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4.1 Données et méthode 61

4.1.2 Les variables 63

Nous avons utilisé l’échelle socioéconomique de Blishen, Carroll et Moore (1987) afin de déterminer notre première variable indépendante, soit l’origine sociale. Dans l’optique de rendre l’analyse et l’explication des résultats plus conviviales, nous avons créé quatre groupes de statuts socioéconomiques à partir des fréquences non pondérées relatives à l’échelle socioéconomique de Blishen (Blishen et coll., 1987) pour l’emploi du père seulement. Nous avons ainsi obtenu les groupes suivants : l’origine sociale « inférieure », soit un statut socioéconomique inférieur à 30; l’origine sociale « moyennement inférieure » avec un statut socioéconomique supérieur ou égal à 30 mais inférieur à 40; l’origine sociale « moyennement élevée », soit un statut socioéconomique supérieur ou égal à 40 mais inférieur à 50; puis l’origine sociale « supérieure » avec un statut socioéconomique supérieur ou égal à 50. Une contrainte s’imposa quant à l’utilisation de cette échelle socioéconomique : contrairement aux données concernant l’emploi du père - soit un taux de réponse de près de 80,0 % -, le cas de la mère fut plus problématique puisque le taux de réponse ne fut que d’environ 27,0 %. Conséquemment, nous avons utilisé l’emploi du père en tant que déterminant de l’origine sociale des répondants et des répondantes.

De plus, étant donné que les réponses provenant des répondants étaient insérées dans des intervalles d’une dizaine d’unités de statut socioéconomique - par exemple, 25 à 34, 35 à 44, etc. -, les groupes de statuts socioéconomiques que nous avons créé furent imparfaitement basés sur les quartiles obtenus à partir de la fréquence liée à chaque intervalle de statut socioéconomique. Néanmoins et malgré l’imperfection des quartiles constitutifs de nos groupes - 25,6 % pour le 1ier quartile, 56,7 % pour le second quartile et 77,2 % pour le 3e quartile -, nous pensons que ces quelques variations n’affecteront pas l’analyse ni l’explication des données. D’une part, nous ciblons plus spécifiquement l’origine sociale « inférieure » et « supérieure » afin de faire ressortir une tendance générale quant à la possible inégalité sociale. D’autre part, ne pas avoir regroupé les statuts socioéconomiques, avec l’éparpillement des

fréquences et des valeurs quasi-similaires dans les six premiers intervalles de statuts socioéconomiques, aurait rendu ardues l’analyse et l’explication des données.

Inversement, établir les quartiles à partir des statuts socioéconomiques de l’échelle de Blishen (Blishen et coll., 1987) et non pas à partir des fréquences de chaque statut aurait engendré une surreprésentation dans le second quartile avec une fréquence relative cumulative de 84,6 %. D’autre part, l’avantage indéniable de cette échelle de statuts socioéconomiques provient du fait qu’elle utilise une combinaison de deux variables, soit le revenu et l’éducation, afin de calculer le statut socioéconomique découlant de la profession. Tel que nous l’avons vu précédemment, le revenu des parents ainsi que l’éducation des parents sont deux des facteurs primordiaux, voire décisifs, dans l’atteinte d’une scolarité élevée chez les enfants, d’où l’utilisation de cette échelle pour notre propre recherche.

Notre seconde variable, l’éducation, permit de relier l’origine sociale à l’emploi typique et atypique. Tel que nous l’avons exposé dans le chapitre 3, l’éducation est un facteur décisif dans l’emploi, leur interrelation ne faisant plus de doute depuis de nombreuses années. Cette variable servira donc, dans un premier temps, de variable dépendante et, dans un second temps, de variable indépendante. Afin de déterminer si l’éducation est le facteur reliant l’origine sociale à l’emploi typique ou atypique dans une optique inégalitaire, nous avons, à la suite de Fréchet (1993a), constitué quatre catégories de scolarité à partir du plus haut niveau de scolarité obtenu répertorié dans l’enquête sociale générale. Nous avons ainsi obtenu la catégorie « hautement scolarisé » correspondant aux titulaires d’un diplôme supérieur au baccalauréat délivré par une institution universitaire canadienne, le baccalauréat correspondant à la catégorie « moyennement scolarisé II ». Vint ensuite la catégorie « moyennement scolarisé I » pour laquelle nous avons inclus le certificat de premier cycle universitaire, le diplôme d’étude collégial ainsi que le diplôme d’une école de métiers. Finalement, la catégorie « faiblement scolarisé » correspond à ceux ayant un diplôme d’études secondaires et moins qu’un tel diplôme. Nous avons fait le choix de distinguer le baccalauréat des études universitaires avancées pour une seule et unique

raison : l’accroissement constant, provenant de la démocratisation, du nombre de diplômés universitaires, principalement au baccalauréat, a eu pour effet d’accroître le niveau d’éducation moyen chez les jeunes générations.

La troisième variable, qui se trouve être également la dichotomie entre l’emploi typique et l’emploi atypique, posa davantage de problèmes quant à son opérationnalisation, d’autant plus que cette variable dépendante est la pierre angulaire de toute notre recherche. Tel que nous l’avons exposé dans le chapitre 1, il n’existe pas de consensus concernant l’emploi atypique, du moins dans sa définition, malgré la convergence de nombreuses études. Ainsi, notre point d’ancrage fut la base de données utilisée dans la présente recherche ainsi que, partiellement, la définition de Krahn (1991, 1995), celle-là induisant des limites quant à l’opérationnalisation de l’emploi atypique. Conséquemment, nous avons exclus de notre définition de l’emploi atypique les travailleurs à leur propre compte étant donné l’ambiguïté de leur relation d’emploi. D’une part, un travailleur à son propre compte ayant des employés n’a pas la même relation vis-à-vis de la permanence dans l’emploi, ni même vis-à-vis le nombre d’heures travaillées par semaine. D’autre part, un professionnel à son propre compte sans employé n’a pas la même relation face à la permanence, au nombre d’heures travaillées ou quart de travail, ni même face au revenu généré par son propre travail. Certes, à l’opposé de l’entrepreneur ou du professionnel, nous retrouvons également les travailleurs à leur propre compte ayant moins à offrir ou plutôt dont les services sont moins en demande dans l’économie, ceux-là souffrant, fort possiblement, davantage que les autres de leur situation. Bref, là réside toute l’ambiguïté dans l’emploi à son propre compte. Nous avons donc défini l’emploi typique comme étant l’emploi dans lequel le travailleur est employé à temps plein; inversement, l’emploi atypique se définit comme l’emploi dans lequel le travailleur est employé à temps partiel.

Dans l’optique où nous analyserons l’égalité des chances devant l’emploi typique, nous avons opté pour le premier emploi que le répondant obtint à la fin de ses études. Une raison fort simple explique notre choix : nous voulions, dans la mesure du possible, amoindrir, voire éliminer, l’effet de l’expérience de travail sur la recherche et l’obtention d’un emploi. Malheureusement, pour le premier emploi, la base de données nous empêcha d’établir le caractère permanent ou non dans l’emploi, ce qui aurait permis de raffiner davantage, d’avoir une distinction plus fine entre l’emploi typique et l’emploi atypique. De plus, nous avons été en mesure de distinguer, parmi les travailleurs, ceux qui avaient travaillé durant leurs études, causant ainsi un possible avantage dans la recherche d’emploi comparativement à ceux n’ayant pas travaillé. Cette précision méthodologique s’aligne sur le fait que, depuis quelques années, il y aurait une croissance du nombre de jeunes partageant leur temps entre un travail à temps partiel et leurs études. La proportion de jeunes travaillant durant leurs études est plus élevée chez les jeunes provenant de familles ayant un statut socioéconomique moins élevé que chez les jeunes provenant de familles ayant un statut socioéconomique plus élevé (Frenette, 2007). Il serait donc rationnel pour ces jeunes d’origine sociale moins élevée de rechercher et d’attribuer du temps à un emploi atypique, si, ultimement, cela leur apporte un avantage compétitif face à ceux d’origine sociale plus élevée ayant une scolarité équivalente ou plus élevée.