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thème 4:  le rapport au corps

13.3 Stanislas

- 71 - vécue comme un choc »et les amènent à « rejeter purement et simplement leur formation initiale ».Peut-on transposer ici chez un MK la conclusion d’une étude chez les enseignants ?

Au cours de l’entretien, Christian déclare pourtant qu’il a changé de point de vue entre son avis d’étudiant et son statut de professionnel actuel. « Je pensais être capable de rééduquer en fin de première année parce que je mobilisais un genou j’ai changé d’avis en rencontrant des malades, il faut de solides connaissances en pathologies en psycho, être capable de parler de médicament, d’environnement, de médicaments, et ce n’est pas à l’école que l’on apprend à parler dermato »,

« à l école on survole » La rencontre avec la maladie, avec les malades a changé le point de vue. « On soigne des malades pas des pathologies , cela suppose d’autres compétences que l’on développe avec l’expérience, le temps, cela revient à reparler de l’instinct, » « L’expérience, c’est la multiplication de situations cliniques multiplications des cas cliniques, des échecs » , « On apprend par la pratique : le fait d’agir sur une situation clinique et d’avoir un retour ; avoir un enseignement à en retirer, être capable d’auto critique, analyser objectivement ce que l’on a fait » Des éléments de professionnalité cités par Wittorski apparaissent : la confrontation aux situations professionnelles, la variété des situations rencontrées, la réflexivité, l’apprenance.« Moi j’aimerais que chacun ait une formation régulière pour se mettre à jour. »

- 72 - bilan. Il a donc des représentations de cas en tête, des exemples de cas concrets. Il est possible imaginer qu’il utilise son système intuitif, comme le décrit Pellaccia213.

Dans un deuxième temps, en changeant de pièce, et en changeant de tenue, (l’espace spatial lui permet sans doute de positionner les différents temps du bilan), Stanislas effectue alors sur le patient un bilan palpatoire et visuel. Chez le patient, il fait un examen morpho statique, « c’est la base de départ » « je regarde ce que le patient fait »et « on part dans deux ou trois directions » réalise les examens articulaire, musculaire. » « La qualité de mouvement est recherchée » Et de nouveau il fait une synthèse des informations avant d’aller faire un bilan fonctionnel dans la salle de rééducation, en veillant à discuter avec le patient pour obtenir d’autres informations. Et il sait qu’il a des algorithmes de décision et des scripts en tête et qu’en fonction d’eux il établit des objectifs de traitement différents. Par exemple pour un ligament du genou, il sait comment cela se passe, de quelle façon et quelles sont les structures anatomiques atteintes. Quand c’est moins habituel, »je ne suis pas sûr que ce soit ça à priori vu ce que l’on a vu au bilan, cela devrait être ça, »« Je fais des hypothèses »

Il effectue ensuite un bilan fonctionnel dynamique, c’est ce bilan dynamique qui lui confirme les hypothèses. En fait il a trois parties pour l’aider à comprendre. Il part du morpho dynamique, sa base de départ, puis il fait les bilans fonctionnels ou autres bilans analytiques et il termine par le dynamique ce qui lui permet de confirmer ces hypothèses. Ces 3 parties sont en interaction.et s’enrichissent les unes les autres Il se définit des objectifs, les partage avec le patient. Stanislas utilise le raisonnement procédural décrit dans le raisonnement collaboratif, Stanislas nous déclare alors des éléments de sa professionnalité : le regard MK. Le bilan morpho statique permet de

« comprendre pourquoi le patient fait cela », « je regarde plus de choses ». Ce regard MK, il l’a en fait beaucoup appris en formation et il a modifié sa façon de voir les choses « ça c’est le regard MK, c’est acquérir un regard kinésithérapique et l’attention sur quoi on va porter notre regard», et la « je regarde et de façon plus précise lorsque les gens font des mouvements, comment ils bougent leur corps » « plus de choses, même si c’est très subjectif » « le bilan est beaucoup plus précis grâce à ce regard » « en fait l’image est la même pour tout le monde mais on ne voit pas la même chose » et « savoir mieux où on regarde » a été quelque chose de très important pour lui . A travers ce regard il comprend mieux pourquoi le patient fait tel ou tel geste , a telle ou telle anomalie et cette compréhension peut être transposée chez les autres patients et « le fait de mieux regarder c’est mieux comprendre » « parfois je débordais et je ne savais pas comment aborder le problème maintenant ,je n’ai plus ce souci »

213 PELLACIA (2012) ibid

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« on a en tête que l’efficacité du traitement va probablement être faible car le bilan est faible et on fait un comparatif à la norme » « et en fonction des écarts retrouvés à la norme qui sert toujours de référence ,on sait ce que l’on peut faire et ce que l’on peut proposer parfois c’est très faible » Le raisonnement clinique c’est aussi un diagnostic d’exclusion « en fait le raisonnement il est quand même facilité si les cas bien documentés » par exemple si c’est après une chirurgie une opération c’est assez protocolaire et en fait les choses sont déjà bien comprises, bien expliquées « quand ce sont des choses qui ne sont pas aussi protocolaire en fait mon raisonnement il est implicite il jalonne tout mon bilan » et au final ça permet d’établir les objectifs et les moyens « quand je dis au patient je pense que votre problème vient de là, je vous propose cela , c’est le résultat du RC, c’est le fruit du RC » Le RC s’apprend en formation initiale en formation continue, avec les lectures aussi, avec la confrontation avec les autres professionnels.

Le raisonnement clinique est formalisé « il se fait au fur et à mesure de la rééducation » en fonction des réactions du patient « ensuite il y a un RC dans la réalisation de l’activité clinique en fonction des réactions du patient et de sa capacité à réaliser les exercices proposés et il est réévaluée en permanence au cours du traitement et en fait » C’est un continuum cyclique comme le décrit Marcum214.

Il compare toujours le sujet sain au sujet pathologique « j’ai un état initial un état final désiré un état attendu un état espéré » « c’est le pronostic « et j’ai une idée de ce vers quoi je vais voir tendre et en fait j’ai toujours un pronostic à faire je souhaite tant d’amplitude Tant de flexion par exemple je souhaite telle activité je suis dans telle phase dans tel état désiré c’est la norme » c’est aussi le désir du patient qui veux refaire telle activité « lui faire accepter certaines choses »

C’est le rôle du MK c’est aussi d’accompagner le patient « c’est celui qui est en première ligne »

« je réponds en fonction de mon expérience, mes connaissances, retour d’expérience » c’est le pronostic

Surtout il a appris par la lecture « beaucoup de lecture » et par des formations, réunion des congrès des e-learning des lectures d’article spécialisé et les formations classiques avec des intervenants des cours alternance théorie pratique et en fait en pratique on apprend surtout à observer à analyser et parce que la réflexion c’est la pratique aussi c’est aussi les techniques .L’analyse de cas clinique

« Voilà tels patients qui' a telle attitude, quelle hypothèse pourriez-vous poser sur sa position qu'est-ce que vous en pensez quelques hypothèses pouvez générer »

Stanislas se trouve dans le répertoire de niveau de discours selon Bordage, avec un discours compilé, c’est-à-dire un discours qui reconnaît d’emblée un ensemble de données cliniques qu’il

214 MARCUM(2012)ibid

- 74 - associait avec netteté à un diagnostic, son réseau sémantique du discours est très développé, il a beaucoup de réseaux sémantiques

Si on se réfère au niveau de professionnalisme de Le Boterf215, nous pouvons dire qu’il a une maîtrise professionnelle affirmée voire un niveau d’expertise. En effet, Stanislas est en capacité de décrire et expliciter sa façon de gérer une situation, « en fait là j’ai juste expliqué comment je procédais dans la pratique depuis l'arrivée d'un patient jusqu'au pronostic »et sait gérer avec autonomie ses ressources pour mettre en œuvre ses pratiques. Il est engagé, par l’intermédiaire de la formation dans un processus d’échanges de pratiques de formation, voire dans un processus de production de connaissances puisqu’il participe à des congrès et publie.