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d) Quatrième objectif : collectes des premières données

Suite à l’installation au village et au choix de locuteurs avec lesquels travailler, le quatrième objectif était de collecter les premières données textuelles et de vérifier la phonologie du stieng proposée dans le Mémoire de Master 2 (Bon, 2009b). L’installation au village et le choix de locuteurs, de même que la collecte des premières données, ont fait partie d’un processus lent, en raison de certaines difficultés rencontrées (voir section 2.2.3).

Dans ce contexte, le premier séjour de thèse a consisté en un terrain expérimental à différents niveaux, notamment logistique, administratif et méthodologique. La longueur de ce séjour était justifiée compte tenu des nombreuses difficultés et autres contretemps rencontrés au cours de cette période.

2.2.2.2 Terrain 2 : novembre 2010 – février 2011 (3 mois ½)

Le second séjour, programmé sur trois mois et demi (de novembre 2010 à février 2011) visait principalement à compléter le corpus.

Dans cette perspective, le premier objectif était de compléter les données phonologiques et les vérifier de manière systématique. Le second visait à compléter les

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données syntaxiques afin d’enrichir l’esquisse grammaticale dressée au cours du terrain précédent pour décrire les points principaux de la grammaire du stieng. Le troisième objectif était de collecter des données syntaxiques et sémantiques sur des thèmes ciblés, à savoir, les classificateurs, l’expression de la localisation statique, l’expression du mouvement et de la trajectoire, par le biais de stimuli visuels.

Sur le même principe que le séjour précédent, le terrain 2 a été planifié en fonction de la disponibilité des interprètes, sur la base d’un cycle de rotation et d’une alternance entre sessions en ville et sessions au village de Têêh Dôm. Quatre interprètes ont été mobilisés au cours de ce séjour.

Des sessions de travail en ville (à Phnom Penh et Siem Reap) avec le linguiste Gérard Diffloth (‘membre associé’, EFEO, Siem Reap) ont par ailleurs été réalisées pour discuter des problèmes d’analyse, notamment en phonologie.

2.2.2.3 Terrain 3 : novembre 2012 – février 2013 (2 mois ½)

Le troisième et dernier séjour de terrain pour cette thèse s’est déroulé sur une période de deux mois et demi. Il était consacré à l’enrichissement du corpus sur lequel se base la grammaire et à la vérification systématique de l’ensemble des données, dans le but de valider les analyses, tout en complétant les chapitres de thèses déjà esquissés ou rédigés.

Le travail a été effectué auprès des deux locutrices principales et de trois locuteurs occasionnels, avec l’aide d’un interprète fixe, à Têêh Dôm.

Ce séjour a été réalisé de façon beaucoup plus fluide que les précédents, notamment en raison de la disponibilité de l’interprète mobilisé lors de ce séjour et d’une meilleure expérience et connaissance du terrain acquise au fil des dernières missions.

I - Chapitre 2 | Terrains et méthodologie

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2.2.3 Difficultés liées au terrain : discussion

De façon générale, ces séjours ont été prévus pour couvrir une période optimale, du point de vue de la disponibilité des locuteurs et du rythme des saisons81. Ils ont ainsi été programmés au début de la saison sèche, afin d’assurer la réalisation d’enregistrements de bonne qualité, ce qui aurait été dans ce contexte, une difficulté supplémentaire, en période de moussons.

Toutefois, la mise en place du travail de collecte de données au village de TD, au cours du premier terrain, fut un processus lent et ponctué de difficultés.

Une première difficulté réside dans les conditions de vie (absence d’électricité et d’eau courante, isolement du village problématique pour le ravitaillement en nourriture, etc.), nécessitant la mise en place d’un certain nombre de stratégies pour optimiser le temps passé au village et favoriser des conditions de travail plus confortables.

Une seconde difficulté concerne le choix des locuteurs pour la collecte des données. En raison du fossé entre cultures occidentales et culture stieng au niveau de la représentation des relations hommes-femmes, il a été décidé, après les deux premières semaines passées au village, que les séances de travail devraient se dérouler principalement avec des locutrices afin de limiter les malentendus et d’instaurer plus facilement une relation de confiance. Néanmoins, il fut relativement long de trouver des femmes suffisamment disponibles et suffisamment confiantes quant à leurs compétences linguistiques pour pouvoir installer un rythme de travail régulier. Dans ce contexte, une difficulté supplémentaire réside dans le type de données collectées (voir section 2.4.2.4).

Outre ces deux problématiques, la situation d’insécurité foncière82

des villageois fut à plusieurs reprises un obstacle au bon déroulement du séjour, avec la survenue de plusieurs incidents, dont un incendie déclaré aux abords du village. A cela s’ajoute des relations problématiques avec les autorités locales et les policiers, en lien avec notre

81 Le Cambodge étant caractérisé par une saison des pluies entre fin mai et début novembre et une saison sèche entre novembre et mai, elle-même rythmée par une période fraîche et une période de fortes chaleurs. 82 Comme évoqué en section (1.2.2), dès la période coloniale, des plantations en tout genre, particulièrement d’hévéa, ont été développées, et notamment autour de Snuol. Le terres du district de Snuol sont aujourd’hui exploitées de façon intensive avec des plantations variées (notamment hévéa et poivre). Le village de TD est quant à lui encerclé de plantations d’hévéa et les firmes spécialisées dans la fabrication du caoutchouc continuent de spolier les villageois de leur terres. Selon ces derniers, leur forêt aurait été détruite en 1993. Pour plus de détails au sujet des problèmes fonciers que subissent les minorités du Cambodge en général, voir l’annexe A.

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présence au village, qui ont pu, depuis lors, être réglées et apaisées, notamment grâce à l’intervention de Lim Im 83

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Le manque de disponibilité des interprètes fut également source de nombreux contretemps au cours des trois séjours de terrain. C’est dans ce contexte qu’il a été décidé d’organiser le travail de terrain sur la base d’une alternance entre séjours de terrain - consacrés à la collecte des données - et séjours en ville - dédiés au traitement des données et à la préparation des sessions de collectes suivantes.

2.3 Consultants au Cambodge, en France et aux