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La théorie des attributions et de la cause attribuée de Seligman:

PREMIERE PARTIE Apport théorique

7. Evaluation de la douleur chez l’enfant :

9.2. Le rôle de l’apprentissage social :

9.2.2. La théorie des attributions et de la cause attribuée de Seligman:

Fritz Heider (1944, 1958) qui s’intéressait à la notion d’attribution en psychologie socialea apporté le concept d’attribution causale. Il cherchait à trouver les causes des comportements observés en les relinant soit à des causes personnelles (effort, intention, motivation) soit à des causes environnementales.

« Les attributions peuvent être définies comme des interprétations faites au sujet de la causalité des évènements extérieurs du comportement individuel. Dans les conditions où le lieu de causalité est incertain un sujet va se poser la question pourquoi, et il va élaborer des explications. Ces explications vont ensuite être considérées comme une cause de comportement et des évènements, indépendamment de toute logique. Ces jugements de causalité reflètent les schémas cognitifs » I.M Blackburn, J. Cottraux (2004 :33)

Le besoin d’inférer des attributions causales semble selon Heider, être en relation avec le besoin de l’individu d’exercer un contrôle sur son environnement physique et social, en essayant de donner des explications et de prédire les causes des comportements et des événements. Les individusattribuent des causes aux événements afin de rendre le monde prédictible et contrôlable, pour enfin le maîtriser.Plus l’attribution est externe et stable plus la contrôlabilité de la situation fait défautet donc plus le stress est important.

« Il est claire que ce qui interesse Heider (1958), Jones et Davis(1965) et Kelly (1967) c’est de décrire le processus par lequel les individus expliquent et interprètent les conduites et les états

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émotionnels (qu’il s’agisse des leurs ou de ceux des autres), alors que ce qu’ils étudientPhares(1968), Rotter 1966 et Lafcourt1966 c’est une variable générale de la personnalité. Cette variable concerne le degré de relation causale que les individus établissent entre leurs conduites et/ou leurs caractéristiques personnelles(traits , aptitudes, attitudes) et les renforcements positifs et négatifs qu’ils reçoivent, c'est-à-dire ce qui leur arrive ou doit leur arriver dans la vie ». N.Dubois (2009 :10)

Martin Seligman(1975), psychologue américain considère que les troubles au niveau motivationnel, cognitif et émotionnel, sont consécutifs à la croyance du sujet à son incapacité de contrôler les événements suite à son expérience personnelle. Ainsi, il peut attribuer la cause d’un événement d’une façon inadéquate. Cette attribution du manque de contrôle peut être interne ou externe selon notre manière de percevoir la provenance des choses. Seligman considère que « les « attributions » désignent les tentatives que nous faisons pour comprendre les causes et implications des évènements dont nous sommes témoins. Ces évènements, dans cette théorie, sont réduits aux conduites personnelles -les agissements de la personne qui pense- et interpersonnelles -les agissements des autres personnes-. Ainsi l’enfant et l’adulte tentent naturellement de trouver des causes à ce qu’ils font et à ce que les autres font : nous disons que nous possédons une « démarche intellectuelle causale ». Les conduites sont interprétées en invoquant certaines causes qui paraissent explicatives à celui qui les observe. On « attribue » aux conduites certaines causes ». L. Vera (2007 :54)

Seligman a aussi élaboré la théorie de l’impuissance apprise ou résignation apprise. Cet auteur a découvert suite à une expérimentation que si l’on fait subir des chocs électriques à des chiens en les cloitrant dans un enclos, ils apprennent qu’ils sont impuissants et n’essaient plus de s’échapper même si la porte reste grande ouverte. Ce phénomène, connu sous le nom d’ « impuissance apprise » ou de (learned helplenesness), a rapidement servi de modèle de compréhension de la dépression humaine.

J.D Swendzen et C.Blatier (1996) avancent qu’après chaque incident négatif, l’individu commence par évaluer son degré de contrôle de l’évènement. Selon la théorie, lorsque les évènements passés ou en cours sont considérés comme incontrôlables, il y a de fortes chances qu’ils en soient de même des évènements semblables à venir, d’où le développement du sentiment d’impuissance chez l’individu. C’est ainsi que l’on considère l’anxiété comme étant le résultat du sentiment d’impuissance face à des menaces futures (événements négatifs incontrôlables).

« En1975, il définitle désespoir acquiscomme les conséquences négatives d’une expérience vécue par l’individu de la non maîtrise de son environnement, conséquences se manifestant à

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trois niveaux : au niveau motivationnel, le sujet ne manifeste aucune motivation à contrôler la situation, ce qui entraine une chute de ses performances ; au niveau cognitif, le sujet est incapable d’établir un lien entre ses actions et leurs résultats ; au niveau émotionnel enfin, le sujet étant dans un état de désespoir, de dépression ».N.Dubois (1987 :20)

L’attribution causale est donc un processus cognitif qui consiste à chercher les causes pouvant expliquer la survenue des évènements.

Dans un contexte de douleur, l’enfant, en fonction de son « style d’attribution » qu’il a acquit de son entourage et à travers ce qui a été dit de lui, va avoir un style d’attribution positif (style explicatif optimiste) ou négatif (style explicatif pessimiste) qui va déterminer sa croyance à sa douleur.La restructuration cognitive va être une technique d’appoint pour modifier les attributions des responsabilités.

Le style d’attribution évalue les réussites et les échecs suivant un mode particulier :

 Le style d’attribution associé à l’absence de contrôle :

- l’externalité : les réussites sont attribuées à des causes externes (chance).

- L’internalité : les échecs sont attribués à des causes internes (manque d’habileté, d’aptitude, …) ; l’enfant ne voit pas sa réussite et ne s’en sent pas responsable.

 Le style d’attribution associé au contrôle :

Ce style évalue les réussites et échecs en fonction de critères plus souples et objectifs. - Les réussites sont attribuées à des facteurs internes (efforts, habiletés…).

- Les échecs sont attribués à des facteurs externes, parfois internes mais, situationnels. Selon L.Vera (2004), le développement du style d’attribution dépend de plusieures variables telles que l’âge de l’enfant, le type d’évènement auquel il est confronté, le discours des parents concernant les causes invoquées dans leur vision de la vie. La variable ayant un poids déterminant dans le style d’attribution associé à un manque de contrôle est la confrontation répétée à des évènements dont il n’a pas le contrôle : l’impossibilité d’échapper à des situations pénibles, l’impossibilité de pouvoir changer ces situations. On peut supposer que l’enfant se sent sans moyen et sans espoir d’agir : il a un sentiment d’impuissance.

« Si certains auteurs ont souligné que le contrôle perçu est étroitement lié à certaines caractéristiques du contexte (attribution causale), et d’autres qu’il constitue une caractéristique relativement stable de la personnalité (LOC), il apparait clair que ces deux perspectives reposent sur l’évaluation par le sujet de ses propres ressources personnelles. Selon les auteurs, le sujet qui perçoit une situation potentiellement stressante comme contrôlable évalue positivent ses ressources personnelles (Nuissier, 1994) » B.Quintard (1994 :46)

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Comme l’attribution causale, l’impuissance apprise est une autre notion voisine de celle de lieu de contrôle.