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Les soldes et taux migratoires

CHAPITRE II - LES LEÇONS DU PASSÉ

3. Les soldes et taux migratoires

En France métropolitaine, la valeur moyenne du solde migratoire27 de 1946 à 1974 a été de 138 000 par an (111 000 hors l’année exceptionnelle 1962, où il a atteint 860 000), contre 51 000 par an de 1974 à 2004, marquant une chute de plus de la moitié.

Le taux migratoire net (solde migratoire rapporté à la population) nous a semblé encore plus significatif : la moyenne de ce taux entre 1946 et 1974 a été de trois pour mille (2,4 pour mille hors 1962), contre 0,9 pour mille de 1974 à 2004 : la baisse est alors proche des deux tiers.

26 Les démographes invités lors de la table ronde du 29 avril 2004 (cf. annexe 2) considèrent que c’est la variable sur laquelle leur discipline s’est le plus trompée dans le passé.

27 Il est défini comme la différence entre le solde total de la population et son solde naturel (naissances moins décès). Il intègre donc tous les motifs de variation de la population et toutes les formes de migration (regroupement familial, asile,…), légales ou non, dès lors que les populations ont bien été recensées.

Graphique 8 : solde migratoire annuel rapporté à la population (France métropolitaine)

0,0 1,0 2,0 3,0 4,0 5,0 6,0

1946 1948

1950 1952

1954 1956

1958 1960

1962 1964

1966 1968

1970 1972

1974 1976

1978 1980

1982 1984

1986 1988

1990 1992

1994 1996

1998 2000

2002 Années (1946-2003)

Pour mille

Source : Insee, graphique Conseil économique et social/commission spéciale du plan.

Tableau 5 : soldes migratoires moyens (en milliers) et taux nets rapportés à la population moyenne par période en France métropolitaine (pour mille)

Périodes Solde migratoire moyen

Taux net migratoire moyen

1946-2003 93 1,8

dont 1946-1973 138 3,0

dont 1946-1973 hors 1962 111 2,4

dont 1974-2003 51 0,9

Ici, la netteté de la césure, apparue avec la montée en puissance d’un chômage de masse persistant, est évidemment le phénomène le plus évident. Une analyse plus fine, prenant en compte la période la plus récente, montre que l’on observe une remontée de l’ordre de 10 000 par an, durant les trois années 2000 à 2002. Ces mécanismes de détermination (partielle) des flux d’immigration par les variations du chômage sont pour partie dus au mécanisme spontané du marché du travail, qui influence évidemment l’immigration « pull » (immigrants plus ou moins attirés par la probabilité de trouver un emploi en France) et pour partie à une politique explicite des pouvoirs publics depuis les années 70, désireux de limiter le nombre de chômeurs, sans qu’il soit facile, ni absolument

nécessaire, de pondérer l’importance respective de ces deux canaux complémentaires de transmission. Au demeurant, ce phénomène se retrouve dans tous les autres pays européens, également frappés par la persistance de ce chômage de masse.

II - LES EVOLUTIONS DE L’ACTIVITÉ PROFESSIONNELLE

Nous regroupons ici les données relatives aux évolutions des taux d’activité, puis à celles de la population active totale.

A - ÉVOLUTION DES TAUX DACTIVITÉ

Observons d’abord les taux d’activité par sexe et par âge : Graphique 9 : taux d’activité des 15-64 ans

Taux d'activité des 15-64 ans

0,0 10,0 20,0 30,0 40,0 50,0 60,0 70,0 80,0 90,0

1968 1970

1972 1974

1976 1978

1980 1982

1984 1986

1988 1990

1992 1994

1996 1998

2000 2002 Année (1968-2002)

pour cent

Ensemble Hommes Femmes

Source : Insee, graphique Conseil économique et social/commission spéciale du plan

Graphique 10 : taux d’activité par groupe d’âge

Taux d'activité par tranche d'âge

0,0 10,0 20,0 30,0 40,0 50,0 60,0 70,0 80,0 90,0 100,0

1968 1970

1972 1974

1976 1978

1980 1982

1984 1986

1988 1990

1992 1994

1996 1998

2000 2002 Année (1968-2002)

pour cent

De 15 à 24 ans De 25 à 54 ans De 55 à 64 ans

Source : Insee, graphique Conseil économique et social/commission spéciale du plan.

On observe en très longue période des évolutions tendancielles contrastées entre, d’une part, l’augmentation du taux d’activité féminine, en augmentation régulière, et, d’autre part, les taux d’activité aux deux extrémités de la vie active, en diminution régulière, notamment chez les hommes, où cette tendance n’est pas contrebalancée par la première tendance de sens contraire. Il s’en suit que globalement, on peut avoir l’impression d’une très grande stabilité du taux d’activité, tout âge et sexe confondus.

Mais cette compensation quantitative ne doit pas occulter la formidable mutation qualitative qu’elle dissimule : tout se passe comme si cette évolution très progressive de la société française modifiait fondamentalement la division sociale du travail entre les sexes et les âges, des femmes d’âge adulte remplaçant progressivement dans les activités professionnelles rémunérées (les seules prises en compte dans ces statistiques) des hommes, ou jeunes ou relativement vieux, la barrière invisible semblant se situer à 55 ans.

De plus, on peut se demander si cette évolution s’est effectuée de manière très régulière. Pour y répondre, une approche plus fine croisant les critères d’âge et de sexe doit maintenant être faite.

Graphique 11 : taux d’activité masculins de quelques groupes d’âge

Taux d'activité des hommes selon l'âge

0,0 10,0 20,0 30,0 40,0 50,0 60,0 70,0 80,0 90,0

1968 1970

1972 1974

1976 1978

1980 1982

1984 1986

1988 1990

1992 1994

1996 1998

2000 2002 Année (1968-2002)

pour cent

De 15 à 24 ans De 55 à 64 ans De 55 à 59 ans De 60 à 64 ans

Source : Insee, graphique Conseil économique et social/commission spéciale du plan

Graphique 12 : taux d’activité féminins de quelques groupes d’âge

Taux d'activité des femmes selon l'âge

0,0 10,0 20,0 30,0 40,0 50,0 60,0

1968 1969 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002

Année (1968-2002)

pour cent

De 15 à 24 ans De 55 à 64 ans De 55 à 59 ans De 60 à 64 ans

Source : Insee, graphique Conseil économique et social/commission spéciale du plan

Ces deux nouveaux graphiques nous permettent, comme l’avait déjà bien montré le rapport de B. Quintreau, d’observer plus précisément le décrochage des taux d’activité des travailleurs les plus âgés, lequel s’opère en deux temps :

- d’abord, dès que la montée du chômage se fait sentir, à partir de 1974, il y a un recul significatif du taux d’activité de tous les sexagénaires, hommes et femmes confondus, bien longtemps avant que la loi de 1982 ne fixe l’âge de la retraite à taux plein à 60 ans (il est même passé de 60 % à 40 % entre ces deux années) ;

- ensuite, le manque d’emplois se prolongeant et s’aggravant, dès la fin des années 70, le taux d’activité des hommes de plus de 55 ans observe un nouveau recul important, tandis que celui des femmes du même âge continue au contraire d’augmenter.

Enfin, le graphique suivant permet d’observer une remontée significative du taux d’activité des personnes de 55 à 59 ans et même, dans une moindre mesure, des 60 à 64 ans, qui montre la sensibilité de cette variable à la conjoncture économique et à l’évolution des régimes de retraite. Au-delà d’un éventuel effet transitoire, qui pourrait être dû à l’arrivée des premiers « baby-boomers » dans cette classe d’âge, trois phénomènes plus durables semblent expliquer cette remontée :

- réforme Balladur de 1993, impliquant de travailler plus longtemps pour bénéficier d’une retraite à taux plein ;

- avancement en âge des femmes ayant eu une carrière incomplète et ayant le même souci que ci-dessus ;

- élévation des niveaux de qualification et donc des âges d’entrée et de sortie du marché du travail.

Graphique 13 : taux d’activité des 55-64 ans28

37,2% 38,8%

41,7% 43,5%

58,8% 59,3% 61,2% 63,2%

14,5% 14,2% 16,1% 16,1%

0,0%

10,0%

20,0%

30,0%

40,0%

50,0%

60,0%

70,0%

2000 2001 2002 2003

Année (2000-2003)

pour cent De 55 à 64 ans

De 55 à 59 ans De 60 à 64 ans

Source : Insee, graphique Conseil économique et social/commission spéciale du plan.

B - EVOLUTION DE LA POPULATION ACTIVE

Son taux de croissance annuel étant particulièrement instable, nous avons choisi, suivant O. Marchand et C. Thélot, un découpage par période intercensitaire.

28 Ages au 31 décembre (règle retenue dans les enquêtes emploi de l’Insee), qui sont décalés d’une année par rapport aux âges au 1er janvier retenus par Eurostat.

Graphique 14 : croissance de la population active par période intercensitaire (en taux annuel moyen)

0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2

1962/1954 1968/1962 1975/1968 1982/1975 1990/1982 1996/1990

Période pluriannuelle

Taux de croissance annuel moyen (pour cent)

Source : Le travail en France, par O. Marchand et C. Thélot, 1997, graphique Conseil économique et social/commission spéciale du plan

Si la croissance de la population active s’accélère jusqu’au recensement de 1975, elle décline ensuite, malgré la poursuite de la hausse de l’activité féminine, de façon d’abord lente jusqu’en 1982, puis accélérée jusqu’en 1996. On peut y voir les influences cumulées des différents facteurs étudiés précédemment :

- la baisse du taux d’activité des sexagénaires, hommes et femmes, dès le milieu des années 1970 ;

- la chute des taux migratoires nets à la même époque ;

- la chute des taux d’activité des hommes quinquagénaires à la charnière des années 1970 et 1980 ;

- la réduction de la fécondité à partir de 1974, qui ne joue sur la population active qu’après 1990.

III - EVOLUTION DU CHÔMAGE ET DE L’EMPLOI

On examinera pour finir les mêmes évolutions longues sur le marché du travail, à travers les statistiques du chômage, puis de l’emploi.

A - EVOLUTION DU CHÔMAGE

On examine succinctement la montée du nombre de chômeurs, puis des taux de chômage.