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REVUE DE LITTÉRATURE : HYPOTHÈSES, LES OBJECTIFS

Ce chapitre traite de la revue de littérature sur les enfants de la rue, en présentant, à travers une riche documentation, les différents problèmes qui sont à la base de leur présence dans les rues à travers le monde, particulièrement en Haïti. De plus, les hypothèses, les objectifs et la question de recherche y sont rattachés en fin de chapitre.

Dans une conjoncture économique internationale d’une rare complexité, qui fait l’objet de tant de débats et de réflexions diverses des spécialistes des sciences sociales, il serait tout à fait impossible de passer sous silence la situation des enfants de la rue dans le monde et en Haïti, comme lieu de notre étude. Cette situation doit, de toute manière, interpeller la conscience des dirigeants des pays en développement qui ont pour devoir de donner une réponse suivant les dimensions du phénomène. En fait, les enfants vivant dans les rues doivent être considérés comme des êtres humains qui méritent une attention soutenue de la part des responsables mondiaux.

Avant même d’élire domicile dans les rues, les enfants faisaient face à des problèmes de nature complexe dans leur propre famille : absence de nourriture, logement indécent (taudis), violence familiale, abus sexuels, etc. Si dans les pays développés de l’Europe et de l’Amérique du Nord, des institutions et des organismes de services sociaux sont mis en place afin de pallier aux problèmes des enfants en cavale ou en fugue et/ou en situation de rue, dans les pays en développement, en dehors des interventions des institutions internationales et des organismes non gouvernementaux, l’État intervient faiblement dans la prise en charge des enfants de la rue. Parfois, l’État ne s’implique même pas et laisse la liberté entière à des organismes de s’en occuper. Dans un tel cas, Haïti est un exemple vivant. L’absence d’un ensemble de services en faveur des enfants et notamment ceux de la rue se fait clairement sentir ou remarquer. Alors, « la problématique des enfants de la rue concerne aussi, dans ce sens, celle de la lutte contre la pauvreté qui fait également partie des fameux « objectifs du Millénaire (Pirot, 2004 : 173) ».

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Par ailleurs, il est important de mentionner qu'un enfant de la rue est un enfant pour qui la rue est devenue le lieu de vie permanent. Cependant, « lorsque le domicile ne lui procure plus ni abri ni soutien, il faut attendre qu’il se propulse dans l’espace public et qu’il y soit visible, pour que la collectivité se mobilise (Tessier et al, 2005 : 13) ». Dans cet univers, il est disposé à utiliser tous les artifices pour ne pas mourir de faim, c’est son lieu de vie et d’habitat. L’enfant s’approprie cet espace à sa manière, en l’utilisant pour manger, dormir et exercer toutes sortes d’activités pour répondre à ses besoins. Généralement, en rupture totale avec sa famille, il ne pense même pas retourner chez lui. Certains d’entre eux oublient même leur lieu d’origine, surtout ceux qui ont connu la domesticité (restavek). D’autres, par contre, ne peuvent même pas retracer la voie qui pourrait les reconduire dans leur localité d’origine. Il y en a, surtout ceux qui ont laissé leurs parents depuis l’âge de 5 ou 6 ans pour être placés dans une famille d’accueil (en domesticité/ restavek), qui se retrouvent souvent dans les rues après avoir été l’objet de violence, de maltraitance et d’abus de toutes sortes dans leur propre famille et dans les familles d’accueil où les filles subissent fréquemment violence et viols. Et le contrôle de l'État haïtien est assez indifférent sur ce qui se passe au sein des organismes de défense des droits des enfants.

Dans la SITUATION DES ENFANTS DANS LE MONDE, paru en 2006, l’Unicef souligne que les enfants des rues ont une présence physique bien visible puisqu’ils vivent et travaillent dans les rues et sur les places publiques et dans d’autres espaces des différents centres urbains de toutes les villes du monde, surtout dans les pays en développement. De son côté, Alphonse Tay (1993 : 5), responsable du programme « Enfant de la rue » à l’UNESCO, déclare que « l’Expression enfant de la rue (ELR) est en quelque sorte l’enveloppe d’une inflation de concepts désignant une réalité multiple ». La plupart des définitions tiennent compte des conditions d’existence des enfants.

Pour le COLLOQUE INTER ONG, à Abidjan (1985), est considéré comme « enfant et jeune de la rue, toute fille ou tout garçon n’ayant pas atteint l’âge adulte, pour qui la rue est devenue sa demeure habituelle et/ou sa source de moyen d’existence, et qui est inadéquatement protégé, encadré ou dirigé par un ou des adultes responsables (Salmon- Marchat, 2004 : 105) ». Toutefois, leur présence dans les rues inspire rarement de la

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compassion aux gouvernements et aux riches; au contraire, ils font généralement l’objet d’une discrimination et sont marginalisés davantage encore. En outre, il est clair de reconnaître qu’ils sont parmi les plus invisibles, ce qui pourrait parfois les empêcher de bénéficier de certains services émanant des institutions œuvrant dans le domaine de l’aide à l’enfance. Certains ne sont même pas reconnus par l’État puisqu’ils n’ont pas d’acte d’État civil (Acte de naissance). Or ce genre de situation constitue un handicap à l’évolution et au fonctionnement de l’enfant. Toute démarche à entreprendre doit se faire à partir de cet acte. La situation des enfants de la rue dans le monde reste et demeure un problème crucial à n’en plus finir puisque la solution y afférente ne peut provenir d’un miracle. Il s’agit en effet, d’un problème qui doit être l’objet de questionnements et d’analyse de ceux qui sont placés pour corriger ce problème en s’engageant dans une démarche allant de la genèse à la fin du processus. D'un autre côté, nous avons compris qu’il est important dans le cadre de ce chapitre de présenter la situation des enfants vivant en marge de leur société à travers le monde; qu’il s’agisse des enfants de la rue dans les pays développés et ceux en développement et d’en faire ressortir les points de ressemblance et de divergence.

2.1.- La situation des enfants de la rue à travers le monde a) La situation des enfants de la rue en Asie

En Chine, la présence des enfants de la rue y est généralement perçue et expliquée en termes de pauvreté et de problèmes familiaux. Alors, « ces éléments existent, mais ne sont pas suffisants pour expliquer les trajectoires ni les comportements des enfants chinois se trouvant dans la rue. Les contradictions entre les politiques officielles de la planification sont systématiquement évacuées des analyses alors qu’elles constituent des déterminants essentiels du phénomène (Stöcklin in Tessier et al, 2005 : 195) ». En effet, Stöcklin souligne entre autres que la raison majeure de la présence des enfants dans les rues en Chine est la pauvreté et le dysfonctionnement familial, sans tenir compte des causes macrosociologiques qui fragilisent l`institution familiale. Par contre, on finit par rendre responsables les dirigeants du pays du fait que ces enfants sont privés de leur « enfance », ceux-là mêmes qui sont privés d’accès à des conditions de vie dignes. Il est important de

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rappeler que la Chine est un pays communiste dont l’accès à l’information n’a pas été entièrement libre à des chercheurs. D’autant plus que les sciences sociales ont été censurées, plus particulièrement la sociologie, par les dirigeants communistes chinois. L’étude sur les enfants de la rue n’a pas été facile pour les chercheurs, alors que le problème nécessitait du terrain. Les rares études conduites durant cette période dans ce pays sur les enfants de la rue se firent de manière clandestine.

En Inde, les enfants de la rue sont en si grand nombre que les instances internationales n’ont pas tardé à appuyer certaines initiatives prises en leur faveur. Dans ce pays, il existe un contraste assez saisissant entre ceux qui sont nantis et ceux qui n’ont rien. Ceci a créé parfois un climat d’insécurité au niveau du pays. Le problème des enfants de la rue en Inde est et demeure un véritable défi. Certaines institutions comme l’Unicef (2008) avancent des chiffres de plus d’un million d’enfants vivant en dehors des normes de la société, c’est-à- dire dans les rues. Dans ce pays considéré comme la deuxième population mondiale après son voisin chinois, les enfants de la rue, selon l’Unicef, sont meurtris, abandonnés par leurs parents. Ils vivent en même temps dans un univers insécurisant et souvent ils font l’objet de violence. Certains sont dans la rue à cause de la pauvreté de leurs parents, d’autres, par contre ont pris le chemin de la rue à cause des conflits familiaux. Il y en a qui se trouvent dans les rues à cause du décès de leurs parents et luttent tous les jours pour leur survie; livrés à eux-mêmes comme dans d’autres pays où la pauvreté a poussé des centaines de millions d’enfants dans les rues. Ce genre de situation a développé chez les enfants le sens de la stratégie pour lutter tant bien que mal contre ce fléau pour répondre à leurs besoins les plus immédiats. Dans ce même pays, Sylvaine Bernard (2002) parle du mariage précoce (avant l’âge de 13 ans) et ajoute que ce genre de situation a entraîné et entraîne encore des milliers d’enfants et de jeunes dans les rues. Sans aucune préparation, ils doivent répondre à des exigences quotidiennes, puisqu’ils ont des enfants à leur charge, sans être outillés, matériellement et psychologiquement et sur le plan managérial.

Dans la poursuite de notre réflexion, selon le rapport mondial de survie pour l’éducation pour tous, cité par l’UNESCO (2007), en avril 2001, fut créé, à l’initiative de l’organisation non gouvernementale (ONG) Indienne « Butterflies, Bal vika Bank », dont le nom signifie

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« banque pour le développement des enfants de la rue de l’Inde ». À travers une telle initiative, ils apprennent aux enfants de la rue à épargner et à gérer leurs revenus depuis 2007, sous l’appellation « Children Development Bank » (CDB). De plus, les guichets de la banque des enfants de la rue se développent au-delà des frontières de l’Inde. À la suite d’une telle initiative, d’autres pays de l’Asie vont bénéficier des services d’une telle banque tels que Lel, Koltata, Chennai, Mujaffarpur, Népal, Bangladesh, Afghanistan, Sri Lanka, etc. Autrefois, la plupart des enfants de la rue dépensentinutilement et rapidement l’argent qu’ils gagnent. La création d’une telle banque est une occasion de leur fournir un outil pouvant leur permettre d’épargner et de contrôler leur revenu.

D’autres possibilités qu’on leur offre sont celles de ne pas se faire exploiter par d’autres. Ils évitent également de se faire voler et apprennent en même temps à gérer leur budget. Ils peuvent, au moins, espérer réaliser des projets à partir de leur revenu et de pouvoir un jour penser à se retirer entièrement de la rue. Ces enfants ont 9 à 18 ans. Ils sont encouragés à déposer chaque jour leur argent à la banque. Par ailleurs, ils deviennent en même temps des propriétaires et des clients de la banque. D’après cet article de l’Unesco, chaque enfant- client a un compte courant, un compte d’épargne et en reçoit des intérêts sur le montant de l’argent déposé à la banque. La banque peut avancer de l’argent aux enfants en cas de besoins immédiats pour l’achat de vêtements et autres, ou faire des prêts à long terme aux enfants de plus de 15 ans, qui devront les rembourser avec des intérêts. Selon la même source, chaque CDB est rattachée à une association travaillant avec les enfants des rues afin que quelques adultes puissent intervenir comme conseillers.

Toutefois, il est à noter que ces banques obéissent aux normes de fonctionnement des coopératives. Donc, nous pensons qu’une telle démarche mérite d’être reproduite ou suivie dans l’ensemble des pays en développement afin de permettre à des millions d’enfants qui vivent en marge de leur société de parvenir à leur totale réintégration. Une fois que les enfants commencent à avoir des fonds nécessaires pour entreprendre des activités génératrices de revenus, nous pensons qu’ils vont adopter de meilleures stratégies afin de tirer les nombreux avantages fournis par la rue et de mieux s’organiser pour une éventuelle

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sortie de la rue. Il s’agirait également de déposer les avoirs de ces banques coopératives dans une banque centrale pour mettre les fonds à l’abri, des détourneurs de fonds.

De plus, au Sri Lanka, selon (Unesco/Érès : 1995), la plupart des familles de rue se trouvent à Colombo, mais des villes importantes comme Kandy et Galle connaissent des problèmes analogues. Le problème est tel que le département de la planification nationale de Sri Lanka a estimé que la population totale comprend environ 23% d’enfants de moins de 15 ans, dont quelque 10.000 d’entre eux vivaient dans la rue. Ensuite, la même source précise que près de la moitié de ces enfants ne sont jamais allés à l’école et plusieurs d’entre eux ont abandonné l’école primaire, cependant; seule une petite minorité a eu un minimum de contact avec l’enseignement secondaire, et ce, bien que l’enseignement soit gratuit à tous les niveaux dans l’ensemble du pays depuis plus d’une décennie. Au Pakistan, certains auteurs comme Shermann, Plitt, Hassan, Cheng et Zafar (2005) mentionnent que 3.500 à 5.000 enfants vivent dans les rues de ce pays sans oublier l’Inde où la situation des enfants de rue paraît beaucoup plus complexe comparativement aux autres pays de la zone.

Pour Johanna Fils (1995), en Asie et au pacifique, il y a jusqu’à un million d’enfants tenus en esclavage sexuel et la prostitution, souvent par des touristes et les enfants de la rue ne sont pas épargnés. Ces cas se répètent en Chine, au Vietnam, au Cambodge, en Thaïlande, aux îles Philippines, au Sri Lanka, en Inde, au Pakistan, au Bangladesh et au Taïwan, etc. Pour l’auteure, la pauvreté est souvent citée comme raison principale de la prostitution des enfants en Asie. Elle avance que dans certains pays d’Asie, des enfants sont abusés par des étrangers et des pédophiles vacanciers qui en profitent pour exploiter l'innocence et la misère de ces enfants. Étant donné les conditions de vie dans lesquelles évoluent ces jeunes, certains ont quitté leur foyer sans l’autorisation de leurs parents à la recherche d'un mieux- être, en acceptant en conséquence de s’adonner à la prostitution et d’autres activités génératrices de revenus.

Selon Ligier (2007 : 62), à Manille, aux Philippines « les articles et reportages de la presse et de la télévision internationales sur la terrible réalité des enfants des rues ne manquent pas. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 5 millions d’enfants exploités au travail, 1,5 million

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d’enfants dans la rue, 60.000 enfants abusés sexuellement et 14.000 enfants en prison ». Cependant, Ligier formule des critiques à l’endroit des parents qui ont mis au monde des enfants sans pouvoir s’en occuper et sans même réfléchir que leur vie ne serait que souffrance et désillusion. Elle n’hésite pas à expliquer qu’à Ouezon City, ville située au nord de Manille, des enfants abandonnés, jetés à la rue ou maltraités se réfugient au cimetière. Ils vivent là avec des morts et se sentent plus en sécurité que dans la rue. Dans cet endroit, ils ne côtoient que les morts, tout en se protégeant des actes de violence auxquels s'adonnent des membres de cette société.

En dépit des problèmes identifiés en ville, selon Wangre et Maiga (2008 : 62), « pour les enfants, la ville est attractive, on y gagne facilement à manger, on a accès à toute sorte de loisirs. Ils se représentent l’environnement rural et familial comme un lieu où les conditions de vie sont difficiles. Ils ont tous une conception positive de la ville ». Toutefois, ces enfants errent dans les rues, soit pour solliciter l’aumône des passants, soit pour gagner leur vie à travers de petits travaux exécutés pour quelques pitances. Néanmoins, dans certaines capitales des pays en développement et des pays émergents, certains enfants de la rue et ceux dans la rue lavent des voitures, mendient, volent à l’étalage, se prostituent pour acheter de la colle de cordonnier et d’autres stupéfiants qu’ils ne peuvent se procurer assez facilement, s’ils n’ont pas d’argent. En un mot, « la rue est le lieu où ils se sont réalisés, et c’est là qu’ils peuvent retrouver d’autres enfants de « galère » dont ils se sentent solidaires. Ce n’est qu’après un séjour plus ou moins long que les enfants découvrent la face cachée de la rue avec ses dangers et ses menaces permanentes (Salmon-Marchat, 2004 : 99) ». Nombreux, sont les enfants qui ne s’identifient pas à la rue, en raison de la complexité de cet espace et souhaitent avoir d’autres alternatives. Les mêmes remarques sont produites par les enfants de notre recherche. Rappelons que dans la rue, les locataires de cet espace ne sont nullement à l’abri des turbulences occasionnées par différents acteurs. À ce titre, Pirot (2004 : 83) rejoint Salmon-Marchat lorsqu’il affirme que « la vie dans la rue se caractérise par l’insécurité et la violence : violence de la police envers les enfants, et souvent des adultes en général, violence des enfants envers les adultes et violence des enfants entre eux ».

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De plus, Ligier explique qu’aux Philippines, « les familles comptent une moyenne de huit enfants à la campagne, et six en ville. Les enfants naissent, mais les parents n’ont pas d’argent pour les nourrir ni les envoyer à l’école. Il n’y a pas de travail pour leur assurer un avenir heureux et, parfois, leur nombre les prive même d’amour. Le plus souvent, c’est à eux de travailler et d’aider la famille (Ligier, 2007 : 41) ». Lorsque des enfants naissent dans des familles nombreuses et pauvres, ils n’ont pas trop de chances de réussir leur vie. Aux Philippines, par exemple, il existe plus d’un million d’enfants dans les rues, ajoutés à une démographie assez galopante. Il est plus que normal que des enfants pauvres abandonnés viennent grossir la cohorte de ceux de la rue. En analysant la situation des différents pays du continent, les problèmes sont tout à fait similaires. La pauvreté ajoutée au facteur démographique constitue le dénominateur commun pour ces pays; mais une chose est sûre, c’est que l’Inde paraît être le pays le plus touché par la pauvreté avec la présence des millions d’enfants dans les rues. D’ailleurs, le mariage précoce est un élément incontournable dans leur situation de vulnérabilité. C’est un indicateur assez sérieux qu’on ne peut pas négliger dans notre analyse et qui explique, en partie, les raisons justifiant la présence des enfants dans les rues en Inde. Cependant, ce qui diffère l’Inde de la Chine et des autres pays du continent asiatique (Asie Méridionale- Asie Orientale), c’est que le mariage précoce (avant l’âge de 13 ans) fragilise les jeunes époux et les conduits dans le cercle de la pauvreté. Ne pouvant pas répondre aux exigences de la vie quotidienne, ces gens deviennent vulnérables et parfois ils n’ont pas d’autres alternatives aux différents problèmes auxquels ils font face que de se rendre dans les rues.

Toutefois, malgré les progrès réalisés dans divers domaines par les deux géants asiatiques, des enfants issus des zones rurales surtout ne sont pas épargnés par les mesures discriminatoires et continuent de grossir les rangs des enfants dans les rues. Le mariage

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