilpourraledépeindrede manièreobjectivepourobtenirl'effetleplus

réaliste possible. A l'inverse, celui qui réalise un autoportrait sera naturellement

influencé,d'une partparla manière dont ilseperçoitetsereprésente mentalement

(influence inconsciente), et d'autre part par ce qu'il souhaite transmettre de lui

(influence consciente). Etil aura, toutaussi naturellement, tendance à l'améliorer.

Cette tentation d'améliorationestd'autantplus fortequele virtuelsedistingue

(16)

propre corps ; nousvivonsdansunevueàla premièrepersonne.Lasituationesttrès

différente sur l'écran, puisque tout cequ'on y fait, toutce qu'on y met, nous est

visible. On voit son avatar, les textes que l'on rédige, les mots qu'on emploie :

l'écran agit en somme comme un miroir qui permet de s'observer vivre sur le web. Cette vision de soipermanente, cettedistanciation vis-à-vis denotreprésence

virtuelle,nouspermetdéjugeren permanencedeson apparenceetde l'effetqu'elle produit. Cette observation à la troisièmepersonne nous incite à prendredureculet

à vouloir améliorercetavataragissant quinousreprésente.

Cette améliorationpermanentequ'autorise le virtuel (sans parler de l'anonymat

physiquequi permetégalement de s'attribuertout simplementd'autres identités),

aconduit les internautes àadopterunesprit critique vis-à-vis des informations pré¬

sentessurle web:ceux-ci ontconsciencequelesindividusoulespromessesqu'ils

ycroisentnerestent quedesmots oudesimages, etne sontpas nécessairement le

reflet de la réalité.

Cedécalageentredéclarations numériques (autoportraits) etréalitéestdevenu

proverbial, aupoint d'en devenir des règles dans les "règles de l'internet" :

29. In the internet ail girls are men and ail kids are undercover

FBI agents.

30. Thereare nogirlson the internet.

Parl'anonymatou les libertés vis-à-vis de la vérité qu'elle autorise (améliora¬

tion artificielle de sonimage), l'autoportrait numérique suscite donc la méfiance.

13. Uneliste derèglesmouvantes,néessur4chan,etadoptées selonleurpopularité dumoment. Certaines,comme les règles 29et 30 citées ici,sontpérennes. Bienque cetteliste n'ait donc rien

d'officiel, elletémoigne desperceptionsdu webpar unecommunautéayantunepratiquequotidienne d'intemet.

(17)

Les promesses du web sontperçues avec suspicion, d'autant plus lorsque le dis¬

cours provient d'une organisation àvocation commerciale.

Et cette méfiance est double lorsque celles-ci concernent les sociétés de ser¬ vice. Il existe en effet une différence importante entre une marque proposant un

produit (unobjet tangible dont lapersonne pourraévaluer le design etla finition)

et unemarqueproposantunservice (qu'iln'estpaspossible d'appréhender physi¬

quement). Or, une agenceweb seprésenteà la foispar sonvisage numérique (son

site web, sespublications en ligne) et proposedes services : un double motif de

suspicion pourl'internaute qui ladécouvre. Comme le signale ChristèleCamelis,

«l'intangibilité des servicesmarqués en concurrenceplace leconsommateurdans

l'incapacité de distinguer et de comparer les caractéristiques etattributs des ser¬ vicesproposésetdéjuger de leur qualitésouventmême après achat »

14.

Leclient

potentielestdonc confrontéàune «réalité complexedifficilement compréhensible

», cequi accroît saperception des risques.Pourcompensercelle-ci, lamarquede service doit donc selon l'auteurerassurerle clientsurle niveau dequalitéetd'effi¬ cacitéqu'ilestendroit d'attendre.Uneagencewebestdonc confrontée àundouble défi poursurmonterl'appréhensionque la virtualité dunumériqueetl'intangibilité

de sesservicessuscitent.

Philippe Payen explique que « l'identité numérique peut apporter des bien¬

faits, d'autant plus que la valorisation de son image n'est pas contrôlée. Si nos

proches nous connaissent - difficile de tricher - le réseau digital est, de fait, vir¬

tuel et les allégations oniriques invérifiables. On se fait beau dans la glace pour

se plaire anonymement »

15.

L'auteur meten avant le caractère positif decet au¬

toportrait numérique, à travers lequel on peut améliorer son image. Ce point de

14. CAMELISChristèle, « L'influence de l'expérience surl'image de la marque deservice »,

2009/2(Vie & sciencesdel'entreprise nl82).

(18)

vue nous semblepourtant fragile, puisque l'objectif de toute marque estbien de

promouvoirl'achat : eten profitant des produits oudes services de la marque, le clientestconfronté à la réalité de la marque. Si l'autoportrait numérique est trop

éloigné de l'identitéréelle de lamarque,la mascaradetournera court,carl'écarten

serad'autantplusperceptible. Les libertés del'autoportrait numérique sontencela

trompeusesqu'elles mènent nécessairement (en dehors des individus quipeuvent

agir indéfiniment en restant de simples masques sur le web) àune confrontation

avec le réel. L'autoportraitnumérique d'une marque a donc tout intérêt à se rap¬

procheraumaximum de sonidentité réelle,pour ne pasgénérer de déception.

1.2 Desoutils de communication innovants

1.2.1 Le brandcontent :d'une culture du messageàuneculture ducontenu

L'expression brandcontent est, contrairement à cequ'elle suggère, d'origine

française : unnéologisme dû à Daniel Bô etMatthieu Guével dans leur livre

épo-nyme : brandcontent, commentlesmarquesse transformentenmédias

l6,

paru en 2009.

Lebrandcontent estcependant loin d'êtreuneactivité récente. Les auteursde

l'ouvrage citent lecas emblématiqued'une entreprise spécialisée dans la fabrica¬

tion de pneus, qui lançaen 1900 un guide qui donna envie auxutilisateurs d'user leurs pneus sur les routes de France : le guide Michelin! \ De nombreux autres

exemples de brandcontent ont vule jourau cours du vingtième siècle

iïs

: onpeut

citer ici l'exemple caractéristique des soap opéras, dont lenom vienttout simple¬

mentdu faitqu'ils étaientsponsoriséspardesmarquesde savon.

16. BÔDaniel, GUEVEL Matthieu, Brand content, Commentles marques se transformenten

média, Dunod,2009.

17. Ibid.,p.XII.

(19)

Si laproductionoulasponsorisationdecontenuspardesmarquesestdonc loin d'être un faitnouveau, un changement d'échelle s'estopéréces dernières années,

aupoint qu'il fallaittrouverunnomàcephénomèneenpleinessor.

L'expression peut se traduire parcontenu de marque, unetraduction à la fois plus riche et plus pauvre que l'expression originale : plus pauvre, parce qu'elle

oppose un peu trop le contenuau contenant (contenu contre publicité), un mani¬

chéisme absent dunéologisme; l'expression « contenude marque » présente ce¬

pendantunintérêtpour le double sens qu'elle autorise (un contenu appartenantà

unemarque, ouuncontenude qualité,commel'estun«invité demarque»), double sens très représentatif de la plus-value qu'offrece conceptpour une marque. Par

défaut,nous parleronsici decontenu demarque.

L'avènement ducontenudemarquecorrespond àune mutation sociale,en par¬ tie induite parla généralisation d'Internet. Le marketing des marques s'est long¬

tempsappuyésur uneculturedumessage,etafonctionné sur unmodèle transmis-sif:la marqueimposaitson messageàsacible. Ce modèlefonctionnaittantqueles

médias existants étaient descanaux ennombre restreint : quelques chaînes de télé¬

vision, magazinesen nombre limité... Lamarqueprofitait donc des points depas¬ sageobligés de l'audiencepour présenterson message, àla manière d'uneaffiche

posée à proximité d'un carrefour à fort trafic. Ces « embuscades » publicitaires

étaient d'autant plus simples à réaliser que les médias historiques fonctionnent

comme des tunnels : la télévision est en effet un média relativement simple, où

chaque chaîne porte bien son nom : c'estune chaîne qu'on suit demanière conti¬

nue, où ce sontles programmateurs qui décident de l'enchaînement. Les publici¬

tairessavent doncqu'àtelle heure,etpourtelprogramme,telle cibleseraprésente

d'aprèsles étudesréaliséessurlescatégories socio-professionnelles.

L'éclatement des médias(l'introduction de la TNT, du câble,etc.) d'unepart, et

(20)

fonction-nement d'Internet est tout autre : c'est l'internaute lui-même qui, par son action,

passe sans cesse d'un site à un autre à partir des hyperliens; chaque navigation

estunique, etpeut avoir lieu àtouteheure. Pourreprendre l'image du carrefour :

chaque site web devient un carrefour. Or, le web compterait selon une étude de Netcraft de mars 2012 plus de 644 millionsde sites

19

(en neprenant en compte

que les sites actifs) etplus de 1000 milliards de pages. Difficiledans ces condi¬ tions de prévoir le parcoursde l'utilisateuret décider à quel carrefour placer son message. Il existeévidemmentdesplateformes dont le fort trafic fait des endroits privilégiéspouratteindre sacible : des lieux de rassemblementoude passagetels que Google, Fucebook,Twitter... Autantde plateformes qui suscitentl'intérêt des publicitaires. Leproblèmerestecependantcomplexe,car cessitesattirentunpublic large. Unspectateurregardanttelprogrammetélévisésera sansdouteplus sensible

à tel message, et à tel typede produit : les publicitaires peuventdonc avec la té¬

lévision cibler des personnes apriori. Pourobtenir unmêmerésultat surInternet, il devient nécessaire de profiler la cibleen fonction de son activité : les requêtes

qu'elle lance dans lemoteurderecherche,letyped'activitéqu'ellepratique surles réseaux sociaux...

Aveclamultiplication dessupports,il devient donc difficile de continuer àexer¬

cercetteculturedu message. Au-delà deces aspectsmutations techniqueset éco¬

nomiques, on peuttrouver uneraison plus pragmatique à l'avènement ducontenu

de marque. Comme le signale Aurélie Boué, codirectrice de BETC Content, dans

un article de Stratégies dédié au brand content : « L'engouement pour le brand

contentcorrespond à denouveauxbesoins induits parla révolution digitale. Après

l'équipement en sites web puis la création de profils Facebook, les marques ont 19. Source: étude Netcraft demars2012: http ://news.netcraft.eoni/arehives/20I2/03/Û5/march-2012-wcb-server-survey.html

(21)

réalisé qu'elles devaient alimenter ceux-ci sur la durée avec du contenu

»20.

En s'inscrivant surle web, les marques ontdonc mis en place des sites vitrines, puis créé descomptessurles réseaux sociauxavecl'avènement duweb2.0. Cependant,

unefoiscréés, cesinstrumentsdevaient être naturellement alimentés:les sites web

devaient êtreactualisés pourmaintenir leurpositionnementdans leréférencement desmoteurs de recherche etpourjustifier leretourrégulier deleursvisiteurs;les comptes des réseaux sociaux devaientêtre enrichispourprovoquer une émulsion

autourde la marque.

La culture du contenu apparaît alors comme une solution possible pour sur¬ monter certains de ces obstacles. Cette culture-ci s'appuie sur la génération de

contenus susceptibles d'intéresserun public : l'objectif n'est plus que le message

se rendejusqu'à une cible, mais que le public se rende jusqu'à un contenu, et le

transmettedelui-même àsonentouragepourl'engouementqu'ilasuscité. On voit

poindredanslestermesemployésunedifférence de tailleentreculturedumessage

etculture ducontenu:lapremièreviseunecible,tandisquel'autres'adresse àune

audience.Lepublicn'est plusnonplusconsidérécomme unrécepteurpassif, ilde¬

vient le transmetteurde la communication. Enproposant ducontenu, les marques

se changent en médias, mais les individus eux-mêmes se changent en média, en

transmettantlescontenus.

Pour susciter l'intérêt d'unpublic, ces contenus doivent cependant respecter certainscritères,que listent Daniel BôetMatthieu Guével :

« Par-delà leur grande diversité, les opérations de contenu de marque se dis¬

tinguentpartrois élémentsrécurrents :

- Ce

sont des communications qui ne cherchent pas seulement à véhiculer

ou transmettre un message, mais sont en elles-mêmes une expérience qui

(22)

apporteunbénéficeensoi.Lecontenun'estpas seulementun moyen en vue d'unefin, c'est aussiunefinensoi.

- Ce sontdes communications

qui ne sontpas focalisées sur leproduitou la marque, mais qui s'efforcent de les resituer dans un système complet, un sous-ensemble culturel (narratif, pédagogique, encyclopédique).

- Ce

sontdes communicationsquidépassent la relation commercialeets'adressent

auspectateurnon pas comme unacheteur potentiel, mais aussicommemembre

d'unpublic.

»21

Onperçoit ici les différences fondamentalesavecla culture dumessage :lecontenu de marquen'estpasfocalisésurlamarque etsur la conversion, mais surune

plus-value à apporter. La différence tient essentiellement à la décentration dont fait preuve la marque : elle ne parle plus d'elle, mais offre au contraire un contenu autonome; elle n'estplus aucentre de sastratégie marketing, c'est le spectateur

quiestaucentre. Lamarques'inscrit seulemententantquepériphérique:ellepro¬ pose uncontenu, sechange en éditeurpour valoriser uncontenu avec lequel elle

se sent en adéquation; marque et spectateur partagent ainsi un intérêt commun.

La relation s'entrouveentièrement renouvelée: au lieu detransmettreunmessage

directement à sa cible, lamarque regarde dans la même direction que son public,

génèreune relation tripartite où elle n'est plus au cœur de l'attention, mais béné¬

ficie de saprésencedanscetunivers qu'ellepartage avec le public. SelonPhilippe

Payen, «la création de contenu permetdeconstruireune identité numérique »

~2

;

celle-ci n'est pas auto-construite de toutes pièces, mais prend forme de manière

indirecte : enpartageantdes intérêtscommuns,desvaleurs autourde contenus.

Lechangement de paradigmeestmajeur:lamarque neraisonne plusenterme

21. BODaniel, GUEVEL Matthieu, Brand content, Comment les marques se transforment en

média,Dunod,p.5

(23)

de ROI(return oninvestissment) maisentermede ROA (returnonattention). Mais

pouratteindrecetobjectif, il faut être«intéressantavantd'être intéressé».La fina¬

lité n'est évidemmentphilanthropique: lamarque enretireunbénéficeen existant à côté des contenus qu'ellepropose. Lecontenudemarquefonctionne ainsi selon

un modèlerayonnant. Le rayonnement culturel généré par les contenusproposés

irradieetilluminethéoriquementlamarquequienestà l'origine:celle-ciygagne ainsi en notoriété. A la manière d'une révolution copemicienne, la marque cesse

d'être le centre de sonunivers : elle s'inscrit dans ununivers plus vaste, dans un

contextedont elleprofitera de larichesse.

S'il fallaitendéfinitive faireunedistinctionentremessagepublicitaireet contenu

de marque, on pourrait la résumer en ces termes : l'un est unepromesse (censée

se réaliserau momentde l'achat du service ou duproduit), l'autre est un cadeau

(au bénéfice immédiatettangiblepourle public). Lecontenudemarqueconstitue

donc une orientation résolument différente pourpromouvoir les marques. Daniel

BôetMatthieuGuéveldistinguent troistypesdecontenusdemarquepossibles, où la marque endosseraunrôleresponsablepour :

-informer,enproposantdescontenusàvisée informationnelle, de découverte.

-distraire,enmettantàdispositiondescontenusludiques.

- rendre

service,parla valorisation decontenusutiles.

Information, distraction, et utilité sont donc les nouveaux facteurs clefs de la

communication de marque.

1.2.2 Lestorytclling, nouveaufild'Ariane de lamarque

Lestorytelling,ou«l'art deraconterdes histoires»,n'estpasplusquelebrand

content un concept nouveau : l'humanité a toujours employé des histoires pour

(24)

Homère, ou l'épopée de Gilgamesh (le plus ancien récit de l'humanité trouvé à

cejour), commedes exemples de

storytelling23.

Lescontes, qui se transmettaient

autrefois de manièreorale, peuventégalementêtre citésenexemple : ilstransmet¬ taientaux enfantsetadultes des valeurs autraversde leurs histoires.

Une définition aussi large reviendrait cependant à considérertoute la littéra¬ ture, et de manière l'art en général, comme du storytelling. Nous restreindrons

donc ici l'acception decetermeà l'usage quien estfait à l'heureactuelle: l'art de

raconterdes histoires pour une entitéprécise, ayantdes objectifs de conversion à réaliser:que cesoitune marquesouhaitant promouvoirsesproduits,uneentreprise

voulant motiver ses employés, eu un groupepolitique projetantde convaincre de

nouveaux électeurs. Dans son livre de référence surle

sujet24,

Christian Salmon

décriten effetcomment le storytelling aétéemployé massivement dès les années 90 dans les domaines les plus divers; le storytelling a envahi tous les domaines de la communication du fait de saredoutable efficacité : politique, publicité, ma¬ nagement,journalisme... Celui-ci permeten effetde transmettre desmessages en faisantl'économie d'arguments,parl'emploi del'onirisme : encourt-circuitantle

rationnel, en « touchant lecœursanspasser par le cerveau». Si les effets néfastes

du storytelling ont amplement été démontrés par l'auteuret décrivent un monde

particulièrement inquiétant, certains auteurs défendent aussi «une idée très posi¬

tive dustorytelling»

2L

Ceux-làmontrentl'extraordinaire pouvoir de convictionet dedynamisme quepeut susciter le storytelling, permettantdepousser les équipes

ou les foules versl'avant, plus loin qu'elles n'auraientpu allerpar l'emploi d'ar¬

gumentsrationnels. Ceque défenseurs etdétracteurs expriment dans leurpropos,

23. Ibid.,p. 161-162.

24. SALMONChristian, Storytelling, la machineàfabriquer les histoiresetà formater leses¬

prits,La Découverte,2008.

(25)

c'est quele storytelling n'estendéfinitive qu'un outil,aucaractèreneutre,quipeut

être utilisé à « bon » ou « mauvais escient ». Peut-être a-t-il davantage saplace

dans certains domaines quedans d'autres, etsansdoutesonemploi peut-ilêtre in¬

terrogé lorsqu'ilestemployécommeprincipalargumentde communication; nous

nouscontenteronsd'observer quetoussoulignentl'efficacitédecetoutilenmatière

de communication.

De par sanature, le storytelling semble êtreun outil hybride, appartenant à la

fois à la culture ducontenu età celle du message : il emprunteà l'uneun contenu

ludique, divertissant, onirique; il conservede l'autre la volonté de transmettre un

message auprofit du destinateur (personne, entreprise, oumarque).

L'application du storytelling au web peutparaître paradoxal, au regard de ce que nous avons dit de la méfiance qu'inspire l'autoportrait numérique. Philippe

Payenne manque pas de relevercefait ;

«Ladémarche pourra sembler paradoxale dansunecivilisationsurmédiatisée

qui émet des signaux forts de défiance voire de cynisme vis-à-vis des messages diffusés. Mais l'individu-éternel rêveurd'absolus-,lui, vit dansl'espérance d'un

monde meilleur. C'est pour correspondre à cette nécessité génétique d'onirisme

que le storytelling induit le « il était une fois » qui met en situation les contes

merveilleuxdans l'univers de la communication à vocation commerciale. Afin que le lecteury adhère spontanément. Ensuite, la qualité de l'argument transforme la

pulsion onirique enoffre pragmatique »

Si le storytelling consiste àraconterunehistoire, cen'estpasdans le but de

(^/

raconterdes histoires» :ilpermetd'organiser les signes de manière à n'enraconter

qu'une seule, unifiée, plus facile à intégrerpourle spectateur. Comme le signalent

Daniel BôetMatthieuGuével, lestorytellingpermet «d'organiser la diversité des

(26)

signes de la marque

»2

', il est donc utile pour assurer une cohérence entre ses divers éléments. Il intervient comme un fil rouge conducteur et unificateur. Par

le biais de la fiction, certes, mais de manière à rendre l'identité de marque plus

intelligible; cesont des « outils de cohérence face à la complexité du monde

»28.

Lestorytellingestunmoyenefficacepourdire lavéritéparle biais de lafiction,une histoirepermettantdemieux appréhender les valeurs d'unemarquequ'undiscours

rationnel.

S'il constitueun outil potentiellement puissant, ilconvient cependant de pré¬ ciser que le storytelling répond à certaines règles pour susciter l'adhésion de ses

spectateurs. John Sadowsky et Loïck Roche ne manquent pas de le souligner : «

L'objet n'est évidemment pas d'inventer des histoires qui n'auraient aucun lien

avec ce que vousêtes vraiment, mais bien de réussir à donnerun «nouvel angle »

auxévénements de votre vie »29. Si leur propos portesur le storytelling appliqué

aumonde dumanagementd'entreprise, la règleestvalablepourtoutesles applica¬ tions dustorytelling: cedernierneracontepas« deshistoires »,maisunehistoire unificatrice;etcelle-cine secréepasexnihilo, elles'appuiesurdes réalités qu'elle

secontentedesoulignerparla fiction.

27. BÔDaniel, GUEVEL Matthieu,Brandcontent, commentlesmarques setransformentenmé¬

dias, Dunod, 2009,p.76. 28. Ibid.

29. SADOWSKYJohn,ROCHE Loïck, Les 7 règles du storytelling,coll. Village mondial,

(27)

2

Analyse de l'existant

2.1 Présentation de lastructure

2.1.1 L'agence

S'ilestusuel dansunmémoire de stagede présenterla structuredans laquelle

s'est déroulé le stage, cette présentation revêt une importance toute particulière dans le cas présent. Interveniren tant que rédacteurau sein d'une agence revient

à parler en son nom : les articles, les présentations, les accroches, sont conçues pourêtre intégrées dans sacommunication. Ces textes doivent donc répondreaux critères de la structure. Il est indispensable à ce titre d'appréhender etd'intégrer

la manière dont sedéfinit l'entreprisepouradapter la rédaction à son discours, se

familiariseravecles valeurs,l'esprit, le savoir-faire, le savoir-êtreetle savoir vivre

qu'elleveut transmettre.

Crééeennovembre2010,l'agence ImpalaWebstudioestbasée dans les locaux d'une ancienne école à Roubaix. Lancéeet dirigéeparquatrepassionnés duweb,

elle s'articule autourde Benjamin, chef de projet,

Émeline,

directrice artistique,

Samuel, intégrateur et développeur, et Baptiste, directeur technique. Les quatre

associés se sont rencontrés au sein d'une précédente agence web où ils étaient

colllègues : ils ontdécidé de monter leurpropre agence pourmettre en commun leur savoir-faireetlesvaleursqu'ils partagent.

Spécialisée dans la création de sites Internet, elle proposeégalement d'autres

services, telsquela création d'e-mails, de logo, oudes solutions d'hébergement.

2.1.2 Ses valeurs

Nous parlerons ici de valeurs quand certains parleraient plutôt d'éthique. Et bien queleterme soiten effet adapté, il nous semblait pourtantcurieusement

(28)

dé-placé. A la lecture desouvrages consacrésaux marques, nous avons finipar com¬

prendre que notre expérience dans la vente avait apposé son empreinte sur la ré¬ daction. Onneparle eneffet jamais-ourarement-d'éthique dans le marketing.

Du reste,nousavons puconstaterl'absencedumot surle terrain : surle site

d'Id-group, pourlequel nous avons eu l'occasiondetravailler, lamarqueexprime bien

sesvaleurs nos valeurs : progrès,partage, respect

»30)

etjamaisson «éthique ». Pourtant, éthique et valeurs partagent un lien évident, comme le souligne An¬

dréa Semprini : «Ces valeurs [... ] représententlasubstance éthique, symbolique

et sociale nourrissant une société dans sa globalité

»31.

L'éthique s'attache donc

bien auxvaleurs, mais c'est pourtantia seule mention duterme dansles ouvrages

que nous avons pu lire surle marketing à l'occasion de cette étude. Il semble que

l'éthique soitindissociable de l'histoireetde la philosophie, et,dans sonapplica¬

tioncontemporaine, indissociable de la

science32.

Ensomme,letermesembletrop

attaché àcesdomaines de recherche pour quele marketing,encorerécent(l'expres¬

sion date des années 60) et consacré àun domaine

vénal33

(le commerce) puisse l'employersansqu'il sembledéplacédanscecontexte.

Puisque notre réflexion porte sur la manière dont une agence web commu¬

niquesurelle-même, il nousparaît intéressant decommencer parlamanière dont

l'agence se présente et se définit elle-même, à travers notamment les deux pre¬ mières pages de son site (dans l'ordre d'apparition du menu principal) : lapage d'accueil etcelleprésentant le service. Le textequi frappele visiteur, àsonarrivée

surla paged'accueil, seprésentecommesuit:

"Une agence web à taille humaine, une équipe à votre écoute.

30. Source:http://www.idgroiip.com/fr/our-vulucs.html 31. SEMPRINIAndréa,Lamarque,Que sais-je ?, 1995,p.43.

32. Source:Wikipédia:https ://fr.wikipedia.org/wiki/%C.3%89thique#Objet_ de_1.27.C3.A9thique 33. Vénal :quin'agitque pourl'argent.L'objectif du marketing vise la rentabilité.

(29)

ChezImpalaWebstudio, nous sommesuneéquipedepassionnés,créa¬

tiveetdynamique. Nous réalisons dessitesinternetclairsetefficaces.

Delasimplicitéen somme, pour vousetvosclients."

34

Par la place qu'il occupe, le texte introductif est le plus important de tous,

et résume les valeurs de l'agence : à taille humaine, constituée de passionnés, à l'écoute des besoins du client, et offrant des sites web résolument orientés vers

l'ergonomieetla simplicité.

La page d'accueil est riche d'enseignement quant au message que souhaite

transmettrel'équipe. Le site présentenonseulementle lieu, mais également l'équipe

elle-même :

« C'estdans l'enceinte d'une ancienne école que l'équipe d'Im¬

pala Webstudio active ses méninges et sa créativité. Un lieu avant toutconvivial, où le travail et la bonne humeurfont bon ménage.

Cette notion de convivialitéestrenforcée parl'invitation quel'équipepropose

dans le paragraphe voisin, en invitant le visiteur du site à leur rendre une visite réelle pour "une pause café". Cette invitation est renouvelée sur la page contact,

où le visiteurestconvié à venir pourparler projet, simplementdire bonjour, ou «

refaire le mondeautourd'un café ». Cettepremière invitation estrenforcéepar le

caractère humain mis en avantpar l'agence : le second onglet du menuprincipal

dirigeeneffetvers une pagedeprésentation del'équipe.

« Unepetite équipe, de grandes idées.

Enfranchissant notre porte, vous rencontrerez une équipe sou¬

dée, complémentaire et toujours prête à relever lesdéfis. Musiciens,

34. Noussoulignons. 35. Noussoulignons.

(30)

photographes, cinéphiles, sportifs, ou voyageurs, nospassions ainsi

réuniesforgent l'identité d'Impala Webstudio. Notre pointcommun ?

Unegrandecuriositéetune vraiepassionpourle monde du web. »

16

EmeSneBulcourt BenjaminMagras Chefdeprojet Ensavoir♦ SamuelDeiaporte Baptiste Benoît DocteurT«ctwq En savoir«■

Figure 1 -Photomaton de l'équipe

Cette introductionestappuyéepar uneprésentation photographique de chaque

membre de l'équipe, sous laforme d'un photomaton (fig. 1). Le choix du photo¬

maton estintéressant, au-delà de réunir quatre identitéssur unmêmesupport. Dans cette cabinephotographique automatique, lapersonnen'a que quelques secondes

entrechaque prisepourrenouvelersapose : la présence desquatremembresausein

du mêmesupportsuggèrequeles membres de l'équipe sesontrelayés pourobtenir la quadruple photo finale, et souligne une amitié au-delà du cadre professionnel. Ce montage dépasse le cadre fonctionnel (réunirquatre personnes sur unsupport

condensé) : il suggère la solidaritéet l'amitié de l'équipe. Le photomaton dépasse

en effet le caractère photographique, et estétroitementlié dans l'imaginaire à un instant de convivialité :laprésence decequadmpleclichédans de nombreux films,

(31)

où les couplessephotographient à deux (fig. 2), voire secréent grâce à lui

37,

té¬

moigned'uneextrême convivialité decetoutil.

Figure 2-RobertRedford, Barbra Streisand

Laconvivialitégénéraleestenfinrenforcéeparlaprésentation dechaquemembre de l'équipe : chaque photographieconduiteneffet àuneprésentation individuelle dechaque membre, où chacun sedéfinit selon ses proprestermes. Non seulement

ces textes de présentation sont enrichis d'une touche d'humour, mais les profils

sont complétés pardes informations personnelles, qu'on partage le plus souvent

surles réseaux sociaux : musiques et films préférés, mais aussiboissonetplat fa¬ voris, letoutassorti d'une citation (fig. 3). Cetteprésentationest,làaussi, assortie

de photographies detypephotomaton, où les poses sont toutesoriginales etdéca¬ lées.

Notre présentation de l'agence n'ayant pas une visée exhaustive, mais seule¬

mentdes principauxéléments mis enavantparl'équipe, nous neprésenterons pas l'ensemble du site. Il nous semble cependant importantde signalerici la hiérar¬

chie des informations decettepage.C'esteneffetl'équipe qui estmiseen avant : 37. JEUNET JeanPierre, AméliePoulain, 2001.

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