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Solitude/isolement social

Cas 1 : Paula est une femme de 20 ans qui a récemment connu deux décès dans sa famille proche

7.4. Solitude/isolement social

Cas 1 : Kayla était une femme de 68 ans, venue chercher de l'aide parce qu'elle se sentait très seule après le décès de sa sœur 3 ans plus tôt. Elle expliquait que sa sœur lui manquait encore, mais il est apparu clairement que sa dépression était liée davantage à son manque de lien social, plutôt qu’à son deuil. Kayla a dit que sa sœur avait été sa seule amie.

L’enfance de Kayla était importante à prendre en compte. À l'âge de 2 ans, elle a eu un grave accident qui lui a finalement fait perdre la jambe. Elle a passé la plupart des 4 années suivantes à

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l'hôpital. Quand elle est rentrée chez elle, elle n'a pas pu aller à l'école. Sa seule amie et son seul lien social étaient sa sœur et elle se souvenait d’avoir assisté à des événements familiaux avec elle.

Kayla aimait sortir, mais seulement avec sa sœur. Sa sœur parlait à d'autres personnes et Kayla a expliqué qu'elle « venait juste écouter » et que cela suffisait pour satisfaire son besoin de lien social.

Elle ne s'est jamais mariée et n’a jamais eu de relation, par crainte que les gens soient effrayés ou dégoûtés par son handicap physique.

Kayla était mal à l'aise à l’idée d'assister aux séances de TIP de groupe, parce qu'elle avait peur d'être avec les autres et de devoir parler, mais elle se sentait si seule et désespérée qu'elle était finalement prête à essayer. Lors de la séance individuelle pré-groupe, le facilitateur lui a assuré qu'elle n'aurait pas à parler si elle ne se sentait pas prête.

Au cours des premières séances, Kayla était silencieuse. Le facilitateur ne l'a pas forcée à parler au sein du groupe, mais lui a fait savoir que sa participation était la bienvenue lorsqu’elle se sentirait prête. Les autres membres du groupe ont commencé à parler des situations qui contribuaient à leur dépression. Ils ont demandé et obtenu du soutien et des idées de la part des autres membres du groupe sur la manière dont ils pourraient gérer différemment certaines situations et certaines relations. Kayla n'a pas proposé d'idées, mais elle a continué à assister aux séances. Son score de dépression n'a pas changé, cependant. À peu près à mi-parcours, les membres du groupe ont commencé à lui demander de passer du temps avec eux entre les réunions de groupe. Au début, Kayla n’y allait pas. Elle disait toujours qu'elle avait quelque chose à faire ; le facilitateur savait que ce n’était pas vrai, mais avait décidé de ne pas la défier sur le sujet. Le facilitateur s'inquiétait néanmoins du fait que Kayla ne progressait pas dans la construction de relations.

La semaine suivante, alors qu’une fête importante approchait, les membres du groupe ont expliqué qu’ils s'y préparaient au cours de répétitions de chant. Comme d'habitude, ils ont demandé à Kayla si elle aimerait se joindre à eux. Elle a dit que c’était quelque chose qu’elle adorait faire avec sa sœur et elle a accepté de les rejoindre. Le groupe a soutenu sa décision et l'a assurée qu'ils resteraient avec elle tout au long des répétitions. Lors de la séance suivante, le score de dépression de Kayla s’était amélioré, ce qu’elle a associé à sa participation aux répétitions. À la fin de la thérapie de groupe, la seule relation sociale de Kayla était avec les membres du groupe avec qui elle chantait, mais cela semblait être suffisant pour qu’elle se sente moins seule, la solitude ayant été le principal facteur contribuant à sa dépression.

Cas 2 : Ali était un homme de 48 ans qui avait fui son pays pour des raisons de sécurité. Sa femme et ses deux fils ont été tués lors du conflit dans son pays trois ans plus tôt. Il n’avait rien pu faire pour les aider ce jour-là : il était parti au travail lorsqu'une bombe avait explosé. Ali continuait de pleurer la mort des membres de sa famille, mais il était persuadé que sa dépression était liée à son extrême solitude, car il ne pouvait faire confiance à personne dans son nouveau pays et personne

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ne pouvait le comprendre. Il avait quelques amis encore dans son pays d’origine, qu'il voyait de temps en temps. Il ne faisait pas confiance aux personnes déplacées de son pays d’origine vers son pays d’accueil. Il avait également occupé un poste de haut niveau et à responsabilité dans son pays d'origine, mais pendant les 8 mois qui ont suivi sa fuite, il avait été au chômage.

Au début quand Ali a rejoint le groupe, il ne parlait pas beaucoup avec les autres membres et il estimait que ses problèmes étaient très différents des leurs. Il décrivait sa vie actuelle comme très solitaire et déclarait qu'il n'était en contact avec personne de son pays d'origine. Au début, le groupe a fait des suggestions sur la manière dont Ali pourrait rencontrer des gens. Il a réagi avec une certaine colère, leur disant que cela ne l’aidait pas, car il était certain qu’il ne trouverait pas dans ce nouveau pays des personnes comme ses anciens amis. Certains membres ont arrêté d'essayer de l'aider, mais deux autres ont persévéré, l'invitant à sortir avec eux au cours de la semaine. Au début, il les remercia d'avoir pensé à lui mais refusa. Cependant, au cours de séances de groupe à mi-parcours, Ali a accepté de sortir avec eux car il « ne voulait plus les offenser ». Lorsqu'il est venu à la séance suivante, il a dit au groupe qu'il se sentait un peu mieux après avoir été dans un café. Bien que le café ne soit pas aussi bon que ce à quoi il était habitué, au moins il n’avait pas été seul ce jour-là. Il a dit qu'il aimerait sortir à nouveau cette semaine. Il l'a fait et, à cette occasion il a rencontré quelqu'un de son village qu'il connaissait. Il a revu cet homme plusieurs fois cette semaine-là et a pu avoir des nouvelles de sa communauté. Ali a expliqué au groupe qu'il se sentait beaucoup mieux.

Il a associé ses progrès à ses sorties avec les membres du groupe, ce qui lui a permis de reprendre contact avec l'homme de son village. En quelques semaines, la dépression d’Ali avait disparu. Au cours de cette période, il a rencontré d’autres personnes de son pays, il a renoué des liens par le biais d’Internet et a créé un site Internet du mouvement pour la paix afin de prévenir la destruction d’autres familles.

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THERAPIE INTERPERSONNELLE (TIP)