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2.3 Description du mod `ele de canop ´ee

3.1.1 Techniques de mesure des flux dans la couche de surface

La couche de surface de l’atmosph `ere est la partie la plus basse de la couche limite plan ´etaire directement en contact avec la surface terrestre. Dans cette r ´egion, les ef-fets de la force de Coriolis sur les courants sont n ´egligeables, la direction du vent est constante et la structure du vent est uniquement d ´etermin ´ee par les effets dynamiques engendr ´es par le sol et par la stratification thermique de l’air. L’ ´epaisseur de la couche de surface ne d ´epasse pas le dixi `eme de celle de la couche limite plan ´etaire, soit de 10 `a 100 m, avec une moyenne de l’ordre d’une cinquantaine de m `etres. Dans cette couche, les flux verticaux de quantit ´e de mouvement et de chaleur varient de moins de 10% de leur magnitude avec la hauteur.

Les mesures de flux de compos ´es organiques volatils biog ´eniques dans la couche de surface permettent d’ ´evaluer les ´emissions `a l’ ´echelle de la canop ´ee. Cependant, les ´emissions mesur ´ees ne sont pas celles du voisinage imm ´ediat de l’instrument de mesure. L’aire dont les ´emissions influencent les concentrations est d ´etermin ´ee par la m ´et ´eorologie locale. Cette aire est appel ´ee«empreinte». La hauteur de mesure d ´epend de la hauteur de la v ´eg ´etation et de la structure de la canop ´ee. Cette hauteur de

me-sure peut varier d’environ un m `etre `a plusieurs dizaines de m `etres au-dessus de la v ´eg ´etation.

La m ´ethode de mesure des flux dans la couche de surface impose plusieurs condi-tions. La surface autour du point de mesure doit ˆetre raisonnablement plate et horizon-talement homog `ene. Il faut une turbulence suffisamment forte et des conditions quasi-stationnaires. Les temps de vie des compos ´es chimiques mesur ´es doivent ˆetre beau-coup plus longs que les ´echelles de temps typiques de m ´elange turbulent. Puisque les mesures doivent ˆetre conduites au-dessus de la canop ´ee, des infrastructures parti-culi `eres sont n ´ecessaires. Par exemple, pour les sites de mesure en for ˆet, des tours de plusieurs dizaines de m `etre de haut sont utilis ´ees (Rinne, 2001).

M ´ethode d’«Eddy Covariance, EC»

La m ´ethode la plus directe pour mesurer les flux verticaux dans la couche de surface est la m ´ethode d’Eddy Covariance (EC). Elle est bas ´ee sur le produit moyen des fluc-tuations de la composante verticale de la vitesse du vent (w) et de la concentration (C) du gaz consid ´er ´e. Cette m ´ethode requiert des mesures tr `es fr ´equentes et simultan ´ees de ces deux composantes.

La covariance entre ces deux variables (C0 =C−C, w0 =w−w) donne le fluxF :

F =w0C0 = 1

t2−t1 Z t2

t1

w0(t)C0(t)dt (3.1)

o `u la barre horizontale d ´enote une moyenne temporelle sur un intervalle(t2−t1) typique-ment de 10 `a 30 minutes (Rinne, 2001). Cet intervalle est pris assez court pour ´eliminer les fluctuations de basse fr ´equence (g ˆenantes car parfois dues `a la grande ´echelle), et assez long pour assurer la repr ´esentativit ´e de la statistique. En r `egle g ´en ´erale, plus la mesure se fait en hauteur, plus cet intervalle de temps est long du fait que les tourbillons augmentent en taille avec la hauteur. L’intervalle de temps peut aussi ˆetre allong ´e si la situation est tr `es stationnaire. Puisqu’une part substantielle des flux dans la couche de surface atmosph ´erique est transport ´ee par des tourbillons relativement petits et ra-pides, les mesures de w et de C doivent ˆetre faites avec un senseur rapide (< 1s). Les fr ´equences typiques d’ ´echantillonnage utilis ´ees pour les mesures EC sont de 5-10 Hz (Rinne, 2001). Cette m ´ethode est souvent utilis ´ee pour mesurer les flux de CO2, de H2O et de O3. Des instruments, bas ´es sur cette technique, ont ´et ´e d ´evelopp ´es pour la mesure des flux d’isopr `ene (Guenther et Hills, 1998) et d’a ´erosols (Buzorius et al., 1998). Pour de nombreux constituants atmosph ´eriques, il n’existe pas de senseurs suf-fisamment rapides pour appliquer cette m ´ethode (Hewitt et al., 1995; Cao et Hewitt, 1999; Rinne, 2001). La spectrom ´etrie de masse par r ´eaction de transfert de proton a n ´eanmoins ´et ´e appliqu ´ee r ´ecemment `a la mesure de plusieurs hydrocarbures (Lindinger

M ´ethode du gradient

La technique du gradient dans la couche de surface est la m ´ethode traditionnelle pour mesurer les flux des gaz en trace pour lesquels il n’existe pas de senseur rapide. Cette technique est utilis ´ee pour obtenir les flux par une v ´eg ´etation homog `ene sur une grande surface.

Les gradients verticaux de concentration (∂C/∂z) des hydrocarbures au-dessus d’une source uniforme et plane peuvent ˆetre obtenus en mesurant la concentration de ces hy-drocarbures `a diff ´erentes hauteurs. Les gradients de temp ´erature, de la vitesse du vent et de la concentration de la vapeur d’eau doivent ´egalement ˆetre mesur ´es. Ces donn ´ees m ´et ´eorologiques sont alors utilis ´ees pour d ´eterminer le coefficient d’ ´echange turbulent

Kz ou coefficient d’ ´echange. Les flux d’ ´emission d’hydrocarbures peuvent ˆetre calcul ´es par la relation empirique (Hewitt et al., 1995; Cao et Hewitt, 1999; Rinne, 2001) :

F =Kz∂C

∂z (3.2)

Le coefficient d’ ´echange turbulent peut ˆetre obtenu en utilisant la th ´eorie micro-m ´et ´eorologique (Stull, 1999), la micro-micromicro-m ´et ´eorologie ´etant l’ ´etude des conditions micro-m ´et ´eo-rologiques `a petite ´echelle impliquant g ´en ´eralement des mesures fines pr `es de la sur-face terrestre sur de courtes p ´eriodes de temps (inf ´erieure `a une heure) et sur de petites surfaces (inf ´erieures `a 3 km). La m ´ethode la plus directe est d’inverser l’ ´equation 3.2 et d’utiliser un autre scalaire, par exemple le temp ´erature ou la vapeur d’eau, comme traceur. Cette m ´ethode, appel ´ee m ´ethode du rapport de Bowen, demande des me-sures de gradient tr `es pr ´ecises et peut induire des erreurs importantes lors du calcul des flux (Rinne, 2001). Une autre m ´ethode pour estimer le coefficient Kz est d’uti-liser la th ´eorie de similitude de Monin-Obukhov (Garratt, 1994; Stull, 1999; Rinne, 2001). Dans cette th ´eorie, la vitesse du vent est exprim ´ee en fonction de la variable sans dimension ξ = z/L, avec du/dz = (u/kz)(1 + a z/L), o `u a est un param `etre `a d ´eterminer exp ´erimentalement ; z, l’altitude consid ´er ´ee ; L, la longueur d’ ´echelle de Monin-Obukhov ;u, la vitesse de frottement ; et k, la constante de von Karman.

La m ´ethode des gradients est actuellement critiqu ´ee et donc presque abandonn ´ee pour diverses raisons :

– la stationnarit ´e de la turbulence n’est pas garantie, il n’existe donc aucun moyen d’ ´eliminer les«mauvaises»donn ´ees ;

– lorsque les flux ne sont pas conservatifs, c- `a-d lorsqu’ils sont perturb ´es par des r ´eactions chimiques, les gradients ne sont plus proportionnels aux flux ;

– la pr ´ecision de la mesure est souvent insuffisante ´etant donn ´e qu’on doit d ´eter-miner une diff ´erence de concentrations.

M ´ethode d’«Eddy Accumulation, EA»

La technique d’Eddy Accumulation (EA) est une m ´ethode plus directe, pour la me-sure des gaz en trace, que la m ´ethode du gradient. Cette m ´ethode ´evite le besoin de mesures rapides du constituant consid ´er ´e. Les ´echantillons d’air sont accumul ´es dans

deux r ´eservoirs («updraft»et«downdraft») suivant le signe de la composante verticale de la vitesse du vent (w). Dans la technique de «True Eddy Accumulation»originale, propos ´ee par Desjardins (1977), le volume d’air ´echantillonn ´e est proportionnel `a la valeur dew. Apr `es une p ´eriode suffisamment longue,

F =w+C++wC (3.3)

o `uw+etwsont respectivement les valeurs moyennes (sur le temps) des composantes ascendante (updraft) et descendante (downdraft) de la vitesse du vent. La quantit ´e C+

est la concentration du gaz en trace de l’ ´echantillon dans le r ´eservoir updraft etC est celle de l’ ´echantillon dans le r ´eservoir downdraft. L’ ´equation 3.3 peut ˆetre obtenue de l’ ´equation 3.1 comme montr ´e par Rinne (2001); Rinne et al. (2000).

Les ´echantillons de gaz peuvent ˆetre collect ´es `a partir de ces deux r ´eservoirs et analys ´es avec un d ´etecteur `a r ´eponse plus lente. Les temps d’ ´echantillonnage sont ty-piquement de l’ordre de 10 minutes. Cette m ´ethode est attrayante en principe mais tr `es difficile `a r ´ealiser en pratique (Businger et Oncley , 1990; Hewitt et al., 1995; Cao et

He-witt, 1999; Rinne, 2001). Il est en effet difficile de contr ˆoler l’ ´ecoulement de l’ ´echantillon

avec pr ´ecision et suffisamment rapidement.

M ´ethode de«Relaxed Eddy Accumulation, REA»

A la place de la m ´ethode d’Eddy Accumulation, la m ´ethode de Relaxed Eddy Ac-cumulation (REA) a gagn ´e en popularit ´e pour la mesure des flux de compos ´es orga-niques volatils biog ´eorga-niques. Cette m ´ethode, introduite par Businger et Oncley (1990), est plus simple que la m ´ethode d’Eddy Accumulation. L’ ´echantillonnage est d ´etermin ´e par la vitesse w, positive ou n ´egative, de la composante verticale du vent, et l’air est

´echantillonn ´e `a un taux d’ ´ecoulement constant, ind ´ependant de la valeur dew. Le flux est obtenu par la relation :

F =b σw(C+−C) (3.4)

o `u

best un coefficient empirique (= 0.6) (Businger et Oncley , 1990; Baker et al., 1992),

σw est l’ ´ecart-type de la composante verticale de la vitesse du vent [m s1] et

C+ etCsont respectivement les concentrations moyennes (sur le temps) [µg m3] du gaz dans les r ´eservoirs updraft (w >0) et downdraft (w <0).

Les avantages de la m ´ethode REA incluent le fait que les ´echantillons peuvent ˆetre transport ´es et ne requi `erent pas d’analyse de laboratoire pr `es du site de mesure (Hewitt

et al., 1995; Cao et Hewitt, 1999; Rinne, 2001). Typiquement, une paire d’ ´echantillons

de 30 minutes est collect ´ee chaque heure (Guenther et al., 1996; Greenberg et al., 2003).

M ´ethode de«Disjunct Eddy Sampling, DES»

Les m ´ethodes d ´ecrites pr ´ec ´edemment ´echantillonnent l’air de mani `ere continue dans le temps. Il est cependant aussi possible d’ ´echantillonner l’air de mani `ere non-continue et d’avoir encore suffisamment d’ ´echantillons pour calculer les flux (Haugen, 1978;

Kai-mal et Gaynor , 1983; Lenschow et al., 1994; Rinne et al., 2000). Dans cette approche,

appel ´ee Disjunct Eddy Sampling (DES) par Lenschow et al. (1994), des ´echantillons sont collect ´es sur des courts intervalles de temps, s ´epar ´es par des intervalles de temps relativement longs. Cette fac¸on de proc ´eder laisse plus de temps pour traiter les ´echan-tillons.

Dans cette technique d’ ´echantillonnage, le flux est calcul ´e par :

F =< w0C0 >= 1 N N X i=1 w0(ti)C0(ti) (3.5)

o `u N est le nombre d’ ´echantillons recueillis.

La somme dans l’ ´equation 3.5 est une moyenne sur un ensemble d’ ´echantillons plut ˆot qu’une moyenne sur le temps, comme c’est le cas dans l’ ´equation 3.1.

L’avantage majeur de la technique d’ ´echantillonnage DES est qu’elle permet les me-sures par la technique directe EC («Disjunct Eddy Covariance, DEC») en utilisant des analyseurs ayant des temps de r ´eponses entre 1 et 30 secondes, voire d’avantage. M ˆeme quand il existe un analyseur rapide pour un compos ´e, un instrument plus lent peut ˆetre plus petit, plus stable, plus facile `a manipuler et moins cher (Rinne, 2001;

Rinne et al., 2001).

La deuxi `eme m ´ethode directe est la m ´ethode EA, les autres m ´ethodes (gradient et REA) ´etant bas ´ees sur des param ´etrisations empiriques. Rinne et al. (2000) pr ´esentent un syst `eme, pour la mesure des flux, associant les techniques DES et EA. Dans ce syst `eme, appel ´e «Disjunct Eddy Accumulation, DEA», les flux sont d ´etermin ´es, en combinant les ´equation 3.3 et 3.5. On a alors

F =< w+ > C++< w > C (3.6) o `u

< w+ > et < w > sont, respectivement, les vitesses verticales moyennes (sur l’en-semble des ´echantillons) dans les directions ascendante et descendante, avec

< w+() >= 1 N N X i=1 wi+() (3.7)

o `u N est le nombre d’ ´echantillons, etC+etCsont, respectivement, les concentrations du constituant dans les r ´eservoirs updraft et downdraft.

Ce syst `eme DEA recueille des ´echantillons (temps d’ ´echantillonnage, ts < 0.5s) toutes les 10-60 secondes. La s ´equence d’ ´echantillonnage est r ´ep ´et ´ee typiquement pour 30-60 minutes, temps suffisamment long pour ´echantillonner les tourbillons d’air `a toutes ´echelles.

M ´ethode du traceur

Signalons, `a titre indicatif, qu’il existe encore une derni `ere m ´ethode pour mesurer les flux de compos ´es organiques volatils biog ´eniques, bas ´ee sur l’utilisation d’un traceur inerte (par exemple, SF6) (Lamb et al., 1986). Les flux d’ ´emission peuvent ˆetre calcul ´es comme suit

F =Ftraceur Cmax

Cmax,traceur (3.8)

o `u

F est le flux de l’hydrocarbure consid ´er ´e [µg m2 h1],

Ftraceur est le flux du traceur [µg m2 h1], suppos ´e connu, et

CmaxetCmax,traceursont les concentrations maximales de l’hydrocarbure consid ´er ´e et du traceur, respectivement.

Cette m ´ethode du traceur est cependant peu appropri ´ee pour les hydrocarbures hautement r ´eactifs tels que les monoterp `enes (Hewitt et al., 1995; Cao et Hewitt, 1999).