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Rio de Janeiro, 25 janvier 2005

Mon cher Milton,

Un grand merci pour votre invitation à écrire quelque chose pour le numéro spécial de RI-BLA. Quand je vous ai demandé sur quel thème, vous m’avez répondu : « Quelque chose qui vienne du cœur et qui soit en relation avec l’interprétation de la Bible en Amérique Latine ». Je vais donc essayer de reprendre un sujet sur lequel j’ai écrit quelques lignes dans le bulletin du CEBI. Je crains que cet article ne soit un peu décousu car les choses du cœur suivent souvent une autre logique que celle de la raison.

Un jour, comme je réfléchissais à ce verset du psaume 22, « Le Seigneur est mon berger », je pensais en moi-même : Quand je dis berger, il me vient à l’esprit une idée du berger qui n’est pas la même que celle que l’auteur du psaume avait en tête. Et quand je prie mon berger, c’est bien moi qui parle et non la personne qui a composé le psaume. Et le sentiment de protection que je ressens lorsque je dis « Le Seigneur est mon berger » est probablement très différent de l’expérience de protection divine qui a amené cette personne à composer le psaume. Et quand je dis Seigneur, je pense à Jésus. Mais l’auteur du psaume, lui, ne pouvait pas penser à Jésus puisqu’il a écrit plusieurs siècles avant sa naissance.

Les trois principaux mots de cette phrase – « Seigneur », « mon », « Berger » – que nous utili-sons, l’auteur du psaume et moi, sont comme trois fenêtres identiques qui se trouveraient dans deux maisons différentes. Si vous regardez par ces trois fenêtres vers l’intérieur de la maison de celui qui a écrit le psaume, vous allez voir quelque chose de très différent de ce que vous pour-riez voir si vous regardiez par les trois fenêtres, pourtant identiques, de ma propre maison.

Prenons comme autre exemple le document conciliaire Dei Verbum sur l’interprétation de la Bible. Au début de ce document, les quelques deux mille évêques de l’Église catholique, réunis en Concile dans les années 60, ont fait leurs ces paroles de la première lettre de Jean, écrites il y a 2000 ans : « Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi » (1 Jn 1,3).

Dans cette phrase, les évêques se réfèrent à ce qu’eux-mêmes ont pu « voir et entendre » durant les jours du Concile et qu’ils veulent alors communiquer aux fidèles de leurs diocèses, par l’intermédiaire de ce document. Le « nous », du texte originel c’est Jean ; aujourd’hui dans le do-cument du Concile, ce « nous », ce sont les évêques. Les destinataires, désignés par le « vous », qui étaient dans le texte originel les membres de cette petite communauté d’Asie auxquels Jean adressait sa lettre, sont dans le texte des évêques les millions de chrétiens catholiques du XXe siècle. Les évêques utilisent les mêmes mots, les mêmes lettres, que ceux utilisés par Jean, mais, dans la bouche des évêques, ces paroles deviennent le véhicule d’une expérience totalement différente. Tout a changé : les destinataires, l’expéditeur, le contenu, le lieu et la date. La seule chose qui n’a pas changé est la lettre du texte de la Bible, l’enveloppe, l’emballage. Et à vrai dire, je crois que tous nous utilisons la Bible ainsi : Jésus, Pierre, Paul, Luther, saint François, la petite Thérèse, les évêques, les pasteurs, les papes, les communautés, les religieux, les religieuses, les catholiques, les protestants, les croyants, vous, moi, nous tous ! Nous tous, lorsque nous vivons un événement ou une expérience de Dieu, nous essayons de l’exprimer en utilisant les mots de la

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Bible. Nous cherchons dans la Bible des mots pour nous aider à exprimer, à « habiller » ce qui se passe dans l’âme, dans le cœur et dans la vie des gens.

La seule fois où nous ne procédons pas ainsi, apparemment, c’est quand nous faisons de l’exégèse proprement dite, c’est-à-dire quand, en nous aidant des outils de l’analyse scientifique, du grec et de l’hébreu, nous cherchons à déterminer ce que le texte signifiait à l’époque où il a été écrit. Je dis « apparemment », car la réalité est autre. Je me souviens d’un exégète allemand, qui s’appelait Spitta je crois. Il fit une analyse rigoureusement scientifique de l’Évangile de Jean et il arriva à la conclusion que le texte actuel est un composé de deux textes antérieurs : l’un plus ancien et l’autre plus récent. Selon ses conclusions, il n’y avait pas de miracle dans le texte le plus ancien. Le miracle ne se trouvait que dans le texte le plus récent. Ensuite, nous apprenons que lui, Spitta, ne croyait pas au miracle. Et que dire des théories de

Michael Novak, exégète nord-américain, qui combine exégèse scien-tifique et économie capitaliste, et conclut que les prophètes auraient dû analyser un peu plus la réalité économique de leur époque pour éviter de se tromper. Et des théories de M. Noth, N. K. Gottwald et d’autres sur l’origine du peuple de Dieu au temps de Juges ? Il est certain que le contexte dans lequel ils vécurent au siècle passé a eu une influence sur leur exégèse du texte biblique. Mais l’exemple le plus parlant est celui de Rudolf Bultmann, un des plus grands exé-gètes du siècle dernier. C’est à partir de son expérience douloureuse comme aumônier militaire durant la première guerre mondiale (1914-1918), qu’il parvint à élaborer la Formgeschichte (histoire des formes) et le concept de la démythologisation. Le contact direct avec les soldats dans les tranchées, durant cette guerre terrible et absurde, l’a amené à faire une relecture radicale de la Bible. Et il y a beaucoup d’autres exemples.

C’est pourquoi, je crois, Milton, que personne n’échappe à cela, même en faisant preuve de la plus grande rigueur scientifique. Per-sonne ne peut se défaire de ses yeux dans l’analyse qu’il fait des textes bibliques. Il n’existe pas de formulation immuable, et totale-ment objective, de la vérité, qui puisse traverser les siècles à l’abri des changements. Tous et toutes, qu’on le veuille ou non, nous « ha-billons » notre expérience présente avec des mots de la Bible qui appartiennent au passé. C’est ce que font les exégètes et les cher-cheurs, les évêques et les papes, les pasteurs et les missionnaires.

Tout change, sauf l’enveloppe, l’emballage, le texte biblique. La Bible ressemble à ces costumes traditionnels, qui ne changent pas au cours des années, mais qui, à chaque époque, en chaque lieu et à chaque génération sont utilisés par des gens différents. Lorsque vous voyez une personne marcher dans la rue, vous êtes capable de reconnaître, au vêtement qu’elle porte, à quel milieu elle appartient, la fonction qu’elle occupe, le travail qu’elle fait, ou la fête qu’elle célèbre. Dans la rue, c’est au vêtement qu’ils portent que nous re-connaissons la mariée, le prêtre, la religieuse, le soldat, le policier, le rabbin. Ainsi, porter le vêtement de la Bible apporte une certaine reconnaissance. Tout est différent : l’expéditeur, le destinataire, la date, le lieu et le contenu. Seul le vêtement est le même. C’est au vêtement que nous reconnaissons la personne, et c’est par le vête-ment que la personne s’identifie et se présente aux autres.

Il nous reste une question : Pourquoi nous obstinons-nous à utiliser la Bible comme embal-lage pour nos pensées, nos quêtes, nos intuitions et nos expériences ? Je vais tenter d’y apporter une réponse. Qui sait, vous en aurez peut-être une autre. Et je serais curieux de la connaître ! Voici la mienne :

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Lorsqu’une personne utilise les mots de la Bible pour transmettre une expérience qu’elle a vécue, elle est en train de dire que son expérience se situe dans le cours d’un fleuve qui s’écoule depuis les temps bibliques. Ou plus précisément, elle exprime son désir de boire au même puits que celui dans lequel burent les contemporains de la Bible, et participer ainsi du même Esprit que celui qui les animait.

Cette façon d’utiliser la Bible est très ancienne. C’est ainsi que l’on interprétait la Bible au temps de Jésus et dans les premiers siècles. Curieusement – et heureusement – cette tradition ancienne réapparaît aujourd’hui, sans étiquette, dans la manière dont les membres des commu-nautés utilisent la Bible. Trois choses caractérisent la lecture chrétienne de la Bible : la familiari-té, la liberté et la fidélité.

La familiarité : nous avons le sentiment que la Bible est nôtre, qu’elle est de notre famille. Elle exprime ce que nous sommes et ce que nous vivons. Elle exprime notre identité, une identité à laquelle nous ne voulons pas renoncer, mais que nous voulons, bien au contraire, approfondir toujours davantage. C’est pourquoi, nous essayons d’habiller nos expériences avec les mots de la Bible. Dans la Bible, nous nous sentons comme à la maison. C’est notre livre ! Nous pouvons l’utiliser en toute liberté. C’est notre livre de chevet, celui qui nous donne notre identité. Comme le dit saint Paul : « Cela a été écrit pour nous qui touchons à la fin des temps ».

Cela me rappelle Tomás, un agriculteur qui vit près de João Pessoa. Il disait ceci : « Lorsque je me suis engagé sur ce chemin à l’école biblique, j’ai peu à peu réalisé et senti que la Bible n’est pas une plaisan-terie. Qu’elle exige beaucoup des gens. Elle exige que les gens vivent ce qu’ils entendent et ce qu’ils ap-prennent. J’ai appris là-bas que je ne serais pas ca-pable de continuer sur ce chemin. J’ai pensé à quitter l’école biblique. Mais j’ai persévéré et j’ai commencé alors à me rendre compte que si on laisse entrer la Parole de Dieu dans sa vie, on devient soi-même di-vin. La Parole prend alors possession de nous et il n’est plus possible de séparer ce qui est de Dieu et ce qui est de nous. On ne sait même plus très bien faire la différence entre ce qui est Sa Parole et la nôtre.

C’est cela que la Bible a fait en moi. Dès lors, je n’ai plus pensé à quitter l’école biblique » (« Por trás da Palavra » 46, 1988, 28).

La manière dont Tomás utilise la Bible dans la vie nous fait penser à Marie, la Mère de Jésus. Pour com-poser son cantique, elle a fait comme Tomás : elle a exprimé sa propre expérience de Dieu et de la vie avec les mots de la Bible. Son cantique, le Magnificat, est un joli patchwork dont les morceaux sont presque tous tirés du livre des Psaumes.

La liberté : Nous nous servons de la Bible pour exprimer des expériences que nous vivons au XXIe siècle. Quand nous rencontrons en elle des affirmations qui ne correspondent plus à la sen-sibilité actuelle, nous nous permettons de sauter le texte ou de l’expliquer de façon symbolique.

Le bréviaire de l’Église catholique, par exemple, omet le psaume 109 (108) qui ne parle que de vengeance. Jésus, Paul et les premiers chrétiens prenaient cette même liberté quand ils citaient l’Ancien Testament : « Vous avez appris qu’il a été dit… Eh bien ! moi, je vous dis… ! ». Au nom de la Bible, les docteurs de la loi condamnent Jésus. Jésus réfute leur accusation en se référant à la même Bible et, d’une certaine manière, il s’impose lui-même comme nouveau critère d’interprétation quand il dit : « Le Fils de l’homme est maître du sabbat ». La fidélité des

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teurs de la loi à la lettre du texte ne parvient pas à museler la liberté de l’Esprit qui agit en Jésus et qui lui donne une nouvelle clé d’interprétation pour saisir le sens profond de la lettre et con-damner le fondamentalisme étroit des docteurs.

Jésus a pris cette liberté, non pour réduire le message à sa propre manière de penser, mais pour être fidèle à l’intention profonde du message. « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir ». Sa liberté était l’expression de sa fidélité. Aujourd’hui la sensibilité de la conscience humaine s’est accrue. On n’accepte plus la violence qui est légitimée au nom de Dieu dans de nombreuses pages de l’Ancien Testament. Si le prophète Elie faisait aujourd’hui ce qu’il a fait en son temps, au nom de Dieu, aux 400 pro-phètes de Baal, il serait sans aucun doute condamné à la prison perpétuelle.

La fidélité : Si la conscience nouvelle de l’humanité nous conduit à contester certains passages de la Bible et à les expliquer autrement, nous ne le faisons pas pour adapter la Bible à notre ma-nière de pensée, mais pour pouvoir être fidèles à l’intention profonde de la Bible et de la vie et pour garder pure la source de laquelle tout naît et continue à naître.

Il arrive parfois le contraire. Si l’exégèse me montre que mon interprétation force le sens de la lettre, alors la fidélité m’oblige à changer et à être fidèle à ce que dit le texte. La lettre, ce sont les fondations sur lesquelles on construit la mai-son. Mais c’est dans la maison que les gens habi-tent et non dans les fondations. Une maison sans fondations est semblable à une maison bâtie sur le sable. Par ailleurs, quand la fidélité à la lettre menace d’étouffer la liberté de l’Esprit, la réac-tion est immédiate et nous fait dire : « La lettre tue, et seul l’Esprit peut donner vie à la lettre ! ».

Cela signifie qu’au fond, le critère fondamen-tal, ou la source de toute chose, n’est pas la Bible ou l’étude de la Bible, mais bien notre expé-rience de Dieu et de la vie ; et je ne suis pas seul mais je fais partie d’une communauté, je vis au sein de l’humanité, et c’est d’elle, et en commu-nion avec elle, que je reçois mon identité et ma sensibilité. Ou plus exactement, le critère fon-damental se trouve dans cette interaction entre le texte du passé et nous qui, aujourd’hui, lisons ce texte. D’une certaine manière, nous conti-nuons à écrire la Bible. L’important c’est le dia-logue, le partage, l’écoute sans dogmatisme, qui doit s’instaurer autant entre nous aujourd’hui qu’avec notre passé et avec la lettre. Dès qu’une personne, ou un groupe, impose aux autres sa façon de voir les choses, et exige l'obéissance au nom de Dieu, sans écouter l’ensemble, sans écouter la lettre, sans écouter l’Esprit qui souffle aujourd'hui et sans tenir compte de l’expérience vécue, cette personne, ou ce groupe, s’isole, même si elle/il pense pouvoir avoir raison de la tête ou du cœur.

Je crois que nous devons continuer à approfondir ces trois dimensions vers lesquelles nous devons tendre : la familiarité, la liberté et la fidélité, en les considérant non comme des chemins différents ou parallèles, mais comme des troncs qui naissent d’une même racine. Non pas d’une

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racine théorique mais de cette expérience de Dieu et de la vie qu’il nous est donné de vivre à travers Jésus Christ.

De ces trois chemins, le plus important est la familiarité. Je pense que nous avons besoin de retrouver cette familiarité, que nous avons besoin de nous sentir chez nous dans la Bible, comme Tomás et Marie, Jésus et Paul, ou comme doña Angela qui habite Aratuba (Ceará), et qui nous disait à la fin d’un cours biblique : « Je n’ai pas besoin de quitter Ceará pour comprendre la Bible ! Elle est ici et c’est ici qu’elle agit ! ». La familiarité empêche que la Bible, ou le passé, ne se convertissent en un musée de la religion ; elle empêche que le fondamentalisme, qu’il se reven-dique charismatique ou libérateur, ne s’approprie la fidélité et tue en nous la liberté. La familia-rité est ce qui engendre la vraie liberté des fils et des filles dans la maison des parents. Et je pense que la pratique actuelle des communautés peut nous aider.

Lorsqu’ils lisent la Bible en communauté, les gens apportent avec eux leur propre histoire, ils ont devant les yeux les problèmes qu’ils traversent dans la dure réalité de leur vie. La Bible ap-paraît comme un miroir, comme un sym-bole (He 9, 9 ; 11, 19) de ce qu’ils sont en train de vivre.

Il s’établit ainsi un lien profond entre la vie et la Bible, qui peut parfois donner l’impression d’un concordisme superficiel. Il s’agit, en réalité, d’une lecture de foi très semblable à la lecture que faisaient les premières communautés chrétiennes (Ac 1,16-20 ; 2,29-35 ; 4,24-31) et les Pères de l’Église dans les premiers siècles. À partir de ce lien qu’ils établissent entre la Bible et la vie, les pauvres font la plus grande des découvertes : « Si Dieu était aux côtés de ce peuple dans le passé, alors il est aussi avec nous dans ce combat que nous menons pour notre libération. Il entend aussi notre plainte ! » (cf. Ex 2, 24 ; 3, 7). Ainsi, imperceptiblement, est en train de naître une nouvelle expérience de Dieu qui devient un critère déterminant pour la lecture populaire de la Bible, même s’il apparaît moins dans ses interprétations. Car « le regard ne se voit pas lui-même ».

Je n’oublierai jamais un geste que vous avez posé, Milton, en 1987, à Belo Horizonte. C’était au cours d’une célébration de la pénitence, lors d’une rencontre du CEBI où nous devions élaborer un projet de formation. Vous avez pris un bâton sec, vous l’avez maintenu au-dessus d’un feu qui était allumé au centre de l’assemblée et vous avez dit : « Tout ce que nous avons pu mettre en œuvre autour de la Bible, formations, recherches, cours, projets, études, commentaires…, si tout cela n’est pas au service des groupes de base pour que la Parole pénètre la vie… » – et à ce mo-ment-là vous avez laissé tomber le morceau de bois dans le feu – « … que tout cela soit brûlé et oublié ! ».

Comment faire pour que cette familiarité, cette liberté et cette fidélité grandissent et com-mencent à imprégner tout le travail que nous faisons avec la Bible ? Je pense que c’est plus diffi-cile que ne l’imaginent les gens. La vision traditionnelle de l’origine de l’univers, qui constitue la toile de fond de toute la révélation biblique, est complètement remise en cause par les données de la science. Tout devra être repensé. Bultmann n’a fait qu’en effleurer la surface.

Je pense qu’il vaut la peine d’étudier et d’approfondir la lecture juive de la Bible qui était en vigueur au temps de Jésus et de Paul, ainsi que la tradition qui a marqué la lecture de la Bible à l’époque précédant la séparation des Églises. Non pour faire la même chose. Non ! Mais pour saisir, au-delà de leurs interprétations, l’intuition profonde avec laquelle elles ont approché la

Je pense qu’il vaut la peine d’étudier et d’approfondir la lecture juive de la Bible qui était en vigueur au temps de Jésus et de Paul, ainsi que la tradition qui a marqué la lecture de la Bible à l’époque précédant la séparation des Églises. Non pour faire la même chose. Non ! Mais pour saisir, au-delà de leurs interprétations, l’intuition profonde avec laquelle elles ont approché la