• Aucun résultat trouvé

Rôle des normes dans les comportements de distance sociale

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 62-65)

3.1.3.2.5.2 Approche des neurosciences

3.1.3.3 Implication des comportements dans le processus de stigmatisation

3.1.3.3.2 Rôle des normes dans les comportements de distance sociale

3.1.3.3.2.1 Normes et comportements

Bien que la controverse ait longtemps persisté quant au rôle prédictif des normes sociales sur les comportements humains (Cialdini, Reno, & Kallgren, 1990; Kallgren, Reno, & Cialdini, 1999; Schultz, Nolan, Cialdini, Goldstein, & Griskevicius, 2007), aujourd'hui il est clairement établi que les normes influent sur les comportements et actions des individus. En réalité, la recherche sur les normes a polarisé l'attention sur les normes culturelles ou sociales, accentuant ainsi leur caractère relatif (Neuberg, Smith, Hoffman, & Russel, 1993). Or, il est observé des normes situationnelles et des normes personnelles. Les normes situationnelles reflètent les attentes sociales sur la façon dont les individus doivent agir, penser et ressentir dans des situations précises (Cialdini et al., 1990). Quant aux normes personnelles, elles sont construites par les individus eux-mêmes (Cialdini et al., 1990). Ces dernières représentent de

50

faibles prédicteurs de conduites à moins qu'elles ne soient essentielles aux individus (Kallgren et al., 1999).

A vrai dire, en matière d'influence normative sur les comportements, il est nécessaire de distinguer les normes descriptives des normes injonctives. Toutes deux réfèrent à des sources de motivation humaine différentes (Cialdini et al., 1990). Les normes descriptives caractérisent "ce qui est fait" (c'est normal d'effectuer ce comportement, parce que les gens le font), alors que les normes injonctives décrivent "ce qui doit se faire" en termes d'approbation ou de désapprobation sociale (Ibid). Les normes injonctives désignent de puissantes directives de comportement en indiquant les conduites socialement désirables (Kallgren et al., 1999).

3.1.3.3.2.2 Normes et stigmatisation des individus

L'influence des normes sociales est mise en évidence dans le processus de stigmatisation (ex : Corrigan & Penn, 1997; Goffman, 1963; Hebl & Dovidio, 2005; Jones et al., 1984;

Pescosolido et al., 2008). Leur implication a été relevée à travers trois situations. La première situation représente la stigmatisation d'individus en raison de leurs comportements qui s'écartent des normes habituelles. Pourtant, les comportements inhabituels peuvent dans certains cas être l'expression de symptômes liés à la sévérité d'une maladie. Dans le contexte de la maladie mentale, Corrigan & Penn (1997) rapportent que les comportements inappropriés ou symptomatiques se distinguent des comportements appropriés ou asymptomatiques sur la base de codes comportementaux admis dans les normes sociales. Sans compter que les comportements atypiques auraient tendance à produire plus de réactions stigmatisantes que la seule étiquette de maladie (Link, Cullen, Frank, & Wozniak, 1987; Penn et al., 1994; Socall & Holtgraves, 1992). La seconde situation cara ctérise un consensus de discrimination envers des individus ou groupes en raison de conduites supposées inappropriées ayant conduit à des états de santé délétères (ex : les personnes souffrant d'obésité, les personnes souffrant de VIH) (Crandall, Eshleman, & O’Brien, 2002). La troisième situation reflète une préférence générale de distance sociale envers la maladie (Norman, Sorrentino, Windell, & Manchanda, 2008).

3.1.3.3.2.3 Normes perçues et distance sociale

De nombreuses recherches montrent le rôle des attitudes, croyances et stéréotypes dans la distance sociale choisie envers une personne ou un groupe stigmatisé. En revanche, peu d'études ont attiré l'attention sur la fonction des normes sociales dans la distance sociale choisie envers les personnes stigmatisées. Dans le contexte du trouble mental, la recherche

51

empirique de Norman et al. (2008) est pionnière dans ce domaine. Ainsi, à travers une étude expérimentale sur vignettes (n=200), les chercheurs interrogèrent la distance sociale choisie envers une personne soit schizophrène soit dépressive, comparée à un groupe contrôle. Ils examinèrent les croyances vis à vis de la maladie indépendamment des normes sociales perçues et leur part de variance prédictive dans l'intention de comportements de distance sociale. Leurs résultats montrèrent que les normes sociales perçues favorisant une plus grande distance sociale représentaient une part importante de la variance envers la schizophrénie (51

%) et la dépression (34 %). D'un autre côté, les croyances concernant le danger devant la maladie et l'inadaptation sociale en raison de leur maladie comptaient pour une part modeste dans la variance. Cette proportion affichait 29 % pour la schizophrénie et 13 % pour la dépression. Finalement, cette étude concluait à la surestimation des stéréotypes, attitudes et croyances concernant les pathologies étudiées. En revanche, les normes sociales perçues favorisent une plus grande distance sociale envers la maladie (Norman et al., 2008).

3.1.3.3.2.4 Rôle des normes sociales et stigmate d'association lié à la maladie d'un parent Le rôle des normes a montré toute son importance dans l'évitement du stigmate d'association.

En réponse au stigmate perçu, les proches d'un parent souffrant d'une maladie stigmatisée développent des stratégies interactives de normalisation et de dissociation (Shifflett &

Blieszner, 1988). La normalisation consiste à affirmer les ressemblances e ntre le patient et les autres, alors que la dissociation, consiste à éviter les événements ou les situations qui appuieraient les différences entre le patient et les autres (Shifflett & Blieszner, 1988).

Dans le contexte du trouble mental, une étude qualitative s'est intéressée à des enfants de 8 à 22 ans (n = 20) dont l'un des parents souffrait d'un trouble de santé mentale (Haug Fjone, Ytterhus, & Almvik, 2008). Ces enfants étaient encouragés à parler de leur expérience quotidienne. L'analyse de contenu des entretiens montra que leur préoccupation principale était de maintenir leur identité dans la normalité, c'est- à- dire être vus comme "normaux" par les autres. Pour atteindre cet objectif et éviter le stigmate d'association, ils utilisaient des stratégies telles que le contrôle d'informations destinées à l'avant-scène face à la relégation d'informations sensibles en coulisses. Ils dépensaient beaucoup d'énergie à cacher la maladie de leur parent par peur du stigmate d'association. Finalement, ils considéraient en même temps leur situation comme normale et anormale. La normalité variait sur un continuum entre absence totale de déviance et déviance selon l'équilibre trouvé par la maîtrise de l'information concernant leur parent malade (Haug Fjone et al., 2008).

52

Dans le contexte de la MA, les études sur le stigmate familial, montrèrent que les aidants familiaux pouvaient ressentir des sentiments d'embarras, de honte face aux symptômes comportementaux de leurs parents souffrant de MA (Blum, 1991; MacRaé, 1999; Navab, Negarandeh, Peyrovi, & Navab, 2013; Pitaud et al., 2007; Shifflett & Blieszner, 1988). Pour préserver une image de "normalité" et prévenir le stigmate familial, les aidants familiaux recouraient à des stratégies de contrôle de l'information, de couverture et d'évitement de certaines situations (Blum, 1991; MacRaé, 1999; Shifflett & Blieszner, 1988), c'est-à-dire, aussi longtemps que l'évolution de la maladie le permettait, ils contrôlaient la sortie des informations hors du cercle intime. Lorsque la maladie devenait trop sévère, les aidants familiaux agissaient de façon à ce que les symptômes comportementaux du patient ne soient pas trop visibles ou encombrants lors des interactions sociales. Certains recouraient à l'évitement social afin d'éviter la discréditation et protéger leurs identités respectives (Navab et al., 2013).

3.1.3.3.3 Exclusion de l'interaction. Approche évolutive du

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 62-65)