• Aucun résultat trouvé

Conclusion partielle

A. Stagnation imposée et xénophobie

Le mouvement est généralement signe de liberté. La liberté de circulation fait partie des droits fondamentaux formulés dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme346. Cependant, d’un point de vue juridique, ces droits peuvent être contrariés par les législations nationales, comme c’est le cas de l’Australie du début du XXe siècle, cadre historique de The

Garden Book. Ce roman se déroule de l922 à la fin de la seconde guerre mondiale, période durant laquelle une politique de fermeture des frontières était en vigueur. Cette politique a un impact direct sur le personnage du Docteur Horace Hay347. Bien qu’il soit d’origine chinoise, sa famille est installée en Australie depuis trois générations (GB 85). Pourtant, la citoyenneté britannique lui est toujours refusée348. Ce déni le maintient dans une position d’étranger qui ne correspond pas à la réalité de son expérience. Il fait donc face à de multiples discriminations fondées sur son phénotype. Toute ascention sociale lui est d’abord impossible. Horace pourrait pourtant prétendre à une certaine reconnaissance étant donné qu’il est le premier Chinois à être Docteur en Philosophie de l’Université de Melbourne, en latin (GB 85) ; toutefois, même lorsqu’il demande un poste dans l’enseignement secondaire, il essuie un refus douteux qui souligne le caractère raciste de cette décision : « Then Baba, who thought he would be offered a job teaching secondary school was told his Latin was probably efficient, but his English may have been suspect » (GB 85). Choisir de faire de Baba un spécialiste du Latin n’est pas anodin : cela lui confère à la fois un lien à la culture d’élite, de par la tradition lettrée associée à cette langue, et attire en même temps l’attention sur un aspect non négligeable – le latin est une langue morte. Le niveau d’éducation du Dr Hay le laisse paradoxalement en possession d’une voix vide, silencieuse. Remettre en question son anglais alors qu’il a été éduqué en Australie fonde le jugement de ses pairs sur des critères xénophobes. Il passera sa vie à enseigner dans une école de village, ce qui l’empêche

346 Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Article 13 : « 1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un État. 2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays ». Disponible sur : <http://www.un.org/fr/documents/udhr/index.sht ml> (Dernière consultation le 3 février 2014).

347 Du vieux français « haye », le nom « Hay » renvoie de par sa racine à un terme de topographie qui signifie quelqu’un qui vit près d’un enclos. On peut penser que l’appeler ainsi annonce à la fois la notion d’enfermement (« hedge », la haie) et de marginalité.

348 Seule la citoyenneté britannique existait avant la Seconde Guerre Mondiale, puisque c’est en 1948 que sera passée la Loi sur la nationalité (« Nationality and Citizenship Act ») qui créera alors le statut de « citoyen australien » en plus de celui de citoyen britannique.

d’obtenir une quelconque reconnaissance sociale au sein de la communauté blanche.

Parallèlement à l’ascension sociale, l’ancrage dans le sol australien lui est aussi interdit, puisqu’il n’a pas le droit d’accéder à la propriété (GB 85). Ces interdictions créent des mouvements contraires : une inertie sociale d’une part, instabilité territoriale d’autre part. Cela fait de lui un personnage dans l’incapacité de s’enraciner dans son propre pays. Cette condition devrait faire de lui un personnage à la dérive, pourtant Baba choisit la stagnation plutôt que le mouvement de l’exil, puisqu’il est sûr de son bon droit à se sentir australien. Par conséquent, il fait face aux différentes atteintes à ses droits et libertés, se résignant amèrement à abandonner celle de mouvement. Les frontières australiennes étant fermées aux étrangers, Horace ne peut pas aller en Chine sous peine de ne plus pouvoir revenir en Australie. Le paradoxe se situe dans le fait que, aussi étranger qu’il puisse paraître aux yeux des autorités (blanches) australiennes, la politique d’une Australie blanche enferme Horace dans un pays qui ne veut pas vraiment de lui, mais dont il n’envisage pas de partir, puisqu’il ne pourrait y revenir à cause des Lois de restriction de l’immigration (« Immigration Restriction Acts ») :

They have passed a law. Former domiciles are the only category for Chinese admissions to Australia. Those who leave the country have to possess re-entry

issued prior to 1905.

Baba is furious when his cousin informs him of this. Many of his relatives are caught out by the law. Many cannot even speak Chinese properly. Having returned to holiday in China with their families, they were told they could not return (GB 87).

D’un point de vue historique, ces lois visaient à sélectionner les immigrants entrants :

The first Federal Parliament of 1901 passed the Immigration Restriction Act which prohibited immigration on the grounds of linguistic (in)competence. Parties thus prohibited were “Any person who when asked to do so by an officer fails to write out at dictation and sign in the presence of the officer a passage of fifty words in length in an European language directed by the officer”349.

Il va sans dire que, tout en limitant l’entrée aux personnes parlant une langue européenne (restreignant ainsi drastiquement la possibilité pour les populations asiatiques de se présenter sereinement à la frontière), l’agent responsable pouvait opter pour la langue de son choix en fonction de sa volonté à voir l’immigrant réussir le test ou l’échouer. Les Chinois installés en Australie ont permis de créer des échanges de biens, de cultures et de personnes pendant des

349 Stephen Alome, and Catherine Jones. Australian Nationalism: A Documentary History. North Ryde, NSW.: Collin Angus & Robertson, 1991, p. 136. Cité dans : Noel Rowe. « The Misty Ways of China ». East By South… Op. cit., p. 71.

années avant ces législations ; pourtant, Horace Hay souligne : « The day Australia woke to a national identity, it fell asleep on the thorn of racial prejudice » (GB 229). La xénophobie peut amener à une cristallisation des positions, une forme de crispation qui bloque les échanges au sens large et enferme les personnes aussi bien mentalement que physiquement.

De ce fait, Horace est à la fois isolé de son présent – la société australienne – et de son passé – le pays de ses ancêtres. Son choix de rester en Australie le coupe de ses liens sociaux avec la communauté chinoise qui l’entourait et qui, elle, préfère opter pour un retour puisqu’elle ne se sent pas désirée (GB 87). Baba est donc seul, et sa solitude est soulignée par le silence qui accompagne désormais sa vie :

[Swan] hated the loneliness of her father’s life. Ever since the great exodus to China of their relations and friends, his river had dried up. There was no noise, no hubbub, no Chinese. People didn’t come visiting or stay for weekends, play mahjong, or bring gifts of soy sauce and ginger. The market gardeners, who had been so productive without being allowed freehold land, used to bring vegetables in wheelbarrows, yelling and yelling. In return, Dr Hay gave them business, taught their children to read English and Chinese. The furniture labourers who were specialists in chests and drawers were commissioned to build bookshelves. Now they were all gone, the hammering, the chattering, the communal dining. Gone, the respect he once enjoyed. Now he stood in the corner of the street in a suit that was either too tight or too large, standing in line with hard men who trapped rabbits and slept under bridges, waiting for a free handout of broken biscuits (GB 94-95).

Cette accumulation d’activités, de personnes, et de sons est accentuée par l’emploi de multiples pluriels et de successions de participes présents – « yelling », « hammering », « chattering », « dining ». Elle renforce le caractère actif de l’ancienne vie sociale de Horace350, et a contrario le silence de sa solitude – explicité par les « no », les tournures de phrases négatives, et l’emploi du participe passé « gone », qui, en plus de souligner l’aspect fini de tous ces participes présents, tranche sèchement la joie qui s’échappait de cette vie sociale active. Le maître d’école n’enseigne plus, sa voix se tait. Après la frénésie environnante, il « se tient à présent » immobile, figé comme les aiguilles d’une horloge dont le mécanisme se serait arrêté. Son vêtement, « trop étroit ou trop ample », peut être perçu comme une métaphore de son incapacité à entrer dans un moule qui ne lui correspond jamais complètement : « He was one of them, but he was not of them » (GB 95). Cette incapacité à « en être » provient du caractère fictif de l’appartenance raciale :

The fiction of racial belonging would imply a reductionist interpellation […] that constructs the subject as passively and lineally (pre)determined by blood, not as an active historical agent whose subjectivity is continuously shaped through his or her engagements within multiple, complex, and contradictory social relations that are overdetermined by political, economic, and cultural circumstances in highly particular spatiotemporal contexts351.

Le droit du sang exclut Baba du « nous » australien, particulièrement dans un contexte politique, économique, culturel et social qui se referme sur lui-même et exclut l’Autre sous toutes ses formes dans une panique protectionniste. La période de dépression que l’Australie traverse devient le reflet de celle de Horace.

Le Dr Hay est confronté à la xénophobie jusque dans sa salle de classe, où elle s’exprime à travers les dessins de ses élèves : « One drawing he received was of a bucktoothed Chinaman eating a frog » (GB 84). Ce racisme spontané le maintient dans une étrangéité352 qu’il ne devrait pas porter. Malgré la passion qui caractérise ce personnage353, la musique de sa vie en est étouffée et ralentie, et cesse en même temps qu’il rend son dernier souffle.

351 Ien Ang. « Can One Say No To Chineseness: Pushing the Limits of the Diasporic Paradigm ». Boundary 2 25.3 (1998): 240.

352 Alors que « l’étrange » est accompagné de son concept « l’étrangeté », l’étranger quant à lui n’a pas de concept associé à son état. On emploie souvent de manière indissociée le mot « étrangeté ». Nous choisissons toutefois d’utiliser le mot « étrangéité » afin de nommer « le fait d’être étranger ». Choisir ce terme permet à la fois de dissocier ces deux notions, tout en gardant à l’esprit leur racine latine commune (extraneus) qui rappelle que l’étrange a longtemps signifié lui aussi hors du groupe social, national ou familial, avant de devenir hors du commun.

353 Et il ne manque pas de critiquer le manque de passion des gens qui l’entourent, leur « docilité stupide et leur pathos » (« sheepishness and pathos ») à combattre à l’étranger et être passif chez eux face à la Dépression qui touche la population : « they would fight in distant trenches, but not here. They beat their wives instead » (GB 95).

B. « Our nature consists in motion » (BF 29)

Jamais je n’ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j’ose ainsi dire, que dans [les voyages] que j’ai faits seul et à pied. La marche a quelque chose qui anime et avive mes idées : je ne puis presque penser quand je reste en place, il faut que mon corps soit en branle pour y mettre mon esprit.

Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions354.

Mouvement contraint et solitude : immobilisme dans l’espace et le temps

Le personnage de You incarne l’opposé du Dr Hay. Horace subit un immobilisme contraint, ce qui le coupe de ses origines tout en le maintenant à l’écart de son propre pays. Dans After China, c’est un exil forcé que You traverse. Pourtant, ces deux personnages présentent en définitive un état commun : You et Baba sont des personnages hors temps – hors du temps social et du temps « historique » ou temporel. Ils n’appartiennent ni réellement au présent ni au passé. Cet aspect est d’autant plus frappant chez You, qui vit dans un espace composé de bribes d’un présent atemporel et d’histoires tirées du passé – qu’il soit proche, réel ou fictif. L’omniprésence de la solitude imprègne ce roman355, solidutde liée au statut d’étranger, mais aussi celle intrinsèque à la condition humaine.

Dans After China, ce sont les événements politico-sociaux qui obligent You à venir se réfugier en Australie (AC 107). Emprisonné, You dit ne pas réellement savoir quel est son crime, mais il suppose – non sans ironie pour le lecteur – que la raison est liée à son ouverture au monde :

But as I do not know what crimes I’ve committed, it’s impossible for me to list them. […] Perhaps there are other, less direct crimes; let’s say, embarrassments: the will to universality; the refusal to write only in Chinese; the hatred of parochialism

354 Jean-Jacques Rousseau. Les Confessions, Livre 4e. Paris : Classiques Garnier, 2011, p. 183.

355 Mais nous ne manquerons pas de souligner que la solitude est finalement un des points communs à chaque roman de Brian Castro. En effet, si l’on prend Birds of Passage, les personages sont caractérisés par leur isolement, qui finit même par être la finalité de la quête de Shan. Rappelons d’ailleurs que le premier titre choisi par Castro pour ce roman était Solitude.

and love of foreigners; the inability to uphold national ideologies; cosmopolitanism; above all, the complete rejection of toadying as a basis for advancement (AC 83).

C’est bien évidemment parce qu’il ne se conforme pas à l’idéologie dominante qu’il est condamné, et finit par s’enfuir pour l’Australie. Les souvenirs de ces « moments terribles »356

(AC 82) sont peu nombreux et c’est essentiellement la solitude qui l’habite après la migration qui prime. En effet, on pourrait penser l’hôtel, dont il est l’architecte, vide si la catastrophe finale ne nous faisait pas prendre conscience du contraire en nous peignant pour la première fois l’agitation de cette ruche prise entre feu et eau (AC 136). Son seul réel contact social est celui qu’il entretient avec l’écrivaine – encore que nous reviendrons sur cet aspect, en soulignant le fait qu’elle n’est peut-être finalement même pas « réelle ». Lorsqu’on le découvre, You se tient d’ailleurs sur le toit de l’hôtel qu’il a créé, surplombant la baie, pratiquant le tai chi, art martial alliant mouvements lents et méditation (AC 4). Son exil l’amène dans des sphères mentales, au sein desquelles il rencontre « the writer » – figure de muse que nous évoquerons plus tard.

Le rythme d’After China amène à la contemplation et à la réflexion. Cette expérience de lecture se transforme en un ralentissement temporel proche de l’arrêt. Les nombreux récits de You détournent l’écoulement des flots temporels. Le passé et le présent, le récit et le récit dans le récit fusionnent et confèrent au mouvement du roman un tempo lento, voire largo, qui fait écho aux mouvements de tai chi que pratique You357. Pourtant, le tempo du roman devrait ressembler à une course contre la montre – l’écrivaine est en train de mourir358. Toute l’entreprise de narration de You vise en fait à ralentir le temps et retarder l’inexorabilité de sa mort. Pour tromper le temps, il raconte des histoires à l’écrivaine, piochant dans des mythes et légendes de la Chine ancienne et les mêlant au récit de sa propre vie. Se tisse dans ce roman un alliage de mouvement en avant et d’intériorité – suivant le flux et reflux du ressac de l’océan. Son exil ne fait pas de lui un aliéné, bien que sa sociabilité reste limitée à l’écrivaine et sa fille. Ces personnages évoluent en vase clos, dans l’aquarium que forme le microcosme

356 Brian Castro. L’Architecte chinois. Trad. Isabelle Lee, La Tour d’Aigues : Les Éditions de l’Aube, 2003,

p. 117.

357 Le tai chi, comme de nombreux arts martiaux et pratiques orientales, vise à la contemplation de l’esprit à travers le calme du corps (via sa maîtrise pour mieux s’en détacher). Ainsi, le rythme du roman permet d’imiter cet objectif, maîtrisant la structure afin de laisser place à la réflexion.

358 Nous pouvons d’ailleurs faire un parallèle intertextuel avec Les Mille et une nuits, récit dans lesquel Schéhérazade raconte des histoires au sultan afin de retarder l’heure de sa mort à venir. Les Mille et une nuits :

T. I, Nuits 1 à 327. Trad. Jamel Eddine Bencheikh et André Miquel. Paris : Gallimard, 2005. (T. II, Nuits 327 à

hôtel-plage, avant que cette bulle n’explose et que l’océan ne vienne tout noyer. C’est donc un roman de l’intériorité, au cœur duquel le temps chronologique n’a plus de réelle emprise.

La solitude de You est à la fois imposée par son statut d’étranger, mais peut aussi avoir été choisie – tout du moins acceptée. Personnage flottant sur les flux marins comme sur les vagues temporelles, il se dresse au-dessus des problématiques identitaires des autres personnages. Platon définissait dans Les Lois359 quatre sortes d’étrangers à la cité. La quatrième catégorie est un « visiteur venant d’un autre pays [en] observateur […] tantôt instruisant, tantôt se laissant instruire »360. You semble faire partie de cette catégorie d’étrangers qui peuvent apporter quelque chose à la cité, bien que, d’après Platon, ces étrangers soient occasionnels361. You ferait exception : tout d’abord, en tant qu’architecte, il a permis la construction d’un hôtel ; mais surtout, il nous permet, en tant que narrateur, de découvrir des histoires et légendes que le lecteur occidental ne connaît pas a priori362, tout en nous donnant une leçon de détachement proche de la sagesse bouddhiste.

Mouvement et solitude volontaires

L’eau qui baigne l’histoire de You se retrouve dans l’expérience du mouvement que fait Lo Yun Shan, le premier personnage que nous rencontrons dans Birds of Passage. Shan explique, dès la première page, l’orgine de son patronyme en le reliant à la montagne Tai Mo Shan (BP 1), lui conférant ainsi les caractéristiques associés symboliquement à celle-ci : constance, impassibilité, voire supériorité (de par sa hauteur). Dans de nombreuses croyances, la montagne est aussi un lieu privilégié pour entrer en contact avec une divinité. Shan est comme la montagne sur laquelle l’eau coule, l’érodant lentement mais ne perturbant pas sa présence. De même, Shan suit le cycle de l’eau : il vient d’un village de montagne et poursuit sa course en descendant jusqu’à l’océan où commence sa quête circulaire qui se terminera par

359 Plus précisément au chapitre XII, 952e-953e. Nous reviendrons sur le premier type d’étranger à propos de Shan à la page 96. La deuxième sorte d’étrangers est le « véritable observateur qu’attire tout spectacle offert aux yeux et aux oreilles. […] les prêtres et les gardiens de sanctuaire veilleront à leur confort, jusqu’à ce que, au terme d’un séjour de durée raisonnable, ayant vu et entendu tout ce pour quoi ils étaient venus, ils s’en retournent sans avoir causé ni subi aucun dommage » (953a-953b). La troisième catégorie est celle qui comprend le dignitaire « d’un autre pays chargé d’une mission d’intérêt public » (953b). Platon. Les Lois – Livre VII à XII. Trad. Luc Brisson et Jean-François Pradeaur. Paris : Flammarion, 2006, p. 269.

360 Ibid., pp. 269-270.

361 « Il y aura le quatrième hôte, s’il en vient chez nous, chose rare sans doute – enfin, si jamais il en vient ».

Ibid., p. 269.

un retour au sommet de sa montagne originelle. On peut à juste titre se demander ce que You recherche, et c’est essentiellement l’appel de l’aventure et l’envie de liberté (BP 21) qui l’amènent à prendre la mer (le choix de l’Australie est quant à lui motivé par les rumeurs de