HAL Id: dumas-01735486
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Travaux en vue du développement et de l’organisation
d’un C.D.I. pour déficients visuels
Mariane Block
To cite this version:
Mariane Block. Travaux en vue du développement et de l’organisation d’un C.D.I. pour déficients visuels. Sciences de l’information et de la communication. 1999. �dumas-01735486�
Mariane BLOCK
Maîtriseen Sciences de l'Informationétde laDocumentation
Rapportde stage
Travaux en vue du
développement
etde
l'organisation d'un
C.D.I.
pour
déficients visuels
Stageeffectuédu 23juinau24 septembre 1999
Dans le C.D.I. de l'Institut des JeunesAveugles
131,rueRoyale
59000 Lille
Sousla direction de :
MadameChristineVANLANCKER, responsableuniversitaire MadameMarie-ChristineGONNET, responsable professionnelle
Lille 3
Université Charles de Gaulle UFRIDIST
B.U.C.LILLE 3
Mariane BLOCK
MaîtriseenSciences del'Information etde la Documentation
Rapportdestage
Travaux en vue du
développement
etde
l'organisation d'un C.D.L
pour
déficients visuels
Stageeffectué du 23 juinau24 septembre 1999 Dansle C.D.I. de l'Institut desJeunesAveugles
131,rueRoyale
59000 Lille
Sousla direction de :
Madame Christine VANLANCKER, responsable universitaire
Madame Marie-Christine GONNET,responsable professionnelle
Lille3
Université Charlesde Gaulle
J'adressemesvifsetsincères remerciements à: MadameChristineVanLancker
ResponsableUniversitaire
pour sonécouteattentive, sesconseils précieuxetsadisponibilité.
MadameMarie-Christine Gonnet
Responsableprofessionnelle
pour sonattentionetsonintérêtauprojet.
MadameBéatriceHenn
Directrice de l'I.J.A.
pourm'avoir accueillieauseinde l'I.J.A.
MonsieurFabien Eloire
TABLE DES MATIERES
Table des matières p 1
Listede abréviations p 3
Introduction p4
1. PRESENTATIONDEL'I.J.A. p5-15
1.1. L'Institutdes JeunesAveugles p5
1.1.1. Historique p5
1.1.2. L'encadrementéducatif p.6
1.2.3. Lamissiond'intégrationetd'autonomie p6
1.2. Desélèves particuliers p7
1.2.1. Les élèvesde TU.A. p7
1.2.2. Unautrerapportàlalecture p 8
1.2.3. Unâgedéterminant p9
1.3. LeC.D.L p 10
1.3.1. Fonctionnementet agencementde 1'espace p 10
1.3.2. Lefonds ennoir p 12
1.3.3. Lefondsenbraille p 13
2. REORGANISATIONDUC.D.I. p 16-24
2.1. Analyse des besoins p 16
2.1.1. Les fonctions d'unCDI p 16
2.1.2. Les problèmes liés à l'édition p 17
2.1.3. Réhabiliterlelivrepour unemeilleure lecture p 18
2.2. Création du plan de classement p 19
2.2.1. Lechoix delaDewev p 19
2.2.2. Pourquoiuneclassificationdes livresenbraille ? p20
2.2.3. L'indexationdes document p21
2.3. L'accèsau fonds p22
2.3.1. La sienalétique p22
2.3.2. Le projet d'uncatalogue enbraille p23
2.3.3. Unpremierpas verslabibliothèque p24
3. LESPERSPECTIVESDE DEVELOPPEMENT 3.1. Commentrendresonintérêtau livre ?
3.1.1. Continuer le classement 3.1.2. Réaménager le lieu
3.1.3. Développerle service destranscriptions de l'établissement
3.2. Vers uneinformatisation duCDI ? 3.2.1. La gestion automatiquedu fonds
3.2.2. Lestechnologies misesauservice de ladéficience
3.2.3. Uncatalogue informatisépourlesvoyants
3.3. Poursuivre l'effort
3.3.1. Développer des activitésenparallèleavec le CDI 3.3.2. Les animations 3.3.3. Unposteà créer ? Conclusion Bibliographie Annexes p25-30 p25 p25 p25 p 26 p26 p27 p28 p29 P P P P p33 p34 p35
LISTE DES ABREVIATIONS
A.B.B.E. AssociationBibliothèque BrailleEnfantine B.C.D. BibliothèqueCentre Documentaire
B.N.F. Bibliothèque Nationale deFrance. B.P.I. BibliothèquePublique d'Information
C.D.I. Centre de Documentationetd'Information C.R.D.P. Centrerégional de documentation pédagogique E.N.D.V Ecole Nationale desDéfïcentsVisuels
E.N.P. Ecole NationalePédagogique
I.J.A. Institut des JeunesAveugles I.M.E. Institut Médico-Educatif
I.N.J.A. Institut National desJeunesAveugles T.N.L.B. Institut Nazareth etLouis-Braille
INTRODUCTION
La France compte environ 50 000 aveugles dont près de 4 500 enfants de moins de 15 ans
auxquels s'ajoutent plus de 15 000 enfants déficients visuels. Le handicap touche de moins en
moinsde personnesgrâce auxprogrès de lamédecine maisreste cependantprésent. Ces jeunes sont
des lecteurs au même titre que les enfants voyants, et le livre a aussi pour eux un attrait non
négligeable. Desjeunes lecteurs quiontun déficitvisuel entretiennentuncontactdifférenttantavec
l'objet livre qu'avec les histoiresqu'il relate.
Le Centre de Documentation et d'Information est un endroit privilégié au sein d'un établissement scolaire oùle livretient une place particulière, afortiori dansunétablissement où les élèves sont tous déficients visuels. L'Institut des Jeunes Aveugles est de ceux-là. L'écriture et la
lecture ont un rôle différent des établissements scolaires traditionnels et dans ce monde où seul le fond des choses compte, il est important de développer le goût de la lecture. Le livre, par-delà sa vocation éducative, a unefonction de plaisir. Le mélange de laculture etde la lecture loisiren fait, àpetite échelle, la représentation même de la bibliothèque idéale pour cejeune public. L'I. J.A. est
un établissement qui accueille des déficients visuels de la maternelle à la 3cmc. Dans le centre de documentation se trouve un fonds important de livres braille et de livres sous la forme traditionnelle. Les livres se côtoient et, étant donnée la large tranche d'âge représentée dans cet
établissement, apparaissent dans leur diversité. Pour parer à ceci, il fallait établir le plan de
classementdu CDI afin de faciliterl'accèsdesjeunes élèves auxlivres tanten braillequ'imprimés.
Commentrendre le livre accessibleauxjeunesdéficients visuelsscolarisés ?
Dans unpremiertemps, la présentation de cette structure spécialiséepermettrad'évaluer les
changements à opérer dans le centre de documentation. Ensuite la réalisation d'une nouvelle organisation sera développée avant de s'intéresser aux conditions de viabilité du projet d'un point
PRESENTATION DE L
1 PRÉSENTATIONDE L'I.J.A.
1.1 L'Institut des JeunesAveugles 1.1.1 Historique
Les lois Ferry en 1881 et 1882 instaurent la gratuité, la laïcité et l'obligation pourtous les enfants de suivre une scolarité de six à treizeans. Mais il faut attendre les années 1970 pour que la
loi d'Orientation règle la question des jeunes handicapés afin qu'ils trouvent leur place dans le
système scolaire. C'est pendant cette période que l'Institution des Jeunes Sourdes et des Jeunes Aveugles, dont lacréation remonte au début du
XIXème
et que les Filles de la sagesse prennentenmainen 1839, se scinde. Le départ des malentendantes vers uninstitut spécialisé àRonchin laisse
définitivement laplace, rueRoyale à Lilleauxjeunesdéficients visuels.
L'ouverture, ennovembre 1974 de l'Institut Médico-Educatif (I.M.E.) à Loos qui accueille
les surhandicapés aveugles, entraîne la fermeture decette sectionàl'Institut de la rue Royale. Une
autre structure, qui accueille aussi les déficients visuels, ouvre ses portes à la même époque.
L'E.N.P.( Ecole Nationale Pédagogique) devenuensuite l'E.N.D.V. (Ecole Nationale desDéficents Visuels) à Loos, permet à près de 250 enfants déficients visuels de pouvoir suivre leur scolarité.
L'E.N.D.V. recrute les élèves les plus brillants, il reste alors à l'IJ.A. la possibilité de permettre à desjeunes malvoyants etnon-voyants ayant un handicap léger associé de suivre leurs études de la maternelle àla3ème.
L'I.J.A. devient alors Centre d'Éducation Sensorielle et accueille des élèves dont le
handicap est défini selon les critères de l'Organisation Mondiale de la Santé. Lesjeunes de 1T.J.A.
doivent présenter, pour être admis, une acuité visuelle inférieure ou égale à 4/10e du meilleur œil
après correction ou des troubles visuels entraînant des difficultés scolaires. C'est la Commission Départementale
d'Éducation
Spéciale qui détermine de l'admission définitive du jeune dans cetétablissement.
L'espace pédagogique est constitué de vingt classes équipées de façon spécifique pour les
enseignements techniques et artistiques et de cinq appartements réservés aux internes. Il y existe
deux sections : la Section de Première Formation Professionnelle dont l'effectifne peut excéder trenteplaces(elle concerneles adolescents âgés de 14 à 20 ans, endifficulté scolaire) et la Section
D'enseignementetd'Education Spécialisés quinepeutpas supporterplus de cinquante places (pour
les enfants âgés de 4 à 20 ans, scolarisables). La différence entre ces deux sections trouve son
origine dans les capacités intellectuelles de l'élèves qui deviennent déterminantes dans le choix de
PRESENTATION DE L 'I.J.A.
enseignants etdes éducateurs afin d'obtenir le Brevet des Collèges sanctionnant l'année de 3eme et
ainsi pouvoir poursuivre leurs études dans l'enseignement secondaire qu'il soit ou non technique.
L'I.J.A. permetàdes jeunes déficients visuels de pouvoir suivre des études à leur rythme qui varie
selonleur
handicap1.
1.1.2 L'encadrementéducatif
Pour se charger individuellement de chaque cas, l'i.J.A. emploie soixante-quinze
professionnelsqui interviennent dans plusieurs domaines, du médical aulogistiqueenpassantpar le
pédagogique, l'éducatif, le psychologique, le rééducatif, le social et l'administratif. Dans les années antérieures, les problèmes des enfants déficients visuels en difficulté scolaire et au milieu social
pauvre se posaient déjà mais ils ne représentaient qu'une minorité. Avec le temps, ils deviennent majoritaires :mauvaistraitement,parents désunis,alcoolisme... L'interventionauprès deces enfants
diffère et de nouvelles catégories de personnel apparaissent. Une assistance sociale prend en considérationchaque élève au caspar cas, accueille les familles lors de l'admission de leurs enfants
et participe à l'aide de l'équipe éducative, à l'orientation de l'élève vers une formation
professionnelleouunautreétablissement scolaire.
Enfin, le secteur pédagogique nécessiteune adaptation de l'enseignement aux élèves ayant
chacun un déficit particulier selon le niveau de la classe. Pourtant, tant bien que mal, les programmes de
l'Éducation
Nationale sontsuivis. Le problème dutemps atoujours été d'actualité dans l'enseignement des aveugles, des déficients visuels (lenteur dubraille, déchiffrage plus long). L'Institution continue à pouvoir maintenir les classes du premier cycle. Des élèves, malgré leurretard, aboutissent auBrevet des Collèges et sont ensuite orientés vers le Second cycle et depuis
1979 vers desLycées d'EnseignementProfessionnel. Dansles classesàl'effectif réduitd'environ 6 élèves débute l'enseignement «à la carte » selon le niveau de chaque enfant, c'est-à-dire un
enseignementindividueletpersonnalisé.
1.1.3 Lamissiond'intégration etd'autonomie
L'I.J.A. propose un service d'Aide à l'Acquisition de l'Autonomie et à l'Intégration
scolaire. Au seindu secteur éducatif, l'éducateur complète l'enseignantdans sa tâche. Sa fonction
tend à se spécialiser et à se démarquer de celle de l'enseignant. Il n'est plus le second ou le subalterne du professeur en complétant le travail exécuté en classe. Il a son propre domaine :
l'apprentissage del'autonomie.
1
LIGNEEL, Thérèse. Institut desJeunesSourdesetdesJeunesAveugles (1839-1989) Lille. Villeneuve d'Ascq : Lille
PRESENTATION DEL'LJ.A.
Le braille n'est plus la seule manière de communiquer par écrit. Les amblyopes plus
nombreux, à la vue stabilisée, apprennent à l'aide de l'écriture normale (le «noir») avec
agrandissement de celle-ci . L'action éducative est principalement axée sur l'autonomie en vue
d'une intégration : se servir seul à table, sortir entoute indépendance , pour les plus grands avoir
leur chambre... L'intégration est favorisée par la structure de Saint-André. Il s'agit d'une maison
particulière rénovée en 1992 et dotée d'un terrain de 9 000 m2. Celle-ci abrite la Section de
Première Formation Professionnelle : y sont installés des ateliers de cannage (cette technique consiste à garnir le dossier d'une chaise avec des cannes de rotin ou de jonc), de paillage, de
floriculture et d'espacesverts ainsi que de cuisine pédagogique. Le développement de l'autonomie etde laformationprofessionnelle illustre la volonté d'intégrationquedéveloppe l'I.J.A.
La réussite d'une intégration dépend de l'enfant (son niveau d'autonomie dans le milieu
ordinaire, ses capacités intellectuelles, psychologiques etaffectives), de la famille (ses possibilités
desoutien), des structures et des personnes qui accueillentle jeune handicapéet de la collaboration
entre les deux établissements. La mission de l'établissement n'estplus uniquement une instruction
traditionnelle, c'estaussiuneéducationappropriée, adaptée àchacun.
La possibilité est offerte à certains internes de suivre leur scolarité dans un établissement
traditionnel. C'est ce qu'on appelle l'intégration qui peut être partielle ou totale. Cette pratique a pour origine la volonté des familles qui «faisaient souvent valoir que l'établissement spécialisé risquait, entre autres problèmes, de renforcer pour l'enfant, le sentiment de différence et de présenterlesinconvénients de toute structureségrégative, enfavorisant l'isolement,etles tendances
au rejetde la partdes maîtres et élèves de l'enseignement normal. Combien d'enfants subissaient, dans les établissements spécialisés, F «internat lourd», ne repartant au foyer qu'aux seules vacancesscolaires »\
1.2 Des élèves particuliers 1,2.1 Les élèves
Les jeunes scolarisés au sein de l'Institut ont entre quatre et vingt ans et peuvent être
intégrés en internat qui peut accueillir cinquante-cinq élèves ou en semi-internat qui peut en accueillir vingt-cinq. En tout, ce sont environ quatre-vingt élèves (le chiffre variant d'année en
année)qui évoluentde lamaternelle à la troisième.
La majeure partie de l'effectif vient du département du Nord et depuis les grands
bouleversements législatifs des années 1970, la mixitéest de rigueur. Le nombre d'enfants atteints
1
PRESENTATIONDE L 'I.J.A.
de cécitéayant nettementdiminuéavec les progrès de lamédecine, ce sont davantage d'amblyopes ou d'enfants atteints d'autres formes de déficience visuelle qui fréquentent l'Institut. Mais ces derniers cumulent d'autres handicaps : déficience intellectuelle moyenne ou légère, de niveau intellectuel normal, avec handicap associé léger éventuel. Ils proviennent d'un milieu socioculturel
défavorisé surtout. L'amblyopie est une forme particulière de troubles visuels due à une lésiondu nerfoptique. Le principal symptôme estune vision trouble touchant à la fois les objets rapprochés
ouéloignés etunealtération de la vision colorée s'aggravantprogressivementetinsidieusement. Le seuil de l'acuité étant fixé à un maximum de 4/10e, il faut savoir que le handicap est vécu différemment selon lapersonnalité, le soutien etla compréhension de la famille et le tempérament dumalvoyant.
L'âgede la scolarité des enfantsrecrutésest relativement avancé, les tranchesd'âge les plus représentées sont : 8, 10,12 et 13 ans. Ceci estdûaufait qu'à l'institut, oncompte parmi les élèves
moinsd'aveuglescomplets qu'auparavantetdavantage de malvoyants retardés scolaires qui, du fait d'un résidu de visionnonnégligeable, sontrestés plus longtemps dans l'enseignementprimaire dit "normal" et ont traîné dans les petites classes, redoublant ou triplant même le cours préparatoire,
(ceux de 6 ans) ou le cours élémentaire (ceuxde 10 ans) et dece fait, non acceptés à l'E.N.D.V. Il sefait aussi parfoisunepasserelle de l'E.N.D.V. àl'Institution, finC.M.2, surtoutquand les enfants sonttropâgés pourtenterunpremiercycle normal (ceux de 12-13 ans).
1,2,2 Un autrerapportàla lecture
Les non-voyants qui n'ontjamais vu compensentl'absence d'accès àl'écritpar le visuel en
utilisant le toucher, la mémoire et surtout le braille. Comme tous les handicaps physiques, il est important d'avoir recours aux autres sens pour développer l'imaginaire des jeunes aveugles qui
n'ont jamais vu. A cet effet, le sens du toucher doit être développé, le contact digital avec un maximum d'objets se doit d'être privilégié, et pour la lecture, il faut avoir recours aux livres en reliefquicontiennent desformes volontairement simplifiées voire stylisées. Ces livres enreliefsont malheureusement parfois trop élaborés ou les reliefs pas assez prononcés. Pour développer le goût de lire ou de participer à un récit imaginaire et ainsi de passer au-delà du handicap, trois modes d'accès au livre sontproposés auxjeunes lecteurs déficients visuels : la cassette audio, la disquette
et livre papier enbraille ou en gros caractères. Denombreux livres existent en effet sous forme de cassettes, ce qui permet un gain de place mais qui limite les capacités d'imagination des enfants
puisque les tons et les voix leur sont imposés. Quant aux disquettes, elles permettent, grâce aux
avancées technologiques, d'accéder à un ouvrage sur support informatique et présente également
PRESENTA TION DEL 7 J.A.
Cependant, ces différents supports, malgré leurs avantages, privent l'enfant du contact avec
lepapier, le livre et l'écritquiest unbesoin, enparticulierpourcejeune public. Enle développant, on stimule le goût de lire. La lecture touche chaque individu et le braille permet depuis plus d'un siècleauxnon-voyants de pouvoir avoiraccès auxdifférentes formesde cultures sansavoirrecours
àunetierce personne. L'autonomiequepermetce système d'écritureet ses dérivés estdéterminante
danslavied'unnon-voyantoud'un déficient visuel.
Cependant, une opposition est marquée entre la profusion des livres pour la jeunesse à
destination des voyants etle manque de choix dans les titres pour les déficients visuels. Pour ces
lecteurs, de nombreux défauts reflètent ce manque de prise en compte, tel que le manque
d'illustrations dans les livres pouraveugles. Ceci est dû à une vieille idée reçue selon laquelle les
aveugles n'avaient pasbesoinou pas accès à d'autres représentations que celles des mots. Pourtant,
les illustrations permettent à l'enfant de canaliser son imagination, elles donnent des repères et
développent la sensibilité de l'enfant. La multiplication de documents sonores musicaux ou
parléssur lesquels il y a plusieurs voix bien caractérisées enrichies d'un décor sonore soutiendra
l'élaborationmentale,l'imaginairede l'enfant privé desupportvisuel imagé.
Cependant, l'accroissement du nombre de livres parlés ou lus par le biais de l'informatique
tout comme ceux lus par une personne comporte un danger: celui de faire perdre à terme le goût d'écrireetdelirele braille.
1.2.3 Un âge déterminant
Lesélèvesinternes ousemi-internesdel'I.J.A., outrelaparticularité d'être déficients visuels font partie d'une tranche d'âge pendant laquelle l'intérêt pour la lecture est déterminant. La
littérature enfantine attire les plus jeunes grâce à ses couleurs, au choix de ses thèmes et parfois
grâce àses images sanstexte. Plus l'enfant grandi, plus il sera attirépar les thèmes récurrents de la littérature de jeunesse pour être finalement séduit par les récits et finir par être touché par les romans.
En fait, c'est dès le plusjeune âge que se forge le goût de la lecture et c'est à ce moment
qu'il faut en distinguer les deux fonctions : elle ouvre d'abord les portes de l'imaginaire et de la
créativitépuis elle prépareàl'apprentissage de la lecture. Maispour avoir envie de lire, il fautque le livre soitune sourcedeplaisiretd'échange. Lalecturen'estpas seulement utilitaire,elleest aussi loisir.
Il estimportant que dès le plus jeune âge, le lecteur puisse rencontrerl'écrit sous toutes ses
formes, repérer les différentes sources d'information. Le livre est essentiel pour lesjeunes enfants, même s'ilsne saventpas encorebien lire, il leurestprimordial d'être confrontésàdes écrits variés.
PRESENTATION DE L 'I.J.A.
Il ne suffît pas d'apprendre à lire, encore faut-il avoir envie de lire. Mais une fois le goût du livre
acquisdans sesplusjeunesannées, ils'agit dele préserveravecl'âge. Lapériode adolescenteest un
dangerpour le livre. Les adolescents ont des attentes etdes attitudes différentes de celles des plus jeunes. Le problème de la transition vers les bibliothèques dites d'adultes se pose. Le passage du C.D.I. à la bibliothèque ne se fait pas sans difficultés, a fortiori, le passage d'un centre de documentation scolaire spécialisé à une bibliothèque traditionnelle. Enfance et puberté
correspondent souvent à une «furieuse manie de lecture indisciplinée et intraitable». la lecture fournit alors l'expérience de rapports émotionnels avec des images symboliques. C'est vers 13-14 ans pour les filles et 14-15 ans chez les garçons que la fréquentation des bibliothèques par les adolescents est laplus
importante1.
Les pratiques de lecture sont souvent orientées vers la lectureplaisir, une littérature de divertissement. Le lien avec la réussite scolaire est fort mais pas absolu. L'Education Nationalea depuisquelques années abandonné l'ambition suivant laquellel'école était en mesure àelleseule decompenserles inégalités socialesetde faire accéder lesenfants de manière
égalitaire àla réussite sociale Lalecture jouenéanmoinsun rôle important dans la réussite scolaire.
C'est unâge déterminantpourles jeunes lecteurs qu'il fautmotiver puisque les pratiques culturelles se structurentpendant l'adolescence. Le risque de désintérêtpar dépit oupar manque de motivation est celui de s'installer dans la dépendance de celui qui lui fera la lecture. C'est un constat qui
s'imposeavec lemanquede choix.
1.3 LeCDI
1,3.1 Fonctionnementetagencementdel'espace
Le C.D.I regroupe en fait la fonction d'une bibliothèque centre documentaire (B.C.D.) qui
s'adresse auxplusjeunes jusqu'auC.M.2 etd'uncentre dedocumentation etd'information (C.D.I.)
quiestdestinéàpouvoir répondreauxattentes desélèves de la sixième àla troisième. Il fonctionne de nouveau depuis deux ans, après une longue période où il n'était qu'une salle où étaient
entreposés les livres. Aucun documentaliste de formation n'y évolue mais une enseignante, Marie-Paul Gmar, s'occupe du CDI une après-midi par semaine tandis qu'un objecteur de conscience,
Fabien Eloire, est chargé de gérer le fonds depuis le mois de mars 1999. Les horaires d'ouverture
sontassezflexibles etchaque visite doit sefaire accompagnéd'un éducateur (cf. doc. 1).
Un système d'emprunt existe : à la fin ou au début de chaque livre se trouve une fiche cartonnéede différentescouleurs, distinguant ainsi lanature des livres. Pour leslivresenbraille, les fiches roses sont utilisées, qui sontjaunes pour les bandes dessinées, blanches pour les livres en
1
PRESENTATION DEL'I.J.A.
noir. Le C.D.I. estabonné à larevueJ'aimeLireenbraille eten vuedu nombre croissantde ce type
d'ouvrage, des fiches de couleur bleu leur sont attribuées. Lorsqu'un livre estemprunté, cette fiche
est retirée et replacée à la restitution, ce qui permet de savoir à tout moment et rapidement quels
livres sont en prêt L'enregistrement des emprunts fonctionne aussi avec des fiches au nom de
chaque élève etde chaque enseignant surlaquelleest notéela référence du livre emprunté ainsi que ladate del'emprunt.
Le C.D.Ijouxte la cour intérieure de récréation et se situe ainsi au centre de l'espace dans
lequel évoluent les élèves. Le CDI s'étend en longueur. Les livres sont disposés dans des armoires
dont le côté supérieur contient des étagères et qui sont placées contres les murs. Ces étagères ne
sont visiblement pas appropriées pour recevoir des livres pour un CDI, car seule la partie
supérieure est utilisable. Pour ce qui est des étagères réservées aux livres en braille, elles ne
semblentpas nonplus offrir la meilleure gestion d'espace pource typede livres. Leformat répandu
des livres enbraille (minimumA 4) et le fait qu'ils se présentent souventen plusieurs volumes ne
facilitent pas l'agencement de ces livres. Ils sont mélangés et mises à part les grandes différenciations d'âgesetles documentaires, riennepermetdedistinguer lanature deces ouvrages.
Bien qu'unpremier classement ait été effectué, les documentaires ennoir sontséparés et les romans se trouventéloignésdesromans pourla jeunesse.
Le coin «détente-loisirs », au milieu des albums, des revues pour enfants, des livres en
braille pour les plusjeunes lecteurs, et des bandes dessinées permet, avec ses coussins, laisse aux
pluspetitslapossibilité d'apprécier lalectureentantqueplaisir.
Des tables sont offertes pour les jeunes et les autres élèves. Ces tables se trouvent à
proximité des romans, dictionnaires, encyclopédies et des documentaires historiques et géographiques ennoiret en braille, ce qui permet d'avoir facilement accès auxprincipales sources
du savoir. La question de l'appropriation des savoirs est ici encore plus prégnante puisque la
constructionmentale, pourlesélèvesnon-voyants, estessentielle.
Pour retrouver une information, et devant l'absence de signalétique, il est indispensable de faireappel àquelqu'unpourtrouverl'objetde la recherche.
Latable pour les plus petits estplacée devant le bureau, à proximité ducoin lecture, ce qui
permet d'intervenir rapidementauprès de ce public qu'il faut habituer àl'objet livre. Les livres qui
leurs sont destinés, sont à leurportée, et en somme, tous les livres sont facilement accessibles, la gestion de l'espace s'étant réalisée selon les besoins de chaque type d'usager. Certains élèves sont cependanttroppetitspouratteindreles étagères supérieures.
PRESENTATION DEL'I.J.A.
Pour les plus petits, les ouvrages en braille et en noir sont rangés au même endroit, ce qui
permetde ne pas séparer les voyants - même partiellement - des non-voyants. Il est important de conserver l'unité de l'âge et de surmonter les différences visuelles pour ne pas détourner les plus
jeuneslecteurs de l'attrait de la lecture.
Quantaux livresscolaires, ilssontrépartis dansunearmoireà l'écart deslivresdu CDI, ainsi que placés dans le bas des étagères supportant les livres et qui sont pourvues de portes, ainsi, à
aucunmoment, leslivres scolaires etlesdocumentaires àdestination des élèvesnesontmélangés. À l'exception de quelques photographies, il n'ya rienque les murs, pas d'indication, pas de
posters, la tapisserie étant claire,tout commeles étagères supportant les livresennoir, cela rend le cadre froid, ceavec quoi dénotent les coussins de couleurs vives qui donnent unetouche différente
àl'ensemble.
Le CDI fait office de salle d'audiovisuel car il est équipé d'une télévision, d'un
magnétoscope et d'une chaîne hi-fï, ce qui permet de développer les autres médias proposant de
l'informationetdela culture.
1.3.2 Lefondsen« noir »
Dans une structure spécialisée telle que l'I.J.A., les livres imprimés que l'ontrouve partout
sontappelés ainsi pour marquer leur différenceavec les livres en braille. Ce fonds représente plus
de huit cent titres et ne peut être exactement chiffré puisque certains titres sont en plusieurs
exemplaires. Ilcomprendromans, bandesdessinées, grands classiques de la littérature, dictionnaires
et encyclopédies et étant donné l'âge des usagers, des premières lectures, des albums pour la
jeunesse... Les élèves dont la vue est la moins altérée peuvent accéder à ces livres rangés par thèmes pourles documentaires, parcollectionpourla littérature de jeunesse etpartypes d'ouvrages (bandes dessinées, albums...). A ceux-ci, s'ajoutent diverses revues pour les enfants qui sont disposées dans lecoin«loisir». Les romans pourla jeunessesont séparés desromans de littérature ou de théâtre. Les documentaires d'histoire et de géographie, regroupés au même endroit avec les
encyclopédies et les dictionnaires, sont séparés des autres types de documentaires. L'âge des lecteurs estprisencomptedans leregroupementdes livres.
Dans le fonds des livres en noir, se trouvent aussi les «Corps 16» ou livres agrandis qui
sont destinés aux personnes dont les capacités visuelles sont réduites comme les amblyopes. Comme leurnoml'indique, la taille des caractères deces livres est de 16. Ils font partie des livres
imprimés mais sont adaptés aux malvoyants. Des ouvrages du CDI sont agrandis et reliés par l'Institut. Ces œuvres sontainsi à la portée d'un grand nombre d'élèves. Les Corps 16 constituent une partie infime du fonds du CDI mais la présence d'un dictionnaire « en agrandi » est très utile
PRESENTATION DE L7. JA.
auxélèves. Certains romans de littérature pour la jeunesse existent aussi en corps 16, d'ailleurs, le fonds leplusrécentdeces romansestàdestinationdes adolescents.
Dans le C.D.I. de l'Institut, se trouvent également les livres scolaires qui sont à l'écart du
fonds en braille et en noir. Les livres scolaires n'ont pas trouvé leur place au sein de l'espace du
CDI, puisqu'ils sont éparpillésdans une armoire etdans les bas des étagères consacrées aux livres
du CDI. C'est un vaste fonds de livres surtout destinés aux enseignants mais aussi aux élèves. Le
projet futur est d'intégrer les livres scolaires au fonds du CDI en
les cataloguant
et enles
rendant visiblestant auxélèvesqu'auxenseignants.1,3.3 Lefondsenbraille
L'écriture braille est un système inventé au
XIXème
siècle par un Français, Louis Braille.Cetteinventionconsisteenla combinaison de sixpointsenrelief disposés endeux colonnes detrois
points. Lejeu de ces pointspermet de constituer 63 combinaisons etde
former
toutes leslettres de
l'alphabet, les chiffres, les signes de ponctuation, la musique, l'informatique, les mathématiques... (cf. doc. 2). La lecture du braille s'effectue avec la pulpede l'index des deux mains. Il existe deux
sortes debraille : le braille intégral et le braille abrégé. Le premier est compris par tous les non-voyants et le second est une sorte de sténo comportantprès de 900 symboles ainsi que des règles
d'assemblage des lettres. Etant donnée la complexité de l'apprentissage de celui-ci, les enfants en bas âge n'ont aucunementbesoin de l'apprendre. T1 devientcependant indispensable aux abords de
la6e(11-12 ans), carles livres scolaires utilisent de moins en moins le braille intégral en faveur de
l'abrégé. L'abrégé est donc enseigné, en fonction des capacités de mémorisation, aux enfants scolarisés entre le CM2 etla6e et passe parl'enseignement de l'abrégé progressifqui permet de se familiariser avec ce nouveau mode d'écriture. La connaissance de l'abrégé s'avère indispensable pour toute personne qui désire poursuivre ses études, même secondaires, car
l'augmentation du
rythme de lecture s'accompagne de celle de la vitesse de prise de notes sans lesquels l'élève ne
pourraitpassuivrele rythme de la classe. A titre d'exemple,unepersonne qui maîtrise parfaitement le brailleabrégéestcapable de prendreennoteaussivite qu'unepersonnen'ayantpasde handicap.
Le deuxième avantage du braille abrégé est la réduction d'environ un tiers du volume
occupéparlebrailleintégral.
Le braille, intégral ouabrégé,n'est pas seulement utilisé parles aveugles mais aussi parles
malvoyants dont la déficience visuelle restreint le champ de vision et ceux n'ayant accès qu'aux livresengros caractères. Il permetunelecturebeaucoupplus rapide qu'avecles groscaractères. En
fait, lesmalvoyants sontaussi initiés aubraillepourleur permettrede poursuivre leurs études quand leurvisionesttroppartielle.
PRESENTATION DE L 7. J.A.
Pourtant, même avec la maîtrise de l'abrégé, il n'est pas possible de lire aussi vite que les
voyants. Unbon lecteur braille atteint 150 à 200 mots par minute alors que le « lecteur ordinaire » enatteint 400 à 500. De plus, le braille étant analytique, la lecture s'effectue avec les deux indexet un seulcaractèretient sous undoigt, il ne permetni d'avoirunaperçu des idées essentielles, niune lecture en « diagonale». Il reste cependant le système le plus efficace d'accès à la connaissance
pourlespersonnes ayantunedéficience visuelle
accentuée1.
L'écriturebraille, même si elle s'estimposée, présente quandmême quelques inconvénients
d'ordrepratiques. Leformat etl'épaisseur dupapierne facilitentpas lerangementdesouvrages. En
réalité, une page noire équivaut à quatre pages en braille (cf. doc. 3). Le développement de la
transcription sur les deux faces de la feuille permet de réduire la place qu'ils prenaient mais la différenceavec leslivresennoirrestecependanttoujours importante.
Plusieurstechniques permettentd'écrire lebraille : avec unetabletteetunpoinçon,de moins en moins utilisés. Les points sont creusés sur la tablette et l'écriture se fait à l'envers. Puisque
lorsquelenon-voyantécrit,il forme lestrous etcomme ce ne sontque lesreliefs quisontlisibles, il
est nécessaire de penser l'alphabet braille à l'envers. Mais il existe des procédés plus pratiques
comme les machine à écrire Perkins qui possède un clavier composé de six touches, chacune
correspondant à un des six points. Cette machine à écrire offre la possibilité de se relire immédiatementmais elleestbruyanteetencombrante.
Le fonds du CDI regroupe près de deuxcentsoixante-dix titres. Sachantque lebraille, tout comme les livres imprimés, s'écrit sur le recto et le verso d'une feuille, mais que ce n'est pas une
pratique systématique, c'est le seul point commun que l'on pourrait trouver avec les livres
imprimés. Ilestraredetrouverun roman envolume uniqueetdonc le brailleseprésente souvent en
plusieurs volumes. A titre d'exemple, Germinal dEmile Zola, en braille abrégé est en douze volumes.
Le fonds du CDIenbraille comprend les romans-pourpetits etgrands -uneencyclopédie etundictionnaire ainsique des documentaires. Entout, près de 250 titres répartis en 350 volumes, braille intégraletabrégé confondus. Ces livressont tous regroupés dansunepartie du CDI.
Certains ouvrages en noirs du CDI sont retranscrits en braille au sein-même de l'I.J.A., ce
quipermetd'avoirunplus large éventail de titresetd'uniformiser le fonds afin queles enfants aient accèsauxmêmeslectures.
'
PRESENTA TION DE L7. J.A.
L'institut desjeunes aveugles, a la volonté de donner à ses élèves les plus grandes chances d'accéder à la lecture. La restructuration du centre de documentation était impératif pour la réalisation de cettevolonté.
RÉORGANISATION DUCDI
2 RÉORGANISATIONDUCDI 2.1 Analyse des besoins
2.1.1 Lesfonctions d'un CDI
Lafonction primaire d'uncentre de documentationetd'informationestd'amenerles enfants
à la lecture si la bibliothèque n'y est pas encore parvenue. Dans un environnement scolaire, un centre de documentationapparaîtcomme « l'outil indispensable à l'acquisition du "savoir-lire", du "vouloir-lire" etde "l'aimer-lire" »'. Le CDI doitpouvoirrestituerla fonction de loisir du livrepour le délivrer de sonstatut pédagogique.
Tout comme labibliothèque, le CDI estunecollectionorganisée de documents qui présente unaspectdeconservationetunaspect declassement, ilprésentealors unefonctionde diffusion.
Le rôle éducatif, qui contribue à la diffusion des savoirs et du développement d'un esprit
critique et le rôle «culturel documentaire » qui a fait que pendant longtemps, la lecture publique
étaitsynonyme delectureplaisirne passantque par lalittérature font partie des rôles fondamentaux dans la diffusion de l'information. Cette dernière, si elle est bien réalisée, permet de décliner le
savoiret la culture. C'estpour cette raison qu'il est nécessaire d'organiser un CDI, et de manière
plusprononcée, uncentrede documentationetd'information dont les supports sontaussi variésque celui del'I.J.A.
Le documentaliste intervient pour faciliter l'accès aux documents, à l'information, pour satisfaire les besoins de l'usager, c'est un médiateur entre le système et l'usager. Le rôle du
documentaliste se situe sur deux niveaux : en amont et en aval de la pratique documentaire. Le
back-office est le premier des deux niveaux. Ce terme définit tout ce qui est mis en place pour
augmenterl'autonomiede l'usager : l'adaptation du fonds (nature et fonctionnalité des documents),
l'accessibilité des livres (libre accès, signalétique...) et l'accessibilité de l'information
(classification, outils documentaires). Lefront-office est le deuxième niveau qui correspond au contact direct qu'entretient le documentaliste avec l'usager: l'accompagnement, l'accueil, l'aide, l'information...
Le CDI doit aussi être un lieu d'échange autour de la lecture, ce qui permet d'aider les enfants dans lamaîtrise de l'écriture. Il constitue enfinle lienentreles attentesculturelles familiales
etscolaires. Ilapparaîtnonseulementcomme étantla transitionentrele monde scolaire etle monde
des bibliothèques, mais aussi, et peut-être davantage comme le lien entre l'école et son
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RÉORGANISATIONDUCDI
environnement. C'estpourcetteraisonque le CDI sedoitd'être un lieuouvert surl'environnement
culturel etsocialde l'élève.
Mais la fonction essentielle du CDI consiste en la jonction entre la lecture plaisir et la lecture scolaire en montrant aux élèves que les deux peuvent se côtoyer sans que l'un des deux
n'apparaisse supérieurà l'autre.
2.1.2 Les problèmes liés à l'édition
De nombreuses lacunessontà soulignerquantà l'édition des livres enbraille. Laprincipale étant qu'il n'existe pas de dépôt légal pour les livres en braille Le dépôt légal oblige l'éditeur à
remettre un exemplaire de tout document à la bibliothèque nationale du pays (en France, la
Bibliothèque Nationale de France). Ces documents peuvent être des imprimés, des photographies,
des livres, journaux, affiches, enregistrements sonores, cinématographiques ou vidéographiques. Cette obligation est à la fois un moyen de conservation du patrimoine et de contrôle de l'information. Pourles documents écrits, l'imprimeurpeut, àdéfaut del'éditeur, faire les démarche
auprès de la B.N.F. En France, le dépôt légal est complété parle dépôt administratif (qui oblige l'éditeur àremettredixexemplaires de chaque numéro depublicationauMinistère de l'Intérieur) et
parle dépôtjudiciaire(obligation de déposer deux exemplaires auProcureurde la Républiqueoude
la Mairie de la ville
d'édition)1.
L'absence de dépôt légal sous-entend donc qu'il n'y a pas degestion des livresenbraille,ni d'organisation, ni decentralisation...
Les lecteursbraillistes nefaisant paspartie des lecteurs «ciblés», il ne semble pas rentable pourles gros éditeurs de transcrire leurs ouvrages en braille. Ce qui implique une offre très limitée dans lestitres quipourrait entraîner, àterme,unmanqued'intérêtpourla lecture. Ce problème de la reconnaissance du brailleserègleparle biaisd'associations denon-voyants ou de malvoyants. Les supportstactiles d'écrits, d'images etd'autres représentations enrelief, sontencombrants, coûteux, complexes àfabriquer, fragilisésparl'usure occasionnéeparlepassagedes doigtsetpeumaniables.
La transcription «sauvage » des ouvrages est très répandue dans les structures ainsi que
dans les associations accueillant desmalvoyants. Cependant une série d'obstacles entrave la bonne volonté des personnes voulant offrirun choix plus large de lecture à ce public moins favorisé sur
plusieurs points. Pour pouvoir transcrire un livre, il est impératif de recevoir la permission à
l'éditeur premier au préalable. Certains éditeurs refusent ou ne répondent pas. Il arrive que des
transcripteurs ne fassentpas de demande car ils sont «pris parl'urgence » oun'ont pas les moyens de payerlemontant des droits d'auteur. Quand la transcription estautorisée pour untitre,il nepeut
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LAMIZET Bernard et SILEM Ahmed (dir.). Dictionnaire encyclopédique des sciences de
RÉORGANISATIONDU CDI
être transcrit ailleurs. De plus, les prix sont trop élevés pour les parents (plus oumoins 150 F par
volume), etrarementuntitreenbraille intégral seprésenteenvolume unique.
Certains éditeurs indépendants proposent un fonds d'ouvrages dont les textes sont en gros caractèreset proposentle mêmetexteenbraille (intégral et abrégé). Il existe même des livres dans lesquels se trouvent des illustrations tactiles faites avec de vraies matières qui permettent, avec les reliefs, de développerl'imaginaire de l'enfant ; des ouvragesavec des couleurs vives et contrastées adaptées aux enfants ayant une basse vision. Les livres sont reliés par une spirale car la lecture
digitale nécessite des pages bien à plat. Ces ouvrages, sont entre autres, proposés par une association « 1,2,3 soleil » dont la volonté est de proposer des albums aussi beaux que pour les voyants.
La transcription manuelle réalisée par des bénévoles représente la majeure partie de cette
production. La deuxième forme de transcription est informatisée et ne produit encore que très peu
d'ouvrages pour diverses raisons. Entre autres, le personnel n'est pas qualifié et il est fréquent de
trouver plus de 2 fautes par lignes (soient plus de 10 fautes par lignes comparé à l'écriture
ordinaire). L'Association Valentin Hauy, premier producteur de braille en France et deuxième
mondial possède unebibliothèquede 25 000 titres. Leprocédéinformatisé fait appel à des logiciels
dereconnaissancedecaractèresqui suppose unsuivide latranscription. 2.1.3Réhabiliter le livre pourunemeilleure lecture
De nombreuses déficiences étant évidentes sur les livres en braille, notamment, il faut
repérer les situations qui handicaperont l'enfant aveugle et prévoir les aides qui compenserontces difficultés et qui de fait réduiront suffisamment les situations handicapantes pour que l'enfant retrouve son autonomie. C'est pour cette raison qu'il faut développer les à côtés du livre. Sur les livres enbraille, sur lesquelsne figurentpas letire hormis ennoir, sur lapremière de couverture, il s'est avérénécessaire de comblercette lacune. Le fait que «trop d'informationtue l'information» n'a paséténégligé, etil aétédécidé que seules apparaîtraientenbraillesur lacouverture : le titreet
lacoteafinque l'enfantpuisse serepérerbeaucoup plusfacilement.
Sur les livres en braille, il n'y a pas de titre sur la couverture, ce qui oblige les lecteurs à avoirrecoursàuneautre personne pourlireles titres etlesrésumés, oualors, de lire lapage de titre à l'intérieur du livre et de l'ouvrir. Pour combler cette lacune, les titres seront systématiquement
présentssurlacouvertureenbraille.Ladifférence entrele braille intégraletlebraille abrégé n'étant
pas négligeable, il est apparunécessaire de les différenciernon seulement surle cataloguepour les
enfantsmais aussipourles voyants. C'estpourcette raisonqu'ils sontdorénavant différenciésparla reliure noire pour le braille intégral et blanche pour les ouvrages transcris en braille abrégé. Les
RÉORGANISATIONDU CDI
malvoyants sachant lire le braille, les couleurs des reliures peuvent les informer du style de braille adopté par le livre. Surle dos des livres, des étiquettes pour les voyants reprennent les titres etle
nombre de volumes.
Pour les livres en noir, les couleurs attribuées à chaque grande famille collée sur chaque tranched'étagère etassociéesauxcouleurs de lamargueritepeuventguider les enfants.
2.2 Création du plan de classement 22.1 Lechoix de la Dewev
Avant d'adopter une classification pour les livres «en noir» du C.D.I., et sachant qu'une
classificationfacilite le libre accès auxdocuments, lanécessité s'estimposée de comparerles deux classifications les plus utilisées : la classification décimale universelle et la classification Dewey.
Dans un premier temps, l'importance des classes principales est considérable dans le choix d'une classification. La classification Dewey divise l'ensemble des connaissances en neuf champs du
savoir, les neuf disciplines de base laissant la classe zéro réservée aux ouvrages généraux tels que
lesencyclopédies,les dictionnaires oules théories générales. L'ensemble du savoirest contenudans la Dewey à l'aide d'une division hiérarchique constante de base dix, dans laquelle le nombre de chiffre correspond auniveau de division. Les neuf classes principales sont à labase de la division en sujets. Pour les plusjeunes, sa forme simplifiée et complétée par la marguerite (cf. doc. 4), la met à la portée des enfants en symbolisant les dix grandes classes par dix pétales de couleurs différentes auxquellessont associésunchiffreetunmot-clé. Il s'agit d'une adaptation destermes de la Dewey aux possibilités de compréhension de jeunes enfants. C'est pourquoi c'est le système le
plus courant utilisé dans les BCD. Certains CDI de collège ontadopté cette classificationen raison de sa simplicité d'utilisation. L'affichage de la marguerite à l'entrée du C.D.I., le report de l'indexation colorée sur la tranche des ouvrages et sur les étagères facilitent grandement
l'appropriation de l'organisation spatiale de l'espace documentaire et par conséquent leur libre
accès aux ouvrages. Pour les élèves plus âgés, chaque grande classe est donnée avec sont indice
numérique à un chiffre et le mot-clé est accompagné du terme exact de la classification. La répartition entre les classes s'opère selon les disciplines et non par sujet. La classification Dewey présente l'avantage d'assurer la continuité entre la bibliothèque de l'école et la bibliothèque municipalecarc'estlesystèmede classification employédanstoutes les bibliothèques.
Dansun second temps, la classification Décimale Universelle, qui s'impose dans les C.D.I. est issue de la Dewey et en a repris les classes principales ainsi que sa notation décimale.
RÉORGANISATIONDU CDI
permettant une analyse en profondeur des sujets ; une importance accrue de la syntaxe et des
innovations dans la subdivision et la notation. La CDU affiche cinq fois plus de rubrique que la
Deweypuisque laCDUneveutpas seborner auclassement desbibliothèquesetêtre utilisable pour
l'analyse des articles de périodiques et de tous les documents. Elle ne présente pas les mêmes
avantages.
Ces deuxformes de classification sontbasées sur ladivisionen dix classes de savoir codées de 0 à 9 qui se subdivisent ensous-classes qui sont à leurtour subdivisées. Toutes les classes sont communes à l'exception de la quatrième. La C.D.U. semble plus difficile de compréhension pour les plusjeunes enfants, et c'est ce qui a motivé le choix de laDeweypourles livres du C.D.I. qui fait aussi office de BCD. Il est possible d'ajouterunpictogramme surle dos du livre pourpréciser
auxplusjeunesle contenu dulivre, mais étant donné le type de handicap qui touche les usagers de ceC.D.I., l'intérêtdecette pratique s'est vite avéré inutile.
2.2.2Pourquoiune classification des livres enbraille ?
Lapréoccupation première du projetestde faciliterl'accès aux objets livres etaucontenude
ces livres. Le handicap visuel n'est malheureusement pas assez pris en compte dans des structures
publiques telles que les bibliothèques. Pour trouver des livres en braille, il faut s'adresser à des
groupes privés, puisque les structures publiques proposent surtout des lectures d'ouvrages assistées
parordinateur. Laplace queprennentles livres enbraille est la raison principale de cette tendance.
Il existe une bibliothèque en braille à Paris mais rien de tel dans le Nord. La lecture pour les déficientsvisuels esttoujoursassociée à l'assistance, c'estceque nous avonsvouluréduire.
Le but est que les jeunes non-voyants puissent dorénavant se passer d'assistance pour leur
présenter les livres. La création d'une classification spéciale pour le braille a été mûrement réfléchie. En fait, il ne fallait pas perturber les enfants avec des cotes et des chiffres qui ne
correspondaient àrienpourles plus petits. Quantàcréerun systèmeclassification basé surl'âge des
élèves, ilaété d'officerejeté, carle passage enclasse supérieureauraitentraîné uneréadaptationau
systèmedeclassification.
L'absence d'exemples à suivre dans ce domaine dans la métropole lilloise s'explique par le fait que les bibliothèques municipales favorisent l'apport des nouvelles technologies. La grande diversitédes âgeset des potentielsétaitunproblème à surmonter. Grâce aucourrier électronique de
Mme Laberge, bibliothécaire àl'InstitutNazarethet Louis-Braille (cf. doc. 5), le fait de séparer la
nature des documents est apparu normal. Lepublic de 1T.J.A., contrairement à celui de l'I.N.L.B., étantcomposéd'enfants, de pré-adolescentset d'adolescents, lapossibilité d'utiliser la Deweypour