• Aucun résultat trouvé

Introduction

En toutes situations, les frontières et les limites constituent une dimension centrale de l’espace social. Pourtant, quelles que soient leur permanence, elles ne renvoient jamais, en substance, à une quelconque essence du lieu (Massey et Jess 1995: 71). Dans le contexte israélien, cette opposition s’exprime par des frontières, géographiques ou étatiques, particulièrement labiles et qui n’en sont pas moins souvent instrumentalisées pour définir des « lieux essentiels ». La centralité de cette question s’y manifeste de plusieurs manières dont on soulèvera, ici, deux aspects. D’une part, les frontières du pays ne sont pas encore fixées puisque l’État d’Israël se déploie militairement et administrativement au-delà de son territoire national. Israël occupe toujours militairement la Cisjordanie et continue de régir les déplacements et circulations de marchandises en direction de la bande de Gaza dont il s’est pourtant désengagé en 2005. D’autre part, et c’est lié, l’imbrication entre territoires israéliens et territoires palestiniens112 – avec le développement d’implantations résidentielles israéliennes en Cisjordanie, la multiplication des routes de contournement – et le poids croissant du système de contrôle mis en œuvre pour y répondre, brouille la lisibilité des limites du pays. Le flou qui entoure ces frontières pèse alors de tout son poids sur une situation géopolitique et humaine conflictuelle. C’est peut-être d’autant plus vrai que la question des frontières, habituellement évoquée aux « confins » des territoires, est ramenée de par la configuration même du pays au cœur de celui-ci. La frontière nationale traverse la capitale, faisant de Jérusalem une ville partagée quoique réunifiée depuis maintenant quarante ans. L’agglomération de Tel Aviv n’est quant à elle distante de la Cisjordanie que d’une quinzaine de kilomètres. Pourtant, l’habitude propre

111 Extrait d’une conversation sur l’avenir de la population juive de Jaffa et de son éventuel transfert à Tel Aviv

entre M. Ussushkin – le directeur du Fonds National Juif (KKL) de 1923 à 1941 – et Israël Rokah, alors maire de Tel Aviv. Ces échanges sont rapportés dans M. Levine (2005: 208).

112 Sur ces questions, voir les travaux de Cédric Parizot et du groupe de recherche qu’il coordonne dans le cadre

108

aux acteurs géopolitiques, comme aux chercheurs qui se penchent sur cette région, est de n’aborder cette question de la frontière que dans les espaces frontaliers les plus visiblement conflictuels ; c’est-à-dire d’exclure de ces réflexions le contexte urbain de Tel Aviv.

Relégués à la portion congrue de la littérature sur le conflit israélo-arabe, les implantations urbaines et leurs quartiers ont cependant tout autant participé des enjeux historiques du développement de ce contexte territorial que les fronts agricoles (Gonen 1999: 11). Ils attestent, et Tel Aviv en particulier, de la volonté d’établir une modernité occidentale face à l’Orient par le biais d’un projet urbain européen nationaliste et colonial. On peut d’ailleurs rappeler que le sionisme, comme le note l’éditorial du dossier « Le sionisme est-il mort ? » de la revue Mouvements (2004 – n° 33-34), n’est pas « fascinant » parce qu’il est atypique mais parce qu’il concentre, au contraire, « toutes les dimensions de la modernité européenne ». par la suite, en se développant dos à Jaffa, « dos à l’espace humain et géographique où elle était érigée » (Shavit 2004: 31) Tel Aviv va, par exemple, produire des limites qui vont ensuite rapidement être transformées en frontières. Le tracé de cette frontière, considéré par les autorités britanniques à la fin des années 1930 comme pratiquement insoluble, sera soumis à la Commission Peel pour la Palestine. Réunie par les autorités du Mandat à la fin des années 1930, elle propose alors une solution de partage entre deux entités dont elle perçoit pourtant qu’elles ne forment géographiquement qu’une seule ville :

« This arrangement may seem artificial, but it appears to us to offer the best solution of the problem – a problem which has sometimes been described as insoluble – of drawing a boundary between Tel Aviv and Jaffa » Palestine Commission Report, octobre 1938113.

La frontière dans la ville

Aujourd’hui, un siècle après la fondation de la ville, certains lieux continuent de porter la séparation et ses conséquences entre projets urbains et humains distincts. Catherine Weill- Rochant (2006: 372) parle à cet égard de secteurs tampons, voire d’un no mans land, entre Jaffa et Tel Aviv qui marquent encore négativement l’espace. Nous verrons dans ce chapitre comment le quartier – à l’épicentre de cette rupture, et par conséquent à l’interface où se négocient les identités114 – rejoue « à l’interne » l’histoire de ces deux entités liées mais concurrentes. Les pages qui suivent détailleront comment Florentin prend sa forme actuelle quand ses parties Nord et Sud, situées de part et d’autre de la frontière entre Tel Aviv et Jaffa, sont réunies. Aborder Florentin par la frontière qui le partage permet par ailleurs de dépasser l’aura de ville légère que l’on confère habituellement à Tel Aviv, dont le mode de vie

113 Chapitre 5, page 2, TAMA, dossier 04-2209 B.

114 Mark Levine (2005: 13) contextualise ce point en disant : « These regions were the fault lines out of and into

109

globalisé creuserait continuellement l’écart avec la capitale. Aujourd’hui, Tel Aviv – alors qu’elle est, bien plus que toute autre ville du pays, l’incarnation du (ou d’un) projet sioniste – se positionne effectivement contre Jérusalem qui concentre les vœux et les regards de la frange religieuse ou nationaliste (ou nationaliste-religieuse) des populations israélienne et palestinienne.

Ainsi, en ramenant l’attention sur la frontière, l’étude de Florentin nous invite à raconter autrement Tel Aviv. Elle permet de replacer les enjeux délayés dans un milieu où la vieille ville de Jaffa a été transformée en musée pour touristes étrangers alors que Tel Aviv, toute à son mode de vie hédoniste, semble installée à des lieues de la ville arabe. Dans un article récent sur la préservation de l’héritage urbain à Tel Aviv et à Jaffa, N. Alfasi et R. Fabian (2009: 140) parlent de la vieille ville de Jaffa comme d’une « réserve urbaine ». Pourtant, l’histoire de Tel Aviv ne peut se départir de celle de Jaffa et toutes les deux se retrouvent dans le quartier de Florentin. En effet, si le « narratif » de Tel Aviv n’est plus désormais celui d’une ville sortie ex-nihilo des dunes de la plaine côtière, des lacunes historiques demandent encore à être comblées. D’ailleurs si les célébrations du centenaire de la ville en 2009 consacrent la naissance de la ville et sa mutation spectaculaire d’une banlieue résidentielle en pôle économique national, elles sont aussi l’occasion d’approfondir la connaissance de son développement dans le contexte palestinien. L’analyse des documents cartographiques à l’échelle d’un quartier dévoile la complexité qui a accompagné le développement d’un projet initié plusieurs années avant l’arrivée des Britanniques en Palestine115 et qui, d’événements en circonstances, s’est transformé d’un quartier de Jaffa plusieurs fois millénaire en la Tel Aviv prospère que l’on connaît aujourd’hui. Pourtant, le récit de Tel Aviv reste encore celui de « la nécessité sur la préférence idéologique ». Ainsi, dans un article intitulé « Narrative-Myth and Urban Design », la géographe Iris Aravot (1995: 82) écrit :

« Tel Aviv was a very unusual phenomenon. Its growth from Ahuzat Bayit, the European neighborhood of Jaffa, to the largest city in Israel arose from sheer necessity rather than from ideological preferences. Thus Tel Aviv originally had no relation to a recommended model or to a general urban myth ».

Oubliant que l’existence de Tel Aviv découle d’une volonté politique et associative forte, on omet que sa réalisation comme entité à part entière et sa définition actuelle résultent d’âpres combats. Or, c’est bien aux frontières municipales – lieu de l’expression de la conquête de Tel Aviv sur Jaffa – que s’est joué le destin commun des deux villes. Les documents conservés dans les archives de la Municipalité de Tel Aviv Jaffa font ainsi état des tensions au sein des quartiers juifs de Jaffa tel Florentin. La commission Peel sur le partage de la Palestine rapporte par exemple en 1938 les perturbations qui, après de nombreuses années de discorde entre les deux villes, continuent d’avoir lieu à la frontière et soumettent ces quartiers intermédiaires à une grande tension. La commission proposera d’ailleurs pour y répondre

110

d’intégrer Florentin à la Municipalité de Tel Aviv116. Le maire de la ville, tout comme les représentants du comité de quartier de Florentin, n’auront ensuite de cesse de demander la mise en application de cette suggestion et l’incorporation du quartier à la ville juive117.

Cette conquête de Tel Aviv sur Jaffa et, plus généralement, l’histoire de ce quartier devenu ville ont laissé des traces. Les relations qui ont sous-tendu et prolongé la création de Tel Aviv au sein de la Municipalité de Jaffa restent ainsi perceptibles dans les espaces « intermédiaires » que continuent d’être les anciens quartiers juifs de Jaffa. L’ampleur qu’a prise la pérennisation de certaines limites dans le temps et les effets de la proximité avec Jaffa sur le tissu socio-urbain de Florentin n’ont pourtant été découverts que dans la fréquentation prolongée du lieu, une résidence intermittente et la participation aux activités associatives localesen faveur des travailleurs immigrés et des enfants du quartier. La compréhension qui « rapproche » la réalité et la rend intelligible s’est installée progressivement, par la traversée de seuils de familiarité successifs d’un espace jamais figé et de ses habitants. Chaque aller- retour sur le « terrain » a ainsi concouru à renforcer Florentin comme espace de recherche valide dans une réalité sociale plus large. Le besoin de « fixer le mouvant, l’insaisissable, soumettre à l’intelligence ce qui la déborde et la tente » (Dardel 1990: 8) de la géographie est alors d’autant plus fondamentalement ambigu que le chercheur, toujours en quête de sens, s’enferme dans une temporalité structurée par la problématique qu’il s’est donnée. Il isole et enregistre constamment les informations qui pourraient y contribuer (Althabe 1996). Maurice Halbwachs (1920: 24) note qu’à tous les degrés du travail scientifique, « le savant marche en sens inverse des hommes entraînés par le courant de la vie ».

La pratique passe pourtant aussi par l’effort de relier ces informations les unes aux autres et les rapporter à leur contexte, afin de constituer un réseau de sens qui éclaire la réalité étudiée. Dans le cadre de notre réflexion, mettre Florentin en perspective consiste à remonter le temps de la ville. L’actualité socio-économique et les mutations successives de ce quartier ne peuvent en effet être comprises que si l’on se rapporte à la constitution même de Tel Aviv. L’exploration minutieuse de la ville, de son implantation et de son extension en différents quartiers – si elle n’a pas encore été, à notre connaissance, étudiée dans le détail – s’avère

116 « The Boundary of Jaffa, including the Boundary Between the towns of Jaffa and Tel Aviv », Palestine

Partition Commission Report, chapitre 5, art. 73, octobre 1938, TAMA, dossier 04-2209 G.

117 On peut lire dans un courrier du maire de Tel Aviv au Commissaire britannique du district Sud (Jaffa) d’août

1936 : « The Curfew restrictions imposed on the Shapiro and Florentin Quarters which since the first day of the present disturbances are under the continual fire of attackers and who have known, in spite of this, to stand together with the rest of the Jewish Ishuv in the country » [yishouv désigne la communauté juive de Palestine avant la création de l’État d’Israël] (TAMA, dossier 04-2208 A). Près de dix ans plus tard, on peut lire dans un courrier de 9 pages daté du 7 janvier 1945 du maire au Haut Commissaire pour la Palestine : « When the wave of terror had subsided and the war broke out, attempts were again made by the [Jewish] Quarters to find some way out of the deadlock, and they renewed their request that their area be included within the jurisdiction of Tel Aviv » (TAMA, document n°428, dossier 04-2209 A).

111

d’autant plus nécessaire que le tissu urbain se renouvelle presque entièrement à chaque décennie (Metzger-Szmuk 2004: 44). Le rythme de reconstruction constante de Tel Aviv lui confère d’ailleurs cette qualité de « ‘drame’ dans le temps » au sens de l’action et de la mise en scène, qu’évoquait l’urbaniste et biologiste Patrick Geddes à propos de la ville. Celui-ci, à l’occasion d’une conférence donnée à Londres en 1904 – soit vingt ans avant l’élaboration de son plan pour la ville, le premier plan d’urbanisme de Tel Aviv (1925) – définissait en effet la ville comme étant : « more than a place in space, it [a city] is a drama in time » (Weill- Rochant 2006: 85).

Tel Aviv : un quartier devenu ville

Le parcours auquel nous invitent cartes et plans permet de retracer cette géohistoire, du quartier à la ville. Plusieurs éléments d’analyse ressortent néanmoins de cette lecture. Dans leur ensemble, ils nous invitent à reposer la question de la place de Florentin dans Tel Aviv, de ce que cet espace représente aujourd’hui et de ses fonctions, quand impulsions nouvelles et permanences historiques se conjuguent. De Florentin on peut dire alors, à l’instar de Camille Schmoll (2004: 163) du quartier de la gare de Naples qu’il fonctionne comme la figure métonymique de la ville, tout en étant couramment associé « à des formes d’exotisme, comme si l’on souhaitait l’éloigner symboliquement de ce centre historique dont il est en quelque sorte la porte d’entrée ». Florentin mêle ainsi, dans les représentations, des éléments d’extranéité et de Tel Avivianité pure118. Il nous faudra résoudre la tension qu’incarne ce quartier et lui permet d’être l’essence d’un lieu et son contraire ; c’est-à-dire en somme un lieu qui transmet simultanément la sensation d’urbanité la plus localisée et celle d’une réalité déterritorialisée et par conséquent « surréelle » :

« I have a preference for very very urban places. The more, the more urban, the more dense, the more complicated, the more…intense, the more I like it…Before, I lived in Berlin and New-York and always in places like this. So when I came here it was like, you know, it fitted like a glove. I felt at home immediately, everybody was colorful. You had all kind of these very very surreal visions of…of…immigrants and refugees and, you know, and locals everything mixed so I fell in love with the place and I’m here since, just here! Between these four blocks (…) So actually I’m very very local very very » Tsvika, architecte, décembre 2008.

À Florentin, cette dualité est matérialisée au sol en quelque sorte par la division entre deux villes et deux plans d’urbanisme. La planification partagée – entre Jaffa et Tel Aviv – a, aujourd’hui encore, des répercussions concrètes dans le quartier mais elle relève d’abord et surtout d’une stratégie. En effet, quand, au milieu des années 1920, les autorités de Tel Aviv décident de doter la ville d’un plan d’urbanisme, il ne s’agit pas uniquement de structurer

118 « Au final, le quartier mêle, dans les représentations communes, des éléments d’extranéité et de napolétanité

112

l’espace urbain. L’élaboration d’un plan est aussi un outil d’appropriation spatiale qui doit permettre d’« inscrire une trace indélébile en Palestine » (Weill-Rochant 2006: 249-250). La planification que les autorités juives souhaitent pour Tel Aviv ne concerne alors que « l’entité qu’ils imaginent déjà au nord des vieilles maisons du port » de l’antique Jaffa ; celle-ci ne devant bientôt plus former qu’un « faubourg » de Tel Aviv (Weill-Rochant 2006: 235). Cette position est véritablement anticipatrice si l’on songe qu’au moment où ce plan d’urbanisme est validé, la ville de Tel Aviv a moins de vingt ans. Elle est certes depuis 1921 une entité autonome, mais pas encore une Municipalité à part entière. En somme, pour comprendre la perspective dans laquelle s’est développée cette ville dont la zone métropolitaine est aujourd’hui, avec plus de trois millions d’habitants, la plus importante du pays (Statistical Abstract of Israel 2009)119, il faut remonter le cours de son histoire. Pour cela, nul n’est besoin cependant d’aller au-delà du vingtième siècle puisque l’on date habituellement la naissance de ville de la construction, en 1909, d’un nouveau quartier juif de Jaffa, Ahuzat Bait, littéralement « le domaine de la maison ».

Ahuzat Bait n’est pas le premier quartier juif construit dans cette région au tournant du vingtième siècle. Neve Tsedek, établi en 1887 le précède de vingt ans, puis viendront Neve Shalom en 1890, Mahaneh Yehudah en 1903, Mahaneh Yosef en 1904 et Ohel Moshe en 1905 (Katz 1986: 405). C’est pourtant Ahuzat Bait, rapidement rebaptisé Tel Aviv, qui a été retenu par l’histoire pour dater la naissance de la ville. Ce choix apparaît aujourd’hui comme un choix politique puisque c’est principalement le soutien des institutions sionistes et le prêt obtenu auprès de l’organisme chargé de l’acquisition de terres en Palestine (le KKL – Keren Kayemet Le’israel) qui distinguent Ahuzat Bait des développements urbains juifs qui le précèdent dans la région. L’octroi de financements témoigne également de la reconnaissance des ambitions nouvelles et de la portée idéologique présumée de ce nouveau projet urbain. Grâce au prêt consenti, les soixante familles juives de Jaffa réunies au sein de l’association Ahuzat Bait achètent une parcelle dans le prolongement de la vieille ville de Jaffa et initient alors une date majeure de l’établissement juif, et en particulier urbain, en Palestine. Depuis la construction en 1909, trois étapes vont venir jalonner le développement de Tel Aviv. Ensemble, elles forment l’histoire urbaine d’une ville aujourd’hui célébrée comme l’incarnation en un lieu de l’esprit du 20ème siècle européen.

119 Fin 2008, le Central Bureau of Statistics enregistrait une population de 3 206 400 personnes pour la zone

métropolitaine de Tel Aviv. En plus de Tel Aviv Jaffa, cette zone également appelée « Gush Dan », regroupe une vingtaine de localités dont par ordre d’importance démographique et pour celles de plus de 50 mille habitants : Rishon Le’tsion (22 6300), Ashdod, Petah Tikva, Netanya, Holon, Bnei Brak, Ramat Gan, Bat Yam, Rehovot, Herzlyah, Kfar Saba, Raanana, Lod, Ramla, Givataiim (49 900).

113

La rupture initiale, que constitue l’établissement d’un quartier juif à Jaffa conçu comme un projet à part entière, marque la première étape de ce projet d’aménagement « moderne ». La planification même du quartier, effectivement voulue comme différente de celle des autres espaces urbains de la plaine côtière, manifeste cette distinction. En 1954, relatant les premiers pas de la construction de Tel Aviv avec l’apparition d’Ahuzat Bait, le maire de Tel Aviv de l’époque écrit dans le journal officiel de la Municipalité :

« The new suburb was called ‘Ahuzat Bait’. In fact there were already other Jewish quarters in Jaffa ; but these were built according to the Arab pattern »120.

Dans l’optique orientaliste d’une culture européenne qui précise « son identité en se démarquant d’un Orient qu’elle prenait comme une forme d’elle-même inférieure et refoulée » (Saïd 1980: 16), le nouveau quartier se démarque de l’environnement dans lequel il s’implante. Il s’inspire cependant de quartiers existants et se constitue sur le modèle des communautés chrétiennes de Whalhalla, Whilhelma et Sarona (Schlör 1999; Weill-Rochant 2006). Ces communautés issues du mouvement luthérien des Templiers allemands121 s’installent dans la région dès la fin du 19ème siècle (1869-1871). Elles prônent un retour aux sources du christianisme (Mille 1899) et viennent en Palestine mettre leur doctrine en action par l’activité agricole en Terre sainte. Elles tentent ainsi, par l’exemple, de montrer la voie à

Documents relatifs