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III. TROUBLES ALIMENTAIRES : OBESITE/ANOREXIE

3.2 Autres troubles du comportement alimentaire (TCA)

3.2.1 Anorexie

3.2.1.3 Les signes cliniques

Le diagnostic clinique de l’anorexie mental prend en compte des facteurs physiques, physiologiques et mentaux. Chez l’adolescent, ce sont les parents qui prennent l’initiative d’une consultation à la vue d’une perte de poids importante de leur enfant. Lors de la première consultation de manière générale l’anorexie est déjà bien installée chez ces adolescents. 17 La sémiologie médicale (ensemble de signes cliniques qui permettent le diagnostic de pathologie) de l’anorexie mentale se base sur « la triade des trois A » de Lasègue (1873). Cette triade définit une anorexie mentale chez les jeunes filles avec comme signe clinique : anorexie, amaigrissement, aménorrhée. Chez les garçons l’aménorrhée est substituée par des troubles de l’érection et de la libido.20, 23

3.2.1.3.1 Triade symptomatique chez la jeune fille

 Anorexie : cette restriction alimentaire est l’élément premier d’alerte de l’entourage sur ce trouble. Avec un refus d’alimentation ou choix des aliments les moins caloriques possibles.

 Amaigrissement : conséquence inéluctable de la restriction alimentaire. L’amaigrissement est également un des signes visible par l’entourage les motivants à pousser la personne atteinte de cette maladie d’aller consulter un médecin. Cette perte de poids fait suite à la restriction alimentaire mais également à d’autres moyens mis en œuvre afin d’engendrer une perte de poids tels que l’usage de laxatifs, vomissement, hyperactivité physique. La perte importante du tissu graisseux et la fonte musculaire laisse apparaitre les reliefs osseux donnant cette image squelettique typique de cette maladie. Ce trouble conduit à une chute de l’IMC permettant de réaliser le diagnostic. Lorsque l’IMC passe en dessous de 14, le pronostic vital est engagé avec une hospitalisation obligatoire du sujet anorexique.

 Aménorrhée : définie par l’absence de survenue de règle de manière primaire ou secondaire. L’aménorrhée primaire concerne les jeunes filles chez qui la puberté n’est pas encore apparue (jeune fille non réglée) tandis que l’aménorrhée secondaire

Page 72 sur 175 concerne les filles qui ont sont déjà réglées. Cette aménorrhée est souvent masquée par la prise de traitement estroprogestatifs. La pilule va donner des règles artificielles mais également traiter une ostéoporose de manière indirecte. En absence de grossesse, l’aménorrhée est un critère de choix de diagnostic de l’anorexie mentale. Cependant ce critère risque de disparaître dans les nouvelles classifications. 17, 20, 23, 24, 25

La HAS a décrit des signes cliniques évocateurs d’une anorexie mentale à prendre en compte lors de toute consultation.20 (tableau 4)

3.2.1.3.2 Autres signes cliniques de l’anorexie

Ces signes cliniques ne sont pas spécifiques de l’anorexie à proprement parler mais se sont de bon marqueur de dénutrition. Parmi ces troubles on retrouve :

 Troubles cardiovasculaires : hypotension, bradycardie, possible allongement de l’espace QT (torsade de pointe), tachycardie supraventriculaire etc

 Risque d’infections pulmonaires

 Troubles de la dentition avec possible perte des dents (risque cardiaque)  Hypothermie

 Troubles neurologiques et musculaires avec une asthénie, fonte musculaire, hypotonie axiale, un ralentissement psychomoteur et des difficultés à accomplir des mouvements de la vie quotidienne

 Trouble des phanères : perte des cheveux, xérose, ongles cassants, mauvaise cicatrisation

 Troubles digestifs : douleurs abdominales, constipation, temps de vidange gastrique diminué, douleurs œsophagienne

 Retard à la puberté

 Lésions buccales, parotidomégalie (hypertrophie des glandes salivaires liée aux vomissements)

 Ostéoporose

3.2.1.3.3 Signes paracliniques de l’anorexie L’anorexie engendre des troubles biologiques :

 Troubles ioniques dont une hypokaliémie suite à la consommation massive de laxatif, diurétiques ou vomissements

 Troubles phosphocalciques

 Troubles de la fonction rénale (clairance de la créatinine)

Page 73 sur 175  Anémie, leucopénie (NFS etc.)

 Les autorités ne recommandent pas en première intention de réaliser un dosage de la TSH sauf en cas de diagnostic en faveur d’une hyperthyroïdie

3.2.1.3.4 Signes du comportement associés à l’anorexie

D’autres signes du comportement peuvent se retrouver associés à l’anorexie :

 Le mérycisme : ce trouble de la conduite alimentaire survient dans 20 à 30 % des cas (aussi bien boulimie qu’anorexie) et se caractérise par la régurgitation et la remastiquassions (rumination) des aliments qui ont été avalés. On considérait que ce trouble ne survenait que chez les psychotiques et les retardés mentaux. 17, 20

 Potomanie : en dehors de toutes autres pathologies telles que le diabète insipide ou des hyposialorrhées, la potomanie peu également faire partie des troubles du comportement alimentaire qui se caractérise comme un besoin irrépressible et permanent et sans réelle nécessité d’ingérer une très grande quantité de liquide dont essentiellement de l’eau. Ce comportement dans les TCA se rencontre chez les anorexiques dans le but d’une purification de l’organisme ou bien encore dans la recherche d’élimination des calories absorbées. La potomanie est souvent à l’origine d’une polyurie, lorsque l’eau est ingérée en trop grande quantité, il existe des risques non négligeables d’hyponatrémie associée à des risques de convulsions voir de coma. Il est important de dissocier potomanie et dipsomanie qui se caractérise par des envies irrépressibles de boire de l’alcool.20, 24

 Hyperactivité physique : se caractérise par la pratique d’une activité physique intense de manière excessive telle que la course à pied, la marche dans le but de perdre du poids par une augmentation du catabolisme. Les personnes anorexiques sont souvent caractérisées par une posture rigide et une station debout excessive. 23

 Hyper investissement scolaire et professionnel.  Consommation d’alcool, tabac ou divers dépendances.

3.2.1.3.5 La distorsion cognitive chez le sujet anorexique

Les personnes atteintes d’anorexie souffrent d’une distorsion de leur image corporelle. Le terme de distorsion cognitive en psychiatrie apparait en 1967 par l’américain Aaron T. Beck qui la définit comme « désignant des façons de traiter l'information qui résultent en erreurs de pensée prévisibles et qui ont souvent pour conséquence d'entretenir des pensées et des émotions négatives », ce sont de mauvaises interprétations de ce qui se passe autour de l’individu et qui sont responsables de troubles souvent négatifs. Les personnes anorexiques

Page 74 sur 175 sont persuadées d’être beaucoup trop grosses ce qui entretient cette peur de grossir et ce désir constant de perdre du poids. Cette distorsion de l’image de soi n’impacte en aucun cas d’autres perceptions.20, 25

En plus de cette image erronée de soi, les personnes anorexiques chez qui le poids et l’alimentation envahissent la vie quotidienne, possèdent très souvent des fausses croyances sur les mécanismes de fonctionnement du corps telles que croire que les aliments ingérés même en petite quantité vont s’accumulés dans les fesses ou les hanches. Mais également les personnes anorexiques possèdent très souvent des idées fausses sur les propriétés des aliments les considérant trop gras ou trop sucré en fonction de leur aspect ou de leur consistance les laissant supposer que le prétendu gras qu’ils contiennent a la capacité de passer par voie sublinguale et par la muqueuse de la bouche pour aller directement se stocker dans l’organisme. 17, 25