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La théorie de l’apprentissage social de Rotter « Lieu de contrôle » :

PREMIERE PARTIE Apport théorique

7. Evaluation de la douleur chez l’enfant :

9.2. Le rôle de l’apprentissage social :

9.2.1. La théorie de l’apprentissage social de Rotter « Lieu de contrôle » :

Un concept psychologique développé par Julian Rotter en 1966 à partir de sa théorie de l’apprentissage social est le Lieu de contrôle. Dans sa théorie, il a avancé que « la probabilité d’apparition d’un événement est conditionnée aux renforcements positifs ou négatifs » M.Bouvard (1998 :201)

Rotter est le premier à avoir exploité en profondeur le concept de lieu de contrôle auquel il attribut un rôle capital dans la théorie de l’apprentissage social. Il a déduit à travers ses observations cliniques auprès de ses clients qu’un lieu de contrôle interne retrouvé chez les sujets attribuant leur réussite à leurs propres capacités mène à des comportements plus adaptés que ceux qui l’attribuent à la chance ou au hasard. Rotter nous avance dans sa théorie qu’une personne, de manière assez stable et durable, tend généralement à présenter de manière cohérante soit un contrôle plutôt interne soit un contrôle plutôt externe.

Nommé aussi locus de contrôle, il correspond aux différentes interprétations que chacun donne aux situations de vie qu’il rencontre. Il peut être interne (relié à la propre volonté de l’individu, ses efforts, ses désirs, ses capacités personnelles, ses connaissances) ou externe (relié aux autres, à la chance, au hasard, aux institutions, aux forces divines) dépendamment de notre explication des événements. Cette interprétation dépend aussi de la personnalité des individus.

9.2.1.1. Apport historique :

Behavioriste à la base, Rotter a élaboré le concept de locus de contrôle afin de confirmer que les déterminants du contrôle proviennent aussi bien de l’individu que de son environnement. Il a observé chez certains de ses patients suivis en psychothérapie qu’ils ne répondaient pas au modèle comportemental à cause de la présence d’idées dysfonctionnelles qui empêchaient leur

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adaptation. La théorie de Rotter est par conséquent venue pour mettre fin au modèle comportemental de Skinner (1938) qui, en rattachant le comportement à l’action de l’environnement en se basant essentiellement sur le renforcement positif et négatif a éloigné la liberté et la part de responsabilité de l’individu.

Depuis Rotter (1966), plusieurs tentatives se sont proposées pour définir et mesurer le contrôle.La notion de contrôle est centrale à plusieurs modèles théoriques de fonctionnement humain se trouvantimplicitement ou explicitement sous diverses appellations. Selon Bruchon Schweitzer (2002), parmi les diverses notions existantes, nous retenons : le lieu de contrôle (Locus of control) de Rotter (1966), Pearlin et ses collègues(1981) ont étudié le concept de maîtrise, le sentiment d’auto-efficacité de Bandura (1977), l’impuissance apprise de Seligman (1986), l’endurance de Kobasa (1979-1982) et l’attribution causale de Peterson (1984-1988). B.Schweitzer (2002) définit le lieu de contrôle comme la croyance généralisée dans le fait que les évènements ultérieurs (ou renforcements) dépendent soit de facteurs internes (actions, efforts, capacités personnelles), soit de facteurs externes (destin, chance, hasard, personnages tout puissants).

9.2.1.2. Définition du locus de contrôle :

Selon Rotter, une personne tend généralement à présenter de manière cohérente soit un contrôle plutôt interne et soit un contrôle plutôt externe, de manière assez stable dans le temps.Les sujets qui ont un locus de contrôle interne, se sentent responsables de leurs agissements et de ce qui en découle comme conséquences. Ils pensent qu’ils ont un contrôle de leur destinée, et réussissent le mieux leur vie éducative et professionnelle.

Les personnes à locus de contrôle externe accordent une plus grande importance aux facteurs environnementaux et situationnels. EIles pensent que les facteurs externes tels que la chance ou le hasard déterminent leur réussite ou leur échec et non leur effort personnel, et croient qu’ils sont victimes des situations qu’ils envisagent.

« Dans notre culture, quand un sujet perçoit un renforcement comme n’étant pas totalement déterminé par une certaine action de sa part, cerenforcement est perçu comme le résultat de la chance, du hasard, du destin, ou comme le fait d’autres tout puissants, ou bien encore comme totalement imprévisibles en raison de la grande complexité des forces entourant l’individu. Quand l’individu perçoit l’évènement (il faut entendre le renforcement) de cette façon, nous disons qu’il s’agit d’une croyance en un contrôle externe. Si au contraire, la personne considère

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que l’évènement dépend de son propre comportement ou de ses caractéristiques personnelles relativement stables, nous disons qu’il s’agit d’une croyance en un contrôle interne (Rotter, 1966, p.1) » N.Dubois (1987 :34)

« En effet, le lieu de contrôle est une croyance générale, une évaluation cognitive, a priori, de ses propres capacités ; il constitue ainsi plus une dimension stable de la personnalité, à valeur prédictive, qu’un processus cognitif momentané, mis en œuvre dans une situation particulière. C’est pourquoi d’autres auteurs (cf.Nuissier,1994) ont souligné la nécessité de distinguer le locus of control (disposition cognitive générale) de l’attribution causale(processus cognitif spécifique à une situation donnée). » B.Quintard (1994 :44)

En effet, la théorie de Rotter met en évidence la complexité des comportements de l’individu. Elle nous permet également de comprendre la raison pour laquelle un sujet peut adopter un comportement donné plutôt qu’un autre, en se basant sur les attentes et les renforcements. De ce fait, face aux situations stressantes et des problèmes rencontrés, chacun va réagir de façon personnelle et distincte. L’interne adoptera davantage des stratégies d’ajustement centrées sur le problème à l’opposé de l’externe qui va adopter des stratégies centrées sur l’émotion.

Le contrôle perçu est relié aux ressources personnelles, aux attributions causales est aux ressources sociales. Les ressources personnelles dépendent du lieu de contrôle c'est-à-dire des croyances de l’individu dans le fait que le cours des évènements dépend ou non de ses comportements et compétances. « Le contrôle perçu se réfère à la manière dont les indications apprécient le degré d’influence qu’ils peuvent avoir sur l’environnement. Ce concept concerne la croyance dans le fait que l’issus d’une situation ou d’un problème particulier dépend de soi ou de facteurs exterieurs. Le contrôle perçu fait partie de l’évaluation secondaire dans le modèle du stress cognitif de Lazarus et Folkman (0984) ». G.N.Fischer (282 :2002).

« Ce contrôle perçu jouerait un rôle protecteur en réduisant l’impact des évènements stressants et en facilitant l’adoption des styles de vie sains. Au contraire, un faible contrôle perçu appelé parfois « perte de contrôle » ou impuissance percue serait associée à un stress perçu plus intense, à une plus grande détresse et à une moins bonne santé physique (Honner,1998) » BruchonSchweitzer (2002 : 229)

« L’effet d’un renforcement ne relève pas d’un processus automatique(les conduites sociales ne sont pas façonnéessystématiquement par leurs conséquences immédiates), il dépend de la perception ou de la non perceptiond’une relation causale entre le comportement et le

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renforcement subséquent. D’où la définition du concept de contrôle interne- externe du renforcement comme représentation que le sujet a du rapport entre sa conduite et le renforcement (le contrôle interne correspond au cas où la relation causale est perçue, l’origine du renforcement étant imputée par la personne à ses capacités ou à ses caractéristiques personnelles, le contrôle externe correspondant au cas inverse où la relation causale n’est pas perçue, l’origine du renforcement étant attribué à des facteurs incontrôlables : hasard, chance, autres-puissants…) N. Dubois (1987 :42)

Ainsi, les individus peuvent attribuer leur avenir, leur réussite ou leur échec à des causes soit internes, soit externes.Le lieu de contrôle est reconnu comme un facteur important pour expliquer plusieurs comportements.Il constitue un déterminant dispositionnel du coping ; c’est ce qui nous a motivés à le prendre en considération dans la prise en charge de la douleur chronique chez l’enfant.

La notion du locus de contrôle nous revoit à la théorie des attributions.