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1 A la rencontre d’une jeune démocratie

1.1.2 La transition économique et sociale

Depuis l’élection de Mbeki, le pays est entré dans une période de « rattrapage socio-économique » (Vircoulon 2004a §10) pour réduire les inégalités sociales. Elle repose sur deux types d’actions majeures :

13 Vu à la télévision en 2009 (chaînes nationales), la notion de nation est également reprise dans les discours de J. Zuma avant

les élections présidentielles de 2009. 14

Le Petit Robert présente ainsi la notion de transition en tant que « passage d’un état à un autre, d’une situation à une autre » (1993[1967] : 2295) qui s’accommode donc mal de son utilisation avec l’adjectif « démocratique ». Consultation en ligne du Petit Robert 2008, le 18 juin 2008, à l’URL : http://www.lerobert.com/index.php?option=com_enligne&Itemid=736.

une politique des services publics et une politique des revenus. L’état développe des actions concernant le logement social15, l’accès à l’eau et l’électricité, ou encore le développement d’un réseau de transports, mettant fin à l’isolement des townships ou des zones rurales face aux villes. Des actions sont également développées pour un meilleur accès aux soins, à l’aide sociale et à la scolarisation, notamment à travers le projet d’accès gratuit à l’école primaire pour les familles démunies. Pour ce qui concerne la politique des revenus, l’État a mis en place l’affirmative action, représentée au niveau économique par le Black

Economic Empowerment (BEE) qui favorise un accès entrepreneurial à taux préférentiels pour les

Sud-Africains noirs, métis et indiens. L’Employment Equity Act de 1998 entend favoriser l’accès de tous au monde du travail, afin qu’il reflète la population du pays et que se crée une classe moyenne. Selon Vircoulon (2004a §13) cette transformation ne « prend pas la tournure escomptée » : les aides sociales mises en place représentent en fait à ce jour le principal outil de « transformation » socio-économique. Le projet d’un réseau de transport est au point mort16 et son absence se ressent très fortement au quotidien, des personnes devant marcher des heures pour aller travailler et/ ou utiliser des moyens de transport peu fiables. Le pays fait face depuis 2008 à des coupures d’électricité journalières17 qui affectent tous les Sud-Africains, des entreprises à la vie quotidienne. Au niveau de l’éducation, le budget18 qui lui est alloué est passé d’environ 47,8 milliards de Rands en 1999-2000 à 105,75 milliards en 2007-2008. Cette progression très nette ne permet pas toujours d’observer des améliorations des conditions de scolarisation des enfants. La gestion des écoles semble être le point principal de préoccupation sur lequel agir selon Chisholm (2004 : 9).

Un autre paramètre contemporain qui influence les conditions de scolarisation est le SIDA. Lugan évoquait en 1986 le fait que « l’extraordinaire réseau médical mis en place par les Blancs » permet à la population noire de connaître le taux de mortalité, infantile et adulte, le plus bas d’Afrique (1986 : 260). Cette affirmation me semble relative dans le sens où, la mortalité infantile et adulte parmi la population noire d’Afrique du Sud devait être mal, voire non recensée, du temps de l’apartheid. Par ailleurs, même si

15 Une des priorités face aux nombres d’« habitats informels » des townships (composés de bidonvilles appelés « informal

settlements » mais également d’habitations représentants tous les niveaux sociaux).

16 Par exemple, à Durban en 2009, la société en charge de développer les transports en communs de bus peine encore à assurer

un certain service, malgré les très larges subsides reçus depuis plusieurs années. Au niveau national, les réseaux privés de « taxis » manifestent contre le développement des transports en commun pour garder leur monopole et le prix des transports élevés. Ils protestent également contre l’ouverture d’une ligne de métro à Johannesburg, dont le public visé serait, lui, en mesure de payer un ticket plus cher que les prix pratiqués par les taxis. La perspective de la coupe du monde 2010 participe, à la fin de cette thèse, à accélérer le développement d’un réseau de transports publics grâce à l’urgence de ce besoin.

17 Dues à une anticipation problématique du pays en matière de ressources énergétiques.

18 Ce budget reste cependant difficile à évaluer selon les différentes sources et selon les domaines auxquels il est sensé être

alloué. Il englobe ici en effet un budget global qui est ensuite réparti aux niveaux national, provincial et local, à tous les niveaux d’éducation et de formation. Les domaines prioritaires d’action éducative varient également selon les années. Le Mail

and Guardian du 19 au 25 février 2010 mentionne 165 milliards de Rands alloués à l’éducation dans le budget national

2010-2011, dont 23,3 milliards pour l’éducation et la formation supérieures et 127 milliards pour l’éducation obligatoire (« basic education »). Ces chiffres apparaissent dans un article de Debetle et Mohlala (2010) traitant de la fuite des universitaires vers le secteur privé en raison des faibles salaires du public.

cette considération avait pu se vérifier à l’écriture de l’ouvrage de Lugan, il faut prendre en compte le changement de la situation en vingt ans. L’explosion démographique, les ravages du SIDA et la difficulté à diffuser une information appropriée, ajoutées à une gestion du service public qui pose question et au manque de personnel qualifié19, comptent parmi les critères qui font que le système public de santé est actuellement en forte dégradation, très inégal, pour être parfois indigent. Selon le rapport 2007 d’UNAIDS, l’Afrique du Sud détrône le Botswana en tant que pays avec le plus grand nombre de contaminations du HIV20 à l’échelle mondiale. Bien que les approches de l’impact du HIV sur l’éducation de ces enfants soient difficiles à mettre en œuvre et souvent sous-estimées en Afrique (Desai, Jukes 2005), il est possible d’imaginer les conséquences du virus sur la scolarisation des enfants au niveau de leur environnement familial et éducatif21, quand eux-mêmes ne sont pas contaminés. Le KwaZulu-Natal (désormais KZN) est d’ailleurs la province la plus touchée du pays par le SIDA (DoH 2007 : 13, part I). La situation, compte tenu de la manière dont elle est prise en charge au niveau national, ne semble pas prête d’être renversée (cf. annexe 3, p. 17).

Devant les difficultés à réformer les infrastructures publiques, entre celles créées pendant l’apartheid mais laissées à l’abandon et l’apparition de nouveaux besoins, la situation de « transition » semble être parfois reprise pour justifier la lenteur ou le manque de prise en charge officielle de ces problèmes par le gouvernement. La notion de transition se développe de la fin des années 1990 à nos jours, et investit ensuite les champs politique, économique, social et éducatif. On pourrait dire qu’une phase de « transition et répartition » s’amorce pour aller de l’inégalité « raciale » vers un renforcement de l’inégalité sociale. Adapter cette expression à partir du titre de Bullier (1988) permet de mettre en avant la prégnance de l’ombre de l’apartheid qui règne encore sur l’Afrique du Sud, en termes d’opposition urbain/ rural et d’enseignement privé/ public, qui font que les inégalités officiellement imposées par l’ancien régime laissent la place à des inégalités sociales.

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Ce personnel qualifié est d’ailleurs pourtant parfois présent sur le sol sud-africain notamment parmi la composante zimbabwéenne réfugiée du pays. Les politiques de l’emploi du BEE font que ces personnes, malgré les besoins extrêmes du service public et leurs qualifications, ne peuvent pas accéder à ces emplois ; les Sud-Africains qualifiés vont de plus en plus exercer à l’étranger.

20 L’Afrique australe est la région du monde la plus affectée par le SIDA, avec un total de huit pays : le Botswana, le Lesotho,

le Mozambique, la Namibie, l’Afrique du Sud, le Swaziland, la Zambie et le Zimbabwe. « South Africa is the country in the world with the most HIV infections » (UNAIDS 2007b : 1). Environ 260 000 enfants de moins de 15 ans vivent avec le HIV en Afrique du Sud en 2006 (Department of Health (DoH) Report, part II 2007 : 3). Il y aurait 1,2 millions d’orphelins du SIDA entre 0 et 17 ans en 2005 dont certains sont eux-mêmes porteurs du virus (contre une estimation de 780 000 orphelins en 2003 (UNAIDS 2006b)).

21 En termes de renouvellement de personnel éducatif qui peut aller de 0,5% à 4% par an et du fait que les enfants orphelins à

cause du SIDA ont un accès restreint à l’éducation en raison des coûts de la scolarisation et du développement d’une certaine perception de l’éducation que cela conditionne (Desay, Jukes 2005). Pour ce qui est de l’Afrique du Sud plus précisément, le virus participe à l’éclatement de la cellule familiale, déjà très fragile parmi les familles sud-africaines noires du KwaZulu-Natal (cf. annexe 6 p. 25 pour une contextualisation des conditions du KZN à l’échelle du pays).

Les populations rurales des anciens bantoustans perdent les quelques structures et industries qui s’y sont développées pendant l’apartheid. Le manque de qualification et l’isolement contribue à appauvrir ces zones rurales, qui bénéficient assez peu de la transformation économique et de l’accès à l’emploi (STATSSA 2001a : 36-41) et se retrouvent défavorisées par rapport aux townships, urbains, qui bénéficient mieux des mesures socio-économiques en cours. Les townships se fracturent toutefois également au niveau social, entre laissés pour-compte et ceux qui s’y enrichissent ou finissent par en partir. Une « classe moyenne sud-africaine » est bien en train d’apparaître, malgré la prégnance des extrêmes et même si la majorité de ceux que Vircoulon appelle « les Africains22 » n’en bénéficie toujours pas et continue à vivre en dessous du seuil de pauvreté : « en 1997, les Africains représentaient 16 % de la classe moyenne sud-africaine ; en 2001, ils en représentaient 24 % ». En pratique, tous les Sud-Africains n’accèdent encore pas à l’eau ou l’électricité, 10 % des foyers urbains n’ont pas accès à l’eau courante, contre 39 % des foyers ruraux, et 26 % des foyers urbains n’ont pas l’électricité, contre 76 % des foyers ruraux (Vircoulon 2004a §15). Une nette distinction se crée donc également dans la modernisation des conditions de vie entre les situations urbaines et rurales.

Le même fossé se creuse au niveau éducatif selon Chisholm (2004), les disparités relatives à l’éducation héritée de l’apartheid sont encore sensibles entre zones urbaines ou rurales et entre les zones d’habitations formelles ou informelles23. Les écoles en zones d’habitations informelles (qu’elles soient rurales ou urbaines) reprennent les emplacements des anciens bantoustans, là où les écoles sont de la plus mauvaise qualité selon Chisholm. Les écoles rurales, notamment dans les grandes fermes d’exploitation (Human

Rights Watch 2004) qui sont connues comme les « écoles publiques sur propriété privées », sont

délaissées par le gouvernement. Les programmes de développement de l’aide à la petite enfance (avant la Grade R24) ainsi que celui de l’éducation et de la formation de base pour les adultes semblent également laissés de côté25.

Bien que des améliorations soient peu à peu prises en charge au niveau des provinces, l’ampleur de la tâche est telle que ce sont souvent les écoles privées (même partiellement) qui sont en mesure de proposer

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Qui signifie en fait « non-blanc » ici, puisque les politiques du BEE entendent théoriquement par « africain » les Sud-Africains noirs, métis et indiens. Cela pourrait également être un terme politiquement correct pour désigner les Sud-Sud-Africains noirs, compte tenu du fait que l’auteur mentionne ensuite « les minorités indiennes et métisses» avec lesquelles il faut compter.

Cf. le chapitre 4.3.3 concernant l’ambiguïté de la notion d’ « africain ».

23 Ces zones d’habitation, ou townships, se sont développées à l’époque où la population noire devait disposer d’autorisations

(avec les pass, cf. chapitre 3.2.2) pour circuler en « zone blanche » et donc y travailler. Les allers-retours entre ces zones et celles officiellement « réservées aux Noirs » (homelands, puis bantoustans) étant difficiles en raison des distances, les travailleurs s’installaient aux abords des villes dans ces habitations de fortune (où dans des dortoirs insalubres, prévus pour eux). Les townships ont récemment connu une croissance très importante à l’abolition de ces zones et du pass, certains d’entre eux développant de véritables quartiers avec des maisons confortables, côtoyant toujours les baraquements.

24 Première année de scolarisation obligatoire où les enfants ont entre 5 et 6 ans. Elle précède l’année de « Grade 1 » qui est la

première année du cycle primaire de trois ans appelée « foundation phase », cf. annexe 10c, p. 46. 25

Le programme de développement de la petite enfance est l’ECD (Early Childhood Development), celui pour l’éducation et de la formation de base pour les adultes est l’ABET (Adult Basic Education and Training) (IDASA 2004 : 3). Je ne les évoque que très brièvement pour pouvoir concentrer ce travail sur les formations secondaire et supérieure en langues.

une scolarité qui puisse aboutir au diplôme de fin de secondaire (en termes de qualité des contenus pédagogiques et des conditions de scolarisation). Pour réduire ce problème, l’état sud-africain tente de mettre en place des écoles « sans frais de scolarité » (les « no-fees schools »). A l’issue d’un calcul complexe basé sur les revenus des parents, des bourses sont allouées aux écoles à destination des enfants, afin de favoriser leur accès à l’éducation. Les frais de scolarité représentent parfois une forte partie des dépenses du foyer et les parents ne pouvant pas les régler n’ont pas toujours connaissance de l’existence des aides gouvernementales à ce sujet (The Tribune Herald, 10.07.2005). Les enfants sont parfois marginalisés par les écoles, qui peuvent aller jusqu’à leur en interdire l’accès, quand les parents ne peuvent pas payer les frais de scolarité (Chisholm 2004). La scolarisation recèle par ailleurs souvent des frais supplémentaires (nourriture, transport, uniforme...) avec lesquels il faut compter.

La scolarisation pré-primaire n’est accessible que de manière privée, aucune structure publique n’existe dans ce domaine. La scolarisation n’est en effet obligatoire qu’à partir du cycle primaire et 84% des enfants sud-africains de moins de 8 ans ne bénéficieraient d’aucune structure avant d’entrer à l’école primaire26. La nouvelle Constitution prend en compte les droits des enfants27 et la politique du gouvernement actuel avance le fait que l’année de pré-primaire appelée « Grade R » serait accessible à tous d’ici 2010, ce qui est, à mon goût tout comme celui de P. Picken en 2006, directrice de l’ONG TREE28, « un peu trop optimiste ». Pour elle, l’accès aux écoles primaires est rendu difficile par la distance qui les sépare des lieux de vie des enfants, cela induit le fait que bien souvent, ces enfants doivent prendre les « taxis » pour s’y rendre ce qui, selon elle, peut être dangereux29. Par ailleurs, ces classes « Grade R » sont souvent rattachées aux écoles primaires et, dans les faits, les enfants n’ayant pas l’âge de suivre ce cursus primaire sont toutefois déjà scolarisés. Ce phénomène trouve plusieurs raisons pratiques, selon P. Picken :

- Des motifs peu scrupuleux de la part des principaux d’établissements, dont le statut et le salaire sont proportionnels aux effectifs de l’école ;

26 Chiffres de l’audit sur le Développement de l’éducation des jeunes enfants, Département National de l’Education, 2001

(TREE 2005 : 42). Le peu de structures communautaires existantes n’ont souvent aucun accès à l’eau potable ou à des sanitaires ; les conditions d’accès à ces sites sont souvent difficiles voire dangereuses.

27 Constitution de 1996, Chapitre 2- Bill of Rights, section 28.

28 TREE (Training and Resources in Early Education) est l’ONG la plus active dans le KZN et la plus développée dans le pays,

travaille depuis 25 ans au développement de l’aide à la petite enfance (de 0 à 7 ans). L’organisation ajoute que des problèmes supplémentaires viennent se greffer à cette situation : « l’étendue de l’éclatement de la structure familiale, des taux très hauts de mères célibataires et très jeunes, un accroissement incroyable dans l’abus des enfants, leur viol et la négligence ». Dépliant TREE, communiqué par P. Picken, directrice de l’ONG (tous les documents TREE nous ont été communiqués de la sorte).

29 Les « taxis » sont les vans privés qui servent le plus souvent à la population sud-africaine noire pour circuler, étant donné le

manque d’autres modes de transports en commun ou individuels. Bien souvent en très mauvais état, ils sont à la source de nombreux accidents de la route et la proie de « guerres de gangs » qui se disputent des territoires de légitimité pour la circulation de leurs « taxis ». Puissant lobby, ces groupes s’opposent violemment en 2009 à la création de réseaux de transports publics en vue de la coupe du monde 2010, pour conserver leur monopole.

- La visibilité de l’école, pour en amélioration les conditions : plus elle compte d’élèves plus le gouvernement lui alloue des enseignants, des fonds et une aide alimentaire ;

- Le soulagement des parents, l’accès à la scolarisation publique et obligatoire revient moins cher qu’une structure pré-primaire, n’existant souvent que sous la forme privée (en dehors de cette ONG).

- Par ailleurs, aller à l’école apporte la garantie que l’enfant recevra un repas dans la journée, ce qui n’est pas le cas dans les structures pré-primaires et parfois difficile dans les familles.

Au-delà des considérations économiques, l’accès à la scolarisation semble valorisé selon les parents, selon l’idée que « plus l’enfant va tôt à l’école, plus il apprendra vite » ce avec quoi P. Picken est en désaccord, qualifiant cet enrôlement trop précoce de dommageable pour les enfants et « préjudiciable à leurs apprentissages par la suite» étant donné les conditions actuelles de scolarisation, tout en reconnaissant pour les parents « la pression énorme de mettre les enfants à l’école avant l’heure »30. L’éducation obligatoire publique connaît des soucis de financement entre les « indices de pauvreté » déterminés à l’échelle nationale (quintiles) et les allocations faites aux provinces (IDASA 2004 : 2). C'est-à-dire que les paliers fixés pour déterminer le montant de l’aide financière à allouer aux écoles, et le montant confié aux provinces pour ce faire, ne correspondent parfois pas. Cette question a été laissée en suspens au niveau national jusqu’en 2006, laissant donc la difficulté aux provinces de distribuer ces fonds aux écoles (IDASA 2004 : 16), avec la question délicate du choix des critères d’attribution qui pourraient s’avérer représentatifs31. Ces mesures font l’objet de nombreux débats, entre partisans et détracteurs de la politique des no fees schools, qui ne semblent pas non plus être la seule réponse à apporter à l’amélioration de la scolarisation :

« Si la suppression des frais de scolarité n’est pas complétée par des mesures pour construire des salles de classe, recruter et former davantage d’enseignants et améliorer la gestion des écoles, la médiocrité des conditions d’apprentissage risque d’écarter plus tôt les enfants de l’école ou de se traduire par des acquis très insuffisants. » (UNESCO 2008 : 29).

Une fois de plus, ce type de décision n’est pas suffisant en soi, il doit être encouragé à l’échelle nationale et accompagné d’autres mesures. Le facteur temporel est important notamment pour la formation et le recrutement d’enseignants. Cependant, ces derniers ne se déploieront pas dans toutes les écoles si les conditions ne sont pas intéressantes pour eux (cf. chapitre 1.2.2). Une formation, inexistante jusqu’alors, est en cours de mise en place pour les chefs d’établissements qui, dans le public, ne géraient jusqu’alors les écoles qu’à partir de leur formation d’enseignant. Les écoles privées, fonctionnant sur des frais de

30 Extrait d’entretien (non retranscrit en annexe).

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Les besoins sont importants et diversifiés, avec les problèmes de hiérarchisation des besoins que cela pose : une école pauvre avec des bâtiments neufs, par exemple, peut ne recevoir qu’une aide faible même si elle présente des besoins financiers importants (enseignants, matériel, sanitaires, eau potable, etc.).

scolarité élevés, ne connaissent pas ces problèmes et ne sont pas représentatives des écoles sud-africaines en général.

L’Afrique du Sud comptait, en 2005, plus de 380 000 enseignants et près de 12,2 millions d’élèves dans le primaire et le secondaire, dont 94,4% scolarisés dans des écoles publiques (11,9 millions d’élèves) et 5,1% dans des écoles indépendantes (ou privées, avec 315 000 élèves) (DoE 2006). Les communications des DoE provinciaux à la presse exposent souvent les problèmes de classes surchargées32, de violence, du manque de personnel, qu’il soit d’enseignement ou autre, du manque de matériel et de formations pour les enseignants, jusqu’au manque de structures les plus élémentaires telles un toit, des toilettes, un accès à l’eau, ou encore un grillage autour de l’école pour parer au vandalisme et souvent au pillage. Pour les écoles les plus pauvres, l’accès à des ressources encore trop onéreuses affecte la qualité de l’éducation à tous les niveaux : transports vers l’école, uniformes, livres et ressources pédagogiques, programme nutritionnel, encadrement, contenus pédagogiques33 (Chisholm 2004 : 9). L’école est, selon l’étude du Conseil sud-africain des Droits de l’Homme de 2008, le lieu le moins sécurisé dans lequel évoluent les