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TYPOLOGIE DES RÉCITS DE CAPTIVITÉ

2. Questions génériques

Il est un critère de définition, pourtant évident, que je n’ai pas encore évoqué : le critère générique. Du point de vue générique, qu’entends-je par récit ? Jusqu’ici, les récits dont j’ai parlé ont tous un point commun : ils sont tous en prose narrative et ils ont tous été publiés. Il n’est pas question de poésie, jusqu’ici. Toutefois, je

n’exclurai pas certains poèmes de captivité de cette analyse, en appui des récits en prose, lorsqu’ils reproduisent à l’identique les fonctions des récits. Au-delà du choix de la prose, pourtant, il y a de nombreuses différences génériques entre les textes : la plupart sont, pour reprendre l’expression de Delphine Chenavier, des « récits-témoignages »445 qui s’écrivent comme la transmission véridique d’une expérience : (Derrière les barbelés de Nuremberg, Derrière les barbelés, Prisonnier en Allemagne, etc. D’autres sont des fictions :La peau et les os, Le fidèle Berger, Les poulpes, Le bouquet, etc.

L’utilisation de la fiction n’a rien de systématique et de transparent pour les récits de la période 1940-1953. La distinction entre fiction et récit-témoignage est moins franche qu’il n’y paraît à première vue, non pour des raisons de théorie narrative mais dans le rapport de l’écrivain à l’événement vécu. Dans La peau et les os, Le bouquet ou Les poulpes, le protagoniste principal — respectivement : « le narrateur », l’artilleur Adrien Gaydamour, Monsieur Hermès alias Le Grand Dab — est clairement écrit comme un double de son auteur qui, lui, a réellement vécu la captivité.446 Dans le cas de ces récits, la fiction n’a donc pas pour fonction première de permettre à l’imagination de pallier l’absence de vécu. Les cas de Francis Ambrière, Jacques Perret, qui, en écrivant leur récit sous le signe de l’aventure, donnent à leurs souvenirs de captivité des allures romancées, viennent encore complexifier la situation : ces récits, on le suppose, sont exacts, mais leur unité est plus celle de la littérature — ou de l’idéologie — que du témoignage. Et que dire de la construction fictionnelle de Maurice Betz, gérée par un narrateur qui s’identifie à l’auteur, mais qui substitue aux noms des véritables camarades de combat des noms de fiction ? Que penser, enfin, de la maladroite juxtaposition d’un « Récit », de « Souvenirs et anecdotes » et d’un « Conte » de Dans les barbelés d’Alain Le Diuzet ?

Impossible ici d’avoir une théorie cohérente du rapport à la fiction pour l’ensemble des récits. En revanche, une étude au cas par cas permet de comprendre les différents choix de fiction comme autant de stratégies identitaires des récits. La fiction, quand elle est choisie, permet d’appréhender la question de l’identité des 445 Delphine CHENAVIER, op. cit., p. 21.

446 Pour Georges Hyvernaud, je renvoie à la lecture des Carnets d’oflag, Paris, Le Dilettante, 1999 ; pour Raymond Guérin, à celle de la biographie qui fut faite par Jean-Paul Kauffmann, 31, allées Damour, Paris, Berg International/La Table Ronde, 2004 et aux Lettres à Sonia 1939-1943 éditées par Bruno Curatolo (Paris, Gallimard, coll. « Les inédits de Doucet », 2005) ; pour Henri Calet, à la Correspondance Calet/Guérin établie par Bruno Curatolo (Paris, Le Dilettante, 2005).

P.G. avec un point de vue singulier. Le choix de la fiction, dans ses différentes variations, est également parfois le signe distinctif des auteurs P.G. souhaitant faire une véritable œuvre de la captivité. Guérin, Ambrière, Vialatte, Perret, Betz, Hyvernaud, qui tous ont choisi d’emprunter le chemin de la fiction, sont des écrivains de métier, contrairement à Jean Mariat, Noël B. de la Mort (tous deux journalistes) ou Serge Rousseau. A contrario, Jean Guitton et l’écrivain Robert Gaillard choisissent, pour évoquer leur captivité, la forme du journal. Guy Deschaumes, quant à lui, passe du récit-témoignage (Derrière les barbelés de Nuremberg), au roman (Vers la Croix de Lorraine). Il me semble dès lors que le choix de la fiction se comprend en interrogeant les fonctions assignées au récit. La suite de mon analyse sera essentiellement tournée vers la compréhension de ces fonctions.

Toutefois d’autres questions génériques demeurent. Le choix massif du récit-témoignage par les auteurs P.G. doit retenir l’attention, sinon sur des questions esthétiques, du moins sur le statut de ces textes. Ces textes acquièrent ainsi une caractéristique, si ce n’est une valeur, littéraire. La fonction principale de la quasi-totalité des récits est bien d’abord de témoigner de la captivité, d’en dévoiler l’essence et/ou le fonctionnement, mais aussi d’égrener les souffrances qu’elle produisit. D’éventuelles volontés esthétiques ou d’autonomie du texte par rapport à l’événement ne viennent, pour la plupart, qu’ensuite. Les textes de captivité sont donc principalement écrits comme des témoignages et reçus, entre 1940 et 1953, comme des textes documentaires. Dans son introduction à La moisson de 40, Benoist-Méchin explique clairement cette importance de la vérité :

Tout ce que je raconte ici a été vécu et ressenti. Certaines conversations paraîtront peut-être banales au moment où ce livre paraîtra. Je prie le lecteur de se reporter en pensée aux dates où elles furent prononcées et de se demander si elles l’étaient à ce moment-là. J’ai préféré les laisser telles quelles, plutôt que de les retoucher. D’autres paraîtront intempestives, tant les esprits ont évolué depuis la signature de l’armistice. Je ne me suis pas cru davantage le droit de les modifier, voulant conserver à ce journal la valeur d’un document psychologique, écrit dans une période de transition, intermédiaire entre la guerre et la paix.447

La plupart du temps d’ailleurs, les auteurs n’envisagent pas la spécificité de l’écriture du témoignage, lorsqu’ils écrivent leur récit de captivité. Ils ne pensent pas la 447 Jacques BENOIST-MÉCHIN, La moisson de 40, Paris, Albin Michel, 1941, p. 7. C’est là, du moins, l’intention proclamée de son auteur ; dans le cas de Benoist-Méchin, toutefois, la simple dimension « psychologique » est clairement submergée par un désir de propagande collaborationniste.

catégorie du témoignage, ils ne conscientisent pas les techniques et les outils propres de ce genre d’écrits. Ils ne font que suivre le genre, en ce qu’il leur permet de dire ce qu’ils ont à dire. J’insiste là-dessus : l’essentiel, pour les auteurs des récits de captivité, est bien plus dans ce qu’ils ont à dire que dans la forme qui le dit. Les réflexions sur la forme et le genre ne sont que ponctuelles et annexes, parce que l’important est de témoigner de l’expérience vécue, en vérité et en sincérité. Cet état de fait a un autre impact : les lieux de transmission de l’expérience P.G. ne se limitent pas aux seuls récits. Il y a aussi les articles dans les journaux, les poèmes, les chansons de la captivité, les correspondances, etc. Si tous ces lieux d’expression ne disent pas la même chose, parce qu’ils ne proposent pas la même forme, ils contiennent néanmoins souvent le même désir d’expression. Lorsqu’en 1943 Mitterrand écrit son article sur son retour en France pour le journal des Compagnons de France, ou lorsque Jean Mariat rassemble ses poèmes de captivité dans son recueil Trois de France (qu’il publie la même année que Prisonnier en Allemagne), ou lorsque Noël B. de la Mort rédige ses Contes aux prisonniers pour ses camarades encore captifs, ou bien enfin quand Pierre Gascar s’attelle à son Histoire de la captivité, on est encore et toujours dans l’expression de la captivité : le matériau est le même, le désir de transmission et de reconnaissance est le même, seule la forme employée diffère. Dès lors, la distinction entre un type de texte (le récit) et les autres textes (articles, contes, études historiques, etc.), génériquement établie, demande à être reconsidérée lorsque l’on est attentif comme je le souhaite ici, aux fonctions des textes.448

En outre, l’établissement de ces textes en corpus littéraire est lié à son historicité en tant que corpus. Pour le dire autrement, non seulement ces textes n’ont pas nécessairement été écrits et lus comme des textes littéraires, mais encore la recherche universitaire ne les a pas toujours utilisés comme des textes littéraires. La recherche sur la captivité provenant presque essentiellement d’historiens et non de littéraires, le statut littéraire de ces textes doit être — dans la mesure où cela en vaut la peine — aujourd’hui affirmé et justifié.

Les toutes premières recherches sur la captivité émanèrent d’anciens captifs : 448 C’est avec cette idée en tête que j’ai mené jusqu’ici l’analyse des récits eux-mêmes, accompagnés des nombreux autres discours sur la captivité, qu’ils soient historiques, politiques, etc. La captivité, pour les P.G., déborde aussi les récits, comme elle déborde les barbelés des stalags et des oflags.

Jean Cazeneuve et sa Psychologie du prisonnier de guerre, publiée aux P.U.F. en 1945 ; l’abbé Pierre Flament, auteur d’une thèse encore sans équivalent, sur « La vie à l’oflag II D-II B » en 1956449. Quelques études parmi celles consacrées à la captivité dans la Revue d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, en 1957 et 1960 : Fernand Braudel, François Boudot et Jean-Marie d’Hoop notamment. Des écrivains de métier, anciens captifs, participèrent également à ce mouvement : Francis Ambrière (son article « Prisonniers » pour le volume Vie et mort des Français 1939-1945 en 1971) et surtout Pierre Gascar, auteur du récit Le temps des morts, Prix Goncourt 1953, qui publia une Histoire de la captivité des Français en Allemagne chez Gallimard en 1967. La vague historiographique suivante apporta la thèse incontournable d’Yves Durand, en 1980, qui reste encore aujourd’hui la référence en la matière.450

La fin des années 1970 et le début des années 1980 sont décisifs pour la digestion et la transmission de l’expérience captive. Ce sont des années de mémoire, qui se manifestent notamment par la publication de nombreux « récits de vie »451 où l’intime est exemplaire. À cette époque, les récits de captivité se multiplièrent eux aussi, trouvant enfin un créneau éditorial qui les acceptait, après presque trente ans de traversée du désert. Une maison d’édition joua un rôle particulièrement important dans la publication des récits de captivité : la Pensée Universelle qui d’après mes recherches totalise vingt titres entre 1974 et 1988. Jusqu’aujourd’hui, La Pensée Universelle est, malgré sa courte existence, l’éditeur le plus prolifique de récits de captivité depuis 1940.452 À cette époque de mémoire, des années 1980 jusqu’aujourd’hui, la légitimité à écrire est peu exigeante et se limite au seul fait d’avoir un vécu personnel (quel qu’il soit) et à un minimum de maîtrise de la langue française : de nombreux anciens P.G. vieillissants accomplissent ainsi leur désir de transmettre leur expérience aux jeunes générations. L’aspect parfois peu spectaculaire de leurs récits n’est plus un obstacle à leur publication, puisque, dans 449 La thèse est en deux parties : « La vie à l’oflag II D-II B, Grossborn et Arnswalde (Poméranie) » et « Pratique religieuse et vitalité chrétienne à l’oflag II D-II B » (Université de Caen, 1956).

450 Le travail de Védrine en 1980 est à cheval entre la mémoire et l’histoire : il affirme surtout à mon sens, par le volontarisme dont il fait preuve, une tentative de réappropriation de l’histoire de la captivité par ceux qui l’ont vécue. La proposition finale, faite à la communauté des chercheurs, de champs de recherches sur la captivité témoigne bien du désir de participer à l’histoire de la captivité.

451 Voir par exemple le best-seller que fut Une soupe aux herbes sauvages d’Émilie Carles (J.-C. Simoën, 1975), qui déclencha nombre de vocations de mémorialistes.

452 Sur cette étrange maison d’édition, voir l’article de Philippe LEJEUNE, « L’autobiographie à compte d’auteur », in Moi aussi, Paris, Le Seuil, coll. « Poétique », 1986, pp. 292-309.

l’appréciation du récit, la notion de valeur de l’expérience n’est plus primordiale. À cette même époque, des maisons d’éditions régionales publient aussi les souvenirs d’enfants du pays, et l’historiographie française se tourne vers l’analyse de cas locaux.453

À partir de la fin des années 1980, les P.G. deviennent les représentants d’une époque que de moins en moins de personnes ont directement vécue. Ils commencent à être des « survivants » et jouent alors un rôle testimonial de première importance, auprès d’un public rendu plus curieux de la Seconde Guerre mondiale grâce au renouvellement des recherches historiques. Les années 1980-1990 sont aussi celles de la « revie » littéraire, celle d’Emmanuel Bove, et surtout celles de Raymond Guérin et de Georges Hyvernaud (réédité chez Ramsay, puis soutenu par la Société des Lecteurs de Georges Hyvernaud à la fin des années 1990)454. La captivité resurgit dans le domaine littéraire. Les textes qui suscitent de l’intérêt ne sont plus les mêmes et Les grandes vacances, Le caporal épinglé laissent la place à La peau et les os de Georges Hyvernaud qui tend depuis une décennie à s’imposer comme le récit de captivité de référence. On retrouve un phénomène analogue, me semble-t-il, pour L’espèce humaine de Robert Antelme : les nombreuses études sur Antelme et sur Hyvernaud de ces dernières années insistent à la fois sur la valeur littéraire de ces textes, et sur leur dimension de réflexion ontologique sur l’univers concentrationnaire. Le point fort d’Antelme et d’Hyvernaud est bien plus dans leur puissante vision de l’expérience concentrationnaire que dans la précision documentaire dont leurs récits font preuve. Leur vision du monde et de l’individu — que je qualifierai de « post-humaniste » — trouve un écho dans une époque de 453 Par exemple : Georges MOGNOT PRIGNIAT, Un bouquet d’orties ou 30 ans après. Récit, Saint-Quentin, Presses de l’Aisne Nouvelle, 1978 ; René DUFOUR, Captivité et évasions au pays des Sudètes, Lons-le-Saunier, Éditions Marque-Maillard, 1982 ; Roger CHABIN, Monsieur Chabin, ouvrier parisien, Ivry-sur-Seine, Phénix Éditions, 2000. Pour ce qui est de l’histoire locale, Jacqueline Sainclivier a soutenu une thèse en 1978 sur « La résistance en Ille-et-Vilaine » (sous la direction de Michel Denis, Université Rennes 2) ; Yvon TRANVOUEZ, Catholiques en Bretagne au XXe siècle, Presses Universitaires de Rennes, 2006. On trouve aussi nombre d’historiens amateurs qui publient

des brochures : Francis Nazé, Maires et municipalités de mon village : deux siècles d’histoire municipale bonduoise, Bondues, Club d’histoire locale, 1984 ; etc.

454 Bove a été redécouvert et réédité grâce aux efforts de Raymond Cousse qui lui consacra, avec Jean-Luc Bitton, une biographie (Emmanuel Bove : la vie comme une ombre, Le Castor Astral, 1994). Raymond Guérin doit sa revie à Bruno Curatolo, auteur d’une thèse : « Le style de la fiction dans l’œuvre de Raymond Guérin (1905-1955) » (Université Paris III, 1990) dont une version abrégée a été publiée chez L’Harmattan, en 1996 :

Raymond Guérin : une écriture de la dérision. Sur le phénomène de la revie littéraire, voir, Bernard ALLUIN, Bruno CURATOLO (dir.), La revie littéraire. Du succès oublié à la reconnaissance posthume : quinze romanciers contemporains réédités,

plus en plus attentive au poids de l’événement sur les vies individuelles455. D’autres récits trouvent aussi une nouvelle écoute : ceux qui, comme Les carnets de Gustave Folcher, paysan languedocien (Maspero, 1985) peuvent servir de matière pour les historiens, parce qu’ils sont moins « écrits » que ceux d’auteurs professionnels.

Parallèlement à ces revies, l’historienne Annette Wieviorka définit en 1991, dans son livre Déportation et génocide, le récit de déportation politique et raciale de l’immédiate après-guerre comme « genre littéraire » :

La structure commune à tous les récits, quel que soit le camp concerné […], quel que soit le motif de déportation de celui qui écrit, « racial », raflé […], résistant, nous autorise à parler de « genre littéraire », celui de la littérature du témoignage née de la guerre de 1914-1918.456

Les guillemets sont encore là, et Annette Wieviorka parle moins en littéraire qu’en historienne, mais la reconnaissance de formes littéraires communes à des actes écrits de témoignage est une étape importante dans le changement d’identité de ces textes. Même si Wieviorka produit finalement plus, dans Déportation et génocide, une analyse du contenu qu’une analyse des formes et de leurs effets, les récits de déportation ne sont plus uniquement des matériaux documentaires ou des « preuves » historiques457 : ils construisent l’existence et la compréhension de l’événement du génocide. Mais l’existence du récit de déportation comme genre littéraire ne signifie pas nécessairement qu’il existe un antécédent littéraire à ces récits :

[…] toute littérature s’inscrit dans une généalogie littéraire, se réfère à des modèles. Ainsi en est-il de la littérature yiddish du Hurbn qui poursuit une vaste littérature de la destruction,

455 Cette orientation se manifeste par exemple dans le succès rencontré par l’édition des Paroles de poilus (Paris, Librio, 1998), où s’exprime très nettement l’empreinte — monstrueuse et cruelle — de la Grande Guerre sur des destinées individuelles. En 2003, sur France Inter, l’émission Là-bas si j’y suis de Daniel Mermet consacra une série d’entretiens avec des enfants de soldats de cette guerre ; on y interrogeait, sur le mode sensible, la transmission de cette mémoire jusqu’aujourd’hui (« La chanson de Craonne »). Pour la Seconde Guerre mondiale, le succès, puis le scandale du livre de Binjamin Wilkomirski est aussi un bon indicateur de cette tendance : Fragments décrit en effet le génocide juif, vu par les yeux d’un enfant de 5-6 ans, sur un mode sensible, et non réflexif. Le génocide est alors vécu uniquement par le narrateur comme un impact, et non comme un système dont on pourrait comprendre la structure. Je citerai enfin les recherches en psychologie sur les événements traumatiques, pour laquelle les travaux de Nathalie Zadje (Guérir de la Shoah : psychothérapie

des survivants et de leurs descendants, et La transmission du traumatisme chez les enfants de Juifs survivants de l’extermination nazie, Paris, Odile Jacob, 2005) apportent une réflexion très intéressante.

456 Annette WIEVIORKA, Déportation et génocide, op. cit., p. 189.

457 « Preuves » est ici entre guillemets car je crois, avec Jacques Derrida, que « la passion du témoignage » (c’est-à-dire sa souffrance tout autant que sa vie profonde) est précisément de ne pouvoir être une preuve juridique ou historique, mais d’être constamment soumise au doute. Voir Jacques DERRIDA, Demeure. Maurice Blanchot, Paris, Galilée, coll. « Incises », 1998, passim.