© Simon Lepage-Fournier, 2019
Étude phénoménologique du discernement des parents
québécois qui demandent l'initiation chrétienne pour
leurs enfants
Thèse
Simon Lepage-Fournier
Doctorat en théologie pratique
Docteur en théologie pratique (D. Th. P.)
Étude phénoménologique du discernement des parents québécois qui demandent l'initiation chrétienne pour leurs enfants
Thèse
Simon Lepage-Fournier
Sous la direction de :
iii
Résumé
J’ai amorcé ce projet doctoral avec le désir de questionner et renouveler la pratique par laquelle j’accueillais les jeunes familles qui demandaient l’initiation chrétienne. Pour atteindre cet objectif, j’ai centré mes recherches sur la pratique du discernement des parents. J’ai choisi de mener cette recherche en donnant la parole aux parents qui demandent l’initiation, car ils sont les principaux acteurs du phénomène, de là le choix de l’analyse phénoménologique comme méthode d’analyse qualitative. Cette analyse a pu me mener à une description du phénomène et à ses principaux constituants.
Des témoignages des participants, j’ai choisi de faire ressortir l’expérience de relecture d’un élément de salut dans un contexte de transmission difficile. C’est cette expérience qui a été corrélée avec celle du peuple juif (Exode 14-15), celle de Corneille (Actes 10) et celle de la Samaritaine (Jean 4, 1-42). Afin de faire parler ces textes, j’ai choisi la narratologie, car cette approche du récit me semblait bien répondre à la phénoménologie, utilisée comme méthode d’analyse qualitative, qui porte attention aux récits des participants. Cette expérience a aussi bénéficié de l’éclairage du témoignage écrit de Marie de l’Incarnation (Lettres XL et XLI). Pour bien établir le contexte dans lequel prend place le témoignage des parents, je mettrai en valeur les écrits d’É-Martin Meunier, sociologue des religions. Ce cheminement m’a mené à proposer quatre balises pour renouveler les pratiques d’accueil des parents qui demandent l’initiation chrétienne de leurs enfants. Accueillir, en évitant tout préjugé et en respectant le discernement des parents qui les a menés à faire la demande de l’initiation chrétienne. Favoriser une rencontre personnelle en revoyant le temps et les lieux de nos pratiques et en outillant les intervenants pastoraux par le dialogue pastoral, l’accompagnement spirituel ou l’écoute active. Révéler plutôt qu’enseigner, en s’habilitant à témoigner en reconnaissant l’action de Dieu dans sa vie, permettant ainsi de lire son action dans le récit de vie des parents demandant l’initiation chrétienne que l’on aura pris soin d’écouter. Travailler à construire une communauté catéchisante, pour cela développer des propositions à tous les âges de la vie et intégrer l’initiation chrétienne au cœur du vécu communautaire.
iv
Abstract
I began this doctoral project with the desire to question and to renew the practice by which I welcomed the young families which asked for the first communion and for the confirmation. To reach this goal, I centered my searches on the practice of the discernment of the parents. I chose to lead this research by handing over to the parents who ask for the initiation, because they are the main actors of the phenomenon, from there the choice of the phenomenological analysis as qualitative method of analysis. This analysis was able to lead us to a description of the phenomenon and to its main constituents. Testimonies of the participants, I chose to highlight the experience of review of an element of salute in a context of difficult transmission. It is this experience which was correlated to that of the Jewish people (Exodus 14-15), that of the Crow (Acts 10) and that of the Samaritan (Jean 4, 1-42). To make these texts speak, I chose the narratology, because this approach of the narrative seemed to me good to answer the phenomenology, used as qualitative method of analysis, which pays attention on the narratives of the participants. This experience(experiment) also benefited from the lighting of the testimony written by Marie de l' Incarnation (Lettres XL and XLI). To establish the context in which takes place the testimony of the parents, I shall emphasize the papers of É-Martin Meunier, sociologist of the religions.
This progress led me to propose four beacons to renew the ways pastoral ministers welcome the parents asking Christian initiation for their children. Welcome, by avoiding any prejudice and by respecting the discernment of the parents which led them to make the request of the Christian initiation. Favor a personal meeting by revising the time and the places of our practices and by equipping the pastoral ministers by the pastoral dialogue, the spiritual accompaniment or the active listening. Reveal rather than teach, by authorizing to testify by recognizing God's share in its life, so allowing to read its action in the narrative of life of the parents asking for the Christian initiation that I shall have taken care of listening to. Work on a friendly community, for it develop proposals at all the ages of the life and integrate Christian initiation at the heart of the community real-life experience.
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Table des matières
Résumé ... iii
Abstract ... iv
Sigles ... viii
Remerciements ... ix
Introduction ... 1
Originalité de cette recherche ... 1
Contexte social et ecclésial du phénomène à l’étude ... 7
L’intervenant, sa posture et sa pratique initiale ... 9
Structure et plan de thèse ... 11
Chapitre 1. Enquête ... 14
1.1. Cueillette des données ... 14
1.2. Analyse des données ... 16
1.2.1. Présentation des différentes étapes de l’analyse qualitative ... 17
1.2.1.1. Rédaction des verbatim ... 17
1.2.1.2. Séparation des verbatim en unités de signification ... 18
1.2.1.3. Reformulation objective, puis apparition du lien à l’intentionnalité. ... 18
1.2.2. Structures de chaque témoignage... 18
1.2.2.1. Structure du témoignage d’Alain ... 19
1.2.2.2. Structure du témoignage de Béatrice ... 22
1.2.2.3. Structure du témoignage de Chantal ... 24
1.2.3. Découverte des constituants essentiels ... 27
1.2.3.1. Éléments constituants du témoignage d’Alain ... 28
1.2.3.2. Éléments constituants du témoignage de Béatrice ... 45
1.2.3.3. Éléments constituants du témoignage de Chantal ... 63
1.2.3.4. Où en sommes-nous ? ... 85
1.2.4. Présentation des composants essentiels ... 85
1.2.4.1. Une expérience à dégager de l’épaisseur humaine ... 91
1.2.4.2. Une expérience tirée d’un contexte particulier ... 101
1.2.4.3. Un choix enraciné dans une expérience et motivé par les finalités de l’initiation chrétienne ... 109
vi
1.2.5. Définition phénoménologique ... 118
1.2.6. Conclusions de l’analyse qualitative et identification de l’élément déterminant du phénomène ... 119
1.2.6.1 Expérience et contexte à corréler ... 123
Chapitre 2. Interprétation ... 125
2.1. Apport de la sociologie du catholicisme ... 126
2.2. Exégèse et méthode d’analyse narrative ... 131
2.2.1 Analyse narrative d’Exode 14-15, 1-21 ... 133
2.2.1.1. Indices de la narration liés aux personnages ... 137
2.2.1.2. Corrélation avec l’expérience des participants ... 139
2.2.2. Analyse narrative de Jean 4, 1-42 ... 142
2.2.2.1. Indices de la narration liés aux personnages ... 146
2.2.2.2. Corrélation avec l’expérience des participants ... 148
2.2.3. Analyse narrative d’Actes 10 ... 151
2.2.3.1. Indices de la narration liés aux personnages ... 156
2.2.3.2. Corrélation avec l’expérience des participants ... 158
2.3. Marie de l’Incarnation... 160
2.4. Enjeux soulevés par l’interprétation ... 163
Chapitre 3. Balises en vue d’une pratique renouvelée ... 165
3.1. Accueillir... 165
3.2. Favoriser une rencontre personnelle ... 169
3.3. Révéler, plutôt qu’enseigner ... 174
3.4. Travailler à construire une communauté catéchisante ... 177
3.5 Retour sur les éléments différenciateurs ... 183
3.5.1 Valoriser la participation active de l’enfant au discernement ... 183
3.5.2 Inviter Dieu au cœur de ce discernement ... 185
3.6 Présentation de la pratique renouvelée ... 186
Conclusion ... 189
Retour sur les acquis ... 189
Lecture théologique du phénomène ... 190
Implications pour l’intervenant et sa pratique ... 190
Ma formation en accompagnement spirituel comme atout dans la rencontre de l’autre ... 191
vii
La pastorale d’engendrement, source de renouvellement de mes pratiques et
attitudes ... 194
Le discernement de l’enfant, une inconnue à découvrir ... 194
Annexe A La rencontre d’information et de discernement ... 196
Annexe B : Amorce pour le dialogue lors de la rencontre ... 201
Annexe C : Outil de dialogue ... 202
Annexe D : Témoignages... 204
D.1. Témoignage d’Alain ... 204
D.2. Témoignage de Béatrice... 213
D.3. Témoignage de Chantal ... 222
Annexe E. Reformulation objective, puis apparition du lien à l’intentionnalité ... 238
E.1. Reformulation objective du témoignage d’Alain, puis apparition du lien à l’intentionnalité Alain ... 238
E.2. Reformulation objective du témoignage de Béatrice, puis apparition du lien à l’intentionnalité ... 269
E.3. Reformulation objective du témoignage de Chantal, puis apparition du lien à l’intentionnalité ... 294
Annexe F : Lettres XL et XLI de Marie de l’Incarnation ... 343
Annexe G : La pratique renouvelée ... 345
Annexe H : Convictions de Mgr Morissette ... 347
Bibliographie... 348 Discernement ... 348 Initiation chrétienne ... 348 Dialogue pastoral ... 351 Méthodologie ... 351 Catholicisme québécois ... 352 Marie de l’Incarnation... 352
Contexte ecclésial au Québec ... 353
viii
Sigles
Ac Actes des apôtres
CECC Conférence des évêques catholiques du Canada DGC Directoire général de la catéchèse
Ex Exode
s/o Sans objet
US Unité de signification
ix
Au frère Marc Le Goanvec, Compagnon de route formidable, modèle d’écoute, d’humilité et de service.
x
Remerciements
J’aimerais remercier chaleureusement le Fonds Clément-Lockquell, la fondation du Séminaire de Sainte-Thérèse et l’Ordre des frères mineurs pour leur soutien, ainsi que mon directeur de recherche et mon comité d’encadrement pour leur conseil et leur éclairage. Ma reconnaissance va aussi vers les membres de la Faculté et mes collègues de programme qui ont enrichi ma réflexion par leur enseignement ou nos échanges. Finalement, je voudrais remercier ma famille pour leur soutien indéfectible.
1
Introduction
En amorçant mes études doctorales en 2013, je planifiais étudier un élément de ma pratique, c’est-à-dire la rencontre d’information et de discernement que je proposais aux parents demandant l’initiation chrétienne pour leurs enfants. Cette pratique se voulait un dialogue pastoral soucieux de permettre aux parents d’exprimer leurs souhaits face à l’initiation chrétienne et aux intervenants pastoraux d’exposer leurs convictions. L’étude de cette pratique me semblait possiblement très fertile puisqu’elle est au cœur de la transition d’un modèle d’Église de chrétienté à un modèle d’Église missionnaire.
Cependant, en approfondissant mon projet d’études avec mon comité d’encadrement, j’ai constaté qu’un tel projet d’études ne pouvait mener qu’au perfectionnement de cette pratique locale, mais qu’en prenant un pas de recul il serait possible de proposer des balises pour renouveler les différentes pratiques d’accueil des demandes d’initiation chrétienne. Pour cela, j’ai fait le choix d’étudier le discernement des parents, avant qu’ils ne formulent une quelconque demande à l’Église. Par le biais de la phénoménologie, qui donne la parole aux principaux acteurs, je me suis mis à l’écoute de parents ayant fait une demande d’initiation chrétienne pour leurs enfants. À travers cette analyse qualitative, mon objectif principal est de comprendre le discernement des parents québécois qui décident d’intégrer leurs enfants à une démarche d’initiation chrétienne.
Les deux objectifs secondaires de cette recherche sont de renouveler la démarche d’accompagnement des parents qui discernent l’intégration de leurs enfants à une démarche d’initiation chrétienne et de situer le phénomène dans son contexte ecclésiologique.
Originalité de cette recherche
Pour bien identifier l’originalité de cette recherche, j’ai débuté par investiguer le concept de discernement et le champ de l’initiation chrétienne, qui m’a mené au corpus sur le dialogue pastoral.
2
J’aimerais tout d’abord clarifier le concept d’initiation chrétienne.
Initiation chrétienne, initiation à la vie de disciple à la suite de Jésus, cela implique l’entrée et la mise en route sur la Voie chrétienne résumée par ce verset célèbre des Actes des Apôtres : Ils étaient assidus à l’enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières (Ac 2,42)1.
Cette citation de Lucien Robitaille indique que l’initiation chrétienne n’est pas seulement une transmission de connaissances, mais l’initiation à un vécu communautaire de la foi. L’initiation chrétienne veut initier le croyant à tous les axes de la vie chrétienne.
C’est à ce moment que l’expression « initiation chrétienne » fait son apparition, non seulement pour désigner la célébration des sacrements elle-même, mais pour recouvrir l’ensemble du dispositif qui permet à une personne d’être introduite à la vie chrétienne2.
Cette citation de Gilles Routhier permet de bien saisir que l’initiation chrétienne est un concept plus large qui ne se limite ni aux sacrements ni aux préparations sacramentelles. Bien que sacrements et préparations sacramentelles en fassent partie intégrante, l’initiation chrétienne ne saurait s’y limiter. « Pareillement, la préparation immédiate à la célébration du baptême, de la première communion ou de la confirmation ne peut se confondre avec le processus plus global qui introduit ou initie à la vie chrétienne3. »
Benoît Malvaux s’est intéressé à l’accès aux sacrements4, sa réflexion a permis d’identifier
les grandes motivations des parents : offrir à leurs enfants ce qu’ils ont reçu et souligner solennellement certains passages. De plus, Malvaux a bien identifié la dynamique difficile qui se joue entre les intervenants et les parents qui effectuent des demandes sacramentelles
1 Lucien Robitaille, Les relations en initiation chrétienne; Point de vue des sciences pastorales, dans Gilles
Routhier (dir.), L’initiation chrétienne en devenir, Montréal, Médiaspaul, 1997, p. 64.
Dans le document diocésain Semer l’Évangile dans le champ du monde du diocèse de Saint-Jérôme, on retrouve une conviction similaire en énonçant que « Former à la vie chrétienne, c’est initier à la prière, à la Parole de Dieu et aux rites, et favoriser des voies d’engagement au service de l’humanité. » p. 11.
2 Gilles Routhier, (dir.), L’initiation chrétienne en devenir, Montréal, Médiaspaul, 1997, p. 16. 3 Idem, p. 18.
4 Benoît Malvaux, « L’accès aux sacrements; Pratiquer l’ouverture sans brader - Plaidoyer pour une approche
positive de la diversité », dans Philippe Bacq et Christoph Theobald (dir.), Une nouvelle chance pour l’Évangile; Vers une pastorale de l’engendrement, Bruxelles, Lumen Vitae, 2004, p. 107-124.
3
sans désirer adhérer à une communauté chrétienne ni approfondir leur foi. C’est précisément l’accueil de ces demandes qui me pose question et qui pourrait possiblement bénéficier d’une plus ample compréhension du discernement des parents.
La littérature dans le domaine de l’initiation chrétienne a confirmé mon choix d’étudier le phénomène du discernement plutôt que la rencontre d’information et de discernement que j’animais puisque, au regard de la littérature, cette rencontre est possiblement dépassée. En effet, Luc Aerens a questionné directement la pertinence d’une inscription préalable à un cheminement catéchétique dans son article Organiser la catéchèse sans exiger une inscription obligatoire5. Cet article met en lumière la transition de la préparation
sacramentelle à une catéchèse de cheminement permanent qu’Aerens a proposé dans son livre La catéchèse de cheminement; Pédagogie pastorale pour mener la transition en paroisse 6. Cette transition suggérée par Aerens est bien présente dans les projets
diocésains d’initiation chrétienne7 et de l’Assemblée des évêques du Québec8. Cette
transition, on peut aussi la retrouver dans la littérature sur le catéchuménat ou s’identifiant au courant catéchuménal9. Henri Deroitte a développé, dans les ouvrages qu’il a rédigés ou
dirigés10, ce thème du décloisonnement de la catéchèse pour l’amener vers un cheminement
permanent. Dans le même sens, Routhier dans son ouvrage Sacrée catéchèse ! Quand tu déranges familles et paroisses, propose les concepts d’éducation permanente et de « Cité éducative » 11. Cette transition de l’initiation chrétienne pour être réalisée doit s’assurer que
5 Luc Aerens, Organiser la catéchèse sans exiger une inscription obligatoire, dans la revue Lumen Vitae,
Choix pédagogiques de la catéchèse, Bruxelles, 2005. p. 341-358
6 Luc Aerens, La catéchèse de cheminement; Pédagogie pastorale pour mener la transition en paroisse,
Lumen Vitae, collection pédagogie et catéchèse, Bruxelles, 2002.
7 Jean-Claude Turcotte, Proposer aujourd’hui Jésus Christ; Une voie de liberté et de responsabilité,
Montréal, Église catholique de Montréal, 2003. Gilles Cazabon, Semer l’évangile dans le champ du monde. Orientations pour la formation à la vie chrétienne, Diocèse de Saint-Jérôme, 2004.
8 Assemblée des évêques catholiques du Québec, Jésus Christ, chemin d’humanisation, Montréal,
Médiaspaul, 2004. Assemblée des évêques catholiques du Québec, Cette catéchèse qui bouscule familles et communautés chrétiennes, Montréal, Fides-Médiaspaul, 2007.
9 AELF, Rituel de l’initiation chrétienne des adultes, Paris, Desclée, 1997. Henri Bourgeois, Théologie
catéchuménale, Paris, Cerf, 1991. Centre National de Pastorale Liturgique et le Service national du catéchuménat des adultes, Guide pastoral du Rituel de l’initiation chrétienne des adultes, Paris, Cerf, 2000. Daniel Laliberté, Repenser l’initiation chrétienne; Le catéchuménat un modèle pour tous les âges, Montréal, Médiaspaul, 2010.
10 Henri Derroitte (dir), Catéchèse et initiation, Bruxelles, Lumen Vitae, 2005. Henri Derroitte, La catéchèse
décloisonnée; Jalons pour un nouveau projet catéchétique, Bruxelles, Lumen Vitae, 2000.
11 Gilles Routhier, Sacrée catéchèse ! Quand tu déranges familles et paroisses, Bruxelles, Lumen Vitae,
4
la catéchèse interpelle l’ensemble de la communauté12, tout spécialement les adultes13.
Dans cette veine, j’aimerais présenter un dernier ouvrage Promesses et défis : les enjeux de la formation à la vie chrétienne au Québec, car il identifie cette transition nécessaire à un cheminement permanent tout en formulant la nécessité du dialogue pastoral.
Voici les sept éléments, issus de la réflexion menée à la suite de la recherche, qui pourront constituer des clés d’évaluation des pratiques actuelles et à venir : l’importance des catéchètes et de leur attitude pastorale, à développer par une formation adéquate; l’attention à élaborer des parcours et modalités en vue d’un cheminement permanent; le défi d’accompagner l’émergence d’une foi adulte, donc d’une foi qui peut croire, questionner, douter, accueillir, rejeter et s’engager; l’importance de la dimension expérientielle, notamment assortie d’expériences symboliques fortes si on désire rejoindre les adolescents et les jeunes adultes; le développement d’une synergie entre la communauté et les personnes en cheminement de foi; le défi de l’arrimage entre la réalité ecclésiale et la culture, en misant sur les valeurs communes; la revalorisation des savoirs de la foi14.
De cette recherche bibliographique dans le domaine de l’initiation chrétienne est ressorti le concept du dialogue pastoral travaillé par Sophie Tremblay15, qui se penche déjà sur la
dynamique de la demande et de la proposition des sacrements de l’initiation chrétienne. Ainsi, le dialogue pastoral peut se définir comme une situation de communication qui se produit lorsque des personnes, baptisées ou non, rencontrent des responsables pastoraux dans le contexte de la demande d’un sacrement ou d’un rite religieux à l’Église. Cette situation de communication spécifique se déroule parfois entre deux ou trois individus
12 Claude Flipo, « Nouveaux regards sur la catéchèse », dans Études, 10/2003 (Tome 399), p. 365-372 www.cairn.info/revue-etudes-2003-10-page-365.htm.
13 Emilio Alberich et Ambroise Binz, Adulte et catéchèse, Ottawa, Novalis, 2000. Paul-André
Giguère, Catéchèse et maturité de la foi, Bruxelles, Lumen Vitae, 2002.
14 Sylvie Paquette Lessard, Paul Delorme et Solange Lefebvre, Promesses et défis : les enjeux de la formation
à la vie chrétienne au Québec, Montréal, Novalis, 2012, p. 16.
15Voici les ouvrages étudiés sur le dialogue pastoral : Sophie Tremblay, « Le dialogue pastoral revisité »,
dans Philippe Bacq et Christoph Theobald (dir.), Une nouvelle chance pour l’Évangile; Vers une pastorale de l’engendrement, Bruxelles, Lumen Vitae, 2004, p. 107-124. Sophie Tremblay, « Mener un dialogue pastoral », dans Précis de théologie pratique ; Deuxième édition augmentée, dans Gilles Routhier et Marcel Viau (dir.), Bruxelles, Lumen Vitae, 2007, p. 321-334. Sophie Tremblay, Le dialogue pastoral, Outils de réflexion et de mise en œuvre, Bruxelles/Montréal, Novalis/Lumen Vitae, 2007. Sophie Tremblay, rédactrice, À la rencontre de soi et de l’autre, guide pratique pour vivre le dialogue pastoral, Montréal/Saint-Jérôme, Office de la catéchèse du Québec/Institut de pastorale des Dominicains/Diocèse de Saint-Jérôme, 2013. Louis-Marie Chauvet, Les sacrements : Parole de Dieu au risque du corps, Paris, Éditions de l’atelier, 1997.
5
seulement, sous la forme d’un entretien privé. Mais elle survient également lors de rencontre de groupe16.
La recherche sur le discernement des parents qui demandent l’initiation chrétienne me semble une voie fertile pour soutenir la réflexion sur le dialogue pastoral, car le discernement que je désire étudier se situe en amont de ce dialogue entre demandeurs et intervenants pastoraux.
Le concept de discernement17 a été traité dans plusieurs perspectives : celle du
discernement vocationnel,18 du discernement moral19 et du discernement des esprits20. Plus
récemment, on retrouve aussi ce concept traité comme la recherche d’agir selon la volonté de Dieu dans l’ensemble de la vie du croyant21. Ces perspectives sur le discernement ne
peuvent cependant pas rendre compte du discernement vécu par les parents.
Depuis son élection, le pape François qui est de spiritualité ignacienne met de l’avant l’importance du discernement. Voici l’une de ses propositions :
Le deuxième mot est discernement. Votre devoir est de recueillir et d’exprimer les attentes, les désirs, les joies et les drames de notre temps, et d’offrir les éléments pour une lecture de la réalité à la lumière de l’Évangile. Les grandes questions spirituelles sont aujourd’hui plus vivantes que jamais, mais nous
16 Sophie Tremblay, Le dialogue pastoral, Outils de réflexion et de mise en œuvre, Bruxelles/Montréal,
Novalis/Lumen Vitae, 2007, p. 9.
17 D’autres termes ont été utilisés dans la recherche d’ouvrages de référence, entre autres les
termes « processus de décision », « processus décisionnel » et « decision-making », qui sont utilisés par la littérature en gestion de risques.
18 Voici quelques ouvrages sur cette thématique plus spécifique du discernement vocationnel. Conférence
des évêques catholiques du Canada, Conversion, discernement, mission : susciter une culture de la vocation en Amérique du Nord, Ottawa, Éditions de la CECC, 2003. Raymond Hostie, Le discernement des vocations, Bruges, Desclée de Brouwer, 1962.
19 Voici un ouvrage sur cette thématique plus spécifique du discernement moral. Xavier Thévenot, Quelle
démarche éthique aujourd'hui? : principes fondamentaux ; repères théologiques pour un discernement moral, Paris, Secrétariat des religieuses dans les professions de santé, 1988, p. 232-259.
20 Voici quelques ouvrages sur cette thématique plus spécifique du discernement des esprits. Sylvie Robert,
Une autre connaissance de Dieu : le discernement chez Ignace de Loyola, Paris, Éditions du Cerf, 1997. Chartreux, Le discernement des esprits, Paris, Presses de la Renaissance, 2003.
21 Voici quelques ouvrages qui illustrent cette tendance. Jean-Guy Saint-Arnaud, Où veux-tu m'emporter,
Seigneur? : approches du discernement spirituel, Montréal, Médiaspaul, 2002. Jean-Guy Saint-Arnaud, Marche en ma présence : le discernement spirituel au quotidien, Médiaspaul, Montréal, 2006. Gordon T. Smith, Entendre la voix de Jésus : le discernement, la prière et le témoignage de l'esprit saint, Québec, Alliance chrétienne et missionnaire au Québec, 2006.
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avons besoin de quelqu’un qui les interprète et les comprenne. Avec une intelligence humble et ouverte, « cherchez et trouvez Dieu en toute chose », comme l’écrivait saint Ignace. Dieu est à l’œuvre dans la vie de chaque homme et dans la culture : l’Esprit souffle où il veut. Efforcez-vous de découvrir ce que Dieu a fait et la façon dont il poursuivra son œuvre22.
En lien avec l’initiation chrétienne, on retrouve essentiellement le Directoire général de la catéchèse23 qui définit le discernement des intervenants pastoraux face aux candidats à
l’initiation chrétienne. Daniel Laliberté24 a aussi repris ces critères à l’intention des
intervenants pastoraux.
Dans le cadre de l’initiation chrétienne, la définition du discernement offerte par Robitaille apparaît la plus pertinente : « Discerner, c’est lire avec quelqu’un la carte de son voyage pour voir où il en est rendu25. » Cette proposition permet de sortir la réflexion d’une
perspective dualiste qui confine le parent au seul choix d’initier son enfant à la foi ou non. Le questionnement peut alors s’ouvrir sur le propre positionnement spirituel du parent, les aspirations qu’il porte pour son enfant et dans quelle mesure l’initiation chrétienne peut y contribuer. Dans le même chapitre, Robitaille propose une subdivision de l’initiation chrétienne en quatre temps : accueil, discernement, cheminement et célébration. Cette subdivision me semble éclairante et utile dans la lecture de ma pratique.
Le pape François, dans le chapitre huit d’Amoris Laetitia, exprime la nécessité d’accompagner avec compassion et discernement les personnes vivant des situations qui
22 http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2013/june/documents/papa-francesco_20130614_la-civilta-cattolica.html (Consulté le 9 novembre 2017)
23 Directoire général de la catéchèse (1997)
http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cclergy/documents/rc_con_ccatheduc_doc_17041998_di rectory-for-catechesis_fr.html
24 Daniel Laliberté met de l’avant ceux proposés par le Rituel de l’initiation chrétienne des adultes. « Une
conversion de la mentalité et des mœurs, et une pratique de la charité; une connaissance suffisante du mystère chrétien et une foi éclairée; une participation croissante à la vie de la communauté; une volonté explicite de recevoir les sacrements de l’Église. » (RICA 129) Cette citation a d’abord été lue dans Daniel Laliberté, Repenser l’initiation chrétienne; Le catéchuménat un modèle pour tous les âges, Médiaspaul, Montréal, 2010.
25 Lucien Robitaille, « Les relations en initiation chrétienne; Point de vue des sciences pastorales », dans
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dérogent aux normes écrites. Le discernement pastoral a pour tâche d’humaniser les règles écrites qui ne sauraient tenir compte de toutes les exceptions possibles.
Le discernement doit aider à trouver les chemins possibles de réponse à Dieu et de croissance au milieu des limitations. En croyant que tout est blanc ou noir, nous fermons parfois le chemin de la grâce et de la croissance, et nous décourageons des cheminements de sanctifications qui rendent gloire à Dieu.26
Aucun des ouvrages ne traite cependant du discernement des parents face à l’initiation chrétienne. Conscient de la pluralité de sens que le terme discernement a dans la tradition chrétienne, j’utiliserai celui-ci pour simplement désigner le processus de décision par lequel un parent choisit une option.
Contexte social et ecclésial du phénomène à l’étude
Pour décrire le contexte social actuel, il est pertinent de citer mon évêque Pierre Morissette, évêque de Saint-Jérôme, pour qui : « Nous ne sommes plus en chrétienté. Cependant, un fort nombre des demandes qui nous arrivent sont issues d’une époque de chrétienté et parfois même nos réactions, nos modèles ou nos habitudes sont hérités de cette période de chrétienté27. » Cette affirmation illustre la période de transition que l’Église du Québec
traverse. Pour décrire la situation québécoise, Normand Provencher utilise les saisons, en situant l’actualité de notre Église comme un automne qui annonce déjà l’hiver. Cette métaphore illustre bien le déclin du modèle ecclésial de chrétienté au Québec.28 Mgr
Léonard parle de cette même période en termes de mutation, voire de crise29. Mgr Léonard
indique aussi comment se révèlent prophétiques les paroles de Karl Rahner dans son ouvrage Mission et grâce, quand celui-ci indiquait que l’Église d’Occident devait vivre une
26 François, Amoris Laetitia, 2016,
http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/apost_exhortations/documents/papa-francesco_esortazione-ap_20160319_amoris-laetitia.html (consultée le 31 mai 2018)
27 Cette citation est tirée de l’allocution de Mgr Morissette lors du lancement pastoral du diocèse de
Saint-Jérôme en Septembre 2010, alors que Mgr Morissette explicitait sa première conviction. Il est possible de retrouver cette conviction dans l’annexe H.
28 Normand Provencher, Trop tard? : l'avenir de l'Église d'ici, Ottawa, Novalis, 2002.
29 André-Mutien Léonard, Pastorale et catéchèse des sacrements : impasses et perspectives, Québec, Anne
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transition, en passant d’un christianisme héréditaire à un christianisme d’élection. Sur ce passage à un christianisme d’élection, j’apprécie la pensée de Jean-Yves Marchand qui suggère le passage d’une Église qui encadre à une Église qui fascine.
Dans le présent chapitre, nous avons constaté l’importance de passer d’une Église encadrante (par des institutions confessionnelles) à une Église fascinante (par l’action personnelle de ses fidèles), ce qui signifie spécialement passer d’une église cléricale (où l’autorité occupait toute la place) à une Église-communion (où tous les membres sont, par leur vécu tout court, puis par leurs paroles et leurs initiatives, collaborateurs de la transmission de la foi)30.
Routhier, dans son ouvrage Penser l’avenir31, identifie la transmission et la réception
comme l’un des défis actuels de l’Église du Québec32. Il situe différemment cette transition
en rattachant sa réflexion tournée vers l’avenir, qui comporte une part d’inconnue, à l’événement Vatican II et aux documents qu’il a produits. En reprenant les formulations de Mgr Zoa33, Routhier insiste sur la nécessité que les nouvelles générations s’approprient
l’expérience chrétienne et inventent de nouvelles formes d’expression qui leur conviennent.
Je dois préciser que les difficultés quant à la transmission de la foi ne se limitent pas au Québec, mais affectent l’ensemble de l’Occident.
De toutes parts, les signes d’un essoufflement, voire d’une disparition des modèles catéchétiques s’accumulent. L’Occident est pris dans une spirale apparemment de plus en plus rapide et inexorable qui l’entraîne vers un déclin de toute tentative de transmission religieuse au niveau des groupes paroissiaux34.
30 Jean-Yves Marchand, Christianisme et identité québécoise, Montréal, Bellarmin, 2008, p. 66. 31 Gilles Routhier, Penser l’avenir de l’Église, Fides, 2008.
32 On trouve un écho à cette affirmation dans le chapitre Une Église qui ne transmet plus, présent dans
l’ouvrage Trop tard? L’avenir de l’Église d’ici de Normand Provencher.
33 Routhier les concepts de Mgr Zoa : traditio, assimilatio, re-expressio. Ces distinctions nous permettent de
sortir d’une lecture de la situation qui se limite à constater une « crise de la transmission », indiquant que le véritable défi se situe tout spécialement dans l’assimilation de l’expérience chrétienne et sa ré-expression.
34 Henri Derroitte, « Initiation et renouveau catéchétique; Critères pour une refonte de la catéchèse
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Le phénomène du discernement à l’étude prend donc place dans un contexte québécois dont le rapport au religieux est en pleine mutation et s’intéresse à l’initiation chrétienne, affectée par ces changements, traverse une certaine crise de la transmission.
L’intervenant, sa posture et sa pratique initiale
Il n’existe aucun point de vue neutre, j’aimerais donc définir ce qui constitue ma posture de chercheur face à l’objet de recherche qui est le mien. Ma posture se définit par mon identité de père, d’intervenant pastoral et par la compréhension de mon travail théologique. Mon regard est empreint de mon expérience parentale, je m’identifie volontiers aux nombreuses familles qui se débattent avec leur agenda. C’est pourquoi mon identité de père de famille m’inspire spontanément des a priori fort positifs sur les familles qui demandent l’initiation chrétienne. Ma posture se définit aussi par la perception que j’ai de mon rôle d’intervenant pastoral, je souhaite être « pontife35 » afin d’établir des ponts entre l’Église
et les familles. Ce souci des familles et ce désir d’entrer en relation avec elles ont influencé le choix de mon objet de recherche. Finalement, par mon travail théologique je désire être une voix pour les « sans voix » dans mon Église36. Cette orientation a largement
conditionné ma décision d’entreprendre une démarche phénoménologique, puisqu’elle me permettait de donner la parole aux parents, principaux acteurs du phénomène.
En 2011, j’ai reçu de la responsable diocésaine de la formation à la vie chrétienne, la demande d’intégrer une démarche de discernement au cœur de nos rencontres d’information. Bien que sceptique à l’idée de confronter la demande des parents, j’étais conscient que cette proposition répondait aux mutations sociales du Québec, puisque nous ne sommes plus en période de chrétienté et qu’à titre d’intervenant pastoral je ne peux plus tenir pour acquise la foi des personnes qui me contactent.
35 J’utilise le terme « pontife » dans le même sens que Sophie Tremblay : « En tant que représentants du
monde ecclésial, familier de la culture contemporaine autant que de la tradition chrétienne, les responsables pastoraux sont appelés à jouer le rôle de « pontifes », c’est-à-dire de « constructeurs de ponts entre les langages d’Église et les langages séculiers. » dans Sophie Tremblay, Le dialogue pastoral, Outils de réflexion et de mise en œuvre, Novalis et Lumen Vitae, 2007, p. 77.
36 Enrique Dussel, « Domination – Libération : pour un discours théologique original », dans CONCILIUM
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La rencontre d’information et de discernement, présente dans l’Annexe A, se subdivise cinq étapes ou activités. Ce qui suit et les annexes indiquées constituent un portrait de cette pratique telle je l’animais en septembre 2013, lorsque j’ai amorcé mon projet doctoral. 1) Accueil-Valorisation : Je mise sur l’accueil informel dans un premier temps, afin de voir comment les gens arrivent et je les invite à prendre les annexes nécessaires. Dans un second temps, j’accueille formellement les gens en présentant le contenu de la soirée et je valorise leur présence et la demande implicite qu’elle suppose.
2) Mettre des mots sur leur demande : j’invite les gens à prendre en main l’Annexe B, sur laquelle on retrouve plusieurs expressions, mots ou idées pêle-mêle. Je demande aux gens d’entourer trois expressions, mots ou idées qui leur parlent, puis de se retourner vers leurs plus proches voisins pour en parler. À la suite de cet échange, je les invite à retenir une expression qui sera l’objectif qui guidera leur démarche.
3) Être chrétien au Québec aujourd’hui : je demande ensuite, à partir de ce qu’ils savent ou de ce qu’ils croient, de partager avec leurs plus proches voisins ce qu’est selon eux un chrétien, au Québec, aujourd’hui. Par la suite, les gens sont invités à ressortir l’essentiel de leurs propos en plénière. Je fais ensuite les liens possibles avec la définition de l’être chrétien que je désire leur proposer.37
4) Nos présupposés : J’expose quatre présupposés développés lors de la création de cette rencontre. Suite à la présentation de chaque présupposé, j’invite les gens à réagir.
5) Outil de dialogue : Je présente aux parents l’Annexe C, comme un outil pour discuter avec leurs enfants, afin de s’assurer qu’ils aient envie d’amorcer cette démarche.
37 Cette présentation est inspirée de l’article 144 du Directoire Général de la Catéchèse qui nous invite à
« développer toutes les dimensions de la foi de sorte qu'elle devienne une foi connue, célébrée, vécue, priée; (501) »
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De cette pratique initiale, j’espère découvrir dans l’écoute des parents et l’interprétation théologique de nouvelles avenues et des attitudes clés pour proposer une pratique renouvelée.
Structure et plan de thèse
La structure de cette thèse est commandée par la démarche de la théologie pratique. Au point de départ, il y a un intervenant qui choisit d’étudier une pratique dans laquelle il est impliqué et qui l’interpelle. L’intervenant désirant mieux saisir sa pratique problématise celle-ci et se donne une question et des objectifs de recherche. De là, l’intervenant/chercheur se donne des outils pour appréhender le réel par une démarche inductive. L’expérience ressortie de la saisie du réel sera contextualisée par l’apport des sciences humaines, puis mise en dialogue avec certaines expériences attestées dans les Écritures et de la Tradition. Ce cheminement permettra à l’intervenant/chercheur de proposer des balises pour renouveler les pratiques d’accueil des demandes d’initiation chrétienne.
Voulant répondre à la question de recherche « Comment les parents québécois discernent-ils avant de demander l’initiation chrétienne pour leurs enfants ? », la thèse s’est construite sur une analyse qualitative de type phénoménologique qui permet de donner la parole aux principaux acteurs du phénomène. Cette méthode d’analyse a été établie par Amadeo Giorgi38 et trouve ses fondements dans la philosophie d’Edmund Husserl39. Les
participants ont répondu à la question guide suivante : « Pouvez-vous me raconter, avec le plus de détails possible, comment en êtes-vous venus à demander l’initiation chrétienne ?» L’analyse phénoménologique des témoignages permet de dégager les constituants essentiels et une description du phénomène. Ce sont ces éléments sur lesquels se construira la réflexion théologique.
38 Amadeo Giorgi, The Descriptive Phenomenological Method in Psychology, Duquesne University Press,
Pittsburg, 2009.
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Cette réflexion prendra appui sur la méthode de corrélation critique développée par Edward Schillebeeckx40, éclairée par la réflexion de Marc Dumas41 qui insiste sur l’importance de
la corrélation d’expérience. L’expérience dégagée de l’analyse phénoménologique qui sera soumise à la corrélation critique est la relecture d’une expérience de salut dans un contexte de transmission difficile. Le contexte de transmission difficile dégagé du témoignage des participants sera éclairé par l’apport de la sociologie des religions, en particulier le travail de É.-Martin Meunier. Cette expérience sera ensuite corrélée avec les expériences exprimées dans trois récits bibliques et deux lettres de Marie de l’Incarnation.42 Ce choix
de textes a pour objectif de corréler, non pas l’expérience de discernement de Marie de l’Incarnation ou des personnages bibliques, mais la relecture de l’action salvatrice de Dieu qui est apparue, au terme de l’analyse qualitative, comme l’élément déterminant du discernement des participants. Les textes bibliques feront l’objet d’une analyse narrative, inspirée des travaux du théologien Daniel Marguerat43 et du littéraire Raphaël Baroni44.
J’ai retenu l’analyse narrative comme méthode exégétique, car elle permettait de bien faire ressortir l’expérience des personnages bibliques. Les trois textes bibliques qui seront étudiés sont Exode 14,1-15, 21, Jean 4, 1-42 et Actes 1045. J’ai choisi ces récits puisque
chacun d’eux présentait un ou plusieurs personnages relisant sa foi. Le récit dans le livre de l’Exode présente la libération du peuple hébreu et la relecture qu’en font Moïse et Myriam. L’Évangile de Jean présente le personnage de la Samaritaine qui découvre le Christ, tandis que le récit en Actes 10 le dialogue entre Pierre et Corneille permet au lecteur de découvrir l’expérience de Dieu de chacun des personnages.
La description et les constituants essentiels du phénomène, ainsi que le travail de corrélation ont mené à une plus ample compréhension du phénomène et de ses enjeux
40 Edward Schillebeeckx, L’histoire des hommes, récit de Dieu, Paris, Les Éditions du Cerf, 1992.
41 Marc Dumas, « Corrélations d’expériences? ». dans Laval théologique et philosophique : la théologie
pratique. Vol. 60, no 2 (juin 2004). Marc Dumas, « Corrélation Tillich et Schillebeeckx : la difficile médiation de la foi chrétienne et de la culture moderne ». Dans Gilles Routhier et Marcel Viau, dir., Précis de théologie pratique. Montréal : Novalis ; Bruxelles : Lumen Vitae, 2004.
42 Marie de l’Incarnation, Lettres XL et XLI, dans Marie de L’Incarnation, Ursuline (1599-1672) :
Correspondance, de Guy-Marie Oury, éditeur, Solesmes, Abbaye Saint-Pierre, 1971.
43 Daniel Marguerat et Yvan Bourquin, Pour lire les récits bibliques, initiation à l’analyse narrative, Labor
et Fides, Paris, 2009.
44 Raphaël Baroni, La tension narrative. Suspense, curiosité, surprise, Paris, Seuil, 2007. 45 Traduction liturgique officielle, disponible sur le site https://www.aelf.org/
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théologiques. Cette connaissance accrue permet donc de proposer quelques balises afin de renouveler les diverses pratiques entourant l’accueil des parents demandant l’initiation chrétienne pour leurs enfants.
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Chapitre 1. Enquête
Dans ce premier chapitre, j’exposerai la cueillette et l’analyse des données. Les témoignages et les premières étapes de l’analyse qualitative se retrouvent en annexes. Vous retrouverez dans ce chapitre, la démarche méthodologique, les dernières étapes de l’analyse ainsi que les résultats.
1.1. Cueillette des données
J’ai choisi l’approche phénoménologique, puisque cette méthode souhaite donner la parole aux principaux acteurs du phénomène. Cela correspondait bien à mon désir de chercheur, qui ne désirait pas répondre à un problème criant, mais découvrir une inconnue que seuls les acteurs du phénomène pourraient me faire découvrir. C’est effectivement par une plus ample compréhension du discernement des parents que j’espère pouvoir proposer un renouvellement de l’accueil des différentes demandes d’initiation chrétienne.
L’échantillon est de trois participants, car la phénoménologie assume, en raison du concept de variation imaginaire, qu’un seul participant qui énoncerait le phénomène tel qu’il est apparu à sa conscience serait suffisant. Voici une description de la variation imaginaire de Giorgi :
A second key principle that guides research is the method of free imaginative variation, which Husserl illustrates with respect to the discovery of essences. Husserl makes clear that the point of departure for philosophical investigations does not have to be factual, but could also be fictive. Moreover, an active imagination is helpful when trying to discover the essence of a phenomenon or attempting to clarify the meaningful structure of an experience. Free imaginative variation requires that one mentally remove an aspect of the phenomenon that is to be clarified in order to see whether the removal transforms what is presented in an essential way46.
46 Amadeo Giorgi, The Descriptive Phenomenological Method in Psychology, Pittsburg, Duquesne
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Avoir plus d’un seul participant permet de valider et d’affiner la formulation des composants essentiels. Les personnes sollicitées devaient avoir terminé une démarche d’initiation chrétienne, au sein de mon milieu d’intervention, la paroisse Saint-Eustache. Elles devaient avoir terminé cette démarche afin qu’aucun conflit d’intérêts ne puisse résider dans mon double rôle d’intervenant et chercheur pour les participants. Elles devaient avoir vécu cette démarche dans la paroisse Saint-Eustache pour que chaque participant ait vécu notre pratique d’accueil des demandes d’initiation chrétienne que mes collègues et moi intitulions rencontre d’information et discernement. Avant la cueillette de données, j’étais curieux de voir si cette pratique jouait un rôle quelconque dans le discernement des parents. Cette pratique n’a jamais été mentionnée en quatre heures quarante-cinq d’entrevue. Cette absence me semble plutôt révélatrice quant au rôle qu’elle a joué dans le discernement des parents.
J’ai mené la cueillette des données au moyen d’entrevues semi-dirigées de soixante-quinze minutes. Ces entrevues ont eu lieu chez les participants, selon le choix de ceux-ci qui avaient aussi la possibilité de me rencontrer dans une salle de la paroisse. Un enregistrement audio a été effectué de chacune de ces entrevues. Toutes les entrevues ont été réalisées en novembre 2015, après avoir reçu l’autorisation du CÉRUL. Aucune rétribution ou compensation n’a été offerte aux participants. Les entrevues ont été menées à partir de la question guide suivante : « Comment en êtes-vous venu à demander l’initiation chrétienne pour vos enfants ? » Dans le cadre des entrevues, je devais essentiellement écouter pour être attentif au témoignage du participant, mais je pouvais poser des questions pour recentrer le propos autour de la question guide, relancer le participant au besoin ou en posant une question d’éclaircissement.47
47 Mon approche de l’entrevue s’est largement fondée l’ouvrage d’Irving Seidman, Interviewing as
Qualitative Research; A Guide for Researchers in Education and Social Sciences, Columbia University, New York, 2013. Dans son second chapitre, il explicite son approche phénoménologique et donne de nombreux conseils techniques dans le sixième chapitre.
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1.2. Analyse des données
L’analyse qualitative que je présenterai fait partie d’une méthodologie plus large, commandée par la démarche de la théologie pratique. Au cœur de cette démarche se situe la corrélation critique qui mettra en discussion l’expérience des participants saisie par le biais de l’analyse qualitative et celles des personnages bibliques. La corrélation critique fera dialoguer l’expérience au cœur des récits, ceux de la Bible, de la Tradition, mais aussi celle présente dans le témoignage des participants.
Pour cette saisie du réel qu’est l’induction, il me semblait capital de donner la parole aux parents, car ma problématique est de découvrir une inconnue que seuls les principaux acteurs du phénomène peuvent éclairer. La phénoménologie propose de se mettre à l’écoute des acteurs du phénomène pour découvrir comment il est apparu à leur conscience, c’est pourquoi l’analyse qualitative retenue sera une analyse phénoménologique inspirée des travaux de Giorgi48.
Cette méthode, suppose un premier temps de collecte de données présenté au chapitre précédent. La seconde phase de la méthode est l’analyse des descriptions49 recueillies, en
commençant par la transcription écrite des entrevues. Cette analyse, Giorgi suggère de la réaliser en trois étapes distinctes. La première étant de lire les descriptions pour tenter d’y trouver le sens global. La seconde est de déterminer et regrouper des unités de sens, afin de rendre justice aux différentes parties des descriptions. La dernière étape est celle de la transformation de l’expression naturelle du participant dans des expressions phénoménologiques. Dans cette phase, on passe de la description personnelle d’un fait particulier à la description d’un phénomène. Je devrai cependant toujours porter attention à ne pas projeter des théories connues sur l’objet d’études, mais à décrire le phénomène dans son vocable d’expertise.
48 Amadeo Giorgi, The Descriptive Phenomenological Method in Psychology, Pittsburg, Duquesne
University Press, 2009.
49 Les témoignages des participants se nomment généralement descriptions, car les participants décrivent
par le biais d’une mise en récit, de quelle manière le phénomène apparait à leur conscience. La répétition du terme est donc incontournable afin de bien décrire la méthode.
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1.2.1. Présentation des différentes étapes de l’analyse qualitative
En me fondant sur la méthode proposée par Giorgi,50 l’analyse se fera de la manière
suivante :
a) Première étape : les verbatim (Annexe D)
b) Seconde étape : séparation des verbatim en unités de signification (Annexe D) c) Troisième étape : reformulation objective, puis apparition du lien à
l’intentionnalité. (Annexe E)
d) Quatrième étape : faire ressortir la structure de chaque témoignage e) Cinquième étape : Dégager les constituants de chaque témoignage51
f) Sixième étape : Rapprochement et définition des constituants essentiels g) Proposition d’une définition phénoménologique
Les premières étapes de l’analyse qualitative que je présenterai ci-dessous sont en annexes.
1.2.1.1. Rédaction des verbatim
Dans cette première étape, j’ai rédigé le verbatim de chaque entrevue et tenté d’en tirer le sens global. Ces verbatims ont pour objectif d’être fidèles aux propos des participants, tant dans la formulation des phrases, les mots utilisés, que la ponctuation. Dans le souci de bien rendre compte des entrevues, les hésitations des participants sont aussi indiquées. Dans une démarche phénoménologique, il est important que le chercheur ne soit pas mal à l’aise avec le silence et qu’il laisse la chance aux participants de reprendre le fil de leur témoignage, de leur récit, par eux-mêmes. La question guide et les questions que j’ai posées aux participants sont présentes dans les verbatims, elles ont servies à recentrer le témoignage, demander une précision lors d’un temps d’arrêt du participant ou à relancer des participants, à partir d’une autre formulation de la question guide. Les verbatims sont à l’Annexe D.
50 Giorgi expose sa méthode dans les chapitres Scientific Phenomenological Method and Its Philosophical
Context et The phenomelogical Method, puis en fait la démonstration dans le chapitre The Application of the Method dans son ouvrage The Descriptive Phenomenological Method in Psychology.
51 Cette étape était peu développée dans l’ouvrage de Giorgi, j’ai donc choisi de m’inspirer de la thèse de
Claude Ritchie qui se réclame de l’approche phénoménologique. Claude Ritchie, Le phénomène de la mobilisation des agents de pastorale pour leur mission en Église, Thèse de doctorat, Université Laval, 2009.
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1.2.1.2. Séparation des verbatim en unités de signification
Cette seconde étape est constituée d’un découpage du texte en unité de signification. Ce travail est effectué à même les verbatim et se retrouve donc à l’Annexe D. L’objectif est de subdiviser le récit en unité de sens, permettant le travail ultérieur de reformulation et de regroupement, qui me permettra de faire apparaître le lien à l’intentionnalité et de dégager la structure de chaque témoignage. De plus. Cette étape rend possible une référence précise et rapide aux témoignages des participants.
1.2.1.3. Reformulation objective, puis apparition du lien à l’intentionnalité.
L’objectif de cette étape de la méthode phénoménologique est de faire ressortir le lien à l’intentionnalité. Pour y arriver, Giorgi52 propose une reformulation à la troisième
personne, puis une reformulation objective (facultative) pour faire apparaître le lien à l’intentionnalité.
Ce travail est présent dans l’Annexe E, ce tableau est constitué de trois colonnes. Dans la première colonne, je reformule les unités de signification à la troisième personne en restant le plus près possible du verbatim. Dans la seconde colonne, je dégage le témoignage de ses aspects personnels, en proposant une reformulation objective. Dans la dernière, je ferai ressortir le lien à l’intentionnalité.
1.2.2. Structures de chaque témoignage
Le travail effectué à l’étape précédente pour faire apparaître le lien à l’intentionnalité m’a conduit à une compréhension accrue des témoignages. Dans le respect de la méthode phénoménologique, je dois maintenant dégager la structure de chaque témoignage. Pour présenter la structure de chaque témoignage, je présenterai un tableau synthétique présentant la structure du témoignage et une synthèse du témoignage. Les chiffres présents dans chaque case du tableau réfèrent au découpage des verbatim en unités de signification.
52 Amadeo Giorgi, The Descriptive Phenomenological Method in Psychology, Pittsburg, Duquesne
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1.2.2.1. Structure du témoignage d’Alain
Pour présenter la structure du témoignage d’Alain, j’ai construit un tableau schématique présentant les grands ensembles du témoignage dans la colonne de gauche et des subdivisions importantes dans la colonne de droite. De ce travail d’analyse, je ferai ressortir la structure du témoignage d’Alain.
US 1-20 Alain situe son discernement face à l’initiation chrétienne dans une histoire de vie et une dynamique familiale.
US 1-2 Alain introduit son propos en situant sa fille dans l’initiation chrétienne, elle a vécu sa première communion et hésite pour sa
confirmation.
US 3-5 Alain situe son épouse de culture italienne et catholique, malgré un certain syncrétisme. US 6-11 Alain se situe lui-même comme sceptique, bien qu’ayant eu un intérêt religieux par le passé. Il garde un bon souvenir du contexte libre de certaines discussions qu’il a eu dans les cafés chrétiens et qui détonnent avec la fermeture d’esprit vécue dans d’autres situations. US 12-20 Alain présente l’apport déterminant de son père, qui jouait toujours l’avocat du diable et percevait les aspects positifs et négatifs de la religion, sur sa propre pensée.
US 21-32 Alain présente sa vision de la religion. US 33-39 Alain relit les
incongruités rencontrées dans la catéchèse scolaire, la manière dont ce père accueillait et nourrissait ses questionnements, puis comment cette façon de faire de son père est devenue pour lui une voie à suivre.
US 33-37 Alain fait un retour sur le rôle effacé de sa mère dans la construction de sa pensée
religieuse, ainsi que sur la catéchèse vécue à l’école, marquée par l’ennui, les incongruités, mais aussi la présence d’un intervenant pastoral intéressant.
US 38-39 Alain se souvient qu’il revenait sur ses questions avec son père et que celui-ci tentait de lui nourrir sa pensée avec divers points de vue. Alain perçoit son rôle ainsi dans l’éducation religieuse de sa fille.
US 40-46 Alain situe son discernement au baptême dans une dynamique familiale qui est venu résoudre ses objections ou questionnements.
US 40-43 Alain énonce le discernement vécu lors du baptême entre l’aspect incontournable qu’ont les sacrements pour son épouse et ses diverses objections intellectuelles.
US 44-46 Alain se souvient du rôle déterminant de son oncle, qui lui a présenté le baptême en termes sociologiques de rite et d’identité.
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US 47-50 Alain parle de l’éducation religieuse de sa fille en parlant des discussions familiales et d’une catéchèse non sacramentelle, qui s’est avérée une expérience peu concluante.
US 51-56 Alain énonce le désir, qu’il partage avec son épouse, de respecter les choix de leur fille.
US 57 Alain indique que lui et son épouse ont vécu les sacrements de l’initiation chrétienne ainsi que le mariage et ont fait vivre les sacrements à leur fille. US 58-60 Alain met en relief son scepticisme avec les croyances de son épouse. US 61-85 Alain raconte comment
l’expérience de la première communion a rebuté sa fille, influencé le discernement de sa fille en vue de la confirmation et suscité un conflit au sein de sa famille.
US 61-63 Alain indique qu’au moment de la première communion, ce qui lui importait le plus, c’était la liberté de choix de sa fille.
US 64-70 Alain raconte comment l’expérience de la première communion a rebuté sa fille et suscité un conflit entre elle et sa mère.
US 71-72 Alain fait un aparté sur la catéchèse non sacramentelle pour dire que c’est lui qui
accompagnait sa fille avec l’objectif d’éviter toute forme d’endoctrinement.
US 73-74 Alain mentionne que n’étant pas
croyant, il a été mis de côté dans la préparation de la première communion et qu’il peine à
comprendre ce qui s’est mal déroulé entre son épouse et sa fille dans la préparation.
US 75-80 Alain décrit l’approche du prêtre lors du premier pardon comme très mal adaptée.
US 81-85 Alain décrit une anecdote qui révèle la mauvaise expérience qu’a représenté la première communion elle-même pour sa fille.
US 86-94 Alain décrit le conflit qui a découlé de la première communion de sa fille et son choix subséquent de ne pas vivre la confirmation.
US 86-88 Alain indique l’existence d’un conflit toujours présent, puisque son épouse lui attribue la mauvaise expérience de sa fille.
US 89-94 Alain décrit l’opposition qui existe sur la possibilité que sa fille vive sa confirmation. US 95-112 Alain présente
l’influence déterminante de son épouse et de sa culture italienne sur l’initiation chrétienne de leur fille et son influence sur sa perception de la religion.
US 95-97 Alain présente l’incidence de la culture familiale italienne de sa femme sur l’importance des sacrements.
US 98-101 Alain décrit l’importance qu’accorde la communauté italienne aux salons funéraires et témoigne de l’importance de ce réseau
communautaire quand il a vécu le décès de son père.
US 102-112 Alain présente son épouse comme ayant un attachement profond à son identité catholique et des croyances réelles appartenant au christianisme, bien qu’elle en emprunte à d’autres courants spirituels.
21 US 113-128 Alain présente
l’évolution de ses croyances.
US 113-122 Alain fait le récit de sa quête spirituelle qui l’a mené, plus jeune, à certaines rencontres, à envisager la prêtrise et à revisiter la foi chrétienne.
US 123-128 Alain décrit par la suite ce qui l’a amené à un certain détachement de la foi chrétienne.
US 129-139 Alain valorise énormément la liberté qu’il souhaite transmettre à sa fille et qu’il constate déjà chez elle.
US 129-132 Alain considère chanceuse sa fille en raison de la liberté de choix dont elle bénéficie dans son cheminement.
US 133-139 Alain exprime que l’initiation chrétienne est désormais un choix à contre-courant et c’est pourquoi il veut transmettre une grande liberté de choix chez sa fille.
US 140-148 Alain décrit certains événements, dont le changement de pape, qui jouent sur les perceptions de sa famille sur l’Église ou la religion.
US 140-142 Alain indique que le contexte actuel est marqué par le pluralisme et certains scandales d’agressions sexuelles par des religieux.
US 143-148 Alain décrit la démission de Benoît XVI comme le symptôme d’une crise profonde, mais l’arrive de François comme une lueur d’espoir.
US 149-164 Alain décrit certaines réflexions autour de la
confirmation de sa fille et constante l’importance du mariage dans sa propre vie et voudrait donc que sa fille ait l’opportunité de se marier.
US 149-150 Alain décrit certaines découvertes intellectuelles de sa fille, qui jumelée à sa déception lors de la première communion, la conforte dans son choix de refuser la
confirmation.
US 151-154 Alain indique interpeller sa fille à revoir sa position sur la confirmation, en raison de l’importance de l’apport communautaire que procure la religion.
US 155-164 Alain constate en parlant, que s’il relance sa fille sur la confirmation, c’est en raison de l’importance du mariage dans sa vie, puisque le mariage est l’un des éléments qui lui a permis de traverser une crise.
US 165-167 Alain indique qu’il y a la possibilité de croire en faisant la part des choses. Alain met en doute l’historicité du Christ et ne s’identifie plus au christianisme, bien qu’il le connaisse bien et y accorde plusieurs qualités. Il préfère le discours sur les religions au discours croyant. Il valorise beaucoup l’éducation que son père lui a transmise et par laquelle il a été sensibilisé à la diversité religieuse, ainsi qu’aux bienfaits et aux limites des religions. Alain note d’ailleurs l’importance du soutien de la communauté lors des rites de deuil qui ont eu lieu pour son père. L’épouse d’Alain est d’origine italienne, elle tient aux
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sacrements de l’initiation chrétienne, ce à quoi Alain a consenti en leur attribuant valeur de rites de passage ou de marqueurs identitaires. Alain indique qu’actuellement le choix de l’initiation chrétienne va à contre-courant.
La fille d’Alain est maintenant âgée de onze ans et pourrait se préparer à la confirmation, mais elle refuse de le faire. Elle n’a pas aimé les célébrations du premier pardon et de la première communion, ce qu’Alain attribue au prêtre et que son épouse lui attribue en raison de son discours critique. Bien qu’Alain et son épouse souhaitent que leur fille puisse choisir librement, son discernement face à la confirmation fait l’objet de conflits actuels au sein de la famille. Alain indique qu’il veut influencer sa fille à faire sa confirmation, car il a éprouvé dans sa vie comment l’engagement public qu’est le mariage a contribué à sauver son couple et sa famille lors d’une période plus difficile.
1.2.2.2. Structure du témoignage de Béatrice
Afin de présenter la structure du témoignage de Béatrice, j’ai construit un tableau schématique présentant les grands ensembles du témoignage dans la colonne de gauche et des subdivisions importantes dans la colonne de droite. Pour faire suite à ce travail d’analyse, je ferai ressortir la structure du témoignage de Béatrice.
US 1-39 Béatrice commence par présenter son discernement dans une histoire de vie.
US 1-2 Introduction et félicitations au chercheur. US 3-9 Récit de son enfance.
US 10-17 Présentation de ses parents et de la force de caractère transmise par sa mère.
US 18-24 Récit de la période d’études et transmission de la foi de sa grand-mère.
US 25-28 Récit de l’arrivée au Canada et mariage. US 29-39 Récit de grossesse, marqué par la crainte de perdre son enfant et sa foi en Marie.
US 40-81 Béatrice
présente son expérience de l’initiation chrétienne de ses enfants et le rapport de son mari à la foi et à l’initiation chrétienne.
US 40-44 Béatrice présente le discernement sur l’initiation chrétienne et l’apport distinct d’elle et son mari.
US 45-46 Béatrice énonce la différence dans le contexte religieux entre la société québécoise et sa société
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US 47-48 Béatrice indique la simplicité et la foi dans lesquelles elle souhaite vivre et souligner la première communion.
US 49-56 Béatrice indique comment son mari lui laisse diriger l’initiation chrétienne de leurs enfants.
US 57-67 Béatrice présente le lien ambivalent de son mari à la foi, croyant, mais marqué par une expérience d’initiation chrétienne qu’il juge ennuyante.
US 68-71 Béatrice indique la grande différence entre sa pratique religieuse et le manque d’intérêt de son mari. US 72-75 Béatrice indique la pertinence de l’exemple dans l’initiation chrétienne et la difficulté de transmettre la foi dans le contexte d’un couple qui n’a pas le même rapport à la pratique religieuse.
US 76-81 Béatrice évoque la possibilité de la confirmation et son désir de les instruire dans la foi. US 82-142 Béatrice
indique que la foi et sa transmission se situent aujourd’hui à contre-courant.
US 82-86 Béatrice nomme un conflit qu’elle a vécu dans son milieu de travail après avoir raconté l’une de ses pratiques religieuses.
US 87-92 Béatrice nomme son inquiétude face au défi d’être croyant au sein d’une société pluraliste.
US 93-100 Béatrice raconte une initiative qui illustre comment elle tente de faire contrepoids aux différents discours véhiculés par les médias en tentant
consciemment de transmettre la foi.
US 101-104 Béatrice nomme le contraste dans le soutien à la foi catholique vécu dans sa société d’origine et celui expérimenté au Québec.
US 105-109 Difficultés religieuses de Béatrice lors de son arrivée au Canda, puis redécouverte de la pratique religieuse.
US 110-115 Béatrice relate comment des enfants ont questionné les croyances de ses enfants et sa conception personnelle de la liberté de croyances.
US 116-123 Béatrice présente l’initiation chrétienne de ses enfants dans une perspective familiale plus large. US 124-128 Béatrice indique le contraste entre son souhait de transmettre la foi et l’enseignement d’éthique et culture religieuse dont la visée diffère.
US 129-139 Béatrice raconte un conflit familial, le contre-exemple offert par un membre de la famille. US 140-142 Béatrice nomme sa difficulté comme croyante à vivre dans une société marquée par le libéralisme.
