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Règles d’identification des séroconversions

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 105-108)

1. Evaluation quantitative de la sensibilité du dispositif de surveillance de l’artérite virale équine

1.4 Discussion

1.4.2 Règles d’identification des séroconversions

Du fait de l’absence d’information précise dans la littérature scientifique sur l’évolution du taux d’anticorps chez les équidés infectés naturellement au cours des mois et années suivant l’infection, des règles spécifiques à cette étude ont été définies pour identifier les séroconversions. Il a été

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montré que les anticorps neutralisants sont détectés dès une à deux semaines après infection, avec un pic entre deux et quatre mois, et qu’ils peuvent persister des années (Balasuriya et MacLachlan, 2004) mais sans description de la variation du titre en anticorps au cours des mois et années suivant l’infection. Il était donc difficile de fixer un seuil incontestable pour distinguer les nouveaux cas réels d’infection/réinfection des autres causes d’augmentation du titre en anticorps.

Les règles et seuils proposés dans cette étude sont probablement imparfaits mais il n’existe pas de test de référence pour vérifier leur pertinence. Le choix de ne pas considérer comme des séroconversions les passages d’un résultat négatif à un titre de quatre, huit ou 16 ainsi que les augmentations de seulement deux titres peut paraître strict par rapport aux règles utilisées dans d’autres contextes. Ainsi, les études de prévalence de l’AVE dans différents pays considéraient tout résultat sérologique positif comme un cas (s’agissant d’animaux non vaccinés), mais leur objectif n’était pas d’identifier les nouveaux cas ni de mesurer un taux d’incidence (Chirnside, 1992; Newton et al., 1999). Des règles plus sensibles sont également appliquées (voir infra), de manière légitime, pour les mouvements internationaux d’équidés en se fondant sur le Code sanitaire pour les animaux terrestres de l’OIE et pour la gestion sanitaire des reproducteurs (OIE, 2016a).

Les données disponibles tendent toutefois à montrer qu’une infection naturelle ou expérimentale induit généralement des titres élevés, c’est-à-dire égaux ou supérieurs à 64. Cette tendance se vérifie dans différentes études bien que le taux d’anticorps neutralisants puisse varier en fonction de la souche virale et que leur durée de persistance puisse différer selon qu’il s’agisse d’une infection naturelle, expérimentale ou d’une vaccination avec un virus vivant atténué. Une étude américaine portant sur 20 chevaux infectés naturellement a ainsi montré que la quasi-totalité des animaux infectés avait un titre supérieur ou égal à 64 (n=18), alors que deux autres avaient un titre de 16 et de 32 (MacLachlan et al., 1998). Malheureusement les auteurs ne précisaient pas le délai écoulé entre l’infection et le prélèvement sérologique de ces équidés. Une autre étude a permis de suivre les titres en anticorps chez huit chevaux pendant 42 jours suivant leur infection expérimentale avec une souche virulente Bucyrus5 recombinante (Go et al., 2012). Du dixième jour post-infection jusqu’à la fin du suivi, les titres étaient supérieurs ou égaux à 128 chez tous les chevaux. Des informations complémentaires proviennent de travaux relatifs à des équidés vaccinés. Une étude a ainsi porté sur dix étalons vaccinés contre l’AVE avec un vaccin à virus vivant modifié (Arvac®, Zoetis Animal Helath Inc., Kalamazoo, Michigan, USA) suivis pendant 56 jours. Elle a montré que les titres en anticorps des étalons atteignaient puis dépassaient 128 après une semaine post-vaccination et jusqu’à la fin de l’étude (Summers-Lawyer et al., 2011). D’autres auteurs ont suivi le titre en anticorps sur une période longue de 15 mois après avoir utilisé le même vaccin chez des juments gestantes. Quatre

5 Bucyrus : nom de la souche virale de référence et de la ville américaine où le virus a été identifié pour la première fois en 1953.

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juments présentaient des résultats sérologiques négatifs avant vaccination et leurs titres en anticorps se situaient entre 32 et 2048 dans les dernières semaines de suivi. La cinquième jument présentait un titre en anticorps de 32 avant vaccination et il a systématiquement atteint ou dépassé 1024 entre la deuxième et la dernière semaine de suivi, soit une augmentation de cinq titres ou plus (Timoney et al., 2007). Ces différents travaux tendent à confirmer la pertinence des règles spécifiques proposées dans la présente étude.

Du fait de la courte durée de persistance du virus après infection (hormis dans le tractus génital de certains étalons), le recours à un test sérologique et au VNT en particulier semble actuellement le choix le plus pertinent pour la surveillance de l’AVE chez les équidés reproducteurs (en plus des tests virologiques sur semence permettant d’investiguer le statut excréteur ou non des étalons infectés).

Toutefois, le VNT ne permet pas une identification facile de toutes les séroconversions. De petites augmentations du titre en anticorps peuvent en effet conduire à surestimer le nombre de cas, en particulier lorsque le taux d’anticorps est faible, induisant une succession de titres bas et de résultats négatifs. Plusieurs laboratoires ont mis au point des tests immuno-enzymatiques (Elisa, enzyme-linked immunosorbent assay) (Balasuriya et al., 2013) mais ils ne sont pas utilisés en routine en France et il est encore tôt pour savoir si ces tests pourraient contribuer à une meilleure identification des séroconversions.

Quels que soient les tests sérologiques utilisés, il est important que l’historique des résultats soit conservé et accessible pour permettre l’interprétation correcte de tout nouveau résultat, aussi bien pour connaître le statut individuel et décider d’éventuelles mesures sanitaires (interdiction d’export, de monte, de vente, application de mesures de lutte, etc.) que pour réaliser une analyse des données à l’échelle d’une population. Une telle exploitation épidémiologique nécessite la définition de règles ad hoc pour l’identification des séroconversions, règles qui peuvent varier selon le test utilisé, les pratiques de laboratoires ou la zone/pays considéré. De tels algorithmes d’interprétation de séries de titres en anticorps ont ainsi été définis pour d’autres maladies infectieuses (Premaratna et al., 2012).

Les règles proposées dans la présente étude pourraient être utilisées pour l’exploitation des données collectées par les autres dispositifs surveillant l’AVE en France (voire pour la valorisation des données sanitaires dans les autres pays surveillant la maladie). Il faudrait bien sûr conserver les règles différentes actuellement mises en œuvre pour la gestion de la reproduction et des mouvements internationaux où l’interprétation des résultats doit se faire de manière plus prudente. Dans ces deux cas, il est en effet légitime de continuer à considérer tout passage d’un résultat sérologique négatif à positif et toute augmentation de deux titres en anticorps comme le signe d’un possible cas d’infection, et donc comme un risque potentiel de diffusion de la maladie devant être investigué et endigué. En outre, même si l’application de ces règles sanitaires peut conduire à empêcher la monte ou le déplacement pour des équidés éventuellement non infectés, ces mesures de restriction sont

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souvent temporaires et rapidement levées. Par exemple pour les juments testées dans le cadre de la monte, l’obtention d’un titre en anticorps stable ou déclinant sur un second prélèvement, réalisé à un intervalle d’au moins 14 jours, permet d’autoriser la saillie.

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