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2.5- Régime d’éviction chez la femme allaitante

Un régime d’éviction chez la femme allaitante pourrait être utile si le nourrisson allaité exclusivement au sein présente clairement des réactions allergiques après ingestion de PLV par la mère. Un régime d’éviction chez la mère n’est pas justifié si le nourrisson tolère le lait maternel alors que la mère a un régime normal, sans éviction des PLV. Il faut surveiller les apports protéiques et calciques (1200 mg par jour en deux prises) chez la femme allaitante, avec une supervision par un diététicien [93].

3- L’âge d’introduction et de diversification alimentaire chez

l’enfant

En France, le guide du Programme national nutrition-sante (PNNS) , conseille de retarder après l’âge de 6 mois, chez les enfants à risque, l’introduction des aliments autres que le lait et, pour certains aliments (œuf, kiwi, céleri, poissons et crustacés), après 1 an, voire 3 ans pour les fruits à coques ou les produits contenant de l’arachide [95].

Le suivi d’une large cohorte d’enfants issus de la population générale a montré que l’introduction précoce, avant l’âge de 4 mois, d’aliments autres que le lait maternel, augmentait de façon significative le risque d’eczéma à 2 et à 10 ans. Le risque à 10 ans était multiplié par 2,9 chez les enfants qui avaient ingèré au moins 4 aliments différents avant l’âge de 4 mois. Lorsque ce type d’essai est réalisé dans une population à risque d’allergie, le risque lié à la diversification précoce croit considérablement : l’eczéma apparait chez 35 % des enfants après une diversification à l’âge de 3 mois, contre 14 % des enfants nourris exclusivement au sein jusqu’à 6 mois [95].

Avec les recommandations européennes de 2008, il semble souhaitable de conseiller une diversification après 17 semaines et avant 24 semaines avec des aliments riches en fer (œuf, viande) et en acides gras polyinsaturés à longue chaîne (œuf, poisson gras) et une introduction progressive du gluten entre quatre et sept mois, même chez l’enfant allaité, pour diminuer le risque d’allergie au blé, de maladie cœliaque et de diabète de type 1 [96,97]. Les recommandations américaines de 2008 conseillent une diversification entre quatre et six mois sans aucune limitation d’aliment [97].

D’un autre côté, les études rétrospectives de Lack et ses collègues suggèrent que pour certaines populations, l'introduction alimentaire précoce des aliments allergisants (par exemple l'arachide) pourrait empêcher le développement d'une allergie alimentaire. Une étude chez les nourrissons en Australie a montré que l'introduction précoce d'œuf entre 4 et 6 mois a été associée à une diminution du risque d'allergie à l'œuf par rapport à l'introduction ultérieure [5].

En 2004, une première étude a souligné les risques d’une diversification trop tardive, en montrant une majoration de la fréquence de l’eczéma et des sifflements respiratoires chez les enfants pour lesquels l’introduction de l’œuf avait été retardée après l’âge de huit mois par rapport aux enfants qui en avaient consommé avant cet âge. Deux ans plus tard, les mêmes auteurs se sont intéressés spécifiquement à la sensibilisation aux allergènes dans une étude de cohorte portant sur 2612 enfants. Les résultats de cette étude ont montré les bénéfices d’une diversification conduite après l’âge de quatre mois. Cette étude a montre également qu’une diversification lente, au-delà de l’âge de six mois, majore le risque de sensibilisation. D’autres études ont aussi montré l’effet délétère d’une introduction trop tardive du blé et du poisson [16,72,97].

La tolérance orale est une suppression spécifique de la réponse immune, cellulaire et humorale, vis-à-vis d’un antigène alimentaire par le biais d’une administration préalable de l’antigène par voie orale. Par conséquent, en l’absence d’une introduction antérieure de l’allergène, la tolérance ne pourra pas apparaître. Il est intéressant de noter que dans les pays où les enfants consomment très jeunes des produits à base d’arachide, la prévalence de l’allergie à l’arachide est relativement faible [97].

Tableau XIII : Recommandations concernant l’alimentation pour la prévention primaire des allergies alimentaires [21].

Paramètres Commentaires

Enfants à haut risque La prévention est limitée aux enfants à haut

risque : atopie chez les 2 parents ou un parent et un membre de la fratrie

Régime pendant la grossesse Non recommandé, sauf éviction de l’arachide

(non prouvée mais n’entraînera pas de carences nutritionnelles)

Allaitement maternel exclusif 6 mois

Régime pendant l’allaitement Eviction de l’arachide et des fruits à coque (non

prouvées mais n’entraîneront pas de carences nutritionnelles)

Formules au soja À éviter les 6 premiers mois

Formules à hydrolyse extensive • Seules ou en complément de l’allaitement

maternel

• Formules à hydrolyse partielle possible en l’absence d’allergie prouvée au lait de vache

Diversification Retardée à 6 mois révolus

• Lait à 6 mois

• Œuf et poisson à 12 mois

4- L’utilisation des probiotiques

Le microbiote intestinal régule la réponse immune systémique et locale ce qui inclut la diminution de réponse aux antigènes dérivés des micro-organismes et des aliments ; c’est la raison pour laquelle la modulation du microbiote intestinal est devenue une cible thérapeutique dans les maladies allergiques. Il a en effet été montré que les altérations du microbiote intestinal néonatal précédaient le développement de l’atopie, ce qui suggère que l’équilibre des bactéries endogènes intestinales joue un rôle essentiel dans la maturation de l’immunité vers le mode non atopique chez l’être humain [100].

Les probiotiques sont des suppléments alimentaires microbiens vivants ou des composants de bactéries dont on a démontré les effets bénéfiques sur la santé chez l’homme. Les probiotiques créent les conditions optimales pour réorienter la réponse immunitaire allergique vers un équilibre favorable et pour contrôler les phénomènes inflammatoires allergiques systémiques et locaux avant que la structure et la fonction des organes cibles ne soient altérées [100].

L’objectif du traitement probiotique est de remédier au déséquilibre de la flore endogène grâce à des souches spécifiques du microbiote intestinal saines. L’ingestion de probiotiques pourrait briser le cercle vicieux de la réaction allergique inflammatoire : normalisation de la perméabilité intestinale excessive et de la microécologie intestinale altérée, amélioration des fonctions de barrière immunologique de l’intestin et diminution de la réponse intestinale inflammatoire [100].