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Le Québec et l’Ontario : différence ou similarité? 23

2.1 Quelques données sur l’évolution de l’emploi atypique 17

2.1.2 Le Québec et l’Ontario : différence ou similarité? 23

Voyons maintenant, grâce aux données de l’ISQ (2010), ce qu’une comparaison interprovinciale peut nous apporter dans notre compréhension de cette transformation qu’est l’emploi atypique dans la relation d’emploi. D’un point de vue général et indépendamment du sexe, l’emploi atypique aurait progressé de 1,4 points de pourcentage entre 1997 et 2010 en Ontario, passant de 36,2 % à 37,6 %. Pour la même période, le Québec a connu une progression de l’emploi atypique de 1,0 point de pourcentage avec des taux légèrement supérieurs à ceux de l’Ontario. L’Ontario a atteint, pour les hommes en 2010, le taux de présence de l’emploi atypique du Québec avec, toutefois, une progression plus importante. En 1997, 32,6 % des emplois détenus par les hommes étaient atypiques comparativement à 35,8 % en 2010. La situation des femmes fut légèrement meilleure en Ontario qu’au Québec face à l’emploi atypique. Ainsi, en 1997, 40,4 % des emplois détenus par des femmes étaient atypiques alors qu’en 2010, le taux chuta à 39,5 %, soit une baisse de 0,9 point de pourcentage. Nous pouvons ainsi constater que la réalité touchant les hommes et les femmes du Québec et de l’Ontario vis-à-vis de l’emploi atypique fut, tout de même, similaire entre les années 1997 et 2010.

La situation, selon le groupe d’âge, fut plutôt particulière : pour certains groupes d’âge, l’emploi atypique fut davantage présent en Ontario qu’au Québec puis, pour certains autres, la situation fut inverse, le Québec surpassant l’Ontario. De plus, la situation en 1997 fut également fort différente de celle de 2010, la prédominance d’une province ou de l’autre variant également. En 1997, pour les 15-24 ans et les 55 ans et plus, l’Ontario surpassait le Québec quant au taux de présence de l’emploi atypique. Comparativement à cela, toujours en 1997, les 25-44 ans et les 45-54 ans étaient moins présents dans l’emploi atypique que les mêmes groupes d’âge du Québec. La situation s’altéra légèrement pour l’année 2010, l’Ontario voyant les 45- 54 ans surpasser le Québec quant à leur taux de présence de l’emploi atypique. Le taux de présence des 15-24 ans fut, encore, supérieur au Québec. Ainsi, durant cette période, il y eut progression, tout comme pour le Québec, du groupe des 15-24 ans et régression du groupe des 45-54 ans. Pour le groupe des 25-44 ans, il y eut progression (0,6 point de pourcentage) en Ontario alors qu’au Québec, il y eut régression (0,7 point de pourcentage). Toutefois, malgré la dynamique inverse dans le taux de présence de l’emploi atypique, l’Ontario fut en meilleure posture face à l’emploi atypique (29,1 % en 2010) que le Québec. Une situation similaire toucha les 55 ans et plus, l’Ontario voyant son taux de présence régresser (-1,6 points de pourcentage) comparativement à la progression que connut le Québec (+1,0 point de pourcentage). Et encore là, malgré la dynamique inverse dans l’emploi atypique que connurent les deux provinces, l’Ontario se positionna mieux que le Québec en 2010 avec un taux de 45,3 % (ISQ, 2010).

L’Ontario, en 1997, comptait près d’un travailleur sans diplôme d’études secondaires sur deux (46,6 %) en emploi atypique comparativement au Québec où 38,7 % des travailleurs sans diplôme d’études secondaires avaient un tel emploi. En 2010, la situation ontarienne, quant à l’emploi atypique pour les sans diplôme d’études secondaires, progressa davantage puisque 54,5 % des travailleurs étaient dans une telle situation, soit une progression de 7,9 points de pourcentage entre 1997 et 2010. La situation ontarienne fut, tout de même, similaire à celle du Québec puisque ce dernier connut une progression de 7,2 points de pourcentage durant la

même période, la grande différence provenant du taux de présence de l’emploi atypique en lui-même. Les taux de présence de l’Ontario furent supérieurs de 7,9 points de pourcentage en 1997 et de 8,7 points de pourcentage en 2010, une différence tout de même significative pour les sans diplôme d’études secondaires. En ce qui concerne les titulaires d’un diplôme d’études secondaires, la situation de l’Ontario fut entièrement analogue à celle du Québec, les taux de présence, tant en 1997 qu’en 2010, furent semblables à plus ou moins 1,0 point de pourcentage de différence. De même pour la progression durant cette même période, les deux provinces ayant connu des taux de progression similaires à plus ou moins 0,2 point de pourcentage de différence. La situation de l’Ontario, pour les diplômés d’études postsecondaires, fut également analogue à celle du Québec, tant pour le taux de présence que pour le taux de progression que connut l’emploi atypique entre 1997 et 2010. Ainsi, le taux de présence passa de 35,4 % en 1997 à 36,4 % en 2010 (ISQ, 2010). Là où la situation fut aux antipodes de celle du Québec, ce fut pour les titulaires d’un diplôme universitaire pour lesquels le taux de présence suivit une tendance opposée, le Québec voyant son taux régresser de 3,1 points de pourcentage comparativement à la progression de 1,3 points de pourcentage de l’Ontario. Cependant, la situation de l’Ontario, entre 1997 et 2010, demeura plus avantageuse face à l’emploi atypique que celle du Québec. Effectivement, en 1997, le taux de présence de l’emploi atypique fut de 32,4 % comparativement à 39,2 % pour le Québec. En 2010, l’Ontario eut un taux de présence de 33,6 %, taux inférieur à celui du Québec avec 36,1 %.

Le secteur d’appartenance montra également des différences particulières entre les deux provinces. Durant la période de 1997 à 2010, l’emploi atypique progressa d’un taux similaire dans le secteur privé, soit 1,5 points de pourcentage pour l’Ontario et 1,1 points de pourcentage pour le Québec. La progression fut plus importante dans le secteur public ontarien que pour celui du Québec, la progression fut de 3,0 points de pourcentage pour l’Ontario comparativement à 0,9 point de pourcentage pour le Québec. Malgré cette progression importante pour l’Ontario, le taux de présence de l’emploi atypique demeura, tout de même, inférieur à celui du Québec, tant pour 1997

que pour 2010. En 1997, seulement 21,2 % des emplois du secteur public de l’Ontario était atypique, le Québec en comptant 28,6 % pour la même année. En 2010, 24,2 % des emplois du secteur public de l’Ontario furent atypiques comparativement à 29,5 % pour le Québec. De manière concomitante, alors que l’emploi atypique progressât de 3,0 points de pourcentage dans le secteur public, le taux de présence de l’emploi syndiqué en Ontario progressa de 1,0 point de pourcentage, passant de 69,7 % à 70,7 % entre 1997 et 2010 (ISQ, 2010). Quant au secteur privé, la présence de l’emploi syndiqué régressa de 4,3 points de pourcentage sur la même période, soit de 19,2 % à 14,9 %.

Le secteur des services de l’Ontario connut une situation semblable à celle du Québec entre les années 1997 et 2010. Le taux de présence de l’emploi atypique ayant régressé de 0,3 point de pourcentage comparativement à 0,1 point de pourcentage pour le Québec. Ainsi, en 1997, 40,5 % des emplois du secteur des services étaient atypiques comparativement à 40,2 % en 2010; le Québec avait des taux similaires avec, respectivement, 41,4 % et 41,3 %. Cependant, alors que le Québec eut un taux de présence de l’emploi syndiqué élevé pour son secteur des services, soit 41,1 % en 1997 et 38,4 % en 2010, l’Ontario se démarqua avec des taux beaucoup plus bas. En 1997, l’Ontario comptait 27,9 % d’emplois syndiqués dans le secteur des services et, en 2010, 28,7 % d’emplois syndiqués, ce qui diffère du 41,1 % et du 38,4 % pour le Québec (ISQ, 2010). La progression fut beaucoup plus prononcée dans le secteur des biens sans pour autant distancer grandement le Québec. L’Ontario enregistra une progression de 3,7 points de pourcentage entre 1997 et 2010 comparativement à 1,2 points de pourcentage pour le Québec. Cependant, la présence de l’emploi atypique surpassa celle du Québec seulement en 2010, avec une différence de 1,7 points de pourcentage; en 1997, l’Ontario avait une présence de l’emploi atypique inférieure à celle du Québec, soit une différence de 0,8 point de pourcentage. Alors que l’emploi atypique, tant pour le Québec que l’Ontario, avait des taux de présence analogue, la situation, face au taux de présence de l’emploi syndiqué, fut entièrement différente. À l’intérieur de la même période durant laquelle le Québec vit son taux de présence de l’emploi syndiqué progresser de seulement 0,1 point de pourcentage pour le secteur

des biens, l’Ontario vit son taux de présence régresser de 10,4 points de pourcentage, passant ainsi de 35,2 % à 24,8 %.

Nous pouvons ainsi considérer que, bien qu’il y ait eu quelques différences éparses, la situation du Québec et celle de l’Ontario furent comparables entre les années 1997 et 2010 quant à la présence de l’emploi atypique. La principale différence interprovinciale provint de la strate éducationnelle, plus particulièrement la représentation des travailleurs sans diplôme d’études secondaires. Voyons maintenant ce qu’il en est de la situation au Canada et, surtout, voyons s’il y a analogie entre les deux provinces et le Canada.