Fieure 1.6: Représentation schématique du LTR5’ du HIV-1
1.3. La thérapie antirétrovirale hautement active ou traitement HAART 1. Généralités
Depuis 1996, la HAART ou Highly Active AntiRetroviral Therapy a considérablement augmenté la longévité de vie des individus infectés par HIV-1 [72]. Le traitement consiste
généralement en la prise de 3 médicaments appartenant à 2 classes de composés antirétroviraux. Ceci
permet d’inhiber le cycle réplicatif viral à différentes étapes et donc de limiter l’apparition de virus
résistants [73]. Le traitement HAART inclus habituellement 2 inhibiteurs de la transcriptase inverse
analogues aux nucléotides (ou NRTIs) combinés soit à un inhibiteur de la protéase, soit à un inhibiteur
de la transcriptase inverse non-analogue aux nucléotides (ou NNRTIs) [73]. Le mécanisme d’action de
ces différentes familles d’inhibiteurs est présenté dans le tableau 1.8. Plus de 20 composés
antirétroviraux sont actuellement disponibles rendant le nombre de combinaisons HAART possibles
très grand [74]. Il existe également une quatrième classe d’antirétroviraux en utilisation clinique, les
inhibiteurs de fusion [24]. Le premier de ceux-ci, l’enfuvirtide (ou T-20), se lie à une région de la gp41
Classe d'inhibiteur Mécanisme d'action Molécules [23]
Inhibiteurs de la transcriptase inverse
analogues aux nucléotides (NRTIs)
En raison de l'absence de groupes hydroxyles essentiels pour la continuation de la chaîne, les NRTIs causent un arrêt de la transcription suite à
leur incorporation, par la transcriptase inverse, dans la chaîne d'ADN en formation [11].
Zidovudine (AZT), Didanosine (ddl), Stavudine (d4T), Lamivudine (3TC), Abacavir (ABC), Tenofovir
(TDF), Emtricitabine (FTC). Inhibiteurs de la transcriptase inverse non-analogues aux nucléotides (NNRTIs)
Les NNRTIs se lient à la transcriptase inverse à proximité du site actif et inhilDcnt son activité
enzymatique [364].
Nevirapine (NVP), Delaviridine (DLV), Efavirenz (EFV).
Inhibiteurs de la protéase
Les inhibiteurs de la protéase, par mimétisme avec les sites de clivage du précurseur polypeptidique Gag-Pof empêchent la protéase
virale d'interagir avec son substrat ce qui se traduit par l'absence de maturation des particules
virales en particules infectieuses [24,73].
Saquinavir (SQV), Indinavir (IDV), Ritonavir (RTV), Nelfmavir (NFV),
Lopinavir (LPV), Atazanavir (ATV), Fosamprenavir (fAPV),
Tripanavir (TPV), Darunavir (DRV).
Tableau 1.8: Caractéristiques des différentes familles d’inhibiteurs couramment utilisés dans le traitement HAART.
I-Introduction
récemment approuvées pour l’utilisation clinique : le maraviroc, un antagoniste du CCR5 ; le
raltegravir, inhibiteur de l’intégrase ; l’etravirine, inhibiteur de seconde génération de la transcriptase
inverse non-analogue aux nucléotides [76, 77].
La mise en évidence de mécanismes moléculaires cellulaires pouvant limiter la réphcation du
HFV-l offre de nouvelles perspectives pour le développement de molécules anti-HIV-1. Un des
mécanismes de défense cellulaire est médié par APOBEC3G (APOlipoprotein B mRNA-Editing
enzyme Catalytic polypeptide-like 3G), protéine de la famille des désaminases de cytidines, qui,
incluse dans les particules virales, provoque la désamination des cytidines en uridines lors de la
réplication suivante, entraînant la production de virus non fonctioimels [78], Le virus détourne ce
mécanisme grâce à la protéine Vif qui inhibe l’incorporation de APOBEC3G dans les particules
virales, provoque son ubiquitination et sa dégradation par le protéasome [78]. Etant donné que
l’inhibition de l’encapsidation d’APOBEC3G par Vif nécessite une interaction entre ces deux facteurs,
de nouvelles molécules inhibant cette interaction et permettant l’incorporation d’APOBEC3G dans les
particules virales pourraient être développées [79]. Afin de favoriser l’action d’APOBEC3G, le ratio
entre Vif et APOBEC3G pourrait également être modifié, par exemple en stimulant l’expression de
APOBEC3G, comme cela a été montré dans des hépatocytes humains suite au traitement avec de
l’interféron a [80, 81]. La protéine cellulaire TRIM5a (Tripartite Motif protein 5a) possède
également des propriétés antivirales contre HTV-l. Elle interagit avec les particules virales et semble
provoquer une décapsidation prématurée de celles-ci, ce qui interrompt le cycle viral, empêche la
transcription inverse et l’entrée de l’ADN proviral dans le noyau [82, 83].
Lorsqu’une combinaison efficace d’inhibiteurs est administrée, le taux de particules virales
devient inférieur à 50 copies par millilitre de plasma (soit inférieur au seuil de détection) et le nombre
de lymphocytes T CD4'^ réaugmente [84]. Une utilisation judicieuse de la HAART permet donc de
restaurer partiellement le système immunitaire et par conséquent limite les infections opportunistes
[73]. L’utilisation de la HAART sur le long terme est limitée par l’apparition de résistances, d’effets
indésirables et d’interactions pharmacocinétiques [24]. Les effets indésirables associés au traitement
HAART sont un syndrome métabolique comprenant une lipodystrophie, une hyperlipidémie et une
résistance à l’insuline, des réactions inflammatoires locales et systémiques, des toxicités au niveau de
foie, du muscle cardiaque, des reins, de la moelle osseuse et des os [74]. La recherche de nouveaux
composés continue et de nombreuses molécules sont actuellement évaluées (nouveaux inhibiteurs de
la protéase, molécules interagissant avec Taxe Tat/TAR, des inhibiteurs de l’interaction CD4/gpl20,
des antagonistes du corécepteur CCR5, ...) [24].
L’initiation du traitement HAART est recommandée chez les individus infectés
symptomatiques sans tenir compte de la charge virale ou du nombre de lymphocytes T CD4^, et chez
les individus infectés de façon asymptomatique présentant un nombre de lymphocytes T CD4^
I-Introduction
lorsque le taux de lymphocytes T CD4'^ excède les 350 cellules/pl de sang, en tenant compte
notamment des facteurs de risque de progression vers le stade SIDA, de la présence d’autres infections
(telles que l’hépatite B ou C), de la charge virale (>100.000 copies ARN viral/ml de plasma), de la
vitesse de diminution du nombre de lymphocytes T CD4^ (>1(X) cellules/pl par an), des risques
cardiovasculaires, de la présence d’une néphropathie associée à HIV et du patient [76].
Une stratégie permettant aux patients d’interrompre le traitement HAART et ses effets
secondaires (fenêtres thérapeutiques) sans que la virémie n’augmente a été proposée. Cette stratégie
consiste à interrompre le traitement HAART de manière structurée dans l’espoir de stimuler une
réponse immune spécifique contre HFV-l qui pourrait contrôler la réplication virale [85, 86]. En effet,
une interruption structurée du traitement HAART (STI) permettrait la stimulation du système
immunitaire par HFV-l pendant des périodes de temps définies. La plupart des études de STI réalisées
sur des patients infectés de manière chronique n’ont montré que des améliorations très faibles de
l’immunité spécifique contre HFV-l et ces patients n’étaient pas capables de contrôler la virémie
pendant des périodes prolongées [87, 88]. Par contre, des études menées sur des patients traités par
HAART durant l’infection primaire, ont montré des effets impressionnants avec certains patients qui
contrôlent la virémie pendant plus d’une année [85, 89, 90]. Cette différence s’explique sans doute par
le fait qu’un démarrage précoce de la HAART permet la maintenance à long terme des réponses
lymphocytaires T CD4^ et CD8^ spécifiques contre HIV-1 [91-93].
Le traitement HAART permet un contrôle de la réplication virale et donc de la progression de
la maladie [94, 95]. Néanmoins, ce traitement présente certaines limites et ne permet pas l’éradication
du vims chez les individus infectés, et ce même au terme de plusieurs années de traitement continu. En
effet, une virémie plasmatique résiduelle est mise en évidence même chez des patients traités depuis
longtemps et de façon continue par la HAART [96, 97]. De plus, un arrêt du traitement HAART
provoque, en quelques jours ou en quelques semaines, un rebond de la virémie plasmatique dont le
niveau atteint celui présent avant l’initiation du traitement HAART [98, 99].